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Devoir de mémoire:Massacres de Kisangani dans la guerre de 6 jours entre Rcd Goma et les ougandais

Kisangani :Ville des martyrs.

La province orientale a toujours été victime de plusieurs guerres de rebellions et d'agressions! Pour bien guérir cette riche province, il faudrait donc reconnaitre le passé, le juger et le condamner afin que respire enfin, ce peuple "Boyomais" qui n'a que trop souffert!

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À Kisangani, piroguiers et riverains retirent des eaux boueuses du fleuve Congo et de la rivière Tshopo les corps mutilés, parfois décapités. Entre dix et plusieurs dizaines, selon des témoignages.
Massacres de Kisangani : l’accablant rapport du Groupe Lotus au grand complet
  • mar, 13/08/2002 

Dans un rapport d’une sérénité exemplaire, le groupe Lotus, une ONG locale basée à Kisangani, est sans équivoque :

«L’ordre de tuer (à Kisangani, les 14 et 15 mai 2002) a été donné par la hiérarchie militaire.»

Lotus s’en explique : «Comment comprendre que quelques heures seulement après l’arrivée de Goma de la délégation de galonnés du RCD qu’un massacre à grande échelle et des exactions aient été commis au sein de la population ? Qu’est-ce qui a été fait par les autorités ayant en charge la sécurité des personnes et des biens pour empêcher ces massacres?»

L’ONG ne s’arrête pas en si bon chemin - au contraire, il écrit : «Le commandant a.i de la 7ème Brigade, Yvon Nguizani, est la personne la mieux indiquée pour clarifier les arrestations qui ont été opérées à la parade de l’état-major ce 14 mai 2002 entre 9 h et 10 h, lesquelles ont donné lieu à des disparitions constatées jusqu’à ce jour. »

De même, la délégation arrivée le jour même de Goma présidée par le chef d’état-major général adjoint en charge des opérations Gabriel Amisi dit «Tango Fort», un ancien commandant de Brigade de Kisangani ; le commandant de Brigade de Kisangani Laurent Nkunda Mihigo et le commandant de Brigade honoraire Bernard Biamungu. Ce dernier, commandant de Brigade à Goma, connu particulièrement pour sa férocité, se trouvait en prison d’où sa hiérarchie aurait organisé son évasion, pour avoir battu à mort un policier de roulage dont le tort fut d’avoir bloqué la circulation à l’approche de son véhicule.

À la prise du commandement à Kisangani par ces galonnés, l’après-midi du 14 mai 2002, «les massacres à grande échelle ont eu lieu à Mangobo et le 15 mai 2002 au pont Tshopo.»

Selon toutes les sources, chacun de ces commandants est arrivé dans la ville martyre avec des escortes armées jusqu’aux dents, qui ont reçu l’ordre clair d’écraser dans le sang la mutinerie, après s’être enivrées d’alcool.

Selon Lotus, « les représailles contre la population civile sans défense ont
été disproportionnées. L’armée s’est rendue coupable de massacres et
atrocités sans pareil. Les commandants Franck, Santos et Claude, non
autrement identifiés, omniprésents dans la commune de Mangobo lors des
massacres, sont mieux placés pour répondre du comportement de leurs hommes
des troupes lors des événements du 14 mai 2002.


Par ailleurs, dans une mise au point adressée le 12 août au correspondant de l’Afp à Kigali, dont une dépêche rapportait le 11 août des déclarations du RCD-Goma relatives à la plainte déposée par le RCD-Congo en Belgique, le RCD-Congo déclare ce qui suit :

  1. «L’action judiciaire engagée par les responsables du RCD-Congo contre certains dirigeants du RCD-Goma demeure une action citoyenne venant de Patriotes congolais épris de paix et de justice, et qui souhaitent voir le Congo débarrassé du lot d’assassins et de criminels dont regorge son territoire.»
  2. «Il n’y a pas lieu de politiser cette action qui est une action salvatrice soutenue massivement par les Congolais et les Congolaises et pas seulement ceux de la ville martyre de Kisangani.»
  3. «C’est une action qui ne va en aucune manière à l’encontre du processus de paix - bien au contraire, elle est un gage de moralisation de la vie publique nationale et permet l’éclosion d’un véritable Nouvel Ordre politique congolais.»
  4. «Quant à la manière dont l’action du RCD-Congo est menée devant les Cours et tribunaux, cela fait l’objet de la discrétion et de la sérénité des Cabinets d’avocats et ne peut faire l’objet de commentaires par voie de médias. »

RAPPORT DU GROUPE LOTUS.

 

En réalité, le décollage de l’Afrique dépend largement du vouloir vivre collectif que les différents peuples et ethnies de ce Continent doivent s’imposer bon gré mal gré. En fait, l’on s’imagine comment parvenir au progrès sans faire allusion à la complémentarité et l’interdépendance, la générosité et la compassion, le pardon et la réconciliation. Plus ces valeurs sont prises en compte, plus solides sont les fondations du futur.


Les dérives du processus de démocratisation en République Démocratique du Congo, amorcé à partir des années 90, ont donné naissance à divers courants politiques. Ceux-ci, en quête de l’électorat et des bases, n’ont pas manqué de servir des références identitaires soit comme armes, soit comme boucliers pour accéder ou se maintenir au pouvoir. De cela, les annales de l’histoire retiennent la chasse organisée contre les Baluba au Katanga en 1992 et dont le nombre des victimes s’estiment en milliers.


Les secousses si fortement ressenties inaugurèrent une nouvelle ère d’ébullition et de violence et aucune des grandes villes du pays n’en fut épargnée. Kisangani est du nombre.


Avec la guerre menée par l’Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo (AFDL), en 1996, l’intolérance, jusque là inconnue, contre les ressortissants des pays des grands lacs, particulièrement le Rwanda et le Burundi, fut observée. L’action conjointe menée par le Groupe Lotus et Amnesty International/Londres, en collaboration avec d’autres ONG internationales, permit de sauver la vie, à Kisangani en 1996/97, la vie des civils d’origine tutsi ou assimilés.


Cinq ans plus tard, le phénomène refait surface dans cette même ville. Il serait dû à la volonté politique manichéenne d’opposer les ethnies vivant ensemble depuis belle lurette, aux difficultés de cohabitation et de parcours et, assurément, aux impératifs hypothétiques d’ordre géostratégique et géopolitique imputables aux acteurs étatiques et non-étatiques impliqués directement ou indirectement dans la guerre en République Démocratique du Congo. C’est dans ce contexte, estime-t-on, qu’il faille replacer les événements tragiques du 14 mai 2002, avec leur escalade de violence.


L’attachement au sacré ainsi qu’aux principes et normes universels de protection des humains poussent le Groupe Lotus à se poser un certain nombre de questions en rapport avec lesdits événements, et dont les réponses forment un terrain métamorphique qui permette d’asseoir le présent travail.


S’ériger en instance judiciaire, jeter de l’opprobre sur les groupes sociaux ou des individus, tel n’est pas l’objectif de ce rapport. Au contraire, au-delà des témoignages recueillis et recoupés, il faille interpeller les acteurs politiques au niveau local, national, sous-régional et international en vue de prendre d’indispensables mesures susceptibles d’épargner non seulement Kisangani, mais aussi d’autres coins de la planète de la commission des actes si atroces.


