LE PARTI COMMUNISTE CHINOIS
Le Parti communiste chinois
Un Parti très peu «communiste»
Le Parti communiste chinois (PCC) a été fondé dans la discrétion en 1921 à Shanghai par une poignée de militants. Parmi les treize délégués de ce premier congrès figuraitMao Zedong.
Pragmatique, ce fils de paysan s'écarte très vite de la ligne marxiste-léniniste qui privilégie l'alliance avec la classe ouvrière. Dans un pays aussi profondément rural que la Chine, cette alliance imposée par Moscou s'avère vouée à l'échec et débouche sur une tragédie sanglante à Shanghai en 1927.
Mao, de son côté, taille un embron d'État communiste dans le Shaanxi, une province très pauvre du nord-ouest. Ses succès et son habileté manoeuvrière lui valent d'être élu à la tête du Comité central du parti en février 1935. Dès lors, mettant à profit l'occupation japonaise, il combat et élimine le parti nationaliste de son rival Tchang Kaï-chek, le Guomindang.
Le 1er octobre 1949, il proclame à Pékin l'avènement de la République populaire de Chine (RPC). Dès lors, le parti communiste va devenir la courroie de transmission du pouvoir central et quadriller le pays en étouffant impitoyablement toutes les oppositions extérieures.
Mais à l'intérieur même du Parti communiste se manifestent des tensions très violentes entre conservateurs (partisans d'une application stricte des principes communistes) et modernistes.
Pour mieux éliminer ces derniers, Mao déclenche en 1966 une très sanglante «révolution culturelle».
Les modernistes prennent leur revanche peu après la mort de Mao, dix ans plus tard, avec à leur tête Den Xiaoping.
Cet octogénaire né en 1904 modernise à marche forcée le pays. Il encourage l'investissement et l'initiative individuelle, tout en réprimant les velléités démocratiques.
Soucieux de la pérennité de son oeuvre, il se retire en 1993 après avoir installé son dauphin Jiang Zemin au secrétariat général du Parti et à la présidence de la République.
Il met en place par ailleurs des modalités pacifiques de sélection et de succession des dirigeants à la tête du Parti et de l'État pour en finir avec les anciennes luttes de palais à coup d'invectives, de procès et d'assassinats.
Théoriquement distincts comme dans tout régime constitutionnel, les partis politiques et l'État sont étroitement imbriqués. Ce sont en effet systématiquement des responsables du parti communiste qui sont désignés ou élus à la tête du gouvernement et des administrations.
Un parti de masse
Parti révolutionnaire devenu parti de gouvernement, le PCC est de loin le plus vaste parti politique au monde. Il regroupe en 2012 quatre-vingt millions de membres, soit 5% de la population chinoise. Si son idéologie est aujourd'hui plus nationaliste que communiste, son organisation pyramidale a très peu évolué depuis ses origines.
Le «centralisme démocratique» autorise théoriquement tout membre du Parti à débattre de n'importe quel sujet jusqu'à ce que les autorités centrales prennent une décision indiscutable.
Sous des dehors démocratiques, avec des élections à tous les niveaux, le Parti laisse en fait peu de place à l'expression des militants de base.
Les candidats aux postes de responsabilité sont cooptés par leurs pairs avant d'être présentés aux élections (cette démocratie de façade se retrouve peu ou prou dans certaines démocraties occidentales actuelles).
Selon la théorie des «trois représentations», adoptée sous Jiang Zemin et inscrite dans la Constitution en 2003, le Parti communiste chinois se doit de représenter à la fois les forces productives avancées du pays, la culture chinoise moderne et la masse du peuple.
Cette nouvelle base théorique a permis aux nouvelles élites d'adhérer au Parti. Intellectuels aisés et entrepreneurs privés constituent 70% des membres du parti en 2010, les ouvriers et paysans constituant le reste, alors que les proportions étaient inversées en 1980.
Aujourd'hui, on compte même des milliardaires au sein du parti unique...
Une façon de mettre ce parti au goût du jour, pour l'aider à survivre au XXIe siècle, après l'avertissement de juin 1989.
Cooptation des élites dirigeantes
Le Parti communiste chinois réunit tous les cinq ans un Congrès national, composé d'environ 2.000 délégués. Il revient à ceux-ci d'élire les 300 membres du Comité central.
