RWANDA:SANS TAMBOUR NI TROMPETTE PAUL KAGAME REVISE LA CONSTITUTION
Le vote du Parlement ouvre la voie à un troisième mandat du président Paul Kagamé en 2017. Et pourquoi pas plus ?
Tout a commencé en mai dernier avec une pétition signée par plus de 3,7 millions de Rwandais, selon le parti au pouvoir, réclamant que le président Paul Kagamé se succède à lui-même en 2017. Ce chiffre a été contesté par l’opposition. L’explication : il représente plus de la moitié du corps électoral et les pétitionnaires sont soupçonnés d’être des proches du parti présidentiel. Selon, les détracteurs du chef de l’État, il ne s’agirait pas d’un mouvement de soutien spontané ; il serait téléguidé. Pourtant, fin octobre, l’Assemblée nationale, dominée par le Front patriotique rwandais (FPR) – le parti présidentiel – et ses alliés a souhaité entériner cette demande en adoptant un projet de réforme de la Constitution. Le Sénat doit encore approuver la proposition, avant une consultation par référendum.
Feu vert pour une présidence jusqu’en 2034
Théoriquement, le projet de réforme constitutionnelle devrait permettre au dirigeant rwandais de se maintenir au pouvoir jusqu’en… 2034. De fait, deux articles font l’objet de toutes les crispations. L’article 101, remanié par les députés rwandais, stipule que le président de la République est « élu pour un mandat de cinq ans et ne peut être réélu qu’une seule fois ». Quant à l’article 172, il ajoute à cela la possibilité pour le président en exercice de briguer un mandat de 7 ans, avant d’être élu ou réélu pour les deux mandats de 5 ans prévus dans l’article 101. En 2017, Paul Kagamé pourrait donc présider le Rwanda pendant encore 17 ans.
La requête de l’opposition rejetée
La Constitution du Rwanda, adoptée en 2003, limitait à deux le nombre de mandats présidentiels et interdisait donc en l’état à Paul Kagamé, élu en 2003 et 2010, de se présenter une troisième fois. Mais le Parti démocratique vert (PDV), l’une des rares voix dissidentes au Rwanda, a vu sa requête visant à empêcher le président sortant Paul Kagamé de briguer un troisième mandat, rejetée le 8 octobre dernier par la Cour suprême du Rwanda.Pour rappel, Paul Kagamé, 58 ans, est au pouvoir depuis que la rébellion à laquelle il appartenait, le Front patriotique rwandais, a mis fin au génocide de 1994. Vice-président et ministre de la Défense après le génocide, il tenait déjà les rênes du pays avant d’être élu président en 2003 avec 95 % des voix, puis réélu tout aussi triomphalement (93 %) en 2010. Le président rwandais est régulièrement crédité des nombreuses avancées du pays depuis le génocide, mais est critiqué pour son leadership dans « une main de fer » qui étoufferait toute voix discordante.
@Oeildafrique
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