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PHARAONS NOIRS:L'HISTOIRE SECRETE DE LA NUBIE

Pharaons noirs : L’histoire secrète de la Nubie


Kachta, Piânkhy, Shabaka, Shabataka, Taharqa, Tanoutamon. Leurs noms ne vous diront rien par rapport à ceux des pharaons « célèbres » qui ont marqué l’histoire de l’Égypte ancienne : Kheops, Khépren, Toutmosis 1er, Akhenaton, Ramsès II, Toutankhamon, etc. Pourtant, ils régnèrent sur l’Égypte pendant un siècle, entre -750 et -650.

La XXVe dynastie pharaonique à laquelle ils appartenaient possède la particularité d'être uniquement nubienne, originaire du royaume de Napata. Cette origine les fera surnommer pharaons noirs, en référence à leur couleur de peau, pharaons éthiopiens ou encore pharaons koushites. Leur histoire fut longtemps occultée, jusqu’à ce que les statues monumentales de ces pharaons, qui dormaient à trois mètres sous terre depuis deux millénaires et demi, soient retrouvées par une mission archéologique suisse à Kerma, au Soudan.

Révélant au monde l’existence de ces pharaons africains, ces statues offrent non seulement une nouvelle clé pour comprendre la civilisation nubienne, qui rivalisa pendant plus d’un millénaire avec celle de l’Égypte ancienne, mais leur remarquable état de conservation permet désormais de se faire une idée du visage de ces souverains noirs.
Ce documentaire évoque le quotidien des membres de la mission suisse dirigée par l’archéologue Charles Bonnet, suivant à travers toute la Nubie l’étonnante piste de ces pharaons noir qui nous ouvrent la porte d’un passé méconnu et oublié.

. Mystérieuse Nubie

La Nubie est le pays d’origine des pharaons noirs. A priori, rien ne prédestinait ce territoire désertique méconnu situé au nord du Soudan à jouer un rôle important l’histoire des grandes découvertes archéologiques, mais c’était sans compter sur la passion et l’obstination d’un homme : Charles BONNET.

Ce personnage atypique autant qu’attachant, qui est passé de la carrière de viticulteur en Suisse à celle d’archéologue, s’est très tôt passionné pour le Soudan, fasciné par le potentiel archéologique de ce territoire étrangement délaissé par les chercheurs du monde entier. Il y arrive en 1965 et se retrouve bientôt à Kerma, ancienne capitale du royaume de Nubie. Une mystérieuse construction attire aussitôt son attention : une énorme masse de briques crues qui semble s’élever comme une falaise au milieu d’un océan de ruines. Les autochtones l’appellent « la Deffufa » et la considèrent avec un  by Savings Vault" href="http://www.mystere-tv.com/pharaons-noirs-l-histoire-secrete-de-la-nubie-v2588.html#">respect mêlé de crainte ; ces vestiges sont en effet censés être le lieu de résidence d’une mystérieuse « ombre blanche » dont l’apparition porterait malheur à quiconque en serait témoin.

Délaissant ces superstitions d’un autre âge, Charles BONNET tente plutôt de percer l’énigme archéologique que représente la Deffufa. S’agissait-il d’une tour de guet permettant de surveiller le trafic sur le Nil ? De la base d’un ancien palais aux proportions titanesques, selon l’hypothèse formulée par l’égyptologue Américain George Andrew REISNER (1867-1942) ?

. La Deffufa : porte d’entrée de la Nubie antique

Ce dernier fut le premier à fouiller la Deffufa, au début du 20ème siècle. Il en avait déduit qu’il s’agissait probablement du palais d’un gouverneur Égyptien. Le fait que les Nubiens aient pu développer une culture autonome, affranchie de l’influence égyptienne, paraissait en effet impossible aux archéologues et aux historiens de l’époque, obnubilés par le modèle d’un foyer culturel unique qui aurait rayonné depuis l’Égypte.

En reprenant les fouilles de la Deffufa, Charles BONNET parvint à briser cette idée reçue, démontrant que le bâtiment n’avait rien d’égyptien mais possédait des caractéristiques typiques d’une culture et d’une architecture autochtones. De plus, comme la Deffufa avait été reconstruite une cinquantaine de fois au même endroit, il en déduisit qu’il s’agissait probablement d’un temple. L’idée semblait si révolutionnaire qu’il faudra près d’une vingtaine d’années pour qu’elle soit acceptée dans le milieu des égyptologues.

