Culture Africaine:Que retenons nous donc,Analysons!
Culture Africaine:L'Afrique n'avait donc aucune connaissance acquise par ses ancêtres?:
Une culture oubliée et marginalisée mais Keith Anta Diop nous a fortement béni pour ses découvertes!
L’image de la culture africaine
Publié le 10/03/2009
par sergegrah
Vue des pièces collectionées par Jean-Marie Adiaffi
L’image de l’Afrique est fortement conditionnée par le regard ethnocentrique des occidentaux depuis Hérodote. La déportation vers les Amériques, suivi de l’esclavage des africains durant quatre siècles ainsi que le passe colonial récent, a renforcé un complexe de supériorité déjà en germe sous l’Antiquité. Marquée par ce passé, la culture Africaine, d’abord niée, a été admise comme une culture primitive, sans pensée logique et gouvernée par l’émotion : Gobineau, ne réduit-il pas l’art africain à « une manifestation inférieure de la nature des noirs » ? Senghor, chantre de la négritude, ne clame t-il pas, lui-même, que « l’émotion est nègre et que la raison est hellène » ?
Depuis les indépendances, les pays africains traversent de profonds bouleversements politiques, socio-économiques et culturels, quand ils ne vivent pas des conflits armés dévastateurs. Le traitement de ces évènements dans nos médias contribue à présenter une vision fortement misérabiliste de l’Afrique et seulement celle-là.
Ce continent que l’on présente comme martyr sous les feux de l’actualité, apparaît tout autre quand il s’agit du sport, de la musique et des arts en général. Malgré tout, peut-on parler de réhabilitation de la culture africaine ? N’est ce pas la, le même stéréotype qui ’est repris ? Ou alors ne doit-on pas reconnaître qu’une évolution des mentalités, amorcée dès le premier contact, perdure jusqu’à nos jours à travers une tradition d’échange et de respect de la culture de l’autre ?
Pour tenter d’égratigner quelque peu les idées reçues, il n’était donc pas question de présenter un panorama de la culture africaine, catalogue commode d’un parcours initiatique, qui réunirait des œuvres significatives, une culture en kit, adaptée a notre regard impatient et gavé, et donnant libre court a un zapping de bon ton.
Ainsi, j’aurais pu proposer une liste des écrivains de renom comme Senghor, certes, notre académicien noir, mais aussi, l’hermétique Cheikh Hamidou Kane, le conteur sublime, Hamadou Ampaté Bâ, Amadhou Kourouma, qui sait si bien retranscrire le style des Griots rnalinké, Mongo Beti, le camerounais, Aminata Sow fall, la sainte-Louisienne et tant d’autres encore qui ont marqué l’histoire de la Littérature Africaine de langue française.
J’aurais pu parler de l’apport de l’Art Africain chez nos artistes cubistes, en citant Picasso mais aussi Paul Klee. Cela n’aurait pas été d’ailleurs d’une grande utilité, étant donné l’abondante documentation sur le sujet. J’aurais pu présenter le cinéma africain qui se bat courageusement en évoquant quelques succès médiatiques comme ” La vie sur terre”, du cinéaste Abderrahmane Sissako, œuvre entre la fiction et le documentaire traitant de l’an 2000 dans un petit village du Mali. J’aurais pu surtout, exposer l’état de la culture africaine;-étant donné les situations matérielles, politiques et sociales catastrophiques qu’endurent certains pays à des degrés différents, en glanant ici ou la des réflexions pessimistes vis a vis des défis du troisième millénaire, à qui cette citation de Mongo Beti fait écho:” comment parler des cultures quand le livre est inaccessible ? Il est vrai que dans la plupart des pays, le prix d’un livre équivaut à un salaire minimal, sans couverture sociale de surcroît,
Mais c’était m’éloigner de l’orientation de cet article: mettre en question les stéréotypes de l’Afrique. Il fallait donc d’abord délimiter un domaine d’étude précis, qui satisfasse à cet objectif. Celui de l’art, me semblait s’inscrire au mieux dans cette démarche, d’une part parce que, je n’ai pas reçu une formation académique et de ce fait peut-être suis-je moins tentée de reproduire un schéma de pensée et d’autre part parce que, je ne tenais pas du tout à choisir la littérature craignant d’infliger à mes collègues un propos universitaire, réminiscence de mes études.
