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Etudes sur les Ethnies et Tribus

ETUDES SUR LES ETHNIES ET TRIBUS EN AFRIQUE:

Nous sommes pour la "Détribalisation morale" en Afrique! Car; refusant de le faire; cela cause des divisions dont la nation ou les peuples africains n'arrivent à se tolérer ni de connaitre la valeur de l'autre malgré la divergence ou les différends qui nous séparent...

Une Nation divisée entre elle-même;ne peut subsister. Or; le "tribalisme" est l'une des causes des divisions en Afrique! Pour se faire; notre équipe se bat pour condamner le tribalisme et interpeller les africains à s'aimer; s'accepter; et s'entraider pour qu'ensemble; ils bâtissent un continent plus beau qu'avant! A une seule condition ; la " Prise de conscience"!

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Le Miracle de l'Anthropo-Biologie:Quand les Européens étaient donc Noirs

Quand les Européens étaient noirs

 
La vitamine D, essentielle dans les pays peu ensoleillés, a avantagé les peaux claires.
La vitamine D, essentielle dans les pays peu ensoleillés, a avantagé les peaux claires. © Mayan Brenn, culture223/FlickrCC

Contrairement aux idées reçues, les visages pâles n'ont pas toujours dominé l'Europe. Leur prédominance est même très récente, selon une étude américaine.

L'espèce humaine, on le sait, est née en Afrique et s'est répandue ensuite de par le vaste monde en un incroyable arc-en-ciel d'individus. Dans celui-ci, le toubab se reconnaît à sa peau plutôt blanche, parfois beige ou rose, généralement rouge vif après une longue exposition sous le soleil des tropiques. Mais de quand peut bien dater cette pâle carnation ?

 

Une étude présentée au cours du 84e congrès de l'Association américaine des anthropobiologistes bouleverse tout ce que l'on pensait à ce sujet :

les Européens "blancs" ne seraient apparus qu'il y a 8 000 ans environ. Les premiers habitants du Vieux Continent, venus d'Afrique il y a environ 40 000 ans, avaient la peau foncée.

En comparant les génomes de 83 individus découverts sur différents sites archéologiques, les chercheurs ont déterminé que la population actuelle était le résultat de la rencontre entre trois peuples, au néolithique : des chasseurs-cueilleurs présents depuis le paléolithique, des fermiers arrivés du Proche-Orient il y a 7 800 ans, et des bergers venus du nord de la mer Noire, les Yamnaya, il y a 4 500 ans.

 

Les premiers avaient la peau sombre dans le sud de l'Europe, comme le prouve l'absence chez eux des gènes SLC24A5 et SLC45A2, responsables de la dépigmentation. Dans le nord en revanche, certains disposaient de ces deux gènes et d'un troisième, HERC2/OCA2, responsable des yeux bleus et des cheveux blonds. Les fermiers venus du Proche-Orient avaient aussi le teint clair.

 

Comment expliquer le phénomène de sélection naturelle qui a finalement conduit les toubabs à s'imposer en nombre ? L'une des hypothèses retenues, c'est que la peau blanche favorise la synthèse de vitamine D, essentielle dans les régions peu ensoleillées, avantageant donc les visages pâles.

 

Nicolas Michel

@Jeuneafrique

 

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25/04/2015
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HISTOIRE DES BAMILEKES AU CAMEROUN

La chefferie de Ntsingbeu (Tockem)

L'histoire des Bamilékés au Cameroun

Le peuple Bamiléké est installé dans l'ouest du Cameroun, dans une zone enclavée, à plusieurs dizaines de kilomètres du Nigeria, située sur des hauts plateaux.

Partons à la découverte de leur organisation sociale.

 

Dans la zone habitée par les Bamilékés, le climat est frais et la végétation verdoyante.

Les Bamilékés vivent au sein de chefferies, avec une hiérachisation précise de la communauté.

Une centaine de chefferies sont réparties dans cette région.

 

On les reconnaît à leurs portes d'entrée gigantesques avec des toits coniques.

Culte des ancêtres et des totems, justice coutumière, importance des symboles :

 

les Bamilékés sont attachés aux traditions.

 

Ecoutez ci-dessous l'interview de Cécile Leclerc avec Flaubert Taboué Nouaye, conservateur et directeur du musée des civilisations à Dschang, au coeur du pays Bamiléké. Il explique tout d'abord l'origine de ce peuple.


Les Bamilékés ont perdu une partie de leur patrimoine lors de la guerre d'indépendance au Cameroun. Les nationalistes étaient nombreux parmi les Bamilékés, ils ont pris le maquis contre les colons français. La répression de l'ancienne puissance coloniale puis du nouveau président Ahidjo a été terrible. Des chefferies ont été brûlées, des palais royaux détruits, et les Bamilékés massacrés. Difficile d'établir un bilan précis : les chiffres varient entre 10 000 et 300 000 morts selon les sources.

 

SOURCE:dw.de

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LES BAMILEKES SONT TRIBALISTES ET CONSERVATEURS!

Danse Bamilékés à Batié à l'oeust du Cameroun

 

Ils font les affaires entre eux et ne permettent pas à l’argent de sortir de leur cercle. Ils se marient aussi essentiellement entre eux et veulent conquérir le pays tout entier. S’il leur arrivait de prendre le pouvoir un jour, ils le confisqueraient grâce à leur énorme pouvoir financier. C’est en ces quelques phrases que se résume l’essence de que j’appellerai le « problème »Bamiléké au Cameroun.

Masque bamilieké

Je suis certain que beaucoup de personnes ont entendu ou connu une histoire similaire à celle que m’a racontée un de mes amis : Un chef d’entreprise de l’Ouest avait approche un jeune homme  d’origine Bamiléké qui venait de terminer ses études et qui travaillait chez lui. Il lui a dit qu’il avait une offre d’emploi et lui a demande de lui trouver un autre de ses promotionnaires qui soit d’origine Bamiléké. C’est probablement ce genre de situations et attitudes qui ont amène le camerounais à conclure que les Bamilékés sont tribalistes.

Il est aussi dit que les Bamilékés font exclusivement les affaires entre eux. Par exemple, si un businessman d’une autre tribu s’installait dans la province de l’Ouest pour faire des affaires dans un domaine dans lequel des hommes d’affaires Bamilékés ont déjà investi, les populations le feraient échouer en refusant d’acheter chez lui. 

S’ils accédaient au pouvoir suprême, pense-t-on, il y a des chances qu’ils cherchent à le conserver, au besoin en utilisant l’avantage que leur confère leur énorme pouvoir financier. Ils auraient « envahi » les terres des autres alors qu’il serait difficile de s’installer à l’Ouest. En effet, des régions entières du Littoral tel le département du Moungo auraient ainsi été « conquises » par les Bamilékés. On leur reproche aussi d’avoir envahi la ville de Douala, d’être très nombreux à Yaoundé et de posséder un quartier dans presque chaque grande ville du pays. C’est ce qu’on assimile à une occupation systématique du territoire.

Ils préfèrent se marier entre eux. Il est d’ailleurs dit que même lorsqu’un homme Bamiléké épouse une femme « nkwa », il finit en général par prendre une femme de chez lui comme 2eme épouse ou alors par abandonner sa première épouse étrangère pour aller prendre une femme de chez lui.

On les accuse de s’être partages des tranches de l’économie et de ne laisser personne d’autre y pénétrer. C’est ainsi que les Batié contrôleraient le textile, Les Bangangtes la pêche, Les Bafoussam et  Mboudas  la quincaillerie et les petits magasins, les Banas l’industrie de transformation et les stations d’essence, les Dschang la technologie et l’ingénierie, les Balenkops,  l’hôtellerie etc.…

Beaucoup de personnes les accusent d’être intéressés dans leurs rapports. Ces personnes disent que lorsqu’un Bamiléké se lie d’amitié avec vous c’est parce qu’il vise un gain matériel ou social au long terme.

Tous ces stigmas ont contribue à créer une méfiance et une hostilité souterraine groupée contre les gens de l’Ouest du Cameroun a qui on a affuble des noms qu’on veut rabaissant ou dégradants de « bosniaques »« grafis », « bamis » etc.….. Cette méfiance est prononcée dans  des tribus telles que les Bassas qui leur reprochent de les avoir trahis pendant la guerre d’indépendance. Ceux-ci se seraient compromis avec les autorités néocoloniales, reconvertis au commerce et auraient racheté les biens du colon-ennemi  alors que les Bassas se battaient encore. 

Mais se limiter à ces conclusions, choisir de voir les Bamilékés sous le prisme de ces assertions et surtout baser votre interaction avec eux sur ces stigmas serait traiter ce sujet avec un peu de légèreté. 

Allons au delà des stigmas sociaux, voulez vous?

Voici la suite de l’histoire de mon ami : Ce jeune homme Bamiléké a répondu à ce chef d’entreprise qu’il ne connaissait pas d’autre promotionnaire Bamiléké et lui a proposé a la place un autre de ses promotionnaires d’une autre tribu que ce chef d’entreprise a finalement recrute. La vérité c’est que beaucoup de camarades de promotion de ce jeune homme étaient de l’Ouest du Cameroun et qu’il n’aurait eu aucun mal à trouver un des « siens ».

Il n ya pas que les Bamilékés qui soient tribalistes. Les autres tribus sont coupables des mêmes reflexes. Au temps du premier président de la République du Cameroun les gens du Nord du pays et plus récemment les Bétis avaient été accuses, de gérer le pouvoir sur une base tribale. Ce phénomène ne se limite même pas au Cameroun. Au Togo, au Gabon, au Zaïre (République démocratique du Congo) pour ne citer que ces pays-la, les dirigeants ont été accuses de reposer leur pouvoir sur une base tribale. On a aussi constate que la plupart des responsables de notre pays s’entourent de gens de leurs tribus qu’ils transfèrent même souvent d’autres administrations. Je ne suis pas en train de justifier le tribalisme ou de suggérer qu’il soit un phénomène à accepter avec résignation. Je démontre simplement que nous sommes malheureusement tous tribalistes.

Tam tam Bamileké

Qui ne préférait pas épouser une femme avec laquelle il a des affinités culturelles ? Les Makas, les Bassas, Foulbé, Mafa, Toupouri, Doualas épousent pour la plupart des femmes de leurs tribus. Cela ne devrait même pas être un point de reproche. Nous sommes tous libres d’épouser les femmes que nous voulons pour quelque raison que ce soit. En plus, nous connaissons tous des Bamilékés qui ont épousé des femmes d’autres tribus et qui leur sont restées fideles.

Les Bamilékés font des affaires entre eux la plupart de temps parce que c’est dans leur groupe tribal qu’ils trouvent la plupart des partenaires, des gens intéressés, formés aux affaires et qui prennent l’argent au sérieux. Sur ce point j’aimerais signaler que le Bamiléké trouve que les « Nkwas », comme ils appellent les étrangers ne sont pas sérieux avec l’argent. Le Bamiléké comme tout homme d’affaires se mettrait en relation avec toute personne et dans toute situation légitime qui lui rapporterait de l’argent. C'est-à-dire qu’il ferait des affaires avec un Bakwere ou un Moundang si cela lui rapportait de l’argent. Mais comme les autres, ils préfèrent malheureusement recruter dans leurs entreprises les originaires de l’Ouest.

Ce que les « Nkwa » ne savent pas, c’est que nos compatriotes de l’Ouest se font entre eux les mêmes coups que les autres tribus leur reprochent. Seulement, leur perception (probablement à cause de l’affinité culturelle)   de ces attitudes que nous décrions est différente. Lorsqu’un Bamiléké se fait doubler par un autre, celui-ci le prend comme faisant partie du jeu social. 

Savez-vous que les autres Bamilékés reprochent aux Dschang d’être tribalistes et très conservateurs ou que les Bafoussam trouvent que les Bafang sont de méchantes gens? D’autres Bamilékés vous diront que les Mboudas ne font les choses qu’entre eux, que les Bangangtes sont dépensiers et frimeurs, que les Bahams et les Bandjouns ne s’entendent pas et que ce ne serait pas une bonne idée d’épouser une femme de telle ou telle tribu Bamiléké.

Savez-vous que les Bamilékés reprochent à d’autres de ne pas voir d’un bon œil leur progrès et réussite? Ces accusations vous sont-elles familières ? Evidemment, c’est le genre de reproches que nous nous faisons entre nous tout en pensant que le Bamiléké est différent. Ils ont comme les autres personnes des mésententes, des problèmes de jalousies et de compétition. Je ne me réjouis pas  des problèmes de leur communauté. Je veux simplement vous montrer qu’ils sont des êtres humains comme les autres.

Pendant les revendications politiques des années 90, nous avons vu les Bamilékés soutenir successivement l’UNDP,  l’UPC et le SDF qui étaient des partis diriges par des non-Bamilékés. Par contre ceux ayant à leur tête des Bamilékés n’ont jamais vraiment atteint une grande envergure malgré le poids démographique et financier de leur tribu. Calcul et finesse politique ? Soit. Toujours est-il qu’ils avaient soutenu pour la présidence de la République un candidat Mbo, puis un Bassa et enfin un Anglophone dont ils n’étaient pas forcément proches. L’accusation de tribalisme est donc à relativiser

J’ai demande a un pote Bamiléké si c’était vrai qu’il ya des groupes de personnes influentes dans l’Ouest qui aimeraient accéder au pouvoir et le confisquer. Il m’a répondu qu’il y a des individus qui auraient l’intention naturelle d’y accéder. Peut-être même qu’il y aurait (cela est mon analyse pas celle de mon pote) un groupe de conservateurs a l’Ouest qui lorgneraient avec envie le fauteuil présidentiel, mais l’avis général des Bamilékés est que se mêler de la politique a le potentiel de leur attirer des ennuis. Ils ont toujours considéré l’administration camerounaise comme hostile a leur tribu. C’est cette hostilité de l’administration qui a pousse beaucoup d’entre eux à adopter des professions libérales et d’éviter les fonctions d’autorité. 

Même s’il est vrai que les Bamilékés aimeraient que l’un d’entre eux accède au pouvoir, ou est le mal a cela ? Ne sont-ils pas Camerounais? Ne devaient-ils pas avoir les mêmes droits que les autres ? Les anglophones pensent bien qu’il est temps que l’un des leurs accède au pouvoir après 50 ans de règne francophone. Les gens du Nord aimeraient bien qu’on le leur retourne et les Côtiers croient bien être ceux qui soient bien places pour départager ces autres groupes puissants. Pour finir, quel groupe social, culturel, politique ou tribal n’aimerait pas conserver le pouvoir après l’avoir acquis ?

Supposons même que les Bamilékés aient un plan pour occuper systématiquement le territoire et conquérir tout le Cameroun, croyez-vous que ce soit en les isolant qu’on les en empêchera ? Vous serez surpris d’apprendre que beaucoup d’entre eux ne sont pas au courant de pareille stratégie et n’y adhéreront même pas. Ceux-là veulent être comme tous les camerounais, avoir des amis de toutes les tribus, être acceptes partout ou ils vont dans le triangle national sans être vus comme des occupants et des conquérants. 

Permettez-moi une parenthèse pour vous raconter cette anecdote. Lorsque j’étais encore à l’école et qu’avec mes camarades, nous rentrions chez nous après de longues heures d’études, nous nous arrêtions souvent sur le chemin pour acheter à manger. N’ayant pas suffisamment d’argent, nous disons aux vendeuses que nous ne pouvions pas vraiment payer pour ce dont nous avions besoin. Et vous savez ce que ces femmes Bamilékés nous disaient ? « Vous êtes mes enfants et je suis une mère et je ne peux laisser des enfants aller au lit affames. Dites-moi ce que vous voulez ».Voila ce qu’elles nous disaient sans chercher à savoir de quelle tribu nous étions.

Masque bamileké

Fermons la parenthèse et poussons le raisonnement à l’ extrême. Supposons même que les Bamilékés contrôlent une plus grande partie de l’économie et qu’un d’entre eux accède au pouvoir suprême. Pensez-vous qu’ils viendront vous déposséder de vos biens ? Vous chasseront-ils du Cameroun ? Serez-vous moins bien lotis que maintenant sous domination économique, financière et militaire de la France ? Pensez-vous que votre situation avec la « clé-14 »du FMI et la Banque Mondiale soit meilleure que sous une« domination » Bamiléké? Réfléchissez un peu. N’avez-vous pas tous sinon des amis, du moins une connaissance Bamiléké ? Croyez-vous que votre ami ou voisin vous marchera dessus juste parce que le climat politique aura change en sa faveur ?

Je sais que je ne dirais pas assez pour dissiper le malaise que semble poser la question Bamiléké dans la société camerounaise. En effet, quel que soit ce que je dis, il n’en reste pas que ces accusations ne sont pas gratuites. Elles sont fondées sur des expériences réelles. Les Bamilékés sont un peu ce qu’on leur reproche, il est vrai pas tous,  et de moins en moins avec la nouvelle génération. Mais, si nous changions notre façon d’aborder le problème et essayions de les comprendre ?

Essayer d'expliquer l'homme de l'ouest

Le Bamiléké est issu d’une région petite (par rapport a la densité de la population) et pauvre en ressources naturelles bien que jolie et d’un climat agréable, Il n ya pas de pétrole ou d’or a l’Ouest. Le terrain n’y est pas très favorable à l’agriculture. Le gibier n’y existe pas, la pêche n’y constitue pas une activité viable et il n ya pas beaucoup d’arbres fruitiers. Cet environnement naturel difficile dispose déjà le ressortissant de l’Ouest à une grande combativité mais aussi a un esprit de solidarité communautaire remarquable. Ne dit-on pas que la difficulté renforce les liens humains ?

A cela s’ajoute le fait qu’il est issu d’une culture forte,  conservatrice et polygamique. La plupart d’entre eux viennent de familles avec de nombreux enfants. Tout de suite le jeune Bamiléké comprend qu’il devra compter sur lui-même et sa mère pour réussir dans la vie. Il saisit aussi très vite que la terre sur laquelle sa famille vit et l’héritage de son père ne seront pas suffisants pour lui et tous ses frères et sœurs. Il s’impose tout de suite à lui que le moyen de s’en sortir est d’aller se battre ailleurs. Des le bas âge  il développe en lui des reflexes de survie et un caractère d’endurance. C’est donc équipé de ce potentiel qu’il quitte sa terre et va à la recherche d’un environnement meilleur.  

Il agrandit son territoire en achetant d’abord les terres  de ses voisins puis des terres lointaines. Qu’auriez-vous fait à leur place ? Seriez-vous reste confines a un endroit étroit alors qu’il ya des opportunités ailleurs ? N’est ce pas ce que nous faisons nous-mêmes en allant à l’étranger chercher un meilleur avenir ? En plus, la loi permet a tout citoyen de s’installer la ou il veut tant qu’il respecte les règles de la société.

Ces dispositions d’esprit rendent l’homme de l’Ouest capable de voir des opportunités la ou les autres n’en voient pas et de saisir des occasions que les autres négligent. La combativité acquise dans un environnement d’adversité le rend compétitif et travailleur plus que ceux qui ont connu un environnement plus confortable. Ce n’est pas qu’il soit forcément plus intelligent que les autres, il est beaucoup plus travailleur. Ne nous moquons-nous pas souvent d’eux lorsqu’ils acceptent des métiers que nous trouvons rabaissant ? Ils ne commencent pas souvent par des quincailleries et les compagnies de transport. Leurs affaires commencent par le petit commerce, la vente de la ferraille, de la friperie, la conduite du taxi,  la vente des pneus d’occasion. Les grands magasins, les hôtels, les compagnies de taxis et les boucheries viennent après. 

Ils réussissent dans les affaires parce que les débuts humbles leur apprennent la discipline, le respect de l’argent et leur confèrent la connaissance de tous les recoins du business dans lequel ils se lancent. C’est cet apprentissage pénible qui développe l’habileté nécessaire a la réussite des affaires. Ce n’est que lorsqu’on a gagne le million soi-même qu’on peut le garder. Et cela explique bien les échecs des gens à qui on a remis de l’argent sans effort pour ouvrir une affaire. Sans connaissance véritable de l’activité dans laquelle ils se lancent, sans esprit d’endurance et  sans discipline, ils finissent par échouer.

C’est le reflexe de survie et cette initiation au commerce qui rend les Bamilékés si sérieux avec l’argent et si attaches a celui-ci. On trouve  le même comportement dans les groupes culturels ayant évolué dans la même adversité. Si vous observez les chinois, vous vous rendrez compte qu’ils ont de grandes similitudes avec nos frères de l’Ouest. Ils ont la même endurance, la même solidarité et le même sens pour le commerce

Voila en partie pourquoi peu de non-Bamilékés s’installent a l’Ouest pour y faire des affaires. Peu de gens trouvent suffisamment de motivation pour aller s’installer sur un territoire densément peuple et competir avec des commerçants-nés. Même s’il ya  d’autres groupes culturels (des Bororos, d’autres Nordistes, des Bétis, des Bassas etc..), la plupart des non-bamilékés qui vivent a l’Ouest travaillent pour des compagnies ou sont des fonctionnaires.

C’est la force de leur culture et leur attachement a leurs valeurs qui expliquent en partie leur renfermement sur eux-mêmes. 

Contenir ou embrasser?

J’ai déjà été victime d’un acte de tribalisme criard de la part d’un Bamiléké. J’ai aussi été emballe dans une relation intéressée et calculée d’un Bamiléké. Je le dis juste pour le cas ou vous penseriez que je sois naïf ou que je ne les connaisse pas bien. Au contraire j’ai été dans des écoles ou beaucoup de personnes étaient Bamilékés. J’ai opéré dans leurs groupes, assiste a leurs funérailles et  autres cérémonies. J’ai vécu dans leurs villes et visite leurs villages. J’en connu de façon intime dans la vie sociale. J’ai été lie a eux et le suis a nouveau par des liens de mariage. Non, je ne suis pas marie a une femme Bamiléké dans le cas ou vous croyez que c’est l’amour pour ma femme qui m’influence. Vous voyez, J’ai personnellement connu un aspect de certains d’entre eux dont les autres tribus se plaignent.
 
Mais j’ai aussi été bénéficiaire d’acte de générosité, de fidélité, de confiance de la part d’eux.
Dans toutes les situations ou j’ai vécu le tribalisme directement ou non, j’ai rencontre des Bamilékés qui l’ont condamne et dénoncé. J’ai de véritables frères et sœurs originaires de l’Ouest, des gens qui s’ouvrent librement à moi et à qui je me confie facilement. Nous sommes plus proches les uns des autres que de certains membres de nos tribus respectives. Et mon expérience n’est pas unique. Je connais d’autres gens ayant les mêmes rapports avec des gens de l’Ouest.

Alors faut-il essayer de les contenir et se méfier d’eux comme cela se fait ou les embrasser et les intégrer ? L’homme de la rue non-Bamiléké, bien qu’ayant des relations avec les Bamilékés voit dans leur groupe un danger si grand qu’il pense qu’il faille les contenir, limiter leur expansion pour les empêcher de « phagocyter » les autres. Il est même dit que les administrations qui se sont succédé au Cameroun auraient développé une politique de « containment » vis-à-vis des Bamilékés. Ceux-ci auraient le droit de faire les affaires mais ne devraient pas se mêler de la politique. Le pouvoir économique et financier aux mains d’un seul groupe culturel mettrait en danger les autres tribus, pense-t-on.

