Devoir de Mémoire:Un petit tour au Ghana dans son Histoire
INTRODUCTION :GHANA
SITUATION GEOGRAPHIQUE DU GHANA |
Capitale : Accra (République), Kumassi (Royaume) Superficie : 239 540 Km2 Climat : Tropical Populations : 24 400 000 habitants Ethnie : Ashantis (3 612 950 habitants sur 44% du groupe Akan), Ewés (13%), Dagombas (16%) Gouvernement : République, multipartisme. Président : John Dramani Mahama (depuis 2012) Vice- Président : Kwesi Amissah-Arthur (depuis 2012) Economie : 1588 Dollars par habitants. Religion : catholique, animiste, protestant Langues : Anglaise, Française, Kwa (non générique de 40 langues locales). |
Chaque continent à son mythe de l’eldorado, cette contrée où seraient cachées de mystérieuses cités d’or. Le Royaume Ashanti en Afrique et ses fabuleux forgerons vont contribuer à renforcer un mythe plus que centenaire.
Afrique magique, Afrique royale, les Ashantis (dont le nom signifie dispersés ou éparpillés) ont toute la noblesse de ces princes noirs qui vont faire l’histoire du continent sans jamais renoncer à leur héritage séculaire. Conquérants et résistants à l’invasion européenne, les Ashantis sont restés un peuple honoré par tout un pays qui lui doit une indépendance et l’intégrité de ses frontières.
Il était une fois un Tabouret d’or qui descendit du cielles nuages s’écartaient devant sa lente descente vers la terre, les animaux demeuraient silencieux devant ce majestueux siège, symbole de la puissance temporelle et éternelle de l’Afrique. Il était une fois les Ashantis …
La chute de l’Empire (dit) du Ghana au XIIIème siècle entraîne les migrations des différents clans du groupe Akan vers l’Ouest profond de l’Afrique et celles-ci s’installent dans des terres occupées en échange de tribus aux potentats locaux.
Et les Ashantis n’exceptent pas à cette dure loi du tribu. Cohabitant tant bien que mal avec les guerriers Denkyira, ils ont fait de Koumassi le centre de leur petit royaume et dont tous jalousent l’art de ses forgerons de façonner l’or. Le marché aux esclaves est intense à Koumassi et les européens présents sur la côte depuis 1600 ont tôt fait de comprendre l’importance de ce royaume.
Les Hollandais, qui ont chassés les portugais, poussent le souverain Ashanti, Oseï Koffi Tutu, de se détacher de la lourde tutelle des Denkyira. Roi depuis 1675, il a succédé à son oncle Obiri Yeboah . Il commerce avec les européens depuis longtemps et en échange d’esclaves, il a réussi à amasser assez d’armes à feu pour entreprendre une guerre de libération contre les Denkyira. Il s’entend avec les différents clans ashantis autour de Koumassi, les fédèrent et lancent son armée à l’assaut du royaume Denkyira à Feyiase. En 1701, il est définitivement victorieux de ses adversaires et en récompense, il est couronné Asantehene (Roi) des Ashantis.
Un nouvel empire est né ! Et avec tout conquérant qui se respecte, Oseï Tutu n’échappe pas à la légende divine qui accompagne sa victoire. En récompense de celle-ci, les cieux s’ouvrirent et un Tabouret d’Or vint se déposer sur les genoux du nouveau souverain, en présence de ses vassaux. Preuve était faîte que Nana Oseï Tutu était bien l’Asantehene de la Confédération royale des Ashantis.
Ainsi divinisé, le souverain fit en sorte que le siège d’or, symbole de son pouvoir ne touche pas le sol. Il en fut ainsi de chaque Asantehene qui devait se succéder jusqu’à nos jours. A chaque intronisation, le souverain désigné serait élevé au dessus du Tabouret d’Or et ne devrait pas le toucher. Le pouvoir de la terre rejoignant celui du ciel à travers son souverain temporel.
En dehors de cette légende qui rythme l’histoire des souverains ashantis, se trouvait également la présence d’un féticheur du nom d’Okomfo Anokye qui aux côtés d’Oseï Tutu contribua largement à répandre cette croyance. Que l’on croit ou non à la magie des féticheurs, il n’en demeure pas moins que les Ashantis venait de placer leur nom au centre de l’histoire.
