TRIBU MONGO EN RDC
Une gestion des terres conflictuelle: du monopole foncier de l'etat à la gestion locale des Mongo (territoire de Basankusu, Republique Democratique du Congo).par Ulysse BOURGEOIS Université d'Orléans - Maà®trise de géographie 2009 Dans la categorie: Géographie |
1. Localisation au sein de la RDC.Les Mongo vivent en grande majorité dans la Province de l'Equateur, mais on trouve aussi des Mongo dans d'autres Provinces de la République Démocratique du Congo comme le Kasai Oriental, le Kasai Occidental, le Bandundu, ainsi qu'au Nord-Kivu. Néamoins, c'est en Equateur que se trouve la grande majorité de la population Mongo. Leur répartition générale est limitée à l'est et à l'ouest par la boucle du fleuve Congo et par le Kasai au sud. Figure 2. On constate sur la carte que l'ensemble de la population Mongo tient une place importante au sein de la RDC et surtout dans la Province de l'Equateur. Elle est située dans un vaste espace. Cet espace est forestier et il se trouve intégralement dans la cuvette du Bassin du Congo. Il n'est pas évident de connaître le nombre d'individus au sein de la population Mongo à l'heure actuelle dans la mesure où les données statistiques sont anciennes et qui plus est, les sources de ces données ne sont pas toujours connus. Il existe des statistiques anciennes concernant les Mongo. Avant l'arrivée des Européens, la population était nombreuse. Selon Van Der Kerken, la population Mongo était estimée entre 3.000.000 à 6.000.000 d'individus, voire même plus encore selon lui 52(*). Toujours selon cet auteur, la population serait comprise entre 1.500.000 et 2.000.000 habitants pour la décennie 1940. La diminution de la population est imputable à diverses causes dont : les croisades de peuples Arabes à partir du XVIème siècle ; les guerres tribales, et plus récemment l'esclavage arabe puis européen avec l'exploitation du caoutchouc. Bongango J. estime avec quelques doutes le chiffre de la population Mongo pour l'année 1984 53(*) : elle serait de 11.124.031 habitants, soit 37,7% de la population zaïroise 54(*). On constate donc que la population Mongo est de taille importante dans le Zaïre de l'époque. La population de l'actuelle RDC, est évaluée à 62.635.723 habitants selon les données statistiques de l'Unesco pour l'année 2007. D'autres sources de l'ONU donnent le chiffre de 66.832.000 habitants en 2009 55(*). Il est très délicat d'affirmer que l'augmentation générale de la population se reflète aussi dans la population Mongo. En effet, les statistiques sont souvent invérifiables, comme le chiffre de la population actuelle Mongo de 400.000 habitants selon des sources peu fiables 56(*). Cet exemple précis rend compte de la difficulté d'évaluer précisément la population Mongo car le dernier recensement national by Savings Vault" href="http://www.memoireonline.com/12/09/2983/m_Une-gestion-des-terres-conflictuelle-du-monopole-foncier-de-letat--la-gestion-locale-des-Mong4.html#">date de 1984, le reste des statistiques se base sur des estimations en rapport avec l'accroissement démographique. 2. L'arrivée de la population Mongo dans la cuvette du bassin du Congo, et en particulier dans le Territoire de Basankusu. Le peuplement du bassin du Congo est ancien. Les Mongo seraient originaires du Nord-Est de la RDC, dans la région du Haut-Nil (l'actuel Ouganda) vers les Lac Albert, Edouard et Victoria. Cette hypothèse fut avancée par Van Der Kerken G., et est corroborée par d'autres historiens plus contemporains commeLeysbeth A. (1963), Mikanza N. (1966), Hustaert G. (1972) ou encore Ndaywel è Nziem I., Obenga T. & Salmon Il y aurait eu deux grandes migrations. La première se situe entre le XIV et XVIème siècle après J.C.. Ces groupes Mongo sont les Batetela et les Basuku et ils se sont installés non pas dans l'actuelle province de l'Equateur mais dans la Province de Mamiena et du Kasai-Oriental57(*). La seconde migration, celle qui nous intéresse concerne l'arrivée dans la cuvette du bassin du Congo. Soit un trajet d'Est en Ouest. Cette migration se situerait entre le XVIème et le XVIIIème siècle. Malgré ces hypothèses, il reste de nombreux doutes sur l'histoire de ces migrations, et à ce jour les nombreuses tentatives d'explications