AFFAIRE HENRY MUKE DISUISHE SUR SA RENCONTRE AVEC KABILA JOSEPH
Henry Muke Disuishe, co-fondateur du groupe de pression « Bana Congo » et président du Haut conseil de libération. Photo CIC
Co-fondateur de l’ancien groupe de pression «Bana Congo» avec Samson Cibayi Mukuta, Aubin Kikonka et Didier Ramazani, Henri Muke Disuishe a été traité de «soi-disant combattant» par Bob Kabamba, professeur à l’université de Liège. C’était le samedi samedi 6 juillet sur les antennes de la Radio associative «Air Libre». Kabamba a accusé Muke «de travailler pour Kabila» et d’avoir reçu une «enveloppe» de celui-ci. Dans un entretien avec Congo Indépendant «Henry» dit sa part de vérité. Aux internautes d’en juger
Dans quelles circonstances avez-vous connu Bob Kabamba ?
C’est en 2004 que j’ai fait la connaissance de Bob Kabamba. A l’époque, Louis Michel, alors ministre belge des Affaires étrangères, avait initié une rencontre pour «organiser» la diaspora congolaise de Belgique. «Bob» me dira à cette occasion qu’il n’est pas un politicien. Il se limite à faire le « travail » qui lui a été demandé de faire en sorte que la diaspora parvienne à parler d’une seule voix au regard de la situation qui prévaut à l’Est. J’avais beaucoup d’estime pour Bob en apprenant qu’il était un professeur d’université.
Dans une intervention à la radio «Air Libre», Bob Kabamba vous a mis en cause. Il a déclaré premièrement que vous être un «soi-disant combattant». Que répondez-vous ?
Ma réponse est simple : «Bob» sait pertinemment bien que je suis un Combattant. Si je ne l’étais pas, lui-même et des «gens du pouvoir» ne m’auraient jamais contacté pour que j’arrête la lutte que je mène contre le régime en place. Combien de fois, ne m’a-t-il pas conseillé de regagner le pays « au lieu de gaspiller de l’énergie pour rien » ?
Kabamba affirme par ailleurs que vous avez rencontré «Joseph Kabila». Avez-vous rencontré «Joseph Kabila» ? Si oui, où et quand ?
Pouvez-vous situer la période ?
C’était en 2004. Un petit rappel des faits est nécessaire. Avant d’émigrer en Occident, j’étais un homme d’affaires au Congo. J’y vendais des véhicules d’occasion que j’achetais en Europe. En juin 2004, je me trouvais à Bruxelles, lorsque Laurent Nkunda et Jules Mutebusi ont occupé la ville de Bukavu. J’ai appris la nouvelle dans un salon de coiffure à Matonge. Avec quelques amis, nous avons organisé une toute première manifestation de protestation à Bruxelles.
Dans quelles circonstances avez-vous rencontré «Joseph Kabila» ?
Après cette manifestation, je suis rentré au pays pour dédouaner mes marchandises. C’est à cette occasion que j’ai été interrogé à l’aéroport de Ndjili avant d’être placé en détention, dès le lendemain, à l’ex-Demiap (Ndlr : service de renseignements militaires). J’ai passé trois jours au cachot. J’étais accusé d’avoir participé à une manifestation contre le pouvoir. Par conséquent, je travaillais «contre la patrie». «J’ai manifesté contre l’occupation de Bukavu par des éléments au service du Rwanda», leur ai-je rétorqué. Il m’a été demandé si je militais dans le MLC (Mouvement de libération du Congo) ou dans l’UDPS (Union pour la démocratie et le progrès social).
«Nous sommes en possession de plusieurs enregistrements vidéo envoyés par l’ambassadeur Jean-Pierre Mutamba sur lesquels on vous voit en train d’insulter le chef de l’Etat au lieu d’accuser Nkunda et les autres…», dira un de mes interrogateurs. J’ai été relâché suite à l’intervention d’un ami auprès de Didier Kazadi Nyembwe qui dirigeait, m’avait-on dit, l’Agence nationale de renseignements (ANR). Finalement, il m’a été demandé si je pouvais «être utile» au pouvoir «comme le chef de l’Etat le demande». «Si vous refusez, nous allons confisquer toutes vos marchandises», ajoutera un des interrogateurs. C’est ainsi que j’ai accepté leur proposition de rencontrer Joseph Kabila.