Oseï Tutu survivra encore seize ans à son empire. Sa mort (tué sur son palaquin) durant le conflit contre les Akyem ouvre pour le royaume une période de régence. Le nouveau Asantehene, Opoku Ware Ier, est seulement âgé de 17 ans lorsqu’il accède au pouvoir. Son règne jusqu’en 1750 ne sera que luttes armées afin d’agrandir les frontières de l’Empire (annexion du royaume musulman de Bono). Et pas toujours avec succès d’ailleurs. En 1742, Koumassi sera mise à sac par l’ennemi Sefwi avant d’être reprise. Opuku Ware mort, une rébellion éclater lorsque son cousin Daakou réclame le trône. Battu et tué par le souverain désigné (et ci devant cousin), Nana Kusi Oboadum, ses partisans se réfugient dans l’actuelle Côte d’Ivoire conduits par la sœur de Daakou, la Reine proclamée Abla Pokou.
Poursuivie par les soldats de Kusi Oboadam, elle est stoppée dans sa fuite par le fleuve Comoé en cru.
De nouveau la légende se mélange à l’histoire. Le génie du fleuve apparu et lui promit un passage sauf si elle acceptait de sacrifier son fils et héritier unique. Bouleversée, Abla Pokou avait la lourde charge de protéger tout un peuple qui avait placé sa confiance en elle. Elle donna son fils au génie aquatique et un pont d’hippopotames apparu immédiatement. Les Ashantis purent ainsi traverser le Comoé et ne plus craindre les soldats de l’Asantehene.
En pleurs alors que les hippopotames disparaissaient sous les eaux tumultueuses du fleuve, Abla Pokou se retourna et cria « Baouli », l’enfant est mort ! En hommage au garçonnet, les Ashantis en fuite prirent le nom de Baoulés. Affaiblie et malade par cette fuite en avant, Abla Pokou décéda en 1760, laissant sa nièce Akwa Boni établir son propre royaume en Côte d’Ivoire. Rapidement, la nouvelle souveraine Akan établit les frontières de son royaume en soumettant les tribus avoisinantes, faisant de Sakassou (lieu de sépulture) sa capitale.
Si l’exode est bien relaté dans l’historiographie des Ashantis, cette légende ressemble à s’y méprendre à celle de Moïse fuyant les Egyptiens. Devenu chrétiens, les Baoulés auraient-ils mélangé à travers les siècles mythes polythéistes et bibliques. Il n’y’a qu’un pas que certains n’ont pas hésité à franchir. La légende a aussi diverses versions comme celle d’arbres se couchant pour former un pont après le sacrifice de l’enfant royal puis se relevant afin d’engloutir dans ses feuillages les soldats de l’Asantehene.
Quoiqu’il en soit cette scission dans l’empire Ashanti va poser les futurs jalons de la Côte d’Ivoire et dont l’un des Baoulés les plus connus, Félix Houphouët- Boigny, donnera l’indépendance en 1960.
Le début du règne de Kusi Oboadam se fait donc dans un contexte difficile. Le sud de l’Empire est en révolte, les routes commerciales ne sont plus protégées, la noblesse Ashanti peine à le reconnaître tant il est bien différent du fondateur de l’Empire. Efféminé, buveur invétéré, noceur, l’Asantehene est détesté.
En 1764, Kusi Oboadum est contraint d’abdiquer suite à une cabale de sa cour, non sans avoir survécu à une rébellion militaire des Asafohene (chefs militaires) en 1748 .Une régence est de nouveau installée au profit de Nana Oseï Kouadio Okoawia, son neveu. Si la succession semble héréditaire, le choix des souverains se fait exclusivement à travers les femmes, toutes descendantes du premier souverain. Ainsi après la dynastie dite de Koumassi, c’est sa branche appelée Oyoko Abohyen qui assume le pouvoir de la Confédération. En 1777, son petit-fils mineur Oseï Kwame lui succède. Sous son règne, le commerce avec les Européens commence à décliner ; les Danois installés depuis 135 ans partent brutalement en 1792 (leurs dernières possessions seront vendues aux anglais en 1850). Le commerce de l’esclavage perd de son essor et si les légendes sur le trésor des Ashantis se sont déjà répandues en Europe, peu en ont vu la couleur mais tous affirment être dans un nouvel eldorado. De plus la situation politique à l’intérieur du royaume est devenue anarchique.
