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LIVRE:LE CANADA DANS LES GUERRES EN AFRIQUE CENTRALE:GENOCIDE ET PILLAGES DES RESSOURCES MINIERES DU CONGO..

Le Canada dans les guerres en Afrique centrale : génocide et pillages des ressources minières du Congo par le Rwanda interposé (*)

 

 

Le texte ci-dessous est la préface du livre du Congolais Patrick Mbeko intitulé : «Le Canada dans les guerres en Afrique centrale : génocide et pillages des ressources minières du Congo par le Rwanda interposé», publié aux Editions Le Nègre Editeur, Montréal, 2012. L’ouvrage a été présenté le 12 mai 2012 au Canada et pour lequel nous avons présenté la recension dans notre édition du 21 mai 2012. Aujourd'hui, nous nous sommes intéressé la préface qui, comme tout le contenu d'ouvrage, «plonge le lecteur dans les méandres de l’économie du crime qui sévit en... Afrique centrale, particulièrement en RD Congo». Ce, en dévoilant «l’existence d’opérations concertées entre le Canada, les puissances occidentales et leurs multinationales, par le Rwanda interposé, pour dépouiller la RDC de ses ressources stratégiques, quitte à la démembrer en de micro-Etats». Le préfacier, un Canadien blanc, fait d'abord le récit de son voyage en Afrique avant de souligner la complicité des médias occidentaux et le rôle joué et continuer de jouer Paul Kagame et Yoweri Museveni dans la dramatique situation que vit la RD Congo. Ci-après l'intégralité de la préface.

 

A la fin du printemps de 1991, je traversai l'Ouganda sur un vélo de montagne et je fis une incursion dans l'Est de la République démocratique du Congo (RDC), qui se nommait alors le Zaïre. A l'époque, je ne m'intéressais pas à la politique et je ne savais rien à propos des relations interraciales et de l'impérialisme. Encore moins à propos des génocides. L'Afrique était une aventure. Je voulais la vivre en plongeant au milieu des cultures tribales et de la nature que j'avais aperçue dans les pages du magazine National Geographic. J'avais commencé par quelques safaris au Kenya et en Tanzanie. J'avais fait l'ascension du Kilimandjaro (dont la partie supérieure, toute blanche, était couverte de glaciers, à l'époque). Alors, l'esprit imprégné des portraits de l'Afrique sortis de l'imagination des médias occidentaux, je décidai de m'enfoncer «au coeur des ténèbres» jusqu'au Zaïre.

 

Dans l'Ouest de l'Ouganda, je traversai le parc national du Lac Victoria, mais j'y vis peu d'animaux. L'Ouganda venait de subir, de 1980 à 1990, l'autorité d'une guerre que l'on qualifie aujourd'hui de "guerre civile" entre tribus africaines, comme on le faisait alors. Issue du Mouvement patriotique ougandais, l'Armée de résistance nationale avait déclenché cette guerre et l'avait gagnée, sous le commandement de Yoweri Museveni, qui devint "président" de l'Ouganda et qui l'est encore aujourd'hui, soit depuis 24 ans. Cette armée était appuyée par des intérêts anglo-étatsuniens. Mais je ne savais rien de tout cela et je ne m'y intéressais aucunement.

 

En outre, je n'avais jamais entendu le nom de Paul Kagame, le soi-disant "président" actuel du Rwanda, qui y dirige un régime dictatorial depuis qu'il s'est emparé du pouvoir par un coup d'Etat, en 1994, avec l'aide de Museveni. Kagame fut d'abord le directeur du renseignement militaire de Museveni et, pendant le bain de sang qui permit à l'Armée de résistance nationale de prendre le pouvoir (1980-1985) et de le consolider impitoyablement (1985-1990), les deux hommes furent responsables de crimes de guerre, de crimes contre l'humanité et de crimes de génocide en Ouganda.

 

PAUL KAGAMÉ POUR LE TERRORISME DE LA TERRE BRÛLÉE

 

En 1990, le major-général Paul Kagame était aux Etats-Unis, plus précisément au collège de commandement et d'Etat-major général de Fort Leavenworth, au Kansas. Il y suivait les programmes de formation d'élite du Pentagone sur les opérations psychologiques et les mesures anti-insurrectionnelles. En septembre, on le rappela en Ouganda pour y prendre le commandement de l'armée de guérilla qui allait envahir le Rwanda le 1er octobre 1990.

Or, compte tenu de l'oeuvre de Paul Kagame en Ouganda (de 1983 à 1988 environ), au Rwanda (de 1990 à 1994) et au Congo (de 1995 à 2010), nul doute que les "opérations psychologiques" et les "mesures anti-insurrectionnelles" qu'on lui a enseignées lui ont permis de pratiquer le terrorisme de la terre brûlée, la torture, les assassinats et les exécutions massives. Au cours de leur campagne militaire en Ouganda, puis au Rwanda et enfin au Congo, Kagame et Museveni sont demeurés fidèles à leur modus operandi : faire régner la terreur et procéder à des exécutions massives pour dépeupler le territoire, en éliminer ceux qui le gouvernent, et s'emparer des ressources qui s'y trouvent ou les piller.

 

Evidemment, même si j'avais voulu savoir la vérité au sujet de Kagame et de Museveni, j'aurais eu beaucoup de peine à découvrir les faits profondément ensevelis par le bulldozer du capitalisme international et dissimulés par la machine de propagande de la grande entreprise. L'invasion du Rwanda par le Front patriotique rwandais (FPR), alias l'Armée patriotique rwandaise, à partir d'octobre 1990, constituait une violation majeure du droit international, mais, dans la véritable mise en scène que devint ce conflit, on dépeignit les guérilléros terroristes du FPR comme des libérateurs, tandis qu'on fit passer pour des terroristes les soldats, les agents et les alliés de l'Etat rwandais, dirigé par le président Juvénal Habyarimana. Le FPR était principalement composé de militaires d'expérience des Forces de défense populaires de l'Ouganda, nouveau nom de l'Armée de résistance nationale. Dès 1991, on commença à parler de génocide, mais en imputant la faute aux Forces armées rwandaises (FAR), qui étaient obligées de défendre le Rwanda et son peuple contre l'invasion et l'occupation étrangères commandées par Paul Kagame et Yoweri Museveni, avec leurs commanditaires occidentaux, notamment le Pentagone et ses partenaires canadiens.

