AMMAFRICA WORLD

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LEOPOLD SEDAR SENGHOR:LE POEME D'UNE VIE

 

 

 

 

 

 

 

 

Léopold Sédar Senghor

1906 - 2001
« Négritude, francité,

et civilisation de l’universel » 

 

 
  

Léopold Sédar Senghor : le poème d'une vie

Né le 9 octobre 1906 à Joal (Sénégal)
Décédé le 20 décembre 2001 à Verson (Calvados)
Membre de la première et de la seconde Assemblée nationale constituante en 1946 (Sénégal)
Député du Sénégal, de 1946 à 1959
Secrétaire d’État à la présidence du Conseil, du 1er mars 1955 au 24 janvier 1956
Ministre conseiller, du 23 juillet 1959 au 19 mai 1961

 

Au « Royaume d’enfance »

 

 

La naissance de Léopold Sédar Senghor est déclarée le 9 octobre 1906 par son père Basile Diogoye Senghor, lors d’un de ses rares voyages à Gorée. Mais son acte de baptême est daté du 15 août précédent et il pourrait être né une ou deux années auparavant. Ses ancêtres étaient des guerriers d’origine noble et son père est à la fois éleveur, « maître de terre » - c’est-à-dire un féodal -, et traitant avec des commerçants bordelais. Notable fortuné, résidant en dehors des quatre communes de plein exercice, et ne possédant de ce fait pas la nationalité française, chrétien, il a eu cinq épouses dont il aura au moins vingt-cinq enfants ; Léopold Sédar est l’aîné des garçons.

Sédar signifie en sérère « celui qu'on ne peut humilier » ou encore  « qui n'a pas honte d'être chétif » et Senghor vient du portugais senhor :

 

« J’écoute au fond de moi le chant à voix d’ombre des saudades.
Est-ce la voix ancienne, la goutte de sang portugais qui remonte
du fond des âges ?
Mon nom qui remonte à sa source ?
Goutte de sang ou bien senhor, le sobriquet qu’un capitaine donna autrefois à un brave laptot ?»
(Élégie des saudades)

 

 

 

La maison des Senghor à Joal

Léopold Sédar Senghor est né dans cette maison de style portugais, le 9 octobre 1906, selon le registre d'état civil, le 15 août, suivant le registre de baptême.

La maison comprend deux ailes où habitaient les femmes de son père avec leurs enfants.
© Archives Gérard Bosio/Reproduction photographique Cornelis van Voorthuizen

 

Joal, son lieu de naissance, est situé à une centaine de kilomètres de Dakar.

« Joal ! Je me rappelle,

Je me rappelle les signares à l'ombre des vérandas

Les signares aux yeux surréels comme un clair de lune sur la grève ;

Je me rappelle les fastes du Couchant

Où Koumba N’dofène voulait faire tailler son manteau royal.

Je me rappelle les festins funèbres fumant du sang des troupeaux

égorgés

Du bruit des querelles, des rhapsodies des griots

Je me rappelle les voies païennes rythmant le Tantum Ergo

 Et les processions et les palmes et les arcs de triomphe

Je me rappelle la danse des filles nubiles

Les chœurs de lutte – oh ! la danse finale des jeunes hommes,

buste

Penché élancé, et le pur cri d’amour des femmes – Kor Siga !

Je me rappelle…

Ma tête rythmant

Quelle marche lasse le long des jours d’Europe où parfois
Apparaît un jazz orphelin qui sanglote sanglote sanglote. »
(Chants d’ombre, Paris, Le Seuil, collection « Pierres vives », 1945)

Dans son « Royaume d'enfance », le jeune sérère, pris en charge par son oncle paternel, reçoit une éducation traditionnelle, marquée par une profonde religiosité et l'animisme.

« Toko'Waly, mon oncle, te souviens-tu des nuits de jadis,

quand s'appesantissait ma tête sur mon dos de patience ?

Ou que me tenant par la main, ta main me guidait par ténèbres et signes ? »

 Il est scolarisé, vers l’âge de sept ans, à la mission catholique de Joal, puis à celle de N'Gasobil en 1914 où il débute l'enseignement secondaire.

 

 

Le collège de N'Gasobil près de Joal

« J'étais interne à l'École des Pères, à Saint-Joseph de Ngasobil, petit village sénégalais perché sur les falaises, où soufflait l'esprit des Alizés. »

(Liberté, I, p. 126)

© Archives Gérard Bosio/Reproduction photographique Cornelis van Voorthuizen

 

Il pense devenir prêtre et enseignant et poursuit ses études durant cinq années à Dakar, au collège-séminaire Libermann tenu par les pères du Saint-Esprit.

 

 

 Léopold Sédar Senghor (à l'extrême droite) en 1923 au collège Libermann de Dakar

Collection particulière © DR

 

Un affrontement avec le père supérieur le conduit à s’inscrire au cours secondaire public et laïque de la rue Vincens, le futur lycée Van Vollenhoven. Il est reçu aux deux parties de son baccalauréat avec mention et obtient une demi-bourse d’études littéraires.

