ATTAQUES A PARIS:LA CLASSE POLITIQUE VICTIME COLLATERALE DU TERRORISME
La classe politique, victime collatérale du terrorisme
La seule réponse des politiques semble être de proposer de nouvelles lois et de faire montre d’ambition.
Depuis les attentats du 13 novembre, le personnel politique nous offre un spectacle absolument lamentable. Incapables de prendre de la hauteur, ils se déchirent et chacun y va de sa proposition imbécile, dans une sorte de concours Lépine absolument sidérant. A droite, c’est même un festival, avec la palme revenant à Laurent Wauquiez et sa proposition d’interner tous les suspects. Tous ces «ténors» ont pu donner leur pleine mesure lors de la séance des questions au gouvernement, à l’Assemblée nationale. Je ne parle même pas des plateaux de télévision, où ils ont surtout exposé leur médiocrité.
Le contraste est saisissant quand on écoute les propos responsables et éclairés de personnes comme le juge Trévidic, qui connaît son sujet. Cela fait des années qu’il prêche dans le désert et, pourtant, c’est lui qui a les bonnes solutions: se donner les moyens humains et matériels adéquats et, surtout, laisser ces gens faire leur boulot sans leur mettre des bâtons dans les roues. Le travail doit être mené en profondeur. On ne rattrape pas comme cela quarante ans d’abandon des banlieues, qui sont devenues un terreau fertile pour toutes les dérives radicales, qui prospèrent sur la misère économique et culturelle.
Surenchère
Malheureusement, la seule réponse des politiques, c’est de proposer de nouvelles lois, en urgence absolue. La réforme de l’état d’urgence, qui est quand même un régime d’exception en matière de libertés publiques, va être adoptée en moins de trois jours. On nous annonce une nouvelle loi antiterroriste dans les prochains mois. Cela doit être la quatrième loi «sécuritaire» depuis 2012 (et je dois en oublier). Et cerise sur le gâteau, une réforme de la Constitution. Là, j’ai juste envie de hurler. On ne touche pas ainsi à notre texte fondamental, qui n’est pas un gadget pour président en mal d’annonces spectaculaires. À chaque nouveau coup encaissé, on augmente la dose.
La prochaine fois, on ira réformer quoi? la déclaration des droits de l’homme de 1789? Il faut arrêter cette surenchère, toutes les personnes sensées savent que les textes de lois contiennent déjà tout l’arsenal nécessaire pour faire face à la situation. Il y en a même trop.
Ce qui manque, c’est la volonté politique de les appliquer. Un seul exemple: la loi de 1905 interdit toute propagande politique dans un lieu de culte. Initialement conçue pour contrer l’église catholique, cette disposition convient à merveille pour régler le cas des mosquées salafistes. Pourquoi ne pas la mettre en œuvre? Pourquoi attendre un événement gravissime pour, d’un seul coup, se lancer dans la surenchère et tout lâcher. Certes, l’état d’urgence va permettre de faire un grand ménage dans certains secteurs. Cela a déjà commencé dans les banlieues, avec des perquisitions qui permettent de trouver, quasiment à tous les coups, de la drogue et des armes. Mais n’aurait-il pas été possible d’agir plus en amont pour ne pas avoir à en arriver à mettre les libertés publiques entre parenthèses?
Déconnexion
En plus de cette faiblesse pathologique des politiques, qui n’osent plus agir alors que c’est leur cœur de métier, nous avons aussi assisté au bal des ambitions comme jamais. Une fois de plus, Nicolas Sarkozy a fait honte à son camp. Sa seule préoccupation, depuis vendredi 13, est d’instrumentaliser les événements pour sa carrière. Aucun sens du long terme, de l’intérêt général, et même de la décence. Une partie de la droite lui a emboîté le pas, créant un décalage stupéfiant avec une population qui a encaissé le choc avec une grande dignité. J’ai vraiment l’image d’une classe politique hors sol, complètement déconnectée de ses électeurs.
Depuis vendredi, je me dis que, finalement, le pays s’en sortirait mieux s’il se débarrassait d’une partie de son personnel politique. Certes, il existe des élus tout aussi effarés que moi mais, par leur silence, ils ont cautionné les dérives des autres. Ce n’est guère que mercredi 18 qu’un sursaut a eu lieu, avec une séance de questions au gouvernement enfin digne. Je ne vois pas se dessiner une majorité d’élus pour arrêter la frénésie législative, se poser et adopter enfin les vraies solutions: laisser travailler ceux dont c’est le métier au lieu d’essayer de faire croire qu’ils sont omnipotents.
Plus que le terrorisme, qui m’inquiète beaucoup, le vide politique au sommet me terrifie. Nous n’aurons pas de véritable solution à nos problèmes sans un renouvellement profond de nos élites politiques. Soit elles s’adaptent et modifient radicalement leur manière de travailler, soit il faudra les virer. Parce que, là, ce n’est plus possible.
@Slate.fr
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