 

Dans le double langage orwellien de la propagande occidentale, la guerre devient la paix, une insurrection est une lutte anti-insurrectionnelle, les victimes sont des tueurs, les tueurs sont des victimes et les massacreurs, c'est-à-dire Paul Kagame et Yoweri Museveni, sont des "entrepreneurs" et des représentants de la "nouvelle génération de dirigeants africains".

 

UN DRAME COLLECTIF MARQUÉ PAR LA DOULEUR ET LA SOUFFRANCE

 

Le bain de sang en Ouganda et au Rwanda, dont l'origine remonte à la guérilla insurrectionnelle de l'Armée de résistance nationale, de 1980 à 1985, n'est pas qu'une histoire passée, mais une histoire encore bien actuelle. Ce n'est pas qu'un simple élément de la mémoire collective, mais un drame collectif marqué par la douleur et la souffrance. C'est un traumatisme collectif qui a dévasté des générations entières d'enfants, qui se poursuit en ce moment même et qui a gagné le Congo.

En juillet 1991, j'arrive dans le triangle où se rencontrent les territoires ougandais, rwandais et zaïrois, Paul Kagame avait pris la tête du FPR, qui commettait des atrocités à grande échelle dans le Nord du Rwanda. Je passe la nuit dans la petite ville de Kasese, à la frontière ouest de l'Ouganda, avant de poursuivre mon voyage à vélo encore plus à l'Ouest, dans les monts Ruwenzori. Après quelques rencontres peu rassurantes avec des soldats incontrôlables des Forces armées zaïroises (FAZ), j'arrive dans la petite ville frontalière de Kasindi, dans l'Est du Zaïre (Congo). Je traverse des kilomètres et des kilomètres de forêt tropicale humide, dans la boue et encore la boue, puis, après une savane de montagne, je débouche sur un lieu nommé Beni, l'une des villes principales du Nord-Kivu, une province dont je n'avais jamais entendu parler. Je n'en connaissais même pas le nom. Ma peau blanche et mon arrogance me confèrent une autorité supérieure.

 

A partir de Beni, j'enfourche de nouveau mon vélo et je prends la route de Kisangani, vers le Nord-Ouest. Puis, je me dirige à l'Est vers Bunia. Je parcours ainsi une boucle de 400 kilomètres au Zaïre et j'en ressors trois semaines après y être entré, en passant par Bunia, puis en descendant dans la vallée du lac Mobutu (Albert). Je regagne l'Ouganda en traversant le lac sur un petit bateau de bois.

 

VICTIMES DIRECTES ET INDIRECTES

 

Si vous m'aviez dit à ce moment que je retournerais sur les mêmes routes quinze ans plus tard, en tant que journaliste indépendant, que je serais arrêté par une milice rwandaise incontrôlable connue sous le nom de Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD), encore sur la route entre Kasindi et Beni, et que j'allais être arrêté non pas une fois, mais deux fois par des troupes de la MONUC (Mission de l'Organisation des Nations unies en République démocratique du Congo), à Bunia, je vous aurais pris pour un fou. Pourtant, la folie réside plutôt dans la quantité énorme de reportages trompeurs et racistes sur l'Afrique que diffusent les grands médias occidentaux. C'est en consommant cette information, ne serait-ce qu'occasionnellement, comme je le faisais, qu'on perd la raison.

 

Il est temps maintenant d'entrer dans le vif du sujet. Ma brève préface vise à présenter l'oeuvre d'un fils du Congo qui a toutes les raisons d'être indigné. Il n'est pas difficile d'imaginer l'affront ressenti par les Canadiens moyens lorsqu'ils apprendront que le présent livre et les accusations qu'il contient portent sur eux. Ce sont eux qui tuent, et leurs victimes directes sont les Congolais. Mais ils font aussi des victimes indirectes dans l'ensemble de la région des Grands Lacs africains ainsi que parmi tous les Africains de race noire et les gens de couleur du reste du monde.

Ce qui peut être dit de la participation canadienne à la guerre et au pillage en RDC s'applique également à la responsabilité canadienne dans la guerre et le pillage affligeant le reste de l'Afrique. Pourquoi d'ailleurs devrions-nous limiter la portée de nos accusations ? Au Canada, des sociétés minières, des sociétés militaires privées, des institutions bancaires, des organismes "d'aide" humanitaire, des sociétés de conservation de la faune et des organes de l'Etat s'emploient également à piller l'Asie, l'Amérique Latine et le Canada lui-même.

 

Bien que les Canadiens moyens soient, dans le présent ouvrage, accusés de tuer des gens, nous pouvons également leur manifester une certaine compassion et les présenter comme des victimes (de leur propre système de prédation). Dans la hiérarchie du pouvoir et de la souffrance, les dirigeants de l'Etat canadien et les cadres supérieurs des sociétés canadiennes occupent le sommet. Ils constituent les élites riches et privilégiées. Ce sont eux qui peuplent les conseils d'administration et les directions des ministères, où se trouvent surtout des Blancs, mais aussi quelques Noirs de service. Au bas de l'échelle, enfouie sous un tas de fumier, croupissent dans la misère les premières nations du Canada. Elles subissent un traitement semblable à celui des Congolais, bien que les violations commises contre elles soient passablement moins flagrantes.

 

L'IMPÉRIALISME VENGEUR, SANGUINAIRE ET IMPUDIQUE DE L'OCCIDENT

 

Peu importe ce qu'on cherche sous terre - les diamants du Nunavut pour De Beers, le nickel de Voisey Bay pour Diamond Fields et International Nickel (Inco), l'or du Sud-Kivu pour Banro - l'histoire fait toujours sur le terrain, par le génocide des populations autochtones, avec la participation de Canadiens de race blanche. C'est une histoire qui concerne le sol et les substances minérales qu'il contient, comme le pétrole, les diamants, le cobalt, le cuivre, l'uranium, l'étain, le tantale, le coltan, le gernanium, le nobium, l'or et le manganèse. Elle concerne aussi les forêts, les primates, la faune et la flore. Elle est faite de biopiratage et d'accusations de vol de propriété intellectuelle portées par les grandes sociétés agro-industrielles. C'est une histoire où l'eau est un enjeu qui devient de plus en plus important.