Sans prétention de détenir le monopole de la vérité - difficile à atteindre par ailleurs - le Groupe Lotus se réserve des jugements téméraires et reconnaît en toute humilité ses limites à la lumière des ressources humaines et des moyens matériels dont il dispose. Un effort considérable a été déployé pour présenter une vue panoramique de la journée événementielle, les foyers d’horreur et les graves violations du Droit International Humanitaire constatées.

 

SIGNES PRECURSEURS.


Depuis que le Dialogue inter-congolais s’est terminé à Sun City, l’occasion était donnée aux différentes délégations d’organiser à Kisangani - comme partout ailleurs dans le pays- des séances de restitution à l’intention de leurs bases. À Kisangani, plusieurs cadres du RCD-Goma organisent ainsi des restitutions fort médiatisées. Lors de ces séances, ils fustigent l’accord-cadre Kabila-Bemba. Ils invitent la population à adhérer à leur point de vue.


Lorsque le fonctionnaire de la MONUC en charge de questions des Droits de l’Homme veut, à son tour, vulgariser à travers une séance de restitution le 7 mai 2002, les résolutions relatives aux droits de l’homme adoptées à Sun City, sa rencontre se heurte à une forte opposition du gouverneur de province, Jean-Pierre Bilusa Baila. A cet effet, ce dernier mobilise les forces armées et de sécurité afin d’interdire cette rencontre.


Pour Jean-Pierre Bilusa, aussi longtemps que le RCD/Goma croit encore à la possibilité d’une reprise des travaux du Dialogue inter-congolais, il ne peut être question d’organiser à Kisangani une quelconque séance de restitution. Pour avoir tenté de braver l’interdiction du gouverneur, le chargé des questions des Droits de l’Homme de la MONUC a été déclaré persona non grata et expulsé du pays. Lors d’une conférence de presse le lendemain 8 mai 2002, le gouverneur s’en prend sans ménagement aux associations membres de la Société Civile, et plus spécialement à celles de défense des droits de l’homme.


Selon lui, ces associations se prépareraient à commettre à Kisangani des actions de sabotage et de subversion. Mais avant qu’elles n’y arrivent, leurs responsables seront mis aux arrêts et leurs activités seront interdites. En signant l’accord-cadre, les membres de la Société Civile ont choisi leur camp, conclut le gouverneur. Un climat de peur gagne alors la population qui se met à redouter une forte répression.


Une semaine avant les tragiques événements du 14 mai, il est constaté, rapporte Lotus, pour des raisons inavouées, l’inexistence d’une patrouille conjointe policiers et prévotés militaires. Un rapport du commandement de la ville de la PNC (Police Nationale Congolaise) au Commandant de la 7ème Brigade, indique que dans la nuit du 10 au 11 mai 2002, un militaire en état d’ébriété a été appréhendé par les éléments de la PIR (Police d’Intervention Rapide.) Dans ses dires, il avait demandé aux policiers d’être prêts car dans les jours à venir, ils seront utilisés par les militaires.
Il convient également de signaler qu’un militaire portant une arme lourde a été arrêté par les policiers en direction du Camp Ketele devant le bâtiment du Tribunal de Paix de Kabondo. Cette arrestation a lieu dans la nuit du 11 au 12 mai 2002. Ce militaire aurait déclaré, rapporte Lotus, que cette arme sera utilisée dans un proche avenir pour une opération à laquelle la police allait être associée. Informés de cette arrestation, quelques militaires, forts irrités, sont venus libérer le leur. À ce sujet, un rapport a été adressé au gouverneur avec copie pour information au Commandant de la 7ème Brigade par la Police Nationale Congolaise.


Aucune réaction ni de l’autorité provinciale, ni de l’autorité militaire ne fut enregistrée.

 

LA JOURNÉE DU CAUCHEMARD.


Une présence militaire inhabituelle est observée dans la nuit du 13 au 14 mai 2002, aux environs de 4 heures du matin, dans quelques points stratégiques de Kisangani. Il semble que certains militaires et policiers en faction aient été persuadés, ce jour-là, d’adhérer à l’opération envisagée. Le directeur de la prison centrale a été sommé de remettre la clé de la prison à un groupe de militaires qui ont fait irruption dans sa parcelle, située dans l’enceinte même de ladite prison. Les militaires vont libérer les prisonniers.


Vers 5 heures du matin, une dizaine de militaires font irruption à la maison de la radio officielle, la RTNC, qu’ils réussissent à mettre en marche grâce au technicien du jour. «Dans un discours distillant une dose remarquable de xénophobie, ces mutins appellent la population de toutes les six communes de Kisangani à se munir d’armes blanches, à se joindre à eux afin de bouter les Rwandais hors de Kisangani», écrit Lotus.


Les principaux destinataires de cet appel sont les groupes de jeunes connus pour leur résistance. Ce sont ceux des quartiers Lokele, Mingazi, Bangbetu, Mabudu et Basoko dans la commune Mangobo regroupés au sein de l’association mutuelle dénommée «Bana Etats-Unis» (les enfants des États-Unis), ceux du quartier Matete, dans la même commune, regroupés au sein du groupe «Écurie Kata Moto» et ceux des avenues transversales de la commune Kabondo, appelés «les jeunes de la place Vendôme.»Le choix porté sur ces jeunes n’est pas un hasard. Parmi ces jeunes, certains détiendraient des armes à feu mises à leur disposition par le RCD dans le cadre de la mise sur pied de la «Milice d’autodéfense.» D’autres seraient des déserteurs de l’armée ayant décliné l’offre de collaboration avec le RCD. D’autres encore sont de «véritables versatiles tournant dans le sens du vent, s’abreuvant à toutes les sources.»


Dans leur appel, les mutins demandent aux deux autres radios locales, la RTA (Radio Télévision Amani) de l’Église Catholique et la Radio Okapi de la MONUC, de relayer leur message au gouvernement de Kinshasa afin que les renforts leur soient dépêchés.
Les mutins annoncent que les deux aéroports ont été fermés au trafic sauf pour les vols de la MONUC. En même temps, ils émettent le souhait de rencontrer les officiers de la MONUC pour échanger sur la situation.


Voir l’application de toutes les résolutions de l’ONU sur la guerre en Rd-Congo parvenir dans un délai raisonnable à l’unification du pays, tel est le vœu le plus ardent formulé par la population. Comme cela tarde cependant à se réaliser, n’importe quel appât fixé à l’hameçon paraît attrayant.
«Considérant le moment comme une occasion sûre, un raccourci pouvant accélérer le processus du retour de la paix à Kisangani, mais surtout de l’unification du pays par le retour des troupes rwandaises stationnées à l’est du Congo, une foule immense provenant des communes excentriques converge vers le centre-ville, munie d’armes blanches (machettes, gourdins, marteau, bâton, barre de fer, etc)», raconte Lotus.

