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La Mémoire Kasaienne et Lulua: Les Origines lointainesdes conflits récurrents de DIBAYA

Comprendre les conflits lointains entre Luluas et Kasaiens

L'histoire vraie oriente notre monde. Mais celle qui est tronquée désoriente son monde! Nous vous invitons de lire cet article attentivement et de réaliser combien est important de vivre en paix dans une nation! Bonne lecture à tous! @ammafrica

LES ORIGINES LOINTAINES DES CONFLITS RÉCURRENTS DE DIBAYA 

Les germes des conflits récurrents de Dibaya trouvent leurs origines dans la configuration administrative du Congo belge en 1935. Entre 1935 et 1963, le nombre de province est passé de quatre à six. La rétrospective des configurations administratives de la RDC depuis Léopold 2 jusqu’à l’indépendance nous dévoile les différentes structures que notre pays a connus à travers le temps. Focalisons-nous sur 1935, l’année où le Congo belge est passé effectivement de quatre à six provinces. Du 4 février 1924 jusqu’au 4 mars 1935, le Congo belge était composé de quatre provinces : le Congo-Kasaï, l’Équateur, le Katanga et la Province orientale. La carte géographique ci-dessous nous renseigne sur la disposition provinciale de cette période. Celle-ci diffère de la disposition en cours du 4 mars 1935 au 30 juin 1960 et qui a continué jusqu’au 5 janvier 1963. Le pays est alors passé à six provinces : la province de l’Équateur, du Katanga, du Kivu, de Léopoldville, du Kasaï et la Province orientale. La deuxième carte vous donne un aperçu de la nouveau découpage du Congo.
 
 
Si vous superposez la deuxième carte sur la première, vous découvrirez les chambardements géographiques qui sont apparus. Ces derniers changements ont été légiférés par l'arrêté royal du 2 février 1935 et étaient accompagnés d’une série de phénomènes étranges : l’augmentation du nombre de provinces, le changement de nom des régions ; le repositionnement de groupes ethniques injustifiés dans les provinces et les territoires nouvellement créés et l’introduction de nouvelles appellations des tribus par la volonté des colonisateurs.
 
Au passage, retenons bien que la Lulua est un cours d’eau qui prend sa source dans le territoire de Dilolo et qui est un affluent de la rivière Kasaï. Le long de son parcours, on trouve des groupes ethniques différents, dont les lundas, les salampasus, les kétés, les binjis, les pembas et bien d’autres.
En lisant la carte de 1924, vous constaterez la mention de lulua sur la région qui correspond à une partie de l’actuelle province de Lualaba, issue de la constitution de 2006. À cette époque-là, les luluais étaient les Lundas de cette région.
 
Après l’entrée en vigueur de l'arrêté royal de 1935, la création de la province du Kasaï et de ses entités territoriales, dont Dibaya, le nom d’un groupe ethnique inconnu jusque-là dans la province du Congo-Kasaï a émergé : les “luluais” (bena lulua). Leur capitale, Kananga se situe sur la rive droite de la rivière Lulua. Ils ont été contraint d’oublier leur nom originel : les pembas. Or, les lundas, initialement appelés les luluais, sont devenus par la suite les katangais. Quel drôle de phénomène ?
 
Ces modifications géographiques et d'appellation des régions poussent à se demander d’où est ce qu’ils proviennent et quel but visent ces changement de nom des groupes ethniques.
 
Cela ne relève certainement pas d’un hasard, mais, il s’agit certainement d’un stratagème des colonisateurs visant à anticiper la programmation des conflits sociaux à venir: attiser les tensions, opposer les congolais entre eux et provoquer la guerre civile. Vous vous demanderez “comment opèrent ils ?”. Il faudra attendre 1960, lors de la conquête de l'indépendance, pour vivre les effets de ce stratagème colonial.
Dans le même état d’esprit, le territoire de Dibaya était conçu de façon disproportionnée en terme de représentativité ethnique, un secteur kété contre quatre pour les pembas, qui sont devenu luluais dans le chambardement de 1935. Imbus de leur prépondérance numérique, les pembas sont devenus arrogants et méprisèrent les kétés sans raison : “les kétés sont des inconscients, ils ne rêvent pas et les considèrent comme une ethnie arriérée de la RDC.” Sans vraiment comprendre le stratagème et les raisons qui ont poussé les colonisateurs à concevoir Dibaya de cette manière, Les pembas en ont fait une supériorité sociale et politique au lieu de promouvoir la cohabitation cordiale dans le respect mutuel. Dans ces conditions, à la moindre incitation à la rivalité, les kétés et les pembas s’entretuèrent au plus grand plaisir des instigateurs.
 

