IL FAUT DEDOMMAGER LES DESCENDANTS D'ESCLAVES
« Il faut dédommager les descendants d’esclaves »
INTERVIEW : Louis-Georges Tin, président du Conseil représentatif des associations noires (Cran)
Publié le 10.05.2013
| (IP3 Press/Maxppp/Vincent Isore.)
Le président du Conseil représentatif des associations noires (Cran) critique le gouvernement, coupable à ses yeux de ne pas lutter réellement contre le racisme.
Faut-il supprimer le mot « race » de la Constitution?
LOUIS-GEORGES TIN. Je n’y suis pas opposé, mais cela ne va rien changer à la vie des personnes victimes de racisme.
Faut-il supprimer le mot « race » de la Constitution?
LOUIS-GEORGES TIN. Je n’y suis pas opposé, mais cela ne va rien changer à la vie des personnes victimes de racisme.
Cela servirait tout au plus à François Hollande à masquer le vide sidéral de sa politique en matière de lutte contre le racisme. Il ferait mieux de mettre en pratique ses engagements, qui auraient des conséquences concrètes comme le droit de vote des étrangers au niveau local ou les attestations de contrôle policier.
Vous demandez des réparations « morales ou financières » pour les dégâts causés par l’esclavage. Pourquoi cette démarche aujourd’hui?
Nous avons commandé un sondage à l’Ifop, qui montre que 63% des habitants des DOM y sont favorables. Le Premier ministre s’était engagé à mettre en place une politique de réparation. Une réunion devait se tenir sur ce sujet avant le 8 novembre 2012. Elle n’a jamais eu lieu. Et je parie qu’aujourd’hui, à l’occasion de la Journée des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions, les autorités n’en diront pas un mot.
Qui faudrait-il dédommager?
En particulier les petits paysans des DOM. Ces descendants d’esclaves sont des paysans sans terre, parmi les plus pauvres. Il serait logique que l’Etat leur rétrocède une partie de son patrimoine foncier. Dans le domaine de l’éducation, nous demandons la création d’un musée de l’esclavage et un véritable enseignement de l’histoire coloniale dans les manuels scolaires.
La France devrait aussi, selon vous, verser des réparations à Haïti…
Oui, nous demandons la restitution à ce pays de la rançon qui lui avait été imposée en guise de dédommagement pour les planteurs « lésés » lors de l’indépendance et de l’abolition de l’esclavage. Haïti a dû payer des réparations en s’endettant de 1825 à 1946.
A combien cela se chiffre-t-il?
Le calcul a été fait : cela correspond aujourd’hui à 16 Mds€. En 2003, la députée Christiane Taubira avait déjà adressé une question écrite à Dominique de Villepin, alors ministre des Affaires étrangères, lui demandant que cet argent soit restitué à Haïti. Elle s’était heurtée à un refus.
Vous allez assigner en justice une banque française soupçonnée d’avoir bénéficié de la traite négrière. Laquelle?
Nous dévoilerons son nom aujourd’hui. L’esclavage étant un crime contre l’humanité, il est imprescriptible.
Par Philippe MARTINAT
LE PARISIEN
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