Contrairement aux idées reçues, les visages pâles n'ont pas toujours dominé l'Europe. Leur prédominance est même très récente, selon une étude américaine.
L'espèce humaine, on le sait, est née en Afrique et s'est répandue ensuite de par le vaste monde en un incroyable arc-en-ciel d'individus. Dans celui-ci, le toubab se reconnaît à sa peau plutôt blanche, parfois beige ou rose, généralement rouge vif après une longue exposition sous le soleil des tropiques. Mais de quand peut bien dater cette pâle carnation ?
Une étude présentée au cours du 84e congrès de l'Association américaine des anthropobiologistes bouleverse tout ce que l'on pensait à ce sujet :
les Européens "blancs" ne seraient apparus qu'il y a 8 000 ans environ. Les premiers habitants du Vieux Continent, venus d'Afrique il y a environ 40 000 ans, avaient la peau foncée.
En comparant les génomes de 83 individus découverts sur différents sites archéologiques, les chercheurs ont déterminé que la population actuelle était le résultat de la rencontre entre trois peuples, au néolithique : des chasseurs-cueilleurs présents depuis le paléolithique, des fermiers arrivés du Proche-Orient il y a 7 800 ans, et des bergers venus du nord de la mer Noire, les Yamnaya, il y a 4 500 ans.
Les premiers avaient la peau sombre dans le sud de l'Europe, comme le prouve l'absence chez eux des gènes SLC24A5 et SLC45A2, responsables de la dépigmentation. Dans le nord en revanche, certains disposaient de ces deux gènes et d'un troisième, HERC2/OCA2, responsable des yeux bleus et des cheveux blonds. Les fermiers venus du Proche-Orient avaient aussi le teint clair.
Comment expliquer le phénomène de sélection naturelle qui a finalement conduit les toubabs à s'imposer en nombre ? L'une des hypothèses retenues, c'est que la peau blanche favorise la synthèse de vitamine D, essentielle dans les régions peu ensoleillées, avantageant donc les visages pâles.
Nicolas Michel
@Jeuneafrique
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