Le Comité central élit à son tour le secrétaire général et les membres du Comité permanent du Bureau politique, censés prendre collectivement toutes les décisions importantes.
Ces hommes, au nombre de neuf depuis 2002, sont surnommés les «neuf saints» ou les «neuf empereurs», bien que n'appartenant pas au gouvernement de l'État.
Depuis la réforme de Deng Xiaoping, en 1992-1993, le secrétaire général du Parti est candidat (unique) à la Présidence de la République. Il est élu par les députés de l'assemblée législative, ou Assemblée nationale populaire, pour un mandat de cinq ans renouvelable une fois.
Le même personnage est appelé à se porter candidat à la présidence de la très puissante Commission centrale militaire, qui assure le maintien de l'ordre à l'intérieur comme à l'extérieur, ce qui lui donne un pouvoir très important, avec néanmoins le risque d'être destitué à tout moment par l'Assemblée nationale populaire.
Le Premier ministre, qui assiste le président de la République, est également élu par l'Assemblée nationale populaire parmi les «neuf saints» du Comité permanent.
Ces élections ne laissent aucune place au hasard. Ainsi, le candidat à la présidence de la République est automatiquement celui des «neuf saints» qui a été élu cinq ans plus tôt à la vice-présidence de la République, un strapontin sans pouvoir destiné seulement à le faire patienter.
La relève
Jiang Zemin, installé à la présidence de la République en 1993, a laissé son poste à Hu Jintao en 2003, à l'issue de ses deux mandats. Ce dernier s'apprête à passer la main à son tour à l'issue du XVIIIe Congrès du PCC, qui réunira 2000 délégués de toute la Chine à Pékin, à partir du 8 novembre 2012.
Sans surprise, il doit céder la fonction de secrétaire général du Parti communiste puis celle de président de la République à son vice-président, Xi Jinping.
Cet ingénieur né en 1953, marié en secondes noces à une chanteuse très populaire, serait attiré par le bouddhisme et, dit-on, non corrompu (une exception !).
C'est surtout le fils d'un ancien vice-premier ministre et compagnon de route de Mao, autrement dit un «taizi» ou«prince héritier», ce qui rappelle le passé impérial de la Chine et n'est pas pour plaire à tout le monde.
Dans le même temps, le Premier ministre Wen Jiabao, issu d'un milieu très pauvre mais dont la famille s'est considérablement enrichie sous sa protection, doit laisser la place à Li Keqiang, un juriste né en 1955, protégé de Hu Jintao, apparemment très soucieux de lutter contre la corruption des dirigeants locaux.
Prévus de longue date, ces changements et bien d'autres doivent renouveler la classe dirigeante chinoise à l'issue du XVIIIe Congrès.
Ils interviennent dans un climat quelque peu tendu. D'une part, la croissance économique est tombée aux alentours de 8% par an, ce qui est énorme d'un point de vue européen mais délicat à assumer pour le gouvernement chinois qui doit gérer les tensions produites par les inégalités sociales et géographiques.
D'autre part, le pouvoir communiste est quelque peu malmené par la montée d'une opposition semi-clandestine qui s'exprime sur internet. Son image a été aussi entachée par le scandale, associant meurtre, sexe et argent, qui a entraîné la chute de Bo Xilai.
Chef du parti communiste de Chongqing (la plus grande ville du pays, en aval du barrage des Trois-Gorges) et également «taizi» ou «prince héritier», Bo Xilai était appelé à rejoindre les «neuf saints» du Comité permanent du Bureau politique !
Enfin, des bruits de botte, ou plutôt de rames, se sont faits entendre dans la mer de Chine cet été 2012, faisant resurgir le spectre d'une guerre (une vraie) entre la Chine et le Japon...
Le 1er octobre 1949, à Pékin, Mao Zedong proclamait l'avènement de la République populaire de Chine. Bien que rassemblant le cinquième de la population mondiale sur 9,5 millions de km2 (17 fois la France), le pays ne produisait alors guère plus de 3% de la richesse mondiale.
En 2010, après trois décennies de croissance à plus de 10% par an, la Chine a dépassé le Japon en richesse globale, devenant la deuxième économie mondiale derrière les États-Unis, avec une chance sérieuse de rattraper ceux-ci d'ici 2025.
Elle assure en 2012 à ses 1,3 milliards d'habitants un PIB/habitant/an moyen de 6000 dollars contre 50.000 pour les Américains.
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