 

C'est autant l'histoire des terres d'Amérique du Nord appartenant aux nations amérindiennes que celle des terres du Congo qui appartiennent aux Congolais. Les mêmes facteurs structurels qui maintiennent, voire accélèrent le déracinement des premières nations du Canada sont partout à l'oeuvre contre les gens de couleur.

 

Pourtant, le Canadien moyen ne semble pas pouvoir comprendre le sens du mot "déracinement", peu importe comment on s'y prend pour lui expliquer. C'est comme si personne n'avait pu lire, un jour ou l'autre, les grandes réflexions morales de Léon Tolstoï, Martin Luther King, Frantz Fanon, Walter Rodney, Malcolm X Chinweizu, Ward Churchill, Wilhelm Reich, Thomas Sankara ainsi que Monica Sjöö et Barbara Mor (The Great Cosmic Mother). Les Canadiens qui connaissent Arundhati Roy se sont bornés, pour la plupart, à lire ses ouvrages de fiction. Les fidèles lecteurs de cette illustre écrivaine du Sud asiatique sont nombreux à avoir renvoyé ses livres par la poste lorsque après le 11 septembre 2001, elle a rompu avec la majorité silencieuse et complaisante pour devenir tout à coup une autochtone au teint foncé, libre de ses pensées, qui n'acceptait plus l'impérialisme vengeur, sanguinaire et impudique de l'Occident.

 

PROCLAMER L'HUMANITARISME ET L'ALTRUISME CARACTÉRISANT L'OEUVRE DES BLANCS

 

Des noms comme George Washington Williams, Roger Casement et Edmund Dene Morel ne veulent rien dire pour le Canadien moyen. Tout comme ils ne veulent rien dire pour l'Etatsunien moyen, parce que le Congo ne veut rien dire pour eux, ou pour nous, à moins que nous n'ayons un emploi là-bas. Ceci nous donne une excuse pour participer plus directement au pillage, pour faire du prosélytisme parmi les autochtones, pour aider les sauvages noirs et s'extirper de leur sauvagerie africaine, de leurs traditions africaines, de leur religion africaine ou encore pour les réduire à l'état de bêtes de somme ou de squelettes empilés, en train de sécher sous le soleil, au milieu de nulle part, comme à Bogoro ou Cyangugu. Tandis que nous continuons de proclamer bien haut l'humanitarisme et l'altruisme caractérisant l'oeuvre des Blancs.

 

Nous arborons notre peau blanche ou parfois simplement notre drapeau (par exemple, dans le cas de Colin Powell, Susan Rice, Andrew Young et Barack Obama) comme des symboles nous conférant une autorité supérieure et comme un permis pour tuer des gens sans renoncer au privilège de retourner faire du yoga ou siroter un gin tonic au bord de la piscine aseptisée d'un chic club pour ressortissants étrangers à Kinshasa, Kigali, Goma ou Naïrobi, ou encore dans un lieu confortable de Washington, Paris, Bruxelles, Ottawa, Montréal ou Vancouver.

 

Le Canadien moyen est-il coupable de ces génocides ? Comment se produisent-ils sinon avec le concours du Canadien moyen ? Les "bons Canadiens" ne sont-ils pas complices de ces crimes, eux qui leur permettent de se dérouler à l'échelle de la planète simplement parce qu'ils ne font pas l'effort de s'intéresser à ce qui se passe, ne savent pas comment résoudre le problème, aiment se dire qu'ils achètent des diamants par amour ou sont tellement incapables de gérer leurs propres affaires personnelles, ensevelis qu'ils sont sous la camelote, qu'il est hors de question pour eux de se mettre à s'intéresser aux affaires des sauvages noirs de l'Afrique centrale ?

 

L'INCONSCIENCE N'EST PAS ACCEPTABLE, ET C'EST À CE PROBLÈME QU'IL FAUT S'ATTAQUER

 

Dans son essai Managing Ignorance, l'universitaire Elizabeth Spellman se penche sur la caractérisation de l'Amérique blanche faite par l'intellectuel étatsunien de race noire James Baldwin, qui nous explique comment nous demeurons insensibles aux critiques qui pourraient nous aider à remédier à notre incompréhension du racisme. En somme, Baldwin est d'avis que les Blancs ne connaissent pas et ne veulent pas connaître les préjudices qu'ils ont fait subir aux Noirs par l'esclavage et par d'autres manifestations du racisme (comme la poursuite des guerres et du pillage en Afrique), qui font partie de la vie habituelle des Noirs d'Amérique (et des gens de couleur partout ailleurs).

 

Les Blancs ne savent pas et ne veulent pas savoir ce qui, dans leur comportement et leurs institutions, a complètement bouleversé la vie des Noirs. Ils sont à court d'imagination quand vient le temps d'envisager le monde tel qu'il serait si un tel pouvoir horrible avait été empêché de sévir. Au sujet des manques de connaissance, de sensibilité et d'imagination, Baldwin ajoute qu'il est intolérable que les gens qui sont les auteurs de cette dévastation soient de surcroît considérés comme innocents. Selon lui, c'est cette innocence qui constitue le crime.

 

Ce qui vaut pour les Canadiens vaut certainement aussi pour les Etatsuniens. Pourquoi l'auteur du présent ouvrage vise-t-il seulement les Canadiens ? Est-ce parce qu'ils se supposent innocents ? Est-ce parce que, d'un côté, ils demandent au fabricant d'armes de livrer une commande d'engins de mort en Afrique ? Les gens du Kansas, du Texas, du Massachusetts ou de la Floride participeraient-ils à des assassinats collectifs, mais pas les gens de la Saskatchewan, ni ceux du Québec et de la Nouvelle Ecosse ? Devons-nous croire que les Etats-Unis, puissance impérialiste suprême, ont l'exclusivité de vilaines politiques étrangères et d'opérations secrètes pour répandre leur terrorisme partout sur terre, profondément que partout ailleurs ? Le Canada, est-il étranger à tout cela ? Devons-nous souscrire à la croyance que les Canadiens sont bien trop vertueux par nature pour avoir de tels crimes sur la conscience ?