Vous pouvez déjà imaginer ma réponse. Non, je ne pense pas que la politique du containment soit la réponse appropriée. D’abord parce qu’elle n’est pas juste. On ne peut pas sanctionner un groupe parce qu’il réussit dans un domaine car il faut le dire,  les Bamilékés semblent poser un problème en réalité a cause de leur succès économique. S’ils étaient un groupe sans succès ou insignifiant ils ne feraient pas  peur.

Ensuite, la marginalisation ne marche même pas, tout au moins sur le plan économique. Ils continuent d’acheter et d’agrandir leur patrimoine économique et financier. Ils sont toujours le groupe culturel le plus riche et probablement le plus répandu sur le territoire national. On ne peut pas contenir le dynamisme. Et la politique du containment va a l’encontre de la notion d’excellence que le Cameroun doit absolument cultiver pour se développer et faire compétition avec les autres nations

La seule façon de désamorcer cette situation est de les accepter et les intégrer. C’est aussi ce qui me parait la bonne chose à faire. Les Bamilékés sont une force dont le Cameroun a besoin. Ils sont très nationalistes et très proches de leurs pays. Ils bâtissent rarement des richesses durables en territoire étranger ou loin de leurs terres. Ils finissent toujours par revenir et ramener leurs biens chez eux, c'est-à-dire chez nous.

Ils sont à l’avant-garde du combat pour une véritable indépendance du Cameroun. Ils sont en réalité le facteur qui nous permettra de contrer les entités prédatrices étrangères qui dévorent notre économie et de reprendre le contrôle de notre destin. Il n y aura pas de véritable développement au Cameroun tant qu’on n’aborde pas la question Bamiléké autrement, tant qu’on n’intègre pas leur dynamisme comme facteur de développement national. Essayer de contenir le dynamisme Bamiléké joue au long-terme contre le Cameroun.

Les hommes d’affaire Bamilékés et d’autres camerounais en se mettant ensemble au besoin, auraient pu racheter les sociétés d’Etat privatisées. Oui, cela leur aurait conféré un pouvoir économique énorme, mais la richesse serait restée  au pays. Elle ne serait pas allée en France ou aux Etats-Unis. Oui, cet argent serait allé dans leurs comptes bancaires, mais dans des banques installées au Cameroun. Les hôtels construits a Douala ou a Yaoundé ne seront pas rebattis a Mbouda ou a Bangangte. Même s’ils l’étaient, ces villes ne font-elles pas partie du Cameroun ?  Quand des habitations sont construites par des Bamilékés à Edéa ou à Ebolowa, n’y restent-elles pas ? Enfin, on aurait toujours pu et pouvons toujours mettre sur pied des lois pour protéger les faibles et les démunis (parmi lesquels on compte les Bamilékés) contre les excès de ceux qui ont le pouvoir financier.

Savez-vous que les Bamilékés restent dans leurs cercles culturels parce qu’ils se sentent mal-aimés et même rejettes des autres tribus ? Je n’insinue pas qu’ils soient dans le désir brulant d’être aimes. Ce que je dis, c’est qu’ils aimeraient être perçus autrement, être acceptes. Certaines de leurs attitudes de renfermement et d’exclusivité tribale s’expliquent par ce sentiment d’être marginalises. 

Au lieu d’avoir peur d’eux, on devrait aller vers eux, et de façon tout à fait naturelle, les supposes groupes de conservateurs et les poches de tribalisme se détruiront ou tout au moins seront isolés et  neutralisés. Le but n’est pas de détruire leur cohésion sociale, c’est de les aider à se débarrasser des éléments qui en leur milieu interfèrent avec leur intégration totale.

Nous avons beaucoup à apprendre de leur dynamisme et réussite dans les affaires, de leur sens de l’organisation et de leur discipline. On devrait chercher à étudier ce qui fait la cohésion de leurs groupes et à comprendre comment ils ont pu faire de leur province la plus urbanisée du pays. Au-lieu de nous méfier d’eux, travaillons pour devenir aussi endurants, disciplines et donc compétitifs qu’eux. Intégrons leurs milieux, demandons-leur des conseils, établissez des relations d’affaires avec eux ou requerrez leur assistance pour commencer une affaire. Faites-le et vous serez surpris de voir a quel point ils sont disposes à aider. Imaginez seulement comment le Cameroun serait prospère si tous les Camerounais gêneraient autant d’argent qu’eux! 

Ne vous basez pas sur ce que vos proches ou parents disent d’eux. Parlez-leur vous-mêmes et n’hésitez pas à leur exprimer vos appréhensions sur ce qu’on dit d’eux. Posez-leur des questions et vous verrez avec quel facilite ils en parlent. Ils n’attendent que cela. Vous vous rendrez aussi compte que beaucoup de choses que vous croyiez ne sont pas vraies.

Ils sont des êtres humains comme les autres, bâtis de faiblesses et de forces, ayant des sentiments et des passions, capables d’aimer ou d’abhorrer. Comme tous les êtres humains, ils peuvent être conquis par l’amour, le respect et la bienveillance. Ils sont exactement comme vous et moi. Cela veut aussi dire que toutes les autres tribus ont bien des aspects de leur culture qu’on leur reproche ! Il y aurait bien de choses à dire sur les Bafias, les Banens, les Manguissas ou les Bororos. Nous devons tous nous accepter et trouver le moyen de vivre avec nos différences. C’est bien ce que nous faisons en famille. Et les Bamilékés sont nos frères et sœurs.
 
Le problème de tribalisme est en fin de compte lie à la nature humaine. Il n’est qu’une autre forme de discrimination a cote de la discrimination raciale, religieuse, spirituelle, économique. Il n ya pas de problème Bamiléké. Il n y a qu’un problème humain. La peur, l’égoïsme, l’insécurité et l’ignorance surtout, sont nos véritables problèmes. Si on enlève les Bamilékés du Cameroun, nous trouverons un problème avec une autre tribu, peut-être les Bétis. Et si on enlevait toutes les tribus au Cameroun en dehors des Bétis, ceux-ci auront probablement un problème avec les Bulus. Vous voyez, le problème est dans le cœur.

En fin de compte, nous n’avons même pas d’autre choix que de nous associer à eux. Nous partageons la même terre, le même pays, les mêmes adversités et le même destin. Nous ne pouvons pas chasser les Bamilékés du Cameroun, ni vraiment les contenir. Ils sont Camerounais et n’iront nulle part. Pourquoi alors ne pas simplement les accepter ? Cela est bien plus facile que de se méfier d’eux. Nous sommes un seul peuple et ne pouvons réussir que dans une ambiance d’unité nationale, de cohésion culturelle et de paix sociale.

Ce que vous devez faire

Le gouvernement devrait être à l’avant-garde du combat contre ce sentiment anti-Bamiléké. Il devrait aider à détruire ces stigmas sociaux et psychologiques. Pourquoi ? Parce qu’il est garant de la cohésion sociale. Comme un père qui garde l’harmonie dans sa maison, notre gouvernement doit sincèrement œuvrer pour la paix sociale et prêcher par l’exemple. La pratique qui consiste à envoyer des fonctionnaires servir dans des régions dont ils ne sont pas originaires est un pas dans ce sens. Mais il faut faire plus.

Le gouvernement devrait encourager des échanges intertribaux, créer des forums dans lesquels les gens tout en exprimant leurs frustrations et rancœurs donneront la voie a la réconciliation et a la cicatrisation. Il ya beaucoup de perceptions qui sont dues a des malentendus et a l’ignorance. Parler aidera à chasser les démons de la division, même s’il pourrait au passage occasionner quelques passions. Il ne sert à rien d’ignorer ces frictions sociales ou de prétendre qu’elles n’existent pas. Les aborder ne détruira pas le tissu social. Au contraire, il aidera à construire la nation.

Il faudrait faire des documentaires culturels pour expliquer certaines tribus aux autres. Il faut enseigner aux élèves les cultures de leurs pays et leur véritable histoire. Il faut amener le jeune camerounais du Littoral à s’identifier plus à son frère Bamoun qu’a un parisien ou londonien. Il faut encourager par un système de récompense les camerounais a sortir de leur milieu culturel pour aller vivre et faire des études dans d’autres milieux. 

Ca, c’est le rôle du politique sur lequel nous n’avons pas de contrôle ou de pouvoir. Mais nous pouvons déjà au niveau individuel faire quelque chose. Choisissez de pardonner tous les torts que vous auraient faits les membres d’autres tribus. Encouragez vos enfants à aller faire des études à l’Ouest. Ils y apprendront beaucoup et y acquerraient des qualités qui leur serviront dans leur vie sociale et professionnelle. 

Puisque la discrimination est une disposition naturelle à aider ce qu’on aime, prenons tous la décision de cultiver une relation et même de créer une veritable amitié avec une personne d’une tribu différente. Recrutons comme adjoint ou assistant une personne d’une tribu autre que la notre. Promettons-nous d’aider cette personne sur le plan professionnel et de contribuer à son succès. Et nous savons tous qu’on se fait un ami en en devenant d’abord un. A quoi cela servira-t-il ? Déjà à briser la perception que cette personne aura de votre tribu. Ensuite cela contribuera a l’intégration culturelle et finalement, vous aidera à vous sentir bien car vous aurez contribue a la construction du Cameroun de demain.

Nous avons besoin d’un espace de dialogue et de réconciliation dans notre pays. Pas seulement d’une reconnexion entre les Bamilékés et les Bassas, mais aussi entre Bamilékés et Bétis, Bétis et leurs frères du Nord-Cameroun, Francophones-anglophones, le grand Nord et le grand Sud, pouvoir et opposition, ère Ahidjo et ère-Biya, régime Ahidjo et le groupe représentant les nationalistes assassines. Cela est faisable car au plus profond de lui, ce que l’être humain désire le plus, c’est de vivre en paix et être aime Et cette réconciliation est la première étape au véritable développement de notre pays.

Atangana Mebah Dorien

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13/08/2013
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KISWAHILI UN JOYAU LINGUISTIQUE

LE KISWAHILI, UN JOYAU LINGUISTIQUE

Swahili by Keng Sunsumpo via Flickr CC
Swahili by Keng Sunsumpo via Flickr CC

Le kiswahili, un joyau linguistique

Retour sur les origines et la diffusion de la langue swahilie, qui gagne du terrain en Afrique de l'Est et dans les Grands Lacs.

 

Des mots ou des expressions popularisés par des films et des livres. Du roman La ferme africaine de Karen Blixen, qui donna le film Out of Africa, au dessin animé de Disney Le Roi lion, tout le monde connait au moins un mot de kiswahili. Hakuna matata («il n’y a pas de problème»), pole pole («doucement»), rafiki («ami») ou safari («voyage») arrivent certainement en tête.

Mais le kiswahili, largement parlé en Afrique de l’Est et des Grands lacs, relève de toute autre chose. Son importance ne se dément pas: il s’agit, selon l’université américaine de Stanford, de la langue la plus parlée en Afrique après l’arabe, mais la première d’origine continentale. Quant au nombre de locuteurs, le doute persiste car aucune étude n’existe sur le sujet même si des estimations de la Banque mondiale, datant de 2005, évaluent ce nombre compris entre 120 et 150 millions de personnes à travers le monde.

Du fait de la diaspora et des enseignements proposés, le kiswahili est parlé sur les cinq continents. Les plus prestigieuses universités américaines ont ainsi leur propre département de kiswahili au sein de leur faculté de langues. Selon l’université de Virginie, plus d’une centaine d’universités l’ont inclus dans leur programme sur la planète. Les radios internationales, avec dernièrement RFI, diffusent les informations en kiswahili en Afrique de l’Est.

Si la Tanzanie, avec Zanzibar, est l’Etat swahiliphone par excellence, la langue est largement parlée et comprise au Kenya. Les Comores, l’Ouganda, leRwanda, le Burundi, et l’Est de la République démocratique du Congo (RDC) comptent également des milliers de locuteurs. L’usage de la langue est aussi courant dans le Nord du Mozambique, du Malawi et de la Zambie.

Une langue façonnée depuis des siècles

Le kiswahili est une langue façonnée depuis des siècles par les influences touchant la côte orientale du continent, où elle est apparue aux alentours du Xe siècle. On y retrouve ainsi le poids de l’arabe dans les chiffres.

 

L’origine du mot swahili vient d’ailleurs de l’arabe sahil qui signifie «côte, littoral».

Le kiswahili serait né de la rencontre entre les peuples bantous du littoral et les marchands arabes et persans sillonnant l’océan Indien et habitant les îles.

 

Sa diffusion dans l’intérieur du continent remonte à moins de deux siècles. Elle se fit au cours du XIXe siècle par les caravanes arabes, envoyées pour capturer des esclaves à l’intérieur du Tanganyika (ancien nom de la Tanzanie continentale). Les caravanes atteignaient le sud de l’Ouganda peu avant 1850, et l’Est de l’actuelle RDC entre 1870 et 1884, participant ainsi à la diffusion de la langue swahilie. Les Arabes vendaient les esclaves capturés une fois de retour sur la côte, et surtout à Zanzibar, le centre de ce commerce, où le sultan d’Oman avait transféré sa capitale.

C’est à cette époque que les missionnaires occidentaux, débarqués vers la fin du XIXe siècle, réalisent les premiers ouvrages en kiswahili en alphabet latin. S’il existait une écriture, elle était en caractères arabes. C’est un religieux français, à la veille de 1900, qui réalisa le premier lexique franco-swahili. En 1928, une conférence entre les pays de l’Est du continent donna naissance au véritable premier dictionnaire anglais-kiswahili. Et normalisa par la même occasion la langue car il existait plusieurs formes de kiswahili.

«Kiswa-English»

La Tanzanie de Julius Nyerere saisit la première, en 1967, l’intérêt d’instaurer le kiswahili comme langue nationale. En fédérant une nation autour d’une langue commune, Nyerere évitait ainsi le piège ethnique. Aujourd’hui, l’enseignement public en école primaire est exclusivement en kiswahili. Les médias tout comme les hommes politiques tanzaniens s’expriment dans cette langue, même si tous maîtrisent l’anglais. Au Kenya, toute la population ne parle pas le kiswahili. Le luo ou le kikuyu, par exemple, dominent encore largement dans leur bassin respectif.

 

Le kiswahili a historiquement emprunté à une langue étrangère puis façonné un mot qu’il n’avait pas dans son propre vocabulaire. Si ce fut le cas avec l’arabe, le persan et le portugais, c’est de plus en plus courant avec l’anglais. Ainsi, ordinateur (computer en anglais), se dit kompyuta en kiswahili. Les exemples sont nombreux. On retient la version phonétique anglaise pour l’écrire en kiswahili.

La littérature swahilie a fleuri, et fleurit encore. Les plus grands classiques occidentaux ont été traduits, à l’image d’un Julius Nyerere qui à la fin de sa vie avait mis à la portée des Tanzaniens de nombreuses œuvres de Shakespeare en kiswahili.

Enfin, une nouvelle pratique a vu le jour, celle du «Kiswa-English». Particulièrement visible parmi les étudiants qui mélangent kiswahili et anglais à tour de bras, un mot après l’autre, cette langue nouvelle génération a le don d’irriter les défenseurs du kiswahili.

 «C’est pour nous montrer qu’ils sont éduqués, et qu’ils connaissent l’anglais», disent les détracteurs.

Et le pire, c’est que même les politiciens s’y mettent, se coupant ainsi de leur audience la plus large. Le phénomène est surtout visible au Kenya et en Tanzanie, où le kiswahili est de moins en moins utilisé au sein des classes aisées. Il faut y voir les conséquences de la percée des écoles primaires et secondaires privées, où l’enseignement n’est qu’en anglais. Le reste de la population –l’écrasante majorité en fait– étant confinée au kiswahili.

 

 

Arnaud Bébien

 SLATEAFRIQUE


26/07/2013
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LA TRIBU TETELA VIDEO REPORTAGE

L'HISTOIRE DES "TETELA"; UNE DES TRIBUS QUI REMPLISSENT LA REP.DEM.CONGO

L'ELARGISSEMENT DE LA FAMILLE "ANA-MONGO"

 La CONSCIENCE= Connaissance plus ou moins claire de notre existence, du monde extérieur. Savoir ce qui se passe...

 

UN PEU D'HISTOIRE:

LES CORDONS DU CLAN MONGO

ANAMONGO MOYO ANYU !

Mama Pauline OPANGO

Nyangeso ka nemo

(Veuve P.E. LUMUMBA)

"LOWOKO HAKELE'ELOLA"

Ce texte précieux est une production intellectuelle de notre frère Sylvain BOTENDE.

Nous l'exposons aujourd'hui à la portée d'un public plus large pour rappeler à tous la richesse de la diversité culturelle des Anamongo.

 

Chers frères et soeurs,

 

L’histoire du clan Mongo remonte de plusieurs années avant l’arrivé des européens au Congo. Elle a été transmise de générations en générations de bouche à l’oreille jusqu'à ces jours. Beaucoup parmi eux n’ont pas grandit au village aux côtés des anciens et par conséquent n’ont pas eu l’occasion de découvrir leur sagesse. L’exode rural vers des grands centres urbains pour acquérir une portion d’instruction et le travail aurait été la cause de l’éloignement. En la mettant noir sur blanc, j’ai voulu renvoyer au calendre grec cette pratique verbale et donner la chance aux générations futures de cultiver la sagesse des anciens. Je voudrais dire, que la connaissance de l’histoire du clan permettra à cette génération et à celles qui viendront de connaître les causes de la dislocation, les grandes divisions ethniques, et la géopolitique de leurs agglomérations. Ceci dans le but de leur apporter d’éclaircissements qui permettront à remédier leur discordance.

Il faut dire que ces ethnies occupent un vaste territoire de l’espace congolais et une forte représentation démographique. En termes de la géopolitique, elles sont susceptibles de consultation pour toutes les décisions qui affectent la nation. L’instabilité politique qui sévit ces dernières années seraient résolues par la cohésion ethnique notamment celle du clan Mongo. D’où la cohésion interethnique étant la prélude incontournable de stabilité, le clan Mongo qui est parsemé dans presque toute l’étendue du territoire congolais a plus d’atouts pour stabiliser le Congo. Ceci se justifie par son histoire qui retrace son chemin à partir d’un commun ancêtre. C’est l’une des raisons de cette bonne cohabitation qui existait entre les ethnies issues de ce clan et qui faisait qu’elles avaient les mêmes coutumes.

 

Le clan est pour ainsi dire leur patrimoine commun, une courroie de transmission par laquelle s’articulerait le mécanisme d’une stabilité politique, sociale et économique du Congo. En ce temps qui court, la géopolitique étant la règle d’or pour le partage du pouvoir, les ethnies Mongo qui représente près de 65% de la population congolaise ont la salvatrice vocation de couler le béton pour sauver le Congo. Ma ferme résolution est de sensibiliser les membres du clan dont il convient de les appeler « Ana Mongo » de s’unir autour d’une volonté commune sans compromis pour sauver les terres de leurs ancêtres. Ayant dit cela, je ne voudrais qu’on dise que je dissocie le peuple congolais mais les circonstances du moment l’obligent.

 

La République Démocratique du Congo court le danger imminent d’expropriation par des puissances multinationales. L’immigration de la race néolithique naturellement nomade à la recherche des terres riches en ressources naturelles et l’exode des congolais de souche vers l’étranger à la recherche des conditions des vies permettent le remuement des autochtones et l’implantation des étrangers. Cette situation devient menaçante tant sur le plan socioculturel qu’économique et doit éveiller la conscience de tous les fils du clan qui ont la responsabilité légitime de défendre le pays.

 

Je m’estime heureux d’avoir partagé avec mes confrères du clan cette modeste connaissance qui m’a été léguée par les vieux du village. Je leur demande tout comme moi de tirer profit de ces enseignements qui sont cachés derrière ces contes tous innocents dans lesquels y sont enfuis des grands secrets de réussite. Je fais appel à la conscience des Ana Mongo qu’ils établissent l’équilibre de rapport social et d’harmoniser leurs relations.

 

Ils peuvent s’estimer heureux de connaître l’origine des ethnies auxquelles ils appartiennent et les causes d’éclatement qui les ont projetés les uns loin des autres. Cette histoire leur aide à comprendre leur passé et leur explique pourquoi ils sont devenus ce qu’ils sont. Ainsi connaissant leur passé, ils peuvent remédier à leur présent. Alors qu’ils parcourent ces écrits, puissent-ils être pour eux une source des références et de consultation des pensées durant l’exercice de leurs activités quotidiennes. Qu’ils aiguisent leurs connaissances, discerne, interpelle leurs pensées, efface des points d’interrogation et résolve leurs questions

Voici à titre d’exemples les illustrations suivantes qui justifient ce que nous avons dit ci haut au sujet de cohabitation : les ethnies Topoké, Lokelé ont un même collectivité dite : District d’Isangi qui est appelé Topoke-Lokele, les ethnies Bambole et Bangando ont le District d’Opala, les ethnies Basoko et Mbuja ont comme District Bumba dans la province Orientale, sous région de la Tshopo.

Celles de la province de Bandundu au Lac Mayi ndombe, telles qu’Ekonda Mputela, Ekonda Bikoro, Asengele, Bolia, Ntomba, Nkundo, Nkuta, Bolobo, Basuku et autres de même origine n’ont pas connu des guerres. Celles de groupe Otekele sont restées au Tshuapa , Boende, Befale, Mokoto, Salonga, Bokungu, Bolukutu, Mondombe,Ikela, Bosira-Lomami, Lokolia, et Jera dans la Province de l’Equateur sont demeurées en relations de bon voisinage.

Par contre celles du Kasaï ont constamment eu des divergences conflictuelles à cause de disparité d’origine et des coutumes. On citera par exemple des ethnies Batetela et Lulua dans la province du Kasaï Orientale où le chef lieu de Lusambo a été transféré à Luluabourg par les colons belges. Les anciens racontent qu’à l’époque de Ngongo Leteta, il eut des affrontements de guerres entre les deux groupes ethniques qui décimaient des populations entières. Les colonnes de Basambala du chef Ngongo Leteta qui s’allia à celle des Basonge du chef Lupungu en raison de leur descendance ont ravagé en plusieurs vagues opérées le territoire Lulua.

Ces illustrations confirment que la cohabitation bien structurée doit être la préoccupation primordiale de l’administration territoriale. Au de là des diversités ethniques au sein du clan et des limites de leurs collectivités qui ont été tracées par le colonisateur belge, les Ana Mongo doivent comprendre qu’ils doivent s’unir pour sauvegarder leur incalculable richesse culturelle qui se fait sapée par les étrangers. C’est en vertu de la sagesse léguée par leurs ancêtres que je hausse la voix que leur réussite dépendra de la mise en application des principes fondamentaux de l’unité.

 

INTRODUCTION A LA MATIERE

 

Pour des raisons d’efficacité, je vais repartir ce récit en deux volets. Le premier explique les causes d’éclatement du clan, le déplacement et leur position géographique actuelle.

