Plus tard, il part aux USA pour ses études et prend des cours de comédie. Dans une mini ascension, il apparaît dans de petites séries B où il n'a encore que des sous rôles encore indignes de son talent. Il subit le racisme porté aux asiatiques, aux "jaunes".De même il conçoit la série "kung-fu" et rêve d'en être l'acteur principal mais les producteurs préfèrent un blanc plus américain même s'il ne connaît rien aux arts martiaux (David Carradine).
Il se fait remarquer dans "le Frelon Vert" où même s'il ne tient qu'un rôle de figurant, d'esclave d'un super-héros blanc, il démontre déjà ses extraordinaires qualités et capacités physiques.
Ainsi, les producteurs chinois et américains commencent à lui faire confiance. Il tourne maintenant les quelques films qui feront de lui une star, une légende, un mythe...
Les films de l'époque développent l'aspect symbolique : ils opposent les pays les plus puissants du monde, reflets des tensions et des conflits qui subsistent depuis la guerre froide. Dans "La fureur de vaincre" la Chine, le Japon et la Russie s'affrontent comme des pays voisins, rivaux et ennemis jurés.
Les spectateurs des films de Bruce Lee s'attendent à retrouver des stéréotypes qui sont obligatoires. Opposer un méchant de tel type contre un gentil de tel genre, refouler, ressortir ses sentiments et ses instincts animaux cachés aux plus profonds de nous : ce sont les règles à respecter dans les chef d'ouvres du défunt artiste qui n'innovent pas dans le contenu mais dans la forme (style et charisme singuliers de l'acteur chinois). Un exemple flagrant de l'affrontement stéréotypé : le combat ultime au Colisé...
Dans une analyse générale des œuvres de Bruce Lee (car ces productions sont de véritables objets d’art), nous remarquons que ces films ne sont que les vitrines de la star.
En effet, le moteur de tous ses films semble inévitablement être son image. Notons les nombreuses scènes où il expose sans modestie son corps si bien sculpté. Dans "la fureur du Dragon ", il s’échauffe sur le balcon, gonfle ses muscles (poitrine, avant bras, dos...) et dévoile toute sa puissance. Ce n’est ni plus ni moins une des incalculables séquences où il n’hésite pas à faire preuve de "narcissisme homo érotique ". C’est d’ailleurs entre autre pour ça que beaucoup de gens sont tombés amoureux de son charisme hors du commun ! Comment ne pas être fasciné par une telle carrure, un tel style ? On n’allait pas au cinéma pour voir ses films, mais pour le voir, lui.
Son comportement, le maintien de son corps dans l’espace, son dynamisme, la précision de ses gestes, la qualité photogénique de son être font de lui un homme du cinéma entièrement audiovisuel. Remarquez la ressemblance ou le calque de l’animal qui se dégage de Bruce Lee. Son cri (aigu et perçant tel un oiseau ou un chat), ses grimaces (pour ressentir toute la colère du dragon), ses mimiques (lécher le sang de sa blessure comme le félin)... de l’art chorégraphique !
Ses films n’innovent en rien, le succès vient de lui ! Pleins de stéréotypes, les films étaient le reflet des conflits de l’époque, des mentalités, de la haine raciale entre les puissances de ce monde. On oppose alors les Japonais et les Chinois (le karaté japonais contre la boxe chinoise ou le kung fu : Chuck Norris contre Bruce Lee), l’Amérique (USA) à la Chine, la Russie...
Les sociologues y voyaient une connexion entre les variations de goûts en matière d’idoles cinématographiques et la société. Ce qui conduit un étranger de 2 pays (USA et Hong Kong) vers le succès planétaire !
Et de là, se construit petit à petit, autour de Bruce Lee, le culte de l’homme le plus fort du monde. Il vit déjà dans un monde à part, celui des stars inaccessibles. Mais lui-même souhaitait garder une image naturelle de ce qu’il est et restera : un voyou, un jeune rebelle provenant de la rue.
Lors d’une interview, où était réuni de grands maîtres en arts martiaux pour débattre de l’efficacité de chacun des styles, un maître d’une quarantaine d’année défie les autres pratiquants : " essayez de me pousser, de me faire décoller du sol ! ". Plusieurs vont essayer mais personne n’y parviendra. Alors le vieux maître invite Bruce Lee à tenter l’affaire. Bruce Lee s’approche, se met en position et attaque avec une technique "rentre dedans " : un superbe coup de poing fait décoller le vieux maître du sol qui ira plonger 5 mètres plus loin.
Bruce Lee dévoilera une phrase mythique : " je ne pousse pas, je cogne et je descends ! "
Autre intervention de la star qui n’est vraisemblablement pas qu’une star : le tournage du film "opération Dragon ". Pendant le tournage de ce film, étaient rassemblé une centaine de pratiquants d’arts martiaux différents pour être figurants. L’un d’eux après une scène de Bruce Lee, interpella le Petit Dragon et le provoqua : " ce sont des scènes accélérées, tu n’es pas aussi rapide que ça ! Viens te battre avec moi ! " A cela Bruce Lee ne répondait pas et préférait se reposer avant de tourner une autre scène. Mais, l’effronté insista encore et encore. Bruce Lee s’approche tranquillement, l’autre attaque et se prend un superbe coup de pied retourné en pleine figure. Bruce Lee ne serait pas que du cinéma !
