TRIPOLI:PARIS CONTINUE A PAYER CASH SA POLITIQUE NEOCOLONIALE!
Tripoli. Paris continuer à payer cash sa politique néocoloniale
Le dessous des cartes de la situation en Libye et la bonne grille d'analyse de l'attentat de Tripoli...
« C'est un pays, historiquement, avec un sentiment d'identité nationale fragile. Et, paradoxalement, c'est Kadhafi qui avait contribué à la construction de ce sentiment national. La guerre, du coup, malgré ce qu'on a pu dire ou écrire en France en 2011, a ravivé les clivages. Il ne faut pas oublier que ce fut huit mois de guerre civile, des Libyens contre d'autres Libyens. Donc forcément, à une identité nationale déjà faible se sont ajoutées les divisions du conflit et la prédominance d'une culture de l'affrontement (…) cet attentat est symptomatique d'un pays en proie à la violence permanente » - Patrick Haimzadeh, spécialiste de la Libye (interrogé par Libé)
Un attentat à la voiture piégée a visé ce mardi l'ambassade de France à Tripoli, blessant deux gardes français et provoquant d'importants dégâts, dans la première attaque contre des intérêts français en Libye depuis la chute de Tripoli en 2011.
« L'attentat, qualifié d'"acte terroriste" par les autorités libyennes, écrit l'AFP, survient dans un contexte d'insécurité croissante en Libye avec des milices qui y font la loi et dans un contexte régional marqué par le conflit au Mali où l'armée française est intervenue contre les islamistes radicaux (…) La sécurité demeure l'apanage de milices dans un nombre de secteurs importants ».
Il aura fallu huit mois à l'AFP pour dresser le constat que je faisais de la situation libyenne dans mon édito« Où va la Libye? De la comédie de la pseudo démocratie à la somalisation...» du 9 août 2012 : J'y renvoie mes lecteurs. Depuis rien n'a changé et rien ne changera avant longtemps !
L'attentat
L'explosion est survenue à 7 heures et a été provoquée par deux voitures piégées, selon une source de sécurité libyenne. Une source à l'ambassade de France a affirmé que deux gardes avaient été blessés, l'un grièvement et l'autre n'ayant que quelques égratignures. L'école et le lycée français de Tripoli, situés dans le même quartier que l'ambassade, ont été fermés à la suite de cet attentat.
Le président français François Hollande, dont le pays a participé à l'agression militaire internationale contre la prospère Jamahiriya Kadhafi, a indiqué attendre de la Libye que "toute la lumière soit faite" sur cet attentat, tandis que le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius était immédiatement ce mardi à Tripoli, selon une source diplomatique française.
Selon un correspondant de l'AFP sur place, il ne restait d'un véhicule garé devant l'entrée de l'ambassade que le moteur et un bout de carcasse calcinée. Un profond cratère était visible à côté. Le bâtiment abritant les locaux de la chancellerie a été fortement endommagé et une partie du mur d'enceinte a été détruite.
Des enquêteurs libyens sont arrivés sur les lieux de l'attentat, où les forces de sécurité tentaient d'évacuer le secteur. «Il ne reste plus rien de mon bureau», a déclaré une employée française de l'ambassade installée dans une villa à deux étages située au coin d'une rue du quartier résidentiel de Gargaresh. «On a entendu une forte détonation à 7 heures. C'était une très grave erreur d'installer l'ambassade de France dans notre quartier», a dit l'un des voisins
"L'explosion est survenue vers 07H10 (05H10 GMT) et a été provoquée par une voiture piégée qui était garée devant la porte même de l'ambassade", a indiqué à l'AFP le chef de la sécurité du gouvernement fantoche à Tripoli, Mahmoud al-Chérif. Une source à l'ambassade de France a affirmé que deux gardes avaient été blessés, l'un grièvement et l'autre n'ayant que quelques égratignures.
Chérif a affirmé qu'il "ne s'agit pas d'un attentat suicide". "Nous sommes confrontés à plusieurs menaces et ennemis. Il est trop tôt pour le moment désigner une quelconque partie", a-t-il dit, évoquant les ennemis du gouvernement installé par les USA et l'OTAN à Tripoli, la RESISTANCE VERTE jamahiryienne et les groupes radicaux djihadistes proches d'AQMI.
Selon un correspondant de l'AFP sur place, il ne restait d'un véhicule garé devant l'entrée de l'ambassade que le moteur et un bout de carcasse calcinée. Un profond cratère était visible devant la porte de la chancellerie.