La culture de Kerma n’ayant laissé aucun document écrit, il est impossible de savoir quel(s) dieu(x) étai(en)t adoré(s) dans ce temple à l’architecture singulière. Construite en brique crue, la Deffufa possède en effet la particularité d’être entièrement pleine : on n’y trouve aucune pièce, couloir ou espace vide. Seul un très long escalier permet d’accéder à une terrasse située sur le toit du bâtiment.

Les fouilles qui ont été effectuées dans le périmètre de la Deffufa ont permis de montrer que le temple occupait le centre d’une vaste cité. Cette découverte sonna comme un coup de tonnerre dans l’égyptologie ; personne n’avait en effet imaginé qu’il soit possible de trouver dans l’ancienne Nubie une ville aussi importante. L’ensemble de l’agglomération se trouvait sur une île entourée par le Nil ; différentes portes, percées dans l’imposant système de défense, permettaient l’entrée et la sortie des marchandises, dont le flux devait être considérable en raison de cette situation géographique privilégiée. Des images de synthèse accompagnent cette partie du documentaire, donnant à voir la cité sous son apparence originelle : celle d’une mégalopole antique foisonnante d’activité.

Cette découverte montre que la Nubie, loin d’être une province à la botte de l’Égypte, était un royaume autonome prospère et organisé doté d’une organisation sociale et politique complexe. Kerma était la capitale de ce royaume aussi grand que l’Égypte, qui s’étendait sur plus de 1000 kilomètres le long des rives du Nil. Il recouvrait donc une partie de la Nubie actuelle, région située au nord du Soudan, le plus grand pays d’Afrique.

. Quand les morts livrent leurs secrets

Avec ses 30 000 tombes, la nécropole de Kerma est l’une des plus grandes de l’antiquité, véritable ville des morts incorporée à la cité. Ces 30 000 sépultures permettent de mesurer l’importance du royaume Nubien de Kerma au temps de sa splendeur, entre 2500 et 1500 avant J.-C. Les archéologues entreprennent chaque année de fouiller un nouveau secteur de cette nécropole, travail aussi titanesque que frustrant. La plupart des tombes ont en effet été pillées ne renfermant plus que des ossements sens dessus dessous. Certaines de ces sépultures étaient entourées de milliers de crânes de vaches disposés en cercle, comme un immense troupeau accompagnant le défunt vers l’au-delà. Ces objets, appelés « bucranes » faisaient office d’offrandes apportées par la famille.

Mais certains défunts n’étaient pas uniquement accompagnés d’animaux. Dans certains endroits de la nécropole, les archéologues ont en effet exhumé des centaines de squelettes d’êtres humains sacrifiés. Détail particulièrement horrible, certains corps ont les mains repliées devant la bouche, preuve que ces personnes étaient enterrées vivantes. Difficile cependant de comprendre la fonction de tels sacrifices, l’absence d’écriture laissant la porte ouverte à toutes les interprétations. Ces rituels datent en tout cas de la fin du royaume de Kerma, ce qui indique une évolution importante des pratiques funéraires entre la période des bucranes et celle des squelettes humains.

L’autre extrémité de la nécropole porte quant à elle les traces de peuplades encore plus anciennes qui ont précédé les Nubiens. Les archéologues y recherchent les vestiges d’une cité antérieure à Kerma : une agglomération composée d’habitations en bois et datant de 3000 ans avant J.-C. qui pourrait bien être la première ville construite en Afrique noire. Les seuls vestiges encore visibles aujourd’hui sont les marques laissées dans la terre : trous de poteaux servant aux fondations, caves, fosses de stockage, etc.

La mise à jour de cette cité pourrait remettre en cause bien des théories admises dans le domaine de l’égyptologie. Jusqu’à présent, archéologues et historiens s’accordaient en effet à dire que l’Égypte ancienne avait été au centre de tout le rayonnement culturel dans cette région. Or la découverte d’un processus d’urbanisation local, Africain, à une période bien antérieure à celle de la civilisation égyptienne, indiquerait que celle-ci n’a peut-être pas joué le rôle déterminant qu’on lui prête.

. Expéditions

Sans cesse à la recherche de nouveaux sites intéressants, les archéologues partent régulièrement en expédition dans le désert. Pour ces repérages, ils utilisent une technique de prises de vues aériennes effectuées à l’aide d’une voile cerf-volant équipée d’un appareil photo télé-déclenché depuis le sol. C’est de cette façon qu’ils ont pu repérer une structure circulaire de plus de 120 mètres de longueur qui pourrait bien être une ancienne forteresse de l’époque de Kerma. Au sol, d’infimes signes de présence humaine confirment l’intérêt du site : ossements d’animaux, restes de structures d’habitats, etc.

