LA BALKANISATION:CONCEPT ET PROJET,MARCHERA OU MARCHERA PAS?
Section II : LA BALKANISATION
LA BALKANISATION et son concept:
II.1. DéfinitionSelon le Dictionnaire Encarta, concernant un ensemble ou une unité, la balkanisation est un démantèlement de celui-ci en petites unités indépendantes. De là nous avons comme exemple la balkanisation d'un système hospitalier. Du coté politique, il s'agit du morcellement d'une entité territorial politique en plusieurs Etats17(*).
Pour de plus ample détail, le verbe « Balkaniser » est un verbe duquel dérive le vocable « Balkanisation ». Au sens politique, il veut dire morceler politiquement un pays, un territoire ou un empire18(*).
D'où parle-t-on de la balkanisation de l'Afrique ou du Congo. Au sens figuré, balkaniser signifie émietter, éclater, atomiser une chose quelconque.
La balkanisation de la RDC est donc vue ici comme un processus, une démarche ou encore comme une chose, une réalité aujourd'hui en mouvement après avoir été conçue depuis une certaine époque bien déterminée.
II.2. Typologie de la Balkanisation
Ce concept de balkanisation possède deux (2) formes.
Elle (la balkanisation), peut-être Géopolitique ou Géoéconomique :
§ Il y a balkanisation géopolitique quand une partie d'un territoire ou d'un Etat est démembrée de celui-ci et passe sous le contrôle politico-administratif d'un autre Etat19(*).
La ruée des populations rwandaises vers le Nord-Kivu et le Sud-Kivu procède des velléités du Rwanda de pratiquer cette forme de balkanisation tout en étant soutenu par les Etats-Unis.
§ Elle est géoéconomique lorsqu'une partie d'un territoire ou d'un Etat, sans être démembrée de ce dernier, est économiquement exploitée par un autre Etat, d'autres Etats, une entité étrangère ou des entités étrangères.
Pour ce qui est le cas de la R.D.C. et justifie la déstabilisation de sa partie Nord-est par le Rwanda, le Burundi, l'Ouganda et même les sociétés multinationales en fatiguant les populations de cette partie avec des mouvements d'exil continuel20(*).
Différentes personnalités politiques que ce soit de la République Démocratique du Congo ou de l'étranger ont pu donner leurs termes pour décrire la balkanisation du Congo :
§ Le Premier Ministre Patrice Emery LUMUMBA à partir d'un discours télévisé a pu décrire la balkanisation avec les termes « d'éclatement du Congo ».
§ Le Secrétaire d'Etat adjoint aux Affaires Africaines du gouvernement de George Bush a écrit un document qui a appelé à la balkanisation du Congo, en utilisant les termes de la « division en républiques ethniques distincts », et qui a même suggéré que la façon d'y parvenir serait par le biais des migrations forcées21(*).
BALKANISATION DE LA RD CONGO EN MARCHE ?-
Des chefs coutumiers de l’Est sous pression
* La cohésion nationale demeure l’antidote au risque de démembrement du pays
Les informations en provenance de l’Est de la RD Congo sont moins bonnes. Selon des sources crédibles, une campagne au contenu strictement régionaliste est battue présentement dans les milieux des autorités traditionnelles du Nord-Kivu. Dans leur approche, les auteurs de cette manipulation distillent à dose homéopathique, un discours les emmenant à croire que la province peut vivre sans la moindre dépendance de Kinshasa. Ce n’est donc pas un hasard. Il s’agit plutôt là, d’une campagne qui menace le pari de la cohésion nationale que tous les Congolais appellent de leurs vœux.
On sait ce que valent les chefs coutumiers dans nos communautés de base. Ils sont des leaders incontestables et incontestés. Leurs volontés ont force de sentence irrévocable. C’est donc ces détenteurs du pouvoir traditionnel que les planificateurs de la balkanisation de la RD Congo tentent de mettre à contribution pour aller jusqu’au bout de leur projet. La démarche est dissuasive. C’est que ses auteurs veulent faire croire aux populations de l’Est, via les chefs coutumiers, qu’ils ont les atouts nécessaires de bien vivre, sans tourner l’œil vers Kinshasa. Et, face à cette menace persistante et réelle de démembrement du pays, les Congolais n’ont point d’autre alternative que de faire bloc. C’est cet idéal d’un Congo un et indivisible qui justifie l’initiative des concertations nationales que certains appellent «dialogue national». Peu importe la terminologie. On ne devrait sans doute pas perdre du temps à épiloguer là-dessus.