  


Photo de classe du collège Libermann à Dakar

Collection particulière © DR


Du Sine à la Seine

En septembre 1928, il arrive à Paris et s’inscrit aux cours du lycée Louis-le-Grand, en hypokhâgne. Il y rencontre de futurs parlementaires et hommes politiques, Georges Pompidou, Aimé Césaire, Robert Verdier, ou écrivains, comme Paul Guth, Robert Merle, Henri Queffelec et Thierry Maulnier.

Mes Maîtres, écrira-t-il en 1963, « avaient nom Bayet, François, Bernés, Bolavon, Canat, Cayrou, Ponchont, Travers, Roubaud, Huby. Peut-être écorché-je leurs noms. Qu'importe quand je me rappelle, avec la netteté des souvenirs de jeunesse, leurs voix, leurs gestes, leurs tics, leurs vêtements, oh ! surtout leurs leçons. Et cet intérêt, cette sollicitude qu'ils portaient aux quelques « exotiques » que nous étions : Pham Duy Khiem, l'Indochinois ; Louis Achille, Aimé Césaire, Auguste Boucolon, les Antillais. 

« Ce qui attira d'abord mon attention chez mes maîtres ce fut cet intérêt, cette gentillesse portée à leurs élèves de couleur. Ce refus de discrimination raciale, qui, peu à peu, devenait, dans les faits, discrète faveur, sans favoritisme au demeurant. C'était là, pour moi, le premier trait du génie français. Des leçons de mes maîtres, j'ai retenu, essentiellement, l'esprit de méthode. 

« Je l'ai souvent dit – en matière de boutade –, la seule chose que j'ai apprise en khâgne, c'est la méthode. Encore une fois, pour être précis, l'esprit de méthode : une volonté de clarté, d'objectivité, d'efficacité. Qu'il s'agisse de thème latin, de version grecque, d'explication française, sans parler d'histoire ou de philosophie, nos maîtres nous inculquaient, tout au long de l'année, plus que des recettes : une certaine façon de poser les problèmes, d'en analyser les données, en mesurant la valeur de chacune, pour reconstituer le tout en une synthèse vivante qui dégageât l'esprit de l'objet. Je veux dire son sens par-delà son style. Ainsi, semaine après semaine, année après année, j'ai pu avancer dans la connaissance du génie gréco-latin, dont la civilisation française est la principale héritière. Ainsi, j'ai pu, peu à peu, décrypter le sens de l'Histoire, qui se trouve enfermé dans les faits économiques et sociaux ; le sens de la Philosophie, qui réside dans la dialectique : le dialogue du sujet et de l'objet, de l'esprit et de la matière, de la raison et des faits, de l'Homme et de la Nature. »

 


Au lycée Louis-le-Grand (1929)

Plongé dans la lecture et l'étude

Collection particulière © DR

 

Avec Georges Pompidou, il s’engage aux Étudiants socialistes en juillet 1930, attiré par la pensée humaniste de Léon Blum, découvert par la lecture de l’éditorial quotidien du Populaire ; sans véritablement militer.

« Pourquoi ne pas le dire ? L'influence de Georges Pompidou sur moi a été, ici, prépondérante. C'est lui qui m'a converti au socialisme, qui m'a fait aimer Barrès, Proust, Gide, Baudelaire, Rimbaud, qui m'a donné le goût du théâtre et des musées. Et aussi le goût de Paris. Je me rappelle nos longues promenades sous la pluie tiède ou dans le brouillard gris bleu. Je me rappelle le soleil dans les rues., au printemps : en automne, la douce lumière d'or sur la patine des pierres et des visages. » (Liberté I, p. 405)

 


En khâgne au lycée Louis-le-Grand (1931)

Léopold Sédar Senghor, avec notamment, au premier plan, Pham Duy Khiêm et Georges Pompidou

Collection particulière © DR

 

Trois ans plus tard, en 1931, il s’inscrit à la Sorbonne, où il est désigné à la présidence de l’Association des étudiants ouest-africains. Après un échec en 1934, il est reçu à l’agrégation de grammaire en 1935, alors qu’il accomplit son service militaire, tout d’abord au 150ème Régiment d’infanterie à Verdun, puis à la caserne Lourcine à Paris, où il s’occupe de la bibliothèque. Il est le premier agrégé africain. Deux ans plus tôt, il a obtenu la nationalité française.

Nommé en octobre 1935 au lycée René-Descartes de Tours – puis au lycée Marcellin-Berthelot à Saint-Maur-des-Fossés (dans le département actuel du Val-de-Marne), trois ans plus tard – le jeune professeur de lettres milite dans le syndicat des enseignants du second degré et adhère à la SFIO en 1936, dans l’effervescence du Front populaire. Il fréquente aussi les chrétiens de gauche de la revue Esprit.