Selon un des voisins, légèrement blessé au visage, qui habite en face de l'ambassade, la voiture a été sans doute garée quelques minutes avant l'explosion. "J'étais en train de balayer devant chez moi. Il n'y avait aucune voiture devant la porte de l'ambassade. L'explosion a eu lieu moins de cinq minutes après que je sois rentré", a indiqué Jamal Omar. Selon lui, "une ou plusieurs personnes auraient garé la voiture devant la porte et auraient déclenché rapidement l'explosion".
Le bâtiment abritant les locaux de la chancellerie installée dans une villa à deux étages située au coin de deux rues exigus du quartier résidentiel et bourgeois de Gargaresh, a été fortement endommagé et une partie du mur d'enceinte a été détruite.
Des enquêteurs libyens sont arrivés sur les lieux de l'attentat. "On a entendu une forte détonation (...). C'était une très grave erreur d'installer l'ambassade de France dans notre quartier", a dit l'un des voisins accourus sur les lieux. L'ambassadeur de France, Antoine Sivan, arrivé sur place, n'a pas souhaité faire de commentaires.
"Nous condamnons fermement cet acte que nous considérons comme un acte terroriste contre un pays frère qui a appuyé la Libye durant la révolution" (sic) de 2011, a déclaré à l'AFP le chef de la diplomatie du gouvernement fantoche libyen Mohammed Abdel Aziz, présent lui aussi sur place. Le ministre a annoncé la formation d'une commission franco-libyenne pour enquêter sur l'attaque, refusant de donner toute indication sur les motifs ou les auteurs de l'attentat.
La menace Djidahiste au sahel
Tout cela prend place sur fond de menace djihadiste au Sahel.
Depuis le coup d'état – transformé en guerre civile puis en agression militaire par l'OTAN - de 2011, « l'insécurité est persistante en Libye particulièrement dans la région de Benghazi (est) frappée par des attentats et assassinats ayant conduit les Occidentaux à évacuer la ville », écrit l'AFP. Un attentat contre le consulat américain à Benghazi en 2012 a tué l'ambassadeur et trois autres Américains.
Les violences sont souvent imputées à des islamistes radicaux, pourchassés sous Kadhafi et qui règlent leurs comptes.
A cela s'ajoute un contexte régional marqué par le conflit au Mali où l'armée française, directement appuyée par les USA et l'OTAN, est intervenue, à la suite d'une offensive islamiste vers le Sud en janvier. Offensive provoquée par les manipulations de Paris qui ont utilisé les Touaregs, ex protégés de Kadhafi qui assurait la paix dans la région, pour provoquer la crise nécessaire à une intervention néocoloniale.
Les groupes armés jihadistes -le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao) et Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi)- visés par l'intervention française dans le Nord du Mali, avaient menacé en représailles de s'attaquer aux intérêts français.
Ces groupes s'appuient directement sur les groupes, gangs et milices djihadistes installées au pouvoir en Libye par les généraux de l'OTAN, avec la bénédiction de l'émir du Qatar et du sioniste BHL. Ecoutons Libération (Paris), qui, comme l'AFP, découvre soudainement la réalité libyenne : « Les trafics en Libye tiennent également à l'incapacité des autorités à désarmer les ex-rebelles qui ont combattu contre les forces de Kadhafi. Pour gagner du temps et rassurer la communauté internationale, des brigades entières ont été intégrées dans les forces de sécurité nationales. Mais les ex-combattants restent souvent sous l'autorité de leurs anciens commandants et n'obéissent pas forcément aux ordres venus de Tripoli. Surtout, des milliers d'ex-rebelles restent indépendants, refusant toute tutelle du gouvernement. Ils détiennent toujours leur armement, récupéré dans les arsenaux que Kadhafi avait installés à travers la Libye ».
Patrick Haimzadeh, spécialiste de la Libye (interrogé par Libé), décrit aujourd'hui dans les mêmes termes que moi ces djihadistes : « ses membres se sont retrouvés en pointe des combats, ils ont été soutenus de l'étranger, ils ont acquis une légitimité révolutionnaire et militaire, et ils cherchent à transformer le tout en une légitimité politique. Ils ont des milices et ils ont tout naturellement aussi intégré l'appareil militaro-industriel en cours de reconstruction à des postes clés (…) Dans l'est de la Libye, à Benghazi on peut citer notamment les milices d'Ansar al charia et à Tripoli la milice Al nawasi rattachée au quartier très peuplé de Souq al Juma et dont les chefs sont proches du responsable du conseil supérieur de sécurité de la capitale".
Confirmant les infos que nous donnions à l'époque, Libé confirme par ailleurs qu' « En janvier, des jihadistes avaient transité par la Libye pour s'infiltrer en Algérie et attaquer le complexe gazier de Tigantourine ».
