Plus de trois ans après en avoir fait l’annonce, Joseph Kabila vient de lancer l’opération de lutte contre la corruption. En effet, après avoir désigné un Conseiller spécial pour la bonne gouvernance, la lutte contre la corruption, le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme, Luzolo Bambi Lesa, le Président de la République vient de déposer une première plainte en justice pour corruption.
Nul ne sait qui est visé dans cette plainte ni les matières. Luzolo a simplement fait savoir qu’elle est constitué d’éléments émanant des dénonciateurs et qui ont été traités par ses services avant d’être transmis au Président de la République pour décision finale. Il revient à présent à la justice de faire son travail.
Cette nouvelle donne vient couper court à toutes les moqueries dont le Chef de l’Etat était l’objet depuis son annonce de la lutte contre la corruption. Accusant jusqu’au personnel politique d’être trempé dans la corruption, une certaine opinion le croyait incapable de « livrer » ceux-ci à la justice sans, selon eux, se faire éclabousser lui-même.
Qui veut aller loin ménage sa monture
Une telle posture suscitait des interrogations quant à la volonté réelle de certains compatriotes de voir éradiquer ou, à tout le moins, minimiser cette plaie qu’était devenue la corruption au pays de Lumumba. Personne, par ailleurs, n’a pris la peine de comprendre qu’une telle bataille nécessitait un travail de fond sur la justice qui, à l’image du pays qui sortait de la guerre, avait besoin d’être reconstruite.
En effet, avec un appareil judiciaire incomplet, manquant, par exemple, les hautes juridictions comme la cour constitutionnelle, la cours de cassation ou encore le conseil d’Etat, ou encore le tribunal de commerce ; avec un personnel judiciaire déficitaire, démotivé, sans revenu décent et travaillant dans des conditions inappropriées, etc. ; comment pouvait-on penser se lancer au front contre la corruption sans se casser les dents ?
Heureusement, Joseph Kabila, prévenant, l’avait compris et avait inciter le Gouvernement à se trouver des partenaires pour engager la réforme de la justice en cours. De même, le Gouvernement avait procédé au recrutement de nouveaux magistrats après un assainissement moral qui a vu licenciés des magistrats véreux. Des efforts ont également été fournis pour améliorer les salaires et les conditions de travail des magistrats. La magistrature congolaise s’est vue également renforcée dans ses capacités d’investigation dans le cadre de l’instruction pré juridictionnelle des dossiers. Ce dernier exercice était capital, surtout pour des dossiers sur la corruption qui sont très complexes à maîtriser, surtout lorsque les faits remontent à des années.
Les larmes de crocodile des occidentaux
Qu’en est-il alors du sort de toutes ces affaires sur le bradage supposé des ressources minières congolaises autour, principalement, de la Gécamines ? Les médias occidentaux, surtout ceux anglo-saxons, s’en sont, à une période, fait les choux gras, accusant les autorités congolaises de brasser des pots-de-vin pour vendre à vil prix des contrats à des firmes étrangères.
Sans jurer sur quoi que ce soit, il y a lieu de relativiser la plupart de ces accusations si l’on sait qu’en réalité, la RDC et ses autorités ont vécu une période de diabolisation en cette matière par les médias anglo-saxons, simplement parce que des multinationales occidentales, britanniques, canadiennes et américaines essentiellement, ont échoué à prendre pied dans les mines congolaises pour une raison ou une autre, au profit des majors asiatiques du secteur. Nombre de ces firmes, telles que First Quantum, furent recalés lors de la re-visitation des contrats miniers pourtant vivement réclamée par les Occidentaux, entre autres.
Dans tous les cas, l’essentiel, aujourd’hui, est que la bataille contre la corruption a débuté. Sa réussite passera, non pas par des quolibets et des dénonciations calomnieuses dans les réseaux sociaux et les forums de débat sur le Net, mais bien à travers les structures mises en place, notamment la justice directement ou le bureau du conseiller spécial Luzolo Bambi.
Pascal Debré Mpoko
Congo Virtuel
AMMAFRICA WORLD