SOS:L'Horreur du Viol des Fillettes à L'Est de la République Démocratique du Congo!
L'humanité devrait s'en indigner!!!
Terreur à Kavumu: des fillettes aussi sont violées!
Recroquevillée dans les bras de sa maman, la petite Nema, 4 ans, ne sourit même pas à sa poupée préférée. Le regard vide, elle ne réagit pas lorsque les infirmières de l’hôpital Panzi l’emmènent puis la plongent dans l’anesthésie. Quelques instants plus tard, elle n’est plus qu’un corps minuscule dissimulé sous une toile verte, tandis qu’une mince échancrure laisse apparaître des chairs déchirées, informes, qui s’échappent par le vagin, ou par l’anus, on ne sait plus, puisque tout se confond dans un orifice sanguinolent. Le docteur Mukwege, médecin chef de l’hôpital Panzi, au sud de Bukavu, en a vu d’autres, et son ami belge, le Docteur Guy-Bernard Cadière, qui a passé une semaine à ses côtés avec toute son équipe de l’hôpital Saint Pierre, ne sont pas des novices.
Mais avant de promener la mince caméra de la laparoscopie entre les chairs tuméfiées, avant de tenter d’opérer, de recoudre, avec le soutien d’images qui se reproduiront sur un écran placé en face d’eux, les chirurgiens de l’extrême s’accordent quelques instants de fureur. « Y a-t-il encore des hommes dans ce pays, capables d’empêcher de telles horreurs ? » laisse échapper Mukwege tandis que Cadière insiste : « j’ai promis une photo à la maman, elle croit que l’uterus de sa fille a été arraché… »
Alors qu’avec des gestes tendres et précis, les deux médecins mesurent la profondeur de la plaie, la rage les reprend :les violeurs ont pénétré la gamine avec une telle violence que le bassin apparaît, que des points d’infection ont détruit les tissus… Avec une précision de dentellière, les deux hommes se relaieront pour nettoyer, suturer, recoudre mais, les larmes aux yeux, ils seront forcés de conclure que si la petite vivra, elle ne donnera jamais la vie.
Indigné, le Docteur Mukwege avait prévu de se rendre le lendemain à Kavumu, à 35 km de Bukavu, à la tête d’une délégation de « V Men », des hommes portant vêtements noirs et T shirts cerclés de rouge, bien décidés à protester contre l’incompréhensible épidémie qui ravage la paisible localité voisine de l’aéroport, d’un camp militaire et d’une base onusienne : depuis le début de cette année, quinze fillettes de moins de cinq ans ont été emportées durant la nuit, violées et laissées pantelantes dans les champs de manioc ou même dans le jardin de leurs parents !
Lorsque le petit cortège venu de Panzi atteint la salle communale, déjà remplie d’hommes et de femmes très agités, un homme portant une parka verte se porte au devant des visiteurs. Les mains en avant, sur un ton presque atone, M. Kasigwa raconte que chez lui aussi, cette nuit même, le malheur a frappé : « alors que je dormais profondément, j’ai entendu, vers 5 heures du matin, ma cadette de 7 ans qui pleurait dans la cour. Je me suis aperçu que la porte des parents avait été bloquée par une pierre, et les autres enfants sont alors venus nous ouvrir. La petite Cikuru, du sang entre les jambes, m’a raconté qu’au milieu de la nuit, alors qu’elle dormait dans la même pièce que ses quatre aînés, un inconnu l’avait emportée dans ses bras et, dans un champ voisin, l’avait pénétrée violemment. Après qu’il ait disparu, elle se traîna jusqu’à la maison, où tout le monde dormait encore… »
Couchée en chien de fusil sur un lit du centre de santé de Kavumu, attendant l’ambulance qui l’emmènera à Panzi, la nouvelle victime des violeurs a le même regard vide que Nema, tourné vers un cauchemar intérieur qui risque de la hanter sa vie durant. Et voilà une autre vie détruite, une de plus…
C’est plus que ce que les habitants de Kavumu ne peuvent supporter. Alors que les « V men » dont de nombreux médecins de Panzi, venus avec le Dr Mukwege, ainsi que les notables-le procureur, le chef de la police, le chef de la zone- assurent qu’ils n’ont pas d’explication et exhortent les habitants à dénoncer les suspects, à refuser les éventuels arrangements à l’amiable (une vache pour prix du silence…), à ne pas faire justice eux-mêmes, hommes et femmes se pressent pour prendre la parole au micro.
Personne ne comprend : se trouve –t-on en présence d’un rite fétichiste, qui dicterait de violer des gamines de moins de cinq ans pour s’assurer argent ou pouvoir sexuel ? Le village serait- il visé par des dépravés sexuels, des hommes rendus fous par l’abus de ces alcools frelatés venus d’Ouganda, assailli par des démobilisés qui campent autour du camp militaire et qui, après avoir connu et commis les horreurs de la guerre, ne savent plus que faire de leur vie ?
Alors que le procureur plaide sa propre cause et implore ceux qui savent quelque chose de livrer leur témoignage, les femmes se font menaçantes : elles crient qu’ici, en payant cent dollars on peut être acquitté de tout. Mais surtout, elles interpellent les hommes, dénoncent leur impuissance et menacent de faire la grève du sexe.
Lorsque le Dr Mukwege prend la parole, il demande, ne fois encore : « où sont les hommes, où sont les Congolais, où sont les valeurs de ce pays ? L’objectif de ceux qui vous frappent est l’anéantissement de toute une communauté… »
Il est vêtu de noir, il fait de grands gestes de pasteur, mais sa voix tremble lorsqu’il avoue :« je suis gynécologue depuis plus de trente ans, mais ça, je ne l’avais jamais vu… » Pratique, concret malgré son désespoir, il harangue ses compatriotes en swahili :
« mettez vous ensemble, organisez vous, faites des rondes. Chacun d’entre nous a la responsabilité de protéger les enfants de tous.. »
Et il promet : «nous n’allons pas nous taire, il faut que cela cesse… »
Au nom des militaires, le colonel Beker adjure la foule de ne pas se diviser, de respecter le droit, de ne pas se lancer dans les vengeances individuelles mais il s’engage à la vigilance et promet que des patrouilles mixtes seront organisées, mêlant civils et forces de l’ordre, que des sifflets seront distribués…
Le Sud Kivu a connu les guerres à répétition, les invasions, les combats, le pillage de ses ressources. Aujourd’hui que les Interhahamwe rwandais ont reculé vers l’extrême sud de la province et que les groupes armés rendent les armes les uns après les autres, ce qui s’installe à Kavumu et peut-être ailleurs, c’est une terreur de proximité, magique et effroyable, qui frappe systématiquement des gamines de moins de cinq ans. Les limites de l’horreur auraient elles à nouveau reculé ?.
Colette Braeckman
(titre)
AMMAFRICA WORLD
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