 

METTRE LA FAUTE SUR LA VICTIME: LA RUSE LA PLUS ANCIENNE DE L'HOMME BLANC

 

Les multinationales canadiennes protesteront certainement, elles aussi, contre une telle caractérisation. Elles déploieront leurs moyens considérables pour se livrer à la propagande, pour se draper dans la conscience écologiste ou, à défaut d'obtenir des résultats autrement, pour employer la force brute comme elles le font bien davantage au Congo qu'au Canada, où elles sont loin de jouir de la même impunité. Comble de l'insulte, les exterminations qu'elles offrent en cadeau aux populations autochtones seront mises sur le compte de ces dernières, c'est-à-dire les brutes du Nord (les premières nations) ou les brutes de là-bas (les Congolais). Mettre la faute sur la victime. C'est la ruse la plus ancienne de l'homme blanc, et le Canadien moyen, qui a été bien dressé, est susceptible de gober parfaitement l'idée que le tueur (le Canadien) est une victime et que la victime (le Congolais) est un tueur. N'est-ce pas l'idée dont nous nourrit sans cesse la presse ? Les troupes congolaises commettent viol après viol et tous les hommes congolais sont des violeurs, n'est-ce pas ? Qui sont les victimes ? Qui sont les tueurs?

 

Nous pouvons rapidement nommer des noms canadiens, comme certaines d'entre nous l'ont fait en vain puisque, dans les économies du pouvoir blanc, au sein des populations qui décident du destin de millions et de millions d'Africains, peu de gens tendent l'oreille. De Beers, Barrick Gold, Heritage Oil & Gas, Banro Mining, Anvil Mining, Diamond Fields Resources, Adastra (anciennement American Mineral Fields International), First Quantum, Tenke Mining Corporation, Lundin Mining : la liste est longue et scandaleuse, et elle contient de noms pour la plupart inconnus du public. Il est impossible de demeurer sains d'esprit lorsqu'on se fait ensevelir de propagande, de relations publiques, de gestion de la perception ou d'opérations psychologiques.

 

Par conséquent, la maladie mentale, l'amnésie généralisée, l'égoïsme, l'arrogance et l'hstérie collective - notamment à propos du massacre des Tutsis par les Hutus, au cours du génocide en 100 jours au Rwanda - sont devenus la norme.

 

RAIDS MINIERS DE BARRICK DANS L'ITURI

 

Parmi les membres du conseil d'administration de la société Barrick Gold figure l'ancien Premier ministre du Canada Brian Mulroney. L'ancien sénateur canadien John Trevor Eyton a fait partie du même conseil d'administration de 1990 à 2000, alors qu'il siégeait au Sénat. Edward N. Ney en a fait partie également, lui qui a été ambassadeur des Etats-Unis au Canada de 1989 à 1992 et qui compte parmi les principaux dirigeants de la société Burton-Marsteller, spécialiste entre autres de la gestion de la perception (c'est-à-dire de la propagande). Il reste beaucoup de zones d'ombre sur le rôle de Barrick dans l'invasion du Congo, en 1996, et sur le lien avec les raids miniers de Barrick dans l'Ituri, région ensanglantée au Nord-est du pays. C'est un sujet qui n'a assurément fait l'objet d'aucune enquête. Personne n'a été inculpé ou poursuivi chez Barrick. Personne n'a été même eu à témoigner sous serment, dans quelque pays que ce soit.

La société minière Banro et ses administrateurs, comme Arnold Kondrat, constituent un autre triste exemple de l'implication canadienne. Au Congo, Banro se livre à un pillage intégral et vide le territoire de sa population en sachant qu'elle peut compter sur l'appui de ceux qui tiennent les fusils.

En Amérique du Nord, elle a recours aux menaces et aux poursuites judiciaires pour bâillonner quiconque ose la dénoncer. Les seules activités minières de Banro dans le monde se trouvent au Sud-Kivu, province martyre de la RDC, et elles ont, bien entendu, l'aval des Nations unies. Banro est blanchie par le système de propagande occidental. Elle brille du même éclat qu'un téléphone cellulaire tout neuf.

 

BANRO POURTANT ENCOURAGÉ PAR LE GOUVERNEMENT CONGOLAIS

 

Corruption, extorsion, pots-de-vin, assassinats collectifs : Banro ne semble reculer devant aucune bassesse au Sud-Kivu. Mais, compte tenu du silence obscène des médias occidentaux au service du capital, on ne peut pas dénoncer Banro en Occident sans avoir l'air d'inventer de toutes pièces un scénario sableux, voire de délirer complètement. A l'inverse, aux yeux des Congolais du Sud-Kivu qui ont été dépossédés de leur terre et de leur droit à la vie, de telles accusations sont bien la moindre des choses et elles arrivent trop tard.

 

«Nous félicitons Banro pour son approche professionnelle et nous entendons travailler ensemble et leur apporter notre soutien afin de créer un environnement gagnant/gagnant pour toutes les parties», a déclaré Emile Bongeli, vice-Premier ministre de la RDC chargé de la Reconstruction, selon un communiqué du département des relations publiques de Banro.

 

Pourtant, le portrait de la réalité que dressent la vraie Société civile et les vrais défenseurs des droits de la personne au Sud-Kivu est très différent du portrait fabriqué par les avocats sans état d'âme, les bricoleurs à gages de communiqués et les boîtes occidentales qui se prostituent en faisant du renseignement pour leur maître. Parmi ces dernières se trouvent de faux groupes de défense des droits de la personne, comme l'International Rescue Committee, l'International Crisis Group, le projet Enought ! et l'organisme Raise Hope for Congo. Dans les trois derniers cas, on a affaire à des projets séduisants mais hypocrites qui ont été créés ou qui sont financés par le Center for American Progress (CAP), un centre d'étude nationaliste étatsunien voué aux activités de renseignement, qui oeuvre secrètement pour étendre la domination étatsunienne et l'hégémonie de grandes entreprises dans le monde. John Prendergast, John Podesta et Madeleine Albright figurent parmi les experts et les fondateurs du CAP. Ils ont tous les trois été au coeur du gouvernement Clinton, qui a appuyé les projets de génocide de Kagame et Museveni en Ouganda, au Rwanda et au Congo (ainsi que le projet de génocide au Soudan, qui se poursuit actuellement).