La Libye made in NATO arsenal des Djihadistes
L'ONU vient précisément de diligenter une enquête sur le trafic d'armes en Libye. « Des experts des Nations unies pointent une dissémination inquiétante de l'arsenal du pays ». Cette enquête intervient, évidemment, au moment où l'ONU, sur injonction de Washington, s'intéresse à nouveau aux djihadistes, après avoir longtemps fermé les yeux. Ceux-ci ayant cessés d'être utiles.
« Contrairement à ce qu'affirme Tripoli, le trafic n'a pas cessé avec la fin de la guerre, commente Libération (Paris). Il alimente aujourd'hui «les conflits en Afrique et au Levant, et enrichit les arsenaux d'acteurs non-étatiques, y compris des groupes terroristes», indique l'ONU. Les experts des Nations unies s'inquiètent particulièrement de l'afflux d'armes libyennes dans le désert du Sinaï, en Egypte, et dans la bande de Gaza (…) Autre destination, la Syrie. Les armes, en provenance de Misrata ou de Benghazi transitent par la Turquie et le nord du Liban. Le trafic irrigue également le Sahel et le Tchad, où l'équipe de l'ONU estime que 30 systèmes portables de défense anti-aérienne ont été achetés et transportés à N'Djamena, la capitale ».
Contrairement à ce qu'affirme Libé dans le même article, beaucoup de ces armes ne proviennent pas des« arsenaux de Kadhafi » mais bien des livraisons de l'OTAN, de Paris et du Qatar aux djihadistes libyens, précisément ceux des Katibas du CNT de Misratta, Zlinten, du Djebel Nefoussa ou de Tripolitaine.
« Cette enquête des Nations unies constitue un désaveu majeur pour le nouvel Etat libyen, conclut Libération. En dépit des affirmations répétées du Premier ministre, Ali Zeidan, y compris en mars devant le Conseil de sécurité, les autorités ne contrôlent toujours pas les frontières avec la Tunisie, l'Algérie et le Niger. La mise en place d'une «zone militaire fermée» dans le désert du sud n'empêche pas trafiquants et combattants de circuler d'un pays à l'autre ». «Le manque de stabilité politique et sécuritaire, l'absence prolongée de contrôle sur les stocks par les autorités nationales et les retards pris dans le désarmement encouragent les ventes illégales et ont généré des bénéfices considérables pour les trafiquants», soulignent les experts des Nations Unies.
La bonne grille d'analyse
A ces articles, enquêtes et autres analyses, il manque l'élément principal. La bonne grille de lecture et d'analyse.
Celle qui explique la montée en action des djihadistes.
Le déclencheur de l'activisme terroriste des djihadistes en Europe comme en Afrique est en effet la réponse à un signal fort, et extrêmement irresponsable, donné par les USA et l'OTAN : la collaboration des services spéciaux de l'OTAN, et singulièrement des français et des britanniques, avec des leaders d'Al-Qaida et d'AQMI, sa branche nord-africaine, en Libye, en Syrie et en Algérie.
La vision, exemple emblématique, d'un ancien de Guantanamo, Abdelhakim Belhadj, adoubé par les généraux de l'OTAN, français en tête, comme « gouverneur militaire de Tripoli » en Août dernier est un mauvais signal donné à tous les djihadistes. Relire les déclarations des généraux français lors de la prise de Tripoli en Août 2011… Le même Abdelhakim Belhadj était en novembre dernier à la tête d'une brigade en Syrie, basée en Turquie, et dont les camps d'entrainement sont organisés en Libye avec la bénédiction du CNT et de ses protecteurs de l'OTAN.
La France dicte sa loi néocoloniale à Tripoli...
Mais revenons à l'attentat de Tripoli. La réaction de Paris, y compris l'envoi d'un juge anti-terroriste français et des gros bras du GIGN, révèle crûment la sujétion du régime fantoche issu du CNT installé à Tripoli par l'OTAN et les USA. Où est l'indépendance du pays ?
Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a condamné ce mardi l'attentat contre l'ambassade de France qu'il a qualifié de "lâche et odieux", assurant que Tripoli a promis de trouver les coupables et les punir. "Nous condamnons avec la plus extrême vigueur cet attentat lâche et odieux fait pour tuer", a déclaré M. Fabius au cours d'une conférence de presse conjointe avec son homologue libyen Mohamed Abdelaziz.
M. Fabius a ajouté que les autorités libyennes avaient exprimé "leur détermination à trouver les coupables et les punir" et ont assuré qu'il ne faudrait "pas relâcher l'amitié franco-libyenne mais au contraire la rendre plus forte", a-t-il dit.