Qu’être aussi par jeu, au risque de friser le ridicule par mon amateurisme: je ne suis ni ethnologue ni spécialiste de l’art africain, je possède une culture du regard façonnée par la fréquentation des œuvres
Il y a quelques années à Paris, j’ai visité une exposition sur l’art des pygmées au Musée Dapper. C’était la première fois que j’étais confrontée à cette culture et j’avoue avoir ressenti à la fois un grand étonnement et un certain malaise. Par la suite, j’ai pris conscience à quel point mon esprit était conditionné à mon insu par des préjuges. Comme tout le monde, j’avais une idée assez limitée des pygmées qui se réduisait à ces clichés : peuple nain oublié, isolé dans la forêt équatoriale, vivant dans un certain dénuement, de chasse et de cueillette. D’emblée, je me suis souvenue de mon professeur d’histoire de 6e, qui nous apprenait que les premiers hominidés avaient la stature et le physique des pygmées et que ceux-ci représentaient les derniers vestiges de nos origines lointaines. A l’époque, j’ai été très intriguée par cette théorie qui réduisait certains de nos contemporains au rang d’hommes singes, dont le seul souci était de se nourrir et d’exécuter les taches rudimentaires, ce qui leur déniait implicitement toute capacité à la réflexion et a l’expression artistique. L’histoire des premiers hommes était alors enseignée d’une façon assez caricaturale et des images fantaisistes alimentaient notre imaginaire. Malgré mon extrême confusion, je n’ai pas remis en question la parole du maître ...
Cette parole fut forcement ridiculisée devant ces œuvres graphiques qui exprimaient à la fois une recherche de complexité, une démarche d’esthète, une capacité d’abstraction, un mélange de sophistication et de jeu provenant d’esprits, créatifs et libres, très éloigne des stéréotypes du primitif, preoccup0 de sa subsistance et soumis aux taches utilitaires
II me fallait aussi un exemple assez éloigne des représentations habituelles de l’art africain, qui nous renvoient souvent aux masques ou à la statuaire: celui du graphisme africain, encore assez méconnu semblait convenir. C’est ainsi que j’ai pensé au dessin pygmée. C’est pourquoi, devant une pièce Mbuti je songe à un autre temps fort de mon existence: ma première expérience avec les teinturières traditionnelles. Des Femmes bambaras fabriquaient des pagnes en batik avec des teintures végétales dans un atelier étonnant, situé à ciel ouvert sur un de ces vastes toits en terrasse d’un immeuble dakarois. Là, j’ai pu admirer la liberté de leurs compositions, le savoir technique qu’elles maîtrisaient pour obtenir les nuances de couleurs voulues, la précision et l’élégance de leurs gestes, la souplesse de leurs corps penchés dans l’exécution des dessins, ainsi que les larges pans des boubous qui glissaient à chaque mouvement, d’une façon cadencée, le long de leurs bras. J’ai peut-être embelli, par le recul, la vision de ce ballet surprenant et magnifique mais c’est à travers le prisme de ce souvenir que je regarde une œuvre Mbuti. Ainsi, il me semble que ces teinturières étaient animées par le même élan que les artistes pygmées.
L’image de l’Afrique est fortement conditionnée par le regard ethnocentrique des occidentaux depuis Hérodote. La déportation vers les Amériques, suivi de l’esclavage des africains durant quatre siècles ainsi que le passe colonial récent, a renforcé un complexe de supériorité déjà en germe sous l’Antiquité. Marquée par ce passé, la culture Africaine, d’abord niée, a été admise comme une culture primitive, sans pensée logique et gouvernée par l’émotion : Gobineau, ne réduit-il pas l’art africain à « une manifestation inférieure de la nature des noirs » ? Senghor, chantre de la négritude, ne clame t-il pas, lui-même, que « l’émotion est nègre et que la raison est hellène » ?
Depuis les indépendances, les pays africains traversent de profonds bouleversements politiques, socio-économiques et culturels, quand ils ne vivent pas des conflits armés dévastateurs. Le traitement de ces évènements dans nos médias contribue à présenter une vision fortement misérabiliste de l’Afrique et seulement celle-là.