 

INTÉRÊTS GÉNÉRALEMENT CONVERGENTS DES GRANDES SOCIÉTÉS ET DU CRIME ORGANISÉ

 

Les bricoleurs de communiqués à la solde de Banro ont peut-être bien rodé leur numéro d'illusionnisme, mais le Canadien moyen devient complice de génocide lorsqu'il les laisse faire leur cirque sans poser la moindre question. Les valeurs morales ne peuvent être maintenues si elles ne sont pas sous-tendues par un ensemble solide de convictions. Or, grâce aux récompenses que distribue le capitalisme, aux punitions qu'il inflige et à l'omnipotente culture blanche de l'indifférence qui le caractérise, il a détruit la fibre morale de la société, tout comme il a anéanti des milliards de vies sur terre depuis ses débuts.

 

La première invasion du Zaïre (1996-1997) a été soutenue par le Pentagone, avec le concours des plus énergiques du Canada, qui a joué un rôle crucial dans cette guerre en défendant les intérêts généralement convergents des grandes sociétés et du crime organisé, ce qu'il fait, du reste, encore aujourd'hui. Le lieutenant-général Maurice Baril incarne bien les machinations canadiennes dans la région des Grands Lacs africains.

 

En 1994, Maurice Baril était chef de la Division militaire des opérations de "maintien de la paix" de l'ONU et supérieur du commandant de la Mission des Nations unies pour l'assistance au Rwanda (MINUAR), le Général Roméo Dallaire, un autre Canadien, qui fut un acteur clé de l'orchestration du génocide rwandais par le FPR. En 1996 et 1997, Maurice Baril commanda la Force multinationale au Zaïre, qui devait accomplir, elle aussi, ce qu'on qualifia d'opération de "maintien de la paix". Cette force était basée en Ouganda et à Kigali et relevait en pratique du commandement de l'armée des Etats-Unis pour l'Europe, dont le quartier général se trouve à Stutgart, en Allemagne.

 

APPUI DU CANADA AUX DICTATEURS KAGAME ET MUSEVENI

 

Evidemment, le gouvernement du Canada appuie les dictatures de Paul Kagame et Yoweri Museveni. Un grand nombre d'intellectuels, de gens d'affaires, de journalistes et de représentants de l'Etat s'emploient à perpétuer les récits officiels sur les génocides au Rwanda, au Burundi, en Ouganda, au Soudan et au Congo. Sur les rivières de sang qui coulent en Afrique vogue l'Agence canadienne de développement international (ACDI), qui a financé les projets de Kagame au Rwanda, mais n'a jamais dit un mot sur les agissements de cet homme, qui font de lui le "boucher" de Kigali. Pourquoi ce silence ? Parce que le gouvernement du Canada a participé à la boucherie et y participe encore.

 

En 2007-2008 seulement, l'ACDI a distribué environ 19,95 millions de dollars étasuniens en aide au "développement". Peu importe ce que raconte la propagande, nous savons bel et bien aujourd'hui que cet argent est lié à la défense des intérêts du Canada. "A travers sa programmation régionale et sa collaboration avec les organisations multinationales, clairement les bricoleurs de communiqués à la solde du gouvernement, l'ACDI travaille également avec le Rwanda pour promouvoir la paix et la sécurité dans la région des Grands Lacs". On s'étouffe de rage lorsqu'on entend un pareil mensonge, à moins d'être un Congolais ou une Congolaise, et d'avoir été soit décapité, soit violée par des troupes rwandaises qui font semblant d'être Congolaises pour mettre la violence sur le compte des Congolais.

 

SECTEUR MINIER : LE RWANDA POUR UNE AUGMENTATION DE 250 % DES EXPORTATIONS EN 2012

 

En septembre 2007, le Rwanda s'est doté d'une stratégie de développement économique et de réduction de la pauvreté pour 2008-2012. Cette stratégie a été élaborée de concert avec le Fonds monétaire international (FMI), dont les politiques économiques ont pour effet avéré de miner les économies en développement et d'institutionnaliser les inégalités en matière de commerce et de finance internationaux. Le FMI, l'ACDI, USAID, l'UNICEF, Save the Children et d'autres encore perpétuent la violence structurelle, c'est-à-dire littéralement une agression contre les gens ordinaires. Le document décrivant la stratégie du Rwanda contient des statistiques sur le secteur minier, mais ne dit mot de la provenance des exportations minières, qui sont, en fait, le fruit du pillage du Congo.

 

Sur une période cinq ans, de 1996 à 2000 (les années pendant lesquelles le Rwanda a commencé à piller le Congo en pratiquant le terrorisme parrainé par l'Etat), le secteur minier rwandais a connu une augmentation moyenne de 24,5% par année. Puis, de 2001 à 2006, l'augmentation moyenne a été de 41,3% par année. Le document ne mentionne même pas le Congo, sinon pour dire laconiquement que "la frontière entre les deux pays est instable", une affirmation qui relève de la fourberie et de l'insulte. Peu importe, le FMI est d'avis que le Rwanda augmentera sa production minière : "Dans le secteur minier, l'objectif est une augmentation de 250% des exportations, qui devraient passer de 38 millions de dollars étatsuniens en 2005 à 106 millions de dollars en 2012".

 

DES PERSONNALITÉS CANADIENNES INDEXÉES

 

Le terrorisme parrainé par l'Etat est un concept plus large que le terrorisme d'Etat. Ainsi, nous ne devrions pas oublier les nombreux Canadiens qui ont joué un rôle déterminant dans la genèse et la perpétuation des crimes de guerre, des crimes contre l'humanité et des génocides dans la région des Grands Lacs africains.