A peine installé sur le trône, Oseï Kwame est victime d’une révolution de palais fomenté par le régent (Mamponghene) et l’Asantehemaa (Reine-Mère) Konadou Yaadom. En effet, cette dernière accusait le souverain d’avoir fait empoisonner son fils Opokou Kwame pour lequel elle espérait un jour le trône. Oseï Kwame est arrêté et poussé à l’abdication. Libéré, le souverain destitué se réfugie à Juaben avec le siège d’Or. L’Empire est divisé. Oseï Kwame règne sur une petite partie du Ghana. Il finira par se suicider en Décembre 1803 sans avoir repris son trône. Son frère et successeur, Opokou II Fofie règnera brièvement jusqu’en Mars 1804.
Grâce au principe de rotation entre les maisons royales toutes issues d’Opoukou Ware Ier, Oseï Tutu Kwame Asiba Bonsu accède au pouvoir et va rétablir très vite l’autorité royale. Renouant avec la tradition de conquêtes de ses ancêtres, il va maintenir le royaume à son apogée. En 1806, une guerre éclate contre la Confédération Fante. Prenant prétexte que des tombes ont été violées et les coupables réfugiés à la cour Fante, les Ashantis attaquent leur confédération. Mais Oseï Bonsu a oublié que les Fante sont alliés aux anglais avec qui ils commercent et qui se sont installés sur la côte. La guerre va durer jusqu’au 25 Mars 1807. Et si elle assure une supériorité des Ashantis, les Anglais vont prendre ombrage de cette monarchie. Oseï Bonsu doit même faire face à un complot après la mort de la variole de son fils héritier en 1807. Il doit fuir. Les comploteurs ont fait croire à sa mort et l’Asantehene doit organiser un contre coup d’état. Il reviendra à Koumassi en 1819. Du 21 Janvier 1824 au 21 Février 1834, le règne de Oseï Akoto va contraster avec celui de son prédécesseur plus guerrier. Il est temps que le commerce retrouve sa place au sein de la Confédération Ashantis et son futur successeur, Kouakou Doua Ier (né en 1797) l’a bien compris. Entre 1826 et 1831, Oseï Akoto tente de reconquérir les côtes mais sans succès. Il doit les abandonner définitivement aux anglais en échange d’une paix incertaine. Sa fuite sur le champ de bataille avait été durement ressentie par les Ashantis. Le Siège d’or est entre les mains des Britanniques. Le Prince Kouakou Doua parvient néanmoins à le récupérer et le rendre au souverain. Oseï Akoto vers la fin de son règne devient plus violent, arbitraire et alcoolique. Il échappera à une tentative de coup d’état en 1827.
Les Hollandais restent le peuple blanc de référence en matière de commerce. Le 18 Mars 1837, Kouakou Doua Ier signe avec les Hollandais un accord militaire. Assurant ainsi une réserve humaine de soldats pour les colonies orientales des Pays Bas, le souverain recevait en échange des fusils et de la poudre. Basé sur un certain volontariat, bien des esclaves obtinrent leur liberté de cette façon.
