Les propos triomphalistes qui viennent de Kinshasa donnent du gouvernement congolais l’image d’un malade agonisant qu’on précipite dans la salle d’urgence de l’hôpital le plus proche. Le malade à l’agonie abandonne le choix de l’hôpital à ses secouristes et son traitement médical au médecin de garde, car il n’a pas le choix d’exiger ce qu’il veut.
Cet état d’agonie est de toute évidence ce que l’ennemi de la R.D. Congo a toujours cherché depuis 13 ans sans y parvenir. Aujourd’hui, l’ennemi semble avoir trouvé finalement la faille.
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Cependant, si le gouvernement congolais est agonisant, le peuple congolais ne s’avoue pas vaincu en dépit du Génocide de six millions des congolais, des viols et mutilations sexuels des femmes, des incendies des maisons, etc.
Le problème qui s’est ajouté à l’occupation de la R.D.Congo est la rupture entre le gouvernement et le peuple congolais depuis l’affaire Vital Kamerhe. Les exemples de cette rupture sont nombreux ! On voit en effet une cacophonie entre les déclarations du gouvernement sur la situation du pays et le vécu des congolais sur terrain. L’exemple le plus criant de cette cacophonie c’est la fin de la guerre à l’Est de la R.D. Congo !
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L’origine de cette rupture consommée est le pacte secret conclu entre l’ennemi et le gouvernement congolais à l’insu du peuple congolais et de ses représentants. Les députés du Nord-Kivu et du Sud-Kivu l’ont dénoncé plus d’une fois par leurs memos au gouvernement, des memos qui sont restés lettres mortes.
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Depuis lors, le gouvernement congolais voit la victoire là où le peuple congolais voit l’échec. La où il voit la fin de la guerre, le peuple congolais voit la poursuite de la guerre avec plus d’intensité qu’avant. Qui de deux voit mieux que l’autre ? That’s the question.
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Certains observateurs voient dans cette rupture le début d’une dérive dictatoriale en R.D. Congo. Pour asseoir une dictature, les dictateurs ont toujours recouru à des forces étrangères pour échapper aux lois et négociations onéreuses de la démocratie.
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C’est ainsi que la coopération militaire RDC-USA est aussi perçue par plusieurs congolais comme une béquille à la dictature naissante en R.D.Congo, en plus de son soutien appui à la balkanisation de la R.D.Congo.
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Le Gouvernement congolais doit assimiler la leçon du triste exemple de la coopération Iraq-USA qui s’est soldée par un Iraq plus détruit que pendant le régime de Saddam Hussein avec les terroristes qu’ils prétendaient poursuivre toujours en cavale dans les montagnes afghanes. Après six ans de coopération militaire, les iraquiens sont appelés aujourd’hui après le départ des GI américains à reprendre à zéro le processus démocratique.
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La méfiance vis-à-vis de l’Africom en R.D.Congo s’explique par le fait que les USA qui n’ont jamais coupé leurs relations diplomatiques avec la R.D.Congo et qui ont un consulat au front du Nord-Kivu, n’ont jamais montré un seul signe dans un passé récent qu’ils sont du côté de la R.D.Congo. Au contraire, le consulat de Goma est devenu un laboratoire d’intrigues pour parachever la balkanisation de la R.D.Congo au profit du Rwanda et de l’Ouganda. La dernière intrigue est sans aucun doute l’arrestation du renégat Laurent Nkunda, le pilier de l’occupation de l’Est du Congo par une victoire militaire du Rwanda et de l’Ouganda.
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Comme un malade agonisant, Kinshasa avait encore vu dans cette arrestation la fin de la guerre, fermant les yeux sur le fait que Nkunda était remplacé non par un militaire congolais mais par un autre rebelle de nationalité rwandaise, à savoir, Bosco Tanganda. Et sur terrain, les massacres des congolais se poursuivaient avec plus d’intensité.
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Quand la milice de Nkunda annonce sa transformation en parti politique avec comme président national un autre citoyen rwandais Désiré Kamanzi, Kinshasa de nouveau parla de signal fort. Mais sur terrain, la guerre faisait plus des victimes que dans le passé, des villages entiers étaient réduits en cendres et cela jusqu’aujourd’hui. Les auteurs de ces incendies des maisons et razzias nocturnes n’étant que des anciens du CNDP gratifiés par Kinshasa en les intégrant sans condition dans l’armée nationale et en les affectant dans la région qu’ils cherchaient à conquérir par les armes. Ainsi, l’armée du CNDP devenu parti politique n’est déployée qu’au Nord-Kivu, au Sud-Kivu, et dans la Province Orientale. Un privilège qu’aucun autre parti politique congolais ne possède.
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Avec cet état des choses sur terrain, Kinshasa trouve toujours en l’arrivée de l’africom un autre signal fort, une victoire de sa diplomatie de choc.