 

La négritude, pierre d’angle de la civilisation de l’universel


Mais, Senghor joue surtout en cette décennie un rôle important dans l’affirmation en métropole de l’identité négro-africaine, de ce qu’il nomme la conscience de « race ». Avec Césaire [Pour saluer le Tiers Monde, in Ferrements], il participe au redressement du journal des étudiants martiniquais, l’Étudiant noir et se penche sur le problème des rapports entre les deux blocs ethniques. Poète et humaniste, il prône un retour aux sources africaines, se fait le chantre de la « négritude », vocable qu’il invente avec Aimé Césaire et Léon Damas, et du métissage culturel. Il proclame la complémentarité et l’égalité entre Blancs et Noirs, écrivant Ce que l’homme noir apporte, célébrant, après l'américain William E. B. Dubois, son legs au patrimoine commun de l’humanité [Voir : le mouvement de la négritude]. Dans Négritude et Humanisme, il écrit : « Pour nous, notre souci, depuis les années 1932-1934, notre unique souci a été de l'assumer, cette Négritude, en la vivant et, l'ayant vécue, d'en approfondir le sens. Pour la présenter au monde comme une pierre d'angle dans l'édification de la Civilisation de l'Universel. » (Liberté 1, p. 9)

 

 

« Ma Négritude point n'est sommeil de la race mais soleil de l'âme, ma négritude vue et vie

Ma Négritude est truelle à la main, est lance au poing Réécade. Il n'est question de boire, de manger l'instant qui passe

Tant pis si je m'attendris sur les roses du Cap-Vert !

Ma tâche est d'éveiller mon peuple aux futurs flamboyants

Ma joie de créer des images pour le nourrir, ô lumières rythmées de la Parole ! »

 

La guerre, une rupture provisoire


La guerre constitue une rupture provisoire dans son itinéraire et le propulse vers de nouveaux horizons politiques. Fantassin de deuxième classe dans un bataillon volant de la coloniale, le 31ème RIC, Senghor est fait prisonnier de guerre le 20 juin 1940, après avoir participé aux combats de la Charité-sur-Loire. En septembre, au camp d'Amiens où il est détenu, il compose A Guélowar (*), inspiré par l'appel du général de Gaulle :

« [...] Guélowar !

Ta voix nous dit l'honneur l'espoir et le combat, et ses ailes

s'agitent sur notre poitrine

Ta voix nous dit la République, que nous dresserons la Cité dans

le jour bleu

Dans l'égalité des peuples fraternels. Et nous répondrons :

Présents, ô Guélowar ! »

(*)  « Les "Guélowars ou princes", qui descendent des conquérants du pays, sont d'origine mandingue. La tradition indigène attribue la fondation du royaume de Sine, il y a quatre ou cinq siècles, à un nommé Maïssa Waldione. » ( Funérailles royales et ordre de succession au trône chez les Sérères du Sine, par Aujar, dans Bulletin du Comité d'études historiques et scientifiques de l'Afrique occidentale française, 1925.)<

 

 

 

 

Passant deux ans dans les Front-stalags en France, il rédige Hosties noires en hommage aux tirailleurs sénégalais et anime la Résistance dans son camp ; ce qui lui vaut d’être envoyé fin 1941 en commando de représailles dans les Landes.

 

 

 

Hosties noires. Paris, Éditions du Seuil, 1948

 

 

Les poèmes de ce recueil ont été écrits, pour la plupart, en captivité entre juin 1940 et février 1942 ; confiés à un soldat autrichien, ils furent remis à Georges Pompidou.

Au-delà de la souffrance des tirailleurs sénégalais, le thème d'Hosties noires est « l'Afrique crucifiée depuis quatre cents ans » : le sacrifice de l'Afrique est assimilé au sacrifice du Christ mort pour sauver les hommes

« [...] l'Afrique s'est faite hostie noire

Pour que vive l'espoir de l'homme. »

Bannissant de son cœur toute haine : « Seigneur Dieu, pardonne à l'Europe blanche ! » le poète achève son recueil par une Prière de paix :

« Et donne à leurs mains chaudes qu'elles enlacent la terre d'une ceinture de mains fraternelles

DESSOUS L'ARC-EN-CIEL DE TA PAIX. »

 

 

Réformé pour maladie en février 1942, il reprend les cours au lycée de Saint-Maur et fréquente la Résistance, par l’intermédiaire du Front national universitaire. Ses idées, qu’il a élaborées à la fin des années trente, mûrissent par la réflexion sur les civilisations méditerranéennes « métisses », menant à une subtile dialectique entre trois éléments, la Négritude, la Voie africaine vers le socialisme et la Civilisation de l’universel. Elles aboutissent à des thèses plus achevées prononcées devant les deux congrès des écrivains et artistes noirs, tenus à Paris en 1956 et à Rome en 1959.

En 1944, à l’initiative de Robert Delavignette, Senghor occupe la chaire de langues et civilisations négro-africaine à l’École nationale de la France d’outre-mer. Aussi est-il désigné par le ministre des colonies Marius Moutet pour siéger dans la commission chargée d’étudier la représentation des colonies à la future Assemblée constituante.  Alors que paraît un recueil de poèmes, Chants d’Ombre et qu’il participe avec son ami Alioune Diop à la fondation de la revuePrésence africaine, Senghor qui rêve de carrière universitaire hésite, selon son expression, à « tomber dans la politique ».