Ce continent que l’on présente comme martyr sous les feux de l’actualité, apparaît tout autre quand il s’agit du sport, de la musique et des arts en général. Malgré tout, peut-on parler de réhabilitation de la culture africaine ? N’est ce pas la, le même stéréotype qui ’est repris ? Ou alors ne doit-on pas reconnaître qu’une évolution des mentalités, amorcée dès le premier contact, perdure jusqu’à nos jours à travers une tradition d’échange et de respect de la culture de l’autre ?
Le dessin pygmée comme exemple
Pour tenter d’égratigner quelque peu les idées reçues, il n’était donc pas question de présenter un panorama de la culture africaine, catalogue commode d’un parcours initiatique, qui réunirait des œuvres significatives, une culture en kit, adaptée a notre regard impatient et gavé, et donnant libre court a un zapping de bon ton.
Ainsi, j’aurais pu proposer une liste des écrivains de renom comme Senghor, certes, notre académicien noir, mais aussi, l’hermétique Cheikh Hamidou Kane, le conteur sublime, Hamadou Ampaté Bâ, Amadhou Kourouma, qui sait si bien retranscrire le style des Griots rnalinké, Mongo Beti, le camerounais, Aminata Sow fall, la sainte-Louisienne et tant d’autres encore qui ont marqué l’histoire de la Littérature Africaine de langue française.
J’aurais pu parler de l’apport de l’Art Africain chez nos artistes cubistes, en citant Picasso mais aussi Paul Klee. Cela n’aurait pas été d’ailleurs d’une grande utilité, étant donné l’abondante documentation sur le sujet. J’aurais pu présenter le cinéma africain qui se bat courageusement en évoquant quelques succès médiatiques comme ” La vie sur terre”, du cinéaste Abderrahmane Sissako, œuvre entre la fiction et le documentaire traitant de l’an 2000 dans un petit village du Mali. J’aurais pu surtout, exposer l’état de la culture africaine;-étant donné les situations matérielles, politiques et sociales catastrophiques qu’endurent certains pays à des degrés différents, en glanant ici ou la des réflexions pessimistes vis a vis des défis du troisième millénaire, à qui cette citation de Mongo Beti fait écho:” comment parler des cultures quand le livre est inaccessible ? Il est vrai que dans la plupart des pays, le prix d’un livre équivaut à un salaire minimal, sans couverture sociale de surcroît,
Mais c’était m’éloigner de l’orientation de cet article: mettre en question les stéréotypes de l’Afrique. Il fallait donc d’abord délimiter un domaine d’étude précis, qui satisfasse à cet objectif. Celui de l’art, me semblait s’inscrire au mieux dans cette démarche, d’une part parce que, je n’ai pas reçu une formation académique et de ce fait peut-être suis-je moins tentée de reproduire un schéma de pensée et d’autre part parce que, je ne tenais pas du tout à choisir la littérature craignant d’infliger à mes collègues un propos universitaire, réminiscence de mes études.
Qu’être aussi par jeu, au risque de friser le ridicule par mon amateurisme: je ne suis ni ethnologue ni spécialiste de l’art africain, je possède une culture du regard façonnée par la fréquentation des œuvres
Il y a quelques années à Paris, j’ai visité une exposition sur l’art des pygmées au Musée Dapper. C’était la première fois que j’étais confrontée à cette culture et j’avoue avoir ressenti à la fois un grand étonnement et un certain malaise. Par la suite, j’ai pris conscience à quel point mon esprit était conditionné à mon insu par des préjuges. Comme tout le monde, j’avais une idée assez limitée des pygmées qui se réduisait à ces clichés : peuple nain oublié, isolé dans la forêt équatoriale, vivant dans un certain dénuement, de chasse et de cueillette. D’emblée, je me suis souvenue de mon professeur d’histoire de 6e, qui nous apprenait que les premiers hominidés avaient la stature et le physique des pygmées et que ceux-ci représentaient les derniers vestiges de nos origines lointaines. A l’époque, j’ai été très intriguée par cette théorie qui réduisait certains de nos contemporains au rang d’hommes singes, dont le seul souci était de se nourrir et d’exécuter les taches rudimentaires, ce qui leur déniait implicitement toute capacité à la réflexion et a l’expression artistique. L’histoire des premiers hommes était alors enseignée d’une façon assez caricaturale et des images fantaisistes alimentaient notre imaginaire. Malgré mon extrême confusion, je n’ai pas remis en question la parole du maître ...