 

Sur leur chemin, «des scènes d’une cruauté inimaginable se sont produits : des êtres humains considérés comme ennemis sont lapidés ou brûlés vifs.»
Aux environs de 8 heures, le Commandant Jean François Ibuka, responsable du Bureau II (P3) du détachement provincial de la Police, passe sur les ondes de la RTNC et demande aux mutins de cesser le gaspillage des minutions et par la même occasion, il lance un appel aux autorités pour des dispositions utiles afin d’éviter la situation de dégénérer. Il est suivi, peu après, des officiers de la police et de l’armée notamment, le Commandant Brigade a.i., Yvon Nguizani, le Commandant du Bureau III de l’armée, chargé de l’organisation et des opérations, M. Mabele Muleka et le Commandant du Bureau II, chargé des renseignements militaires, M. Isidore Tibasima.


Aucun d’eux ne confirme l’existence d’une mutinerie. Tous appellent la population à vaquer à ses occupations. Ils font savoir qu’ils s’en prendraient à quiconque manifesterait sur la voie publique. Les militaires et policiers sont priés de regagner leurs casernes. Par après, dans un autre message radiodiffusé, la hiérarchie militaire et celle de la Police appellent tous leurs éléments à se présenter à l’Etat-Major. Nombreux d’eux y furent arrêtés.


Se sentant en danger, certains d’entre eux prennent la fuite, quittant la ville par toutes voies possibles, notamment par le fleuve, sans être inquiétés, après s’être rendus coupables d’extorsions sur les biens de particuliers.


Tout porte à croire que l’attention n’a pas été orientée vers les mutins qui avaient assiégé la radio et sur d’autres qui, pourtant, ont eu à circuler pendant et après la mutinerie. «Ce qui prouve à suffisance, estime Lotus, que la reprise de la radio s’est faite en douceur et, de ce fait met en doute fortement la thèse de la mutinerie.»


Les dirigeants du RCD-Goma ont dépêché le même jour, mardi 14 mai, à Kisangani une délégation d’officiers supérieurs accompagnés de leurs escortes. Ils ont voyagé à bord de l’avion de la compagnie aérienne B.A.T (Bukavu Air Transport) immatriculé 9L-LCQ. Parmi ceux qui voyagent et qui débarquent à Kisangani à 11 heures, il y a la présence du chef d’état-major général Adjoint de l’armée RCD-Goma, le commandant Gabriel Amisi alias «Tango Fort» (un originaire de la province du Maniema), le commandant de la 7ème Brigade de Kisangani, Laurent Nkunda Mihigo (un Tutsi du Masisi), le commandant G2 de l’armée du RCD, le commandant Bernard Biamungu (condamné pour avoir torturé à mort un policier de roulage à Goma) - Biamungu qui est supposé être en prison, a été libéré contre toute attente. Il appartiendrait à la 5ème Brigade de Goma. Bien d’autres gradés et soldats de Goma font partie du voyage.


La délégation est aussitôt conduite au centre-ville. Certaines personnes affirment avoir vu les soldats couler la bière à flot, aux environs de l’aéroport de Simi-Simi, l’un des deux aéroports de Kisangani .La question est de savoir s’il s’agit de se désaltérer ou de se refaire le moral, s’interroge Lotus.

 

LES FOYERS D’HORREUR.


La cruauté, qui avait caractérisé certains manifestants parmi la population civile dans leurs gestes et actes, a doublé d’intensité lors des représailles des militaires à l’égard des personnes civiles innocentes, rapporte Lotus.
Ces scènes se sont déroulées dans des endroits divers.

a. Dans la commune Mangobo


Cette commune tire son importance de sa position géographique qui lui permette de jouer le rôle de porte d’entrée et de sortie de Kisangani par la rivière Tshopo. Aussi la forte concentration démographique dans un espace fort peu urbanisé, la présence de plusieurs unités de production artisanale, tout cela vivifie cette commune au point de l’amener à jouer le rôle de porte-étendard et moteur du changement à Kisangani.


Répondant à l’appel des mutins, la population scandant des slogans de réconfort attrape un militaire en tenue civile qu’elle identifie à son ennemi. Le sort lui réservé est la mise à mort par lapidation. La scène s’est déroulée, dans l’avant-midi du 14 mai 2002 à l’entrée de ladite commune, en prolongement de la 15ème Avenue Tshopo, non loin du bâtiment abritant les bureaux administratifs de la commune et du commissariat de la Police.


Au milieu de l’après-midi, les représailles ont débuté. Les militaires à bord de deux véhicules sont déployés aux quartiers Walengola, Walendu, Bahema et Babali où ils ont mené l’opération sous le commandement des Commandants Biamungu, Santos et Franck. Mais comme le milieu ne leur est pas familier, ils n’ont pas pu se rendre vers les quartiers formant les «États-Unis» et dont les jeunes avaient pris, semble-t-il, la tête des manifestations d’intolérance. C’est pourquoi les quartiers cités ci-haut en ont payé les frais.


Un autre groupe de militaires venant de l’aéroport de Simi-Simi se sont dirigés aux quartiers Matete et Balese où ils ont enclenché une autre opération de représailles.


Sans tenir compte ni de l’âge ni du sexe, les militaires faisaient irruption dans les maisons d’habitation civile et tuaient, blessaient ou violentaient leurs victimes.


D’autres procédaient à l’extorsion des biens de valeur. 17 personnes tuées ont été recensées par le Groupe Lotus notamment :

  • M. Eli Georges, résidant sur l’avenue Mombessa n° 18 au Quartier Matete, a succombé le 14 mai 2002 de suite de balles lui tirées par un militaire.
  • Roger Bombata, 46 ans, enseignant à l’Institut technique agricole de Simi-Simi, père de 7 enfants – n° 124, quartier Babali dans la commune Mangobo ;
  • Godé Osesela Bonama, 60 ans, commerçante, résidant au n° 124, quartier Babali dans la commune Mangobo. Les militaires ont ouvert le feu sur Mme Godé. Les balles ont transpercé sa poitrine jusqu’à atteindre Roger Bombata, son fils, posté derrière elle.
  • Thomas Mambambu, soudeur ajusteur, père d’un enfant, résidant au Quartier Walengola n° 166 dans la commune de Mangobo, est mort de suite de plusieurs balles lui tirés sur le corps.
  • Bernard Bokota, employé à la Clinique Sainte Thérèse, père de 4 enfants, résidant au Quartier Walendu n° 18 dans la commune de Mangobo, est mort de suite de plusieurs balles ;
  • Deux personnes sont mortes au Quartier Walendu n° 59 : Vicky Longombe (élève en 5ème des Humanités à l’Institut Home-Fayen) et sa grand-mère Mme Mbutu (70 ans) ;
  • Camille Mugbanga, adulte, électricien à l’abattoir public de Mangobo, résidant sur l’avenue Fataki n° 48 dans la commune de Mangobo, marié et père de 7 enfants, est mort de plusieurs coups de balles ;
  • Au Quartier Matete, avenue Fataki n° 51, est mort de balles : M. Ernest Bondjandja, père de 5 enfants.
  • Périt également dans la même parcelle M. Kabo Isaka (adulte) et Isabo Lotika.
  • M. Lufutu Yombo Yombo, élève finaliste à l’Institut de Formation des Cadres de l’Enseignement, résidant au Quartier Bamanga n° 9 dans la commune Mangobo, a été tué par balles, le 14 mai 2002, lui tirées par des militaires. Il fut enterré par les éléments de la Croix Rouge.
  • Mme Losambo Alanga, 70 ans, résidant sur l’avenue Lokombe n° 11, au Quartier Matete dans la commune Mangobo, a été abattue par les militaires au niveau du marché, non loin de la Paroisse Christ-Roi. Il lui était reproché de vouloir dissuader les militaires de causer du tort à son transporteur cycliste.
  • Mme Kase Cathérine, résidant au Quartier Walendu n° 89, a été abattue dans sa maison par les militaires, le 14 mai 2002.
  • M. Raymond Gyamba, résidant le quartier Walengola n° 172 dans la commune Mangobo, a été tué le 14 mai 2002 par les militaires.

