PROCLAMATION DE L'EMPIRE ALLEMAND
18 janvier 1871
Proclamation de l'Empire allemand
L'Empire allemand est proclamé le 18 janvier 1871 dans la galerie des Glaces du château de Versailles.
Par le choix de ce lieu prestigieux, le chancelier prussien Otto von Bismarck veut humilier la France, vaincue par la coalition des États allemands. Versailles a aussi l'avantage d'être un lieu neutre du point de vue allemand ; proclamer la naissance de l'Empire à Berlin eut été ressenti comme une marque d'allégeance au roi de Prusse par les autres souverains allemands .
Soudés par leur victoire commune sur la France de Napoléon III, les représentants des États allemands, y compris le roi Louis II de Bavière, les rois de Saxe et de Wurtemberg et le grand-duc de Bade, font le sacrifice de leur indépendance et acceptent d'entrer dans une Allemagne fédérale dominée par la Prusse.
Sur une idée du chancelier prussien, ils confèrent qui plus est au roi de Prusse Guillaume 1er de Hohenzollern le titre d'empereur allemand (en allemand Deutscher Kaiser).
À 73 ans, le vieux souverain lui-même n'avait aucune envie de relever le titre impérial, dévalorisé par plusieurs siècles de divisions fratricides, et se serait satisfait de son titre de président de la Confédération d'Allemagne du Nord, obtenu en 1867.
Le plus difficile a été de convaincre le roi de Bavière. Le malheureux fou s'est laissé séduire par l'habile Bismarck qui lui a fait miroiter l'attrait d'un séjour au Trianon, dans le parc de Versailles et lui a promis une généreuse dotation lui permettant d'achever la construction de ses châteaux néo-gothiques, dont le célèbre Neuschwanstein.
Le deuxième Reich (Empire en allemand) succède au Saint Empire romain germanique fondé par Otton le Grand en 962 et aboli par Napoléon 1er en 1803. Sa proclamation est fixée le jour anniversaire du couronnement royal de Frédéric 1er de Hohenzollern, à Königsberg (18 janvier 1701).
Elle débute par l'ennuyeux et long sermon d'un pasteur luthérien, pétri de haine envers la France. Vient ensuite un moment de prière avec le Te Deum.
Enfin le roi de Prusse monte sur une estrade où l'ont devancé les autres princes allemands.
Là-dessus, Bismarck, dont c'est le jour de gloire, lit une déclaration :
«Nous, Guillaume, par la grâce de Dieu roi de Prusse.Les princes et les villes libres d'Allemagne Nous ayant demandé d'une voix unanime de rétablir l'Empire et d'accepter la dignité impériale...vacante depuis plus de soixante ans (...)».
Le grand-duc de Bade s'avance à la fin du discours, lève le bras droit et clame :
«Vive Sa Majesté l'empereur Guillaume !».
Un tonnerre d'applaudissement et de hourras lui fait écho sous la fanfare... tandis qu'au loin, on perçoit le bruit des canons qui bombardent sans trêve Paris.
Bâti à l'image de l'ancienne Confédération d'Allemagne du Nord, le nouvel empire d'Allemagne est une fédération de 25 États très divers, chacun conservant ses lois, sa Constitution et même son souverain. Seules les affaires d'intérêt commun (diplomatie, armée et marine, justice, communications, commerce et douanes) relèvent du gouvernement d'Empire et donc du chancelier désigné par l'empereur et doté du pouvoir exécutif.
Le pouvoir de faire les lois (pouvoir législatif) appartient à un Parlement composé de deux assemblées :
– le Bundesrat représente les États,
– le Reichstag représente les citoyens avec des députés élus au suffrage universel ; le royaume de Prusse y bénéficie d'une prépondérance écrasante avec 236 députés sur 397,
On n'est pas pour autant dans une véritable démocratie, le chancelier ayant toujours le dernier mot en matière législative.
Première puissance industrielle du continent européen, la nouvelle Allemagne est aussi le plus peuplé des pays européens, Russie mise à part, avec 60 millions d'habitants (contre 40 millions pour la France).
Pendant que les Allemands triomphent à Versailles, Paris et ses deux millions d'habitants résistent au siège de leurs armées et au bombardement incessant de leurs canons. L'armistice est signé dix jours après la cérémonie de Versailles, quand les efforts de Gambetta pour poursuivre la guerre à outrance auront définitivement échoué.
Par le traité de paix signé à Francfort le 10 mai 1871, les Français perdent l'Alsace (ancienne terre d'Empire de langue germanique) et une partie de la Lorraine (autour de Metz) qui n'a jamais appartenu quant à elle au Saint Empire romain germanique et ne pratique pas la langue germanique.
Le «chancelier de fer» a désiré que les prince allemands offrent ces territoires à l'empereur en cadeau d'heureux avènement.
C'est ainsi que l'Alsace-Lorraine devient terre d'Empire indivise (Reichsland).
Cette annexion va interdire l'espoir d'une réconciliation entre la France et l'Allemagne et contribuer au déclenchement de la Première Guerre mondiale. Elle se soldera par la chute du IIe Reich, 47 ans seulement après sa fondation (il aura duré encore moins longtemps que l'Autriche-Hongrie, fragile construction multiculturelle).
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