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Ca se passe en Europe:L'Allemagne cogite sur le port du voile à l'école

Ca se passe en Europe : l’Allemagne cogite sur le port du voile à l’école

Jean-Philippe Lacour/correspondant à Francfort et Pierre Gasquet/correspondant à Rome 

  • Les juges de Karlsruhe estiment qu’il est contraire à la constitution allemande d’interdire le port du voile aux enseignantes musulmanes. Une décision très commentée - AFP

 

Les juges de Karlsruhe estiment qu’il est contraire à la constitution allemande d’interdire le port du voile aux enseignantes musulmanes. Une décision très commentée.

En Allemagne, les enseignantes musulmanes peuvent porter un voile à l’école. Dans un arrêt rendu vendredi dernier par la Cour constitutionnelle allemande, le juge suprême a estimé que le fait d’interdire de manière générale le voile islamique n’était pas compatible avec la liberté de croyance prévue dans la Loi fondamentale (Constitution). Les juges de Karlsruhe ont toutefois estimé qu’un interdit pouvait s’appliquer aux enseignantes musulmanes s’il existe un « danger concret » de remise en cause de la neutralité de l’Etat, ou si le port du voile venait perturber le bon fonctionnement d’un établissement, laissant présager une vague de recours devant les tribunaux. Dans les faits, la Cour a donné raison à des enseignantes de la région de Rhénanie du Nord – Westphalie, qui étaient empêchées du fait d’une loi de cet Etat fédéral de porter un voile ou un bonnet dans leur établissement scolaire. Les juges sont ainsi revenus sur une décision de 2003, dans laquelle ils avaient estimé que le port du voile pouvait être interdit si une base légale existait pour cela. Depuis, plusieurs autres Etats régionaux, la Hesse et la Bavière, ont légiféré dans ce sens.

Les réactions à la nouvelle jurisprudence ont été, sans surprise, contrastées. Le Conseil central des musulmans d’Allemagne y a vu un « signal positif », et le député vert Volker Beck s’est réjoui d’« une belle journée pour la liberté religieuse ». A gauche, l’ex-députée turque du Bundestag, Lale Akgün (SPD), a estimé qu’une enseignante portant le voile n’était plus neutre au regard de la religion. Le spécialiste des affaires intérieures à la CDU, Wolfgang Bosbach, a critiqué une décision qui ne fait que déplacer les problèmes à l’école. Car, si le port du voile par les enseignantes dans les écoles publiques ne peut être interdit que s’il existe un « danger concret », « qui définit le danger concret ? » s’interrogeait hier un éditorialiste de l’édition dominicale de la Frankfurter Allgemeine. Le conflit se déportant sur les écoles, « les chefs d’établissements et inspecteurs académiques vont remercier (la Cour), un tas de problèmes vont émerger. De nombreuses juridictions seront saisies, qui devront jauger s’il y a danger pour la paix à l’école. Et tous les Etats fédéraux vont devoir revoir leur législation, si elles respectent l’esprit de l’arrêt sur le port du voile », poursuit le journal.

Plusieurs Etats ont déjà annoncé qu’ils feraient cet examen. Le quotidien « Die Welt » en est venu à cette conclusion : « l’Allemagne n’est pas un Etat laïc. A la différence de la France, où la religion est absente à l’école, en Allemagne l’école est un lieu de coopération entre l’Eglise et l’Etat. Et désormais entre les mosquées et l’Etat ». Reste à savoir si cet arrêt, renvoyant au second rang les priorités données à ce jour aux valeurs chrétiennes, va redonner un élan à la vague de manifestations du mouvement Pegida, stigmatisant l’islamisation rampante de l’Occident. Celle-ci a traversé l’Allemagne depuis octobre dernier avant de lentement s’essouffler.

Ca se passe en Italie : le compte à rebours pour le Jubilé de 2016 à Rome

Après les canonisations de 2014, Rome se prépare déjà au Jubilé extraordinaire du pape François. Au lendemain de l’annonce-surprise par le pape François d’un «Jubilé de la Miséricorde» pour célébrer le cinquantième anniversaire de la fin de Vatican II, en 2016, la ville de Rome est en effervescence. Le dernier Jubilé de 2000 avait attiré quelque 26 millions dans la capitale italienne, pour un coût estimé à 6,7 milliards d’euros. Le maire de Rome, Ignazio Marino, se dit prêt à tout mettre en œuvre pour faciliter la célébration qui débutera le 8 décembre, et le ministre de l’Intérieur, Angelino Alfano, a déjà prévu de réaffecter les 5.000 agents destinés à assurer la surveillance de l’Expo 2015 de Milan du 1er mai au 31 octobre. Mais les médias s’interrogent sur les délais de préparation.

«Notre préoccupation prioritaire n’est pas le «business», mais exprimer des signes concrets de miséricorde», a assuré Monseigneur Rino Fisichella, président du conseil pontifical pour la Nouvelle Evangélisation, en se refusant à se livrer à des prévisions sur le nombre de visiteurs prévus. Mais le compte à rebours est déjà parti pour se préparer à cette célébration qui durera jusqu’au 20 novembre 2016. D’ores et déjà, la ville de Rome a demandé au gouvernement italien une contribution exceptionnelle de 250 millions d’euros pour couvrir les surcoûts entraînés par l’annonce-surprise du pape en termes de gestion du trafic urbain. Face aux menaces de l’ISIS qui a fait de Rome une cible prioritaire, en pleine crise libyenne, «la sécurité sera une question clef», a prévenu, toutefois, le député démocrate, Luigi Zanda, ex-Directeur de l’agence pour le Jubilé de 2000, en rappelant que l’Italie avait eu quatre ans pour se préparer à la dernière célébration. Normalement, les «années saintes», ou Jubilés, ont lieu tous les 25 ans. Mais Jean-Paul II avait déjà célébré un Jubilé extraordinaire en 1983.

 

 

 

@lesechos.fr

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16/03/2015
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