Au Quartier Walengola n° 166, commune Mangobo :

  • M. Thomas Mabambu a été fauché le 14 mai par un militaire.
  • M. Ebo Constantin, adulte, fabricant des cercueils, résidant sur l’avenue Bolingoli n° 21, au Quartier Matete, a été abattu par un militaire du RCD au niveau du Quartier Walendu.

Sept (7) corps non identifiés ont été ramassés et ensevelis par les agents de la Croix Rouge.
De graves atteintes à l’intégrité physique ont été enregistrées. C’est le cas de :

  • Mme Eliotte Bekanda, cultivatrice, résidant au Quartier Walendu n°18 dans la commune de Mangobo, a été blessée par balles ;
  • Mme Lucie Lisika, âgée de 16 ans et Me Claudine UKULI ont été blessées par balles au Quartier Walendu n° 59 dans la commune de Mangobo. Admise à l’Hôpital Général de Référence de Kisangani, Mme Lucie LISIKA succomba de ses blessures le 19 mai 2002.
  • Wasantu Jérôme, résidant sur l’avenue Bolembe n°30, commune de Mangobo a été victime de pillage des biens suivants : 1 Eponge double, 2 radios, 1 décamètre et 2000 FC.
  • Bongombe, résidant sur l’avenue Bolembe n° 51, commune de Mangobo a été victime de pillage des biens suivants : 6 pièces femme, sac des usagers, 1 grande casserole, habits pour 3 enfants et 1 valise Bébé.
  • Mbango Honoré, résidant sur l’avenue Lokutu n°70, commune de Mangobo a été victime de pillage des biens suivants: 3 vélos, 2 radios, 2 éponges, 2 vidéos + magnéto.
  • Basango Léon, résidant sur l’avenue Aruwimi n°20, commune de Mangobo a été victime de pillage des biens suivants: Jet de 5 assiettes, les marchandises de sa boutique + l’argent.
  • Botwetwe, résidant sur l’avenue Fataki n° 32 a perdu son vélo.
  • Kiengi Biua, résidant sur l’avenue Mobango n° 65, commune de Mangobo a été victime de pillage des biens suivants : 1 vélo, 1 éponge, 1 radio, 1 pantalon, 1 sacoche, une somme d’argent.
  • Bosemi Walo, résidant sur l’avenue Basoko n° 27, commune de Mangobo a été victime de pillage des biens suivants : 5 valises, 2 radios, 8 paires de soulier, 6 pièces (pag,nes), 5 pantalons, 4 chemises.
  • Besio Koy, résidant sur l’avenue Basoko n° 30, commune de Mangobo a été victime de pillage des biens suivants : 1 Vélo, 1 valise et autres biens de la maison.
    Les militaires se sont aussi livrés au viol de femmes. C’est le cas de cinq femmes mariées qui se sont présentées au Groupe Lotus pour témoignage et qui ont requis l’anonymat.

b. La commune Makiso


C’est le centre-ville par excellence où sont abrités presque tous les bureaux des services publics et la station de la RTNC. Deux personnes ont été victimes de la vindicte populaire après qu’elles eurent été identifiées comme ennemies, se basant sur le message diffusé par les mutins à la radio.
La première a été retirée du cachot de l’état-major par les militaires qui l’ont mitraillée à bout portant avant de la livrer à la population qui l’a brûlée vive sur l’avenue de l’Église, non loin de routes secondaires séparant l’Hôtel Congo Palace et le dépôt de la Société Pétrolière SEP/Congo. La seconde est morte par lapidation, sur le boulevard du 30 juin, non loin de l’Immeuble de la Société Nationale d’Électricité.


Il faut également signaler la mort de M. Dieu-Merci Bonganga, résidant sur l’avenue Lualaba n° 14 dans la commune Makiso, qui a été froidement abattu par des militaires dans sa chambre à coucher.
Il faut aussi signaler le cas de Félicien Bongungu, commerçant, résidant sur le boulevard Hassan II n° 45 dans la commune de Lubunga (quartier Lokele), tué par une balle reçue au niveau de sa cuisse gauche, au Beach I.A.T.


Quoique de fortes représailles n’aient pas été dirigées vers les civils dans cette commune, des militaires et policiers ont toutefois été arrêtés et conduits dans les lieux de détention secrets.
On parle du cachot de l’état-major et puis de leur transfert à bord de véhicules à l’aéroport International de Bangboka où ils auraient été fusillés et certains de corps ensevelis dans une fosse commune au fond de la piste de cet aéroport.


Enfin, les 14 et 15 mai 2002, plusieurs personnes témoignent avoir non seulement entendu tard dans la nuit des bruits de détonation des armes, mais surtout assisté à des fusillades des personnes ligotées au niveau du Bac de traversée sur le fleuve Congo entre la commune Makiso et la commune Lubunga, et derrière le camp militaire Ketele, dans la vallée située près de la commune Kisangani.

 

c. La commune Tshopo


Habituellement, à l’entrée du Pont Tshopo, la garde est assurée par les unités de la Police Spéciale de Roulage et des éléments du bureau de renseignements de l’armée. Cependant, dans l’après-midi du 14 mai 2002, cette équipe a été renforcée par d’autres de la Prévôté Militaire (PM) et du service de sécurité et renseignements pour assurer davantage la surveillance de ce lieu stratégique après ces événements. Logiquement donc, il fallait contrôler les entrées et sorties des personnes, civiles ou militaires, soient-elles.


Cependant, des informations concordantes font état du mouvement de traversée des véhicules tard dans la nuit vers l’autre côté du pont et des bruits inhabituels qui s’étaient produits dans la brousse située entre le bout du pont Tshopo à l’entrée du Jardin Zoologique de Kisangani.
Deux semaines durant, cet endroit dégageait une odeur nauséabonde des corps en décomposition.


C’est dans l’étonnement profond que les marchands ambulants et vendeuses des légumes se sont vus refusés le 15 mai 2002, l’accès au pont Tshopo.
Le 17 mai, très tôt, la population a été attirée par une dizaine de corps pour la plupart en sous-vêtement, enfouis dans des sacs en plastic flottant sur la rivière Tshopo en aval de la chute que les courants d’eau avaient rapprochés des rives.


Ils portaient, pour la plupart, des traces d’armes blanches. D’autres ont été décapités voire éventrés. La nouvelle se répandit comme une traînée de poudre et provoqua un afflux considérable de curieux. Pour mieux le contenir, appel est fait aux militaires qui les dispersent par des tirs en l’air.