 

 

Présence africaine, n° 1, novembre-décembre 1947

« Donc, à l'égard du peuple noir, trois périodes, trois attitudes ; et nous sommes à la dernière. D'abord, l'exploitation ; puis la condescendante pitié ; puis enfin cette compréhension qui fait qu'on ne cherche plus seulement à le secourir, à l'élever et, progressivement, à l'instruire ; mais aussi bien à se laisser instruire par lui. On découvrit soudain qu'il aurait, lui aussi, quelque chose à nous dire, mais que, pour qu'il nous parle, il importe d'abord de consentir à l'écouter. » (André Gide, Avant-propos au premier numéro de Présence africaine, p. 4)

 

 

Mais il subit de nombreuses sollicitations l'invitant à devenir « député de la brousse ». Il se décide lors d’une tournée en pays sérère, premier retour au pays depuis 1937.

Élu à l'Assemblée constituante

 

Senghor se présente aux élections au Sénégal dans le deuxième collège, celui des non-citoyens, pour représenter la région Sénégal-Mauritanie, son camarade socialiste Lamine Gueye, maire de Dakar, briguant le siège de député du premier collège essentiellement représenté dans les quatre communes de plein exercice (Dakar, Gorée, Rufisque et Saint-Louis). Son élection le 21 octobre 1945 ne constitue pas sa première intrusion dans la politique sénégalaise, même s’il a jusqu’alors surtout milité à Tours puis à Paris. Au temps du Front populaire, il a soutenu la candidature de Lamine Gueye contre Galandou Diouf. En rejoignant le maire de Dakar, l’homme fort du socialisme africain qui s’inscrit dans la tradition de Blaise Diagne, il entre dans des réseaux politiques établis et dominants.

 


© Assemblée nationale 

La rencontre entre le jeune intellectuel, chantre de l’identité négro-africaine et la SFIO peut paraître paradoxale. Entre le jeune chrétien, nourri de la culture et des traditions africaines, et le socialisme français, anticlérical, rationaliste, assimilationniste et très européocentriste en dépit de son discours laïque et universaliste, le rapport n’est pas évident. La rencontre s’explique par des conjonctions personnelles et intellectuelles. Senghor cherche à marier christianisme, socialisme et marxisme. Et, alors qu’il fréquente par ailleurs la revue Esprit, où il rencontre Jean Rous, il ne nie jamais à la SFIO ses convictions chrétiennes. Métis culturel, Senghor veut concilier l’âme nègre avec le meilleur de la culture européenne, il n’y a pas d’antinomie avec un assimilationnisme qui respecterait les identités. Qui plus est, son itinéraire n’est pas particulier sur ce plan, car les mouvements nègres n’ont pas coupé les liens idéologiques et sentimentaux qui les unissent depuis leur formation au début des années vingt avec la gauche française. Leur objectif est soit une union fraternelle avec la France des Droits de l’homme, soit la synthèse entre lutte des classes et conscience de race. Et, pour quelques-uns dont Senghor, c’est aussi l’émergence d’un humanisme noir, entre le socialisme européen et la tradition nègre.

Senghor est élu député socialiste de l’ensemble Sénégal-Mauritanie à la première Assemblée nationale constituante par 15 095 voix, sur 25 188 inscrits et 20 376 votants. Il est nommé membre de la commission des territoires d’outre-mer et surtout entre à la commission de la Constitution en février 1946, succédant à André Philip devenu ministre. Il s’y montre très actif, combattant âprement les thèses du député MRP Viard sur l’Union française, prônant une orientation fédéraliste de l’Union française et intervient régulièrement sur les questions culturelles, défendant les langues locales et le bilinguisme outre-mer. Il accepte un compromis entre ses positions et celle de son parti et des autres forces politiques, accepte une dose d’assimilation en matière politique, mais s’oppose résolument à l’assimilation culturelle et exige que l’Union française soit une démocratie effective. « Nous voulons faire partie de l’Union française, dit-il à la tribune le 21 mars 1946, à cette seule condition que la démocratie ne craigne pas de se mouiller les pieds en traversant la Méditerranée ». Le 5 avril 1946, il est chargé d’un rapport supplémentaire au nom de la commission sur les principaux textes des groupes et sur celui du rapporteur Guy Mollet. Il intervient aussi dans les débats publics sur la déclaration des droits et est désigné comme rapporteur général du chapitre sur l’Union française.

Senghor est réélu à la deuxième Assemblée nationale constituante, le 2 juin 1946. Il obtient 20 718 suffrages, sur 28 461 inscrits et est reconduit à la commission de la Constitution. Il intervient à la tribune dans les débats sur la liberté de l’enseignement, sur l’Union française et sur les départements et territoires d’outre-mer. Récusant toute « charte octroyée », il présente le 25 juillet 1946 un texte de tonalité fédéraliste qui admet pour les peuples coloniaux le droit de « libre disposition d’eux-mêmes ». Senghor participe à la constitution avec les élus « indigènes » d'un intergroupe que préside Lamine Gueye. Il contribue à faire évoluer durant plusieurs mois les positions socialistes sur la question coloniale. La SFIO trouvait en lui une vitrine politique, valorisante et quelque peu édifiante. Lamine Gueye, avocat, et Senghor, professeur agrégé, sont deux exempla des bienfaits de la colonisation. Le 19 septembre 1946, le lendemain d’un grand discours prononcé à l’Assemblée en faveur d’une « fédération de Républiques », Le Populaire le présente en ces termes :

« (Il) était particulièrement qualifié pour montrer ce qui unissait et différenciait à la fois la France métropolitaine. Fleuron de la civilisation européenne et de ses territoires d’outre-mer, n’était-il pas fils de l’Afrique noire, l’interprète fidèle de ses aspirations et de ses sentiments, en même temps qu’un humanisme fin et lettré, poète de grande classe qui a reçu de notre université le meilleur de son enseignement ? ».