Cette parole fut forcement ridiculisée devant ces œuvres graphiques qui exprimaient à la fois une recherche de complexité, une démarche d’esthète, une capacité d’abstraction, un mélange de sophistication et de jeu provenant d’esprits, créatifs et libres, très éloigne des stéréotypes du primitif, preoccup0 de sa subsistance et soumis aux taches utilitaires
II me fallait aussi un exemple assez éloigne des représentations habituelles de l’art africain, qui nous renvoient souvent aux masques ou à la statuaire: celui du graphisme africain, encore assez méconnu semblait convenir. C’est ainsi que j’ai pensé au dessin pygmée. C’est pourquoi, devant une pièce Mbuti je songe à un autre temps fort de mon existence: ma première expérience avec les teinturières traditionnelles. Des Femmes bambaras fabriquaient des pagnes en batik avec des teintures végétales dans un atelier étonnant, situé à ciel ouvert sur un de ces vastes toits en terrasse d’un immeuble dakarois. Là, j’ai pu admirer la liberté de leurs compositions, le savoir technique qu’elles maîtrisaient pour obtenir les nuances de couleurs voulues, la précision et l’élégance de leurs gestes, la souplesse de leurs corps penchés dans l’exécution des dessins, ainsi que les larges pans des boubous qui glissaient à chaque mouvement, d’une façon cadencée, le long de leurs bras. J’ai peut-être embelli, par le recul, la vision de ce ballet surprenant et magnifique mais c’est à travers le prisme de ce souvenir que je regarde une œuvre Mbuti. Ainsi, il me semble que ces teinturières étaient animées par le même élan que les artistes pygmées.
La culture africaine : qu’est-ce que c’est en définitive ?
Je suis née à Dakar, à l’époque ville française, j’ai reçu une éducation ou se mêlaient diverses influences, portugaises, libanaises, marocaines, guinéennes, togolaises, sénégalaises et beaucoup d’autres. La culture française dominait, s’imposant dans les écoles, les administrations et les entreprises et le monde des affaires. En cela je suis un P.P.C (pur produit colonial) c’est une histoire banale qui appartient à n’importe quelle personne ayant séjourné dans une de ces grandes villes coloniales, Celles-ci ont explosé en mégapoles après leur indépendance, favorisant les brassages des cultures rurales traditionnelles et urbaines occidentalisées.
Comment, dés lors, parler de culture africaine à travers ce foisonnement d’influences plus au moins heureuses ? Il est vrai que ces africains ont été dépossédés de leur culture et que cette aliénation a pu faire des ravages, mais une civilisation n’existe-t-elle pas quand elle survit à tous les maux; l’esclavage, la colonisation, les indépendances illusoires, les catastrophes suspectes que l’on dit naturelles, les conflits hallucinants, la misère organisée, les épidémies foudroyantes et la liste est longue...
Malgré tout, les africains ont une culture, culture de lutte, du mouvement, culture multiforme et créative comme nous le rappellent ces dessins Mbuti, Cette culture est un enjeu vital pour ce continent qui a traversé tant de crises. C’est pour rendre ce monde habitable que les artistes s’expriment. En Afrique, peut-être, plus qu’ailleurs, cette maxime est valable: plus grande est la souffrance plus fort doit être le talent, mais laissons Aminata Sow Fall en parler. Par conviction, j’ai toujours pensé que la culture est une nourriture essentielle et si on ne permet pas à la créativité de s’exprimer, si on ne dépasse pas ce quotidien difficile et souvent tragique, nous sommes tous voués à la disparition.”
Ce qui est en jeu au seuil du troisième millénaire, c’est le maintien de cette culture, non sous des normes figées et tristement folkloriques, s’exprimant uniquement dans des espaces géographiques limités ou chez des peuples définis, mais sous des aspects multiples transférables au-delà des frontières et des appartenances ethniques.
Source : 2b.ac-lille.fr
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AMMAFRICA WORL
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