Il est à noter que jamais les hollandais ne tentèrent de s’emparer du royaume, négociant l’établissement de petits comptoirs, offrant même une éducation européenne aux princes de la maison royale. Il ne s’agit pas ici de s’attendrir sur l’humanisme néerlandais car la Compagnie des Indes Orientales ne voyait que le commerce financier avant toute dignité humaine en ce milieu de XIXème siècle. D’ailleurs, les Hollandais allaient bientôt être délogés par leurs rivaux britanniques dont l’humanisme faisait aussi peine à voir (1843). Kouakou Doua Ier voit rouge lorsqu’on lui annonce que des commerçants Ashantis ont été attaqués. Si les attaquants ont du mal à être identifiés, l’Asantehene lui n’y voit que la remise en cause du traité de 1831 qui stipulait que nul étranger ne pénétrerait dans son royaume. C’est de nouveau le conflit avec les Anglais, de nouveau la défaite. En Avril 1863, il tente de nouveau de reprendre les côtes mais c’est un autre échec. Son successeur et petit-neveu sur le siège d’or, Koffi Karikari nommé le 28 Mai 1867 fut victime d’un coup d’état organisé par une coalition entre les anglais et le régent Kwabena Dwomo le 26 octobre 1874.
L’Asantehene Karikari avait peu goûté à la décision des anglais de libérer les esclaves et avaient décidé de les bouter hors de son pays. Saluons le patriotisme du Roi, mais celui-ci s’était sans nul doute surestimé face à l’armement des troupes anglaises. Après un mois de conflit, les anglais pénètrent à Koumassi le 4 Février 1874, l’incendient et impose le versement d’une lourde compensation en or aux Ashantis. La Côte (Sud) de l’Or (Gold Coast) ainsi démembrée est officiellement déclarée colonie britannique du Togoland (Traité de Formena du 14 Mars 1874, l’Asantehene renonce au fort d’Elmina)
.
Le régent imposé par les Britanniques fut renversé à son tour par l’Asantehene prétendant Mensa Bonsu (son frère) sans que les nouveaux colonisateurs n’interviennent. Son règne ne fut pas plus long que les autres. Il est contraint d’abdiquer le 8 Mars 1883 ; les anglais ne supportaient plus son esprit d’indépendance. Dans l’Empire, les royalistes légitimistes tentent de reprendre le Siège d’Or. En 1877, Karikari tente un coup d’état. C’est un échec. Avec l’abdication de Mensa Bonsu, le souverain déchu retente de nouveau sa chance. C’est désormais la guerre civile. En Août 1883, prenant prétexte d’une conférence de paix, Karikari (qui a été proclamé Roi par les chefs tribaux) est arrêté. Il réussit cependant à s’échapper mais 2000 de ses partisans seront massacrés.
Cette intrusion dans les affaires internes du royaume des anglais va provoquer une guerre civile. Le trône vacant, un Conseil Royal se forma en attendant la désignation du nouveau souverain. Kouakou Doua II qui fut élevé au rang d’Asantehene mourut rapidement après un bref règne s’étendant du 28 Avril au 11 Juin 1884 (mort de la varicelle). Le fils d’Oseï Tutu Kwame, le Prince Owasou Ausa se rebelle contre cette succession imposée par l’homme blanc. Karibari réclame lui aussi son trône. Il sera assassiné le 24 Juin 1884. Le Prince Akyampo Panin s’arroge les pouvoirs à Koumassi au détriment du Prince choisi Prempeh, à peine âgé de 15 ans. La Régente Ya Kyaa fait arrêter et exécuter l’usurpateur. La sœur de Karikari va froidement purger la capitale des partisans de son rival, le Prince Twereboanna.
En Février 1887, elle fait couronner dans l’urgence Prempeh Ier. Le Prince Twereboanna soulève ses troupes et accule la famille royale. La régente pense se rendre mais une soudaine révolte inattendue contraint Twereboanna à s’enfuir.
Lee 26 Mars 1888, Nana Prempeh Ier (ou Kouakou Doua III) peut enfin monter sur le trône du tabouret d’or. En 1891, les derniers partisans du Prince Twereboanna se rendront définitivement.
Le jeune souverain est secondé par sa mère l’Asantehemaa Yaa Akya qui se fait fort de restaurer la souveraineté nationale bafouée. Prempeh Ier d’ailleurs est d’accord sur ce point. Il n’a pas l’intention de brader l’Empire Ashanti aux européens ni de le laisser se faire piller sans réagir. Lorsque le Gouverneur Britannique vient lui demander d’accepter le protectorat de Sa Royale Majesté anglaise, Prempeh lui oppose un refus net et direct. « Que l’Angleterre respecte la souveraineté des Ashantis et ceux-ci demeureront leurs amis » aurait pu déclarer en substance le souverain.