LES EFFETS CONCRETS DU STRATAGÈME

 
Voici comment, concrètement, le stratagème fut appliqué sur le terrain. Dans cette description, je me limiterai à la province du Kasaï et au territoire de Dibaya, trente-cinq ans plus tard, après le chambardement géographique.
 
- Le 30 juin 1960, le Congo accède à l'indépendance. La Belgique accepte à contrecoeur. En coulisse, elle formate les troubles et invente un complot communiste incarné par Lumumba et d’autres leaders progressistes.
- Le 8 août 1960, Albert Kalonji (un Luba du sud Kasaï) proclame la sécession de l’État autonome du Sud-Kasaï après avoir décliné le poste de ministre de l’Agriculture de Lumumba dans son gouvernement.
 
  • Le 14 septembre 1960, avec l’aide de la CIA, la sûreté d’État belge et des services secrets occidentaux, Mobutu organise le premier coup d’État et forme un gouvernement de commissaires généraux. Feu Étienne Tshisekedi (un Luba du Sud-Kasaï) est nommé vice-ministre de la Justice et Marcel Lihau ministre de la Justice.
À partir de ce moment-là, une chasse aux sorcières est ouverte à l’encontre de Lumumba et des leaders progressistes sur toute l’étendue de la République. Les plus influents sont arrêtés et emprisonnés. Parmi eux, figurent Jean-Pierre Finant, Elengesa Pierre, Nzuzi Emmanuel, Muzungu Christophe, Mbuyi Joseph, Kamile Yangala et plus tard André Lubaya. Les autres ont pu fuir à l’étranger.
 
- Le 22 décembre 1960, Étienne Tshisekedi adresse une lettre à Albert Kalonji dans laquelle il l'informe de l’arrivée prochaine de lieutenants de Lumumba qui doivent subir un châtiment exemplaire. Au sein d’eux, se trouvent les Luluais de Kananga. De son vivant Tshisekedi n’a jamais démenti cette lettre. Voici la copie de la lettre en question :
 
CABINET DU MINISTRE DE LA JUSTICE
N°1.399/ETSH/ ME/CAB
A Sa Majesté l’Empereur du Sud Kasaï « Le Mulopwe »
à Bakwanga
Je présente mes révérences renouvelées à Votre Majesté Maintenant que le crapaud (LUMUMBA) a été maîtrisé, toute l’action de notre Équipe reste concentrée sur le sort à réserver à ses anciens collaborateurs pour empêcher la pérennisation de son oeuvre de destruction. Très prochainement, le Gouvernement de Sa Majesté sera en possession des principaux Lieutenants du crapeau dont Elengesa Pierre, Finant Jean Pierre, Nzuzi Emmanuel, Muzungu Christophe, Mbuyi Joseph aux fins de leur faire subir un châtiment exemplaire. C’est de cette manière que nous serons utiles à la cause que vous défendez. Je présente l’hommage de mon profond respect à Votre Majesté.
Le Commissaire Général Adjoint à la Justice
E. TSHISEKEDI
 
 
Le 9 février 1961, à la demande de Kasa Vubu, ils sont transférés à Mbuji-Mayi depuis Brazzaville où Albert Kalonji les assassine le même jour d’une manière atroce. Certains sont trempés vivants dans un fût rempli d'huile de palme bouillante. D’autres sont grillés vifs jusqu’à la carbonisation. Parmi eux, se trouvaient des leaders luluais.
 
Lorsque la nouvelle de leur assassinat parvient à Kananga, la population luluaise et les miliciens de Lulua-frères irrités s’indignent de la cruauté d’Albert Kalonji, Ngalula Mpandanjila et Étienne Tshisekedi. Comment ces lubas peuvent-ils griller vivant sur le feu les leaders luluais ? Pourquoi ont-ils plonger vivants dans un fût d'huile bouillante les leaders de la lulua ? Cela déclenche une manifestation instantanée dans tout Luluabourg lors de laquelle des slogans anti-Lubas sont scandés : “mort aux Lubas, nous vous tuerons tous, aucun de vous ne retournera vivant à Bakwanga et au Sud-Kasaï.” D’un seul coup, tout dégénère en guerre civile. Des hommes, des femmes et des enfants sont massacrés sur le territoire de la province de Luluabourg. Ensuite lorsque cette nouvelle parvient au Sud-Kasaï, à leur tour les miliciens de Nkonga-yo et les Sud-kasaïens s’en prennent, avec la même violence, aux Luluais qui habitent le Sud-Kasaï.
 