L'un de ces Canadiens se nomme William Schabas. C'est un agent du FPR qui se fait passer pour un avocat spécialisé dans le domaine des droits de la personne et qu'on a incorporé à la Commission internationale d'enquête sur les violations des droits de l'homme au Rwanda depuis le 1er octobre 1990, qui a séjourné au Rwanda en janvier 1993. Le rapport de cette commission a été l'un des premiers instruments d'importance ayant servi à tisser la toile de fausses accusations contre le président du Rwanda, Juvénal Habyarimana, et contre son gouvernement. Il a permis le lancement de l'opération psychologique réalisée avec l'aide du Pentagone (Etats-Unis) et du Commandement des forces armées (Canada), en vue de faire passer les victimes pour des tueurs, au Rwanda, et de cacher les crimes de guerre et le complot en vue de commettre un génocide auquel participaient le Front patriotique rwandais, les Forces de défense populaire de l'Ouganda et leurs commanditaires (USAID, ACDI, Banro, Adastra, et ainsi de suite). William Schabas s'est mis au service du terrorisme parrainé par l'Etat lorsqu'il a participé à la préparation de montages de fausses accusations dans le but d'extrader des réfugiés rwandais ayant bel et bien fui le régime et se trouvant aux Etats-Unis et au Canada.

 

Le Général Roméo Dallaire est un autre Canadien ayant joué un rôle central. C'est lui qui était à la tête de la Mission des Nations unies pour l'assistance au Rwanda (MINUAR). Il a secrètement aidé le Front patriotique rwandais à réaliser sa conquête génocidaire, son double assassinat présidentiel et son coup d'Etat au Rwanda (1990-1994), ce qui a préparé le terrain au cataclysme du Zaïre/Congo et pour les quinze années subséquentes de terrorisme parrainé par l'Etat à l'intérieur du Rwanda (1994-2010).

 

Gerald Caplan, quant à lui, est un intellectuel et un activiste canadien ayant oeuvré dans les cercles gouvernementaux. Il a co-présidé le Groupe de travail sur la politique de la radiodiffusion mis sur pied par le Premier ministre Brian Mulroney, mais il a aussi joué un rôle central dans la dissimulation des crimes de guerre et du crime de génocide en Afrique. Salué un peu partout comme un expert du génocide rwandais faisant autorité, Gerard Caplan est l'auteur du Rapport sur le génocide au Rwanda, rédigé pour le compte du Groupe International d'éminentes personnalités pour enquêter sur le génocide de 1994 au Rwanda et ses conséquences, un organe d'enquête qui fut créé par l'Organisation pour l'Unité africaine et qui ne fut rien d'autre qu'un écran de fumée. Gerald Caplan publie des articles de propagande dans toute la presse canadienne. Il a lancé "Rappelons-nous du Rwanda", un projet prétendument "non gouvernemental" destiné à déverser de la propagande dans le monde entier pour bien cimenter dans la mémoire collective les récits fallacieux sur les génocides et les crimes de guerre dans la région des Grands Lacs africains et au Soudan. Les services rendus à l'Empire par M. Caplan lui ont valu d'être nommé membre d'un groupe d'experts de haut niveau par le coordonnateur spécial des Nations unies pour l'Afrique.

 

DES BARONS DE L'INDUSTRIE MINIÈRE DISSIMULENT LEURS ACTIVITÉS CRIMINELLES

 

Beaucoup de gens trempent dans des activités occultes de crime organisé qui mettent en cause directement ou indirectement le Canada en Afrique. Il se trouve parmi eux des gros bonnets intouchables comme Jean-Raymond et Max Boulle. Robert Friedland, Lukas Lundin, George Herbert Walker Bush, Peter Munk et Adnan Khashoggi. Les barons de l'industrie minière sont nombreux à dissimuler leurs activités criminelles au milieu d'un enchevêtrement tentaculaire de conseils d'administration, de paradis fiscaux et de réseaux de blanchiment d'argent. Souvent, ils sont, en outre, liés à des fournisseurs privés de services militaires (c'est-à-dire des entreprises de mercenaires).

 

Robert Friedland et Tony Buckingham sont deux cas notoires d'élites qui brillent au firmament de la réussite grâce à leurs réseaux de crime organisé et de mercenaires, réseaux qu'ils exploitent dans l'impunité. Robert Friedland, surnommé "Toxic Bob", possède les citoyennetés canadienne et étasunienne. Il est parvenu à décrocher des contrats miniers de la Mongolie au Canada, à grand renfort de pots-de-vin et d'autres formes de corruption. Son investissement dans les guerres au Congo a été payant pour lui, mais a coûté la vie à des millions de Congolais.

 

Après avoir vu ce qui se dessinait derrière les manoeuvres répugnantes de M. Friedland, qui usait de pots-de-vin et de mensonges pour faire exproprier les habitants, le peuple mongol a manifesté et a brûlé l'effigie de M. Friedland sur la place publique. Mais le mécontentement du peuple mongol n'a pas arrêté M. Friedland. Pas plus que la position nationaliste de Laurent-Désiré Kabila, figure de proue, au Zaïre, de l'Alliance des forces démocratiques pour la libération (AFDL) de 1996 à 1998. M. Friedland ayant de solides appuis aux Etats-Unis et au Canada, ces deux pays l'ont aidé à truquer les élections nationales de 2008, en Mongolie, et à obtenir les droits d'exploitation de l'énorme gisement de cuivre et d'or d'Oyu Tolgoi, dans le désert de Gobi, tandis que Laurent-Désiré Kabila était assassiné et remplacé par un président plus malléable, Joseph Kabila, ce qui a permis à Adastra (AMFU) de mettre la main sur quelques-unes des concessions minières les plus lucratives du Congo. Il s'agit de gisements de la ceinture cuprifère qui recèlent du cobalt, le gros lot tant convoité qui explique que le Canada ait appuyé Mobutu pendant plus de 30 ans. Les superalliages sont essentiels au développement du complexe militaro-spatio-cancéro-nucléaro-industriel et ne peuvent être fabriqués sans le cobalt du Congo.

 

Le citoyen britannique Tony Buckingham est lié à de nombreuses entreprises mercenaires actives en Ouganda, en République démocratique du Congo, au Sierra Leone et en Afrique du Sud, notamment la société Héritage et ses sociétés affiliées. Pourtant, même si ces entreprises ont des liens qui crèvent les yeux avec des terroristes en Afrique, comme le demi-frère de Yoweri Museveni, le Général Salim Saleh, en Ouganda, personne n'en dit mot, ni dans les gouvernements occidentaux, ni m^meme aux Nations unies. Les Canadiens Michael Hibberd et Gregory Tumbull siègent au conseil d'administration de la société Héritage, où l'on n'est pas surpris de trouver également le Général Sir Michael Wilkes, qui était encore récemment le directeur des forces spéciales britanniques. Heritage Oil, Hardman Resources et H and H oil & Gas sont littéralement complices de meurtres, mais s'en tirent sans une égratignure.

