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RDC:Dossier Archive sur Le Procès de Simon Kimbangu et Sa Réhabilitation par la Haute cour militaire

Archive.

Le Jugement du Conseil de guerre de Thysville.

Le prophète Simon Kimbangu, fondateur de l’Église kimbanguiste.

Audience publique du 3 octobre 1921.

En cause : Ministère Public.

Contre : Kimbangu et consorts.


Vu par le Conseil de Guerre siégeant à Thysville, région soumise au régime militaire mitigé par ordonnance nr.89 en date du 12 août 1921, du Vice-Gouverneur Général de la province du Congo-Kasaï, la procédure à charge des prévenus Kimbangu Simon, Mandombe, Zolla, Matfueni Lenge, Sumbu simon, Mimba Philemon, Matta, M’Baki André, Kelani John, Batoba Samisioni, Batoba David, Malaeka Sesteni, prévenus d’avoir porté atteinte à la sûreté de l’Etat et à la tranquillité publique, Johan Lumbuende, Bemba et Dingo Vuabela, prévenus de la dite infraction,


Vu l’assignation des prévenus à la requête de l’officier du Ministère Public en date du

28 septembre 1921,


Ouï le Ministère Public en ses réquisitions,


Ouï les prévenus en leurs dires et moyens de défense présentés par eux-mêmes,

Le Conseil de Guerre



Attendu qu’il est établi que le 11 mai 1921, au village de Kamba, l’administrateur du territoire des cataractes Sud dut subir les volontés des prophètes, de leurs aides et des bandes d’indigènes qui y étaient réunis.


Attendu que le 6 juin suivant, le même fonctionnaire chargé de procéder à l’arrestation du prophète en chef, Kimbangu, y fut violemment attaqué par la foule et que deux de ses soldats y furent blessés à coups de pierres et de couteaux.


Attendu que les foules réunies par les prophètes étaient manifestement hostiles à l’Etat.

Attendu que le nommé Kimbangu, en répandant et en faisant répandre sciemment des faux bruits de guérisons et de résurrections et en se posant en envoyé de Dieu jeta l’alarme dans l’esprit des populations indigènes, que par ses agissements et ses propos, il porta une atteinte profonde à la tranquillité publique



Attendu que Kimbangu est parvenu, en expliquant et en faisant expliquer le texte de la Bible à sa façon par ses aides et adeptes, à imposer ses volontés aux populations, qu’il a affirmé son prestige, comme il a déjà été dit, en répandant et en faisant répandre toujours par ses aides des faux bruits de miracles, en tenant des séances qu’on a inculqué aux indigènes les fausses idées de religion, qu’on les a excités contre les pouvoirs établis.


Attendu que Kimbangu a été reconnu par les médecins sain de corps et d’esprit et par conséquent responsable de tous ses actes, que ses crises de nerfs ne sont que de la simulation, qu’il se peut que quelques cas de maladie nerveuse aient été guéris par suggestion mais que le prévenu en a profité pour tromper la bonne foi de la masse destinée à servir d’instrument inconscient à ses fins, que le but poursuivi était celui de détruire l’autorité de l’Etat.



Attendu qu’il demeure établi que par ses actes, propos, agissements, écrits, chants et son histoire dictée par lui-même, Simon Kimbangu s’est érigé en rédempteur et sauveur de la race noire en désignant le blanc comme l’ennemi, en l’appelant l’ennemi abominable.


Attendu qu’il est établi par les faits que Kimbangu, malgré la défense de l’autorité a continué et persévéré dans son travail en faisant croire qu’un nouveau Dieu allait venir, que ce Dieu était plus puissant que l’Etat même, que ce Dieu était représenté par lui, Kimbangu, Mfumu Simon, Mvuluzi, qu’un temple nouveau, église nationale noire, allait être fondée.



Attendu que la secte des prophètes doit être considérée organisée pour porter atteinte à la sûreté de l’Etat, secte cachée sous le voile d’une nouvelle religion, mais tendant à démolir le régime actuel, que la religion n’est qu’un moyen pour exciter et exalter la croyance des populations, que les foules impressionnées et poussées par la force du fanatisme, doivent souvent servir d’instrument pour atteindre le but final.


Attendu qu’il résulte des rapports officiels, des correspondances échangées entre noirs, des renseignements reçus, que les Blancs, sont l’objet d’une haine profonde de la part des adeptes de Kimbangu, que cette haine s’est infiltrée et s’est répandue avec une rapidité alarmante parmi les indigènes, qu’il est indéniables que la doctrine de Kimbangu a été cause d’une grève manquée, d’abstention au travail d’un grand nombre de travailleurs.



Attendu que les moyens de persuasion n’ont été interprétés par les natifs, les prophètes et les adeptes comme de la faiblesse, de l’impuissance de l’Etat contre la force spirituelle, magique, divine du thaumaturge, que s’il est vrai que l’hostilité contre les pouvoirs établis a été manifestée jusqu’à présent par des chants séditieux, injures, outrages et quelques rébellions isolées, il est pourtant vrai que la marche des événements pourrait fatalement conduire à la grande révolte, qu’il convient d’apprécier toute la gravité de l’infraction et d’intervenir en appliquant sévèrement la loi.



Attendu que la nommée Mandombe, jeune fille sans expérience, suggestionnée par les simagrées du prophète a agi et servi ce dernier inconsciemment, que par ce fait elle doit largement bénéficier des circonstances atténuantes.