À Dibaya, un farfelues politicien kété, Kantanga Paul, entretenait des relations politiques très suivies avec Albert Kalonji. La nouvelle ne tarde pas à tomber dans l’oreille des luluais de Dibaya et leurs miliciens des Lulua-frères. Imbus de leur supériorité numérique, ils s'exclament: “les kétés connivent avec les lubas, punissons-les aussi.” Voilà, c’est parti, ils partirent à l'assaut de Tshishilu.
La chefferie de Ntambwe a Mwenze partage la frontière avec le secteur de Kasangiri. En un rien de temps, la chefferie est complètement envahie par les luluais qui chantent des hymnes de guerre : “nous avons ravi les femmes de kétés, vous kétés ne fuyez pas, vous avez voulu la guerre. Attendez, battons-nous, voyons qui gagnera”.
 
Comme ils le chantent, les femmes qui ne peuvent fuir sont honteusement violées.
Du côté Kétés, c’est la grande débandade. Des paysans fuient pour leur vie. Les pembas ont délogé tous paysans de leur village. Ils se livraient aux pillages emportants bétails et autres denrées alimentaires.
 
Parmi les déplacés de guerre, se trouvaient l’honorable Tshikenda Jean-Paul, actuel chef de groupement de Ntambwe et parlementaire provincial. Pour échapper aux massacres, ils avaient trouvé refuge sur la rive opposée de la rivière Mayembe.
De leurs refuges séculaire en brousse, ils lancèrent un SOS via des émissaires à tous les grands chefs kétés des territoires de Luiza et de Luilu. Très vite, ceux-ci sont venus au secours de Ntambwe. Après avoir mobilisé tous les anciens militaires de la Force Publique, les chasseurs d’élites des différents villages montèrent leur base arrière pour la contre offensive. Equipés d’armes traditionnelles, ils s’embusquèrent dans le bosquet Dochêne long de trois kilomètres, situé entre Kamponde-Gare et Kamponde-mission.
 
Tout le long de la route qui mène vers Tshimbulu, les kétés avaient placé des guetteurs camouflés dans les arbres à une distance raisonnable pour ne pas se faire repérer par l’ennemi. De là, ils communiquaient entre eux par simulation de chants d'oiseaux.
Dans l’euphorie du succès contre Ntambwe à Mweze et dans la délectation du butin récolté, les luluais avaient lancé une deuxième offensive contre la chefferie de Ndumba-Katamba à Tshishilu. Cependant, ils ignoraient les renforts kétés de luiza et de Luilu.
Pendant leur parcours vers la chefferie de Ndumba-Katamba, les pembas chantaient des chants de lutte. Entre temps les messages signalant leur déplacement étaient bien reçu par les unités stationnées dans le bosquet.
 
Kambuji Kabwanga et Nseya Jacob, deux anciens de la FP dirigeaient les escouades. A l’entrée du bosquet du côté de Kamponde-gare, Kambuji Kabwanga et ses guerriers avait pour mission d'empêcher tout retrait des pembas une fois que ces derniers aient pénétré dedans. Tandis qu’à la sortie, Nseya Jacob et ses guerriers contre-attaquaient. Les deux brigade entonnent en choeur le Kabuyi, l’hymne de guerriers kétés : “aujourd’hui, aujourd’hui, vraiment aujourd’hui le jour J, nous sommes envahis sur notre sol sans motif. Ils violent nos femmes, vol nos biens et nous font du tort pour rien, a mort aux envahisseurs pembas, à mort aux luluais.
 
Kétés, Kétés défendons-nous, défendons-nous, protégeons nos terres et nos bien. Vous envahisseurs, vous êtes foutus, nous vous décapiterons et vous mangerons cru avec nos bananes plantains. comme ça vous ne reviendrez plus jamais nous embêter, Vive la gloire éternelle kétés. Tout ceci sous l’accompagnement de tam tam de Luputa de Kalangala et de Mpika-Mpika, un percussionniste de dikanda de Kamushilu.
Les pou-pou doivents être rechargé après chaque tir et cela prend du temps. Pendant ce temps, les flèches des arcs et les lances entrèrent en action. Ensuite vinrent les épées à double tranchants. Un véritable carnage au corps à corps sans merci eu lieu. L’avantage du terrain donna la victoire aux kétés. Ils firent cinq prisonniers de guerre. Que faire d’eux ?
 
