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LES PROPOS DE FRANCOIS HOLLANDE LUI COÛTERAIT-IL EN PLUS LA PERTE DE LA RDC APRES LE RWANDA?

Etonnant président François Hollande qui déclare « inacceptable » la situation de la RDC où il est attendu au 14ème Sommet de la Francophonie !

 


Kinshasa, 10/10/2012 

Le président français François Hollande a étonné aussi bien la classe politique de son pays que les milieux francophones quand, dans une conférence de presse commune donnée mardi à Paris avec le Secrétaire général de l’Onu Ban Ki-Moon, il s’est autorisé de déclarer « inacceptable » la situation de la RDC où il a pourtant accepté de se rendre


Consciemment ou inconsciemment, peut-être soucieux de faire de beaux yeux aux dupes déjà pris dans son filet malicieux doré de sa visite-éclair à Kinshasa, le premier des Français allume, après ses hésitations légendaires, une mèche qu’il aura beaucoup de peine à éteindre. Et la Rdc devra prendre la question au sérieux. On ne traite guère les affaires sérieuses sans considération mutuelle. La vraie raison de ce discours qui a même étonné toute la classe politique française, c’est l’accroissement des projets Chinois et la lenteur des contrats de certains milliers français qui lorgnent l’exploitation des richesses naturelles de la Rd Congo.

Sauf changement de dernière minute, un changement désormais envisageable avec l’évolution de la situation brouillée par le président français, François Hollande sera ce week-end à Kinshasa. Une première visite sur la terre africaine, commençant par le Sénégal avant d’arriver de bonne heure le matin et repartir le soir du même samedi 13 octobre. Une visite-éclair qui n’honore ni l’Organisation mondiale de la Francophonie (OIF), ni les chefs d’Etat et de Gouvernements accourus pour la circonstance, encore moins Kinshasa, la capitale de la République démocratique du Congo, ce poumon où bat le cœur du XIVè Sommet de ceux qui ont en partage la langue de Molière.

Officiellement, Hollande vient pour le XIVè Sommet de la Francophonie, après mille et une hésitations quant à sa participation. De sources bien informées, il nous revient qu’il ne chercherait que noise. M. Hollande n’a jamais désiré venir à ce rendez-vous ; c’est donc le corps et non le cœur qui viendrait à Kinshasa. En d’autres termes, M. Hollande vise le boycott de ce Sommet, comme pour scier l’arbre qu’il devrait pourtant émonder.

 

Alors que les enjeux de ces assises demeurent de taille tant pour la France que pour la Rdc, le président français a jeté incontestablement le pavé dans la marre, déclarant que la situation était "tout à fait inacceptable" sur le plan de la démocratie en République démocratique du Congo (RDC).

C’est donc clair. François Hollande, en donneur de leçons de démocratie, se moque de la jeune démocratie congolaise. Il aurait de ce fait le mérite d’avoir dévié les débats au menu du sommet de Kinshasa, conduisant à sa manière la grande montagne à accoucher d’une souris.

Une déclaration grave

« La situation dans ce pays est tout à fait inacceptable sur le plan des droits, de la démocratie, et de la reconnaissance de l’opposition », a-t-il souligné lors d’une conférence de presse commune avec le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon. Quelle n’a pas été la réaction des journalistes qui ont vite deviné les dessous des cartes de l’agenda caché du numéro 1 Français.

Alors qu’une vingtaine de chefs d’Etats et de gouvernements de pays sont attendus ce week-end à Kinshasa (République Démocratique du Congo) pour le premier sommet de la Francophonie organisé en Afrique centrale, il devrait se dérouler dans un climat apaisé malgré une opposition appelant à la contestation. N’est-ce pas que dans tous les pays de vielle démocratie les divergences de vues constituent la règle de jeu ? Quand bien même il y aurait quelque part des mécontents, que leur apporterait de substantiel le président Français comme si c’est de sa bouche que doit sortir le souffle de vie de la Rdc ?

