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(Vidéo)DEVOIR DE MEMOIRE LE 24 NOVEMBRE DANS L'HISTOIRE DU CONGO EX-ZAIRE, MOBUTU PRENAIT LE POUVOIR

24 NOVEMBRE 1965-24 NOVEMBRE 2015

Combien parmi le peuple Congolais (RDC) se souvienne de cette date historique?

Si le peuple sur qui appartient cette histoire ne saisisse pas son passé, il aura toujours à le revivre faute de leçons qui n'ont pas été tirée!

L'analyse que nous dépeint le magazine "Jeune Afrique" nous pousse à réfléchir sur l'histoire politique de cette nation dont son peuple ne s'y focalise, mais s'étonne de revivre à chaque fois le passé! La prise de conscience sur le passé, nous épargne des erreurs sur ce passé!

 

Sondons l'histoire chers Congolais, elle nous instruit sur beaucoup de choses....

 

@Ammafrica

RDC : il y a 50 ans, le 24 novembre 1965, Mobutu prenait le pouvoir

Quelques mois seulement après l'indépendance du pays en 1960, Joseph Mobutu était propulsé commandant en chef de l'armée congolaise. Cinq années et quelques crises politiques plus tard, le colonel s'empare du pouvoir le 24 novembre 1965.

Et le conservera pendant plus de 30 ans.

« Il manquait de discipline chez nos hommes politiques. Pendant cinq ans, nous allons l’instaurer dans tous les domaines : politique, économique, financier », soutient Joseph-Désiré Mobutu devant la presse belge pour justifier son (nouveau) coup d’État du 24 novembre 1965. Six jours plus tôt il accédait aux plus hautes fonctions de la hiérarchie militaire avant de destituer ainsi le chef de l’État, Joseph Kasa-Vubu, et son Premier ministre, Évariste Kimba.

 

Déjà en 1960, à peine 76 jours après l’indépendance du Congo, le 14 septembre 1960, Mobutu s’imposait comme l’homme fort du pays.

Il ne s’agit pas d’un coup d’État militaire, mais plutôt d’une simple révolution pacifique.

« Chers compatriotes, ici c’est le colonel Mobutu Joseph, chef d’état-major de l’armée nationale congolaise, qui vous parle de Léopoldville [aujourd’hui, Kinshasa, NDRL]. L’armée nationale congolaise a décidé de neutraliser le chef de l’État [Joseph Kasa-Vubu, premier président du pays, NDRL] jusqu’à la date du 31 décembre 1960 […]. Il ne s’agit pas d’un coup d’État militaire, mais plutôt d’une simple révolution pacifique. L’armée va aider le pays a résoudre ses différents problèmes qui deviennent de plus en plus aigus », avait-il lancé pour annoncer la « neutralisation » de l’exécutif.

 

Mais Mobutu ne prend pas – officiellement – le pouvoir à ce moment-là. Il place en résidence surveillée le Premier ministre Patrice Émery Lumumba, pourtant son mentor politique (celui-ci avait nommé Mobutu secrétaire d’État à la présidence au sein du premier gouvernement congolais). Ce dernier, après avoir tenté une évasion, sera arrêté, puis transféré le 17 janvier 1961 dans le Katanga où il sera assassiné.

 

Mobutu, seul maître du Zaïre

 

Après la mort de Lumumba, Mobutu réhabilite Kasa-Vubu à la tête du pays mais garde lui le commandement de l’armée qui fait face à une rébellion menée par les fidèles du Premier ministre assassiné… jusqu’à sa prise de pouvoir officielle, le 24 novembre 1965.

C’est le début d’un régime autocratique dirigé d’une main de fer. Éliminant au passage tout potentiel opposant au nouveau pouvoir. À l’instar d’Évariste Kimba, Premier ministre déchu et trois autres politiciens, accusés de comploter contre les nouvelles institutions avant d’être pendus début juin 1966. Le ton est donné.