Des rumeurs, des histoires vraies ou pas ont contribué à faire de lui une star et beaucoup plus. Il est l’idole d’un public affamé de "sensations fortes " que délivrent ses films : affronter la vie et la mort comme un combat sans merci, vaincre les difficultés et développer la rage de vaincre !
L’idole Bruce Lee, comme Claudia Shiffer donne des conseils de beauté, donne des leçons de combat. Développe des principes philosophiques pour se battre dans la rue comme dans la vie.
Plus tard, il accèdera à un stade bien plus élevé que le succès ou la réussite : la mystification de son être et de tout ce qui l’entoure.
Il est devenu depuis sa mort une divinité. Une nouvelle incroyable et bouleversante est venue casser la pleine croissance de la gloire du jeune acteur qui n’avait que 33 ans (en 1973). L’homme le plus fort du monde, le plus sportif, le plus entraîné ou du moins le plus en forme de cinéma meurt si jeune : personne n’y croit !
Le décès de l’artiste constitue le couronnement du culte. Le mystère qui entoure sa mort, les rumeurs toutes aussi incroyables les unes que les autres développe la divination de cet être dés lors surhumain et gravé dans l’histoire du cinéma et des arts martiaux.
Il entre dans les légendes du cinéma comme Marylin Monroe avec une mort mystérieuse ou comme James Dean, lui aussi mort jeune en pleine gloire.
Qu’est-ce qu’une légende ? C’est mélanger la réalité et la fiction autour d’un personnage historique qui a bien existé.
Quelle est la différence entre un mythe et une légende ? La légende se réfère à un héros de nature humaine et pas divine.
Bruce Lee semble correspondre à ce héros victime de son temps, sa passion, son courage, sa fureur de vivre. D’autant plus que la première chose qui fait de lui une légende est le mystère qui entoure sa mort ou plutôt sa renaissance.
Nous nous situons dans un contexte particulier :
- l’Asie est composée d’une population très superstitieuse et rattachée à des croyances mystiques. La Chine plus spécialement, baigne dans un milieu populaire et conserve dans l’inconscient collectif la superstition, une organisation singulière des règles de la vie.
- en Occident (USA, Europe), ce sont le show-business et les médias qui contrôlent et propagent les informations et les rumeurs. Les journalistes traquent Betti Ting Pei, Linda Lee et Raymond Show pour recueillir les exclusivités ou les inventer.
L’imagination populaire développe des récits merveilleux et les légendes urbaines construisent et nourrissent les histoires sur la mort mystérieuse :
- Dans les arts martiaux, on a accusé les moines de Shaolin ou des maîtres de kung-fu d’avoir assassiné Bruce Lee. Il a trahi tous les principes en dévoilant leur secret, l’art martial, l’art du combat gardé des siècles auparavant, si précieusement.
- La mafia chinoise, italienne ou bien russe serait à l’origine du meurtre (si c’est un meurtre) de Bruce Lee, un acteur au pouvoir politique grandissant dangereusement pour eux.
- Les agents du show-business d’Hollywood ou l’un de ses concurrents voyant en lui une célébrité du cinéma grandissante auraient décidé d’organiser un assassinat pour des raisons économiques. Toutes les productions d’Hollywood et de Hong Kong se l’arrachaient (étaient prévu : plus d’une vingtaine de films en concurrence et un film l’opposant dans un combat, à Elvis Prestley !)
- Mort par toxicomanie ou empoisonné par sa maîtresse l’actrice chinoise Betti Ting Pei ? La preuve n’est pas donnée mais on peut songer à ce scénario étant donné que Bruce Lee est mort dans l’appartement de cette dernière.
Le Fung-Shui, les voyants, lesprophètes, les superstitions et la culture urbaine ont construit un véritable mythe autour d’un simple acteur de cinéma. Les fans et les admirateurs du Petit Dragon cherchent une excuse "valable " à la mort impensable de l’homme le plus physique, le plus dynamique de la planète :
- Enfant, le père de Lee Jun Fan lui donna un prénom de fille pour ne pas que la malédiction et les démons n’emporte le fils aîné de la famille. Mais, cela ne suffira pas à cacher le jeune prodige de son destin de mortel.
- Bruce Lee a provoqué les Dieux : son dernier film s’appelle "le Jeu de la Mort ", simple hasard ? ou prédestination ?
- Il vient de déménager dans une nouvelle rue qui s’appelait "la mare aux neuf dragons " : le dixième plus petit est arrivé et s’est fait tuer par les plus grands ? Jeu de provocations avec la destinée ?