Le second est consacré aux comtes de sagesse qui ont été minutieusement sélectionnés pour servir de méditation et de guide aux réflexions devant des circonstances particulières.

Allez-y apprendre, mon bonhomme la connaissance de l’homme blanc, et revenez le soir apprendre celle de chez nous, me disait la grand-mère. Ce n’est qu’après que je me suis réalisé l’importance de ces comtes tout innocents, si naïfs auxquels y étaient cachés des grands secrets de la vie. Certains de leurs problèmes sociaux trouveront solutions grâce à la sagesse cachée dans ces comtes car là où la civilisation européenne a échoué, la sagesse africaine a réussi. Ecoutez-les donc avec patience !

Je m’en vais avant tout, vous dire une histoire vraie, un cas réel d’un des mes jeunes frères qui vivait en concubinage avec une fille qui mourut des complications de grossesse alors qu’ils n’étaient pas reconnus mari et femme. La fille était de l’ethnie Ntomba et le garçon de l’ethnie Lokele. Les parents de la fille exigeaient la dote avant l’enterrement de leur fille. Un problème difficile à résoudre qui ne pouvait être compris que par les Africains mais semblerait utopique chez les Européens. Je me suis interposé à calmer la colère avec brio, car je savais que Ntomba et Lokele sont issus de même clan. Mon intervention fut nourrit d’acclamations car je savais s’y prendre coutumièrement selon que les deux ethnies venaient du même clan et personne d’entre elles n’avait le droit de verser le sang de l’autre!

Ce que voulait réellement la famille de la fille était qu’en mariant le garçon à leur fille avant l’enterrement, l’esprit de leur fille emporterait avec elle son mari. En quelque sorte la famille de la fille voulait venger leur fille. C’est une bonne chose que de posséder l’éducation et c’est une autre que de posséder la sagesse. La sagesse assoit les pieds sur terre tandis que l’éducation maintient la tête sur les épaules et pieds à l’air.

Je dédie le mérite de ce document à la mémoire de « Ndeke » cette grand-mère qui a su garder soigneusement l’histoire de son clan ainsi que les comtes de sagesse des anciens, elle qui a longtemps vécu, beaucoup entendu et beaucoup vu. Elle qui fut au centre de l’unité de famille et donnait des conseils à tous les membres. Les anciens aident les jeunes à comprendre le passé. Grâce à eux, l’équilibre de la famille dans le rapport entre les membres est maintenu. Ils expliquent que les morts, les vivants et ceux qui vont naître sont toujours et partout présents reliés par des critères hiérarchiques et par la transmission des connaissances stables et imperturbables.

Le contre poids étant assuré, jamais un problème ne se développait jusqu'à mettre en périr la structure interne de la famille. Dans nos coutumes, le centre de gravité est le patriarche autour duquel se réunissent les membres de famille. Les anciens savaient plusieurs techniques : méditation, oracles, observation des autres par lesquelles ils savaient les lois d’harmonie avec la nature. La position des pieds sur terre, en stationnement comme en mouvement, le balancement des bras, la position de la tête, la manière de parler, les choses auxquelles l’individu s’intéresse, sont des petits signes qui permettaient aux anciens de le connaître.

Ce fut là, une des raisons de survie des familles africaines, donc vivre en en harmonie avec la nature. Ils aidaient les jeunes à comprendre le passé et prodiguaient des conseils qui conduisaient leur mode de vie. Les cimetières n’étaient pas loin des maisons des vivants parce que les morts gardaient toujours leurs places dans la famille recevant attention, respect et on leur apportait de la nourriture, boisson, sacrifice et on demandait leur opinion pendant des moments difficiles et on leur remerciait en cas des satisfactions. Tout ceci, mes chers frères de clan sont des connaissances qui m’ont été léguées par ma grand-mère que je me fais le plaisir jusqu’au plus profond de moi-même de partager très volontiers avec tous les lecteurs de près ou de loin.

 

CHAPITRE I – L’implantation du clan Mongo.

 

Au cœur de l’Afrique en République Démocratique du Congo se trouvent plusieurs groupes ethniques dispersés dans presque toutes les régions du pays et qui ont l’ancêtre commun. On les appelle « les enfants de Mongo » ce qui se traduit dans tous les dialectes de ces groupes ethniques « Ana Mongo » Il faut dire que 65% du peuplement du Congo est composé des « Ana Mongo » qui sont issus de Mongo leur ancêtre commun. La phonétique, la dialectique, les coutumes sont les mêmes chez toutes ces ethnies.

Il y a de cela quelques siècles, ces groupes ethniques vivaient ensemble sous la bienveillance du patriarche Mongo dans la région de l’Equateur. Vers les années 1400 un groupe des familles venu du Nord du rivière Nil s’était établi en plein cœur du Congo dans la région de l’Equateur au milieu de l’immense foret équatorial, et des rivières qui baignent et rendent fertile le sol. On y put croire un paradis, un véritable parc naturel qui finit par attirer les appétits des colons belges.

La région était abondée des parcs naturels ou vivent les animaux tel que le parc de Salonga ainsi que des rivières poissonneuses qui la baigne. Cela explique le régime riche en protéine qui facilite le taux de croissance rapide de natalité de ces ethnies. Ces ethnies vivent aujourd’hui séparées les unes des autres. Comment par quel diable était-il arrivé bien qu’il faille un long feuilleton le clan a été disloqué ! Peut-être ces ethnies ne se seraient pas séparées longtemps n’eut été l’arrivée de l’homme blanc car les limites de leurs localités ont été renforcées par le colonisateur.

Aujourd’hui le besoin de comprendre l’histoire de leur clan se fait sentir, chez tous les « Ana Mongo » Ils cherchent à comprendre l’histoire de leur clan à ce temps troublé par des guerres et cela pour quelle raison ? Peut-être veulent-ils faire face au courent destructeur qui souffle à l’est et au nord du pays. Contrairement à ce que je me disais, j’ai décidé de sortir de mon silence pour écrire ce récit dans le but d’apporter ma moindre contribution à la renaissance du clan.

Tout a commencé par ma participation au Forum de Sankuru, lors d’un sujet saillant que beaucoup se rappellent au sujet d’un confrère qui traitait les autres d’Eswe parce qu’il était d’Ekonda que beaucoup m’ont demandé de mettre sur papier ce que je connaissais de l’histoire du clan. Je remercie les confrères qui m’ont écrit en ce moment pour m’encourager par les éloges et grâce à eux j’ai eu le courage de mettre sur papier ce texte. Se faisant, le lecteur trouvera non seulement à ce récit l’histoire passionnante d’un clan ruiné mais également les comptes et proverbes de sagesse. Comme il convient de le souligner, les anciens renfermaient les secrets de leurs connaissances dans des chansons et des comtes. Ainsi il y avait des chants des guerres, d’intronisation au pouvoir, de mariage, d’initiation, de naissance, de la mort et de travail.

 

TITRE I- Naissance des conflits.

 

Les dérivés du clan Mongo se retrouvent presque dans tout le territoire de la République Démocratique du Congo. Le clan a été divisé en quatre principaux groupes ; Il s’agit de groupe " Otekele " Ankutshu la Membele" Ekonda ‘’ Ombolo’’. Ce furent des enfants Nkoy chefs des files du patriarche qui nourrissaient et défendaient le clan contre des ennemis. Le clan habitait dans la région de l’équateur le long de la rivière Tshuapa(Luapa) dans l’intense forêt équatorial. Pendant longtemps les membres du clan vivaient en harmonie sous l’autorité du patriarche. Comment la maladie du patriarche a conduit à la dislocation et à la dispersion de ses membres ?

Il est dit qu’un des enfants du clan ci-haut cité a joué au malin et devint l’auteur de dislocation et cela à cause de ses ambitions malveillantes d’hériter la succession du patriarche.

Je m’en vais vous dire pourquoi ? Le patriarche Mongo devint malade et l’un de ses fils ci-dessus était l’ami personnel du féticheur de la court. Celui-ci s’était comploté avec le féticheur pour qu’il lui soit attribué la succession du trône après la mort de leur Père. La chose ne sera pas facile lui répondit le féticheur car dit-il, il y a beaucoup des enfants et que chacun voudrait le devenir. Le féticheur demandât au patriarche de rassembler tous les enfants chasseurs et qu’il allait lui signifier ce qu’il lui faudrait pour sa guérison. Ce sera la tête d’une antilope vivante qu’il allait demander au malade devant ses enfants, une épreuve redoutable à réaliser en si peu de temps. Bien avant cela, le complice eut le temps d’attraper une antilope vivante qu’il l’a mise cachée dans le foret en complicité avec le féticheur.

Le féticheur annonça au patriarche qu’il lui faudra une antilope vivante pour que la tête soit servie des remèdes ! Les fils de Mongo se lancèrent à la captivité d’une antilope vivante pour que la remède soit faite. Une épreuve difficile aux autres enfants qui n’avaient pas préparé. Ils partirent le matin avant la levée du soleil et vers les après midi, le complice apparut du bout du village avec son antilope sous les acclamations nourries des siens. Les autres familles furent frustrées car elles savaient que celui-là bénéficierait de la bénédiction du patriarche. Quand les autres arrivèrent avec le produit de leur chasse, ils furent surpris par la nouvelle qu’un d’eux était déjà venu.

Mais le patriarche ne fut pas guéri du traitement, il mourut malheureusement. Après la mort du patriarche, le complice hérita le trône, mais d’autres fils ne firent pas en paix du mérite de leur frère le connaissant assez bien de son habileté de la chasse. Mais le secret finit par apparaître, ils apprirent finalement la vérité. Epris de colère, les autres ne supportèrent pas que leur frère qui avait triché soit à la place du patriarche. Ce fut l’éclatement du clan ou chaque chef de file prit sa direction suivie par des familiales. Le clan fut donc divisé :

 

1- Groupe Mongo Otekele

2- Groupe Mongo Asengele

3- Groupe Mongo Membele

4- Groupe Mongo Ombolo

 

1-Le premier groupe est resté dans la province de l’Equateur a Boende qui est chef lieu de Tshuapa,, Salonga, Befale, Mokoto. Bokungu, Bolukutu, Mondombe, Bosira Lomami, Lokolia, Jara, Luila, Momboyo et Bongandanga etc…

 

2-Le deuxième a Bandundu plus précisément Ntomba, Basengele, Ekonda Mputela, Ekonda Bikoro, Nkutu, Bolia et Bolobo, Kiri etc….

 

3-Le troisième groupe est remonté en amont par les rivières Loomela. Ceux qui ont remonté le long de la rivière Loomela jusqu’au Kasaï dans le Sankuru sont : Otetela, Ndekese, Basuku, Bakusu, Basongola et Basonge. –

 

4-Le quatrième groupe est remonté le long de la rivière Tshuapa jusqu'à Kisangani dont : Mbole, Lokelé, Topoké, Ngando, Basoko etc.. Tandis que ceux qui sont descendus en aval se retrouvent dans la province de Bandundu.

 

Je vais plus parler du troisième groupe car c’est en raison des querelles et des déchirements qui s’en suivront pendant son déplacement.

Le groupe Membele comme j’ai dit ci-haut a remonté en amont par rivière Lomela jusqu’au plateau de Nyambo-wadi, où ils s’installèrent pendant quelques années. Les années passèrent et Membele mourut de la morsure du serpent et son fils aîné Ankutshu pris la place de son Père. Ankutshu avait 3 enfants qui sont :

· Ndjovu

· Watambulu

· Ngandu

A la mort d’Ankutshu le groupe devrait designer le successeur selon qu’il s’agira d’un des trois fils. Pour se faire, les trois fils devaient passer par une épreuve de force. Il y avait sur la piste qui menait à la source d’eau potable, une grosse pierre qui barrait littéralement la pistes aux femmes qui revenaient de la source avec des calebasses sur la tête. Parfois il arrivait que la calebasse tombe et cela faisait tort aux femmes du village. Les sages eurent à demander aux trois fils d’aller un après l’autre déplacer du chemin la pierre, celui qui réussira prendra la canne de l’autorité. L’aîné fut parti pour déplacer la pierre mais il ne pu pas. Le second a son tour fut parti mais ne pu rien non plus.

Et voici que le cadet que sa maman lui a confié le secret de la poudre à déverser sur la pierre avant de donner le coup à la pierre réussit à la morceler et à la déplacer de la piste. Ce fut une grande humiliation ressentie par ses frères devant la foule. Mais le rire mimique de la femme du vainqueur a déclenché des bagarres parmi les membres du clan et il eut beaucoup des blessés et des morts. Allez-y voir le lieu ou ceci s’était passe, jusqu’aujourd’hui l’herbe ne pousse pas encore. Les trois enfants se séparèrent pour former plus tard chacun son groupement dont ils sont parsemés dans le Sankuru et qui sont appelés « Ankutshu a Membele », c’est a dire les enfants d’Ankutshu fils de Membele. Il est à retenir que les ethnies qui sont issues du clan Mongo ont les taux de pourcentage élèves de natalité à cause de leur régime alimentaire qui cadre avec leur culture.

 

CHAPITRE II- LA GEOPOLITIQUE.

 

La Province du Katanga on trouve :

Ø Les Basonge ou Basongye.-

 

La Province Orientale on trouve :

Ø les Topoke,

Ø les Lokele avec ses sous divisions à savoir : 1) Bolombo, 2) Loila

Ø les Bambole,

Ø les Mongando

Ø les Basoko

 

La Province de Maniema on trouve:

Ø les Bakusu,

Ø les Basongola,

Ø les Bazimba,

Ø les Barega

 

La Province du Kasaï Occidental on trouve:

Ø les Bashelele,

Ø les Djimanjase,

Ø les BaKuba

Ø les Ndekese ou Ndengese

La Province du Kasaï Oriental on trouve :

Ø les Batetela

Ø les Basuku

Ø les Basonge

 

La Province de l’Equateur

Ø les Mongo dans le District de Tshuapa, Salonga, Boende, Befale, Mokoto, Bokungu, Bolukutu, Lokolia, Mondombe, Bosiralomami, Jera et Ikela.

Ø les Libindja

Ø les Ngombe

 

La Province de Bandundu Lac Mayi Ndombe.

Ø les Nkundo

Ø les Ntomba

Ø les Ekonda Mputela

Ø les Ekonda Bikoro

Ø les Nkutu

Ø les Bolia

Ø les Basengele

Ø les Bakula

Ø les Bolobo

 

La Province de Bas Kongo

les Bayombe

 

III- QUELQUES EXEMPLES DE LA DIALESTIQUE QUI DESIGNENT CERTAINS POINTS.

 

Riz, Poisson, Banane Plantin, Foret, Epouse

Mongo : Bofonga nsé likon ou bakon bokonda Wali

Otetela : Eponga tosui likondo ou bakondo ekonda Wali

Kundo : Nsi likondo ou bakondo lokonda Wali

Lokele : Bofonga Isui likondo ou bakondo lokonda Wali

Topoke : Bofonga Isui lihondo ou bahondo lokonda Bogali

Le verbe épouser une femme par exemple est pour la plus part de ces ethnies dit :« amosonge, mosongoke, osongo » c’est à dire épouser une femme ou un homme. Tandis que la femme mariée est appelée :

« Wali » Je laisse la suite aux linguistes qui vont nous aider à faire un travail de fond.

 Source:

Sankuru-direct.com

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Vidéo réportage par Afrique Rédaction:


VIDEO RAPPEL DE LA TRIBU TETELA DE LA FAMILLE "ANA-MONGO":VOL 1

KEMA FUMBE (Folklore Tetela) :CLIPS DÉJÀ EN VENTE. MISE EN LIGNE PAR JEAN JACQUES NSIKU LA FORCE TRANQUILLE (LFT) POUR WWW.PAPAWEMBA.FR.

(LAFORCETKL TV)

QUELQUES PROVERBES OU SAGESSE DE ANAMONGO:

  1. Qui a deux joues ne se brule pas (la bouche).
  2. En toutes choses, songez à une alternative, une issue de secours.(kanga Atama)
  3. Les fourmis arrivent toujours à abattre tout animal qu'elles attaquent.Pour encourager les gens á aller jusqu'au bout de ce qu'ils entreprennent.(Afumba  Nyama)

 

 

 

Amour-Conscience-Réparation

AMMAFRICA WORLD


26/06/2013
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HISTOIRE:LA REVOLTE DES BATETELA ET DE LULUABOURG

Revolte des Batetela

Révolte des Batetela

NB:Les Tetela sont un peuple d'Afrique centrale qui fait partie du groupeMongo. Ils sont établis au sud-est du bassin du fleuve Congo, entre laLomami et le fleuve Congo.

 

La Révolte des Batetela, aussi connue sont le nom de Révolte de l'avant-garde de l'expédition du Nil fut un mouvement insurectionnel qui intervint entre 1897 et 1898 contre l'autorité de l'État indépendant du Congo. Elle fut essentiellement le fait de guerriers kasaïens tetelaqui se révoltèrent contre leurs officiers suite à l'exécution de certains de leurs chefs indigènes.

Récemment débarrassé de la question des arabo-swahilis, l'État indépendant du Congo souhaitait reprendre les expéditions vers le Nil et l'enclave de Lado, qui n'avaient pu être menées à bien par la colonne Van Kerckhoven en 1891.

L'expédition Chaltin devait agir parallèlement à une colonne plus importante commandée par Francis Dhanis, comprenant 5.000 hommes, et qui devait traverser la forêt de l'Aruwimi en direction de l'enclave de Lado. Les soldats étaient pour la plupart d'anciens esclavagistes ou des batetela, dont certains s'étaient révoltés un an plus tôt à Luluabourg.

L'avant-garde de Dhanis, commandée par Leroy, et ses trois bataillons de 1.000 hommes chacun, commandés par les capitaines Mathieu, Julien et Doorme, partit des Stanley Falls en septembre1896. Arrivés le 14 février 1897 au village de Dirfi, près de Dungu, celle-ci se révolta, le jour même où Chaltin atteignait le Nil. Dix officiers, dont Leroy, et sous-officiers furent tués.

Fortification à Uvira

Les mutins attaquèrent ensuite Dhanis à Ekwanga le 18 mars qui, subissant une lourde défaite notamment par la défection de 500 de ses hommes, dû se retirer vers Avakubi puis les Stanley Falls. Une dizaine d'officiers furent tué, dont un frère de Dhanis. Les révoltés prirent également la direction des Stanley Falls, détruisant les différentes stations sur leur passage, mais retournèrent finalement vers l'est.

Le lieutenant Josué Henry, qui était resté à Avakubi, infligea accompagné de 700 soldats sur laLindi (actuelle Rivière Tshopo) à l'ouest du lac Albert une première défaite aux tetelas le 15 juilletqui se dispersèrent. Le lieutenant Sannaes gagna égalemennt une victoire à Katue, et le capitaine Doorme les battit également à Biko sur la Lowa le 20 décembre. Il se reformèrent plus au sud, dans le Kivu, et eurent à affronter la colonne Dubois, opération au cours de laquelle ce dernier fut tué. Dhanis prévut de les attendre à Micici sur l'Elila; mais malade, il laissa le commandement à Van Gele, mais le repris rapidement suite à l'état de santé également défaillant de ce dernier. Les révoltés prirent alors Uvira sur le lac Tanganyika. Dhanis se trouvait alors à Kasongo.

Les révoltés résistèrent aux différentes attaques des troupes de l'EIC: le commandant Langhans fut notamment tué au cours des combats. La colonne Long rentra à Kabambare. Les Batetela évacuèrent ensuite la région par la route de Mtowa et s'installèrent dans les impénétrables marais de Sungula.

Ils attaquèrent ensuite Kabambare et les chefs arabes se joignirent à eux. Face à des troupes surnuméraires, les troupes de l'EIC durent alors battre en retraite sur Kasongo. Le lieutenant Sterckx notamment trouva la mort au cours de ces combats.

Dhanis regroupa et réorganisa les troupes à Kasongo. 4 colonnes devaient permettre de reprendre l'offensive sur Kabambare : la colonne Dhanis, la colonne Sund, la colonne Meyers et la colonne Delhaise.

Les colonnes Delhaise et Meyers attaquèrent le 31 décembre 1898 les révoltés rassemblés à Mwana-Ndebwa (20 km à l'est de Kabambare). La victoire des troupes de l'EIC fut acquise au bout de deux heures, et leurs adversaires mis en fuite. Un dernier combat se déroula dans la région des marais de Sungula, qui fut le signal de la débandade des révoltés.

Les révoltés des tribus Babuy' remirent leurs fusils à leurs chefs pour les rendre aux troupe de l'EIC. Les autres passèrent en territoire allemand où ils furent désarmés. Il furent rassemblés à proximité d'Udjiji.


Au Kivu, une troupe de quelque 2.500 révoltés, commandés par Cungufu, se réfugièrent dans les montagnes proches de Fizi. Ils furent finalement vaincus, en octobre 1898, par le commandant C. Heck (de l'armée de Dhanis) à Baraka et Kaboge (ou Cungufu trouva la mort). La centaine de respcapés se rendirent, pour partie, au Lieutenant Portemans, les autres passèrent dans l'Oost Deutsche Afrika, où ils se rendirent sans condition. Heck a laissé le récit de ses deux batailles (Bxl., 1902).

 

Revolte des Batetela de Luluabourg

Révolte des Batetela de Luluabourg

La Révolte des Batetela de Luluabourg fut une révolte contre l'État indépendant du Congo (EIC) par des troupes tetelas de la garnison de la Force publique de Luluabourg (actuelle Kananga) en1895.


L'État indépendant du Congo, fondé en 
1885, venait en 1894 de remporter la guerre contre les Arabo-SwahilisNgongo Lutete, un ancien lieutenant de Tippo Tip rallié à la cause de l'EIC, fut cependant accusé de traitrise, jugé et exécuté par celui-ci le 15 septembre 1893.Rétroactes

 

Ceci causa la défection de nombreux guerriers Batetela, mais nombreux furent ceux qui restèrent incoporés dans les rangs de la Force publique

Le déroulement de la révolte

Le 4 juillet 1895, les troupes de Luluabourg majoritairement composées de Batetela se révoltèrent, tuant leurs officiers et attaquant diverses stations. Au nombre de seulement 400, ils étaient cependant bien entraînés en tant que membres de la Force publique, et avaient l'expérience de la récente guerre. Ils adoptèrent généralement des techniques de combats plus proches de celles de la Force publique de l'EIC que de celles des Arabo-Swahilis, adoptant la mobilité et évitant la construction de boma (fortins).

Ils se dirigèrent vers le nord-est en direction de la Lomami, en direction du Maniema. Le 18 octobre, ils furent battus à proximité de Ngandu. Dispersés, ils reconstituèrent de petites bandes augmentées de nouvelles recrues.

L'un des principaux groupes fut battu à Gongo Machoffe par une colonne de l'EIC. La dernière bataille majeure intervint le 11 novembre 1896, pacifiant la région Lualaba-Kasaï, les révoltés fuyant vers le sud.