 

L’année suivante, le « citoyen-président » crée le Mouvement populaire de la révolution (MPR), le parti-État. Il en devient le « père fondateur ». Tous les Congolais sont de fait membres de la formation politique. Un monopartisme qui durera jusqu’en 1990.

Cette année-là, les larmes aux yeux, le chef de l’État et président du MPR annonce qu’il quitte la tête du parti, autorisant en même temps le multipartisme.

 

 

 Vidéo archive du 24 Avril 1990:annonce de la démocratie précoce:

 
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RDC : la nostalgie Mobutu 

 

 

Le 7 septembre 1997, l'ex-président du Zaïre décédait à Rabat, au Maroc, loin des siens. Cette mort en exil était l'épilogue d'une lente agonie. Aujourd'hui, le jugement des Congolais oscille entre indulgence, regret d'un orgueil perdu et souvenir cauchemardesque d'une dictature à bout de souffle.
Quinze années déjà que sa dépouille, rongée par le cancer, s’en est allée reposer au fond d’une sépulture d’exil à Rabat, au Maroc. Quinze années pendant lesquelles son ombre, sa toque, ses lunettes fumées, sa canne sculptée, sa gestuelle et sa voix métallique n’auront cessé de hanter ses concitoyens. Beaucoup de Congolais ont avec celui qui les dirigea de 1965 à 1997 une relation qui s’apparente au syndrome de Stockholm. Il fut leur dictateur, mais ils ont fini, après sa disparition, par tout (ou presque) lui pardonner. De Mobutu, ils ont effacé l’image d’un homme assimilé dans le monde à l’archétype de la mal-gouvernance à l’africaine. Ils ont oublié le chaos sécuritaire des dix dernières années de son règne, la corruption, l’asphyxie économique, l’article 15, la police politique, les disparitions, l’agonie d’un pays saigné à blanc, pour ne retenir qu’une seule chose : la nostalgie d’un orgueil perdu.
 

Et il est vrai qu’au cours des décennies 1970 et 1980, à l’époque de l’« authenticité » et du boom du cuivre, de l’abacost et des pagnes obligatoires, de la rumba triomphante et des exploits des Léopards, les Zaïrois avaient la conviction de vivre dans un grand pays courtisé, différent des autres, dont le chef d’État savait s’imposer par sa seule présence lors des sommets internationaux. À eux que la colonisation avait infantilisés, Mobutu avait su donner une estime de soi, une manière d’être et de vivre, un soin à paraître reconnaissables entre tous. Il avait su cimenter le sentiment national en les faisant rêver sur leur richesse potentielle, lui qui martelait à longueur de discours que le Zaïre était un « scandale géologique ».

 

Indulgence

 

Bien sûr, tout cela n’était qu’un mirage, car l’éléphant aux pieds d’argile, dépecé de l’intérieur par cette catastrophe que fut la zaïrianisation, ne pouvait que s’effondrer, à l’image d’une armée de parade qui ne gagna aucune guerre mais dont le maréchal était si fier, avec ses Mirage et ses C-130 aux ventres aussi rebondis que ceux de ses généraux. De ces temps d’illusion, où il était permis de croire que l’on pouvait gagner sa vie sans travailler en multipliant les « coups » en haut comme en bas de l’échelle sociale, est pourtant née une identité qui a jusqu’ici résisté à la destruction de l’État.

 

De Mobutu à Kabila père, le Zaïre devenu Congo est passé de la captation de l’usufruit au bradage des actifs, sans que cesse la prédation mais sans que s’interrompe non plus le fil d’un rêve de grandeur que seul Mobutu avait donné l’impression de tutoyer. Constamment déçus de ce qu’ils sont, les Congolais vivent dans le rêve de ce qu’ils pourraient être. Griot cathodique, kitsch et mystique, un certain Sakombi Inongo l’avait bien compris, lui qui imagina de faire apparaître l’effigie subliminale du dernier « dinosaure » chaque soir en ouverture du journal télévisé, perché dans les nuages tel Dieu en son paradis. Nul doute que pour panser leur peine, entretenir leur don unique pour la survie et croire en leur revanche sur le destin, les Congolais aiment qu’on les berce d’espoir. C’est pour cela que, en dépit de tout, ils ont fini par regretter Mobutu, le magicien.