Quoique mieux outillés, la Croix Rouge locale et le CICR n’ont pas été admis à se charger du repêchage et de l’ensevelissement de ces corps. Cette tâche a été confiée aux militaires du RCD et d’autres personnes.


Les corps ont été placés dans des sachets offerts par le CICR, embarqués dans un camion de marque Leyland et ont été conduits vers l’aéroport international de Bangboka pour inhumation dans une fosse commune.


D’autres corps retirés des eaux, les jours suivants, ont été enterrés derrière l’Hôpital Général, non loin du cimetière des victimes de la guerre de juin 2000. Selon certains témoins en provenance de territoires d’Isangi et Basoko, d’autres corps en décomposition ont été tirés du fleuve et ont été enterrés dans les villages environnants.


Au regard de ces massacres, il y a lieu de croire que l’ordre d’arrêter quelques officiers militaires et de la Police supposés impliqués, de près ou de loin, dans la mutinerie, ne provenait que de la hiérarchie du RCD. Et par voie de conséquence, la détention, les tortures et les exécutions sommaires ou extrajudiciaires opérées dans divers endroits de la ville ne pouvaient leur échapper. Le Groupe Lotus a été contacté par les familles et proches des militaires et policiers portés disparus dont la liste ci-après :

 

a. Officiers de la Police disparus

  1. Commandant Jean-François Ibuka, Commandant PIII de la Police.
  2. Commandant Police Spéciale des Frontières/Inspecteur Provincial.
  3. Commandant Second de la Police d’Intervention Rapide
  4. Malikula.
  5. Makali.
  6. Monzeku.
  7. Bofiongojo.
  8. Amboka.
  9. Makangila.
  10. Silikula.
  11. Enzongo.
  12. Obongila.
  13. Zalisuka.
  14. Kananzi.
  15. Saliboko.
  16. Mokulende.
  17. Abongi.
  18. Bamongo.
  19. Bootola.
  20. Lisanza.
  21. Ekusi.
  22. Ondekane.
  23. Kalibanda.
  24. Ibonda.
  25. Kulukala.
  26. Lisungi.
  27. Liwenge.
  28. Mbula Moke Folo.

b. Les disparus de l’Armée


Officiers.

 

  1. Commandant Nyembo du Quartier Général.
  2. Commandant Mabele Muleka du Bureau III de l’Armée.
  3. Commandant Chouchou.
  4. Commandant du Bataillon, Augustin Longila.

Soldats.

  1. Mme Florence
  2. Pierrot Asimbo, militaire du RCD en formation à Kapalata
  3. Jacques Muamba

SITUATION APRES LES ÉVÉNEMENTS.


Enlèvements, menaces, arrestations, interpellations et vols à mains armées sont devenus le lot quotidien de la population, après ces tristes événements.

 

Arrestations, intimidation et enlèvements

 

  • M. Jules Bwama, résidant sur l’avenue Buta n° 5, au quartier Lindi à Mangobo, a été enlevé le 23 mai par les militaires armés en poste à l’aéroport de Simi-Simi. Il a été, par la suite, transféré au camp Ketele. On l’accusait de s’être trempé dans le meurtre d’un militaire à Mangobo. Il a été libéré sans jugement, après avoir déboursé une somme importante d’argent.
  • M. Apôtre, non autrement identifié, résidant sur l’avenue Kimbi n° 21, commune Mangobo, soupçonné d’avoir pris part aux événements du 14 mai, a été enlevé le 21 mai 2002 vers 15 h. Dès lors , sa famille n’a plus de ses nouvelles.
  • M. Adonis, chef du quartier Bangelema, dans la commune Mangobo, a été arrêté dans la journée du 23 mai par deux militaires armés en tenue civile que conduisait le Bourgmestre. Il lui était reproché son manque de collaboration à livrer les jeunes qui avaient participé aux événements du 14 mai.
  • M. David Bafola, président de l’Association «Bana États-Unis » qui s’était réfugié dans son village en territoire d’Isangi, a été arrêté le 06 juin dans son village même par les militaires et acheminé à Kisangani sous bonne escorte. Depuis lors, il est gardé au cachot de l’état-major.
  • M. Gilbert Masudi Assani, résidant au quartier Bakumu n°18 dans la commune Mangobo, a été enlevé dans la nuit du 27 au 28 mai par des hommes en uniforme. On l’aurait impliqué aux événements du 14 mai.
  • M. John Tokole, propriétaire de la maison de diamant « Prix du Christ », résidant au quartier Basoko n° 106 dans la commune Mangobo, a été activement recherché, dans la nuit du 14 au 15 mai 2002, par des militaires qui se sont mis à tirer en l’air dans sa parcelle de 22 H à 4 heures du matin. Ils ont réussi à extorquer à son épouse un montant de 1.000 dollars US, un poste de radio et trois téléphones portables.
  • M. Libe, résidant sur l’avenue Botende n° 32, Commune Mangobo, a été enlevé le 22 mai et relâché après avoir payé la somme de 300 $US. Il lui était reproché d’avoir trempé dans les événements du 14 mai 2002.
  • M. José Monduka Longo, résidant sur la 4ème avenue Lokinda n° 28, au quartier Plateau Médical, dans la commune Makiso, a été l’objet, le 14 mai, de recherche de la part des militaires, pour avoir manifesté devant sa sœur, concubine à un de ces militaires, son refus de voir déposer dans sa maison les biens provenant du pillage. Son locataire, M. Philippe Massikini, n’a eu la vie sauve que grâce à l’intervention des voisins. Tous deux ont été contraints de vivre dans la clandestinité pendant 5 jours.
  • M. Atango Malo Malo, alias Tabin, 17 ans, cycliste transporteur, résidant sur l’avenue Lisala n° 47, Commune Tshopo, est porté disparu depuis le 15 mai 2002. Il était sorti ce jour-là à la recherche des clients.
  • Le Quartier Artisanal (commune Makiso) a été quadrillé par une vingtaine de militaires, du 22 au 23 mai, à la recherche de M. Idi Amin, exploitant minier, non autrement identifié. La hiérarchie a dû s’expliquer à la presse qu’il s’agissait d’une affaire privée entre l’intéressé et ses amis et que le précité ne faisait pas l’objet d’une quelconque recherche par l’armée. Non seulement cette présence militaire a créé la panique, mais des actes de violence commis par des militaires avaient également été enregistrés. Depuis lors, M. Idi Amin vit dans la clandestinité..
  • M. Jean-Pierre Litema, agent à la Bralima/Kisangani, résidant sur l’avenue Mongala n° 60 dans la commune Makiso, est sous menace d’arrestation de la part des militaires du RCD. Il aurait hébergé chez lui le Commandant Martin EKANGA, après les événements du 14 mai. M. LITEMA vit dans l’insécurité, sa famille aussi.
  • Pour avoir démarré l’émetteur de la RTNC en date du 14 mai 2002, l’opérateur de prise de son du jour, Jadot Alanda Mopepe et le journaliste Charles Masudi Walo qui s’était retrouvé par hasard à la Radio vivent dans la clandestinité, craignant pour leur vie.