 

 

 

SOURCE:fr.academic.ru


15/05/2013
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HISTOIRE DE BATEKES

Histoire : Gabon : Les Batékés




Histoire : Gabon : Les Batékés
Les "Batékés" forment un peuple bantou partagé entre l'ouest de la République démocratique du Congo (ex-Zaïre), le sud du Congo et, minoritairement, le sud-est du Gabon. 


Récipient téké en céramique (République du Congo)Les Téké sont minoritaires au Gabon, 54 000 se trouvent dans la région de la province du Haut-Ogooué. Feu le Président Omar Bongo et Ali Bongo sont Téké. 
En République du Congo, les Téké forment 18% de la population et se trouvent dans la région des Plateaux, de la Cuvette ouest (où ils sont appelés Mbéti et Tégué), du Niari (où ils sont nommésnzabi), de la Bouenza et la région du Pool. 
En République démocratique du Congo, 267 000 Téké sont situés dans la province du Bandundu, district des Plateaux, et la ville-province de Kinshasa. 
Selon les mythes fondateurs, ils descendraient de Nguunu, ancêtre de la plupart des populations du sud Congo. Successeurs des pygmées dans l'occupation du Congo-Brazzaville, ils sont fondateurs du grand royaume Téké, rival du royaume Kongo. Leur roi, connu dans l'histoire sous l'appellation de Makoko, signa le 3 octobre 1880 à Mbé, capitale de son royaume, un accord avec l'explorateur français Pierre Savorgnan de Brazza. 

Au XVe siècle, les Téké étaient établis dans la savane sur le rive droite du fleuve Congo. Ils tiraient leur richesse d'importants gisements de cuivre comme celui de Mindouli. Ils durent subir les assauts du royaume de Kongo attiré par cette source de profits. Ils eurent des contacts avec les Portugais qui exploraient la région côtière à partir du XVIe siècle siècle. 

Entre le XVIe et le XVIIIe siècle, le royaume Téké a participé à la traite d'esclaves[1] et au commerce entre l'Afrique, l'Europe et les colonies européennes en Amérique. Leur structure sociale et politique s'en trouve bouleversée, les marchands enrichis par la traite occupent une place prédominante tandis que le Makoko voit son pouvoir diminué. 

Le royaume est tombé en 1880 suite au exploration de Pierre Savorgnan de Brazza pour le compte de la France quand leur roi, Illoy Ier conclut un traité, dit « traité Makoko », avec celui-ci afin de placer son royaume sous la protection de la France. Ceci permit un établissement français à Nkuna qui devint par la suite Brazzaville. 
 

 
La société téké repose sur des liens naturels de parenté dans le cadre de la grande famille et sur la contraction d'alliance entre diverses familles par le moyen du mariage. Ces différents lient président au regroupement des hommes entre eux au sein des villages et des cases. Leurs descendances diverses et leur pouvoir d'acquisition déterminent une hiérachie sociale. 

L'univers téké n'est pas au stade de la société mais plutôt de celui de la communauté. Le peuple téké et beaucoup d'autres peuples bantu et africains croient à la parentèle matrilinéaire, à la famille large où demi-frères et cousins sont appelés frères et où les oncles sont égaux ou supérieurs aux pères. 

Plusieurs actes établis par la colonisation reniaient l'Afrique noire la possession d'un système de calendrier. En effet, en l'absence d'une déclaration de naissance jugée non obligatoire jadis, nombreux sont les africains qui possèdent un âge apparent. On les appelle les "né vers". La date de naissance portée sur la pièce d'état-civil, le "jugement supplétif" et non pas "lacte de naissance" indique un âge approximatif. Cette situation provoqua de nombreux drames parmi la première élite des africains noirs; par des erreurs d'appréciation dans l'attribution de l'âge, des élèves très jeunes mais grands de taille furent renvoyés de l'école pendant que des plus âgés mais courts furent maintenus. C'est le même cas pour les travailleurs et d'autres fonctionnaires. 

Pourtant l'Afrique noire possède son propre calendrier. Des pareilles ambiguïtés sont à imputer à l'ignorance. Comme pour bien d'autres valeurs culturelles, l'Occident a peut-être sous-estimé le système calendaire des noirs et des téké en particulier. L'absence d'écriture n'a pas non plus rendu possible une concordance nécessaire avec le calendrier romain dès les premiers moments du contact comme cela existe entre le calendrier islamique. 

Tout individu a besoin de se situer dans le temps; et son utilisation implique nécessairement sa fraction et son contrôle. Les téké ont dont leur calendrier puisqu'ils emploient la notion de temps dans leur moeurs. La religion, les croyances et cérémonies religieuses, le culte des ancêtre, les manifestations rituelles, les cycles et les activités agricoles sont étroitement liés à des systèmes de divisions de temps précisément établis comme la "semaine". La base de ce temps étant le jour ( tchugu). 
La semaine (olwon) compte 7 jours sur lesquels se déroule la vie chez les téké: 

Odjuo, odjuga 
Okwè, okwoyo 
Djègèdjègè 
Okila 
Otsara, mpio, nkwè-mali. 
Awû, ntsonoyia 
Kabanâ 

Nous n'avons pu établir avec exactitude l'ordre chronologique de ces jours. 


Aux jours d'activité s'entremêlent ceux de repos prescrits par les croyances religieuses. les jours fastes sont odjuo et okila. Otsara ou mpio est un jour néfaste, consacré aux puissances surnaturelles; c'est le jour des nkira, jour des souverains invisibles de la contrée. Il est donc strictement interdit de sortir du village pour les champs, la chasse ou la cueillette un jour de repos seuls les voyages sont permis. Tout récalcitrant s'expose à la malédiction des esprits descendus dans les lieux habituels des activités des hommes. 

Une vielle femme du village Nkami passa toute une journée perchée dans un arbre afin de se fuir une poursuite de 2 antilopes (ékayi) qui, couvertes de feuilles, attendaient patiemment leur victime au pied l'arbre. Ce jour équivaut au jour de jeudi du calendrier romain. Okwè (ou okwoyo) est aussi un jour de repos mais moins rigoureux que le premier et équivaut à notre dimanche actuel. 

Ces jours néfastes sont donc consacrés au travaux ménagers et surtout à la vénération et au culte des ancêtres. C'est la meilleure circonstance de consultation pour le guérisseur (ngâ) qui bénéficie alors de l'assistance de tous les esprits. Ce rôle de ngâ est surtout dévolu aux hommes; certaines femmes cependant peuvent jouer un rôle sacral mais rarement présider à des liturgies collectives. Tout cela commence assez tôt le matin, selon l'importance des pratiques magiques ou sacrales dans la case (onction des statuettes, prière pour solliciter la santé la protection et la santé). 

La statuette ( kaduduma) ainsi vénérée (dans le cas de l'utilisation des statuettes) est remise sur l'autel dans un coin de la chambre. Pendant le jour de repos a lieu aussi la cérémonie de la "sortie" des jumeaux (ankira), le nettoyage des cimetières (antwo). Ces jours-là, le village connaît d'importants regroupements d'hommes réunis pour des procès ou des cérémonies matrimoniales. 
Les grands travaux économiques s'effectuent pendant les autres jours de la semaine. 

La journée de l'homme est moins chargée que celle de la femme à qui incombe le rôle de nourrir la famille. On se lève de bonne heure, le chant régulier des coqs servant de réveil.. le rythme quotidien est d'une grande monotonie chez la femme. Les champs et la préparation du manioc (oka) (aliment de base) constituent les préoccupations les plus régulières de chaque jour. 

Après tout ce labeur, toute la famille se retrouve le soir (ékikolo) autour du feu où l'on mange et l'on dissipe dans les contes la fatigue du jour. La vie quotidienne confirme le rôle très important de la femme dans la société. Elle est la mère nourricière et le bonheur dans le village. l'homme et la femme apparaissent donc complémentaires dans un village téké. Aussi, en suivant quotidiennement l'un et l'autre, les garçons et filles acquièrent les moeurs nécessaires qui feront d'eux des adultes. 
 
 
SOURCE:GABONLIBRE.COM


05/05/2013
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TRIBU MONGO EN RDC

Une gestion des terres conflictuelle: du monopole foncier de l'etat à  la gestion locale des Mongo (territoire de Basankusu, Republique Democratique du Congo).


par Ulysse BOURGEOIS 
Université d'Orléans - Maà®trise de géographie 2009
Dans la categorie: Géographie
  
 
 

 Photo:(cgi.ebay.it)

1. Localisation au sein de la RDC.

Les Mongo vivent en grande majorité dans la Province de l'Equateur, mais on trouve aussi des Mongo dans d'autres Provinces de la République Démocratique du Congo comme le Kasai Oriental, le Kasai Occidental, le Bandundu, ainsi qu'au Nord-Kivu. Néamoins, c'est en Equateur que se trouve la grande majorité de la population Mongo. Leur répartition générale est limitée à l'est et à l'ouest par la boucle du fleuve Congo et par le Kasai au sud.

Figure 2.

On constate sur la carte que l'ensemble de la population Mongo tient une place importante au sein de la RDC et surtout dans la Province de l'Equateur. Elle est située dans un vaste espace. Cet espace est forestier et il se trouve intégralement dans la cuvette du Bassin du Congo.

Il n'est pas évident de connaître le nombre d'individus au sein de la population Mongo à l'heure actuelle dans la mesure où les données statistiques sont anciennes et qui plus est, les sources de ces données ne sont pas toujours connus.

Il existe des statistiques anciennes concernant les Mongo. Avant l'arrivée des Européens, la population était nombreuse. Selon Van Der Kerken, la population Mongo était estimée entre 3.000.000 à 6.000.000 d'individus, voire même plus encore selon lui 52(*). Toujours selon cet auteur, la population serait comprise entre 1.500.000 et 2.000.000 habitants pour la décennie 1940. La diminution de la population est imputable à diverses causes dont : les croisades de peuples Arabes à partir du XVIème siècle ; les guerres tribales, et plus récemment  l'esclavage arabe puis européen avec l'exploitation du caoutchouc.

Bongango J. estime avec quelques doutes le chiffre de la population Mongo pour l'année 1984 53(*) : elle serait de 11.124.031 habitants, soit 37,7% de la population zaïroise 54(*). On constate donc que la population Mongo est de taille importante dans le Zaïre de l'époque. La population de l'actuelle RDC, est évaluée à 62.635.723 habitants selon les données statistiques de l'Unesco pour l'année 2007. D'autres sources de l'ONU donnent le chiffre de 66.832.000 habitants en 2009 55(*). Il est très délicat d'affirmer que l'augmentation générale de la population se reflète aussi dans la population Mongo. En effet, les statistiques sont souvent invérifiables, comme le chiffre de la population actuelle Mongo de 400.000 habitants selon des sources peu fiables 56(*). Cet exemple précis rend compte de la difficulté d'évaluer précisément la population Mongo car le dernier recensement national  by Savings Vault" href="http://www.memoireonline.com/12/09/2983/m_Une-gestion-des-terres-conflictuelle-du-monopole-foncier-de-letat--la-gestion-locale-des-Mong4.html#">date de 1984, le reste des statistiques se base sur des estimations en rapport avec l'accroissement démographique.

2. L'arrivée de la population Mongo dans la cuvette du bassin du Congo, et en particulier dans le Territoire de Basankusu.

Le peuplement du bassin du Congo est ancien. Les Mongo seraient originaires du Nord-Est de la RDC, dans la région du Haut-Nil (l'actuel Ouganda) vers les Lac Albert, Edouard et Victoria. Cette hypothèse fut avancée par Van Der Kerken G., et est corroborée par d'autres historiens plus contemporains commeLeysbeth A. (1963), Mikanza N. (1966), Hustaert G. (1972) ou encore Ndaywel è Nziem I., Obenga T. & Salmon 
P.
 (1998).

Il y aurait eu deux grandes migrations. La première se situe entre le XIV et XVIème siècle après J.C.. Ces groupes Mongo sont les Batetela et les Basuku et ils se sont installés non pas dans l'actuelle province de l'Equateur mais dans la Province de Mamiena et du Kasai-Oriental57(*).

La seconde migration, celle qui nous intéresse concerne l'arrivée dans la cuvette du bassin du Congo. Soit un trajet d'Est en Ouest. Cette migration se situerait entre le XVIème et le XVIIIème siècle. Malgré ces hypothèses, il reste de nombreux doutes sur l'histoire de ces migrations, et à ce jour les nombreuses tentatives d'explications scientifiques n'ont pas été concluantes. L'histoire de ces migrations (ou conquêtes) est principalement orale, et les travaux de recherche sur l'histoire des Mongo avant l'arrivée des européens sont inachevés.

Figure 3.

La guerre des chiens et les Mongo de Basankusu :

La tradition orale de l'histoire est très bien connue des Mongo. La grande guerre appelée guerre du chien selon les recherches de Bongango J., mais appelée guerre des chiens lors des recherches concernant ce travail. Du domaine du mythe et de l'histoire orale, cette guerre débuta ainsi :une jeune fille reçut de son défunt père un chien de chasse en héritage. Ce chien permettait à la famille de ne manquer de rien, et principalement de viande de chasse. Vint un jour où le mari tua le chien en l'absence de l'épouse. Le soir, le mari servit la viande préparée à son épouse, et celle-ci mangea le repas. Mais pendant ce repas, l'époux annonça que la viande était celle du chien de son père. L'épouse retourna dans sa famille, et c'est ainsi que commença la guerre qui divisa en deux groupes distincts la population. A partir de ce moment les Mongo se séparèrent des Ngombé, les Mongo Baseka Bongwlanga se sont installés dans la région de Basankusu. Les Ngombé sont actuellement eux aussi répartis dans la cuvette centrale de cette région de la RDC. Mais ils sont moins nombreux que les Mongo. Cette scission aurait eu lieu vers Kisangani, dans la province Orientale 58(*). La migration qui entraîna l'arrivée du peuple Mongo dans la région de Basankusu aurait traversé la rivière Lonkomo. Les descendants actuels datent cette migration au XVI ème siècle. Selon Bongango J. : « La majorité des Baseka Bongwalanga prétendent être originaires de la zone de Befale59(*)».

La guerre des chiens serait à l'origine du peuplement dans le territoire de Basankusu par les Mongo proprement dit, appelé aussi Baseka Mundji. Au sein des Baseka Bongwalanga, on distingue deux groupes : les baseka Bonwgwalanga proprement dit et les Basek'efekele. Cette distinction est principalement faite par rapport aux chefferies. Ainsi, la chefferie de Bongilima (qui va nous intéresser par la suite) est dans le groupe des Basek'efekele.

Figure 4 :

L'organisation des Mongo de Basankusu

source : Bongango J. (2008), Van Der Kerken G. (1944)

 

Mongo de Basankusu, ou Baseka Mondjé ou Baseka Mundji, ou Nsongo

(ancêtre commun : Bosungu'Ombala) 

Baseka Bongwalanga

Basek' efekele

Baseka

Bongwalanga

Basek'ekulu

Groupements (ou chefferies)

Bolima II, Ntomba, Mondjondjo I, Mondjondjo II, Boeke, Ndeke, Lolungu, Boyela, Wala, Waka, Lifumba, Bokenda, Bolima I, Boende

Buya, Euli, Lilangi I et Lilangi II

Lisafa, Bongilima, Ekombe, Buya-Bokakata, Lifumba-Bonamba, Ekoto et Mpombo (ou Bosombe)

3. Une culture très liée à la nature.

La culture des Mongo est très liée à la nature. Cela s'observe à différents niveaux comme la pratique religieuse. Auparavant, les cultes concernaient de manière forte des divinités secondaires (par rapport au Dieu Créateur). Cela concernait des forces dites telluriques (liées à des forces physiques comme la foudre, la pluie), des animaux (avec le totémisme), des mânes, etc. La pratique du totémisme ainsi que le culte des ancêtres (ancestrisme) semble avoir été les principaux cultes des Mongo avant la christianisation de la cuvette centrale de la RDC. Le totémisme peut être définit comme une relation étroite entre une communauté (le clan par exemple) et certains espèces vivantes. Un clan va, par exemple, avoir un totem comme le crocodile. Dans ce cas des interdits existent : on ne chasse pas l'animal, on lui dédit des cultes, des cérémonies. D'une manière générale, cela influence beaucoup le groupe, dans le mesure ou s'instaure une connexion avec le monde naturel. Pour Lévi-Strauss C., les groupes sociaux pratiquant ces relations avec le monde dit « naturel » (animaux, plantes, etc ) ont tissé de tels liens sociaux que la nature devient un guide : « une méthode de pensée ». Le totémisme est également une manière d'organiser la société en étroite relation avec la nature, comme le rappelleDescola P. quand il affirme que « dans un tel mode d'identification, les objets naturels ne constituent donc pas un système de signes autorisant des transpositions catégorielles, mais bien une collection de sujets avec lesquels les hommes tissent jour après jour des rapports sociaux 60(*)».

Ces traits culturels sont autant d'éléments pour tisser également des liens étroits avec la terre. Cela s'observe principalement avec le rôle des ancêtres : « Les terres sont occupées au terme d'une alliance passée par le premier occupant avec les puissances de la terre et les esprits du lieu. (...). Le chef ou le maître de la terre est le garant du respect de l'alliance. Il est généralement le descendant du premier occupant. Il est chargé des des sacrifices nécessaires à l'obtention de l'accord et de la protection des possesseurs mythiques des lieux. C'est de cette médiation qu'il détient son autorité 61(*)».

Voici un exemple pour illustrer le totémisme présent chez les Mongo, et en particulier chez les Baenga, qui sont des Mongo pratiquant essentiellement la pêche, répartis donc le long des ruisseaux, rivières et fleuves du bassin hydrographique du fleuve Congo. Certaines cérémonies importantes de la vie sociale de ces populations sont encore très marquées par le totémisme, et le culte des ancêtres.

Ces cérémonies religieuses peuvent concerner par exemple :

§ La résolution d'un problème lié à la sorcellerie : comme l'« enlèvement » d'un enfant par un crocodile

§ La résolution d'un problème dit « climatique » : comme le manque de poisson

§ La mort d'un notable important du groupe, etc.

Le manque de poisson est expliqué comme un problème avec les puissances naturelles. La cérémonie (Nkembi) a pour but de résoudre ce problème en se référant aux puissances totémiques. Dans ce cas, le notable le plus influent du groupe se rend en pirogue avec un enfant, un chien et une natte. Le lieu de la cérémonie n'est pas choisi au hasard, il peut s'agir d'un marécage, d'un cours d'eau précis. Le chien est offert en sacrifice, puis le notable se rend au port de son village sur une natte 62(*). Le crocodile est selon les dire, situé en-dessous de la natte, pour l'empêcher de couler. Dans ce cas, la cérémonie s'est déroulé comme prévu, c'est-à-dire qu'il y aura prochainement du poisson dans les nasses, et dans les filets des pêcheurs. En effet, l'observation de signes permet de déterminer si le problème va être résolu ou non. Ainsi, si la natte ne coule pas, on va interpréter qu'il n'y aura pas de sécheresse (période de capture du poisson), tandis que si elle coule, le signe est perçu comme négatif : il n'y aura pas de sécheresse, et donc peu de prises de poissons. Il faut ajouter que le crocodile est considéré comme l'animal le plus puissant concernant la pratique de la magie dans cette région.

L'apport du christianisme lié à la présence de missionnaires dans l'actuelle Province de l'Equateur tend à réduire voire combattre ces pratiques qualifiées parfois de sorcellerie, avec tout ce que cela comporte de jugements négatifs.

L'économie illustre également les relations fortes avec la nature. Les Mongo vivant intégralement de la forêt, cette dernière intervient dans toutes les activités, y compris l'agriculture. Ces activités sont, la chasse, la pêche, l'utilisation des ressources ligneuses, mais aussi non-ligneuses (les plantes médicinales ou alimentaires). Les relations avec la nature sont très fortes comme l'illustre les pratiques religieuses anciennes comme le totémisme, mais ces interactions entre les populations et leur milieu évoluent pourtant.

Chapitre 2

Une société complexe et hiérarchisée

Il y a un très grand nombre de tribus, de sous-tribus au sein de l'Ethnie Mongo. Une hiérarchisation à l'intérieur de ces populations permet, en plus de d'informer sur la structure sociale, et également sur l'histoire même des Mongo. Cette hiérarchisation reprend les travaux de Van Der Kerken (1944). Le terme tribu renvoie à des origines communes par rapport à un ancêtre dont sont originaires les membres du groupe. Observer cette organisation permet de mieux comprendre que l'utilisation du terme d'ethnie, pour regrouper ces différentes populations, peut être explicative dans la mesure où les liens de parenté traduisent également une pyramide des origines historiques et sociales.

.

1. Les différenciations au sein de l'Ethnie Mongo.

On distingue deux grands types de Mongo. Les Mongo au sens restreint et les Mongo au sens étendu. Les premiers sont considérés comme les Mongo « véritables », ou bien les « originaux ». Les seconds auraient a priori des liens de parenté peu évidents avec un quelconque ancêtre commun. En revanche, ils ont des similitudes culturelles, ou encore linguistiques. Il n'est pas simple d'affirmer le contraire de ces idées dans la mesure où peu de recherches ont eu lieu sur ce domaine.

Figure 5.

Cette classification de Van Der Kerken fait aussi des différenciations régionales. Les Mongo au sens restreint sont ainsi définis selon des régions. Il y a les Mongo du Nord, ou « Mongo proprement dit ». Ils sont Mundji ou Nsongo, Ntomba, Yamongo, ... Ils se trouveraient dans les territoire de Basankusu, Befale, et Bongandanga. Il y a ensuite les Mongo du centre, et enfin ceux du Sud.

Il convient d'ajouter que les Mongo du Territoire de Basankusu se définissent eux mêmes comme les Mongo. C'est-à-dire que cela va dans le sens des observations et des recherches anciennes.

2. L'organisation sociale.

Chez les Mongo la société est très hiérarchisée, et la succession est de type patrilinéaire 63(*). Cette filiation est marquée par le statut important de l'homme : « La transmission du nom, des biens et des droits s'opère entre père et fils, la résidence étant le plus souvent celle de la famille du mari64(*) ».

Comme nous venons de le voir, les Mongo sont répartis en groupes (appelé « tribu » lors de la période coloniale ). Ensuite, chaque groupe est réparti dans des clans, puis dans des lignées.

Un clan est défini comme un ensemble de personnes ayant des liens de parenté avec un ancêtre commun (extension de la famille nucléaire). Le clan n'est pas figé, et sa structure est sans cesse changeante. Ainsi, les mariages des enfants du clan étendent la taille du clan lui-même. En effet, lors d'un mariage, c'est très souvent la femme qui vient vivre sur les terres du clan (voire du lignage). La société Mongo suit l'organisation segmentaire de type patriarcal : un ancêtre commun est obligatoirement une personne de sexe masculin.