Durant plus de deux ans, Senghor et la SFIO profitent mutuellement de cette alliance. Il semble à cette étape très intégré dans les milieux socialistes. Lorsqu’en septembre 1946, il épouse, Ginette Éboué, la fille de la députée SFIOEugénie Éboué et de feu le gouverneur Félix Éboué, il a pour témoin Marius Moutet, ministre socialiste de la France d’outre-mer. Mais le député du Sénégal, qui est aussi élu conseiller général cette même année, est confiné à la question coloniale dont les spécialistes les plus reconnus sont alors Lamine Gueye et sa belle-mère Eugénie Éboué. Surtout, il entend que les promesses constitutionnelles soient transformées en réalité et espère que l’Union française deviendra résolument égalitaire et réformiste. Aussi se résigne-t-il de plus en plus mal à la politique modérée et prudente en la matière du tripartisme. Après avoir cosigné avec une cinquantaine de parlementaires un texte critique en février 1946, il approuve la motion Guy Mollet au congrès d’août et s’engage dans la gauche de la SFIO qui entend rénover le parti et sa politique.

Réélu député sous la Quatrième République

Senghor est réélu député de l’Afrique occidentale française (Sénégal) à la première législature de la IVe République, le 10 novembre 1946. Le collège unique étant établi, il est alors colistier de Lamine Gueye. Les deux députés SFIO sortants sont brillamment réélus, avec 128 284 suffrages sur 192 861 inscrits et 130 118 exprimés.

 


© Assemblée nationale 

 

Senghor est nommé à la commission des territoires d’outre-mer qui le désigne comme secrétaire le 26 janvier 1950 et l’envoie siéger au comité directeur du Fonds d’investissement pour le développement économique et social (FIDES) le 21 février 1951. Il est encore nommé à la commission du suffrage universel du règlement et des pétitions et juré de la Haute Cour de justice le 23 novembre 1948.

En 1947, Senghor entre au comité directeur de la SFIO mais sans s’intégrer à la direction, car il soutient la motion plus à gauche et anticolonialiste de Jean Rous. Les désaccords avec la SFIO ne cessent d’augmenter, liés à la situation au Sénégal, à la conjoncture et à des oppositions de fond. Au Sénégal, Senghor représente les électeurs de la brousse et, fédéraliste, envisage une autonomie du mouvement socialiste africain. Ses intérêts divergent de ceux de Lamine Gueye, maire de Dakar, avocat de la bourgeoisie citadine des quatre communes littorales, assimilationniste, qui veut maintenir les liens avec la SFIO et contrôle l’appareil politique local. Senghor fonde alors un journal Condition humaine et commence à rassembler des partisans. En Afrique, il s’agit aussi de réagir à la pression exercée par la fondation du RDA d'Houphouët-Boigny. En France, le député sénégalais estime que la SFIO ne défend plus les intérêts des autochtones en Afrique, ou plutôt qu’elle subordonne leur défense aux exigences gouvernementales françaises et à celle de la Troisième force. Au comité directeur, il exprime sa méfiance vis-à-vis de celle-ci en octobre 1947 et en janvier 1948, où il prononce un long réquisitoire s’achevant ainsi :

« Nous ne voulons être ni des otages ni des dupes. Si nos territoires ne sont pas équipés, si l’analphabétisme n’est pas combattu, nous n’avons aucun intérêt à rester Français. Si on oppose une fin de non-recevoir à nos revendications, notamment à celles touchant la réforme de l’enseignement, je voterai contre le gouvernement et je suis prêt à subir toutes les sanctions. Il faut, conclut-il, que la Troisième Force s’occupe d’établir un peu plus de démocratie dans la France d’outre-mer ».

Plus profondément, alors que la SFIO entrevoit la Libération des « colonisés » uniquement en termes politiques, Senghor met au premier plan de ses préoccupations l’affirmation culturelle des « nègres ». Dans ces mois, avec Jean Rous, Senghor fonde le Congrès des peuples contre l’impérialisme. Avec Rous, Lamine Gueye et Paul Rivet, il participe à l’éphémère aventure du Rassemblement démocratique révolutionnaire (RDR). En juillet 1948 le congrès national de la SFIO condamne le RDR et, Senghor n'est pas réélu au comité directeur. Il se retrouve une dernière fois aux côtés de Lamine Gueye, avocat des députés malgaches, pour protester contre leur condamnation à mort.