scientifiques n'ont pas été concluantes. L'histoire de ces migrations (ou conquêtes) est principalement orale, et les travaux de recherche sur l'histoire des Mongo avant l'arrivée des européens sont inachevés. Figure 3. La guerre des chiens et les Mongo de Basankusu : La tradition orale de l'histoire est très bien connue des Mongo. La grande guerre appelée guerre du chien selon les recherches de Bongango J., mais appelée guerre des chiens lors des recherches concernant ce travail. Du domaine du mythe et de l'histoire orale, cette guerre débuta ainsi :une jeune fille reçut de son défunt père un chien de chasse en héritage. Ce chien permettait à la famille de ne manquer de rien, et principalement de viande de chasse. Vint un jour où le mari tua le chien en l'absence de l'épouse. Le soir, le mari servit la viande préparée à son épouse, et celle-ci mangea le repas. Mais pendant ce repas, l'époux annonça que la viande était celle du chien de son père. L'épouse retourna dans sa famille, et c'est ainsi que commença la guerre qui divisa en deux groupes distincts la population. A partir de ce moment les Mongo se séparèrent des Ngombé, les Mongo Baseka Bongwlanga se sont installés dans la région de Basankusu. Les Ngombé sont actuellement eux aussi répartis dans la cuvette centrale de cette région de la RDC. Mais ils sont moins nombreux que les Mongo. Cette scission aurait eu lieu vers Kisangani, dans la province Orientale 58(*). La migration qui entraîna l'arrivée du peuple Mongo dans la région de Basankusu aurait traversé la rivière Lonkomo. Les descendants actuels datent cette migration au XVI ème siècle. Selon Bongango J. : « La majorité des Baseka Bongwalanga prétendent être originaires de la zone de Befale59(*)». La guerre des chiens serait à l'origine du peuplement dans le territoire de Basankusu par les Mongo proprement dit, appelé aussi Baseka Mundji. Au sein des Baseka Bongwalanga, on distingue deux groupes : les baseka Bonwgwalanga proprement dit et les Basek'efekele. Cette distinction est principalement faite par rapport aux chefferies. Ainsi, la chefferie de Bongilima (qui va nous intéresser par la suite) est dans le groupe des Basek'efekele. Figure 4 : L'organisation des Mongo de Basankusu source : Bongango J. (2008), Van Der Kerken G. (1944)
3. Une culture très liée à la nature. La culture des Mongo est très liée à la nature. Cela s'observe à différents niveaux comme la pratique religieuse. Auparavant, les cultes concernaient de manière forte des divinités secondaires (par rapport au Dieu Créateur). Cela concernait des forces dites telluriques (liées à des forces physiques comme la foudre, la pluie), des animaux (avec le totémisme), des mânes, etc. La pratique du totémisme ainsi que le culte des ancêtres (ancestrisme) semble avoir été les principaux cultes des Mongo avant la christianisation de la cuvette centrale de la RDC. Le totémisme peut être définit comme une relation étroite entre une communauté (le clan par exemple) et certains espèces vivantes. Un clan va, par exemple, avoir un totem comme le crocodile. Dans ce cas des interdits existent : on ne chasse pas l'animal, on lui dédit des cultes, des cérémonies. D'une manière générale, cela influence beaucoup le groupe, dans le mesure ou s'instaure une connexion avec le monde naturel. Pour Lévi-Strauss C., les groupes sociaux pratiquant ces relations avec le monde dit « naturel » (animaux, plantes, etc ) ont tissé de tels liens sociaux que la nature devient un guide : « une méthode de pensée ». Le totémisme est également une manière d'organiser la société en étroite relation avec la nature, comme le rappelleDescola P. quand il affirme que « dans un tel mode d'identification, les objets naturels ne constituent donc pas un système de signes autorisant des transpositions catégorielles, mais bien une collection de sujets avec lesquels les hommes tissent jour après jour des rapports sociaux 60(*)». Ces traits culturels sont autant d'éléments pour tisser également des liens étroits avec la terre. Cela s'observe principalement avec le rôle des ancêtres : « Les terres sont occupées au terme d'une alliance passée par le premier occupant avec les puissances de la terre et les esprits du lieu. (...). Le chef