Certains militaires et policiers ont été détenus, dans des conditions inhumaines et subissant des traitements humiliants et dégradants, dans les différents lieux de détention. Il s’agit de :

  1. Flory BOFEFU
  2. MANGBAU
  3. LIKUMBU
  4. EKAMBA
  5. BEBIDE
  6. KONGOLO EKOFO
  7. Martin EKANGA

Vol et irruption nocturnes dans les maisons des particuliers

  • L’étudiant Jean Kamango, domicilié sur la 5è avenue n° 33 au Quartier Plateau Médical de la commune Makiso, a été victime, dans la nuit du 14 au 15 mai, du vol de ses biens, notamment ses habits.
  • M. Manara Ramazani, chargé de sécurité à l’ONG Handicap International, résidant sur l’avenue Asimbo n° 19, au Quartier Plateau Médical dans la commune Makiso, s’est vu arrêté le 14 mai 2002 vers 19 H aux environs de l’Hôtel de Ville, par un groupe de militaires alors qu’il se rendait au service. Dépouillé de ses habits et d’une somme de 55 $US, il a été retenu jusqu’à 3 heures du matin. Il a dû retourner chez lui en sous vêtement après avoir passé la nuit sur un manguier sans pouvoir rejoindre son lieu de travail.
  • Dans la nuit du 27 au 28 mai 2002, des hommes à mains armées et en uniforme réussissent à pénétrer dans la maison de M. François Kokia, sise sur la 8ème avenue n° 14 dans la commune Kisangani . Pour empêcher le secours des voisins, plusieurs coups de balle ont été tirés en l’air. Des biens de valeur ont été emportés.
  • La famille Shide Siaka, domicilié sur la 2ème avenue n° 48 au Quartier Plateau Boyoma, dans la commune Makiso, a reçu la visite, dans la nuit du 27 au 28 mai 2002, d’un groupe de militaires. M. Shide et son oncle ont été ligotés. Pour les contraindre à s’exécuter rapidement en leur donnant de l’argent, ils ont tiré à bout portant sur M. Shide au niveau de la cage thoracique et à la jambe droite. Le montant de 200 $US leur a été remis. La victime est internée, pour soins médicaux, aux Cliniques Universitaires de Kisangani.
  • La famille Mupunga, résidant sur la 2ème avenue n°3 dans la commune Makiso/Plateau Boyoma, a reçu la visite d’un groupe de militaires, dans la nuit du 28 au 29 mai 2002, aux environs de 3 heures du matin. Ils ont réussi à emporter des appareils électroménagers.

Interpellation

  • M. Bolema, chauffeur de son état, résidant au Quartier Bakumu dans la commune Mangobo, a été interpellé par les services de sécurité, le 30 mai 2002, pour avoir pris M. Hervé de l’Agence France Presse dans son taxi, en date du 13 mai 2002. Il a été tout simplement verbalisé.
  • Maître Mupini, avocat au Barreau de Kisangani, a été invité par les services de sécurité, en date du 27 mai. Il a été entendu sur un dossier ayant trait aux événements du 14 mai 2002.
  • M. Fidèle Lowatilakose, journaliste à la Radio-Télévision Amani, a plusieurs fois reçu la visite, dans la semaine du 20 au 27 mai, des hommes se faisant passer pour des agents de renseignements. Ils cherchaient à recueillir de lui des renseignements sur les contacts du correspondant de la Radio BBC à Kinshasa, M. Arnold Zajtman, lors de son séjour à Kisangani, du 16 au 18 mai dernier. Ce journaliste a pu réaliser un reportage accablant sur les événements du 14 mai 2002.
  • M. Dismas Kitenge, Président du Groupe Lotus, a été invité par les services de sécurité pour être entendu sur son interview accordée le 16 mai à la BBC.
  • Le directeur de la compagnie aérienne Uhuru, M. Sylvestre Bamba, a été mis en détention par les services de sécurité, le 30 mai 2002. Il a été relâché le samedi 1er juin après s’être longuement expliqué sur l’ouverture par sa compagnie, de la ligne aérienne Kisangani-Beni-Kinshasa.

Réactions des dirigeants du RCD-Goma.
Certains agents et cadres du RCD-Goma se sont abstenus de fréquenter leurs lieux de travail par crainte de se voir fichés ou soupçonnés d’avoir répondu à l’appel des mutins. Le maire a.i. de la ville de Kisangani, M. Pierre Bakoy, informé de la situation, a signé deux arrêtés. Le premier portant le n° 01/013/MV/KIS/2002 révoque pour désertion MM. Samuel Bafalume et Lina Kovo, respectivement Chefs de quartier Segama titulaire et adjoint dans la commune Mangobo. Ils sont remplacés par MM. Kalima Etale et Bonanga Lokinda. Le second, portant le n° 01/014/MV/KIS/2002, suspend M. Freddy Molo, secrétaire permanent du RCD-Commune Mangobo. Il lui est reproché de s’être absenté sans motif à la soirée politique du 30 mai tenue à Mangobo et présidée par le maire en personne.

Trois arrêtés ont été signés par le gouverneur de Province. Le premier portait sur la réhabilitation des bourgmestres de la Tshopo, Evariste Yangoy et Benda Malio ; le deuxième n° 01/JPBC/022/2002 élevait M. Claude Bamungu en bourgmestre de la commune de Mangobo et le troisième n° 01/JPBC/023/2002 portait sur la permutation des Bourgmestres. Les deux derniers n’ont pu être appliqués, faute de l’aval de la hiérarchie du RCD.

M. Adolphe Onusumba, président du RCD-Goma, a reçu au lendemain de son arrivée à Kisangani, le 26 mai 2002, le président du Bureau de Coordination de la Société Civile. À l’issue de leur entretien, il a décidé de lever la mesure de suspension frappant les activités des associations de cette composante, prise par le gouverneur, le prof. Jean-Pierre Bilusa.

Le 27 mai 2002, jugeant partial le rapport du Représentant du Secrétaire Général de l’ONU en Rd-Congo, M. Amos Namanga Ngongi, sur les événements de Kisangani, le Président du RCD-Goma confie au chef adjoint du Département de la Communication, Dr. Lola Kisanga et au gouverneur, la charge de recevoir cette personnalité. Le jour suivant, après moult contacts avec la MONUC, Onusumba acceptera de recevoir M. Ngongi et lui reprochera sa partialité et son penchant pour le gouvernement de Kinshasa. Ses propos sont corroborés par certains éléments tirés de correspondances internes de la MONUC, non publiées. M. Ngongi est désavoué par le RCD-Goma qui le déclare «personna non grata. » Mais le Secrétaire Général des Nations Unies, Kofi Annan renouvellera sa confiance à son représentant spécial en RdCongo.

À la même date (28 mai 2002), Onusumba reçut cinq des six animateurs de la Société Civile qui s’étaient réfugiées au Q.G du contingent marocain de la MONUC. Après échanges, il leur donne des assurances sur leur sécurité et leur demande la reprise de leurs activités.

 

LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE FACE AUX ÉVÉNÉMENTS DE KISANGANI.


Depuis le début de la guerre dite de rectification, la violation du droit à la vie et du Droit international humanitaire par les rébellions armées et leurs parrains est de plus en plus banalisée. La réaction de l’ONU se limite à des condamnations et à l’adoption des résolutions qui n’ont jamais un seul instant modifié le comportement des belligérants.