"Les terroristes qui ont voulu porter un coup à la France, à la Libye et à l'amitié entre la Libye et la France en seront pour leurs frais", a-t-il déclaré.
"Ce n'est pas seulement la France qui a été visée mais aussi l'amitié entre le peuple libyen et français et d'une façon plus large, tout ceux qui luttent contre le terrorisme".
Fabius, tel un proconsul en mission punitive, a indiqué par ailleurs avoir donné des "instructions" pour que la sécurité soit renforcée autour des représentations diplomatiques dans les pays de la région.
Plus tôt, Fabius a visité l'ambassade. Accompagné par le Premier ministre fantoche libyen Ali Zeidan et le chef de la diplomatie libyenne, Fabius a discuté également avec Mohamed Megaryef, président de l'Assemblée nationale fantoche, la plus haute autorité installée par les américains.
Dans un communiqué séparé, le chef de la diplomatie Laurent Fabius a affirmé qu'«en liaison avec les autorités libyennes», tout serait mis «en œuvre pour que toute la lumière soit faite sur les circonstances de cet acte odieux et que ses auteurs soient rapidement identifiés». Pour cela « le parquet de Paris a ouvert une enquête » et un groupement du GIGN a été envoyé sur place, a annoncé le ministre des Affaires étrangères sur BFM-TV.
« Dix gendarmes du GIGN sont également attendus en Libye pour renforcer la sécurité des lieux et examiner les conditions d'un déménagement de l'ambassade », a précisé plus tôt la gendarmerie française.
Par ailleurs, M. Fabius a annoncé « qu'un juge anti-terroriste français était attendu dans la soirée à Tripoli pour enquêter sur l'attaque ». On voit là ce qui reste de l'indépendance de la Libye post-Kadhafi, paillasson où juges et flics français viennent faire la loi sur instructions du gouvernement français...
... Et Paris paye à nouveau cash sa politique irresponsable
Ce qui se passe aujourd'hui à Tripoli, et que feignent de découvrir les médias de l'OTAN, n'a rien de nouveau. Au moment où éclatait l'Affaire Merah, le 21mars 2012, j'écrivais ce qui suit dans un édito intitulé« La France de Sarkozy paye cash sa politique aventuriste en Libye et au Proche-Orient» () :
« La politique des USA et de l'OTAN, dont la France de Sarkozy – qui a enterré la politique du générale de Gaulle aussi bien au niveau européen qu'arabe – réintégrée dans l'OTAN est le bon élève servile, peut être qualifiée de schizophrénique. Chaque jour de jeunes soldats sont sacrifiés en Afghanistan et en Irak pour combattre des djihadistes – et depuis au Mali -. Que par ailleurs on arme et organise, comme allié principal, en Libye ou en Syrie.
Incohérence ou cynisme … Schizophrénie qui touche aussi les services spéciaux de l'OTAN. Ainsi les branches Sécurité intérieure des Services français, qui doivent suivre les djihadistes et autres salafistes en Europe, doivent regarder d'un drôle d'œil leurs collègues des branches Action extérieure et du Service Action qui encadrent et arment les mêmes islamistes en Libye ou contre la Syrie. En particulier les barbouzes française qui ont organisé les livraisons d'armes aux Brigades de Zenten et de Tripoli en juin 2011, avant de remettre la capitale libyenne à leur chef Abdelhakim Belhadj. »
Aujourd'hui, Patrick Haimzadeh confirme cette analyse. Il dresse lui aussi le constat sans appel de la politique irresponsable – à court comme à long terme - de Paris : « La France a pris une décision rapide d'entrer en guerre sans penser aux conséquences qu'aurait ce conflit. Après il était trop tard, on n'allait pas occuper la Libye et on ne pouvait pas mettre un casque bleu derrière chaque milicien. Sur l'attentat en lui-même, peut-être la France a-t-elle minimisé le risque d'être attaquée, et n'a pris toutes les mesures sécuritaires. Je connais bien l'endroit où se situe l'ambassade, et un filtrage efficace des deux accès à la petite rue où se trouvait l'ambassade aurait pu éviter l'attentat ou en dissuader leurs auteurs ».
Cette politique Hollande et Fabius en payent aujourd'hui une nouvelle échéance à Tripoli ! Avant de payer, inévitablement, le même prix pour leurs manipulations cyniques en Syrie, au mali et aujourd'hui en Centrafrique (où Paris et l'OTAN viennent aussi et encore d'installer des islamistes au pouvoir).
Luc MICHEL pour ELAC Website
Avec
AFP – LANA – Libération - PCN-SPO
CAMEROONVOICE
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