Où a eu lieu cette rencontre ?
La rencontre a eu lieu à la résidence de Joseph Kabila aux environs de l’immeuble GLM. Je ne suis pas allé à ce «rendez-vous» de mon plein gré.
De quoi avez-vous parlé?
Nous avons évoqué notamment la situation sécuritaire à l’Est du Congo. Je n’ai pas nié les déclarations que j’avais faites à Bruxelles, au sujet notamment des origines de Joseph Kabila, lors de la «démonstration» précitée. «Nous avons manifesté contre l’occupation de Bukavu par Laurent Nkunda, lui ai-je dit, mais nombreux sont les Congolais de la diaspora qui sont convaincus que vous êtes de connivence avec le Rwanda». Je lui ai parlé également des rumeurs selon lesquelles il ne serait pas le fils biologique de Laurent-Désiré Kabila. L’entretien, dont la durée initiale était de 30 minutes, a duré trois heures. Joseph Kabila semblait prendre plaisir d’entendre quelqu’un lui dire des vérités en face.
Quelle a été sa réponse ?
Il m’a expliqué qu’il était comme Jésus Christ. Il est haï par ses frères alors qu’il travaille pour le pays. «Le Congo vient de sortir de la guerre, il faut donner du temps au temps », me dira-t-il. Il m’a proposé de travailler avec lui. «Le gâteau est là, chacun peut avoir sa part », ajoutera-t-il avant de conclure en ces termes : «L’avion est là ! Il peut décoller à tout moment. Il m’autorise à repartir en Europe. Si je ne revenais pas au pays, l’avion va décoller sans moi… ».
Quelles sont les personnes qui étaient présentes lors de cette entrevue ?
Je me rappelle qu’il y avait notamment Guillaume Samba Kaputo, Kudura Kasongo et Marcellin Cishambo. Le général Didier Etumba était également présent.
Selon Bob Kabamba, «Joseph Kabila» vous a fait remettre une
«enveloppe» à l’issue de cet entretien. Quelle est votre réaction ?
Joseph Kabila ne m’a jamais donné de l’argent. A preuve, en 2006, Bob Kabamba me présentait au professeur Pierre Verjans en ces mots : «Voici le jeune homme dont je t’avais dit qu’il est le seul Congolais qui a vu Kabila sans lui demander de l’argent». Bob m’a dit plusieurs fois que ce fait a toujours épaté Kabila.
Kabamba cite pourtant au moins deux «témoins» : Marcellin Cishambo et Aubin Kikonka. Qu’en dites-vous ?
(Rires). Est-ce que « Aubin » se trouvait à Kinshasa lorsque j’ai rencontré Kabila ? Qui ignore que le régime de Joseph Kabila est passé maître dans la manipulation? Souvenez-vous de la mise en scène macabre orchestrée pour faire croire que Floribert Chebeya a été tué suite à une affaire de mœurs qui s’est mal terminée. C’est un gouvernement de menteurs, spécialisé dans l’art de fabriquer des «preuves». On m’en veut parce que j’ai «touché» leurs réseaux aux Etats-Unis et en Belgique. Bob Kabamba m’avait promis des « misères » après notre passage à l’université de Liège. J’invite ceux qui me connaissent à continuer à me faire confiance en me jugeant sur mes actes. Je ne peux en aucun cas trahir mon pays. D’ailleurs, l’argent que Kabila donne aux gens c’est de l’argent envoûté. En réalité, mes détracteurs font du chantage pour me contraindre à me mettre au service de Joseph Kabila. Le même samedi 6 juillet dernier, un «kabiliste» m’a téléphoné en me disant : «Henry, nous avons besoin de toi !».
Pouvez-vous le citer ?
Mieux vaut pas. La personne dont question se trouve encore ici en Europe. Elle m’a demandé d’aller participer aux « concertations nationales ». Le gouvernement de Kabila multiplie de provocations pour me distraire.
Que pensez-vous de ces «concertations nationales» ?
