Ça bouillonne au sein de la fédération du Maniema du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie. Des dirigeants du parti se seraient compromis dans la gestion des revenus issus des cotisations des mandataires du parti. L’on n’est plus loin d’un déballage, tout devant être mis en œuvre pour nettoyer les écuries d’Augias.
 
Voici plus de trois mois que le Nord-Kivu est en proie à une rébellion, menée par les rebelles du Mouvement du 23 mars (M23). Alors que la crise s’enlise dans cette partie de la RDC où l’ombre des négociations plane pour une issue pacifique à cette crise, c’est le moment choisi par certains cadres du parti présidentiel, le Parti du peuple pour la reconstruction et  la démocratie (PPRD), pour procéder, une prédation en règle.

Ainsi, chacun cherche à rassurer le lendemain, évitant que le pire ne se produise avec les événements de l’Est. Une autre guerre couve donc au sein du PPRD où certains caciques ont trouvé dans la guerre une belle occasion de puiser indûment dans les caisses du parti. Et, c’est dans la province que des indices de détournement des revenus du parti sont signalés. Des noms circulent, et pas de moindres. Les faits reprochés porteraient la marque de grands ténors provinciaux de ce parti, dont le plus en vue paraît être le président parlementaire du PPRD à l’Assemblée nationale, du reste élu du Maniema.

Le 30 juin, alors que le Premier  ministre, Matata Ponyo Mapon, s’est trouvé en visite à Kindu, chef-lieu de la province du Maniema, c’est le jour choisi par l’élu de Kabambare et secrétaire exécutif national du PPRD en charge du processus électoral pour s’entretenir avec les cadres provinciaux du parti. Ainsi, il y eut le même jour une messe œcuménique à laquelle assistait Matata Ponyo en mémoire des filles et fils de la RDC qui succombent sous les balles ennemies au Nord-Kivu d’un côté, et de l’autre, une réunion marathon du parti présidentiel, comme pour faire ombrage au chef du gouvernement.

A côté du sénateur Mulaila, M. Bosaga, membre du bureau politique du PPRD, M. Shulaya, secrétaire exécutif fédéral du Maniema, et tous les députés PPRD du Maniema ont été conviés à cette rencontre.

Au menu de cette réunion, l’élu de Kabambare s’est versé dans des attaques orientées en lieu et place de s’attarder sur les grands sujets ayant directement un lien avec l’avenir du parti dans le Maniema. La séance avait été levée sans qu’une solution ne soit trouvée aux questions incohérentes soulevées dans la salle par certains fanatiques, visiblement instrumentalisés.

Mais, c’est sur la question des finances provinciales du parti que le débat a failli capoter. Une précision de taille a été apportée par l’honorable Otea Musafiri, chargé du processus électoral dans le Maniema. Des montantes ont été avancés, entre autres, 12 000 Usd débloqués sur les cotisations des mandataires du parti pour soutenir des candidats du parti à la députation nationale. La nouvelle tombe comme une bombe pour l’élu PPRD de Kabambare. Visiblement, le montant aurait pris une décision inconnue, alors que l’interfédéral verse régulièrement ses cotisations.  Au-delà d’autres versements faits en faveur de l’interfédéral du Maniema, évalués à des millions de francs congolais, rien apparemment n’aura été utilisé pour le compte du parti. Une révélation qui a permis à certains cadres du parti de délier leurs langues en dénonçant tout haut les graves dérives dans la fédération du Maniema.

Ainsi, faute de présentation d’un programme d’activités du parti à réaliser par la fédération du Maniema ou ses organes affiliés, tous les mandataires ont décidé de suspendre leurs cotisations du 2ème semestre ; décision, sans doute guidée, selon les sources internes du parti, à une mauvaise gestion par la fédération constate lors des réunions des 14 janvier et 19 avril 2012.

Nettoyer les écuries

En ces temps de guerre, le parti présidentiel doit prêcher par l’exemple pour alléger la tâche au gouvernement qui se bat sur tous les fronts (militaire, politique et diplomatique) pour ramener la paix dans l’Est de la RDC. La guerre de prédation qui mine particulièrement la fédération du PPRD/Maniema n’est pas de nature à fédérer les énergies pour lutter contre l’ennemi commun que sont les tireurs des ficelles du drame de l’Est du pays.

Il est temps, pense-t-on, pour le PPRD de nettoyer ses écuries en séparant le blé de l’ivraie, ces brebis galeuses qui ternissent l’image du parti en se distinguant dans des détournements de revenus issus des cotisations des membres et autres mandataires du parti dans les institutions publiques. Des actes irrépréhensibles ne peuvent pas être tolérés dans le parti présidentiel, censé être un modèle dans la gouvernance de masse. Sinon, comment garantir la gestion de la chose publique dès l’instant où l’on ne sait pas assainir la gestion interne du parti.

Des sanctions devaient donc être prises pour recadrer les choses. Un coup de balai dans la fédération du Maniema est plus qu’indispensable pour remettre l’ordre dans les rangs des dirigeants. Ça serait aussi une belle manière de mettre fin au règne des intouchables ; notamment ceux qui profitent des relations qu’ils ont tissé dans le parti et autres instances du pays pour passer outre les règles et principes de bonne gestion.

Le Potentiel