Les tristes événements du 14 mai en sont un témoignage éloquent. Comme par le passé, l’ONU s’est résolue à la condamnation de ces évènements et au rappel de la nécessité de la démilitarisation de la ville de Kisangani par le RCD.

Aucun moyen de coercition n’a été utilisé pour contraindre le RCD -qui s’est trop moqué des résolutions de l’ONU- à quitter Kisangani. Au contraire, l’ONU a imploré le RCD - qui occupe et tire profit de sa présence à Kisangani - de démilitariser la ville.

 

Devant les atrocités commises au sein d’une population sans défense, les troupes de l’ONU, en dehors de l’observation, se sont empressées plus à compter les morts qu’à protéger la population.

 

TENTATIVE DE QUALIFICATION DES FAITS ET ÉTABLISSEMENT DES RESPONSABILITÉS.


Tentative de qualification des faits


Il convient de rappeler qu’il n’y a jamais eu guerre à Kisangani en date du 14 mai 2002 ou les jours suivants. Au regard des atrocités et massacres opérés par les troupes du RCD à l’endroit de la population civile, il y a lieu de parler de crime contre l’humanité. En ceci, nous rangeons toutes les exécutions sommaires et extra-judiciaires, les tortures de certaines personnalités, les viols des femmes, les enlèvements et disparitions.

La soutenance de cette thèse de crime contre l’humanité devient de plus en plus claire quand les attaques lancées, en connaissance des causes et des effets, contre la population civile de Mangobo sous forme de représailles politiques, en raison du soupçon selon lequel beaucoup de manifestants seraient venus de cette commune d’une part, et d’autre part, contre les éléments de la Police, à cause de leur ouverture d’esprit à coopérer avec la MONUC dans le cadre de la démilitarisation de la ville de Kisangani, doivent être prises en considération.

La vague de disparition des officiers de la Police et de l’Armée, arrêtés juste après les événements et le jour suivant et dont le pouvoir du RCD se refuse à donner les nouvelles et les preuves de leur existence à leurs familles respectives, est un des éléments de compréhension de ce crime.

Enfin, le lien entre la rumeur qui a circulé l’après-midi du 14 mai 2002 sur les attaques armées à Mangobo et les tueries qui ont eu lieu corrobore cette intention et cette planification de ces actes de terreur par l’armée du RCD.

À ne pas exclure de ce champ de crime contre l’humanité, les méthodes utilisées par le RCD pour procéder à ces tueries et tentatives d’effacement des preuves :

  • le fait de s’enivrer avant les représailles ;
  • le fait de bander les yeux des victimes avant de les fusiller ;
  • l’utilisation des armes blanches ;
  • la mise des corps dans des sacs et sachets et leur jet dans la rivière Tshopo et le fleuve Congo.

Établissement des responsabilités.


Des autorités aux civils, en passant par les forces armées et de police, nul ne peut se donner une bonne conscience au regard des événements du 14 mai dernier.

 

Responsabilité d’ordre politique

 

La mutinerie a été mal gérée par l’autorité provinciale. Étant informée de sa préparation, au lieu de chercher à étouffer cette mutinerie, le gouverneur de Province a plutôt adopté une attitude conflictuelle. Pour lui, c’est la Société civile qui voulait saboter son autorité. Pendant la mutinerie, le gouverneur s’est montré beaucoup plus menaçant à l’endroit de la Société civile. Son message n’était pas de nature à calmer la population, mais plutôt à l’inciter davantage à la panique.

 

Responsabilité morale.


En dépit de l’envoi à Kisangani de deux missions d’enquête par la haute hiérarchie du RCD, nulle part on remarque la volonté de punir les auteurs ou commanditaires des massacres du 14 mai dernier.

 

Il n’y a aucune volonté de recourir au mécanisme judiciaire pour l’établissement de responsabilité. La mission d’enquête conduite par M. Félicien Hitimana, chef adjoint au département de la Sécurité et Renseignements, a pris un caractère politique.

 

Responsabilité de l’armée du RCD.

 

Cette responsabilité se situe à deux niveaux. L’armée, en se mutinant, avait bien tendu un piège à la population. Les appels à la xénophobie et à la violence suivis d’effets immédiats de la population, compromettaient une cohabitation pacifique entre les peuples.

Les représailles contre la population civile sans défense ont été disproportionnées. L’armée s’est rendue coupable de massacres et atrocités sans pareil.

L’ordre de tuer a été donné par la hiérarchie militaire, car comment comprendre que quelques heures seulement après l’arrivée de la délégation de gradés venue de Goma qu’un massacre à grande échelle et des exactions soient commis au sein de la population. Pendant ce temps, qu’est-ce qui a été fait par les autorités ayant en charge la sécurité des personnes et des biens pour empêcher ces actes ?

Il ressort clairement de ces faits que le commandant de la 7ème Brigade intérimaire, Yvon Nguizani, est la personne la mieux indiquée pour clarifier les arrestations qui ont été opérées à la parade de l’état-major ce 14 mai 2002 entre 9 h et 10 h, lesquelles ont donné lieu à des disparitions constatées jusqu’à ce jour, et la délégation de Goma présidée par les commandants Gabriel Amisi dit «Tango Fort», Laurent Nkunda Mihigo et Bernard Biamungu. À la prise de leur commandement l’après-midi du 14 mai 2002, les massacres à grande échelle ont eu lieu à Mangobo et le 15 mai 2002 au pont Tshopo.

Dans cet ordre d’idées, les commandants non autrement identifiés connus sous les noms de Franck, Santos et Claude, omniprésents à Mangobo lors des massacres, sont mieux placés pour répondre du comportement de leurs hommes des troupes lors des événements du 14 mai 2002.

 

Responsabilité de l’ONU.


L’ONU s’est illustrée par une multitude de résolutions en faveur de l’avènement de paix en République Démocratique du Congo. Mais, malheureusement, ces résolutions n’ont jamais été suivies d’effets.

La démilitarisation de la ville de Kisangani longtemps exigée au RCD n’est jamais effective. L’ONU se caractérise par une attitude ambivalente. Elle exige, certes, la démilitarisation de Kisangani et au même moment, elle supplie le RCD à l’aider à cette fin. Les événements du 14 mai 2002 doivent interpeller la communauté internationale pour éviter de connaître le génocide rwandais au Congo ou à son discrédit total. Car, aussi longtemps que la situation durera, la population frustrée entretiendra un sentiment de haine et de révolte qui peut conduire à un comportement incontrôlé et inexplicable.

Pour éviter le discrédit de l’ONU, le mandat de la MONUC doit prendre en compte la volonté du peuple congolais qui appelle de tous ses vœux la cessation des hostilités, le départ des troupes étrangères et l’unification du pays.

 

CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS.


Les divers éléments récoltés, les témoignages recueillis ne semblent pas suffisants pour comprendre ce qui s’est réellement passé à Kisangani, pourquoi et comment en est-on arrivé à des dégâts si terrifiants, alors que presque tous les signaux importants n’indiquaient vraisemblablement rien de rouge.