Les lignées peuvent être de deux sortes. On parle de lignée primaire et de lignée secondaire. Cette différenciation est liée à la structure sociale et familiale. Les lignées primaires sont les enfants (masculin) né du père de la lignée, tandis que les lignées secondaires sont composés des petits-enfants du père de la lignée. Le père de la lignée est également appelé patriarche ou chef de lignée. Le chef de lignée est très fréquemment un homme âgé, mais pas obligatoirement, car c'est le descendant direct de l'ancêtre commun (le fils aîné par exemple). Il dispose d'un pouvoir social et juridique au sein du groupe. Cela signifie qu'il a un pouvoir sur les femmes et les enfants du clan. Un patriarche a une responsabilité forte, il est en quelque sorte de garant de l'harmonie et de la sauvegarde de la vie de son groupe (Hustaert G., 1990). Il est politiquement autonome dans cette gestion. Toutes les personnes âgées ne sont pas pour autant toutes des patriarches, et un patriarche peut être le chef d'une section de la lignée, lorsque cette dernière est très ramifiée (lignées secondaires, primaires,...).

L'autorité juridique et politique du groupe est de type oligarchique. C'est-à-dire qu'elle se transmet par hérédité. Cette transmission du pouvoir est la même pour les guérisseurs (nkanga en lomongo), de père en fils, mais, contrairement à la fonction de patriarche où c'est une personne de sexe masculin qui forcément est investi, les guérisseurs peuvent être selon les cas des femmes.

Le rôle de l'homme est très fort dans les sociétés patriarcales. Les fils ont donc une grande importance, mais il y a, là aussi, une hiérarchie. Le fils aîné est le fils le plus importante au sein de la famille et du lignage car c'est lui qui héritera du pouvoir, tandis que les frères du fils aînés sont parfois en retrait. Cette différence entre l'aîné et le cadet ou le puîné, s'observe pour le transmission du pouvoir, mais aussi dans les partages comme le souligne Mune P. : « Qu'ils [les ancêtres] partagent du poisson, de la viande, de la terre, des valeurs ou n'importe quoi, ils font toujours ainsi : ils donnent plus à l'aîné, moins au cadet 65(*)». Cette organisation de la famille est directement liée à l'organisation politique dans la mesure où la société et le droit se confondent.

3. L'organisation politique en zone rurale.

Il existe en RDC une grande variété de types d'organisation selon chaque société. On trouve des sociétés matriarcales dans les Provinces de l'Est du pays par exemple. Différentes échelles interviennent comme le groupement (ou chefferie), le village (ou localité), le clan, et les lignées. Le groupement et le village sont liés à l'administration tandis que les clans et les lignages (des échelles plus locales) sont marqués par des modes de gestions plus traditionnelles.

Figure 6 :

Schéma de l'organisation du territoire

de l'échelle régionale à l'échelon local.

Source : entretiens dans la localité de Boondjé (2009)

et De Saint Moulin L. & Kalombo Tshibanda J.-L. (2005)

A. Les pouvoirs en relation avec l'Etat.

Le groupement est un découpage administratif mais qui conserve dans certains cas des liens très forts avec les pratiques anciennes : la lignée régnante peut diriger une chefferie depuis longtemps (depuis la nomination par les belges du clan régnant). Le groupement est très souvent investi par un clan ayant une filiation avec l'ancêtre commun du groupement. A leur création (au XX ème siècle), les chefferies étaient établies sur des critères d'homogénéité ethnique. Ce n'est plus toujours le cas, comme pour le groupement de Bongilima où le pouvoir a beaucoup changé de clan (3 clans différents depuis l'arrivée des européens). Les mouvements de population devenus de plus en plus fréquents ont modifié cette homogénéité. Les règles concernant la gestion d'une chefferie ont été mises en place lors de la colonisation. Dans la gestion des clans et des lignées, le chef ne peut pas choisir lui-même son héritier. Les chefferies fonctionnent différemment. Le chef du groupement (ou la cheftaine car une femme peut être investie à ce poste, de manière peu courante, mais pas non plus de façon sporadique) transmet parfois le pouvoir par héritage en remettant le titre écrit de chef à une personne de son clan qu'il juge digne de ce poste (par exemple du côté maternel comme un neveu). Une règle existe concernant le clan régnant : le pouvoir ne peut rester plus d'une génération en possession d'une lignée, il est obligatoire que ce ne soit pas la même lignée au sein du clan, qui soit investie de la position de chef. Le clan investi de la chefferie n'est pas toujours bien perçu par les habitants dans la mesure où il peut y avoir des tensions entre l'Etat et les chefs coutumiers.

Le village dispose aussi d'un chef : que l'on nomme le chef de localité. C'est une autorité d'Etat, dont le but est de faire l'intermédiaire entre l'Etat et les chefs de clans. Par exemple, il intervient lors d'une demande de terre. Ce pouvoir est transmis de manière héréditaire au sein de la lignée, et non du clan comme pour les chefferies.

B. Du clan aux familles : une organisation marquée par la structure sociale des Mongo.

Le clan se réfère à une organisation ancienne, mise en place bien avant l'arrivée des européens. Chaque clan dispose de ses terres qui sont ensuite réparties entre les lignées et entre les familles. Cette structure est très importante en zone rurale, voir prépondérante dans le mesure où la gestion des terres ne peut se faire selon l'accord du patriarche. Chaque clan dispose d'une organisation qui lui est propre. Dans ce sens, la chefferie et le chef de localité sont en relations étroites entre l'Etat et les chefs coutumiers. Le clan est le propriétaire des terres, et c'est sûrement l'acteur foncier le plus présent dans les zones rurales de la RDC. Comme il a été précisé précédemment, le clan est en constante évolution, principalement sa structure sociale. Ce phénomène a des conséquences fortes dans la mesure où la segmentation croissante (dans le temps) des lignages au sein du clan tend à réduire de plus en plus son autorité. De même, la mort d'un patriarche est souvent un moment où le clan peut se diviser entre les différents lignages qui le composent.

Le lignage est la structure sociale située en dessous de la hiérarchie du clan. Plusieurs lignées forment donc un clan. Chaque lignage a un chef qui est le représentant de la famille et de l'autorité. Comme pour le clan, la transmission de ce pouvoir est régi par la coutume: l'héritier est celui qui a la plus proche parenté avec les anciens chefs : un fils (ou un neveu lorsque la lignée ne comporte pas de fils). La lignée de l'aîné de la famille dispose d'un pouvoir plus important que les lignées « inférieures » comme pourrait l'être la lignée d'un puîné.

 

Chapitre 3


La répartition des terres chez

les populations Mongo


« Si le père n'a pas abattu une forêt, les enfants n'auront pas une jachère. »

« Celui qui ignore le clan de son grand-père est un esclave. »


* 52 Van Der Kerken G. (1944). L'Ethnie Mongo Volume 1 Livre II. Bruxelles, page 782

* 53 Bongando J. (2008), L'organisation sociale chez les Mongo de Basankusu et sa transformation,

Editions Publibook, 247 p.

* 54 Ces données cités par Bongango se réfèrent à De Saint Moulin L., « Art :Essai d'Histoire de la

Population du Zaïre», Zaïre-Afrique, n°217, septembre 1987, Kinshasa, p. 391-405.

* 55 Source :World Population Prospects :the 2008 Revision Population Database,

Internet : http://esa.un.org/unpp/p2k0data.asp

* 56 Source : http://www.congolite.com/page5.htm

* 57 Selon Bongando J., op cit, pp. 29-30

* 58 Selon les entretiens réalisés chez le patriarche du clan Bafaka ; Lingolo Isa'Isomba (localité de Boondjé,

groupement Bongilima).

* 59 Selon Bongando J., op cit, p. 39

* 60 Descola P. (2005). Par-delà nature et culture. Ed. Gallimard, Paris, p. 178.

* 61 Bridier B. (1991). « La répartition des terres entre unités d'exploitation. Quelques classifications de la

recherche-développement ». In, Le Bris E.., Le Roy E. & Mathieu P. (1991). L'appropriation de la

terre en Afrique Noire. Manuel d'analyse, de décisions et de gestion foncières. Karthala, Paris, p.59

* 62 Le chien est pour les Mongo une des viandes les plus appréciées. Depuis longtemps, il est sacrifié du

fait de sa valeur « culinaire » si on peut dire. Aussi bien pour les Baenga que les Mongo « des terres ».

* 63 Hulstaert BLes droits fonciers Mongo. Centre Aequatoria Bamanya, Mbandaka, p. 8

* 64 Roux J.-P., Etienne J., Bloess F., Noreck J.-P. (2004). Dictionnaire de Sociologie, Patrilinéaire.

Hâtier, Paris, p. 193

* 65 Mune P. (1958). Le groupement de Petit-Ekonda. Bruxelles, p.44.

PEUPLES ET GROUPES ETHNIQUES

   

 

       

 Le Congo-Kinshasa compte plus de 400 ethnies qui sont réparties en plusieurs groupes :

- Les peuples bantous environ 80 % de la population dont les principales ethnies sont les Luba (18 %), les Mongo (17 %), les Kongo (12 %), les Lunda, les Tchokwé, les Tetela, les Hunde, les Nyanga les Tembo les Babembe. Bangala, les Bashi, les Rwandais hutus et tutsis; et les Nande.

- Les Soudanais : Ngbandi, Ngbaka, Mbanja, Moru-Mangbetu et Zande,

- Les Nilotiques :  Alur, Lugbara et Logo.

- Les Chamites : Hima.

- Les Pygmées : Mbuti, Twa, Baka, Babinga.

 

 

MEMOIRE-ONLINE


06/03/2013
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VILLE DE BANDUNDU

Bandundu

Géographie

La Province du Bandundu est située dans la partie sud-ouest du pays et représente près de 300 000 km² de superficie soit 12,6% du territoire national. Elle se place à la quatrième place en ordre de grandeur vis-à- vis des autres provinces du pays. Elle est limitée au nord par la province de l’Equateur, au sud par l’Angola avec lequel elle partage 1 200 kilomètres de frontière, à l’est par la province du Kasaï Occidental et à l’ouest par le Bas-Congo, Kinshasa et le Congo Brazza (345 km de frontière). Le Bandundu compte trois districts : le Kwilu, le Kwango et le Maï Ndombe, et de deux villes principales : Bandundu et Kikwit. Le nord de la province est caractérisé par l’extension de la cuvette centrale, creusée par des vallées boisées, tandis qu’à mesure que l’on se rapproche du sud, à la frontière avec l’Angola, le paysage est dominé par le plateau de Lunda qui culmine à 1 260 mètres d’altitude. Le paysage se présente sous la forme d’alternances entre savanes et forêts, ces dernières constituées surtout de palmeraies, et de plateaux herbeux. Le réseau hydrographique, dominé par la rivière Kasaï est fort développé avec d’autres rivières moins importantes, mais cependant navigables comme la rivière Kwango, la Fimi, la Kwenge ou la Kwilu. La rivière Kasaï qui devient la rivière Kwa après le confluent avec la Fimi, se jette dans le fleuve Congo aux environs de Kwamount. Le lac Maï Ndombe s’étend sur près de 100 kilomètres de long, au-dessus du territoire de Kutu. La principale caractéristique de ce réseau montre que les eaux coulent du sud au nord et se déversent vers l’ouest constituant ainsi les principaux affluents du fleuve Congo. Toutes ces rivières sont aussi importantes les unes que les autres en termes de navigation, de production halieutique, énergétique, minière et autres. Ces rivières ont formé des paysages pittoresques et sont accompagnées, lorsqu’elles rencontrent les vallées, de cascades et de chutes dont les plus célèbres sont les chutes de Nsuka Tembo, (anciennement chutes Guillaume) sur la rivière Kwango. Climat tropical avec deux saisons : de mai à octobre pour la saison sèche, et de novembre à avril pour la saison des pluies.

Au nord-est de la province, les eaux noires du Lac Mai Ndombé sont bordées de splendides plages de fin sable blanc et de forêts majestueuses, mais ses ressources en poissons sont en très forte diminution. Appuyés par le WWF et la coopération belge au développement, les pêcheurs du lac mettent en place collectivement une gestion durable de ces ressources. Un lieu magique qui est plein de potentialités pour un développement durable et tourisme responsable! Pour plus d’informations, visitez www.wwf.be.

Histoire

La province de Bandundu est issue du démembrement territorial de la province de Léopoldville ainsi que de la fusion des “provincettes” de Kwango, de Kwilu et du lac Maï Ndombe (anciennement lac Léopold II), la province du Bandundu a été instituée en avril 1966. Lors de la fusion, les trois provincettes qui étaient par ailleurs issues de la Constitution de Luluabourg de 1964, devinrent des districts. En 1990 le district du lac Maï Ndombe fut scindé en deux, donnant ainsi naissance au district des plateaux. La province de Bandundu compte désormais quatre districts et 18 territoires. Outre la ville de Bandundu qui est le chef-lieu, la province compte la ville de Kikwit qui reste le lieu économique et culturel majeur de la province. Ces deux villes sont distantes de 400 kilomètres l’une de l’autre. On peut accéder de l’une à l’autre également par air (Kin Avia) mais aussi par voies navigables ; le Bandundu jouissant d’un important réseau de rivières et étant d’ailleurs le deuxième en importance du bassin hydrographique du Congo après l’Equateur.

Economie

Le Bandundu ne possédant pas de richesse minière, l’économie de la province repose principalement sur l’agriculture et principalement les cultures vivrières (manioc, arachides, maïs, riz, banane plantin, patate douce) et industrielles (palmier à huile, canne à sucre, café, cacao, tabac). La pisciculture se développe doucement. La pêche dans le lac Maï Ndombe et dans les rivières Lukeni, Fimi, Lokoro, Kasaï, Kwango représente un secteur à gros potentiel de développement si des investissements ad hoc pouvaient y être réalisés. La faible production halieutique du Bandundu la met en troisième position avec 220 000 tonnes de poissons pêchés artisanalement. L’élevage existe comme partout mais de manière relativement marginale (chèvres, moutons, porcs), à l’exception de quelques grands troupeaux dans le Sud qui font du Bandundu la troisième productrice de viande du pays. Le potentiel agricole de la province dépend de la nature de ses sols dont la fertilité varie de moyen à médiocre, mais surtout de la politique agricole qui se met en place. Les meilleures terres pour l’agriculture se rencontrent dans le nord de la province, particulièrement dans le territoire de Kutu et dans le rayon de Mushie (une trentaine de kilomètres de Bandundu-ville). A l’exception des plateaux de Kalahari (sols de Feshi, Gungu) qui offrent beaucoup de possibilités pour l’élevage, les cultures traditionnelles se pratiquent et se développent partout à travers la province. Avec le Bas-Congo, la province du Bandundu est d’une importance capitale dans l’acheminement des produits agricoles pour alimenter la capitale Kinshasa. Les voies d’accès sont le fleuve et la route dont l’entretien est stratégique. Le Bandundu est la première province productrice de manioc (21,75%) et d’arachides (25%). Deuxième productrice de maïs. Les autres cultures sont le riz, le haricot, la courge, la pomme de terre, l’orange, l’hévéa, le café, le cacao… Du pétrole a été découvert récemment dans le lac Maï Ndombe, ce qui serait une bonne et une mauvaise nouvelle ; financièrement cette ressource peut apporter de la richesse a la province, mais avec quel impact sur l’environnement ? Les voies routières sont parmi les plus denses du pays (62% du réseau national) mais avec un niveau d’entretien tres inégal. La route Kinshasa- Kikwit a été entièrement refaite fin 2009 ce qui permet de faire les 535 kilomètres en six heures maximum. Et la route Bandundu-Kikwit (350 kilomètres) qui restait cauchemardesque a été refaite entièrement par l’UE fin 2010. Cela permet de circuler facilement toute l’année. Mais les voies navigables (6 655 kilomètres au total) restent une excellente alternative pour circuler dans la province et évacuer les productions agricoles vers Kinshasa. Quelques ports et débarcadères devraient être réhabilités, de même qu’une politique de dragage et de balisage est à établir d’urgence afin d’éviter les ensablements de plus en plus courants. Située dans le district de Maï Ndombe, la forêt du Bandundu contient des essences de grande valeur économique telle que le wenge, l’ifaki, le bokungi, le kambale et le tole qui sont exploités a Kutu, au lac Maidombe et à Inongo au nord-est et a Oshwe au sud-est. Le Bandundu dispose de deux aéroports à Bandundu et Kikwit, et de quelques pistes d’atterrissage.

Population&langues

La population du Bandundu est répartie en quelques 52 tribus regroupées en cinq principaux groupes dont : – Les Yaka, les Suku, les Tshokwe et les Lunda au sud de la province, dans le Kwango sont originaires du Katanga et de l’Angola ; – Les Mbala, les Yanzi, les Bunda et les Pende au centre, dans le Kwilu ; – Le groupe Tio ou Teke dont le Sakata dans le territoire de Kutu et les Boma, Ngenge, Fununka dans les plateaux ; – Les Ana mongos (Bolia, Sengele, Nkundo, dans le Maï Ndombe,…); – Les Pygmées dans le nord de Maï Ndombe. Hormis les Pygmées qui constituent une race à part, les quatre autres races sont de souche bantoue ; Ces populations sont partagées entre les systèmes patrilinéaires et matrilinéaires. Pour simplifier la répartition, on pourra dire que le système patrilinéaire est représenté au nord (ana mongo) et au sud (lunda, yaka). Le centre (sud Maï Ndombe, les plateaux, tout le Kwilu, le nord du Kwango) sont matrilinéaires. Le système matrilinéaire désigne les neveux utérins comme héritiers, et l’oncle utérin comme le véritable chef de famille. Ce système peut poser des problèmes dans un monde qui évolue vers la propriété privée et l’investissement sur les enfants du couple.

Pointsd’intérêt

Chutes Tembo (anciennement Guillaume)

Elles sont situées à proximité de la frontière angolaise et sont considérées comme parmi les plus belles d’Afrique. Elles tombent d’une trentaine de mètres dans un profond et étroit ravin, aux parois verticales couvertes d’une luxuriante végétation (mousse et plantes grimpantes principalement). On trouve de nombreuses chutes dans la région mais moins spectaculaires, les chutes Francois-Joseph, les chutes Lippens, les chutes Rutten et les chutes de l’Inzia entre autres. A mi-chemin entre Popobaka et Kikwit en passant par Kimbau on trouve de belles chutes aux confins du village de Tona. La masse d’eau large de 25 mètres tombe verticalement en une seule chute d’une hauteur d’une trentaine de mètres. Immédiatement en aval, l’eau se jette dans un défilé de cascades.

ChutesdeKakobola

Situées à environ 35 kilomètres de Gungu par une bonne piste en sable accessible toute l’année, les chutes de Kakobola sur la rivière Lufuku laisseront les visiteurs sous le charme. Larges d’une cinquantaine de mètres, hautes de 15 à 20 mètres. Un petit village agricole et très hospitalier à proximité des chutes permet après rencontre avec le chef de village, de planter sa tente, voire d’être accueilli sous hutte. La région est entièrement couverte de savanes herbeuses avec un sol sablonneux. La construction d’une centrale hydroélectrique avait été démarrée avec des Canadiens mais totalement abandonnée aujourd’hui. Le projet serait à l’étude pour redémarrer un jour…

LacMaïNdombe

Anciennement lac Léopold II, le lac Maï-Ndombe qui se trouve dans le nord de la province, est accessible par voie fluviale jusqu’à son port principal Inongo. A partir de Selenge on peut atteindre par route Nioki, Mushie ainsi que tous les ports de l’Onatra sur le fleuve Congo. Le lac Maï Ndombe est un lac résiduel de 2 315 km². Il est de faible profondeur et la couleur assez sombre de ses eaux, cependant très pures, provient des alluvions qui ont été charriées par les cours qui descendent des profondes forêts du nord de la province et de la province de Équateur. De fortes tempêtes et de puissantes vagues ne sont pas rares sur ce lac par ailleurs assez poissonneux. Quelques tribus vivent au bord du fleuve en symbiose avec les Pygmées exhibant lors des fêtes traditionnelles de magnifiques parures en raphia avec des coiffures en plumes d’oiseaux.

C’est au-delà de la rivière Kasaï et de la Mfimi, dans un paysage composé de savanes arborées alternant avec la forêt tropicale, que vivent les bonobos. C’est là aussi, à deux heures d’avion de Kinshasa, que le WWF a installé sa base scientifique où un programme d’écotourisme est en cours de réalisation : avec les communautés et les ONG locales, les touristes pourront bientôt observer les bonobos dans leur milieu naturel. Pour plus d’informations, visitez www.wwf.be.

NIOKI

Petite ville d’une cinquantaine de milliers d’habitants dans le district de Maï Ndombe, territoire de Kutu. La seule route est la piste en terre de l’aérodrome qui est une voie bien pratique pour les cyclistes et piétons. Nioki est le siège de la Sodefor (ex Forescom) dont l’activité principale est l’exploitation forestière. Possibilité de logement à la paroisse Saint- Michel (construite en 1946). Quatre prêtres y vivent encore. 12$ la nuit et quelques chambres au confort rudimentaire mais parfaitement propres.

BANDUNDUVILLE

Capitale administrative de la province depuis 1968 avec une superficie de 222 km² et environ 180 000 habitants, Bandundu comprend trois communes qui sont Basoko, Disasi et Mayoyo. Cette ville était au lendemain de l’Indépendance un gros village de pêcheurs de 15 000 habitants, abandonné par l’administration coloniale à cause de la mouche tsé-tsé qui infestait la région. Ce n’est qu’en 1971 qu’elle devient chef-lieu de province et connaît une croissance spectaculaire. La ville est quadrillée par un noeud de cours d’eau et confluents. Les principales rivières, Kwango, Inzia et Kwilu se rejoignent et se jettent un peu plus loin dans la rivière Kasaï. L’eau est un élément essentiel dans la vie quotidienne des habitants. Outre les accès par bateaux et pirogues et la pêche, cette configuration présente l’avantage d’éviter les constructions anarchiques si courantes dans d’autres villes de RDC. De plus, le fait que la ville soit reliée directement avec le barrage d’Inga, garantit aux habitants l’électricité en permanence. Riche en produits agricoles et halieutiques, Bandundu alimente la capitale. Avec le développement de la capitale et de ses besoins, Bandundu s’est agrandie pour devenir un noeud de transbordement de marchandises vers Kinshasa. Son petit port de pêche, Salamita, est connu pour son animation continue. Les routes sont en bon état (il y a encore assez peu de voitures à Bandundu), la ville est calme et les paysages en bord de rivières sont splendides. Une destination idéale pour quelques jours de farniente.

AubergeMamanEbengo

Avenue Lumumba – - 00243818594747

5 chambres entre 50$ et 80$.

Récent (2008) donc en parfait état et offrant tout le confort, avec eau courante, électricité, frigo, sanitaires… Pas de restaurant mais possibilité de se restaurer facilement en ville.

Hôtel Bondo

avenue Kasaï -

Complètement réhabilité et réaménagé, les lieux pourraient être superbes. 17 chambres non climatisées (20$) et trois avec la clim (40$). Quatre appartements (50$). Hôtel vieillot, avec mobilier largement rôdé et serrures fatiguées. Propreté moyenne.

Bar Barby food

Centre ville – avenue de la Mission -

Fermé dimanche.

La pétulante Gaby tient cette enseigne qui se décline en bar-restaurant de plein air, doublé d’une épicerie admirablement bien fournie. On trouve tout chez Gaby et en plus c’est un peu le point de ralliement pour la papote quotidienne de la ville.