Bafoué par le souverain, les anglais apprennent bientôt que celui-ci a fait alliance avec le Guinéen Samory Touré qui lutte contre les colonisateurs au Nord de la Côte d’Ivoire. Prétextant une dette toujours pas remboursée, ses tergiversations sur le protectorat, les troupes Britanniques envahissent le Royaume Ashanti et s’emparent de Koumassi le 20 Janvier 1896. Toute la famille royale fut arrêtée. Prempeh Ier en présence du futur fondateur du scoutisme (Baden Powell) doit baiser les pieds d son vainqueur, Sir Francis Scott. Le souverain est emmené sous bonne garde au fort d’Elmina et mis sous résidence surveillée. Craignant des révoltes, les autorités anglaises décident de l’envoyer en Sierra Léone en 1897 non sans avoir au préalable détruit à l’explosif le Mausolée Royal de Bantama. Koumassi est annexée au territoire britannique et confiée à une administration anglo-saxonne.
Le 28 Mars 1900, le Gouverneur Sir Frederick Hodgson entreprend de réclamer le Tabouret d’Or afin d’asseoir la domination anglaise sur les Ashantis. Prempeh Ier refuse de lui donner le symbole de son pouvoir. Le 15 Avril, une insurrection éclate et les partisans du monarque envahissent bientôt la capitale. Hodgson et sa famille doivent alors fuir. Le Gouverneur ulcéré décide de réunir un millier de guerriers Haoussas et de Yoroubas du Nigeria afin de reconquérir son honneur disputé. Prempeh voit déjà son retour à Koumassi.
Le 14 Juillet 1900, les troupes britannico- nigérianes entrent dans la capitale Ashanti forçant les royalistes à se réfugier dans les terres. Ce n’est qu’en Septembre que toutes rébellions seront définitivement matées.
Prempeh est envoyé sur l’île de Mahé, aux Seychelles. Là, il apprendra l’anglais, se convertira au christianisme et fera éduquer les princes de sa maison par des instituteurs britanniques. Ceux-là même qui lui apprendront que son royaume est devenu un matin de 1er janvier 1902, une colonie anglaise sous le nom de Gold Coast (Côte de l’Or). Ya Kyaa décède le 2 Septembre 1917 aux Seychelles (son corps sera rapatrié en 1929).
C’est en 1921 lors de terrassement que l’on découvre le Tabouret d’Or enfouit par les Ashantis en fuite afin qu’il ne tombe pas entre les mains des anglais. L’avidité étant plus forte que le respect de la tradition, certains travailleurs se ruent sur le trône pour lui dérober
une partie de ses dorures. Rattrapés, condamnés à mort par un tribunal royal, les anglais passeront outre cette sentence en la commuant en exil permanent.
Prempeh est autorisé à revenir à Koumassi en 1924 mais doit s’abstenir de tout rôle politique. Son arrivée est saluée comme il se doit mais le souverain laisse perplexe ses sujets par sa soumission au pouvoir colonial.
En Novembre 1926, les anglais autorisent sa réinstallation comme…. Roi de Koumassi. Maigre consolation pour un souverain descendant d’une longue lignée de guerriers. Les Ashantis saluent la restauration mais le siècle nouveau a amené son lot de modernité. Et certains se demandent si la colonie ne serait pas mieux sans son souverain. D’autant plus que le Roi d’Angleterre est aussi de facto Roi de Gold Coast.
Prempeh I meurt le 12 Mai 1931. C’est son neveu Kwame Kyeretwie Prempeh II (né 1892) qui lui succède (les anglais avaient refusé qu’il soit sacré sous le nom d’Oseï Tutu II le 24 Juin 1933). Les Ashantis recommencent à gronder. Il n’a de pouvoir qu’a l’intérieur de Koumassi L’autorité coloniale finit par répondre aux attentes des Ashantis. En Avril 1933, il lui restitue le Tabouret d’Or et enfin en 1935 le titre d’Asantehene. Pour éviter toutes tentatives de séditions, on lui adjoint un conseil de chefs traditionnels. Le Home Rules prend ici toute sa teneur.
