Trafic illicite d’armes vers la Côte d’ivoire: Gilbert Diendéré pris la main dans le sac !
Révélations sont graves, même très graves.
Le Burkina Faso apparaît encore sous un jour très sombre dans un rapport des Nations unies. Malgré l’embargo sur l’importation d’armes imposé à ce pays depuis 2004, il a continué d’être ravitaillé en armes. A en croire le tout récent rapport du groupe d’experts des Nations unies sur la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso s’est une fois de plus très négativement illustré dans cette sulfureuse affaire. Une grosse quantité d’armes de guerre, commandée auprès d’une compagnie brésilienne, du nom de CONDOR SA. QUIMICA, par le chef d’Etat-major particulier de la Présidence du Faso, Gilbert Diendéré, s’est retrouvée, on ne sait trop par quelle acrobatie, au pays d’Alassane Ouattara et de Soro Guillaume. Pourtant, sur le certificat de destination finale desdites armes, signé des mains de Gilbert Diendéré, il est écrit, noir sur blanc, que le matériel en question était exclusivement destiné au Burkina Faso et ne serait ni expédié, ni cédé à une tierce partie sans l’autorisation préalable du gouvernement brésilien.
En matière de commande d’armes, le certificat de destination finale est un document capital, au regard de la législation internationale. Sans ce document, en principe aucun fournisseur sérieux et soucieux de la légalité n’accepte de livrer des armes à un acheteur. Le document indique clairement qui est l’ultime destinataire, qui s’engage explicitement à ne pas réexporter le matériel concerné sans l’autorisation préalable des autorités du pays d’origine… Concernant les armes objets de trafic illicite vers la Côte d’Ivoire dont il est question, le groupe d’experts des Nations unies a réussi à se procurer du précieux document. Il est daté du 9 février 2012. Au bas du document, sous la signature, on lit : Général de brigade Gilbert Diendéré, Officier de l’Ordre national. Le contenu du document frappé du sceau de la confidentialité tient en trois points essentiels : « 1. Nous, soussigné, Général de brigade Gilbert Diendéré, chef de l’Etat-major particulier de la Présidence du Faso, certifions par la présente que les matériels de CONDOR SA. QUIMICA, ci-après désignés en annexe, appartiennent au Burkina Faso et lui sont exclusivement destinés. 2. Ces matériels ne seront ni expédiés, ni cédés à une tierce partie sans l’autorisation préalable du gouvernement brésilien. 3. En foi de quoi la présente attestation est établie pour servir et valoir ce que de droit ». Et voila, le tour est joué. C’est sur cette base que les armes ont été livrées à l’Etat-major particulier de la Présidence du Faso.
Troublante découverte !
ambassadeurMais, cette clause de non-réexportation sera très vite foulée aux pieds. Au grand dam de la parole donnée, les armes ne seront pas utilisées par le Burkina Faso. Elles seront expédiées à un autre destinataire, la Côte d’Ivoire. C’est la troublante découverte faite par le groupe d’experts au terme de ses investigations. « …le Groupe a été en mesure de confirmer que les 270 lanceurs de grenades non létales de type AM-600 (37 et 38 mm) et les 270 lanceurs de grenades létales et non létales de type AM-640 (40 mm) et les munitions connexes fabriqués par Condor Non-Lethal Technologies (enregistrée au Brésil) trouvés en Côte d’Ivoire avaient été vendus à l’origine aux services de la Présidence du Burkina Faso en août 2012… ». Indique le rapport. Mais il n’y a pas que ça. En février 2014, saisies par les experts au sujet de cette ténébreuse situation, la réponse des autorités burkinabè laisse pantois. Ignorant sans doute que le Groupe disposait de preuves pratiquement irréfutables, notamment le certificat de destination finale, signé de Gilbert Diendéré, et comportant en annexe la liste du matériel livré par la compagnie brésilienne, elles ont répondu au Groupe que les services de sécurité du Burkina Faso n’utilisaient pas ce type de matériel. La lettre de réponse est signée de Der Kogda, ambassadeur, représentant permanent du Burkina Faso auprès des Nations unies : « Suite à votre lettre référencée (…) en date du 1er octobre 2013, par laquelle vous sollicitez de mon gouvernement des informations sur un armement non létal et des munitions associées retrouvées en Côte d’Ivoire, en violation de la résolution 2101 du Conseil de sécurité, j’ai l’honneur de vous informer que les services de sécurité du Burkina Faso ne font pas usage de ce type d’armements… ». A écrit l’ambassadeur. Honteux mensonge! Mais les autorités burkinabè ne s’en tirent ainsi à bon compte. Le Groupe d’experts promet de ne pas lâcher la proie. Il soutient qu’il poursuit ses enquêtes en vue de déterminer comment ce matériel est entré en Côte d’Ivoire en violation du régime des sanctions.
Cache d’armes dans le nord de la Côte d’Ivoire ?