 

CONGO-TOURISME.COM

 
 
 

06/03/2013
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TRIBU TOPOKE EN RDC

Topoke

Photo sur (arts-primitifs.com)

Les Topoke (prononcer Topoké) sont un groupe ethnique faisant partie des Ana-Mongo.

Ils habitent le territoire d'Isangidistrict de la Tshopoprovince OrientaleRépublique démocratique du Congo en Afrique centrale.


Les Topoke occupent un vaste espace qui s'étend de part et d'autre de l'affluent 
Lomami. Sur la rive gauche, ils se rencontrent entre 1° latitude Nord et 0°10' latitude Sud tandis que sur la rive droite, les Topoke occupent l'angle formé par l'affluent Lomami et le fleuve Congo entre 23°40' longitude Ouest et 24°10' longitude Est. Les limites du territoire des Topoke ont été fixées à l'époque coloniale par l'ordonnance n° 97/Aimo du 16 décembre 1929 modifiant l'ordonnance n° 12/Aimo du 25 janvier 1925.

Localisation

Mis dans l'impossibilité de pénétrer à l'intérieur de la forêt sauvage, le colonisateur s'est contenté des limites naturelles formées des cours d'eau. Ainsi, les Topoke habitent l'espace limité à l'Est par l'affluent Lomami, à l'Ouest par les rivières Loleka, Liolo et Lokankaie, au Nord par le fleuve Congo et au Sud par les rivières Loyo et Lohale.

Avec l'évolution et la fin de la colonisation, ces limites régionales sont actuellement dépassées notamment au Sud par l'insertion du territoire des Bolomboki jadis annexé à Stanleyville et au Nord-Ouest par la reprise totale du territoire des Lokombe.

Les sept Collectivités Topoke dans le territoire d'Isangi:

  1. la Collectivité Bambelota, 43395 habitants sur 1688 km²; de chef actuel M.Dominique Lisumbu Balubela.
  2. la Collectivité Baluolambila; 18390 habitants sur 2357 km²
  3. la Collectivité Bolomboki; 22024 habitants sur 1426 km²
  4. la Collectivité Kombe; 29365 habitants sur 898 km²
  5. la Collectivité Liutua; 35994 habitants sur 701 km²
  6. la Collectivité Lokombe; 13600 habitants sur 246 km²
  7. la Collectivité Luete; 33669 habitants sur 1484 km²

Il est également signalé :

  • quelques villages topoke du groupe « Likolo » le long du fleuve Congo à la hauteur de Yanonge dans la Collectivité Secteur des Yalikandja-Yanonge. Ces villages seraient formés par les victimes de la pénétration des arabisés à l'intérieur de l'espace topoke ;
  • le village Yangole en plein territoire des Turumbu sur la rive droite du fleuve, résultat de l'ancien mode d'aménagement du territoire ;
  • deux villages à l'intérieur de la Bondombe en plein territoire des Mongo à la suite des affrontements entre les Topoke et les agents de l'EIC vers 1905.

Les peuples voisins des Topoke :

  • à l'est : les Foma et les Mboso
  • à l'ouest : les Bangando à Yahuma
  • au nord : les Lokele à Isangi et les Basoko à Basoko
  • au sud : Les Bambole à Opala

Bibliographie

  • (fr) Sombo Bolene Walle, L'histoire politique des Topoké à Kisangani (Haut-Zaïre) des origines à 1964, Centre d'étude et de documentation africaines, 1981, 118 p.
Arts-primitifs.com
Wikipedia

06/03/2013
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ETUDES SUR LES ETHNIES DU RD CONGO:HISTOIRE DES BALUBAS

HISTOIRE DES BALUBA

BULOPWE (LE POUVOIR ROYAL) ET L’ESPRIT LUBA

par

Ilunga Kimilundu Wafika Tharcisse et Numbi Twite Mulopwe  by Savings Vault" href="http://www.banabambidi.net/histoire/histoire.htm#">Albert

            Introduction

            Dans les pages qui suivent, nous tâcherons de présenter, en grandes lignes, l’essentiel de l’histoire de l’Empire luba.

            Ce n’est pas un travail d'un ou deux individus, mais une synthèse de la confrontation des traditions orales et des études historiques de certains auteurs étrangers qui ont eu l’initiative de recueillir des informations sur les événements avant que ne s’éteignent et que ne soient enterrés les derniers historiens traditionnels, et avec eux, toutes les documentations en leur possession.

            En fait, beaucoup de chercheurs étrangers se sont donnés corps et âme pour recueillir renseignements et traditions afin d’établir, autant que possible, l’histoire du Peuple muluba. Parmi les auteurs que nous avons pu consulter, nous pouvons citer, entre autres, le R. Pasteur Burton (L’Ame Luba) et Mr Verhulpen (Baluba etBalubaïsés). Ce sont des études très intéressantes et instructives.

            Cependant, comme l’écrivait un professeur de l’Université de Liège : « Les vérités historiques sont des vérités approximatives et essentiellement relatives, appelées à varier avec le progrès de la connaissance ». Ces œuvres et beaucoup d’autres ne manquaient pas de présenter certaines lacunes et parfois quelques erreurs.

            Nous avons confronté mis en parallèle ces études les unes avec les autres et essayé de combler les vides ou oublis afin de pouvoir un tant soit peu refaire le gros de l'histoire avec un peu plus de précision.

            Outre cette visée historique,  notre souci majeur est d'interpréter les traditions ancestrales par l’ by Savings Vault" href="http://www.banabambidi.net/histoire/histoire.htm#">ESPRITLUBA ou la FOI en ses traditions. En effet, l’historien étranger traduit les faits tel qu’il les entend ; il interprète les pensées selon sa culture et selon sa foi.

            C’est ainsi que nous avons estimé fondamental de présenter à la génération future des réalités véritables, sans tenir compte des sentiments ni d’ordre culturel, ni d’ordre moral ou religieux.

            Chapitre I : Généralités

            §1 : Aspect géographique

            Les Baluba occupent aujourd’hui à peu près tout le Nord ou plus de la moitié du Katanga ; soit les territoires de Kabongo, Kamina, Kaniama, Bukama, Malemba, Manono, Kabalo, Mitwaba, Pweto, et même au-delà. C’est une vaste et belle région qui s’étend sur le bassin supérieur du fleuve Lwalaba et ses grands affluents, dont la Lubilanji, la Lomami, la Lovoi et la Lubudi.

            C'est une région au climat tropical avec deux saisons : la saison humide qui débute en octobre jusqu’en avril ; et la saison sèche qui part du mois de mai jusqu’au mois de septembre.

On y trouve de vastes étendues de savanes herbeuses à l’ouest du territoire, et le reste est couvert de savanes boisées et des forêts luxuriantes. Cette végétation était le lieu de vie de troupeaux d’animaux de toutes sortes : des éléphants, des hippopotames, de grosses et petites antilopes, des singes, etc. Le fleuve, les rivières, les lacsKisale, Bupemba et Tanganyika regorgent des poissons de toutes espèces.

            §2 : Origine des Baluba

            Connaît-on une origine au Peuple muluba ? Puisqu’il est de règle, pour écrire l’histoire d’un peuple, de commencer par ses origines. La tradition orale luba n’a laissé  aucune trace à ce sujet.

Les livres d’histoire sur le Congo décrivent les temps des immigrations et de l’occupation successive de l’Afrique centrale par les Pygmées, les semis-bantous et Les Bantous. L’on dit que ces derniers viennent du nord… Les Baluba font parti des peuples bantous. Mais de par leur culture, l’on pourrait déduire qu’ils viennent du nord-est.

            Les tentatives de Mr Verhulpen, dans son livre « Les Baluba et les Balubaïsés » qui cite d’autres auteurs, n’ont pas abouti aux résultats convaincants sur les origines des Baluba.

            Il y a certainement, dans cet ouvrage, l’origine de la dynastie de l’empire luba. Car l’ancêtre mâle de la famille impériale n’est pas originaire du peuple muluba. C’est un étranger venu d’un pays lointain (de l’est). D’où le terme  « BALUBA » qui signifie les « perdus ». Ceux qu’on appelait « Baluba » ce sont des princes envahisseurs et leur suite qui conquirent  les territoires et soumirent les tribus qui habitaient de part et d’autre du fleuve Lwalaba et au-delà, à partir de la rivière Lubilanji jusqu’au lac Tanganyika.

            La population actuelle parle le « kiluba ». Cette langue n’est pas parlée de la même manière dans tous les territoires cités plus haut. Certains mots ne sont pas prononcés de la même façon partout ; le ton diffère d’une zone à l’autre. Les gens se comprennent bien et savent distinguer, par le langage, des personnes qui appartiennent à telle ou telle région du buluba. Ce sont des différences dialectales.

Il est facile d’expliquer que les termes  « Baluba » et « Kiluba» ne sont entrés dans le langage de ce peuple qu’après l’instauration de l’empire; ils y sont introduits par les étrangers (peuples vaincus ou des territoires limitrophes).

            En fait, avant l’arrivée des rois (ou des princes) les gens vivaient par groupes familiaux ou claniques dont le chef était l'aîné (de ces clans) ou celui que les membres des familles désignaient comme tel.

            Plusieurs clans pouvaient s’unir, soit par alliance d’amitié, soit par le mariage, et formaient ainsi un ou de nombreux villages avec des terres bien limitées. D’autres régions se constituaient par des conquêtes : il y avait des hommes envieux qui savaient manipuler les autres pour les soumettre à leur pouvoir, ou qui attaquaient les voisins afin de s’accaparer de leurs terres. Les terres ou les régions ainsi formées portaient soit le nom du chef du clan fondateur, soit celui d’un cours d’eau, soit quelque chose ayant une caractéristique frappante, par exemple : olivier sauvage (Umpafu), colline, etc. Et l’on désignait les habitants par ce nom précédé d’un déterminatif d’appartenance « bene » ou les préfixes « mu-ba ». Par exemple : « Bene Kabongo », « Bene Nsamba », « BeneKisale » ou « Basale », « Bene Lwalaba » ou « Balaba »… La langue que parlait le groupe de personnes prenait la même appellation : « Ils parlent « Kine-Kabondo », « Kine-Lwalaba » ou « Kyalaba », « Kine-Kalundwe », etc.

            Lorsque l’on disait d’un individu qu’il venait de chez les « Baluba », l’on voulait désigner la région qu’habitaient les « Balopwe ». C’est par la suite de conquêtes que les étrangers ont vulgarisé ce terme pour désigner ce Peuple des conquérants et les appeler : « Les Baluba ».

            §3 : Comment vivaient les Baluba ?

            Comme il est décrit précédemment, les Baluba vivaient par groupes claniques dans des villages qu’ils construisaient à proximité d’un cours d’eau. L’on distingue quatre sortes de constructions :

-« Ndaku » : maison du chef de famille (du mari) ;

-« Mbala » : cuisine du mari. D’où le terme « Mwine-Mbala » qui désigne un homme ou toute autre personne du sexe masculin ;

« Mukunko » : logis (en même temps cuisine) de la femme. Mwine-mukunko désigne toute personne de sexe féminin ;

« Kamwaka » : maisonnette construite à l'extérieur de la cour résidentielle pour la femme à l’état menstruel qui était condamnée à vivre isolée (loin des hommes).

Les Baluba vivaient des produits de la chasse, des champs, de la pêche et d’élevage.

Les travaux agricoles consistaient en la culture des produits vivriers tels que le mil (disparu), le sorgho, le manioc, le maïs, la patate douce, l’arachide, la courge, les ignames. Outre ces produits, certains se faisaient de petits lopins de tabac.

            La chasse se faisait de diverses manières :

-la chasse individuelle à l’arc et à flèches empoisonnées (bulembe) ;

-la chasse collective qui comprenait le feu de brousse auquel tout le monde participait : hommes, femmes, enfants, avec toutes sortes d’armes ;

- et la chasse à la coure (battue) où prenaient part les chiens et les mâles du village sans distinction d’âge.

On employait encore toute sorte de pièges, des trappes et des collets.

            La pêche se faisait au moyen des nasses (bisulu), des filets (makonde), des harpons (manda) et des hameçons (malobo) fabriqués avec des tigettes de palmiers (bukombo).

On élevait des poules et des canards, des chèvres et des moutons.

Outre ces travaux indispensables pour la subsistance, les Baluba s’adonnaient volontiers à des activités d’ordre économique qui consistaient en divers artisanats : les gens exerçaient plusieurs métiers selon la spécialité (busendwe) de chacun, homme et femme :

-ceux qui travaillaient le bois fabriquaient des mortiers et des pilons pour divers travaux ménagers ; des manches des différents outils (hache, houes,…), des pirogues ; des instruments de musique tels que les tambours, tam-tam et quelques objets d’art.

-les forgerons fondaient des minerais de fer et de cuivre et obtenaient le fer avec lequel ils fabriquaient des houes, des haches, des couteaux et des armes (lances et flèches) ; et le bronze dont ils faisaient des croisettes qui servaient comme objets de valeur et pour la fabrication des parures;

-les vanniers, avec les fibres des plantes, fabriquaient différents objets pour usages diversifiés : avec les espèces de papyrus (ngungu), on faisait des nattes et des tamis, avec les genres de rotins (nkodi), des cannes à sucre-sanssucre- (malenge) et des papyrus on tressait des vans (lubenji) et des paniers de différentes formes (bitenge) ;

-les potiers (lubumba) produisaient des pots en argile et des récipients de formes et des grandeurs diverses (bisuku ne milondo).

-d’autres s’adonnaient au travail des peaux pour l’habillement -les tanneurs.

Tous ces produits artisanaux  se vendaient par le système de troc.

            §4 : Culture et art luba

            Les Baluba sont plus connus comme un peuple guerrier que comme artiste. Ils n’ont pas laissé beaucoup d’œuvres d’art. Cependant, bien que l’art ne fût pas leur fort, tout ce qu’ils fabriquaient l'était avec beaucoup de talent; c’est qu’on y mettait du coeur, tels que les tamis (musalo), les nattes (kyata), les oreillers en bois (musao), les vases, etc ; toutes ces choses étaient ornées avec goût. La ceinture à peau d’éléphant (makeka) était un vrai bijou et comptait parmi les objets de valeur.

            Malgré leur esprit guerrier, les Baluba avaient un esprit attaché à la vie familiale et sociale. Ils appréciaient la compagnie des autres et avoir une famille large. D’où leur enthousiasme dans l’accueil et la solidarité.

Ils étaient ordonnés et tenaient beaucoup à l’organisation politique et administrative, une rigueur sacrée dans l’observance des mœurs, des us et coutumes. Cette fermeté fut un ferment de la conservation de la tradition et de l’histoire. Les tabous en furent un moyen très efficace.

            Le respect de la personnalité, la fierté de la liberté et de la noblesse étaient leur point fort. De là vient la distance respectueuse entre l’homme et la femme, entre un autochtone et un étranger. La femme devait garder une attitude de respect, d'égard envers l’homme ; pendant la période de menstruation, elle devait rester en dehors de la cour résidentielle.

            Les Baluba possédaient une culture très développée dans le parler. Le langage très nuancé, très subtil, des expressions rimées et intelligentes, des fables et des proverbes constituent un grand héritage fort apprécié dans la littérature africaine. Le code employé dans la communication au moyen des tam-tams était un art d’une stratégie non négligeable. Par exemple : « Meso ku-mbadi ku-mbadi, ne muyombo i bantu » (regarde bien, il y a du monde).

            Le peuple muluba avait une méthodologie très remarquable dans la formation des enfants. Par des récitatifs chantonnés le soir autour du feu, on apprenait à observer et à connaître la nature : les noms des oiseaux et des animaux, les noms des arbres et rivières, etc. Par exemple : « Kasha kasha nkyabadile po toni dikumi ,kimbale toni dikumi » . Il était question de donner sans hésitation, les noms de dix oiseaux. On demandait ainsi de citer  différemment dix arbres, dix rivières, etc. Par les fables et les contes, on apprenait les comportements et la manière d’être : sagesse, prudence, courage, etc. Par des causeries répétées sur l’histoire de la famille, de la région, des personnages importants, etc, l’on inculquait en profondeur la tradition ou l’histoire qu’on voulait transmettre de père en fils.

            Les rites et les cérémonies religieuses et des autres circonstances distinguaient le Muluba des autres peuples. Par exemple, les Baluba pratiquaient la circoncision (mukanda, disao)). Cette circonstance qui devait durer un temps assez long (plus de 3 trois), donnait lieu à l’initiation des jeunes gens à toutes les situations de la vie courante de l’homme. Une circonstance spéciale était également réservée à l’initiation des jeunes filles (butanda).

            §5 : Religions et croyances chez les Baluba

            Les Baluba croyaient en seul Dieu qu’ils appelaient « Vidye » ce qui veut dire « Seigneur-Dieu ». On le glorifiait en le proclamant :

1.Comme Père Créateur : « Vidye-Shakapanga » ; on Lui attribue la création de la terre et de ce qui existe dans le firmament : Panga-panga, wapangile ngulu ne minonga » (Créateur qui créa monts et cours d’eau) ; « Kafulamoba » (qui forgea les soleils, astres).

2. Comme Fils attendu par sa mère « Banze » : Vidye, Kungwa-Banze (na Banze ou wa Banze) ;

3. Comme celui qui reçoit en partage (des dons) : « Vidye, Kalemba-ka-Maweji ».

Dans beaucoup de circonstances, on Le louait en s’écriant :  « Vidye-Kalombo », Kalombo ke balombwele,bashele kebeye » (c’est Lui qui a montré sa puissance, les autres (les hommes) ne font qu’imiter).

On ne lui construisait pas des temples pour les cultes mais, il existait des lieux où l’esprit du Seigneur-Dieu s’est manifesté et installé. C’étaient des lieux sacrés où seuls les prêtres étaient permis de se rendre pour L’invoquer et consulter ou recevoir des oracles. On appelait ces lieux soit :

-« Ku-Mukishi wa Vidye ». Le terme Mukishi désigne une « Force mystique »

-« Ku-Butobo », du verbe « Kutoba » qui signifie prier le Seigneur en implorant sa grâce, tout en l’exaltant et solliciter l’oracle. Le prêtre s’appelait « Kitobo kya Vidye ».

            Outre cette croyance fondamentale en Dieu-Tout-Puissant, les Baluba croyaient en la vie de l’au-delà ; d’où la croyance à l'intervention des morts. Ils étaient sûrs qu’après la mort, l’homme continuait à vivre dans un lieu non loin de Dieu. Ce lieu s’appelait « Kalunga ». Les morts auxquels on ne reprochait aucun mal commis de leur vivant allaient dans le « Kalunga-Nyembo », et les malfaiteurs (notamment les sorciers) allaient dans leKalunga-ka-Musono » ( musono qui signifie infection, panari).

            Les Baluba croyaient que les parents et frères défunts étaient appelés auprès du Seigneur « Twaile kutaladyuba, Kalunga-Nyembo tumanya mukenji), ces gens restaient en contact intime et permanent avec les vivants. C’est ainsi, croyant que « Vidye » était difficilement abordable, ils trouvaient facile de recourir aux morts, leurs frères et les invoquaient.

            Et afin que cette relation entre les vivants et les morts ne se relâche pas et que ces derniers ne tombent pas dans l’oubli, les Baluba croyaient à la réincarnation, en termes luba « kulonda dilo ». Dès qu’une femme portait un enfant, il lui arrivera (nécessairement) de voir en rêve une des connaissances défuntes lui signaler sa « venue » auprès d’elle. C’est ainsi que l’enfant qui naîtra portera le nom de la personne qui s’était présentée. Si il n’y a pas de « mort » qui se présente l’enfant sera nommé « kyabuntu »: cadeau ou portera alors un nom quelconque.

La foi, l’espérance, et la fidélité dans l’observation des règles aidèrent ces hommes à vivre et à garder leur religion jusqu’aux jours que le Seigneur-Dieu avait fixés, c’est-à-dire à l’introduction des choses nouvelles.

            Chapitre II : Fondation de l’Empire

            §1 : Nkongolo Mwamba, Fondateur

            Les origines de l’empire luba se fondent sur plusieurs versions traditionnelles selon les régions où sont passés les fondateurs de ce vaste territoire. Toutefois, tous les Baluba attribuent la fondation de l’empire àNkongolo Mwamba, homme fort d’un esprit perspicace et ambitieux.

            L’ancêtre de Nkongolo Mwamba était originaire des Bayembe ou Basonge du nord appelés encore les « Bakalanga ». Il se surnommait « Kimung’wa Bakalanga », ce qui signifie « Hyène de Bakalanga ». Le père deNkongolo s’appelerait Kahatwa Kazadi ou Muleya Monga ; aurait-il changé de nom après immigration ou intronisation ? Se serait-il surnommé Kimung’wa Bakalanga comme son père ? C'est une possibilité courante donc envisageable.

            Kahatwa ou Muleya avait deux femmes : Mwamba appelée aussi Ndayi et Kaseya, toutes deux issues des Baluba. (Ici l’on peut supposer que le père de Nkongolo se serait déjà installé dans la région des Baluba).

La femme Mwamba ou Ndayi eut trois enfants, un fils qui, avant sa naissance devait s’appeler Nkumwimba, il fut nommé Nkongolo en raison de son teint clair, et de par sa mère on le nomma Nkongolo Mwamba ; et deux fillesMabela et Bulanda, appelées aussi d’après le nom maternel, Mabela Ndayi et Bulanda Ndayi. Kaseya eut une seule fille, Nsungu, appelée aussi Nsungu-wa-Kaseya du nom de sa mère.

            On raconte qu’un jour, le jeune Nkongolo vit quelques fourmis noires (minyeu) qui transportaient des termites, il demanda à ses parents : « Comment ces quelques fourmis peuvent-elles vaincre les termites qui sont si nombreuses ? » Son père répondit que « c’est parce que les fourmis travaillent en bandes et qu’elles sont sans merci ». « Moi aussi, je veux travailler en bande et, comme elles, je serai sans merci », décida le jeune Nkongolo. C’est ainsi qu’il groupera autour de lui une bande de jeunes gens et se mettra à terrasser les gens et à les assujettir  à son pouvoir. Il fut si tyrannique que la population n’en pouvant plus,  finit par le chasser.

            Il semble que Nkongolo Mwamba commença sa première conquête, pour devenir chef, dans la région deMutombo-Mukulu, chez les Bene-Kalundwe. L’on dit qu’une certaine Bondo Lumbale ou Tshimbale, selon la prononciation de la contrée, était cheffesse  de Bene Kalundwe à l’époque où Nkongolo arriva sur le territoire.

            Bondo Lumbale ou Tshimbale serait-elle une prêtresse de Tshifinga, « Mukishi » de cette région ? (voirplus loin le sens de mukishi). Il paraît que Tshifinga aurait accepté et reconnu Nkongolo comme chef parce qu’il était le plus fort et accompagné de beaucoup de guerriers. C’est ainsi que Bondo Tshimbale lui aurait remis ses pouvoirs en le prenant comme époux. Nkongolo Mwamba intensifia son pouvoir et régna sur tous les groupes de la région ouest de Lomami.