L’essentiel, c’est que Joseph Kabila, qui a initié ces concertations à l’interne, balise à juste titre cette voie de la cohésion nationale. Que l’on soit de la Majorité présidentielle, de l’Opposition politique institutionnelle, l’évidence tranche en faveur d’un seul impératif, à savoir le renforcement de la cohésion nationale. Loin d’être un simple effet de mode, la cohésion nationale soutenue par le peuple congolais dans son ensemble, doit être considérée comme une véritable question existentielle.
VIVEMENT LA COHESION NATIONALE
La vérité, c’est que les artisans, les planificateurs de la balkanisation de la RD Congo n’entendent pas encore se détourner de leur projet. Autrement dit, si la division du territoire national ne réussit pas aujourd’hui, le plan pourrait se matérialiser à long terme, dans dix ou 20 ans. Sauf si l’actuelle classe politique congolaise serait dans une logique de carpe diem pour sacrifier les générations à venir.
Etant entendu que les concertations politiques en vue devront obligatoirement déboucher sur la cohésion nationale, l’inférence est immédiate. Cette rencontre à l’interne passe pour une interpellation de chaque Congolais. La classe politique, qui est directement concernée par ces concertations, doit comprendre que c’est le moment de transcender leurs petites et inutiles querelles de chapelle, des clivages « idéologiques » au profit de l’unité du pays. En d’autres termes, le dialogue annoncé devra aller bien au-delà de l’idéal de partage du pouvoir que nombre de politiciens semblent attendre à pieds ferme. Face à l’impératif de préserver l’unité nationale, ces concertations doivent être le cadre indiqué pour peaufiner les stratégies nécessaires, susceptibles de vouer à l’échec, toute tentative de balkanisation du territoire national. La classe politique congolaise, désormais devant une lourde responsabilité, prendra sans doute date avec l’histoire. Elle doit donc faire attention.
CONSEQUENCES D’UNE ECONOMIE NON INTEGREE
Pays aux dimensions continentales, « scandale géologique »…toutes ces considérations ne doivent pas constituer une raison pour bouger les frontières traditionnelles du territoire congolais, hérité de la Conférence de Berlin (1885). C’est vrai que la RD Congo, à cause de ses minerais, est au centre des convoitises à vaste échelle. A l’interne, on devra cependant, porter un regard critique sur la responsabilité critique de la classe politique congolaise.
Sur le plan économique, une autopsie froide de la situation révèle que l’économie congolaise n’est pas du tout intégrée. On n’a pas besoin d’être un démiurge pour le savoir. Il suffit d’un voyage dans les provinces de l’Est, pour se rendre compte de cette vérité qui passe pour des évidences. Dans le Nord-Kivu par exemple, les populations de Goma se sentent beaucoup plus intéressées par les marchés rwandais. Par contre, celles de Beni regardent plus Kampala (Ouganda). En Province- Orientale, les populations de Bunia sont davantage intéressées par Kampala, via le centre d’Ariwara (ancien fief de Thomas Lubanga). Cette réalité a ceci de fâcheux qu’elle a détruit la fibre nationaliste.
La leçon à tirer de cette situation gravissime est qu’il faut intégrer l’économie nationale. Cette intégration passe inévitablement par la cohésion nationale. Par exemple, à partir de Bunia, un jeune opérateur économique peut dire qu’il peut offrir ses services à ses compatriotes de la province de l’Equateur. Que celui de Goma, Béni, Butembo…se dise qu’il peut aller à Kisangani ou ailleurs. Tout compte fait, il faudrait bien gérer l’Est du pays pour qu’il n’échappe point aux Congolais.
Laurel KANKOLE
FORUM DES AS
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