Des dirigeants européens et africains, emmenés par la France, ont réaffirmé mercredi leur engagement à enrayer la spirale de la violence en Centrafrique, où l'UE va déployer d'ici la fin mai quelque 800 soldats.
Une réunion de haut-niveau ouvrant le 4e sommet UE-Afrique à Bruxelles, "a mis en avant l'engagement conjoint de l'UE et de l'Afrique de répondre" à cette crise, "et contribuer à une stabilisation durable du pays", selon les conclusions adoptées par les dirigeants de plus de 20 pays européens et africains.
Ils ont "appelé solennellement tous les Centrafricains à déposer les armes", inquiets de la recrudescence des violences entre communautés chrétienne et musulmane.
Sur ce dossier, comme sur l'ensemble des relations avec l'Afrique, le président français François Hollande et la chancelière allemande, Angela Merkel, ont affiché leur volonté de davantage travailler ensemble.
M. Hollande a proposé une "alliance" entre les deux continents, "autour de trois enjeux: la sécurité, le développement et l'environnement".
Berlin et Paris veulent "jouer un rôle moteur" en Afrique, a souligné Mme Merkel, y voyant un "nouveau parcours" pour son pays, qui a finalement décidé de participer, avec deux avions de transports, à l'opération en Centrafrique.
- Dans l'attente de l'ONU -
Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a exhorté la communauté internationale à "fournir les troupes supplémentaires nécessaires et des fonds".
L'ONU prévoit de déployer d'ici la mi-septembre 12.000 soldats et policiers en Centrafrique pour prendre le relais de la force africaine (Misca) présente sur place aux côtés des 2.000 soldats français de l'opération Sangaris.
La Misca a dû se défendre cette semaine d'accusations portées contre des militaires tchadiens ayant tué au moins 24 personnes à Bangui samedi en tirant sur la foule. Le Premier ministre centrafricain André Nzapayaké a affirmé mercredi qu'ils ripostaient à une attaque, confirmant la thèse de la Misca.
Eufor-RCA, l'opération de l'UE ayant tardé à se concrétiser faute de suffisamment de contributions des Etats membres, doit appuyer ces forces, pour "assurer que les projets humanitaires puissent être menés à bien", a souligné son commandant, le général Philippe Pontiès.
"Trois quarts" des 800 hommes devant être déployés d'ici mai "travailleront directement à sécuriser" l'aéroport et deux arrondissements de Bangui, a-t-il souligné. Si nécessaire, cette force pourrait être renforcée pour atteindre jusqu'à un millier d'hommes. L'UE avait retenu ce chiffre total en annonçant mardi sa décision de déployer la force.
L'UE a aussi décidé de consacrer 30 millions d'euros - sur le total des 352 millions d'euros qu'elle a engagés en faveur de la stabilisation de la Centrafrique - à la reconstruction d'un embryon d'Etat.
- Faire taire les armes -
Refonder une structure étatique est un impératif pour permettre l'absorption et la distribution de tous les fonds déjà promis au pays, a souligné une source européenne.
Le chef de la diplomatie britannique, William Hague, a pour sa part annoncé le déblocage de 7,2 millions d'euros supplémentaire, portant l'aide humanitaire britannique à 27,8 millions d'euros.
La nécessité de "faire taire les armes" dans ce pays, mais aussi sur tout un continent miné par des crises à répétition, a été mise en avant par la présidente de la Commission de l'Union Africaine, Nkosazana Dlamini-Zuma, à l'ouverture du sommet.
Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a confirmé un accord au sein de l'UE pour abonder la "Facilité africaine" de 800 millions d'euros pour la période 2014-2016. Ce fonds vise à renforcer les capacités africaines de prévention et gestion des conflits.
"L'accent doit être mis sur l'investissement humain, afin que l'Afrique, sûre d'elle-même, puisse résoudre ses problèmes", a assuré Mme Merkel, y voyant la logique à faire prévaloir dans le partenariat UE-Afrique.
L'Europe a aussi "besoin de l'aide de l'Afrique", notamment pour tarir l'immigration irrégulière et faire face au changement climatique, a souligné le président du Conseil européen, M. Herman Van Rompuy.
Ces dossiers, ainsi que la coopération économique avec l'Afrique, où la Chine avance ses pions, doivent être au menu jeudi de la seconde journée du sommet.
La Depêche