Le but de ces recherches est d’essayer de remonter toujours plus loin dans le passé pour tenter de retrouver les traces des plus lointains ancêtres des pharaons noirs de Nubie. Sur l’un des sites découvert, les archéologues ont ainsi mis à jour des fragments de céramiques datant de plus de 10 000 ans ainsi que des restes humains répartis dans une trentaine de tombes. L’étude de ce cimetière est extrêmement intéressante car il s’agit probablement de la toute première nécropole de la vallée du Nil.

Des armes de pierre, des outils, accompagnaient les défunts dans leurs tombes. C’est une découverte majeure pour l’histoire des coutumes funéraires dans cette région ; ces tombes permettent en effet de dater précisément la pratique des dépôts funéraires, pratique qui trouvera son apogée avec la construction des pyramides, véritables coffres-forts destinés à protéger les trésors qui accompagnaient les pharaons vers l’au-delà. Le début de cette obsession de la mort aurait donc commencé à cet endroit, dans le désert de Nubie, aux environs de 6000 ans avant J.-C., avec ces tombes d’individus aux côtés desquels on a déposé des céramiques, des parures, ainsi que divers objets rituels dont la fonction demeure un mystère pour les archéologues.

. Mise en valeur du patrimoine historique

Grâce aux fouilles menées par les archéologues, la population Nubienne prend conscience de la richesse de son passé. Il y a une quarantaine d’années, celui-ci n’avait pas d’existence ; la Nubie reposait sur un vide historique, culturel, identitaire, que le travail des chercheurs a peu a peu comblé. Aujourd’hui, cette histoire retrouvée redonne à la Nubie une place importante dans l’histoire des civilisations de la vallée du Nil, effaçant le complexe qu’elle a longtemps eu vis-à-vis de sa voisine Égyptienne.

Pour valoriser cette histoire, les autorités locales de Kerma se sont lancées dans la construction d’un musée, idée à laquelle Charles BONNET tient beaucoup. Le fait que la civilisation Nubienne ait précédé celle des pharaons d’Égypte a joué un rôle prépondérant dans ce projet. Grâce à cette découverte qui donne une dimension historique et culturelle toute nouvelle à la Nubie, les responsables du futur musée pensent qu’un engouement scientifique, et sans doute touristique, ne devrait pas tarder à se manifester vis-à-vis de Kerma et de ses vestiges.

Mais le travail à accomplir pour mener à bien ce projet est titanesque. En effet, la Nubie est un territoire isolé et dépourvu de tout : aéroports, voies de communication, capacités hôtelières, etc. Le projet de musée n’en reste pas moins ambitieux : il s’agit d’un immense complexe intégrant bien évidemment les salles d’exposition, mais aussi un centre culturel, un espace de vente, ainsi qu’un immense parking. Son coût est estimé à 1 500 000$, mais pour le moment, seule la porte d’entrée est sortie de terre, offrant la vision décalée d’un bâtiment contemporain dressé à l’orée du site archéologique.

Après avoir été dégagées par les archéologues, les ruines de l’antique Kerma sont en train d’être restaurées. A terme, elles permettront de se faire une vision d’ensemble de la physionomie de la ville, restituant le tracé de ses rues et les emplacements de ses principaux édifices.

. Pharaons noirs

Parallèlement à ces travaux de restauration, Charles BONNET fouille depuis quelques années un autre site abritant les vestiges d’une ville-fortifiée égyptienne construite vers 1500 avant J.-C. A cette époque, le royaume Nubien était entré dans une phase de décadence, et les Égyptiens en avaient profité pour l’attaquer, détruisant sa capitale, Kerma. Ayant pris pied en Nubie, les conquérants souhaitaient y affirmer leur emprise sur la population ; la religion étant à l’époque un important moyen de contrôle des peuples, ils construisirent donc naturellement un immense quartier religieux dans leur ville-forteresse.

