HOMMAGE Au Seigneur Tabu Ley Rochereau *
Biographie :
Né à Banningville (aujourd'hui Bandundu) le 13 Novembre 1940, Pascal Emmanuel Sinamoyi Tabu commence par chanter à l'église et dans les chorales des établissements scolaires qu'il fréquente avant de rejoindre, en 1959, l’Éducation nationale du Congo.
Il entame alors une carrière de fonctionnaire, d’abord comme secrétaire administratif au Fonds du Bien-être indigène puis en tant que responsable administratif et financier à l’Athénée de Kalina (l’actuel Institut de la Gombe).
Marié à Georgette Mowana (alias « Tété »), il a cinq enfants :
Blackson Matthieu, Mireille-Esther, Colette, Gisèle et Isabelle. Il vécut un amour idyllique avec la Miss Zaïre 1969 Jeanne Mokomo avec qui il a également six autres enfants : Carine, Laty, Bob, Abel, Pegguy et Flore. Dans un article du Parisien, le rappeur Youssoupha affirme que "la star de la rumba congolaise" Tabu Ley Rochereau est son père et qu'il aurait 68 enfants.
Youssoupha le prend en plaisantant :
"Ça fait partie du folklore de la grande star africaine qui a beaucoup d’amour et qui en donne beaucoup". Ainsi le père et son fils se retrouvent dans l'album Noir D**** de Youssoupha pour le titre "Les Disques de mon père". Ils chantent en duo le 7 mai 2012 à l'Olympia.
*Ses Début :
Il commence à composer dans les années 1950. En 1956, il participe à une séance d'enregistrement avec le musicien Grand Kalle (Joseph Kabasele). C'est le début de sa carrière: Tabu propose ses chansons à l'African Jazz, qui l'engage.
Il prend alors son nom de scène de Rochereau, en hommage au gouverneur de Belfort, Pierre Philippe Denfert-Rochereau.
D'après d'autres sources, le surnom de Rochereau lui a été donné par ses camarades de classe, il était la réponse à une question d'histoire auquel il était le seul à connaître la reponse.
Ses premiers titres, comme:
- Kelya,
- Adios Tété et
- Bonbon sucré le font connaître du public.
Il est alors proche du Mouvement national congolais de Patrice Lumumba. Il quitte l'African Jazz et rejoint l'orchestre Jazz Africain en novembre 1960, puis crée la formation African Fiesta Flash en 1965. Il y composera, entre 1964 et 1968, près de 200 chansons.
L'orchestre se rend à Brazzaville puis à Montréal à l'occasion de l'exposition universelle de 1967. *
Succès international :
En 1969, Rochereau recrute des danseurs et un groupe de danseuses appelées «les Rocherettes», qu'il emmène à Paris l'année suivante pour ses concerts à l'Olympia.
La tournée est écourtée suite à la découverte d'une affaire financière qui met en cause la gestion du groupe. Comme l'avait fait Kallé son mentor, Rochereau a apporté avec son orchestre l'African fiesta National pas mal d'innovations dans la rumba congolaise. En adoptant tout d'abord la batterie, à l'image de ce que l'on trouvait dans les groupes de pop ou de rhythm 'n' blues. C'est Seskain Molenga, un des fondateurs de l'orchestre Bakuba, qui fut le premier batteur à inaugurer le genre dans le groupe de Rochereau qui se produisit à l'Olympia. Cette mode entraîna la création de plusieurs orchestres comme les Bella Bella des frères Soki. Parmi les orchestres qui embrassèrent cette mode, un orchestre allait faire vraiment peur au groupe de Rochereau, pendant que ce dernier était en tournée en Afrique de l'ouest.
L'orchestre les grands Maquisards emmené par Dalienst (judicieux mélange des lettres de Ntesa Daniel) dont la majorité des musiciens ont fait ou feront partie du groupe de Rochereau. Se voyant menacé, Rochereau allait riposter de manière assez stupéfiante en lançant depuis Dakar, avec 3 disques 45 tours, la fameuse danse Soum Djoum. Ces 45 tours contenaient les titres qui allaient devenir cultes comme 'Seli Ja', 'Silikani', 'Mundi' et 'Samba'.
Le Soum Djoum, comme tous les rythmes lancés par Rochereau, sera à l'origine de la naissance des orchestres comme Continental qui lui donnera ses lettres de noblesse. Tandis que les apports de Kallé dans la musique congolaise étaient très influencés par les rythmes afro cubains (African Jazz puis African Team), Rochereau était lui très inspiré par la pop musique et le rhythm and blues des années 1960-1970.
Tant et si bien qu'il n'hésitait pas à se produire sur scène avec des pantalons 'patte d'éléphant' et coiffure Afro (pochette d'un de ses 33 tours). Son amour pour la pop s'est manifesté par la chanson 'Lal'a bi' qui n'est autre qu'une interprétation, dans une langue du Congo de la célèbre chanson des Beatles 'Let it be'.
Tabu Ley Rochereau, bien qu'étant un très bon et grand chanteur solo, a réussi avec ses chansons quelques duos assez mémorables avec d'autres chanteurs qui l'accompagnaient. On peut citer des chansons comme 'Permission' et 'Rendez-vous chez là bas' avec Mujos, 'Souza' et 'Maguy' avec Sam Mangwana, 'Ki makango mpe libala' et 'Gipsy' avec NDombe Pepe. Suite aux mesures de zaïrianisation lancées en octobre 1971 par le président Mobutu Sese Seko, Pascal Tabu devient « Tabu Ley ».
Mais le musicien préfère prendre de la distance avec le régime et s'exile aux États-Unis puis en Belgique, d'où il prend parti contre la dictature de Mobutu1. Il revient au Congo après la chute du régime. À la tête du mouvement La Force du peuple, il participe alors à la vie politique du pays tout en poursuivant ses activités artistiques.
Il est nommé député à l’Assemblée consultative et législative de transition.
Il se rapproche alors du Rassemblement congolais pour la démocratie.
En 2005, il devient vice-gouverneur de la ville de Kinshasa.
En 46 ans de carrière, Tabu Ley a composé plus de 3 000 chansons et vendu plusieurs milliers de disques. Quatre de ses fils, Pegguy Tabu, Abel Tabu, Philémon et Youssoupha, ont percé dans le milieu de la musique en tant que chanteur, compositeur. Le chanteur prévoit un autre album avec son fils Aymeric Niamenay-Madembo. * Style :
La particularité des chansons de Tabu Rochereau résidait dans le fait qu'elles étaient accompagnées par des arrangements musicaux très léchés. C'est ainsi que souvent, dès leur sortie, on s'empressait de les écouter langoureusement pour apprécier autant la musique que le message qu'elles transmettaient, avant de les adopter et danser sous leur rythme. Cette particularité, on la retrouvera également dans les chansons de Lutumba de l'OK Jazz.
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