Dans chacun des 28 pays, aucun résultat officiel ne doit théoriquement être publié avant 23 heures, heure de fermeture des bureaux en Italie. Mais des estimations sont déjà disponibles. Elles confirment une poussée des populistes souverainistes et d'extrême-droite et, dans une moindre mesure, de l'extrême-gauche. La droite populaire (PPE) perd 63 sièges mais demeure majoritaire. Le candidat des conservateurs européens pour la présidence de la Commission européenne, le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, a d'ailleurs revendiqué la victoire de son camp.
EN ALLEMAGNE, LA CDU EN TÊTE
Les conservateurs (CDU/CSU) de la chancelière Angela Merkel sont en tête, avec 36% des voix (contre 37,9% en 2009), devant le SPD à 27,5%, contre 20,8% en 2009. Le nouveau parti anti-euro AFD, créé au printemps 2013, réalise un score de 6,5% qui lui permettrait de faire son entrée au parlement européen, d’après de premiers chiffres diffusés par les télévisions publiques allemandes.
Les Verts, en baisse d’environ un point, arrivent en troisième position, à 10,5 ou 11% des voix, juste devant la gauche radicale Die Linke, qui enregistre une poussée notable à 7,5% ou 8%, contre 6,1% en 2009.
EN GRÈCE, LÉGÈRE AVANCE DE SYRIZA
Syriza et Aube dorée gagnent tous deux des points. C’est le parti de la gauche radicale Syriza qui arrive en tête, devançant Nouvelle-Démocratie (droite, au pouvoir), tandis que le parti d’inspiration néonazie Aube dorée enregistrait une percée, selon un sondage sortie des urnes.
Dirigé par Alexis Tsipras, Syriza, qui a bâti sa campagne électorale sur la dénonciation des mesures de rigueur liées à la crise, obtiendrait entre 26% et 28% des voix et Nouvelle-Démocratie entre 23% et 25%, selon ce sondage réalisé par six instituts et diffusé sur les télés une heure et demie après la fermeture des bureaux de vote.
En troisième position arrive le parti néonazi Aube dorée avec un score compris entre 9% et 10%, ce qui pourrait lui donner au moins deux députés européen sur 21 élus grecs, une première pour ce parti qui a prospéré sur la crise et avait atteint 0,46% en 2009. En juin 2012 lors des dernières législatives, ce parti avait obtenu 18 députés au Parlement grec, avec un score de 6,9%.
EN AUTRICHE, POUSSÉE DE L’EXTRÊME DROITE
Le parti de centre-droit ÖVP mène mais le FPÖ, qui espère constituer un groupe commun avec notamment le Front national français dans le prochain Parlement européen, est troisième du scrutin avec 20,5% des suffrages, contre 12,7% en 2009.
Les chrétiens-démocrates ÖVP sont en tête avec 27,3% des suffrages (2,7% de moins qu’en 2009), devant les sociaux-démocrates du SPÖ, qui atteignent 24,2% (+0,5%), selon les résultats définitifs compilés par l’agence de presse APA. Le SPÖ et l’ÖVP gouvernent ensemble l’Autriche dans une coalition dominée par le SPÖ.
L’ÖVP devrait pourvoir 5 ou 6 des 18 sièges de députés européens attribués à l’Autriche. Le SPÖ aurait 5 sièges, le FPÖ 4. Les Verts progressent de plus de 4 points par rapport à 2009 pour obtenir 14% des voix et 2 ou 3 sièges. Le parti libéral NEOS (8,5%) obtient un siège.
AU ROYAUME-UNI, L’UKIP BIEN PARTIE
L’Ukip europhobe britannique semble en passe de réaliser un score historique, si l’on en juge par ses résultats aux élections locales qui se déroulaient également jeudi.
AUX PAYS-BAS, REVERS DES POPULISTES
Dès jeudi, jour de vote aux Pays-Bas, un sondage réalisé à la sortie des bureaux de vote a fait état d’un score décevant pour le parti du populiste de Geert Wilders. Le PVV n’est crédité que de 12,2% des voix, contre 17% cinq ans plus tôt, qui se traduisent par trois sièges au Parlement, contre cinq en 2009. Les centristes (15,6%) et les chrétiens-démocrates (15,2%), crédités de quatre sièges chacun, termineraient en tête du scrutin.
EN SLOVÉNIE, COUP DUR POUR LES SOCIAUX-DÉMOCRATES
En Slovénie, le Parti démocrate slovène, de centre droit, est arrivé en tête des élections avec 24,6% des votes. Il devance les conservateurs du Nsi/SLS (15,2%) et le parti d’Igor Soltes, «J’y crois» (10,6%). La gauche des sociaux-démocrates termine en queue de ces élections avec seulement 7,9% des suffrages exprimés.
LA ROUMANIE RESTE AU CENTRE GAUCHE
L’alliance de centre gauche dirigée par les sociaux-démocrates au pouvoir arrive très largement en tête avec environ 41% des voix, selon deux sondages sortie des urnes. La Roumanie, pays où l’Union européenne jouit d’un fort taux de confiance, envoie 32 élus au Parlement européen.
Les libéraux (PNL, opposition de centre droit) arrivent en deuxième position, avec environ 14% des voix, selon ces sondages réalisés par les instituts CURS et IRES. Ils sont suivis par les démocrates-libéraux (PDL, opposition), formation dont est issu le président de centre droit Traian Basescu mais récemment désavouée par ce dernier (environ 12% des voix), et par le Mouvement populaire (PMP, opposition de centre droit), nouveau parti bénéficiant du soutien de Traian Basescu (6%).
Le parti d’extrême droite Romania Mare (PRM), en chute libre depuis plusieurs années, a obtenu environ 2,5% des voix, privant son chef historique Corneliu Vadim Tudor du siège qu’il détient actuellement à Bruxelles.
AU PORTUGAL, LES ÉLECTEURS SANCTIONNENT LE GOUVERNEMENT
Au Portugal, d’après un sondage à la sortie des bureaux de vote, l’opposition socialiste (PS) arriverait en tête avec de 30% à 36% des voix devant la coalition de centre-droit (25 à 29%). Ce résultat envoie un mauvais signal au Premier ministre Pedro Passos Coelho à un an des législatives et sanctionne la politique d’austérité en place dans le pays. L’abstention pourrait dépasser le taux record de 1994 à 64,4%.
LES EUROPHOBES PERCENT EN POLOGNE
Le petit parti europhobe polonais Congrès de la nouvelle droite (KNP) est sur le point d’entrer au Parlement européen avec quatre députés, en obtenant 7,2% des voix, selon un sondage à la sortie des urnes. Dirigé par Janusz Korwin-Mikke, 72 ans, mathématicien excentrique et ancien dissident anticommuniste ultra-libéral, ce mouvement clame vouloir entrer au PE pour «démanteler l’Union européenne de l’intérieur».
Le parti de centre droit au pouvoir, la Plateforme civique (PO) du Premier ministre Donald Tusk, est arrivé en tête avec 32,8% et 19 députés, devant Droit et Justice (PiS) de Jaroslaw Kaczynski qui a obtenu 31,8% des voix (19 députés), selon ce sondage réalisé par l’institut Ipsos.
Le parti social-démocrate SLD est en 3e position (9,6% des voix, 5 députés), devant KNP et l’allié de la PO, le Parti paysan PLS (7,0% et 4 députés).
La participation s’est chiffrée à 22,7%, selon l’institut Ipsos, soit moins que les 25% aux précédentes européennes il y a cinq ans. La Pologne envoie 51 élus au Parlement européen.
Liberation.fr