Senghor démissionne de la SFIO le 27 septembre 1948. Avec le docteur Louis-Paul Aujoulat, député du Cameroun et marginal du MRP, il rejoint les Indépendants d’outre-mer (IOM), dirigé par son vieil ami Sourou Apithy. C’est un des groupes charnières dont l’appui est indispensable aux coalitions au pouvoir. La fragilité de la Troisième force favorise les petites formations et leur ouvre ainsi un espace politique. Avec succès, puisque, à l’initiative de son groupe, l’Assemblée vote le 30 juin 1950 la loi sur les traitements et indemnités des fonctionnaires d’outre-mer, puis  adopte le code du travail (Senghor intervient dans le débat le 27 novembre 1950). Il revendique par ailleurs un rôle dans la création d’une Académie en AOF et dans le décret portant égalisation des pensions des anciens combattants de l’Union française.

Au Sénégal, Senghor fonde dès octobre 1948 le Bloc démocratique sénégalais (BDS) qui mène campagne pour les élections législatives de 1951. Celles-ci sont particulièrement animées et violentes. Le BDS le présente, avec pour second le secrétaire des syndicats confédéré de Dakar, Abbas Gueye. Ils écrasent Lamine Gueye et la SFIO, avec 213 417 suffrages sur 665 280 inscrits, contre 96 469 voix à la liste SFIO et 5 033 à une liste RPF.

 


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Le BDS l’emporte largement, contrairement aux prévisions de l’administration dirigée par le gouverneur général et ancien député socialiste Paul Béchard. Senghor est de nouveau élu à la commission des territoires d’outre-mer en juillet 1951 et désigné par celle-ci comme membre suppléant de la commission de coordination pour l’examen des problèmes intéressant les États associés d’Indochine et comme titulaire de l’Assemblée consultative du Conseil de l’Europe, où il représente les territoires d’outre-mer. Il siège avec assiduité à l’Assemblée ad hoc pour une communauté politique européenne. Il y noue des liens qui lui seront particulièrement utiles par la suite. Le député du Sénégal approfondit aussi la notion « d’Eurafrique » qui constitue une permanence durant toute sa vie politique.

Louis-Paul Aujoulat entrant au gouvernement, Senghor prend la présidence des IOM qui compte quatorze élus africains. Il dispose d’un groupe parlementaire toujours situé dans la majorité, souvent indispensable à la formation de gouvernement. Situation qui permet de faire avancer aussi bien les revendications immédiates – durant toute la législature, les IOM combattent ainsi pour assurer un prix plus rémunérateur aux producteurs d’arachides – que les grandes questions. Au Parlement, le député du Sénégal fait adopter une loi le 6 février 1952, faisant obligation au gouvernement de déposer des projets de statut pour les territoires, donnant à chaque circonscription administrative un nombre de conseillers qui soit proportionnel à leur population, rendant le suffrage pratiquement universel. Il mène le combat pour réformer l’article VIII de la Constitution relatif à l’outre-mer, afin que les territoires obtiennent une autonomie interne dans le cadre d’une République française fédérale. Avec le groupe IOM, il dépose une proposition de résolution en ce sens le 15 mai 1955. Le député du Sénégal, en dépit des pressions de la SFIO, est nommé secrétaire d’État à la présidence du Conseil dans le deuxième cabinet Edgar Faure le 1er mars 1955.

 

 

 

Chargé de la recherche scientifique et de la révision du titre VIII de la Constitution, il remet au chef de gouvernement un rapport sur l'avenir de l'Union, intitulé « Choisir de ne pas choisir ». C'est un projet de révision de la Constitution visant à transformer l’Union française en confédération et l’État français en République fédérale. Lorsque le gouvernement Edgar Faure est renversé, il publie son rapport dans la NEF, la revue dirigée par Lucie Faure, écrivant que l’autonomie recherchée ne peut être qu’une étape vers l’indépendance dans « l'Union des États confédérés ».

Senghor multiplie par ailleurs durant cette législature les responsabilités et les fonctions de représentation. En novembre 1952, il est délégué de la France à la 7ème session de l’UNESCO (il avait déjà participé à la deuxième conférence à Mexico en 1947). Au Sénégal, les élections aux Assemblées territoriales, gagnées en 1952 par le BDS, scellent un rapport de force favorable à son parti. Il entre au Grand conseil de l’Afrique équatoriale française et un de ses amis accède à la présidence jusqu'alors exercée par Lamine Gueye.

Aux élections anticipées du 2 janvier 1956, le BDS conserve les deux sièges attribués au Sénégal avec 346 266 suffrages, contre 101 732 à la liste de Lamine Gueye et 6 896 à une liste de l’Union démocratique sénégalaise.

 


© Assemblée nationale 

Senghor participe aux travaux de la commission de la défense nationale à partir du 31 janvier 1956 et retrouve la commission des territoires d’outre-mer et du suffrage universel le 6 mars 1956.  Le 4 octobre 1957, il est nommé à la commission des lois constitutionnelles, du règlement et des pétitions. Il prend une position critique et embarrassée lors de la préparation du projet de loi-cadre sur l’outre-mer, dite Gaston Defferre qui institue des conseils de gouvernement et élargit les pouvoirs des assemblées locales. Senghor estime que la loi ne va pas assez loin : « joujoux et sucettes » dit-il, et regrette que l'autonomie accordée aux territoires et non aux deux grandes fédérations conduise à un risque de « balkanisation régionale » et à un dépeçage de l’Afrique noire en une poussière d’États. Il s'abstient, lors du vote final, alors que la loi est adoptée par 487 voix contre 99. Mamadou Dia -son colistier- devient vice-président du conseil de gouvernement du Sénégal et Senghor appelle à l’unité entre partis « libérés de toutes attaches métropolitaines ». Il regroupe quelques petites formations qui permettent de créer le Bloc populaire sénégalais (BPS) en 1956.