ou le maître de la terre est le garant du respect de l'alliance. Il est généralement le descendant du premier occupant. Il est chargé des des sacrifices nécessaires à l'obtention de l'accord et de la protection des possesseurs mythiques des lieux. C'est de cette médiation qu'il détient son autorité 61(*)». Voici un exemple pour illustrer le totémisme présent chez les Mongo, et en particulier chez les Baenga, qui sont des Mongo pratiquant essentiellement la pêche, répartis donc le long des ruisseaux, rivières et fleuves du bassin hydrographique du fleuve Congo. Certaines cérémonies importantes de la vie sociale de ces populations sont encore très marquées par le totémisme, et le culte des ancêtres. Ces cérémonies religieuses peuvent concerner par exemple : § La résolution d'un problème lié à la sorcellerie : comme l'« enlèvement » d'un enfant par un crocodile § La résolution d'un problème dit « climatique » : comme le manque de poisson § La mort d'un notable important du groupe, etc. Le manque de poisson est expliqué comme un problème avec les puissances naturelles. La cérémonie (Nkembi) a pour but de résoudre ce problème en se référant aux puissances totémiques. Dans ce cas, le notable le plus influent du groupe se rend en pirogue avec un enfant, un chien et une natte. Le lieu de la cérémonie n'est pas choisi au hasard, il peut s'agir d'un marécage, d'un cours d'eau précis. Le chien est offert en sacrifice, puis le notable se rend au port de son village sur une natte 62(*). Le crocodile est selon les dire, situé en-dessous de la natte, pour l'empêcher de couler. Dans ce cas, la cérémonie s'est déroulé comme prévu, c'est-à-dire qu'il y aura prochainement du poisson dans les nasses, et dans les filets des pêcheurs. En effet, l'observation de signes permet de déterminer si le problème va être résolu ou non. Ainsi, si la natte ne coule pas, on va interpréter qu'il n'y aura pas de sécheresse (période de capture du poisson), tandis que si elle coule, le signe est perçu comme négatif : il n'y aura pas de sécheresse, et donc peu de prises de poissons. Il faut ajouter que le crocodile est considéré comme l'animal le plus puissant concernant la pratique de la magie dans cette région. L'apport du christianisme lié à la présence de missionnaires dans l'actuelle Province de l'Equateur tend à réduire voire combattre ces pratiques qualifiées parfois de sorcellerie, avec tout ce que cela comporte de jugements négatifs. L'économie illustre également les relations fortes avec la nature. Les Mongo vivant intégralement de la forêt, cette dernière intervient dans toutes les activités, y compris l'agriculture. Ces activités sont, la chasse, la pêche, l'utilisation des ressources ligneuses, mais aussi non-ligneuses (les plantes médicinales ou alimentaires). Les relations avec la nature sont très fortes comme l'illustre les pratiques religieuses anciennes comme le totémisme, mais ces interactions entre les populations et leur milieu évoluent pourtant. Chapitre 2 Une société complexe et hiérarchisée Il y a un très grand nombre de tribus, de sous-tribus au sein de l'Ethnie Mongo. Une hiérarchisation à l'intérieur de ces populations permet, en plus de d'informer sur la structure sociale, et également sur l'histoire même des Mongo. Cette hiérarchisation reprend les travaux de Van Der Kerken (1944). Le terme tribu renvoie à des origines communes par rapport à un ancêtre dont sont originaires les membres du groupe. Observer cette organisation permet de mieux comprendre que l'utilisation du terme d'ethnie, pour regrouper ces différentes populations, peut être explicative dans la mesure où les liens de parenté traduisent également une pyramide des origines historiques et sociales. . 