Le Mythe : l’âme du Petit Dragon était déjà trop grande pour ce petit corps de mortel. Le mythe de l’acteur grandit avec la fascination du public pour un être hors du commun, surhumain. S’ouvre sur lui, un univers fétichiste. Les fans le regrettent.
La résurrection va avoir lieu : les photos, les posters, les vidéos, " les objets souvenir " sur Bruce Lee se vendent comme des petits pains. Ses films battent des records au box-office : c’est une star post-mortem. Le rêve international est réalisé, il connaît enfin le succès tant espéré partout dans le monde, particulièrement en Europe où ses films commencent à sortir.
Comme dans la mythologie gréco-romaine, le héros sacrifie sa vie pour être immortalisé. Il est la première star internationale cantonaise. Ce qui constituait à ses yeux, une revanche sur le passé, sur le racisme dont il a été victime aux États-Unis et à Hong Kong. Il n’avait plus de patrie : en Chine, il était américain ; aux États-Unis, il se sentait chinois.
Dépassé par les événements, il subit les contrecoups du succès, de l’enrichissement et de son pouvoir médiatique. Dans un parcours héroïque un homme devient mythe : c’est l’ascension d’un petit voyou chinois qui ne connaissait que les quartiers chauds, au grade de star internationale. Se multiplie autour de lui des récits et des histoires extraordinaires qui font de lui : " l’homme le plus fort du monde " ; " s’il vivait encore, il serait champion du monde de kick-boxing " (kick-boxing : sport de combat et de compétition qui n’existait pas à son époque) affirment des fans encore aujourd’hui. Dans son terrible périple, Bruce Lee avec son style singulier, a modifié le cinéma hong-kongais et la façon de le concevoir. Le cinéma d’actions et d’arts martiaux trouvent une particularité, une originalité, une vision des films spécifiques à Bruce Lee. Les films produits après la mort du maître ne sont et ne seront considérés que comme des copies sans aucun intérêt. Bruce Lee a installé une qualité, une manière de réaliser, de construire les films Hong-Kongais. Difficile de mieux faire à l’époque sans reprendre les techniques de Bruce Lee. Certains films iront jusqu’à reprendre le titre du film (" La colère du Dragon " au lieu de " La fureur du dragon "), la morphologie, le physique et le nom de Bruce Lee (même carrure, même coupe de cheveux, ils s’appelaient par exemple Bruce Ling ou Charlie Lee). Des producteurs tenteront des suites " Le jeu de la mort 2 ", " Opération dragon 2 " mais, sans succès. Dans les arts martiaux, il fondera son propre style : le Jeet Kune Do. Cet art martial constitue bien la preuve qu’il ne s’agit pas uniquement de cinéma.
Les connaissances de Bruce Lee sont réelles et font de lui un véritable expert en arts martiaux. Il conseillera tous les pratiquants, de tous les styles sur les conditions de persévérer et de progresser dans le combat martial. Dans la comparaison des styles, je tiens à préciser une chose fondamentale : ce n’est pas le style qui fait le pratiquant mais, le pratiquant qui fait le style ; l’important est d’être naturel et ne pas rechercher à copier, il faut chercher quelle manière d’être nous correspond le mieux. Bruce Lee s’est inspiré de différents arts martiaux avant de trouver son style. Le maître en arts martiaux détient un style mais ne l’enseigne pas, ce sont les élèves qui cherchent à l’imiter. Le maître enseigne les bases du combat et c’est au pratiquant de trouver sa voie à partir des leçons.
Grâce aux films de Bruce Lee, la pratique des arts martiaux dans les années 75 s’est vu augmenté en très grande proportion : aux États-Unis, 50 000 clubs de Judo et 150 000 clubs de Karaté.
Le mythe : La définition du mythe regroupe toutes les passions que l’on ne maîtrise pas :
- colère, fureur (instinct animal, soif de sang)
- racisme (chinois américain)
- violence (conflit, combat, règlement de compte, affrontement jusqu’à la mort)
- ambition (gloire, passion, argent, vice)
- vengeance (sur le destin, sur la mort de ceux qui nous sont chers)
Toutes ces formes d’expression se retrouvent dans les films mais aussi, dans l’histoire du mythique Petit Dragon. L’image stéréotypée des victimes (du racisme, de la mafia, du vice : du mal) et l’ultime solution de tuer ou de se tuer la vie, sont les images que veut voir le public. L’eau calme qui dort montre enfin son vrai visage et se réveille pour partir vers une nouvelle vie, un nouveau mythe, une nouvelle page de l’histoire du cinéma et des arts martiaux.
La principale caractéristique du mythe est son immortalité, pour cela, l’éternel Bruce Lee continuera de se battre et pour toujours à travers nos écrans et au-delà de nos rêves. C'est la magie du cinéma.
4 films mythiques !
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Les Extraits vidéo de Bruce Lee
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Info : fichier .mpg (746 Ko)
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Hervé BRUCKER
ASIE PASSION