            Apprenant que les gens de l’est de la Lomami étaient plus riches que ceux de la région qu’il occupait ; richesse qui consistait en sel, huile de palme et huile de mpafu (olivier sauvage), Nkongolo vient donc conquérir tout l’est de la Lomami. Il traversa même le fleuve Lwalaba jusqu’au lac Kisale. Puis il revint à la rive gauche du fleuve et s’installa à Mwibele. Il ne retourna plus chez les Bene Kalundwe qui restèrent totalement indépendants de lui.

            §2 : Le portrait de Nkongolo Mwamba

            Dans toutes les histoires des peuples ou des nations, les grands hommes, forts et puissants ont toujours été considérés comme des hommes de génie ou des génies tout court. De même chez les Baluba, NkongoloMwamba a été considéré comme un homme légendaire et un génie. Légendaire par ses origines brumeuses et entourées de mystère ; légendaire par la façon dont il a pu conquérir des vastes territoires et unifier des tribus jadis dispersées qui devinrent un seul peuple.

            Comme l’histoire dit que Nkongolo Mwamba sentit sa vocation de fondateur d’empire au spectacle d’une colonne de fourmis qui avait vaincu et dépouillé une masse de termites, Nkongolo fut, en effet, un chef d’une cruauté tyrannique. Il soumit son peuple à d’immenses travaux notamment de faire détourner le cours de laLomami. Il lui arriva de faire couper le nez, les oreilles, les mains, les seins de ses sujets. Cette cruauté comme on le verra plus loin, l’emmena à faire enterrer sa mère vivante pour un simple rire.

            Autres traits de son caractère farouche, on raconte qu’un jour il arracha, de leurs mères, les enfants de 3 à 9 ans et les fit placer à une certaine distance de celles-ci. Puis les enfants furent séparés pour voir s'ils se dirigeraient vers une autre mère que la leur. Mais, tous choisirent leur mère et Nkongolo décréta que tout enfant devrait être considéré comme capable de jugement à l’instar d’une grande personne.

            Il a gardé sa brutalité et son mépris de la vie humaine : il ne se fiait à personne, subjuguait tout le monde. Voyant que les hommes se laissaient souvent influencer par leurs femmes au point que leur pouvoir s’en trouvait affaibli, il décida de ne pas se marier en dehors de sa propre famille. C’est ainsi qu’il épousa sa demi-sœur Nsungu-wa-Kaseya.

            Sa vie légendaire, il l’a emportée jusque dans sa mort. En effet, l’histoire rapporte que lorsqu’on lui trancha la tête, celle-ci ayant été placée sur une petite monticule, elle avait disparu le lendemain emportée par les termites. Ses contemporains en conclurent que Nkongolo s’était enterré tout seul.

            §3 : L’intervention de Vidye

            Avant l’avènement de Nkongolo Mwamba, ou avant qu’il ne s’installe à Mwibele, il existait aux environs du lac Boya (à Kabongo) un lieu « Mukishi wa Mpanga Maloba ». C’était un lieu sacré où Vidye s’était manifesté et installé. Un homme nommé Nyindo et sa femme Zwibi étaient les protecteurs attitrés de ce lieu. L’homme n’avait pas été choisi comme prêtre (Kitobo), donc, il ne pouvait pas ou n’avait pas le droit d’invoquer ou de consulter Vidye au nom des autres. Il avait tout simplement la garde des lieux saints.

            Le couple avait un fils, Kalui. Ce dernier, mécontent de voir ses parents adorer et vénérer Vidye qui ne les prenait pas à son service, se rendit sur les lieux afin de demander à Mpanga Maloba de se décider de choisir un individu comme Kitobo ; il avait probablement l’espoir de voir le choix tomber sur lui ou sur son père. Vidyel’écouta mais, ni lui, ni son père ne fut nommé Kitobo ; Vidye se choisit quelqu’un d’autre qui se fit appeler Mijibuwa Kalenge.

            Lorsque Nkongolo Mwamba s’installa à Mwibele, Mijibu était son conseiller spirituel. C’est ainsi qu’un jour, Mijibu fit appeler Nkongolo et lui tint ce langage :« Le Bulopwe », ce qui veut dire le pouvoir royal, s’avance vers Boya. Tu ne pourras jamais être souverain, car tu es le fils d’un roturier. Mais si tu veux te faire un nom et une belle situation, il te suffit de bien accueillir et respecter le nouveau chef. Si par contre tu lui résistes, tu mourras.

            Nkongolo fut très surpris et inquiet en même temps en entendant les paroles de son conseiller. Il décida, en plus de Mijibu, de supprimer le futur chef sans tarder, bien qu’il ait assuré à Mijibu qu’il respecterait ses conseils.

            Chapitre III Bulopwe ou le pouvoir royal

            §1 : L’arrivée de Mbidi Kiluwe

            A l’époque où Nkongolo Mwamba faisait ses conquêtes de régions de l’ouest du Lwalaba, beaucoup plus à l’Est, vivait un chef qui se disait Roi de Bupemba. Il s’appelait ILUNGA KILUWE et se surnommait SANGO WA MPEMBA, MWENGA WA NGALABA (est-ce le même homme ?). Sa capitale, Membe, était située, probablement sur la rivière Moba. Certains prétendent qu’il venait du Tanganyika.

            ILUNGA KILUWE avait deux fils : MBIDI KILUWE et Ndala, et une fille, MWANANA. Il aimait beaucoup cette dernière, et comme il se sentit vieillir, il eut voulu que sa fille lui succéda. Mais, ses sujets décidèrent que Mbidi Kiluwe serait leur chef et firent nettement comprendre à la fille qu’ils ne voulaient pas d’elle comme souveraine. Cela créa une certaine aversion entre ses deux frères et elle.

            La tradition ou la légende raconte que cette fille, Mwanana avait un lion apprivoisé. Un jour, MbidiKiluwe jouait avec l’animal, celui-ci s’échappa. La sœur, furieuse et le coeur plein de jalousie, dit à son frère que si il ne réussissait pas à lui ramener son favori, elle demanderait à son père de le tuer.

            Ainsi, Mbidi Kiluwe emmena ses femmes et ses esclaves ; il laissa à son fils aîné (ou son frère), BombweMbidi, la garde de ses propriétés. Ils se mirent en route pour suivre le lion en suivant ses empreintes jusqu’à l’autre côté du Lwalaba. Après quoi, ils perdirent sa trace dans les plaines de Kabanza.

            Mbidi Kiluwe trouva du gibier en abondance sur les rives de la Lovoi, il commença à chasser le long de ces rives jusqu’à Kyankodi. Il fut maître partout où il passait ; mais ses femmes et ses esclaves eurent peur dans cette région inconnue. Il leur ordonna de camper au confluent de Kyankodi, tandis que lui, accompagné de son fils chargé de porter ses armes, continua sa route afin d’explorer la contrée.

            §2 : Rencontre entre Nkongolo et Mbidi

            Mbidi Kiluwe et son fils suivirent la rivière Kyankodi jusqu’à sa source. Comme celle-ci prend naissance sur les mêmes hauteurs que la Lukuvu et la Luvidjo, ils descendirent cette dernière jusqu’à ce qu’un jour ils rencontrent deux belles filles qui relevaient une nasse dans les marais de la Munza.

            La nasse était trop lourde pour les jeunes filles. Mbidi Kiluwe leur cria de ne rien craindre et s’avança vers elles. Il ramena la nasse vers le bord de la rivière et continua sa route. Mais pour les deux  filles, ce fut le coup de foudre. Elles rentrèrent au village et racontèrent leur rencontre avec le bel étranger à peau noire, si fort, si agile à leur frère. Nkongolo soupçonna que l’étranger ne pouvait être que le chef dont il craignait l’arrivée, il lança ses guerriers à sa recherche, avec ordre de le tuer et de lui rapporter sa tête.

            Mais un chasseur aussi subtil que Mbidi n’allait pas se laisser prendre par surprise. De son côté, il avait soupçonné que les filles parleraient de lui à leur frère, il se tint sur ses gardes. Il entendit venir les guerriers et grimpa dans un arbre ; il les vit le chercher partout, mais en vain. Ils rentrèrent pour annoncer qu’ils n’avaient pas vu l’étranger.

            Ce que la force n’avait pas pu faire, l’amour allait le réussir. Mabela et Bulanda parvinrent à convaincre leur frère pour qu’il ne tue pas l’étranger avant d’avoir su quel individu il était. Elles rentrèrent sur les lieux et se mirent à la recherche de Mbidi Kiluwe. Ne l’ayant pas trouvé et exténuée, elles s’approchèrent d’une source pour se désaltérer, elles aperçurent l’homme dont l’image se reflétait dans l’eau. Elles le supplièrent de descendre et de les accompagner jusqu’à la maison de leur frère. Il accepta et envoya son fils lui ramener ses femmes et ses esclaves.

            On fit à Mbidi Kiluwe une réception amicale. Il était si adroit, si fort et si souple que Nkongolo pensa : « Avant de le tuer, je veux me rendre compte s’il ne peut pas m’être utile ». Tandis que de son côté, MbidiKiluwe prit soin de cacher sa personnalité sous un masque d’indifférence polie.

            Mais lorsque le fils de Mbidi revint accompagné de la suite de l’inconnu, Nkongolo alla trouva Mijibu le prêtre, et lui dit :  « Qui est cet étranger qui est arrivé chez nous ? Comment dois-je le traiter ? Quand les gens de sa suite le salue, il ne répond pas. Quand ils s’approchent de lui, il reste assis et quand on lui présente la nourriture, il refuse de la manger en public, il ordonne de la porter dans un endroit obscur où il peut manger sans être vu ».

            Mijibu lui répondit : « Réjouis-toi, car le pouvoir royal (bulopwe) va être établi parmi nous. Traite l’étranger avec grand respect et fais lui construire des cases avec enclos de roseaux. Tue des esclaves et répands leur sang dans l’enclos, car c’est alors seulement qu’un chef peut vivre en paix ».

            Nkongolo s’était gardé jusque là de toucher à l’étranger parce qu’il voulait satisfaire sa curiosité, mais, à présent, il craignait l’escorte armée de l’étranger. Il ne fit rien de ce que Kitobo lui avait recommandé. Mais,Muleya, le père de Nkongolo, se réjoui ouvertement et prépara pour les nouveaux arrivés huttes et enclos nécessaires. C’est ainsi que Mbidi Kiluwe avait pu s’établir au village de Nkongolo.

            §3 : Rivalité entre les deux hommes

            Mbidi Kiluwe prit pour femmes Mabela et Bulanda, en dépit de ses sentiments ombrageux, Nkongolodonna la bénédiction aux unions avec ses sœurs. Mais la situation resta tendu au bord du lac Boya : Nkongolo ne pouvait pas se résoudre à jouer le rôle d’un subordonné. Il décida de harceler son rival afin de le mettre mal à l’aise et le forcer ainsi à décamper ainsi il pourrait rentrer chez lui.

            Sans répit, il commença à insulter Mbidi Kiluwe, se moquant ouvertement du vide (buzole) laissé à la mâchoire inférieure par l’absence de deux incisives. Ce dernier, de son côté, habitué à la courtoisie et à la déférence de son milieu ne pouvait plus supporter la grossièreté  de Nkongolo, il commença à le bafouer devant ses sujets : « Tu mâches des olives (mpafu) devant tout le monde alors que tu dis que tu es chef ; comme un esclave, tu t’assieds par terre, les jambes croisées ». (En fait, Nkongolo ne savait pas adopter l’attitude qu’exigeait l’autorité des chefs devant leurs subordonnés).

            Les relations entre les deux hommes devenaient de plus en plus tendues, invivables jusqu’au jour oùMijibu, prétendant se trouver sous l’influence des esprits, comme cela lui arrivait de temps en temps, se mit à parcourir le village en murmurant des prophéties ; il réussit ainsi à souffler à l’oreille de Mbidi kiluwe : « Si tu tiens à la vie, rejoins-moi hors de l’enclos demain matin au chant de coq ». Fidèle au rendez-vous, Mbidi Kiluwe apprit que Nkongolo le tournait en ridicule devant ses propres esclaves pour l’obliger à déguerpir. Il cherchait le moyen de le tuer s’il ne partait pas.

            Mbidi Kiluwe indigné, fit appeler Mabela et Bulanda et, leur remettant à chacune une flèche façonnée de manière bizarre , leur dit : « Vous serez bientôt mère de mes enfants, mais il est impossible pour moi de les voir ici. Si toutefois, ils désirent plus tard, être reconnus par moi, qu’ils me rejoignent à Membe et me présentent ces flèches ».

            Puis après avoir servi à Nkongolo une sévère réprimande devant le village entier, il rassembla son petit monde et retourna dans son pays. Il ne revint plus jamais dans la région. Il avait confié ses enfants à naître aux bons soins du vieux Mijibu.

            Une autre version raconte que, quoique ayant donné ses sœurs à Mbidi Kiluwe, Nkongolo était resté en relations intimes avec elles. C’est pourquoi avant de partir, Mbidi Kiluwe aurait déclaré à son rival : « Si les enfants qui seront de deux femmes sont bronzés, ils sont à toi, s’ils sont noirs, ils sont à moi ».

            Rentré chez lui, Mbidi Kiluwe apprit la mort de son père et il trouva le peuple qui l’attendait pour le proclamer souverain. Sa sœur Mwanana, en l’absence de son frère, craignant de demeurer dans un milieu hostile, avait réuni une escorte pour rejoindre Mbidi Kiluwe, mais ayant perdu sa trace aux environ de Lovoi, et poursuivant son voyage, avait atteint la région de Barunda où elle devint une des femmes du chef.

            Chapitre IV : Le royaume Luba

            §1 : Kalala Ilunga

            Après le départ de Mbidi Kiluwe, quelques temps plus tard, Bulanda eut un fils, tout noir ; elle l’appelaIlunga, comme son grand-père (Ilunga Kiluwe, père de Mbidi). Peu de temps après, Mabela donna le jour à des jumeaux, un garçon et une fille, Kisula et Nshimbi.

Kisula devint une sorte de géant, mais avait un esprit lent. Tandis que Ilunga était agile et très intelligent, généreux vis-à-vis des amis mais intraitable pour ses ennemis. Il devint rapidement le meilleur coureur, sauteur, tireur d’élite et meilleur danseur de la cour.

            Grâce à l’aide de son neveu Ilunga, la réputation et les conquêtes de Nkongolo Mwamba s’étendirent  au loin et il finit par assujettir  pratiquement tout le pays des Baluba : certains habitants le furent par la force, d’autres par la diplomatie et par la ruse dont les Bene Katunda peuple très habile quand ils s’agissait de lancer les « mitobolo » (légère hache de combat).

            La renommée de Ilunga était telle qu'elle lui valut bientôt le titre de Kalala, le chef des armées. Il soumit à son commandement des tribus jusqu’aux régions lointaines de Kalebwe et Songi  et réussit à y implanter sa légendaire réputation. Au pays des Baluba, il plaçait à la tête de chaque groupe de famille (clan) un chef, instituant ainsi le système de chefferie qui reste toujours en vigueur aujourd’hui.

            §2 : Rupture entre Kalala et Nkongolo

            A cette époque, on se livrait beaucoup à un jeu avec les noyaux d’olives (menga), l’équivalent de jeu de « billes ». En jouant avec son oncle, Kalala Ilunga parvenait toujours à l'emporter. Un jour, la vieille Mwamba, mère de Nkongolo, s’approcha des joueurs, elle fit la remarque à son fils : « Ils t’a pris tes noyaux, après cela il prendra tes clans (chefferie) ». Nkongolo, furieux de cette remarque, ordonna à ses guerriers d’enterrer la vieille jusqu’au cou et il lui : « Mère, je ne permets à personne de se moquer de moi impunément. Si tu ricanes encore à mes dépens, je t’enterrerais vivante ».

            La vieille Mwamba croyant à une plaisanterie se mit à rire aux éclats, ce sur quoi son fils s’empara d’une houe et l’enterra de ses propres mains. D’où cette expression restée courante dans la littérature orale luba : « Wasepa kisadi, kyasepele Ina-Nkongolo ».

Mais la prédiction  de sa mère ne pouvait pas être enterrée avec son corps. Elle résonnait toujours dans la mémoire de Nkongolo Mwamba et fit naître en lui une tenace jalousie vis-à-vis de son neveu jusqu’à ce qu’il formât le projet de l’éliminer, et cela d’une façon si dramatique et si spectaculaire que cette mort aurait établi, une fois pour toutes son autorité et sa suprématie.

            Comme dans le cadre des Bene-Katunda, il commença par employer la flatterie : « Que tu danses gracieusement, Ilunga : le royaume tout entier devrait venir t’admirer. Etablissons un grand concours et tu pourras montrer ton adresse aux gens ». Puis en secret, on creusa un puits dans la plaine N-E du lac Boya et le fond de la fosse fut garni des pieux et des lances aiguisées. Enfin, on recouvrit le tout de baguettes légères et des nattes.

            Le grand jour arriva et la population s’assembla autour de l’endroit aménagé. Kalala avait un batteur de tambour professionnel (mungedi) nommé Kapya (Kahia) qui accompagnait et rythmait ses danses.

            Lorsque la danse commença, Kapya remarqua une légère dépression au centre de l’arène  et soupçonnaNkongolo d’avoir tramé un complot contre son neveu. Il ne dit rien, mais il résolut de sauver son ami. Chaque fois que Kalala s’approchait du centre, Kapya l’avertissait en code qu’il y avait un danger « uja ushinkila, panshi padibwine nkala).   

            A ces avertissements, Kalala soupçonna qu’un piège lui avait été tendu et brandissant, d’un geste prompt sa lance de danse, il la jeta avec force au centre de l’arène. Traversant la natte de part en part, la lance disparut dans la fosse. Et sans hésiter, Ilunga qui avait compris courut et sauta au-dessus de la foule, il s’enfuit vers leLwalaba, après avoir pris la flèche que son père avait laissée à sa mère.

            Au Lwalaba, il y avait un passeur, Kalala lui ordonna de le faire traverser sans retard et de ne pas faire traverser un homme bronzé qui le poursuivait sous peine d’être décapité dès qu’il reviendrait. Ce qui fut fait.

            Nkongolo, furieux d’avoir raté son coup et ne trouvant pas la pirogue (en effet, le passeur l’avait fait dériver par le courant), voulut tenter de traverser le fleuve sur des radeaux faits de tiges sèches des roseaux, il n’y parvint pas. Ayant compris le manège du batteur qui avait averti Kalala Ilunga du danger qu’il courait, Nkongolole fit grimper dans un arbre et lui ordonna de battre le tambour pour rappeler Kalala. Kapya battit son tam tam en vain jusqu’au moment où, exténué, il tomba et succomba (probablement tué). Après des vaines tentatives de poursuivre Kalala Ilunga, Nkongolo s’en retourna chez lui.

            §3 : La mort de Nkongolo      

            Nkongolo avait beaucoup entendu parler, entre autres de la bouche de Mbidi Kiluwe, des grandes peuplades de Membe et compris de quelle force pouvait disposer son ancien rival, pour se dire que Kalala Ilungareviendrait à la tête d’une armée afin de se venger. Il alla trouver le vieux Mijibu pour lui demander conseil. Mais ce dernier lui dit : « Tu as agi stupidement en voulant détruire le Bulopwe ; maintenant tu perdras la vie ».

            Nkongolo, plein d’amertume et d’angoisse se retira accompagné de Mabela et de Bulanda dans les cavernes de la colline de Kayi, dans la région de Bene Kanyoka ; il y vécut caché, confiant en la loyauté de ses sœurs. Mais ces dernières avaient d’autres idées en tête : au moment de partir, elles avaient laissé des consignes au lac Boya, afin que Kalala puisse être informé, dès son retour, du lieu de leur cachette.

            Les cavernes avaient plusieurs recoins secrets, mais l’entrée était unique et fort étroite. Chaque jourNkongolo grimpait au sommet de la colline afin de se chauffer au soleil et sans doute aussi pour surveiller les alentours afin de guetter l’arrivée de l’ennemi. Pendant ce temps, les femmes allaient chercher à manger, et chaque jour, elles rapportaient avec elles des fagots de bois en disant à Nkongolo que c’est pour se chauffer et pour préparer la nourriture en cas de siège.

            Un jour enfin, Mabela aperçut l’avant-garde de Kalala à travers la forêt. Elle parvint à l’avertir et à lui donner des instructions nécessaires : il ne fallait pas venir encercler la grotte mais attendre qu’elles aient bouché l’entrée de la grotte au moment où Nkongolo ferait sa sortie matinale et le surprendre dehors.

            Les guerriers de Kalala suivirent à la lettre les instructions données par les femmes. Surpris au sommet de la colline, Nkongolo voulant regagner sa retraite trouva l’entrée de la colline barricadée il comprit qu’il avait été trahi par ses femmes-sœurs. Il fut capturé et décapité.

            Les guerriers n’avaient pas directement rapporté la tête de Nkongolo à son neveu Kalala. L’on ne peut dire avec précision  les raisons pour lesquelles ils l’avaient abandonnée sur une monticule, et lorsqu’ils revinrent pour la chercher, ils ne la trouvèrent plus : une termitière l’avait engloutie.

            Légende ou vraie histoire, l’on raconte que Nkongolo avait eu deux fils de sa sœur (demi-sœur) Nsungu-wa-Kaseya : Bunda Mukaya et Mwine Ndayi. Ceux-ci, dit-on, firent à leur père des funérailles royales : on l’enterra dans le lit de la Lomami que Nkongolo avait détournée. Une autre version dit que ce sont Kalala Ilungaet ses guerriers qui l’enterrèrent après l’avoir décapité.

            Il est vrai que l’histoire de Nkongolo Mwamba est recouverte de beaucoup de légendes et de diverses versions, selon que les auteurs (étrangers) ont pu la recueillir ou la comprendre de leurs interlocuteurs ou de leurs traducteurs.

            §4 : Kalala Ilunga : Mulopwe

            Après sa victoire sur son oncle, Kalala Ilunga prit-il forcément le pouvoir comme souverain des Baluba ? C’est une version qui semble pratiquement plausible que certains ont rapportée.

            Cependant, il y a lieu de croire que Kalala Ilunga, homme avisé et intelligent avait hérité du tempérament de sang royal de père Mbidi Kiluwe qui, pour assujettir n’employait la force des armes qu’en cas de nécessité. D’où, dans une autre version,  l’on raconte que, pour la succession de Nkongolo Mwamba, la population décida qu’un de ses enfants devait être sacré roi.

            Après avoir écarté Bunda et sa sœur Nsungu pour raison de consanguinité, l’on obligea à Kalala et àKisula de se battre en duel. Kisula qui était un géant, au moment où il allait l’emporter sur Kalala, sa sœurNshimbi qui avait une grande affection pour ce dernier vint à la rescousse de Kalala qui frappa à mort son adversaire. C’est ainsi que Kisula vaincu, Kalala Ilunga fut proclamé successeur de Nkongolo et fut investiMulopwe des Baluba (ayant rapporté les insignes royaux de son père Mbidi Kiluwe). Il s’établit à Munza et prit le nom de Mwine Munza.