1. Les différenciations au sein de l'Ethnie Mongo. On distingue deux grands types de Mongo. Les Mongo au sens restreint et les Mongo au sens étendu. Les premiers sont considérés comme les Mongo « véritables », ou bien les « originaux ». Les seconds auraient a priori des liens de parenté peu évidents avec un quelconque ancêtre commun. En revanche, ils ont des similitudes culturelles, ou encore linguistiques. Il n'est pas simple d'affirmer le contraire de ces idées dans la mesure où peu de recherches ont eu lieu sur ce domaine. Figure 5. Cette classification de Van Der Kerken fait aussi des différenciations régionales. Les Mongo au sens restreint sont ainsi définis selon des régions. Il y a les Mongo du Nord, ou « Mongo proprement dit ». Ils sont Mundji ou Nsongo, Ntomba, Yamongo, ... Ils se trouveraient dans les territoire de Basankusu, Befale, et Bongandanga. Il y a ensuite les Mongo du centre, et enfin ceux du Sud. Il convient d'ajouter que les Mongo du Territoire de Basankusu se définissent eux mêmes comme les Mongo. C'est-à-dire que cela va dans le sens des observations et des recherches anciennes. 2. L'organisation sociale. Chez les Mongo la société est très hiérarchisée, et la succession est de type patrilinéaire 63(*). Cette filiation est marquée par le statut important de l'homme : « La transmission du nom, des biens et des droits s'opère entre père et fils, la résidence étant le plus souvent celle de la famille du mari64(*) ». Comme nous venons de le voir, les Mongo sont répartis en groupes (appelé « tribu » lors de la période coloniale ). Ensuite, chaque groupe est réparti dans des clans, puis dans des lignées. Un clan est défini comme un ensemble de personnes ayant des liens de parenté avec un ancêtre commun (extension de la famille nucléaire). Le clan n'est pas figé, et sa structure est sans cesse changeante. Ainsi, les mariages des enfants du clan étendent la taille du clan lui-même. En effet, lors d'un mariage, c'est très souvent la femme qui vient vivre sur les terres du clan (voire du lignage). La société Mongo suit l'organisation segmentaire de type patriarcal : un ancêtre commun est obligatoirement une personne de sexe masculin. Les lignées peuvent être de deux sortes. On parle de lignée primaire et de lignée secondaire. Cette différenciation est liée à la structure sociale et familiale. Les lignées primaires sont les enfants (masculin) né du père de la lignée, tandis que les lignées secondaires sont composés des petits-enfants du père de la lignée. Le père de la lignée est également appelé patriarche ou chef de lignée. Le chef de lignée est très fréquemment un homme âgé, mais pas obligatoirement, car c'est le descendant direct de l'ancêtre commun (le fils aîné par exemple). Il dispose d'un pouvoir social et juridique au sein du groupe. Cela signifie qu'il a un pouvoir sur les femmes et les enfants du clan. Un patriarche a une responsabilité forte, il est en quelque sorte de garant de l'harmonie et de la sauvegarde de la vie de son groupe (Hustaert G., 1990). Il est politiquement autonome dans cette gestion. Toutes les personnes âgées ne sont pas pour autant toutes des patriarches, et un patriarche peut être le chef d'une section de la lignée, lorsque cette dernière est très ramifiée (lignées secondaires, primaires,...). L'autorité juridique et politique du groupe est de type oligarchique. C'est-à-dire qu'elle se transmet par hérédité. Cette transmission du pouvoir est la même pour les guérisseurs (nkanga en lomongo), de père en fils, mais, contrairement à la fonction de patriarche où c'est une personne de sexe masculin qui forcément est investi, les guérisseurs peuvent être selon les cas des femmes. Le rôle de l'homme est très fort dans les sociétés patriarcales. Les fils ont donc une grande importance, mais il y a, là aussi, une hiérarchie. Le fils aîné est le fils le plus importante au sein de la famille et du lignage car c'est lui qui héritera du pouvoir, tandis que les frères du fils aînés sont parfois en retrait. Cette différence entre l'aîné et le cadet ou le puîné, s'observe pour le transmission du pouvoir, mais aussi dans les partages comme le souligne Mune P. : « Qu'ils [les ancêtres] partagent du poisson, de la viande, de la terre, des valeurs ou n'importe quoi, ils font toujours ainsi : ils donnent plus à l'aîné, moins au cadet 65(*)». Cette organisation de la famille est directement liée à l'organisation politique dans la mesure où la société et le droit se confondent. 