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COMMENT CONCILIER TRADITION AFRICAINE ET MODERNITE?

Comment concilier tradition africaine et modernité ?

 

Comment concilier tradition africaine et modernité ?

 

Certains auteurs de romans de fiction, d’autres écrivains sur commande, des politiciens marionnettes, des intellectuels irresponsables et naïfs, des observateurs téléguidés s’arrogent le droit de juger et de jeter l’opprobre sur la tradition noire africaine. Les récits ou faits qu’ils évoquent ne sont pas liés à la tradition contrairement à ce qu’ils essaient de démontrer.

Parmi ces situations et faits pour lesquels la tradition est souvent prise pour prétexte il y a ceux liés à la souffrance des enfants non désirés. Il y a le cas des enfants et personnes victimes de violences, d’abus physiques et psychologiques. Il y a le mariage forcé qui, rappelons-le, ne fait pas partie de la tradition noire africaine dépolluée comme nous le verrons plus loin. On peut y rajouter le cas de la pédophilie des temps modernes. Il y a enfin beaucoup de malheurs pour lesquels la tradition est assignée comme argument.

 

Dans ces différentes histoires, romanesques ou prétendues réelles, on observe que l’action ne se déroule pas uniquement sur le continent africain, mais partout où les victimes ont demeuré : en Europe, en Asie, en Amérique ou en Afrique par exemple. Certaines de ces victimes semblent même parfois être poursuivies par une sorte de faits à répétition ou de paranoïa. La tradition noire, contrairement à ces attendus, sert justement à éviter les dérapages, à réduire ces exceptions et à empêcher les contorsions faites à une codification établie pour le bien-être de tous.

 

C’est cette codification qui constitue la tradition noire sous-tendue par la Maat. Cette tradition a maintenu les peuples noirs dans une civilisation la plus riche qui a duré le plus longtemps au monde, depuis celle des peuples noirs de Sud-Nubie qui ont remonté jusqu’au delta du Nil pour y ancrer la fabuleuse civilisation des pharaons. Cette tradition fut aussi celle des sociétés noires qui ont peuplé les diverses contrées africaines et qui ont rayonné durant des milliers d’années avant Jésus Christ. La tradition aura continué à briller jusqu’au 16ème siècle à l’arrivée des « exterminateurs ».

 

Malgré diverses péripéties et ingurgitations, elle reste encore aujourd’hui le cœur des peuples noirs et demeure, d’une manière ou d’une autre, l’âme des peuples du monde.

Pour répondre à la question « comment concilier tradition et modernité » que certains nous ont souvent posée, il nous faut d’abord définir la tradition et la modernité, ensuite analyser quelques uns des éléments que constitue chacun de ces thèmes.

La tradition africaine

La tradition d’un peuple c’est sa façon de se comporter, sa façon de s’organiser. Le chercheur Doumbi Fakoli a édifié les plus incrédules en traitant de façon magistrale la question de la tradition dans son ouvrage : «  L’origine négro-africaine des religions dites révélées éd. Menaibuc, p. 10/11  » il écrit :

 

« ...La tradition résumait et continue de résumer l’ensemble des comportements et attitudes par lesquels chaque peuple honore dieu et ses ancêtres méritants, affirme son existence dans la paix et l’harmonie, et préserve son environnement... Plus ancienne que la religion et la civilisation -autre terme récent- la tradition englobe la première et se confond avec la seconde... Derrière sa religion et sa civilisation, chaque peuple pratique sa tradition et sa tradition seulement... La tradition est à la fois l’âme et l’esprit d’un peuple pour qui elle définit la même vision du monde et élabore les mêmes comportements et les mêmes attitudes face à la totalité de la vie... Elle est l’élément de cohésion indispensable à l’existence d’un peuple en tant que membre à part entière de la grande famille humaine. Elle différencie ce peuple de ses semblables, mais rend cette différence complémentaire de l’ensemble des différences des autres composantes de l’humanité pour faire la richesse du Sentir et de l’Agir de la grande famille humaine ».

