C’est un secret de polichinelle. Le Cardinal Laurent Monsengwo Pasinya, n’a jamais porté les Kabila dans son coeur. Il vient encore une fois de le prouver en étant «  un des rares à rester fermement opposé à la tenue du sommet de la Francophonie à Kinshasa. L’archevêque de Kinshasa n’a pas mâché les mots pour déclarer à la ministre française à la Francophonie que « ce sommet pourrait légitimer le président Joseph Kabila.

C’est Yamina Benguigui elle-même qui le révèle dans une interview-vérité accordée au journal la Croix. L’envoyée spéciale de François Hollande faisait là le bilan de son se jour à Kinshasa fin juillet 2012. Nostalgique, Laurent Mosengwo semble très mal en poing avec son costume d’Archevêque et cardinal. Celui d’opposant lui va le mieux. Même Yamina Benguigui l’a compris. Le cardinal est beaucoup plus politicien opposant que prélat!

Dans la même interview, pourtant la ministre française fait d’autres révélations, notamment sur l’opinion de nombreuses associations de la société civile et d’autres forces nationales sur la tenue du sommet à Kinshasa. « Toutes les ONG, comme la Voix des sans voix l’ONG fondée par Floribert Cheheya, le défenseur des droits de l’homme assassiné par des policiers en 2010, VDLR), les principaux leaders de l’opposition, les  responsables religieux, ont compris que ce sommet allait mettre la RDC sous les projecteurs de la communauté internationale, que cette occasion, constituait une opportunité pour elles de prendre la parole de se faire entendre. Enfin, toutes ont été sensibles à l’engagement du président Hollande d’aller les rencontrer sur place ». 

Même Etienne Tshisekedi, l’opposant déclaré de Joseph Kabila, qui a été battu par ce dernier lors de la dernière présidentielle du 28 novembre 2011, et au nom duquel toutes les forces politiques de l’opposition réclament une certaine vérité des urnes n’a pas été aussi catégorique. Benguigui raconte : « j’ai rencontré les responsables de son parti. Les entretiens ont été, comme je vous l’ai dit, très houleux. Ils m’ont tous dit, après notre entretien, leur souhait de voir le président Hollande à ce sommet pour les mêmes raisons que la société civile, les religieux et les défenseurs des droits de l’homme ». Même si pour l’instant on ne sait pas encore si François Hollande va rencontrer le soleil opposant lors de son séjour à Kinshasa, toujours est-il que  Tshisekedi à bien compris que le sommet était une bonne occasion de se faire entendre et d’obtenir, peut-être, quelques changements dans la gouvernance nationale.

Plus royaliste que le roi 

Sur le plan extérieur, ce qui semble être une victoire pour la ministre française a été un véritable parcours du combattant. Car les oppositions, il n’y en a eu et de tous acabits. « L’Organisation internationale de la francophonie -0IF- avait annoncé ce sommet en 2008 et lancé à Kinshasa la construction des infrastructures nécessaires pour l’accueil du sommet. Mais aucun, ministre de l’ancien gouvernement ne s’était rendu sur place quand j’ai repris le dossier au mois de mai, dès ma nomination. Il y avait une contestation en France et en Belgique contre la tenue le ce sommet en RD-Congo. Le président de la République m’a demandé de me rendre en RD-Congo pour évaluer la situation dans son ensemble et pour y rencontrer les représentants de l’ensemble de la société congolaise, depuis les autorités, jusqu’aux opposants. J’ai passé quatre jours complets sur place j’y ai rencontré plus de 100 personne ». Pourtant,  explique encore la même Yamina Benguigui, « les Présidents africains francophones s’étaient tous engagés, avant l’élection de François Hollande, à s’y rendre. Abdou Diouf le président de l’OIF, s’était battu pour que ce sommet se tienne en Afrique. Décemment, François Hollande ne pouvait pas non plus les désavouer.

L’annonce de sa non venue en Afrique aurait été perçue comme un affront et camouflet lancés au visage de nos amis africains ». En clair, tout le monde aura finalement accepté le sommet, sauf paradoxalement, le Cardinal Monsengwo dont l’inimitié envers Kabila est loin d’être comprise du commun des mortels. C’est à se demander finalement entre Tshisekedi et Monsengwo qui est le vrai patron de l’opposition RD-congolaise ? A l’heure de choisir un porte-parole pour une opposition divisée, le poids de l’archevêque de Kinshasa pourrait peut-être s’avérer salutaire pour toute la nation.

Tshisekedi serait éliminé de l’arène politique et le Cardinal exercerait une activité qu’il adore sans renoncer nécessairement à ses honneurs ecclésiastiques.

Tino Mabada

AfricaNews