A 29 jours des élections, le challenger Peer Steinbrück a tenté dimanche soir d’attaquer la chancelière Angela Merkel dans l’unique duel télévisé que les deux candidats se seront livrés. Le candidat social-démocrate (SPD), dont le parti est crédité de seulement 22 à 25% d’intentions de vote, est parvenu à dominer la première partie du duel jusqu’à une réponse sur les retraites qui risque de froisser les salariés du service public. « Les pensions du service public ne doivent pas augmenter plus que celles du privé », a-t-il déclaré après 45 minutes d’un débat animé par quatre journalistes des télévisons publiques et privées. « Les policiers, les soldats et les instituteurs doivent écouter très attentivement », a répliqué la chancelière chrétienne-démocrate (CDU).

Jusqu’à cet épisode, son rival avait plutôt dominé le duel, mettant le projecteur avec sur ce qu’il considère comme les dérives sociales de l’Allemagne. « Nous avons une économie à bas salaire comme aucun autre pays », a-t-il lancé, répétant ses discours de campagne. « Le projet de salaire minimum nous a été volé par Madame Merkel. Ce sont des boîtes vide posées devant la vitrine ! Merkel a trois semaines pour les remplir. » Interrogé sur le salaires des hommes politiques, il a préféré s’abstenir de répondre. Juste après avoir été désigné par son parti, il avait défrayé la chronique en estimant que le chancelier n’était pas assez bien payé.

La chancelière, dont le parti est crédité d’environ 40% d’intentions de vote, a surtout mis en avant son bilan économique. « Il n’y a jamais autant eu d’actifs en Allemagne », a-t-elle martelé. « Nous pourrons ne plus lever de nouvelle dette en 2015 ». Mais Angela Merkel a aussi attaqué le programme de son principal rival. « Les projets de hausses d’impôt du SPD et des Verts risquent de réduire les recettes fiscales ». Ces derniers proposent d’augmenter de 42 à 45% la tranche supérieure de l’impôt sur le revenu. « L’euro est bon pour la prospérité de l’Allemagne », a jugé la Chancelière devant 15 millions de téléspectateurs, précisant toutefois que les aides aux pays en crise devaient fonctionner sur le principe « soutien en échange de contreparties ».

Mais pour le chef de file de l’opposition sociale-démocrate, Merkel est surtout responsable d’avoir écrasé les pays du sud de l’Europe sous le poids d’une politique d’austérité. « J’aurais suivi une stratégie de crise différente », a expliqué Peer Steinbrück. « Bien sûr, il fallait une consolidation budgétaire dans ces pays mais pas à dose mortelle », a-t-il ajouté. « L’Allemagne a elle aussi reçu de l’aide et il ne faut pas l’oublier. L’Allemagne a été aidée d’une manière massive après la Seconde guerre mondiale avec le plan Marshall », a-t-il rappelé.

Angela Merkel a rappelé que c’est sous le gouvernement du chancelier social-démocrate Gerhard Schröder que la Grèce avait été autorisée à rejoindre la zone euro et que les règles budgétaires européennes avaient été assouplies.

Afin de marquer la cohésion de l’équipe au pouvoir, dans les studios Adlershof situés à l’Est de Berlin, où avait lieu le duel, plusieurs ministres étaient venus soutenir leur candidate dans une salle de retransmission : Wolfgang Schäuble, ministre des Finances, Ursula von der Leyen, ministre des Affaires sociales, Peter Altmaier, ministre de l’Environnement. Dans son mot de conclusion, la chancelière a souhaité «  une bonne soirée » à ses compatriotes, confirmant ainsi son image de « Mutti ».

Les premiers sondages réalisés à l’issue du débat divergent : certains voient Merkel gagnante, d’autres Steinbrück. Match nul pour résumer. « Merkel a plus parlé, Steinbrück a dit plus » a commenté Hubertus Heil, vice-président de la fraction SPD au Bundestag. La course est ouverte. »