 

Puisque la tradition c’est la civilisation d’un peuple, nous traitons ici de la tradition africaine noire en tant que -entité globale- unique. Cette tradition ou cette culture est composée de différents éléments qui permettent de gérer toute l’organisation sociale.

 

A titre d’exemple la circoncision est un élément de la tradition noire. Les mathématiques, l’écriture, la philosophie, la musique, sont d’autres éléments de la tradition noire.


Beaucoup confondent certains de ces éléments qui composent la tradition à la tradition elle-même. C’est le cas de ceux qui dénoncent, militent ou demandent qu’on jette la tradition dans l’oubli aux fins de se conformer à la modernité, à l’uniformisation. L’ignorance ou l’irresponsabilité de ces personnes sont encouragées et répercutées par des personnalités, par certains médias et par les préposés à la dénonciation, à la calomnie, à la désignation et à la déstabilisation de la tradition donc de la culture, de la civilisation noire africaine. Par ces campagnes de déstructurations une partie de la jeunesse africaine, ignorante, vit dans une situation ambiguë. Déracinée, elle n’arrive plus à composer avec sa culture donc avec sa tradition dénigrée.

 

De même cette jeunesse africaine troublée se perd et s’adapte difficilement à cette vie dite « moderne » dans la mesure où elle ne sait plus distinguer la vérité du mensonge à force d’être manipulée.

 

Nous ne croyons pas qu’il faille garder tous les éléments de la culture européenne, asiatique ou africaine qui composent leur tradition. Mais nous ne concevons pas non plus qu’il faille immoler sur l’autel du modernisme tous les aspects de la tradition africaine, asiatique ou européenne. Cependant il est du devoir des africains de trier et de déterminer les vrais éléments des faux, des intrus, des emprunts.

Le modernisme

Nous avons aptitude à croire que la modernité serait copier l’Occident ou se confondre avec sa manière d’être et de penser. Cette intégration/assimilation demandée aux africains n’est alors autre chose que désagrégation, aliénation et effacement de soi. La société dite « moderne » a également tendance à piétiner les valeurs morales fondamentales pour jeter son dévolu sur les biens matériels : ce comportement social est confondu avec le modernisme. D’autres diront que la modernité serait une évolution vers une globalisation, vers un brassage où, cependant, les plus puissants décident pour tous et surtout pour protéger leurs intérêts car « on ne mondialise pas innocemment » comme le disait le Professeur Joseph Ki-Zerbo (Joseph Ki-Zerbo Identités, identité pour l’Afrique, film de Dani Kouyaté). La modernité est ainsi confondue avec l’uniformisation et l’universalisme occidental conquérant. La modernité que nous appelons est essentiellement le savoir-vivre ensemble dans le respect et l’exactitude. C’est pour cela que la modernité devrait se reposer sur la possibilité d’échanger sans pour autant s’anéantir et se dépouiller de ce qu’on est et de ce qu’on a. Etre moderne c’est encore contribuer, par son histoire, par ses richesses originales propres et par celles de ses ancêtres, à l’évolution du monde en mouvements.

Le cas spécifique des africains

Pour faire une comparaison rationnelle dans ce brassage quasi systématique, il est nécessaire d’examiner les composants de cette mixtion. A cet effet il demeure un devoir de distinguer les réalités historiques de certaines sociétés qui composent ce méli-mélo et ce marché global notamment celles des peuples africains puisque notre propos concerne essentiellement la tradition noire et négro-africaine.


A cet égard il s’avère primordial de souligner que c’est sur le continent africain qu’il s’est produit la disposition naturelle de l’évolution humaine puisque la femme et l’homme sont nés en Afrique qui est le berceau de l’humanité toute entière.

 

Les premiers humains sont sortis du continent africain pour se répandre partout sur la terre.

Ces humains, partis de l’Afrique, et après des milliers d’années de séjour sur d’autres continents, vont se différencier plus ou moins morphologiquement par adaptation naturelle au climat et au nouvel environnement où ils vivent désormais.

