Hosni Moubarak pourait quitter la prison de Tora, au sud du Caire, dans les prochaines heures, pour être placé en résidence surveillée, "dans le cadre de la loi sur l'état d'urgence", conformément à une décision de l'armée égyptienne annoncée par la télévision d'Etat. Plus tôt, la justice égyptienne a prononcé la remise en liberté conditionnelle de l'ancien président, âgé de 85 ans, dans le cadre d'une affaire d'enrichissement illicite. Le parquet a renoncé à faire appel de cette décision, levant le dernier obstacle à sa libération.
M. Moubarak avait déjà bénéficié de libérations conditionnelles dans trois autres affaires au motif qu'il avait déjà effectué la période maximale de détention préventive. Cette affaire, dite des cadeaux du groupe de médias Al-Ahram, est la dernière des quatre charges pour lesquelles l'ancien président égyptien est poursuivi et toujours dans l'attente d'un procès.
Parmi les quatre charges qui pèsent contre Hosni Moubarak, trois se rapportent à des délits d'atteinte aux biens publics et d'enrichissement personnel.
CORRUPTION ET D'ENRICHISSEMENT PERSONNEL
L'ancien président égyptien est notamment mis en cause dans l'affaire Al-Ahram, du nom de l'organe de presse étatique. Il est inculpé de corruption pour avoiraccepté une série de cadeaux, évalués à 3,4 millions d'euros. Bijoux, montres, cravates, sacs en cuir : ces présents profitaient également à son entourage immédiat.
Hosni Moubarak est également inculpé de corruption pour avoir accepté le pot-de-vin du promoteur Hussein Salem, en contrepartie de son aide pour acquérir des concessions foncières à Charm El-Cheikh. Cette inculpation pour corruption concernait également ses deux fils, Alaa et Gamal Moubarak. Ils n'avaient pas été condamnés, le tribunal ayant fait valoir que les faits reprochés étaient couverts par la prescription.
L'ancien président, arrivé au pouvoir après l'assassinat d'Anouar Al-Sadate en 1981, est aussi accusé de complicité avec Sameh Fahmy, son ancien ministre dupétrole. Ce dernier aurait autorisé le promoteur Hussein Salem à exporter du gaz naturel à bas prix vers Israël. Un marché qui aurait permis l'enrichissement illicite de l'homme d'affaires, mais aussi plombé les caisses de l'Etat.
CONSPIRATION DANS LE MEURTRE DES MANIFESTANTS
Enfin, l'ancien raïs est inculpé dans l'assassinat des manifestants du 25 au 31 juillet 2011, pour conspiration en vue de "commettre des meurtres prémédités et des tentatives de meurtres contre les participants aux manifestations pacifiques en Egypte". Il est notamment accusé d'avoir "incité des policiers à tirer" sur les manifestants ou à les "terroriser". Si les violences avaient fait des victimes après le 31 janvier, il n'est inculpé que pour cette période. Selon les chiffres officiels, 846 civils ont été tués lors de la répression du soulèvement populaire qui avait provoqué sa chute, le 11 février 2011.
Hosni Moubarak et son ministre de l'intérieur, Habib Adli, avaient été condamnés en juin 2012 à la réclusion à perpétuité pour leur responsabilité dans la mort de ces manifestants pendant la révolte de 2011. S'ils avaient été reconnus coupables, ils auraient pû encourir la peine de mort. Jugées trop clémentes, les sanctions avaient suscité la colère des manifestants, qui avaient réinvesti la place Tahrir.
La Cour de cassation avait annulé tous ces verdicts en janvier. Le procès en appel a repris samedi 17 août, mais cette procédure n'implique pas qu'Hosni Moubarak reste en prison, au motif qu'il a déjà effectué la période maximale de détention préventive. L'ancien raïs est détenu depuis avril 2011.
LE MONDE