 

La thèse de mystère est inacceptable, même pour le RCD-Goma. Pour ce, la hiérarchie de ce mouvement a envoyé sur le terrain une commission d’enquête chargée de réunir le maximum d’éléments et de faire éclater la vérité. De sa composition hétérogène découlait le souci d’atteindre l’objectif noble qui est celui de reconstituer les faits, d’identifier les coupables, de les soumettre à la sanction judiciaire et de prendre des mesures énergiques pour éviter à l’avenir la commission d’actes similaires.

 

Ainsi, du 30 mai au 16 juin 2002, cette commission composée du chef-adjoint au Département en charge de la Sécurité et des Renseignement, M. Félicien Hitimana, du chef de Département adjoint chargé de la Justice, M. Kitenge, de l’auditeur général militaire (RCD-ANC), le colonel Bivegete et d’autres personnalités en provenance de Goma, a eu à entendre plusieurs personnes, à recueillir plusieurs opinions en vue de fixer les idées sur la réalité des événements du 14 mai. Le gouverneur de la Province Orientale, Jean-Pierre Bilusa Baila en faisait partie.

 

Le RCD-Goma, jusqu’à ce jour, n’a pas rendu public tous ses rapports d’enquête, à part la reconnaissance de 44 morts découlant, selon lui, des affrontements armés qui, du reste, n’ont jamais eu lieu dans la ville de Kisangani. Aucune poursuite judiciaire n’a été engagée envers qui que ce soit.

En scrutant les signes du temps, trois fronts permettent d’appréhender la nébuleuse question de la violence dont la ville de Kisangani a souvent été victime.

 

Le premier front, clandestin, silencieux, invisible est celui de la tolérance, de l’acceptation de l’autre en tant que tel . À ce sujet, l’on ignore les raisons évidentes de la réticence de certains esprits à pouvoir reconnaître la qualité de Congolais, aux ressortissants de certaines tribus de l’est de la Rd-Congo qui font frontière avec le Rwanda et le Burundi. Le problème est si complexe, si ardu que des réserves doivent être émises soit dans la tentative d’appropriation de la nationalité, soit dans les efforts de son attribution.

 

Sans soulever l’épineuse problématique de la nationalité congolaise qui mérite néanmoins retouches et réaménagements et la question rwandaise en Rd-Congo, inopportune circonstanciellement, la population doit désormais aspirer à une nouvelle ère. En fait, l’évolution de l’humanité, le développement technique, a mondialisation-globalisation de l’économie mondiale influencent les opinions publiques sur le bonheur universel qui proviendrait de la conjonction des efforts de tous.

 

De ce point de vue, la Rd-Congo appelée à jouer le rôle de locomotive en Afrique, doit absolument peaufiner les stratégies pour se transformer en une terre d’accueil, sans toutefois négliger les normes élémentaires des migrations. Ce faisant, les Congolais de l’intérieur seront sécurisés, les étrangers aussi. Ce n’est que lorsque les autres ne seront plus considérés comme des ogres déshumanisés, diabolisés, mais comme des êtres humains méritant respect et dignité qu’un discours susceptible d’éviter un conflit pourra être tenu. Et si, par impossible, le conflit éclatait, il pourrait être résolu autrement que par le châtiment, la revanche et les représailles.

 

Le second front est socio-économique. Il demeure placé sous la conduite de ce qu’il faut appeler l’effondrement calamiteux du circuit d’échanges commerciaux. La faillite de quelques entreprises et maisons locales de commerce ne cesse d’envoyer au chômage, un nombre impressionnant d’hommes valides. Ceux-ci, faute d’occupation majeure, nourrissent de projets ambitieux et charpentent des syllogismes de tous ordres dans l’espoir d’améliorer leurs conditions d’existence. Dans ces conditions, la responsabilité de la misère est généralement, légèrement et faussement imputée à ceux que l’on voudrait noyer.

 

Le troisième front est celui du retour de la paix en Rd-Congo. Malgré l’état d’avancement de la situation qui, de plus en plus, balaye l’idée de la reprise des territoires par la force des armes, il ne fait l’ombre d’aucun doute de la présence des partisans de cette thèse, voulant à tout prix tourner la roue de l’histoire dans le sens qui leur convient. Cela, peut-être à cause de la mauvaise foi des politiciens congolais, des tergiversation du Rwanda à retirer ses troupes du Congo et de manque d’intérêt de la communauté internationale à imposer la paix au Congo.

 

Or, on ne peut vouloir en même temps une chose et son contraire. Si la paix est antinomique à la violence, il faille alors toute une série de dispositions à intérioriser pour y parvenir au bout de compte. Sous cet angle, les efforts doivent être déployés essentiellement au plan politique, diplomatique et même culturel.

 

Au regard de ce qui précède, le Groupe Lotus recommande :

  • Aux ONG locales.

    • de mener d’intenses campagnes de sensibilisation en vue de faciliter la cohabitation pacifique entre peuples et ethnies ;
    • de poursuivre les programmes d’éducation populaire pour parvenir à l’éveil de conscience sans lequel la participation politique est illusoire ;
    • et de mener des actions de lobbying pour la prise en compte des aspirations du peuple dans le nouvel environnement politique qui profile à l’horizon.
  • A la population de Kisangani.
    • de cesser d’user de la violence physique ou verbale en cette période marquant le tournant de l’histoire de la RDCongo ;
    • et d’accepter et de vivre la tolérance et la cohabitation pacifique entre les ethnies.
  • Aux dirigeants du RCD-Goma.
    À la communauté internationale.
    • de poursuivre les enquêtes sur les événements du 14 mai et de dégager les responsabilités ;
    • de libérer les détenus qui ne seraient pas impliqués dans lesdits événements et de sanctionner ceux qui le sont de près ou de loin, par la voie de droit ;
    • d’assurer la protection des personnes et de leurs biens ;
    • et d’épargner les civils d’autres violences du genre dans les jours à venir.
  1. d’envoyer une commission d’enquête internationale pour l’établissement de la vérité ;
  2. d’imposer la démilitarisation de la ville de Kisangani au regard de manque de coopération sincère du pouvoir en place et de prévoir des mesures contraignantes au RCD en cas de non traduction en justice des responsables des massacres du 14 mai 2002 ;
  3. et d’accompagner la RDCongo dans la recherche de solution pour le retour à la paix, notamment l’implication de tous les acteurs à l’accord global pour une gestion consensuelle et sans exclusive du territoire national.

Fait à Kisangani, le 25 juillet 2002
Pour le Groupe Lotus,

Gilbert Kalinde, Secrétaire.
Bertin Mwanza, Chercheur.

Adan Baku, Chercheur.
Bibiche Bambale, Assistante.

Alphonsine Oketa, Chercheuse.
Dismas Kitenge, Président.

 

 

LOTUS, ONG des Droits de l’homme et de développement, membre de la Fédération Internationale des Ligues des Droits de l’Homme B.P. 505 Fax : 00 873 762 014 332 E-mail groupelotus28@hotmail.com

Kisangani.

 

VIDEO TEMOIGNAGE:GUERRE DE 6 JOURS

 

 

Source:lesoftonline.net

AMMAFRICA WORLD



19/08/2013
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