 

Par la suite les descendants de ces peuples, vivant dorénavant dans des milieux hostiles hors du continent, vont repartir vers le lieu d’origine de leurs ancêtres. Ils vont retourner en Afrique-mère pour s’abreuver de ses richesses spirituelles, culturelles, sociales et matérielles, donc de sa tradition. Cela fut le cas singulier des indo-européens et surtout des anciens grecs fondateurs de la civilisation dite « occidentale » dont sont issues les cultures européennes d’aujourd’hui. Les ancêtres grecs des civilisations occidentales sont allés se faire informer, former et initier aux connaissances, au savoir-vivre et au savoir-faire de l’Egypte-africaine. Parmi ces fondateurs du faux « miracle grec » on peut citer Hérodote, Aristote, Pythagore, Thalès, Platon, etc qui ont tous puisé leur savoir en Afrique mère auprès des scribes, prêtres et savants qui les ont formés et inspirés durant des dizaines d’années. Ces grecs eux-mêmes ont témoigné de cela. Ils l’ont écrit. Les anciens égyptiens aussi. D’autres chercheurs l’ont prouvé. Les savants Cheikh Anta Diop et Théophile Obenga l’ont confirmé.

 

Certains de ces « primo apprenants », à la fin de leurs formations et de retour dans leur pays, vont commencer à parler de ce qu’on leur a appris. Quelques uns furent contestés et rejetés par leurs propres concitoyens. Quelques autres finirent leur vie ivrognes et abandonnés. Certains sont assassinés. Tandis que d’autres créeront des groupes de rencontres pour propager l’enseignement qu’ils ont reçu lors de leur séjour en Egypte africaine. C’est ce riche enseignement reçu, en philosophie, en mathématiques, en sciences, dans le domaine artistique et social, qui a fait la force des occidentaux inventeurs, écrivains, artistes, peintres, architectes, etc. Les théorèmes qu’on leur attribue ne sont des inventions ni de Thalès, ni de Pythagore, ni d’Archimède et consorts. Ils n’auront donc rien inventé. Cheikh Anta Diop a bien démontré cela dans « Civilisation ou barbarie, éd. Présence Africaine ».

 

Bien plus tard, l’Afrique et les Africains seront mis à genoux par le massacre de l’esclavage arabo-musulman et de la traite négrière. Les Etats occidentaux et américains vont s’organiser en groupes bien structurés (différentes compagnies), en système bien étudié renforcé par des lois et règlements nationaux et internationaux (codes noirs), sous l’autorisation et la bénédiction de l’Eglise (Bulle papale), avec pour objectif de capturer les noirs par tous les moyens, ensuite les vendre ou s’en servir à son aise.

 

Les méfaits de l’esclavage pratiqué dès le 10ème siècle par les commerçants et « islamisants » arabes, les ravages des négriers occidentaux et américains qui vont pratiquer la chasse aux noirs à partir du 14ème siècle jusqu’au 19ème sont les principales causes de la destruction de l’Afrique, de ses habitants noirs et de leurs sociétés, de leurs cultures et finalement de leur tradition. En effet cela fera bien plus de 500 ans de barbaries, d’exterminations perpétrées sur les peuples africains nègres.

 

Mais ces catastrophes dont sont victimes le continent et ses habitants noirs ne s’arrêteront pas. Il faudra en effet compter avec les dévastations de la colonisation. Il faut également y rajouter l’exploitation et le pillage qui ont suivi les dépendances appelées ironiquement « indépendances », ces véritables assujettissements qui continuent jusqu’à ce jour. L’ensemble de ces monstruosités ont fait que les africains semblent bien être sur les rotules aujourd’hui, saccagés, dépouillés socialement, physiquement, moralement, intellectuellement, psychologiquement, matériellement, spirituellement !