C’est un prétexte pour «légitimer» Joseph Kabila. L’homme est conscient d’avoir perdu toute légitimité depuis les élections du 28 novembre 2011. J’ai dit à ce kabiliste que je ne peux en aucun cas aller aux concertations nationales pendant que plusieurs membres de l’opposition sont privés de liberté. C’est le cas notamment de : Etienne Tshisekedi wa Mulumba, Eugène Diomi Ndongala, Pasteur Fernando Kuthino. Pour mon interlocuteur, les Congolais de la diaspora devront participer à cette rencontre «pour accorder nos violons afin que le Congo ne soit plus attaqué». J’ai la conviction que ces concertations seront à l’image du dialogue inter congolais à Sun City. En fait, tout est «ficelé» d’avance. Les participants vont jouer les figurants pour entériner ce qui a déjà été décidé ailleurs.
Que répondez-vous à ceux qui disent que les activistes politiques congolais, communément appelés « Combattants » accusent un certain essoufflement ?
Il n’y a pas d’essoufflement. En revanche, je reconnais que les activistes de la diaspora sont infiltrés par des «gens» du gouvernement de Kinshasa. Ces gens disposent de moyens pour le faire. Au fil du temps, on découvre que certains camarades qui se disaient « combattants » ne travaillent pas pour la libération du pays. Ils posent des actes qui discréditent le mouvement des combattants.
D’aucuns parlent de «guerre des chefs»?
Il n’y a pas de guerre des chefs ! Etant donné que notre mouvement est noyauté, nous nous sommes mis à part…
«Nous», c’est qui ?
Par nous, j’entends les « véritables patriotes ». A savoir notamment, les anciens membres du groupe de pression «Bana Congo» et d’autres organisations bien connues. Nous nous connaissons. S’il y avait essoufflement, les combattants ne se seraient pas rendus à Liège pour dire ses quatre vérités à Bob Kabamba lequel, avec un groupe de professeurs, se prépare à participer à la révision de la Constitution…
«Bob» a nié toute participation à une telle entreprise…
Faux ! Nous avons gêné leur projet. C’est pourquoi Joseph Kabila tente à tout prix de me discréditer. Je suis formel : Bob Kabamba travaillait sur un nouveau projet de modification de la Constitution.
Voulez-vous dire que Bob Kabamba a menti quand il dément faire partie d’une «cellule» chargée d’étudier l’amendement de la Constitution ?
Il a menti !
Dans une déclaration faite en novembre dernier, l’administrateur général de la Sûreté nationale belge, Alain Winants, a dit que «les combattants congolais étaient sous surveillance». Que répondez-vous ? Les combattants menacent-ils les intérêts belges ?
Cette surveillance est injustifiée. Les Combattants congolais ne sont pas des terroristes. Ils n’ont jamais menacé les intérêts de la Belgique. En revanche, ils se battent pour la libération de leur pays. Un point. Un trait. En tant qu’ancienne puissance colonisatrice, la Belgique devrait avoir honte d’avoir colonisé un pays qui peine, un demi-siècle après, à prendre son envol. La corruption au sein de la classe dirigeante congolaise en est une des causes. Certaines personnalités belges sont impliquées. Je vous donne une information : au cours d’une réunion tenue au ministère belge des Affaires étrangères, Bob Kabamba a affirmé publiquement que «Henry Muke est en train de constituer une rébellion pour aller attaquer Kabila». Vous pouvez constater avec moi que ce sont des compatriotes qui détruisent leur propre nation au nom de leurs intérêts personnels. Bob Kabamba travaille pour Joseph Kabila au niveau de l’Europe.
Propos recueillis par
Baudouin Amba Wetshi
Fichier Audio
HENRI MUKE REPOND A BOB KABAMBA
AMMAFRICA WORLD
A découvrir aussi
- EVENEMENT DU MOIS DE JUIN CE SAMEDI 30 JUIN 2012 A BIELEFELD
- MANIFESTATION RWANDAISE A BRUXELLES DU 18 AOÛT 2012 CONTRE LA VIOLENCE PHYSIQUE EN BELGIQUE
- COMBATTANTS FLEAU OU MAL NECESSAIRE? PAR HENRY NZOUZI
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 1520 autres membres