3. L'organisation politique en zone rurale. Il existe en RDC une grande variété de types d'organisation selon chaque société. On trouve des sociétés matriarcales dans les Provinces de l'Est du pays par exemple. Différentes échelles interviennent comme le groupement (ou chefferie), le village (ou localité), le clan, et les lignées. Le groupement et le village sont liés à l'administration tandis que les clans et les lignages (des échelles plus locales) sont marqués par des modes de gestions plus traditionnelles. Figure 6 : Schéma de l'organisation du territoire de l'échelle régionale à l'échelon local. Source : entretiens dans la localité de Boondjé (2009) et De Saint Moulin L. & Kalombo Tshibanda J.-L. (2005) A. Les pouvoirs en relation avec l'Etat. Le groupement est un découpage administratif mais qui conserve dans certains cas des liens très forts avec les pratiques anciennes : la lignée régnante peut diriger une chefferie depuis longtemps (depuis la nomination par les belges du clan régnant). Le groupement est très souvent investi par un clan ayant une filiation avec l'ancêtre commun du groupement. A leur création (au XX ème siècle), les chefferies étaient établies sur des critères d'homogénéité ethnique. Ce n'est plus toujours le cas, comme pour le groupement de Bongilima où le pouvoir a beaucoup changé de clan (3 clans différents depuis l'arrivée des européens). Les mouvements de population devenus de plus en plus fréquents ont modifié cette homogénéité. Les règles concernant la gestion d'une chefferie ont été mises en place lors de la colonisation. Dans la gestion des clans et des lignées, le chef ne peut pas choisir lui-même son héritier. Les chefferies fonctionnent différemment. Le chef du groupement (ou la cheftaine car une femme peut être investie à ce poste, de manière peu courante, mais pas non plus de façon sporadique) transmet parfois le pouvoir par héritage en remettant le titre écrit de chef à une personne de son clan qu'il juge digne de ce poste (par exemple du côté maternel comme un neveu). Une règle existe concernant le clan régnant : le pouvoir ne peut rester plus d'une génération en possession d'une lignée, il est obligatoire que ce ne soit pas la même lignée au sein du clan, qui soit investie de la position de chef. Le clan investi de la chefferie n'est pas toujours bien perçu par les habitants dans la mesure où il peut y avoir des tensions entre l'Etat et les chefs coutumiers. Le village dispose aussi d'un chef : que l'on nomme le chef de localité. C'est une autorité d'Etat, dont le but est de faire l'intermédiaire entre l'Etat et les chefs de clans. Par exemple, il intervient lors d'une demande de terre. Ce pouvoir est transmis de manière héréditaire au sein de la lignée, et non du clan comme pour les chefferies. B. Du clan aux familles : une organisation marquée par la structure sociale des Mongo. Le clan se réfère à une organisation ancienne, mise en place bien avant l'arrivée des européens. Chaque clan dispose de ses terres qui sont ensuite réparties entre les lignées et entre les familles. Cette structure est très importante en zone rurale, voir prépondérante dans le mesure où la gestion des terres ne peut se faire selon l'accord du patriarche. Chaque clan dispose d'une organisation qui lui est propre. Dans ce sens, la chefferie et le chef de localité sont en relations étroites entre l'Etat et les chefs coutumiers. Le clan est le propriétaire des terres, et c'est sûrement l'acteur foncier le plus présent dans les zones rurales de la RDC. Comme il a été précisé précédemment, le clan est en constante évolution, principalement sa structure sociale. Ce phénomène a des conséquences fortes dans la mesure où la segmentation croissante (dans le temps) des lignages au sein du clan tend à réduire de plus en plus son autorité. De même, la mort d'un patriarche est souvent un moment où le clan peut se diviser entre les différents lignages qui le composent. Le lignage est la structure sociale située en dessous de la hiérarchie du clan. Plusieurs lignées forment donc un clan. Chaque lignage a un chef qui est le représentant de la famille et de l'autorité. Comme pour le clan, la transmission de ce pouvoir est régi par la coutume: l'héritier est celui qui a la plus proche parenté avec les anciens chefs : un fils (ou un neveu lorsque la lignée ne comporte pas de fils). La lignée de l'aîné de la famille dispose d'un pouvoir plus important que les lignées « inférieures » comme pourrait l'être la lignée d'un puîné.