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Ailleurs, un des thuriféraires de l’ennemi de la R.D.Congo comme Colette Braeckaman brûle les étapes et va jusqu'à dire que « les Kivutiens ne parlent plus que de l’Africom, le Commandement militaire pour l’Afrique ». De quels Kivutiens parle-t-elle ? Si elle parlait des medias de Kinshasa ou du gouvernement congolais, d’accord. Le lapsus de Colette Braeckman révèle que l’ennemi souhaite de tous ses vœux voir les Kivutiens se jeter aveuglement dans les bras de leurs bourreaux.
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Un jour avant Colette Braeckman, le Ministre des Affaires Etrangères de la R.D. Congo, Mr Thambwe Mwamba, avait déclaré en Afrique du Sud ce qui suit : « Le Rwanda ne constitue plus une menace pour la R.D.Congo ».
Evidemment on peut dire que le Rwanda peut ne plus constituer une menace pour le Gouvernement congolais dont fait partie Thambwe Mwamba depuis leur pacte signé en dehors du parlement et qui a coûté le perchoir de l’Assemblée Nationale à Vital Kamerhe.
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Pour le peuple congolais, et surtout pour les Kivutiens dont parle Colette Braeckman, le Rwanda constitue toujours une menace pour la R.D. Congo. Au nom des accords secrets conclus entre Kinshasa et le Rwanda et par association, on peut dire qu’aujourd’hui que le gouvernement de Thambwe Mwamba constitue une menace pour la R.D.Congo et pour le peuple congolais dans ses aspirations profondes. Ainsi, plusieurs actes posés par le gouvernement de Thambwe Mwamba sans l’aval des élus du peuple congolais sont perçus comme une menace de la souveraineté de la R.D. Congo. Un de ces actes est bel et bien l’accueil de l’Africom sur le sol congolais, pendant que tous les pays d’Afrique et plusieurs pays d’Amérique Latine trouvent dans les bases militaires américaines du genre Africom comme des vecteurs déstabilisateurs pour les jeunes démocraties qui voient leurs armées nationales mises sous tutelle.
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L’africom est un outil de politique américaine en Afrique. Partant du fait qu’on attribue aux USA la paternité de l’agression en vue de la balkanisation de la R.D. Congo, la suspicion de l’africom ne peut que s’accroître.
Si jusqu'à présent les USA se cachaient derrière des rebelles rwandais, les accords militaires avec la R.D.Congo est tout ce que les USA pouvaient souhaiter pour mettre fin à sa clandestinité en R.D. Congo et implanter sa base militaire dans la partie qu’elle a toujours convoitée pour ses ressources du sol et du sous-sol.
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Depuis janvier 2009, l’Est de la R.D.Congo est contrôlée entièrement par des officiers militaires rwandais et des troupes issues du CNDP de Laurent Nkunda, bénéficiant de la formation et de l’appui logistique des USA. C’est d’ailleurs ce fait qui explique que le Rwanda n’est plus en guerre contre Kinshasa, la guerre qu’il menait en R.D. Congo ayant pris fin avec l’obtention de ce qu’il voulait, à savoir, le contrôle militaire de la partie orientale de la R.D.Congo. Ainsi, on peut dire sans se tromper que, les Fardc qui vont bénéficier de la formation et de l’équipement sophistiqué de l’africom, sont ceux qui s’appellent aujourd’hui « CNDP/Fardc » et dont l’arrogance et le chant de victoire sur les congolais se fait entendre au Nord-Kivu.
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Le refus de Kinshasa d’accéder à la demande des députés de Beni-Lubero en rapport avec l’affectation des troupes issues du CNDP en dehors du Kivu, le fait de laisser tous les postes de commandement militaire de l’Est de la R.D.Congo entre les mains de ceux-là mêmes qui continuent la guerre après la déclaration de la fin de la guerre, démontre que Kinshasa, comme un malade agonisant, n’avait pas le choix et a négocié africom en position de faiblesse ou alors de complice.
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La conclusion de l’accord militaire RDC-USA en dehors du parlement au point que les congolais et leurs élus n’en connaissent pas les tenants et les aboutissants, est un signe que cet accord présenté comme un signal fort, peut réserver des surprises désagréables aux congolais.
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Ce manque d’association des élus du peuple et des communautés locales à la pacification de la R.D.Congo démontre qu’on n’est pas encore sorti du schéma suivi par l’ennemi depuis l’accord de Lusaka jusqu'à nos jours, à savoir l’imposition de la solution d’en haut sans consultation de la base ou en dépit de la volonté de la base. Ce qui passe en premier lieu, c’est l’intérêt du médiateur de la paix. Toutes les initiatives de la base ne sont pas prises en considération ni appuyées. Au lieu, par exemple, de former et d’équiper l’armée congolaise, les médiateurs de la paix au Congo préfèrent les soldats de la MONUC recrutés dans des pays lointains. Les propositions d’alliance militaire venant de la R.D. Congo sont refusées. Avec l’arrivée de l’africom la question que les congolais se posent est de savoir s’il s’occupera seulement de la formation des CNDP/Fardc, LRA/Fardc,
Adf/Nalu/Fardc, ou des Fardc authentiques !
Let us wait and see !
De notre humble avis, la route que la R.D.Congo voudrait emprunter avec Africom semble pour le moment être plus pleine d’embuches que d’autre chose.
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