Les vestiges retrouvés montrent que les temples y étaient bâtis sur le même modèle que ceux d’Égypte : deux imposants pylônes encadraient l’entrée donnant sur une succession de salles et de cours à colonnes. Pour dominer le royaume de Kerma, les Égyptiens avaient compris qu’ils devaient y imposer leurs dieux, mais aussi leur écriture. Cela s’est avéré efficace puisque cette culture égyptienne a subsisté pendant des siècles, bien après le retrait des conquérants de la Nubie. Mais vers 750 avant J.-C. les choses commencèrent à changer. L’Égypte traversait une période troublée qui avait considérablement affaibli son statut de puissance régionale ; les rois Nubiens profitèrent de ce déclin pour l’envahir, marquant ainsi le début le la période dite « des pharaons noirs ».

Charles BONNET a découvert leurs statues, enterrées sur ce site de fouilles dans de vastes fosses circulaires. Ce sont celles des cinq pharaons noirs qui régnèrent sur l’Égypte et la Nubie entre 750 et 650 avant J.-C. Le plus important, Taharqa, est cité dans la Bible. Son empire s’étendait du nord du Soudan actuel jusqu’en Palestine. Bâtisseur remarquable, de nombreux temples d’Égypte témoignent encore de son influence. Mais malgré ce rayonnement, les pharaons noirs seront finalement repoussés d’Égypte ; pour effacer toutes les traces de leur dynastie, preuve infamante de la Nubienne, les Égyptiens briseront alors toutes leurs statues.

Celles retrouvées par Charles BONNET portent de nombreuses traces de ce vandalisme : décapitation au burin, cisaillage des membres, écrasement des visages, etc. La restauration de ces statues, réalisée par l’un des meilleurs experts mondiaux, a permis de découvrir pour la première fois l’apparence de ces pharaons noirs que les Égyptiens avaient mis tant d’acharnement à vouloir effacer à tout jamais de l’histoire. Ces visages hiératiques qui semblent observer les archéologues depuis les millénaires qu’ils ont traversés sont pour ces derniers la récompense suprême des efforts accomplis durant plusieurs décennies. Une fois leur restauration achevée, ces statues resteront à Kerma, où elles constitueront le cœur du futur musée.

Mais des menaces d’ordre financier font planer une ombre sur la pérennité de ce projet, ainsi que sur la présence de la mission archéologique suisse au Soudan. Le pays traverse en effet de graves troubles liés aux tensions entre ses communautés musulmanes et chrétiennes, et dans ce contexte l’archéologie passe bien après les préoccupations politiques des dirigeants. Il se pourrait donc que la découverte des statues des pharaons noirs sonne à la fois comme le point d’orgue et le point final des travaux menés par Charles BONNET depuis 40 ans. Ce dernier aura rendu une partie de son histoire et de sa culture au Soudan, mais ce passé si riche semble menacé par les convulsions d’un présent chaotique. Ce pays – le plus vaste d’Afrique – s’apprêterait-il déjà à tourner la page si fraîchement réécrite de son histoire millénaire ?

EN RÉSUMÉ : Ce documentaire s’intéresse au moins autant à Charles BONNET et à ses collègues de la mission archéologique suisse de Kerma, personnages atypiques dans le milieu de l’archéologie, qu’aux fameux pharaons noirs dont il est question dans le titre, la découverte de leurs statues n’étant abordée que dans la dernière partie du film.

Ce parti pris déconcertant contribue cependant à donner une dimension « humaine » à l’aventure archéologique qui nous est racontée. Dans de nombreux documentaires, celle-ci se résume en effet trop souvent à l’évocation ébahie des trésors découverts, laissant de côté leurs inventeurs ou les ravalant à de simples figures secondaires censées assurer la crédibilité scientifique du commentaire par quelques interventions érudites. Ici, nous découvrons ces hommes dans leur quotidien fait de doutes, d’incertitudes, de lassitude parfois, mais aussi de passion, de joie et de chaleur humaine.

Derrière cette belle aventure, presque en toile de fond, se déroule l’enquête archéologique qui nous permet de remonter la piste des pharaons noirs. Les ruines de Kerma deviennent ainsi le point d’ancrage d’un fantastique canevas historique qui nous plonge au cœur de la Nubie antique, royaume puissant et prospère qui rivalisa longtemps avec son grand voisin Égyptien. Etape après étape, découverte après découverte, ce passé lointain refait surface, remodelant en profondeur l’histoire du Soudan et restaurant la grandeur de sa civilisation.

 

Passionnant et instructif !

 

 VIDEO-REFLEXION:

PARTIE II:
PARTIE III:

SOURCE:http://www.mystere-tv.com/pharaons-noirs-l-histoire-secrete-de-la-nubie-v2588.html


01/03/2013
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