Le grand chef Tshilundu Nsabwa de Mulundu, du territoire de Luilu, et le grand Chef Mundembo de Mbushi-Mayi, du territoire de Luisa, étaient chargés de juger les cinq prisonniers. Ils furent condamnés à la peine de mort. Toutefois, Kambuji et Nseya s’opposèrent à la sentence prononcée. Selon la justice militaire, un prisonnier de guerre est un combattant qui est emprisonné par une force ennemie en temps de guerre. Sa détention vise à le tenir hors des combats, elle n'a aucun caractère pénal ou répressif. Voilà ce qui les distingue du prisonnier de droit commun.
Généralement, quand les kétés chantent le Kabuyi, ils pratiquent l'anthropophagie dissuasive. Devant les cinq prisonniers, ils avaient dépecé un cadavre qu’ils avaient préparé dans une marmite en terre cuite, accompagné de bananes plantains. Alors, ils firent un repas de la victoire et invitèrent les prisonniers à le partager.
 
Avant leur libération, le doyen des guerriers, le grand chef Kabuluku de Mbambay du territoire Luiza adresse un discours de dissuasion aux prisonniers : “Vous cinq ici, nous épargnons vos vies. Cependant, tous les cadavres de vos congénères que vous voyez là passerons aussi à la casserole. Malgré tout, ce n’est pas suffisant pour notre appétit. Quand vous serez rentré chez vous, demandez aux autres de venir ici, nous les attendons de pied ferme et ils subiront le même sort ! ”.
 
Les pembas (bapemba) Qu’on appellent luluais (benalulua) et les Lubas parlent une même langue depuis des temps immémoriaux, le Tshiluba. Voilà comment nous nous entretuons, sans comprendre le pourquoi ni la subtilité maléfique des instigateurs et même pas les rôles inavoués des démagogues congolais dans la déstabilisation de notre pays.
 
A la lumière de cette l’article, voyez-vous bien que Kasa Vubu et les législateurs de la première République avaient pleinement raison d’abroger l’arrêté royal de 1935 et promulgué la loi de 1962 pour éliminer la représentativité inéquitable dans Dibaya et promouvoir la paix?
Tshishilois, vous êtes dans vos droits ! Comme je vous l'ai déjà révélé, une fois une loi promulguée et publié dans le moniteur congolais, elle s’impose à tous sans aucune exception. Sa violation entraîne des sanctions à l’encontre du contrevenant. Au regret des détracteurs... Un de ces quatre matins le procureur de la cour constitutionnel les poursuivra en justice pour qu’ils répondent de leurs actes. Donc prenez vos responsabilités dans l’édification de votre territoire.
 
Je vous invitent à vous mobiliser partout où vous vous trouvez dans le monde, de faire large diffusion de cette loi et de vous apprêter pour LE GRAND TSHIFUFU DE TSHISHILU qui se tiendra l’année prochaine dans le tout jeune territoire de la RDC . Sa réalisation demande la participation financière et matérielle de chaque Kété. A cet effet, le comité organisateur vous indiquera dans les prochains jours les modalités de contributions. Méfiez-vous du porte à porte.
 
Concernant le TSHIFUFU, il sera une manifestation légale car initié par la loi, avec objectif la restauration de la paix éternelle dans Dibaya. Pour cette raison, il ne sera ni clandestin, ni secret. Il se déroulera en pleine journée à la vue et au su de tous. Nous demanderons à Son Excellence le Président de la République, à Son Excellence le Ministre de l’intérieur, Au Parlement National, au Gouverneur de la province du Kasaï occidentale et au parlement Provincial de nous envoyer leur délégués à cette manifestation populaire. Nous inviterons aussi l’Administrateur du Territoire de Dibaya, les chefs de secteurs de Dibaya et des territoires avoisinants ainsi que nos cousins de Dibaya car il s’agit d’une manifestation pour la paix de Dibaya.
 
Dans l’attente de vos réactions, propositions et suggestions,
 
Je vous souhaite à tous un bon dimanche,
Tshinkenke Simp’o-Nying.
@Publié par Ernest KUMBA
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10/05/2018
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