            C’est à partir de cette époque que le nouveau Mulopwe doit se construire son village à un autre endroit que celui qu’occupait son prédécesseur. L’ancien village est alors confié à une femme, en général la sœur de l’ancien souverain. Cette dernière devient cheffesse de ce village mais doit payer le tribut au nouveau roi.

            Et à la mort du Mulopwe, il fut décidé que le pouvoir devrait désormais revenir à son fils aîné. Cependant les frères de ce dernier chercheraient à le détrôner et se font une guerre sans merci. Cette lutte ne prend fin qu’à la mort des protagonistes, c’est alors que le vainqueur, resté seul, pourra régner sans problème. C’est pourquoi le fils aîné du souverain doit chercher refuge et protection et aussi renfort dans le village de sa mère, ses oncles et ses cousins du côté maternel sont ses alliés les plus sûrs, il en est de même pour les autres enfants du suzerain.

            Kalala assujettit les populations riveraines du Lwalaba dont faisaient partie les Bene-Kayumba, Mulongo, etc. Il envoya son fils Kazadi soumettre les Bene Kisamba, tributaires des ancêtres de Nkongolo, dans les régions des Bene Kalundwe qui refusaient de le reconnaître comme Mulopwe. Ils furent battus par Kazadi. Ce dernier tombera malheureusement malade et mourra dans la région de Kisamba.

            Kalala Ilunga est le premier Mulopwe de l’empire luba ; il avait apporté (de son père Mbidi Kiluwe) les insignes royaux et il fut intronisé selon les normes requises : il fut sacré et le dikubi (cachet en peau de chat sauvage : nzuji) contenant l’argile blanche (mpemba) étaient les éléments principaux de l’investiture du chef. Aussi les hommes forts qui avaient des ambitions de pouvoir devaient-ils se rendre kwipata pour se procurer ces insignes.

            §5 : De Kalala à la décadence

            La généalogie  des empereurs luba se présente comme suit de Kalala Ilunga à la décadence de l’empire.

  1. Kalala Ilunga, fils de Mbidi Kiluwe et neveu de Nkongolo Mwamba
  2. Ilunga wa Luhefu, fils de Kalala Ilunga, il s’installa à Bisonge. Il n’entreprit pas de guerre, mais fut un mauvais pour ses sujets. Il fut empoisonné par son fils Mwine-Kabanze. Un autre fils de Kalala, IlungaKibinda, se rendit chez les Aruund y épousa la princesse Ruwej, il devint souverain des Lunda ;
  3. Kasongo Mwine Kabanze, fils de Ilunga wa Luhefu, s’établit à Kibanza. Il mit au monde beaucoup d’enfants, mais eut aussi beaucoup de malheurs en famille, tous ses enfants moururent, la plupart dans des conditions dramatiques, un seul survécut.
  4. Kasongo Kabundulu, fils de Mwine Kabanze, le seul qui resta en vie, n’avait pas de frères à combattre, il s’établit à Katundu.
  5. Ngoy-a-Sanza, fils de Kasongo Kabundulu, résida à Kapulu, son frère Kalenga Makasa avait été tué par un buffle.
  6. Mwine Nkombe Ndayi, fils de Ngoy-a-Sanza, s’établit à Nkombe. Il devint très vieux au grand désespoir de ses fils qui décidèrent de l’empoisonner, mais il mourut foudroyé, il laissa deux fils : Kadilo et Maloba
  7. Kadilo Sokela Bota, fils de Mwine Nkombe, s’installa à Budi. Il fut très bon et très entreprenant : il conquit plusieurs régions au-delà de la Lomami. (Il faut noter qu’à la mort du souverain, certaines seigneuries refusaient d’obéir au nouveau souverain ; il fallait les y forcer). Kadilo mourut peu après cette campagne.
  8. Kenkenya, fils de Kadilo s’établit à Bwilu. Il combattit ses deux frères Kasongo Kahombo et Tomba, mais il mourut peu après et laissa quatre fils.
  9. Ilunga Nsungu succéda à son père Kenkenya et s’établit à Lubala. Il combattit ses frères Wakahata etMuketo, le troisième Kasongo Ngole mourut de maladie. Ilunga Nsungu tenta de soumettre les BeneKalundwe, mais il fut battu par Kanonge, chef de Mutombo Mukulu. Il fit des expéditions réussies entre leLwalaba et le lac Tanganyika d’où il reçut des tributs et les hommages notamment de Mambwe Mukulu.Ilunga Nsungu avait cinq fils.
  10. Nkumwimba Ngombe succéda à son père Ilunga Nsungu, il résida à Budumbe. Il battit ses deux frères, le troisième renonça au titre de chef et le quatrième mourut en bas âge. Nkumwimba Ngombe fut un grand guerrier et un grand organisateur. Il envoya partout des émissaires chargés de surveiller ses tributaires ; il fit des conquêtes à l’ouest et à l’est du Lwalaba et même jusqu’au Tanganyika. Il soumit à son autorité des populations des régions de Lubudi, de Kinda, du Lwalaba, des lacs Kabwe et Upemba. Il reçut tribut des populations entre le Lwalaba et le Tanganyika. Sous son règne, Buki étendit l’empire des Baluba vers le nord (Territoire de Kongolo, de Kasongo et de Maniema). C’est sous le règne de Nkumwimba Ngombeque l’empire luba atteignit son apogée.
  11. Ndayi Mushinga, fils de Nkumwimba Ngombe, n’eut pas le temps de construire un village car, après une année de règne, il fut battu et tué par son frère Ilunga Kabale.
  12. Ilunga Kabale, après avoir vaincu son frère Ndayi Mushinga, combattit et tua encore deux autres frères. Il se fixa, de force chez Bene Dyombo. Selon certaines traditions, Ilunga Kabale fut neutralisé par son filsKitamba.
  13. Maloba Konkola, fils aîné de Ilunga Kabale, lui succéda, mais trois mois après, il fut battu et décapité par son frère Kitamba.
  14. Kitamba prit le pouvoir, il battit encore un frère, mais un an après, lui aussi fut tué par son frère KasongoKalombo, cinquième fils de Ilunga Kabale.
  15. Kasongo Kalombo, fils de Ilunga Kabale, succéda à Kitamba. Il tenta de combattre Ndela, un forgeron qui s’était enrichi dans la région de Munza grâce aux mines de fer. Il fut blessé et se retira à Kasolo. Ndela se fit nommer chef des Bene Lububu. Kasongo Kalombo après s’être procuré des fusils à silex provenant d’Angola, revint dans la région et battit Ndela. De retour à Budi, son fusil éclata et lui enleva la moitié de la main gauche, il mourut des suites de sa blessure.
  16. Ndayi Mande, frère de Kasongo Kalombo lui succéda, combattu par son frère Kasong’wa nyembo, il s’enfuit chez les Lunda où il acheta des armes et des munitions et recruta des partisans. A son retour, il battit son frère Umpafu à Kudyanga, mais il ne réussit pas à prendre le dessus sur Kasong’wa Nyembo, ce dernier parvint à l’éliminer.
  17. Kasong’wa Nyembo qui avait pris le pouvoir de Ndayi Mande eut affaire à son frère Kabongo avec qui il engagea une guerre qui dura des années et qui coûta beaucoup en vies humaines et en richesse à la population.

            Chapitre V : Bombwe Mbidi et le royaume de Kinkondja

            &1 : Voyage de Bombwe Mbidi

            Pour les raisons que nous connaissons, Mbidi Kiluwe avait quitté le royaume de son père pour effectuer un long voyage qui le mena jusqu’au-delà du fleuve Lwalaba: il devait ramener le lion de Mwanana qu’il avait laissé échapper de sa cage alors qu’il jouait avec.

Avant son départ, deux faits importants sont à retenir : premièrement, son père ayant vieilli avait souhaité que sa fille Mwanana qu’il chérissait tant lui succéda, mais la population ne l’avait pas accepté et avait décrété que MbidiKiluwe deviendra son souverain. Deuxièmement, Mbidi Kiluwe avait confié la garde de ses biens et ses propriétés à son frère Bombwe Mbidi.

            C’est probablement à la mort de Ilunga Kiluwe en raison du problème de la succession  que BombweMbidi se décida également d’entreprendre le long voyage pour suivre Mbidi Kiluwe et le ramener sur leurs terres.

Bombwe Mbidi, une fois arrivé dans la région du Kisale, ne traversa pas le fleuve. Durant son séjour dans cette région, il fit la connaissance d’une jeune fille appelée Bwina qu’il prit pour femme. Mais comme il n’avait pas trouvé son frère Mbidi Kiluwe, il prit la décision de rentrer au pays, laissant Bwina, sa femme, enceinte et lui demanda que le fils, une fois né,  le suive chez lui.

            §2 : Fondation du royaume

            Bwina mit au monde un fils qu’on appela Kapolo waba Mbwina. Devenu grand, Kapolo se rendit chez son père d’où il revint avec des insignes de chef. Il épousa une femme de Kakenza et s’établit dans cette localité. Il eut un fils qu’on nomma Longwa.

            Bien que Kapolo, rentré de la région de son père Bombwe Mbidi avec des insignes de chef, ne fut pas pris comme tel. Son fils Longwa, devenu un homme, en chassant, rencontra une jeune femme nommée Bumbwa. Celle-ci le présenta à son père Kapanda, chef de la région de Kisale. Longwa épousa Bumbwa puis retourna chez son père Kapolo à Kakenza. Il lui demanda s’il pouvait s’installer chez Kapanda, dans la région de Kisaleoù gibier et poisson abondaient.

            Kapolo accompagné d’un groupe de gens venus avec lui de la contrée de son père Bombwe Mbidi, suivitLongwa et vint s’installer chez Kapanda, dans la région de Kisale. Un jour, au cours d’une querelle entre les deux familles, Kapolo tuaKapanda, proclama et investit son fils Longwa comme chef de Kisale. Longwa fut ainsi le fondateur du royaume de Kinkondja.

            Nkumwimba Ngombe, dixième empereur des Baluba, en conquérant et soumettant les populations des régions Kinda, de Lubudi, du Lwalaba et des lacs Kabwe et Upemba, incorpora en même temps le royaume deKinkondja dans le grand empire des Baluba.

            Chapitre VI : Les royaumes luba fondés dans d’autres territoires que ceux des Baluba

            Buki, frère de Ilunga Kabale, avec l’aide des autres membres, dirigea des expéditions militaires contre lesBahemba et les Babangobango du Nord de Kongolo. Il soumit les gens de Kuvu et de Niemba, les Basonge duManiema et les Wagenia du Fleuve.

            Ilunga Mwevu, parent de Biki, fonda et organisa une grande seigneurie, celle de Wazula, sous l’autorité de Buki. Quand Ilunga Mwevu mourut, son fils Kahambo lui succéda et continua son œuvre. Kekenia, fils deBuki, succéda aussi à son père. Ainsi les seigneuries de Maniema restèrent sous l’autorité des chefs baluba jusqu’à l’arrivée des Européens qui les divisèrent en plusieurs chefferies.

            Chapitre VII : Histoire de Zibangandu        

            Qu’on ne soit pas trop surpris de trouver conté ici l’histoire d’un tout petit territoire dans ce vaste empire, alors que des seigneuries importantes ne sont pas citées. Les événements qui s’étaient passés dans cette région ont souverainement marqué les esprits des dignitaires d’une famille impériale et ont laissé des souvenirs inoubliables dans les annales d’un royaume.

            §1 : Cadre géographique de la région

            Zibangandu est un tout petit territoire qui se trouve entre la chefferie de Kabondo (N-E et Est) et la chefferie Kasong’wa Nyembo (N-O et Ouest) et les Bene Bukwamadi (Sud). Il est à quelques 75 km sur la route de Bukama.

Il comptait cinq villages au temps de la colonisation : Nsalela, Kalamba, Kisulo, Kalombo et Kimilundu. Ce dernier fut le plus important et le plus ancien : il était protégé par une palissade qu’on appelle « Mpembwe » (les autres disent « nsakwa »). Ce petit territoire était devenu autonome suite à une série d’événements.

            §1 :Manifestation divine ou Mukishi wa Monga na Umba          

            Il est difficile de situer la période à laquelle l’événement eut lieu. La tradition orale rapporte l’historique comme suit :

Un chasseur, nommé Nzadi, errait dans la région de Zibangandu à la recherche de quelques gros gibiers (Buffles, antilopes cheval), sa sœur l’accompagnait dans cette aventure. Un jour celle-ci était allée à la recherche des ignames sauvages lorsqu’elle entendit une voix qui l’interpella et lui dit : « N’aies pas peur, va dire à ton frère qu’il se vêtisse des peaux de « tolwe » ; qu’il prenne un bâton de « Nswashi » et vienne me trouver ».

            Il faut signaler que « tolwe » est une belle antilope d’une peau brun-jaune, qui vit dans les savanes herbeuses, elle est de la famille des impala. Quant à nswashi, c’est un arbre sauvage d’un tronc bien solide qui peut atteindre plus ou moins dix mètres de hauteur. Avec ses jeunes tiges, on peut faire des bâtons assez droits.

            Le chasseur Nzadi fit comme cela lui avait été recommandé, il se vêtit des peaux de tolwe, il prit le bâtonnswashi à la main et se rendit sur le lieu qui lui avait été indiqué. C’est là qu’il rencontra Vidye, Dieu des ancêtres. De cet ordre donné de prendre avec lui un bâton, les gens ont commencé à dire cette anecdote : « KuZibangandu-a-kakombo, kadi kakombo bakamwela : (Zibangandu où il faut prendre son bâton, sans bâton on te rejette).

            Le Seigneur dit alors à Nzadi : « va maintenant auprès du chef de cette région, annonce-lui ma venue et ma présence sur son territoire, et qu’il vienne me voir à son tour.

Comme Nzadi était étranger dans cette région, il ne connaissait pas exactement qui était le chef, ni où il habitait. Il alla trouver Mwine Yimba, une grande notabilité et propriétaire des terres (Yimba) qui s’appelait Mwila Mpishi. Il lui raconta l’événement et lui rapporta l’invitation de Vidye. Mwine Yimba dit au chasseur : « C’est dommage, moi, je ne peux pas y aller car je bégaie ».

            Nzadi alla trouver un autre seigneur de terre du nom de Kazadi Myanda. Il lui répéta l’histoire et l’invita à aller rencontrer Vidye. Ce notable lui répondit qu’il était également dans l’impossibilité de s’y rendre, « car, dit-il, je suis atteint d’une hernie. Allons plutôt chez le chef de la région, puisque c’est à lui que revient cet honneur ». Ils allèrent chez le chef Mpandankusu qui avait sa résidence à Kimilundu. Nzadi lui apprit, avec pleins détails, tous les faits de ce grand événement et l’invitation du Seigneur-Dieu. Le chef Dya-Mpanda se trouva embarrassé et déclara : « je regrette que je ne puisse mériter cet honneur, car moi aussi, je suis impur, j’ai la lèpre, donc, je ne peux me présenter devant Vidye ».

            C’est ainsi qu’aucun des dignitaires de Zibangandu n’avait pu aller à la rencontre du Seigneur-Dieu. Alors le chef Mpandankasu envoya auprès de Vidye, un ami de Kazadi Myanda, le sieur Numbi-a-Mpombo, comme délégué. Ce dernier accepta l’offre, non sans quelque appréhension, en effet, personne n’était sûr du sort qui était réservé à celui qui répondrait à l’invitation. Il y alla quand même en lieu et place du chef, rendre hommage àVidye.

            §3 : Conséquence de cet avènement       

            Après la rencontre de l’envoyé du chef avec Vidye, celui-ci dit alors à Numbi-a-Mpombo :  « Puisque le chef n’a pas voulu venir auprès de moi, je te nomme, toi, maître de cette région. Va dire à Mpandankusu qu’il te remette les insignes de chef (mikanda ou ceintures sacrées) et qu’il soit parrain de ton investiture ».

            Cette nouvelle émanant de Vidye contraria le chef Mpandankusu qui fut touché jusqu’à l’indignation. Malgré tout, il dut se soumettre, car personne ne pouvait s’opposer à l’autorité et à la force divines. A partir de ce jour, un étranger régna sur le territoire de Zibangandu : Numbi-a-Mpombo, ami de Kazadi Myanda était originaire de la chefferie Umpungu, de la localité de Mpushila.

            Comme signalé plus haut, Zibangandu était devenu autonome après l’installation du Mukishi wa Monga naUmba (c’est le nom donné à ce lieu sacré où s’est manifesté et montré l’Esprit de Dieu -Vidye). En fait, ce territoire dépendait de Dipata (cour et autorité royales). Mpandankasu venait de Kwipata lorsqu’il régna sur ce territoire. Il payait ses tributs directement à la Cour. Quand Numbi-a-Mpombo prit le pouvoir, il cessa toute dépendance à l’autorité impériale ; il ne payait plus de tributs du tout.

            En constatant cette insoumission à la cour royale, l’on convoya  une délégation à Zibangandu pour voir et essayer de remettre de l’ordre dans cette partie de l’empire. Mais lorsque les membres de la délégation arrivèrent dans la région, ils furent confondus et perdirent leur chemin. Ils s’en retournèrent à la cour sans avoir rencontré les responsables. A la cour l’on ne désarma pas. L’on essaya une autre délégation dont, parmi les membres figurait un personnage important dénommé Kibanda. Encore une fois sur place, tous les envoyés devinrent aveugles, à l’exception de Kibanda qui fut épargné afin qu’il puisse porter témoignage de ce qui s’était passé sur les terres deMonga na Umba.

            A partir de ce jour, les Bene Pata cessèrent toute relation avec Zibangandu ; et un interdit fut imposé au grand -Roi qui est resté jusqu’à ce jour : l’on doit le couvrir entièrement ou bander ses yeux afin qu’il ne puisse pas voir cette région de malheur. Toute chose quelle qu’elle soit, don ou tribut, en provenance de Zibangandu, devait être exclu de la cour du roi (voire de la localité) sous peine de mort pour ce dernier.

            Chapitre VIII : La décadence de l’empire Luba

            §1 : Conflits entre Kasongo-a-Nyembo et Kabongo

            A l’arrivée des Européens, vers 1892, Kasongo-a-Nyembo était en guerre avec Kabongo, le seul frère qui restait (à éliminer). Afin de pouvoir le vaincre, Kasongo-a-Nyembo s’allia aux forces de l’expédition leMarinel qui se rendait chez M’Siri, chef des Bayeke. L’expédition combattit Kabongo, qui de son côté, s’allia auxBatetela, soldats de la force publique révoltés. Kabongo et ses alliés furent battus. Ils s’enfuirent et allèrent s’installer à Mulenda, mais n’abandonnèrent pas la lutte pour autant.

            Après le départ de l’expédition, Ils revinrent pour attaquer Kasongo-a-Nyembo à Nsamba. Ce dernier s’enfuit et se réfugia à Kabinda où il y avait un poste colonial et où il resta cinq ans. Toute la région comprise entre la Lomami et la Lovoi fut pillée par les Batetela et Kabongo. Ils furent battus par Mr Malfeyt près des sources de la Lomami à Kakipango. Kabongo retourna s’installer à Lubyayi (sa mère venait de cette partie du territoire) etKasongo-a-Nyembo, revenu de Kabinda s’installa à Nsamba.

            §2 : Division de l’empire

            Lorsque les européens prirent le pouvoir en mains, ils déclarèrent indépendantes plusieurs seigneuries et les appelèrent Chefferies; ainsi naquirent les Bene Kalundwe, Bene Kanyoka, Bene Lwalaba, Bene Nsamba(kinda), Bene Kabondo, etc. Ils divisèrent le reste de l’empire en deux parties : Kabongo reçut la partie nord etKasongo-a-Nyembo la partie sud. Les deux chefferies prirent les dénominations de Kabongo et Kasongo-a-Nyembo.

            L’insoumission du Chef Kasongo-a-Nyembo à l’autorité coloniale provoquera sa relégation à Buta dans la province orientale. Il laissa la gestion de l’empire à son fils aîné Ilunga Umpafu Nkumwimba. Ce dernier fut remplacé par son frère Kisuku ; à la mort de Kisuku, Ndayi Emannuel, alors infirmier à Kabalo (sa mère était deKabalo), dernier fils de Kasongo-a-Nyembo le remplaça de là est né le système rotatif entre les trois familles pour ce qui est de la gestion et de la succession à la tête de la chefferie Kasongo-a-Nyembo).

            CONCLUSION

            Dans l’esprit luba, il faut savoir que la tradition ancestrale constituait un ensemble cohérent d’histoire, de mœurs et de religion. Le Bulopwe ou le pouvoir royal a constitué l’unité des Baluba. Le tout était religieusement conservé et tenu avec le plus profond respect pour être enfin, transmis de père en fils, et de génération en génération avec une fidélité rigoureuse.

            L’on a compris, dès le début de l’histoire, qu’un homme Nkongolo Mwamba) a voulu imposer son pouvoir aux gens, dicter sa domination et s’octroyer, de son propre chef, le Bulopwe . Mais Vidye (le Seigneur-Dieu) est intervenu. Par l’intermédiaire de son Kitobo, Il a réagi et décidé d’organiser les choses selon sa volonté.

            C’est ainsi que l’on remarquera, dans l’histoire de l’empire luba, que tout le cheminement du Bulopwe a été marqué par la présence divine (de Vidye). C’est-à-dire, par l’entremise du Butobo qui était la manifestation divine ou la présence de l’Esprit de Dieu, Kitobo (prêtre et prophète) était l’intermédiaire entre Vidye et les hommes. D’où du commencement de l’empire jusqu’à la fin, il y a à retenir trois étapes :      

            1.Du premier Butobo, Vidye Mpanga-Maloba (Créateur de la terre) refuse le Bulopwe à NkongoloMwamba. Il accepte Mbidi Kiluwe qui emmène avec lui le Bulopwe. C’est ainsi que, dans l’histoire, il n’y a que les Bene Kalundwe qui considèrent Nkongolo Mwamba comme leur Mulopwe (il y a lieu de comprendre cela quand on lit attentivement le début de son histoire). Tout semble bien se passer jusqu’au moment où commencent les hostilités entre les deux frères Kasongo-a-Nyembo et Kabongo.          

            2. Au moment où Kasongo-a-Nyembo, fuyant son frère Kabongo, vient s’installer à Nsamba, il trouveraVidye Mpanga ne Banze (Créateur avec une femme-mère), Vidye aura-t-il décidé de la scission de l’empire ?      

            3. Dans l’histoire de Zibangandu où Vidye Monga na Umba aura octroyé l’autonomie à ce petit territoire, on sent déjà l’effritement du pouvoir royal ; c’est le commencement de la fin.

            Il y a lieu de remarquer également que dans la tradition luba, certaines choses n’ont pas toujours été à la portée de tout le monde quand il s’agissait de compréhension ou d’interprétation. C’est comme disent les BeneZibangandu : « Wa ku Vidye ntumbo, binenwa ku Vidye komvu », c’est-à-dire que Dieu a voilé certaines vérités à la compréhension de n’importe qui.

 

Edité par Kyoto kya Bana ba Mbidi 
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Photo Monuc(chefs coutumiers)


05/03/2013
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