Huit femmes tuées en 2012, 1 682 faits de violences conjugales constatés en 2011, soit 4,6 par jour et des chiffres en constante augmentation : la Réunion se trouve bien face à un fléau qui fait chaque année des milliers de victimes visibles et d’autres invisibles comme tous ces enfants témoins bien mal- gré eux de tels drames. C’est justement pour dire combien la lutte contre ce type de violence devait constituer une priorité que la ministre des Droits de la femme a consacré une longue séquence de son après-midi à visiter l’Hôtel de police de Saint-Denis. Au commissariat Malartic, Najat Vallaud-Belkacem a d’abord rencontré des fonctionnaires de police et des gendarmes chargés de ce type de procédure ainsi que des assistantes sociales. Ces fonctionnaires ont trouvé la ministre “très à l’écoute”. “Au moins, on n’a pas eu l’impression d’être des pots de fleurs”, s’est réjouie l’une des participantes. Sans doute en référence à d’autres passages de ministre ou secrétaire d’Etat.

La ministre a ensuite présidé un large tour de table avec toutes les associations de lutte contre les violences pour dresser un état des lieux des dispositifs et savoir comment “accompagner dans les meilleures conditions les victimes”. Puis, la ministre a annoncé ou répété des mesures que le gouvernement allait prendre durant le quinquennat. Les associations, dont le rôle est jugé “crucial” par Najat Vallaud-Belkacem, sont évidemment comblées.

"SORTIR DU CYCLE INFERNAL DE LA VIOLENCE"

C’est d’abord la création d’un observatoire départemental des violences faites aux femmes pour fédérer le travail de toutes les associations et assurer “un continuum”. C’est aussi étendre à la Réunion le dispositif de téléphone portable de “grand danger” qui permet à une victime d’alerter très rapidement les forces de l’ordre. En même temps, la ministre veut augmenter considérablement les hébergements d’urgence pour les femmes battues et leurs enfants ainsi que les solutions plus pérennes qui permettent de les mettre à l’abri de leur agresseur.

Au plan national, Najet Vallaud- Belkacem annonce la création de 5 000 places d’hébergement dont un tiers réservé aux victimes de violences. La porte-parole du gouvernement veut également “démultiplier” le nombre d’assis- tantes sociales qui travaillent avec la police ou la gendarmerie et qui aident les victimes “à sortir du cycle infernal de la violence”. Enfin, Najat Vallaud-Belkacem a indiqué qu’elle allait présenter au Parlement en  by Savings Vault" href="http://www.clicanoo.re/358773-droits-des-femmes-najat-vallaud-belkacem-renouvelle-son-annonce-de-loi-cadre.html#">mai prochain une loi-cadre sur les droits des femmes. Une vraie fausse annonce puisque la ministre avait déjà présenté en début janvier à Paris le projet de ce texte.

“Il viendra combler toutes les failles existantes de notre législation en termes de droits des femmes et d’égalité, déclarait-elle sur le site du gouvernement. Il abordera différents sujets, notamment l’aspect professionnel, les violences faites aux femmes, la question de la parité”.

Huguette Bello venue à la fois en tant que députée-maire et présidente de l’Union des femmes réunionnaises qui réclamait depuis un moment une telle loi reste la première à se féliciter. “Les violences conjugales représentent une vraie urgence politique. Un problème qui doit mobiliser la classe politique et aussi bien les députés hommes que les députés femmes. Il est temps d’en prendre conscience. Les femmes ne doivent pas avoir peur. Évidemment, c’est facile à dire. Mais elles ne doivent pas accepter la première gifle.

Il faut aller voir la police, la gendarmerie, son médecin. Une fois le texte de loi votée, il faudra que les moyens suivent”, nuance toutefois Huguette Bello. De son côté, Nassimah Dindar, aux côtés de Najat Vallaud-Belkacem à Malartic, a “salué le sens de l’écoute et le pragmatisme dont a fait preuve la ministre des Droits des femmes. La présidente du Département attend aussi que l’Etat ne se contente pas de lois. Elle insiste bien sur “la nécessité pour l’Etat de renforcer le soutien aux acteurs de terrain et de contribuer à la généralisation des initiatives locales qui ont prouvé leur efficacité”.

Jérôme Talpin

C’est au Centre de formation d’apprentis (CFA) du Chaudron que Najat Vallaud-Belkacem déjeune. L’occasion pour elle de rencontrer des femmes qui s’investissent dans différents domaines comme la lutte contre l’illettrisme, l’insertion professionnelle des femmes ou encore le sport ou la culture. Toutes les participantes sont ravies et ne tarissent pas délogent sur la ministre. Avant de quitter les lieux, la porte- parole du gouvernement signe le livre d’or de l’établissement, accroupie pour être à la hauteur de la table. Une chaise ? "Ça ira, merci", répond-elle. Le temps de recevoir un petit cadeau offert par le Centhor (qui a préparé le repas) et elle reprend la route.

SOURCE:clicanoo.re