Que ce même bénéfice doit être accordé au nommé Lumbuende Johan qui a hébergé à Sanda les prophètes et la suite de Kimbangu, tout en les sachant activement recherchés par l’autorité, mais que l’exemple lui a été donné par le chef même du village et le chef médaillé.


Le Conseil de Guerre.


Vu les articles 76 ter du code pénal, livre 2 et 101 ter du Code pénal livre I.

Vu les articles 31 et 32 du décret du 3 novembre 1917 sur la justice militaire.



Condamnons Simon Kimbangu à la peine de mort.



Zola, Matfueni Lenge, Sumbu Simon, Mimba, Philemon Matta, M’baki André,

Kelani John, Batoba Samisioni, Batoba David, Malaeka Sesteni, à la servitude

pénale à perpetuité.



Bemba et Dingo Vuabela à vingt ans de servitude pénale.



Lumbuenda Johan à cinq ans et Mandombe à deux ans de servitude pénale et les

frais du procès à charge de la Colonie.


Et attendu qu’il y a lieu de craindre que les condamnés ne tentent de se soustraire

à l’exécution du jugement, ordonne leur arrestation immédiate.

Ainsi jugé et prononcé à l’audience publique du trois octobre où siégeaient


MM. De Rossi, juge ;

Dupuis, Ministère Public ;

Berrewaerts, Greffier

L'INNONCENCE PROUVEE ET LA REHABILITATION DE SIMON KIMBANGU PAR LA HAUTE COUR MILITAIRE EN DATE DU 22 JUILLET 2011

RDC: la Haute Cour militaire réhabilite Simon Kimbangujuillet 22, 2011

 

Les juges de la haute cour militaire ce 22/07/2011 à Kinshasa, rendant l'arrêt à l’issue du procès  de révision de Simon Kimbangu. Radio Okapi/ Ph. John Bompengo
 
 
Les juges de la haute cour militaire ce 22/07/2011 à Kinshasa, rendant l’arrêt à l’issue du procès de révision de Simon Kimbangu. Radio Okapi/ Ph. John Bompengo

Le prophète Simon Kimbangu a été  innocenté, vendredi 22 juillet, au terme d’un procès de révision. La Haute Cour militaire a rendu un verdict qui acquitte Simon Kimbangu. En 1921, le conseil de guerre colonial siégeant à Mbanza-Ngungu a condamné ses acolytes et lui à la prison à perpétuité pour atteinte à la sûreté de l’Etat.Arborant l’uniforme de l’église kimbanguiste, drapelets blancs et banderoles à la main en signe de victoire avant même la sentence et au rythme de la fanfare, près de cinq mille fidèles et non fidèles de l’église kimbanguiste ont envahi la Haute Cour jusqu’au rond-point Socimat, dans la commune de la Gombe à Kinshasa.

Quelques Kimbanguistes ce 22/07/2011 à Kinshasa, lors de l'arrêt du procès  de révision de Simon Kimbangu par la haute cour militaire. Radio Okapi/ Ph. John Bompengo
Quelques Kimbanguistes ce 22/07/2011 à Kinshasa, lors de l’arrêt du procès de révision de Simon Kimbangu par la haute cour militaire. Radio Okapi/ Ph. John Bompengo
Quelques Kimbanguistes ce 22/07/2011 à Kinshasa, lors de l'arrêt du procès  de révision de Simon Kimbangu par la haute cour militaire. Radio Okapi/ Ph. John Bompengo
Quelques Kimbanguistes ce 22/07/2011 à Kinshasa, lors de l'arrêt du procès  de révision de Simon Kimbangu par la haute cour militaire. Radio Okapi/ Ph. John Bompengo
Vue de l'une des salles d'audience de la haute cour militaire ce 22/07/2011 à Kinshasa, durant l'arrêt du procès  de révision de Simon Kimbangu. Radio Okapi/ Ph. John Bompengo
Vue de l’une des salles d’audience de la haute cour militaire ce 22/07/2011 à Kinshasa, durant l’arrêt du procès de révision de Simon Kimbangu. Radio Okapi/ Ph. John Bompengo

«Les gens qui ont commis ces actes sont morts. Mais la Belgique est  responsable des actes du passé. Elle doit quand même demander pardon au peuple congolais», a déclaré une femme émue qui a assisté à l’audience sans être une fidèle de l’église kimbanguiste.

 

L’arrêt de la Cour annule le jugement entrepris par le conseil de guerre colonial le 3 octobre 1921.

Par conséquent, il annule les condamnations prononcées à l’époque et met à la charge du trésor public les frais d’instance.

 

Mort en 1951 après avoir subi cent vingt coups de fouet par jour pendant 30 ans de détention, Simon Kimbangu  fut condamné à la peine de mort commuée ensuite à la peine à perpétuité pour atteinte à la sûreté de l’Etat et à l’ordre public.

 

La Haute Cour vient de corriger ces accusations qu’elle qualifie d’erreurs judiciaires.

L’église kimbanguiste est une église chrétienne africaine de type prophétique fondée en 1921 par Simon Kimbangu.

Elle constitue la troisième religion en RDC après la religion chrétienne et la communauté musulmane.

 

REFLEXION PAR AMMAFRICA WORLD

Amour-Conscience-Réparation
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02/11/2013
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