Le dialogue, dont les bases sont en train d’être jetées par les consultations politiques initiées par le Chef de l’Etat depuis le lundi Ier juin 2015, est dans la bonne voie. De toutes les délégations reçues hier par le Chef de l’Etat au Palais de la Nation, aucune n’a émis un avis défavorable contre ledit dialogue. Quand on connaît l’opposition tranchée du Cardinal Mosengwo vis-à-vis du pouvoir kinois, l’on peut parier que l’avenir s’annonce plutôt clair pour ce dialogue. Reçu par le Chef de l’Etat, Mosengwo a passé plus de 30’ avec le Chef de l’Etat.
Que va devenir le climat politique sous peu en RDC dans la mesure où les forces vives de l’opposition ainsi que la Société Civile acquise à l’opposition s’asseyent sur l’Eglise catholique ? Le cardinal, du reste, a une voix qui est très écoutée par ces acteurs majeurs de la politique congolaise.
En attendant que les consultations nous déterminent les matières qui seront abordées dans ce dialogue, l’on peut parier que le consensus sur le processus électoral sera convenu et que des recettes pour phagocyter l’insécurité persistante dans l’Est de la RDC seront élaborées pour un renouveau en RDC.
Qu’en est-il de ceux qui ne s’opposent à ce dialogue que sur base de soupçon d’une recherche de glissement par Joseph Kabila ? D’abord, il faut partir du fait que ce dialogue a été demandé par ceux qui avaient boudé les concertations nationales organisées en octobre 2013.
En réaction à celles-ci, tel que publié le 26 juin 2014,
« Une nouvelle coalition de l'opposition congolaise regroupe désormais l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) d’Etienne Tshisekedi et l’Union pour la nation congolaise (UNC) de Vital Kamerhe. Avec une soixantaine d'autres partis politiques et organisations de la société civile, ce rassemblement a pour objectif d'empêcher le président Kabila de rester au pouvoir.
La nouvelle coalition de l’opposition comprend une soixantaine d’organisations politiques de la société civile. Parmi elles, l’UDPS d’Etienne Tshisekedi l’UNC de Vital Kamerhe et Sauvons la RDC de Martin Fayulu. Il s’agit des groupes qui avaient refusé de participer aux concertations nationales.
Le secrétaire général de l’UDPS, Bruno Mavungu affiche clairement les objectifs de cette nouvelle plateforme politique :
« Obtenir la convocation d’un dialogue inclusif conformément à l’accord-cadre d’Addis-Abeba, ainsi que la résolution 20-98 du Conseil de sécurité des Nations unies, restructurer la Céni et arrêter par consensus un calendrier électoral et obtenir le départ de monsieur Joseph Kabila ».
Le MLC et ses alliés, qui ne font pas partie de cette coalition de l’opposition, ont de leur côté dénoncé ce qu’ils ont appelé les « stratégies » de la majorité présidentielle pour conserver le pouvoir. « On s’inquiète de l’instrumentalisation de la Céni et des autres institutions que ce soit le Parlement ou le gouvernement. C’est un mal qu’il faut dénoncer, car c’est un des mécanismes utilisés pour torpiller le processus électoral dans le but de pérenniser au pouvoir le président de la République et sa famille politique », confirme le président du groupe parlementaire, Alexis Lenga wa Lenga. ».
L’Udps a continué à réclamer ce dialogue à cor et à cri. De même que les partis en vue de l’opposition. Face à l’insistance des opposants et considérant la multiplication des appels, Joseph Kabila a récemment envoyé son émissaire, Kalev Mutond, échanger avec ces acteurs de l’opposition politique sur l’idée d’un tel forum avant les élections prévues en 2015 et 2016 en RDC. D’après ce qu’on en sait, le message transmis par Kalev comportait trois points. Primo, la réponse positive du Président de la République aux nombreuses demandes de dialogue. Secundo, répondre aux questions sur le format de ce dialogue et le moment de sa tenue. Tertio, la détermination des termes de référence de ce dialogue.
Les choses étant telles, il n’est pas possible de prétendre que Joseph Kabila cherche à tirer un quelconque profit personnel de ce dialogue. Les détracteurs de ce dialogue vont jusqu’à prétendre que les consultations initiées par le Chef de l’Etat sont une opportunité pour lui de corrompre à grande échelle, ceux qu’il reçoit. Le Cardinal Mosengwo aura-t-il accepté lui-aussi de se faire corrompre ?
Ceux qui croient gagner la prochaine présidentielle se mettent sans autre forme de procès à battre en brèche la tenue d’un tel dialogue, rejetant son histoire ou estimant que les données ont changé depuis qu’ils l’ont réclamé la première fois. Se seront-ils accordés avec les prédateurs impérialistes qui leur auraient promis du soutien en cas de la tenue de la prochaine présidentielle ? L’on sait déjà que les partis qui s’opposent à ce nouveau dialogue sont ceux dont les leaders ont entrepris le voyage des USA l’année dernière.
Joseph Kabila pourrait n’être qu’en train de se déployer pour faire comprendre aux uns et aux autres toutes les vérités politiques actuelles de la RDC pour combattre les impostures et les intox quant à son départ du pouvoir véhiculées par les opposants. Pourquoi ne pas lui donner l’opportunité de rassurer les uns et les autres ? Pourquoi ne pas donner l’opportunité aux voix écoutées de la RDC de s’exprimer pour éviter à la RDC des situations malheureuses qu’on peut éviter via le dialogue ?
L’émissaire de Joseph Kabila, Kalev Mutond s’est enquis auprès des représentants des partis politiques. Les réclamations des partis politiques quémandeurs du dialogue sont connues. Comment peut-on se permettre de véhiculer l’intox d’après laquelle Joseph Kabila fait des consultations pré-dialogue une occasion de corrompre à large échelle les gens ?
Samy BOSONGO
AMMAFRICA WORLD