 

Le citoyen britannique Tony Buckingham est lié à de nombreuses entreprises mercenaires actives en Ouganda, en République démocratique du Congo, au Sierra Leone et en Afrique du Sud, notamment la société Héritage et ses sociétés affiliées. Pourtant, même si ces entreprises ont des liens qui crèvent les yeux avec des terroristes en Afrique, comme le demi-frère de Yoweri Museveni, le Général Salim Saleh, en Ouganda, personne n'en dit mot, ni dans les gouvernements occidentaux, ni même aux Nations unies. Les Canadiens Michael Hibberd et Gregory Tumbull siègent au conseil d'administration de la société Héritage, où l'on n'est pas surpris de trouver également le Général Sir Michael Wilkes, qui était encore récemment le directeur des forces spéciales britanniques. Heritage Oil, Hardman Resources et H and H oil & Gas sont littéralement complices de meurtres, mais s'en tirent sans une égratignure. Dans le bassin de la rivière Semliki, de chaque côté de la frontière entre la RDC et l'Ouganda, les caïds mangeurs de pauvres, Yoweri Museveni et Joseph Kabila, leur ont concédé des gisements de pétrole qu'elles exploitent goulûment.

 

Depuis plus de 135 ans, les économies du pouvoir blanc pillent le Royaume du Congo et en éliminent la population. Pourtant, de premières incursions d'Henry Morton Stanley, vers 1880, jusqu'aux opérations militaires récentes de la Mission d'observation des Nations unies au Congo dans la province de l'Equateur (décembre 2009), on n'entend parler que de bonnes oeuvres de l'Occident : aide humanitaire et missions de maintien de la paix. Or, rien n'est plus faux, en dépit de ce que nous, les Blancs, pouvons croire à propos de notre bonté et de notre charité. L'enfer est bel et bien pavé de bonnes intentions.

 

Les complices de cette exploitation sont impliqués à divers degrés de forment une sorte de hiérarchie, à l'instar des degrés de conscience et de souffrance. Tandis qu'au Canada, les Premières Nations souffrent, et qu'on leur jette les restes dérisoires de l'exploitation du monde par l'Occident, le peuple congolais est soumis aux plus abominables souffrances, et les grands médias au service du capital tiennent ces souffrances loin des regards. La question n'occupe pas les esprits des populations qui auraient le pouvoir de changer le sort des Congolais et qui, en Europe, aux Etats-Unis et au Canada, sont responsables de ce qui se passe. Cela suffit-il à expliquer que tant de gens parmi nous ne font rien pour aider le peuple congolais à se libérer du joug de l'impérialisme ?

 

Conscients de machinations issues, en Afrique, du capitalisme prédateur des temps modernes et du suprémacisme blanc, de nombreux Canadiens se sont néanmoins employés à les étaler au grand jour et méritent qu'on leur rende hommage. Parmi eux se trouvent Phil Taylor, John Philpot et Christopher Black, trois avocats de la défense qui, à l'instar de nombre de leurs collègues, se sont dévoués sans compter pour dissiper les écrans de fumée créés par les médias propagandistes occidentaux et par la justice des vainqueurs du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), Robin Philpot a démasqué les agresseurs, ça ne s'est pas passé comme ça à Kigali, l'un des rares livres qui remet franchement en question le récit du génocide rwandais diffusé par l'establishment. Ces nombreux Canadiens se sont faits défenseurs de la vérité. Ce sont des gens aussi extraordinaires que méconnus, comme Roxy Statish et Charles Boylan. Certains sont allés au Congo et d'autres non. Guidés par leur sens moral, ils refusent de se laisser séduire par les sirènes du capitalisme et de vendre leur âme à l'ignoble système de propagande.

 

LE ZAÏRE DE MOBUTU, UN ETAT EN DÉROUTE

 

Lorsque je suis arrivé au Zaïre, en 1991, cela faisait plus de 25 ans que le président Mobutu Sese seko était au pouvoir. Le pays était qualifié d'Etat en déroute, qu'un dictateur impitoyable avait conduit à la ruine. La vie y était rude. Les infrastructures étaient en décomposition ou simplement inexistantes. J'ai rencontré des missionnaires étatsuniens de race blanche qui semblaient vivre confortablement dans la brousse, tandis que le citoyen zaïrois moyen manquait de tout : produits de base, services sociaux, transport, éducation et soins de santé. Des gens se faisaient expulser de leur terre par des associations occidentales de conservation de la faune, en particulier le Fonds mondial pour la nature, le fonds Dian Fossey pour les gorilles et Wildlife Conservation Intenational. Qui eût cru que, quinze ans plus tard, je découvrirais que l'organisme de mon héroïne, le Jane Goodall Institute, agissait comme un commanditaire de la guerre en finançant directement l'une des milices sévissant dans les lointaines forêts de Walikale, au Nord-Kivu ?

J'étais allé au Zaïre pour voir les gorilles, mais j'y vécus une aventure et une épreuve que je souhaite ne jamais revivre. La vie des habitants du pays était cruelle et brève. L'endroit était aussi d'une beauté incroyable, à de nombreux égards, tout comme les gens eux-mêmes. Sur la route boueuse, après avoir quitté Béni, je rencontrai une famille de paysans qui me soigna lorsque je tombai malade des suites d'une piqûre d'insecte qui s'était infectée, derrière une oreille. Pour la première fois de ma vie, je fus profondément touché de voir des gens faire preuve d'un profond d'un désintéressement, d'une bonté, d'un courage et d'une dignité inébranlables. Alors qu'ils étaient parmi les plus pauvres de la terre, ils partagèrent le peu qu'ils avaient avec moi, un Etatsunien de race blanche, arrogant, inconscient et riche, qui traversait leur village et leur région en faisant du tourisme à vélo. Loin de me reprocher mon arrogance sans borne, la famille de Yafali kulu-kulu se montra d'une grande générosité.