 

C’est un droit et un devoir de rappeler ces faits puisque c’est la réalité. Ce sont des faits qui ont existé, des faits historiques et l’histoire ne peut pas être dissimulée, elle ne doit pas être volée. C’est un devoir de dénoncer avec la plus grande force ces actes de barbarie car c’est bien sur ces fondements dramatiques que le reste de l’édifice à savoir le brassage auquel nous sommes tous obligés de faire face aujourd’hui, c’est-à-dire la modernité que nous appelons, va être construite.

Par ailleurs une rectification s’impose quant aux calomnies et mensonges déversées par les plus vils sur les populations africaines assignées abondantes. En effet la masse des occidentaux ignorants, des politiques marionnettes, des pseudo-intellectuels ont tendance à prendre l’Afrique pour un pauvre village perdu dans la forêt avec toutes les misères qui l’habiteraient. Pourtant la superficie de ce continent avec une étendue de plus de 30 millions de km2, englobe les surfaces réunies des USA, des pays de l’Union européenne, de la Chine, de l’Inde, de l’Argentine et du Mexique ! Il est totalement insensé de pointer du doigt la tradition pour le cas des familles africaines supposées nombreuses.

 

 L’Afriqueaujourd’hui est en effet un continent sous-peuplé par rapport à son espace et à ses potentialités.

 

Une autre réalité sur laquelle peuvent s’accorder les plus honnêtes est que l’Afrique demeure le coffre-fort de l’humanité. Le sous-sol africain regorge de toutes les richesses dont le reste de l’humanité a besoin, et que ce reste de l’humanité suce à satiété sans vergogne. C’est pour s’accaparer de ces richesses que ceux qui décident et qui profitent de l’exploitation de l’Afrique sont prêts à tout, et essaieront toutes les stratégies pour en exterminer les habitants et prendre leurs places sur les sols africains. L’occident aujourd’hui endetté, à bout de souffle, a amorcé sa décroissance. Attention danger !

 

On sait, que si l’Afrique pouvait profiter de ses richesses si abondantes, elle pourrait accueillir et nourrir sa population et sa diaspora alors même que ce sont des intervenants extérieurs qui viennent s’abreuver de ses ressources et tarir ses sources ! Voilà des réalités qui doivent être martelées dans toutes les consciences occidentales, africaines et d’ailleurs.

L’Afrique, ce grand continent avec les peuples noirs qui l’habitent sont les seuls au monde à avoir subi autant de destructions et de déstructurations.

Aussi, avec de tels drames réels, on reste étonné, magnifiquement, devant le fait que les restants résistants noirs africains et afro descendants tiennent encore le coup aujourd’hui !

 

 On est absolument émerveillé de constater que les descendants de ces résistants restants ont compté et comptent toujours parmi les plus grands inventeurs, savants, chercheurs, artistes et intellectuels !


Cette résistance tient sans nul doute de la grandeur, de la qualité, de la solidité de la vraie tradition noire. Elle découle de l’organisation sociale hautement puissante mise en place.


Tenant compte de ces contextes historiques, géographiques et les problématiques qui en découlent, comment arriver maintenant à concilier modernité avec cette culture si résistante, cette forte tradition ? La réponse à cette question est le défi lancé aux anciens, aux moins anciens, à la jeunesse noire africaine et afro descendante.

 

Beaucoup ont répondu à cette interrogation, parmi lesquels le chercheur Doumbi Fakoli dans son ouvrage « Complot contre la jeunesse africaine » aux éd. Menaibuc, le Professeur Théophile Obenga dans « Appel à la jeunesse africaine » aux éd. Ccina Communications.

Pour notre part, nous tentons d’analyser brièvement ici quelques préceptes qui contribuent au renforcement de la réponse à ce questionnement. Il s’agit d’éléments faisant partie de la tradition noire africaine et qui concernent :


- Les noms/prénoms

- L’adoption

- L’éducation

- La langue

- La religion

- La tradition et la femme

- L’excision.

 

 

Source:Africamaat



02/09/2012
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