Si Prempeh a retrouvé ses pouvoirs temporels, il est des associations politiques qui entendent bien se passer de l’autorité royale et restaurer l’indépendance du Gold Coast à travers une République. Et le jeune N’Krumah est de ceux-là.
Né le 18 Septembre 1909 à Nkroful, Francis Nkwame N’Krumah adhère très tôt au panafricanisme et se fait le disciple des politiciens Nigérian « Zik » et du Sierra-Léonais, Wallace Johnson.
N’Krumah devient membre du West African National Party et le représentera en 1946 lorsque le Gouverneur de la colonie anglaise du moment met fin à l’apartheid qui régnait au Gold Coast (sans pour autant ratifier le document ). Le 4 Août 1947, le Gold Coast People’s Party et la Gold Coast National Party se fondent en un United Gold Coast Convention. N’Krumah décide de rejoindre ce groupe dirigé par Joseph Boakye Danquah (mort en prison en 1965) et ne tarde pas à en devenir une figure de proue. Mais la route de l’indépendance est pavée d’embûches. Le 28 Février 1948, des émeutes réprimées par la police feront 29 morts et 200 blessés. Accusé de collusion communiste, N’Krumah est arrêté ; son parti l’abandonnera… Dépité, libéré, celui que son pays va bientôt surnommé le Rédempteur (Osagyefo) fonde le Convention People’s Party. Sa campagne est violente mais il gagne en partisans et menace les autorités du Gouverneur Sir Charles Aden-Clarke (nommé en 1949). N’Krumah est de nouveau arrêté le 10 Janvier 1950. Les victoires du CPP aux élections municipales puis aux législatives du 8 février 1951 oblige le Gouverneur à faire relâcher le leader du CPP et le 13 d’accepter qu’il soit nommer …. Premier Ministre malgré les fortes oppositions des chefferies Ashantis.
Mais les colons vont lui opposer un autre leader de taille en la personne du docteur Busia et Danquah qui en Mai 1952 fonde le Ghana Progress Party , majoritairement composés de membres de l’ethnie Ewé. De violences en violences lors des campagnes qui se succèdent, N’Krumah est néanmoins réélu avec 60% des voix.
En Novembre 1955, une tentative d’assassinat par un ashanti (qui dénonce des dérives « fascistes » du leader du CPP) force N’Krumah six mois plus tard à dissoudre l’Assemblée et s’arroger certains pouvoirs. La colonie ne bouge pas. La politique du Home Rules va finalement accepter la proclamation vers 6h 30 du matin, de l’indépendance du pays en ce 6 Mars 1957. N’Krumah assure à lui tout seul la primature et présidence dès le 1er Juillet 1960, réduit les pouvoirs du Roy Ashantis au seuil du seul cérémonial, leur enlevant également le contrôle des mines (1959). Prempeh II est désavoué. Même ses partisans n’ont plus droit au chapitre. La Gold Coast prend alors le nom de Ghana en hommage à l’empire du même nom qui s’étendait du Moyen Sénégal à Tombouctou.
Sitôt les Anglais partis, ce sont les Soviétiques qui vont abreuver le pays de leurs conseils socialistes dont le Président nouvellement élu ne cache plus ses préférences. N’Krumah voit en le voisin ivoirien un ennemi qu’il faut abattre. Vieille rancœur qui ressurgit et dont nul n’a oublie la traîtrise de la famille de la Reine Pokou. Afin de déstabiliser le gouvernement Ivoirien, N’Krumah va aider militairement la monarchie Sanwi afin que celle-ci prenne son indépendance des Akans. L’échec sera cuisant, l’obsession des complots va alors hanter le Président Ghanéen. Le Sanwi n’avait pas été le seul à vouloir se rapprocher des Ashantis. La ville (ivoirienne) de Bouna avait réclamé en 1921 son rattachement au royaume. En effet, le royaume ghanéen leur servait de refuge depuis le XIXème siècle quand les Bambaras opéraient des fréquentes incursions dans le territoire de Bouna. Mais comme le Sanwi, ce projet restera lettre morte..