 

En 1996, cette famille fut assassinée de sang-froid, du grand-père jusqu'aux nouveau-nés, par les troupes venues du Rwanda, qui en étaient à leur première invasion du Zaïre, avec l'appui de leurs parrains occidentaux. Voilà pourquoi je suis en train d'écrire au sujet du Congo. Voilà pourquoi je suis en train d'écrire au sujet du Congo. Voilà pourquoi j'ai consacré plus de dix ans de ma vie à dénoncer la désinformation, la tromperie et le mensonge pur et simple entourant ce qui s'est passé en Afrique centrale et ce qui s'y passe encore. Voilà pourquoi l'auteur du présent livre m'a demandé d'en écrire la préface, lui qui vient du Congo et qui a vu le sang couler dans son pays.

 

BRAQUER LES PROJECTEURS SUR LES TIREURS DES FICELLES

 

Quelle que fût la situation au Zaïre lorsque j'y étais, en 1991, ce n'était rien comparativement à la souffrance, aux viols et au pillage qui ont ravagé le pays depuis ce temps. On n'a jamais vraiment braqué les projecteurs comme on le devrait sur les gens qui tirent les ficelles dans les guerres du Congo et qui appuyaient Mobutu. Toute l'époque Mobutu est résumée comme ceci : il était corrompu, son compte bancaire en Suisse était bien garni, il a causé la ruine du Zaïre, il est parti, et la page est tournée.

"Nous voulons travailler avec des gens qui pensent à l'avenir, a déclaré la secrétaire d'Etat Hillary Clinton au peuple congolais, lors de son passage à Kinshasa, en 2009, et non avec ceux qui ressassent le passé". Les intellectuels congolais en furent indignés. Que diraient les New Yorkais, écrirent les Congolais, si les responsables des attentats du 11 septembre 2001 débarquaient chez eux et leur disaient d'oublier le passé et de penser à l'avenir ? Comment réagiraient les juifs si un chef nazi allemand leur conseillait d'oublier le passé et de penser à l'avenir ? Quelle élégance de la part de Mme Clinton ! Elle demande à un pays de tourner la page et d'oublier la responsabilité de son mari dans les crimes de guerre, les crimes contre l'humanité et les actes génocidaires dont a souffert la population de ce pays. N'est-ce pas encore plus élégant de sa part lorsqu'on sait qu'elle a des liens personnels avec le réseau tempelsman d'exploitation des diamants, qui manipule le Congo et élimine ses dirigeants depuis le temps de Patrice Lumumba ? L'arrogance de Hillary Clinton n'a d'égal que sa sournoiserie : si elle s'est rendue à Kinshasa, c'est entre autres pour négocier avec Joseph Kabila, au nom du baron des diamants Maurice Tempelsman et de la société de Beers. Rappelons-nous la menace infâme qu'a souvent brandie le colonel Joseph Mobutu. Maintenu au pouvoir pendant 312 années au cours desquelles il a servi bassement les intérêts de ses partenaires d'affaires blancs : "Après moi, le déluge", disait-il. Voilà que la prophétie s'est réalisée.

Le "coeur des ténèbres" fait toujours partie de notre imagination à nous, les Blancs, et de l'imaginaire de ceux qui sont contaminés par la mythologie qui nous rend aveugles et nous empêche de nous rendre compte que nous sommes complices d'un véritable massacre. Les Noirs ne sont pas à l'abri de l'influence de cette mythologie, ce qui fait qu'il y en a beaucoup qui participent à la folie collective et aux économies de carnage qui font des ravages en Afrique et en minent les populations, derrière les paravents du développement, de l'aide humanitaire, de la conservation de la faune, du tourisme et du prétendu maintien de la paix. Environ 10 millions de personnes sont mortes au Congo depuis 1996, et la raison est claire : les économies du pouvoir blanc ne veulent pas s'encombrer des sales nègres. Que ce soit au Congo, au Soudant, au Rwanda ou en Somalie, on applique la politique du dépeuplement pour le plus grand bien des actionnaires qui engrangent les profits.

 

Il faut que ça cesse. J'espère que vous lirez le présent livre. Après, vous pourrez faire des choix qui sont hors de portée de la responsabilité qui nous incombe, puis vous demander ce que vous pouvez faire, au lieu d'attendre que quelqu'un vous le dise. L'une des personnes qui m'ont le plus aidé à comprendre les problèmes engendrés par le suprémacisme blanc, le professeur Enoch Page, nous invite à nous questionner sur nos privilèges et notre statut.

 

 

Un jour, s'adressant à un groupe de Blancs à la conscience aiguë, qui avaient manifestement entrepris une démarche critique envers leur race et qui refusaient la destruction de la beauté du monde par le système capitaliste dont nous sommes les bénéficiaires, le professeur Page leur a demandé : "Seriez-vous prêts à sacrifier vos enfants pour sauver votre corps ?"

 

C'est en ces termes que se pose le problème du Congo. Le premier obstacle que vous devez franchir est celui de votre consommation de la propagande au service du capital.

 

Cette consommation est intrinsèquement liée à l'absence de gestes concrets pour appuyer le vrai journalisme indépendant. L'impunité est le pire des problèmes : personne n'est tenu responsable, car il y a beaucoup de monde parmi nous qui participent au carnage, que ce soient nos amis ou des personnes de notre famille. C'est dans la nature du capitalisme et du rêve américain. Et, c'est le plus gros des mensonges.

 

Un monde juste est possible. Qu'attendez-vous ? Combien de Congolais devront encore mourir avant que vous ne leviez le petit doigt pour les aider ? Combien de millions de personnes devront être exterminées au milieu des cris d'horreur qui montent du Congo avant qu'on commence à vous entendre murmurer votre indignation?

 

Keith Harmon Snow Massachusetts, Août 2010

 

tiré du Livre «Le Canada dans les guerres en Afrique» Centrale, Génocides & Pillages des ressources minières du Congo par le Rwanda interposé, Edition "Le Nègre Editeur", mai 2012 Pages 9 - 27 (*) Les intertitres sont de la Rédaction

 

(*) Préfacé de l’ouvrage de Patrick Mbeko

publié aux Editions "Le Nègre Editeur, Montréal, mai 2012

 

SOURCE:Par  Le Potentiel



24/06/2012
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