 

 

@Jeune Afrique
 

Analyse de Filip Reyntjens Sur le feu Joseph Mobutu

RDC: un héritage économique accablant pour Mobutu

Il y a 50 ans jour pour, le général Mobutu arrivait à la tête de la République démocratique du Congo par un coup d'Etat. Il règnera pendant près de 32 ans, jusqu’en 1997. Que reste-t-il de son bilan économique ?
 
Après sa prise effective de pouvoir en 1965, le général Mobutu demande cinq ans pour remettre le Congo debout. Promesse tenue pour l'unification de l'immense pays de plus de 2,3 millions de km², mais ses engagements de développement n’ont pas dépassé le stade des simples slogans.« Avant son arrivée au pouvoir, le Congo était dans une situation comparable à celle qu’on connaît aujourd’hui. Le Congo de l’époque, entre 1960 et 1965, avait vécu des guerres civiles, des rébellions, des sécessions. Et au moment où Mobutu a pris le pouvoir, il a était accueilli chaleureusement par tout le monde, les Congolais et la communauté internationale, retrace Filip Reyntjens, professeur à l'Institut de politique et de gestion du développement à l'université d'Anvers et spécialiste de la zone des Grands Lacs. Dans un premier temps, entre 1965 et 1975, Mobutu avait d’une certaine manière remis le pays sur les rails. »
 
A la tête d'un pays au sous-sol très riche, le dirigeant a lancé des projets pharaoniques, parfois des éléphants blancs, qui ont permis des détournements à tous les étages. En 1973, il décrète une mesure appelée « zaïrianisation ». « Toutes les entreprises ont été reprises par des nationaux zaïrois et je crois que c’est là qu’il faut situer le début de la disparition en partie de l’Etat congolais, estime Filip Reyntjens. […] Mobutu a carrément détruit l’Etat par des politiques de prédation, de clientélisme, d’utilisation de moyens publics à des fins privées, etc. Et ce qu’on observe encore aujourd’hui et en particulier à l’est du Congo, c’est l’impossibilité pour l’Etat de contrôler son territoire national. »
 
Chantiers inachevés
 
Ouverte en 1974, l'usine sidérurgique de Maluku est une illustration parmi d’autres de ces chantiers inachevés du pouvoir. Elle n'a fonctionné que pendant cinq ans et à 10 % de sa capacité. Après plusieurs tentatives de relance sans succès, elle est en réhabilitation depuis 2012. Autre exemple emblématique, le barrage d'Inga, qui peut fournir de l'électricité à une grande partie du continent, n'est encore exploité aujourd'hui qu'à moins de 10 % de son potentiel. Et les Congolais souffrent toujours de pénurie d'énergie.Sous le régime de Mobutu, l'économie du pays est restée marquée par l'extraction et l'exportation des mines, sans aucune valeur ajoutée. Bref, après des débuts prometteurs, le général a laissé un pays croulant sous le poids de la dette et où des secteurs comme l'agriculture, l'éducation ou la santé étaient dégradés.Mais Mobutu, c'est aussi la mystification d'une authenticité et d'un nationalisme africains triomphants. « S’il a un mérite, alors qu’il a détruit l’Etat, il a dans une large mesure construit la nation zaïroise ou congolaise. Le sentiment d’être congolais ou zaïrois sous Mobutu a été une politique menée avec un certain succès », concède Filip Reyntjens.
 
 
 
 
 
@La RFI
 
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26/11/2015
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