En Août 1962, N’Krumah fait arrêter Adamafo, le Secrétaire-Général du CPP pour une obscure tentative de coup d’état. Le rédempteur ne supporte pas la contestation. En Janvier 1964, il fait approuver par referendum le système du parti unique avec 99% des voix et interdit l’opposition. Les manifestations contre le régime reprennent plus violentes les unes que les autres.
Le 23-24 Février 1966, alors qu’il est en voyage en Chine, le Général Ankrah le destitue (financé par la CIA (service secrets américains) et soutenu en sous main par le Roy Ashanti Prempeh II qui espère de son côté une restauration complète de ses pouvoirs) et lui interdit de revenir au Ghana.
N’Krumah doit s’exiler en Guinée, où il reçoit le titre de co-Président, et décédera le 27 Avril 1972 sans jamais avoir revu son pays. Son corps sera autorisé à être inhumé le 15 Mai. Entre temps, son rival, le Docteur Busia (qui a fondé en 1964 l’United Party ) avait remporté les élections qui avaient suivi le putsch mais les militaires qui craignaient un nouveau dictateur empêchèrent son investiture et une junte organisa un contre coup d’état. Le 27 Avril 1969, le Roy Pempeh II décède et Opoku ware II (né en1919) lui succède aussitôt reconnu par la Junte du nouveau Président- Général Arifa (Ankrah a été écarté suite à une affaire d’abus de confiance non sans avoir échappé à une autre tentative de coup d’état le 17 Avril 1967).
La monarchie ashanti essaye tant bien que mal de redevenir la seule autorité politique du Ghana mais les gouvernements qui se succèdent depuis l’indépendance ne lui laisse aucune chance. La faiblesse des derniers monarques ne joue pas en sa faveur. Cependant, il y’a peu de ces militaires qui osent sans prendre directement au détenteur du Tabouret d’Or.
Le Roi Ashanti reste malgré tout le symbole moral et historique de toute une nation. Il faudra attendre encore deux autres Républiques (1970 et 1992), quatre coup d’états (1972, 1978, 1979 et 1981) pour qu’Opokou Ware II accepte de reconnaître en fin le pouvoir du Capitaine d’aviation, Jerry Rawlings en 1988.
Le 16 Mai 1979, le Capitaine Jerry Rawlings tente de s’emparer du pouvoir et de mettre fin au régime du Général Frederick Akuffo. Arrêté, il est emprisonné et traduit devant un tribunal militaire. Pour peu de temps, car ce fils d’un écossais et d’une ghanéenne bénéficie d’une aura certaine dans son corps d’armée. Le 4 juin libéré par des officiers, il prend enfin le pouvoir. Sa présidence, quelque peu musclée parfois, va durer jusqu’en Janvier 2000. Le Roi Ashanti observe d’un œil désapprobateur cette nouvelle intrusion militaire dans la vie politique du pays.
Jerry Rawlings se garde bien de limoger le souverain mais néanmoins met en garde le souverain de ne pas essayer de tenter une restauration quelqu’elle soit. Rawlings va rétablir le pluralisme politique dès 1992 mais ne peut échapper lui aussi à de multiples tentatives de putsch, de manifestions estudiantines ni à la dévaluation du Cédi national. Malgré tout, Rawlings va imposer son pays sur le devant de la scène internationale et établir le principe de la République tout en conservant la monarchie comme élément traditionnel et coordinateur du pays.
Le 25 Février 1999, Opouku Ware II meurt. C’est son neveu Oseï Tutu II (Kwaku Duah) qui reprend la succession. L’élection le 7 Janvier 2001 du Président John Koffi Kufuor (né en 1938) s’est faîte en partie grâce au soutien de l’ethnie Ashanti dont le nouvel élu fait parti. En 2005, l’Asantehene a accueilli en sa cour le monarque exilé du Sanwi. L’élection de son successeur (John Atta Mills 1944- 2012) à la Présidence de la République (2008) fut plus mouvementée car le vote en territoire ashanti fut entaché de suspicions de fraude électorales.
L’histoire se répète et continue……
@Histoiredelafrique.fr
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