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USA BIENTÔT DANS LA LISTE DES PAYS DU TIERS MONDE?

USA, déjà pays du Tiers Monde

USA, déjà pays du Tiers Monde

Le 6 janvier 2004, le Sénateur Charles Schumer et moi avions contesté l'idée fausse propagée par un éditorial du New York Times,

 

Le 6 janvier 2004, le Sénateur Charles Schumer et moi avions contesté l'idée fausse propagée par un éditorial du New York Times, que la délocalisation de l’emploi est du libre-échange. Notre article a tant étonné les économistes qu’en quelques jours Schumer et moi fûmes convoqués à une conférence de la Brookings Institution, à Washington, pour expliquer notre hérésie. Lors de cette conférence télévisée dans tout le pays, j’ai dit que la conséquence de la délocalisation de l’emploi fera des USA dans 20 ans un pays du tiers monde. 
  

    C’était il y a 11 ans, et les USA sont sur le point d’être ravalés au statut tiers-mondiste neuf ans avant que ma prédiction n’arrive à échéance. 
  

    Les signes sont partout. En septembre, le Bureau du recensement a publié son rapport mensuel sur le revenu des ménages US par quintile. Chaque quintile, ainsi que le top des 5%, a connu un déclin de revenu réel pour les ménages depuis leur pic. Le quintile inférieur (la tranche des 20 pour cent inférieurs) a connu une baisse de revenu réel de 17,1% depuis le pic de 1999 (passant de 14.092 à 11.676 dollars). La 4e quintile a perdu 10,8% de revenu réel depuis l’an 2000 (passant de 34.863 à 31.087 dollars). Le quintile du milieu a perdu 6,9% de revenu réel depuis l’an 2000 (passant de 58.058 à 54.041 dollars). Le 2ème quintile a perdu 2,8% de revenu réel depuis 2007 (passant de 90.331 à 87.834 dollars). Le quintile supérieur a perdu 1,7% de revenu réel depuis 2006 (passant de 197.466 à 194.053 dollars). Le top des 5% a perdu 4,8% de revenu réel depuis 2006 (passant de 349.215 à 332.347 dollars). Seul le top des Un Pour Cent ou moins (surtout les 0,1%) a connu un essor de revenu et de richesse. 
  

    Le Bureau du recensement utilise les mesures officielles de l'inflation pour parvenir à déterminer le revenu réel. Ces mesures sont sous-évaluées. Si des mesures plus précises de l'inflation étaient utilisées (telles que celles disponibles auprès de shadowstats.com), les baisses de revenu réel des ménages seraient plus importantes et elles auraient commencé à décliner depuis plus longtemps. Certaines mesures montrent que le revenu annuel moyen réel des ménages est [actuellement] plus bas qu’entre la fin des années 1960 et le début des années 1970. 
  

    Notez que ces baisses se sont produites lors de la présumée reprise économique de six ans, entre 2009 et aujourd’hui, en période de recul de la population active du fait d'une baisse prolongée du taux de participation au marché du travail. Le 3 avril, 2015, le Bureau des statistiques du travail a annoncé que 93.175.000 Étasuniens en âge de travailler n’étaient pas dans la population active. Un record historique ! Toute reprise économique est normalement signalée par l’accroissement du taux de participation au marché du travail. John Williams signale qu’en incluant les travailleurs découragés dans les chiffres du chômage, le taux de chômage aux USA se monte actuellement à 23%, et non aux 5,2% rapportés. 
  

    Dans un rapport publié récemment, l’Administration de la sécurité sociale a transmis les données du revenu annuel sur une base individuelle. Es-tu prêt pour lire ça ? 
  

    En 2014, sur l’ensemble des travailleurs US, 38% ont gagné moins de 20.000 dollars ; 51% moins de 30.000 dollars ; 63% moins de 40.000 dollars ; et 72% moins de 50.000 dollars. 
  

    La pénurie d'emplois et les faibles salaires sont des conséquences directes de la délocalisation de l’emploi. Sous la pression des « défenseurs des actionnaires » (Wall Street) et des grands détaillants, les entreprises manufacturières ont déménagé leur production à l'étranger, dans des pays où le prix cassé du travail engendre la hausse du profit des entreprises, des « primes de rendement » de la direction, et des cours boursiers. 
  

    Le départ des emplois manufacturiers bien rémunérés s’est bientôt vu emboîter le pas par le génie logiciel, l’informatique, et d'autres postes dans les services spécialisés. 
  

    Des études économiques irréfléchies d’économistes incompétents, comme Michael Porter d’Harvard et Matthew Slaughter de Dartmouth, ont conclu qu’offrir à l'étranger un grand nombre d’emplois de haute productivité, à haute valeur ajoutée, était un grand bien pour l'économie US. 
  