 

Les événements d’Algérie accélèrent les échéances. Le 1er juin 1958, Senghor ne prend pas part au vote d’investiture du général de Gaulle mais, le lendemain, il votera les pleins pouvoirs au gouvernement et la révision constitutionnelle. Au Sénégal, il achève le rassemblement des socialistes, puisque, sous la pression de la SFIO, Lamine Gueye et les socialistes sénégalais qui ont déjà formé un mouvement indépendant du parti français, le Mouvement socialiste africain, rapprochent du BPS formant avec lui l’Union progressiste sénégalaise (UPS). Senghor en devient secrétaire général, le maire de Dakar étant directeur politique. Elle combat pour une République fédérale d’Afrique, insérée dans une Confédération franco-africaine, mais la revendication de l’indépendance immédiate se fait jour dans ses rangs. Avec Houphouët-Boigny, qui prône lui la fédération avec la France et l’éclatement de l’AOF, Senghor se retrouve membre du comité chargé d’élaborer le projet de Constitution de la Ve République. De Gaulle refuse la confédération, invitant chaque pays à choisir entre fédération et sécession.

 

« Où es-tu donc, yeux de mes yeux, ma blonde, ma Normande, ma

conquérante ? Chez ta mère à la douceur vermeille ? - j’ai prisé

votre charme ô femme ! sur le versant de l’âge - Chez ta mère à

la vigne vierge, avec le rouge-gorge domestique, les merles et

mésanges dans les framboises ? Ou chez la mère de ta mère au

chef de neige sous les Ancêtres poudrés de lys Pour retourner au

Royaume d’Enfance ? Te voilà perdue à me retrouver au

labyrinthe des pervenches, sur la montagne merveilleuse des

primevères. Ne prête pas l’oreille aux lycaons ! Ils hurlent sous la  

lune, férocement forçant les daims du rêve. Mais chante sur mon

absence tes yeux de brise alizés, et que l’Absente soit présence. »

Élégies majeures, "Élégie des Alizés"

 

 


« Normandité »

Senghor dans les blés d'or de Normandie

« Été splendide Été, qui nourris le Poète du lait de ta lumière »

Collection particulière © DR

Senghor se rallie publiquement au projet constitutionnel, expliquant que la nouvelle Constitution autorise les États associés à se regrouper, ce que fera le Sénégal avec le Soudan français. Il proclame : « Oui pour l’indépendance dans l’amitié, non dans la dispute ». Il est suivi par l’immense majorité de la population du Sénégal.

 

 


Collection particulière © DR

« Éveiller mon peuple aux futurs flamboyants»

 


Senghor tente de mettre sur pied une Fédération du Mali dont il préside l’Assemblée. Il entre dans le gouvernement Debré en juillet 1959, comme ministre conseiller. Sénateur de la Communauté, lorsque l’indépendance est accordée le 20 juin 1960, il est président de la Fédération du Mali, mais celle-ci éclate le 19 août suivant. Senghor président de l’Assemblée fédérale, secrétaire général de l’UPS, est élu à l’unanimité de l’Assemblée président de la République du Sénégal le 5 septembre 1960.

Du 19 au 21 avril 1961 le Président Léopold Sédar Senghor effectue sa première visite officielle en France.

 


 

En décembre 1962 le Président Senghor fait face, avec le soutien de Lamine Gueye devenu président de l’Assemblée, à la tentative de coup d’État du président du Conseil, son ancien compagnon Mamadou Dia. Senghor prend alors la direction du gouvernement et -l'année suivante- une nouvelle Constitution met en place un régime présidentiel.

 

 

« L'émotion est nègre, comme la raison hellène »

 


Léopold Sédar Senghor s’attache, au cours de ses mandats présidentiels, à transmettre une vision culturelle. Dans l'homme de couleur (Librairie Plon, coll. « Présences », Paris, 1939), il écrit au sujet de la culture nègre : « C'est à ses floraisons humaines que je vais m'attacher, plutôt aux rameaux nouveaux, greffés sur le vieux tronc humain. Partialement, c'est entendu. On connaît assez les défauts des Noirs pour que je n'y revienne pas, et celui-ci, impardonnable parmi d'autres, de ne pas s'assimiler dans leur personnalité profonde. Je ne dis pas de ne pas laisser s'assimiler dans leur personnalité profonde. Je ne dis pas de ne pas laisser assimiler leur style. Seuls m'intéressent, ici, sont intéressants les éléments féconds qu'apporte leur culture, les éléments du style nègre. Et celui-ci demeure aussi longtemps que demeure l'âme nègre, vivace, dirais-je éternel ? »

En 1966 Léopold Sédar Senghor organise à Dakar le premier Festival mondial des arts nègres qui a lieu en présence d'André Malraux.

