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LES COMBATTANTS:FLEAU OU MAL NECESSAIRE?

Les "COMBATTANTS" - fléau ou mal nécessaire?
29-07-2013 

Selon que l'on se situe à l'intérieur ou à l'extérieur de l'échiquier politique congolais, les "combattants" ne laissent guère indifférent. On les appelle "Patriotes" ou "Résistants" et ils ont fait du départ de Joseph Kabila et de la fin de son régime un préalable et leur "fond de commerce".

Leur activisme forcené est l'expression légitime d'un ras-le-bol généralisé face à l'impotence d'un régime politique, la mal gouvernance et l'abandon outrancier de la souveraineté nationale à des pays voisins motivés par des visées expansionnistes.

Présentés comme violents, ils ont réussi à traumatiser une classe politique congolaise jugée inconséquente, velléitaire et corrompue, et c'est là que paradoxalement les "Combattants" ont marqué les esprits en bousculant les certitudes de ceux qu'ils appellent affectueusement "collabos".

En multipliant les actes d'intimidations et en s'attaquant physiquement aux "représentants du pouvoir en place" de passage à Paris, Londres, Bruxelles, Montréal, Johannesburg ou ailleurs, les "Combattants" ont ainsi alimenté leur propre légende tout en brouillant leur propre image.

Parmi leurs victimes expiatoires figurent en bonne place plusieurs Ministres, un Président du Sénat, des artistes musiciens jugés trop "consensuels" ou encore d'obscurs "missi dominici" qui ont commis la fatale erreur de les croiser.

Ceux qui leur sont favorables louent volontiers leur "courage", leur "panache" et leur "détermination" à mener des actions spectaculaires contre les symboles du "système Kabila". Ces "actes de bravoure" bénéficient d'une large couverture médiatique au sein d'une diaspora congolaise réputée globalement hostile au régime pour cause d'exclusion du processus électoral.

A cet égard, il convient de relever la persistance d'un débat récurrent sur la mise à l'écart ou l'intégration de la diaspora dans un système politique qui la regarde en chien de faïence.

Les "Combattants" se sont réapproprié un débat politique qu'ils jugent inutile tant que la menace Kabila n'aura pas été éradiquée. Cette rhétorique est à la fois un atout et une faiblesse.

Atout car ils fédèrent tous les mécontents insatisfaits de la manière dont la RDC est gouvernée et livrée en pâture à l'appétit vorace des fossoyeurs de la République.

Faiblesse car les "Combattants" peinent à sortir des slogans creux et de la violence qui caractérise les plus radicaux d'entre eux. Force de "dénonciation" plutôt que de "proposition" car leur manque évident de "structuration" est leur principal talon d'achille.

Les détracteurs de la mouvance combattante estiment que nul n'a le monopole du patriotisme et de l'amour du Congo. Nul ne peut donc se prévaloir de se soucier davantage du sort de nos compatriotes ou encore de décerner des certificats de "patriotisme" à qui bon lui semble.

De même qu'il est quelque peu hasardeux d'emprunter au vocabulaire de la France occupée, un terme "collabo" qui ne reflète absolument pas une réalité que les "Combattants" s'emploient à vouloir imposer faute d'arguments.

Parmi les autres griefs qui leur sont opposés figurent en bonne place l'absence de stratégie à moyen terme et le manque de cohérence dans les actions qui sont menées. En privilégiant l'immédiateté au détriment d'un travail de fond et de réflexion, les "Combattants" prennent le risque de perdre de vue l'essentiel, à savoir la prise en compte rationnelle de la réalité car trop aveuglés par l'éclat, réel ou supposé, de leurs propres actions.

Loin d'être un fléau, les "Combattants" congolais de l'extérieur sont devenus, au fil des années, le moyen de pression le plus efficace contre le régime kabiliste et le relais de toutes les frustrations au sein des opinions publiques des pays d'accueil.

Un mal nécessaire assurément, faute de courage politique et d'initiatives fortes de la part de ceux qui se plaisent à critiquer le régime derrière leur ordinateur et dans le confort douillet de leur foyer.

Les "Combattants" mouillent la chemise en étant au four et au moulin. Ils ont le mérite de faire bouger les lignes en secouant le cocotier mais ils n'ont pas un "leader charismatique" et manquent cruellement de repères et de vision prospective pour devenir un puissant lobby digne de ce nom.

L'intolérance à l'égard des idées autres que les leurs, ainsi que l'ostracisme qui semble les caractériser, ne contribuent pas à les faire respecter dans d'autres milieux utilisant des méthodes jugées "plus conventionnelles" pour se faire entendre.

D'aucuns estiment, enfin, que la lutte armée serait le débouché naturel pour une nébuleuse qui ne rêve que d'une chose: en découdre avec le régime en place… en prenant bien soin de ne pas prêter le flanc à la critique ni à alimenter les plus vils soupçons qui seraient de nature à "relativiser" la portée réelle de l'engagement de certains de ses membres.

Henri Désiré N'ZOUZI
Directeur

MBOTE.INFO