    J’ai contesté cette conclusion loufoque dans des articles et des livres, et toutes les évidences économiques prouvent que j’ai raison. Les meilleurs emplois promis, que la « nouvelle économie » devait créer pour remplacer les emplois offerts aux étrangers, n’ont jamais vu le jour. À la place, l'économie a créé des boulots à temps partiel peu rémunérés, du style serveur, garçon de café, vendeur au détail et employé ambulant pour services de soins de santé, tandis que le pourcentage de jobs avantageux à temps plein diminue toujours par rapport au nombre total d’emplois. 
  

    Ces emplois à temps partiel ne rapportent pas un revenu suffisant pour fonder un ménage. C’est ainsi que, tel que le rapporte une étude de la Réserve fédérale, « À l'échelle nationale, près de la moitié des 25 ans ont vécu chez leurs parents en 2012-2013, contre un peu plus de 25% en 1999. » 
  

    Quand la moitié des jeunes de 25 ans n’ont pas la possibilité de fonder leur ménage, les marchés immobilier et de l'ameublement effondrent. 
  

    La Finance est le seul secteur en développement dans l'économie US. La part du secteur financier dans le PIB s’élevait à moins de 4% en 1960, contre environ 8% aujourd'hui. Comme l’a montré Michael Hudson, la Finance est une activité qui ne produit rien. C’est une industrie de pillage (tirant profit de la destruction de la nation hôte). 
  

    Par-dessus le marché, l’extraordinaire concentration financière et le risque et d'endettement irresponsable dû à l’effet de levier ont transformé le monde de la Finance en grave menace pour l'économie. 
  

    Sans croissance du revenu réel des consommateurs, pas d’épanouissement de la demande collective pour stimuler l'économie. L'endettement du consommateur limite sa capacité à grossir ses dépenses grâce au crédit. Ces dépenses limitées du consommateur signifient que les nouveaux investissements se bornent à la demande des entreprises. L'économie ne peut tout simplement qu’aboutir à rien, sauf à décliner puisque les entreprises réduisent toujours leurs coûts en remplaçant les emplois à temps plein par des emplois à temps partiel et les travailleurs locaux par des étrangers. Le gouvernement est surendetté à tous les niveaux, et l'assouplissement quantitatif a surabondé en devises US. 
  

    Ce n’est pas la fin de l'histoire. Quand les emplois manufacturiers partent, la recherche, le développement, la conception et l'innovation suivent. Une économie qui ne fait rien de concret n’innove pas. Toute l'économie est perdue, pas seulement les chaînes logistiques. 
  

    L'infrastructure économique et sociale se délabre, en particulier la famille elle-même, la primauté du droit et la nécessité pour le gouvernement de rendre compte de ses actes. 
  

    Quand les diplômés de l’enseignement supérieur ne peuvent se caser parce que les emplois qui leurs étaient promis ont été délocalisés ou pris par des étrangers détenteurs de permis de travail, les candidats à l'enseignement supérieur se font rares. S’endetter uniquement pour trouver un emploi qui ne remboursera pas le prêt estudiantin, devient un contresens économique. 
  

    Nous sommes déjà dans la situation où les administrations des collèges et universités dépensent 75% de leur budget pour leurs besoins propres et l'embauche d'assistants qui enseignent pour quelques milliers de dollars. La demande de professeurs à temps plein avec une carrière devant eux s’est tarie. Le jour où les conséquences d’avoir mis le profit d’entreprise à court terme avant l'emploi des gens joueront à plein, la demande pour l’enseignement universitaire s’effondrera et la science et la technologie avec elle. 
  

    L'effondrement de l'Union soviétique fut la pire chose jamais arrivée aux USA. Les deux principales conséquences de l'effondrement soviétique furent dévastatrices. L’une des conséquences fut l’envol de l’orgueil démesuré des néocons en faveur de l'hégémonie mondiale, d’où sortirent les 14 ans de guerres au prix de 6.000 milliards de dollars. L'autre conséquence fut un changement d'esprit en Inde socialiste et en Chine communiste, dans les grands pays qui réagirent à la « fin de l'histoire » en ouvrant leur immense potentiel de main-d’œuvre sous-employée au capital de l'Ouest, ce qui entraîna le déclin de l'économie US dont parle cet article, une économie en difficulté restant pour supporter l'énorme dette de guerre. 
  

    Il est raisonnable de conclure qu'une nation avec un système socio-politico-économique dirigé d’une manière aussi incompétente, est déjà un pays du Tiers-Monde.



 

@Alterinfo

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13/11/2015
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