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LA DECENTRALISATION DU POUVOIR EN AFRIQUE SELON UN ANALYSTE AFRICAIN

Ce que je pense de la décentralisation du pouvoir en Afrique

mardi 9 avril 2013

 

Après la colonisation, il y a eu les indépendances en Afrique. Cela a donné un pouvoir central qui a gouverné nos pays alors que dans la tradition africaine les pouvoirs centraux n’étaient pas basés sur les pays, mais sur un rayon qui pouvait s’élargir.

 

Ce que je pense de la décentralisation du pouvoir en Afrique

Ces pouvoirs centraux étaient réservés aux chefs, aux rois ou aux chefs de guerre. Il y a même des régions qui n’avaient pas de pouvoir central. Mais le pouvoir par localité existait partout. Il pouvait être exercé par des chefs de village ou des chefs de clans. Les dirigeants étaient choisis soit par consensus, soit par désignation selon les sages ou par héritage. Des règles existaient et dans l’organisation on faisait de telle sorte que tout le monde maîtrise ces règles. Pour cela, les initiations étaient faites pour former les gens par générations. La violation de ces règles par un individu pouvait le conduire à des sanctions comme le paiement d’une amende, le bannissement ou la mort. Cette pratique s’apparentait à une grande rigueur pourtant comprise à l’époque par tout le monde.

Les erreurs étaient des grands événements pour la famille de celui qui a commis l’erreur et c’est toute la famille qui était déçue. Chaque membre de la communauté devait avoir le patriotisme dans ses actions. Il y avait des cérémonies pour rendre gloire à ceux qui avaient fait de grandes innovations pour l’avancée de leur communauté. Les griots qui étaient les communicateurs devaient le proclamer en public. Ces gloires étaient toujours chantées à la descendance de ces personnes leaders. Il y a eu donc une rupture après les indépendances qui n’a pas permis de moderniser cette discipline. Nos sociétés étaient donc déboussolées. C’est dans ce contexte que naît le vent de décentralisation. Je pense qu’il y a une grande dissemblance entre ce qui était le pouvoir dans les localités et ce qu’on appelle la décentralisation aujourd’hui.

 

Dans cette décentralisation, on doit se faire élire dans sa localité en étant que membre d’un parti politique. C’est le parti qui vient expliquer sa philosophie au village. Du coup, la localité peut penser que sa destinée n’est que dans la main du parti. Alors que dans ma compréhension de la décentralisation, votre destinée est dans vos mains. L’ayant vu par exemple dans la région de la Bretagne en France, où ce sont les ressortissants de la Bretagne travaillant hors de la Bretagne et ceux qui y vivent qui se sont donnés la main pour développer leur région. Ce qui a permis de créer une forte cohésion pour lutter contre la pauvreté et pour le développement. Or en Afrique, nous avons souvent vu dans cette décentralisation que l’opposition entre les partis crée de la mésentente au sein des populations dans la localité. Il arrive que cette mésentente soit entre des gens issus d’un même parti dans la localité. On me dira que c’est ça la démocratie. Mais cette démocratie, c’est pour quoi faire ? S’il y avait toujours les sanctions de nos ancêtres, est-ce que certains allaient finir leur mandat ?

Au Burkina Faso, en 2012, il y a eu des élections dans l’esprit de la décentralisation. En tant qu’agriculteurs, nous nos problèmes sont les mêmes : changement climatique, mauvaise pluviométrie, problèmes d’intrants et commercialisation. Notre développement n’est possible que dans l’esprit coopératif.

Hors les bonnes coopératives ne peuvent pas être créées et être fonctionnelles si des tensions existent dans notre environnement. Je lance un appel à tous les hommes politiques pour leur dire qu’ils ont un devoir vis-à-vis des populations à la base. Ils doivent développer des idées allant dans le sens de la consolidation de la cohésion. Cela veut dire « vouloir le pouvoir pour l’intérêt et l’épanouissement de ta localité ».

 

 

Ouagadougou, le 31 mars 2013 
TRAORE B. François, 
www.francoistraore.blogspot.com 
Président d’honneur de l’AProCA, 
Docteur honoris causa.
(+226) 70 95 34 45
(+226) 78 50 16 25

 

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13/04/2013
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