Autre élément important, Selon des informations fournies par le Groupe intégré du contrôle du respect de l’embargo de l’ONUCI, deux grenades roumaines pour RPG-7 fabriquées en 2005, l’une de type PG-7 (antichar) portant le code 17-05-451, l’autre de type OG-7(antipersonnel) portant le code 41-05-425, ont été identifiées parmi les munitions recueillies dans le cadre d’activités de désarmement, de démobilisation et de réintégration à Anyama (près d’Abidjan) de même qu’une cartouche de calibre 7,62 × 54 mm R fabriquée en Roumanie en 2008. Les autorités roumaines ont confirmé que les grenades de type PG-7 portant la marque 17-05-451 avaient en 2005 et 2006 fait l’objet d’autorisations pour trois transferts vers le gouvernement des États-Unis d’Amérique, le ministère burkinabè de la Défense (800 grenades) et le ministère géorgien de la défense. Elles ont également confirmé que les grenades de type OG-7 portant la marque 41-05-425 avaient en 2005 fait l’objet d’autorisations pour deux transferts vers le ministère burkinabè de la Défense (800 grenades) et le ministère angolais de la Défense. Là aussi, le Groupe d’experts enquête actuellement en vue de déterminer si les grenades à tube observées avaient été transférées depuis le Burkina Faso comme les autres munitions probablement d’origine roumaine qui ont été identifiées dans ses précédents rapports. Le Groupe note que les relations entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso se sont améliorées depuis 2011. Le rapport, rendant compte des enquêtes effectuées par le Groupe, précise une fois encore que le Burkina Faso a enfreint le régime des sanctions. Le Groupe continue de craindre que des armes et du matériel connexe ne soient stockés dans le nord de la Côte d’Ivoire, près de la frontière avec le Burkina Faso et ne puissent être utilisés en cas de crise, comme le Groupe l’a précédemment indiqué en avril 2013, dans un précédent rapport.
Jeu de cache-cache avec les experts
Au cours de son mandat, indique le rapport, le Groupe a adressé au total 127 communications (demandes d’information ou d’explication) officielles à des États membres, des organisations internationales, des entités privées et des particuliers. Trois types de réponses ont été distingués : « satisfaisante », « incomplète » et « absence de réponse ». Les parties ayant répondu de façon satisfaisante aux communications du groupe sont celles ayant répondu à toutes ses questions sans délai et d’une façon qui visait à faciliter des enquêtes particulières. Le Groupe a reçu des réponses satisfaisantes des gouvernements de l’Angola, de la Chine, des Émirats arabes unis, du Ghana, de la Hongrie, du Mali, du Maroc, de la République démocratique du Congo, de la Roumanie et de la Serbie, ainsi que des entités suivantes : ACMAT (France); Banque pour le financement de l’agriculture (Côte d’Ivoire); Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO); etc. Les réponses incomplètes comprennent les cas où les parties n’ont pas fourni toutes les informations demandées par le Groupe ou ont informé le Groupe qu’elles préparaient une réponse que le Groupe n’avait pas encore reçue au moment de la rédaction de son rapport ou qu’elles n’étaient pas en mesure de fournir les informations demandées à cause de la législation bancaire, de la législation sur la vie privée ou des obligations de respect de la confidentialité du client. Ces réponses incomplètes ont entravé les enquêtes du Groupe plus ou moins sérieusement. Le Groupe a reçu des réponses incomplètes du gouvernement burkinabè ainsi que des entités ci-après : ministère de la Défense (Côte d’Ivoire); United Overseas Bank of Singapore; Standard Bank Group Limited (Afrique du Sud); HSBC [(Hong Kong (Chine)]; Ecobank (Ghana); et Stanbic Bank (Ghana).
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L’or ivoirien n’est pas épargné !
Décidément, entre la Côte d’Ivoire et le Burkina, il n’y a pas qu’un seul trafic illicite. En plus des armes, les rapports des experts des Nations unies épinglent aussi le pays des Hommes intègres dans un trafic de métaux précieux, dont l’or. Voici ce que l’on peut lire à ce propos dans le rapport : « Dans le département de Bouna (nord-est de la Côte d’Ivoire), l’extraction artisanale illégale de l’or s’effectue dans plusieurs villages, dont Niandégué. La plupart des sites d’extraction illégale sont exploités par des ressortissants burkinabè, le Burkina Faso étant la destination naturelle du trafic d’or. Deux itinéraires terrestres principaux sont utilisés pour acheminer l’or illicite jusqu’au Burkina Faso, le premier de Bouna et Doropo, en Côte d´Ivoire, jusqu’à Galgouli et Gaoua, au Burkina Faso, le second de Bouna à Batié, au Burkina Faso. De multiples sources fiables indiquent qu’un individu dénommé Drissa (dit « le maire ») est le principal acheteur d’or. Ces sources ont confirmé qu’il était le destinataire final de l’or extrait illégalement dans le nord-est de la Côte d’Ivoire et acheminé en contrebande au Burkina Faso. L’intermédiaire pour ce type de transaction serait le propriétaire d’une entreprise de construction dans les villes de Ouagadougou et de Bobo Dioulasso, au Burkina Faso, spécialisée dans la construction de bâtiments, les travaux publics et l’import-export. L’entreprise sert également de société écran pour le blanchiment des revenus tirés du trafic d’or. Le Groupe poursuivra ses enquêtes sur les deux individus susmentionnés et fera rapport à ce sujet au Comité ».
Sources : Rapport du Groupe d’experts des NU
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