Chapitre 3 La répartition des terres chez les populations Mongo « Si le père n'a pas abattu une forêt, les enfants n'auront pas une jachère. » « Celui qui ignore le clan de son grand-père est un esclave. » * 52 Van Der Kerken G. (1944). L'Ethnie Mongo Volume 1 Livre II. Bruxelles, page 782 * 53 Bongando J. (2008), L'organisation sociale chez les Mongo de Basankusu et sa transformation, Editions Publibook, 247 p. * 54 Ces données cités par Bongango se réfèrent à De Saint Moulin L., « Art :Essai d'Histoire de la Population du Zaïre», Zaïre-Afrique, n°217, septembre 1987, Kinshasa, p. 391-405. * 55 Source :World Population Prospects :the 2008 Revision Population Database, Internet : http://esa.un.org/unpp/p2k0data.asp * 56 Source : http://www.congolite.com/page5.htm * 57 Selon Bongando J., op cit, pp. 29-30 * 58 Selon les entretiens réalisés chez le patriarche du clan Bafaka ; Lingolo Isa'Isomba (localité de Boondjé, groupement Bongilima). * 59 Selon Bongando J., op cit, p. 39 * 60 Descola P. (2005). Par-delà nature et culture. Ed. Gallimard, Paris, p. 178. * 61 Bridier B. (1991). « La répartition des terres entre unités d'exploitation. Quelques classifications de la recherche-développement ». In, Le Bris E.., Le Roy E. & Mathieu P. (1991). L'appropriation de la terre en Afrique Noire. Manuel d'analyse, de décisions et de gestion foncières. Karthala, Paris, p.59 * 62 Le chien est pour les Mongo une des viandes les plus appréciées. Depuis longtemps, il est sacrifié du fait de sa valeur « culinaire » si on peut dire. Aussi bien pour les Baenga que les Mongo « des terres ». * 63 Hulstaert B. Les droits fonciers Mongo. Centre Aequatoria Bamanya, Mbandaka, p. 8 * 64 Roux J.-P., Etienne J., Bloess F., Noreck J.-P. (2004). Dictionnaire de Sociologie, Patrilinéaire. Hâtier, Paris, p. 193 * 65 Mune P. (1958). Le groupement de Petit-Ekonda. Bruxelles, p.44. |
PEUPLES ET GROUPES ETHNIQUES |
||||
|
Le Congo-Kinshasa compte plus de 400 ethnies qui sont réparties en plusieurs groupes :
- Les peuples bantous environ 80 % de la population dont les principales ethnies sont les Luba (18 %), les Mongo (17 %), les Kongo (12 %), les Lunda, les Tchokwé, les Tetela, les Hunde, les Nyanga les Tembo les Babembe. Bangala, les Bashi, les Rwandais hutus et tutsis; et les Nande.
- Les Soudanais : Ngbandi, Ngbaka, Mbanja, Moru-Mangbetu et Zande,
- Les Nilotiques : Alur, Lugbara et Logo.
- Les Chamites : Hima.
- Les Pygmées : Mbuti, Twa, Baka, Babinga.
MEMOIRE-ONLINE
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 1520 autres membres