Léopold Sédar Senghor déclare, dans une allocution radiodiffusée le 19 mars 1966 : « Le premier festival mondial des arts nègres a très précisément pour objet de manifester, avec les richesses de l’art nègre traditionnel, la participation de la Négritude à la Civilisation de l’Universel. »

 

 

La francophonie, « un idéal qui anime des peuples en marche vers une solidarité de l’esprit »

 


Léopold Sédar Senghor  est l’inlassable défenseur de la francophonie.
Le 21 septembre 1966 il déclare: « … Avant tout, pour nous, la Francophonie est culture (…). C’est une communauté spirituelle : une noosphère autour de la terre […]. Attachement à la langue française, mais pourquoi ? […] Le français est langue internationale de communication [et] il nous offre, à la fois, clarté et richesse, précision et nuance ». (« La Francophonie comme culture »).

 

 

En janvier 1969, intervenant sur le thème : « La Francophonie comme contribution à la Civilisation de l’Universel », Senghor affirme que la langue française, tout en aidant à « l’éclosion de la Négritude », a vocation à fonder un grand projet politique, « [à] édifier, entre nations majeures, une véritable communauté culturelle [...]. L’heure est désormais à la coopération. La Francophonie n’est pas une idéologie c’est un idéal qui anime des peuples en marche vers une solidarité de l’esprit » (Liberté 3, p.193-194).
Il soutient la création de l’Agence de coopération culturelle et technique (ACCT), future Organisation internationale de la Francophonie.

Léopold Sédar Senghor défend aussi un socialisme adapté aux particularités africaines. Entré à l’Internationale socialiste dont il est vice-président en 1976, il préside la République du Sénégal jusqu’au 31 décembre 1980, date à laquelle il quitte volontairement le pouvoir.

Élu à l'Académie française

Senghor, qui a toujours entretenu des rapports privilégiés avec le général de Gaulle et surtout avec son vieil ami Georges Pompidou, s’installe en France, se partageant entre Paris et la propriété normande de son épouse. Il se consacre essentiellement à une activité poétique qu’il n’a jamais abandonnée, même au pouvoir, et poursuit son combat en faveur de la francophonie dont il a fondé les premières structures en 1970, avec Bourguiba. Il reçoit alors les plus prestigieuses distinctions du monde des Lettres.

Déjà membre des Académies des Sciences morales et politiques comme associé étranger depuis 1969, et membre de l’Académie des Sciences d’outre-mer,

 


 il est élu à l’Académie française en 1983.

 


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Il y est reçu solennellement en 1984 par son ami Edgar Faure.

Cette même année, François Mitterrand fait appel à lui pour être vice-président du Haut Conseil de la Francophonie. Il appartient, par ailleurs, à la société de linguistique de France, au Comité national des écrivains, à l’Association Guillaume Budé et au Conseil supérieur de la recherche scientifique et du progrès technique. En 1991, a été inaugurée à Alexandrie (Égypte), l'Université internationale francophone Léopold Sédar Senghor.

En octobre 1996, Léopold Sédar Senghor déclare dans un message à l’UNESCO qui lui rend hommage pour son quatre-vingt dixième anniversaire : « J’ai toujours rêvé de concilier Francophonie et Négritude. Ce rêve est maintenant une réalité ».

Il décède le 20 décembre 2001 à Verson, sa résidence normande, et est inhumé à Dakar.

Ce grand acteur de la scène africaine laisse une œuvre poétique, critique, linguistique très riche ainsi que de nombreux ouvrages politiques, délivrant, par-delà une « Négritude debout » et au travers du dialogue des cultures, un message universel.

 


 

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Parmi les nombreux ouvrages dont Senghor est l’auteur, citons Chants d’OmbreHosties noiresChants pour Naët,ÉthiopiquesNocturnesLettres d’hivernage et Élégies majeuresAnthologie de la nouvelle poésie nègre et malgache en langue françaiseLa parole chez Paul Claudel et chez les Négro-africainsdialogues sur la poésie francophone.

 

 

Anthologie de la nouvelle poésie nègre et malgache de langue française, par Léopold Sédar Senghor,

précédée de Orphée noir, par Jean-Paul Sartre. Paris, Presses universitaires de France, 1948.

« L'aventure des poètes de l'Anthologie n'a pas été une entreprise littéraire, pas même un divertissement ; ce fut une passion. Car le poète est comme la femme en gésine : il lui faut enfanter. Le Nègre singulièrement, qui est d'un monde où la parole se fait spontanément rythme dès que l'homme est ému, rendu à lui même, à son authenticité. Oui, la parole se fait poème. » (Liberté I, p. 218)

 

Une série d’œuvres en proses, discours, conférences, essais, sont parues aux Éditions du Seuil, en quatre tomes sous le titre de Liberté. Léopold Sédar Senghor collabore aussi durant sa longue carrière littéraire à de nombreuses revues, par exemple, les Cahiers du SudLes Temps modernesEspritJeune Afrique, Le Journal des africanistes.

 



22/12/2011
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