Après avoir tergiversé, François Hollande avait finalement décidé de se rendre à Kinshasa. Son programme prévoit entre autres rencontres celle avec le Président de la République Joseph Kabila, avec l’opposition politique congolaise, les militants associatifs, et les forces vives de la nation. Mais la tapageuse sortie médiatique de celui qui cherche à plaire à l’opposition congolaise et de « tout dire partout ».

Le gouvernement congolais réplique

Pour le porte-parole du gouvernement congolais, Lambert Mende Omalanga, joint au téléphone par la rédaction du journal l’Avenir, « les propos de François Hollande étonnent même la classe politique française sur les raisons qui le poussent à tenir un tel discours. C’est une des raisons plausibles que le Président français veut donner en gage au groupe de pression auquel il avait promis qu’il n’ira pas à Kinshasa », a-t-il dit.

Comparant la situation de la Rdc à celle de ses voisins, le ministre Mende affirme en guise de réplique : « la Rdc est très en avance par rapport à la plupart des pays de la région ». Sans doute, la bouche revendiquée du gouvernement de la Rdc faisait allusion au Rwanda où le président s’est fait élire avec 99% tandis que le Tshisekedi du Rwanda (ndlr. l’opposante Victoire Ingabire qui avait voulu se présenter aux dernières élections présidentielles) a été arrêtée en début de campagne électorale et jusqu’à ce jour, elle est en prison ! ». Ceci pour dire que ce n’est pas en deux élections que le Congo peut devenir une vieille démocratie, cela prendra du temps et nous aurons besoin de vos conseils avisés…

Et comme pour renchérir en rapport avec le droit de l’homme et la démocratie, tous les journalistes qui tentent de dire la vérité au Rwanda, quel est le sort qui leur est réservé ? Pendant qu’en Rd Congo, le premier de tous les congolais se fait critiquer à la longueur de journées et personne n’a jamais été interpellée pour ses positions. Pourtant, pour le président français, c’est ce Rwanda qui est mis à l’abri, parce que champion de la bonne gouvernance, du respect des droits de l’homme et de la promotion des droits de l’opposition !

 

Il ne s’attaque qu’à la Rdc, pays où le contentieux électoral était transparent et où la Cour Suprême de Justice n’avait enregistré qu’un seul recours.

 

Même les observateurs déployés en Rd Congo avaient reconnu que les élections étaient entachées certes d’irrégularités, mais que celles-ci n’avaient pas pour nature de changer l’ordre d’arrivée des candidats.

Dans son empressement de vouloir plaire à tout le monde, selon ses propres mots, Hollande confond les choses, ajoute encore Lambert Mende, affirmant que le nouveau président de France ne connaît pas assez la situation du pays dont il parle. S’il indexe la Rdc d’être très transparente, c’est à cause de l’ouverture du régime de Joseph Kabila qui a permis à tout le monde de s’exprimer. Et même l’opposition est au parlement… bref, les raisons de M. Hollande sont ailleurs : il justifie cette attitude par rapport à l’accroissement des projets chinois et de la lenteur des contrats de certains milieux français, qui lorgnent les richesses naturelles de la Rdc. F. Hollande doit donc compléter son information pour rendre son voyage plus utile.

S’acharner de la sorte sur la Rd Congo démontre à suffisance la volonté non seulement de François Hollande, mais de tous les pays occidentaux pour justifier leur difficulté à condamner le Rwanda qui finance, arme et conduit une rébellion pour violer les femmes et continuer l’exploitation illicite des ressources naturelles de la Rd Congo. Dans ce contexte, il ne faut même pas s’attendre à ce que ce Sommet aboutisse à une quelconque déclaration condamnant le Rwanda.

Parler de la guerre de l’Est

Et pour finir, le Porte-parole du gouvernement a déclaré que « Notre intérêt, c’est la guerre à l’est. Malheureusement Hollande n’a eu juste qu’un mot sans pour autant identifier l’agresseur ». Et ce, pendant que toute la communauté internationale sait très bien que le Rwanda qui recrute, arme et finance cette rébellion qui ne vise que l’exploitation illégale des ressources naturelles de la Rd Congo.

Il s’est à peine contenté de parler de « l’agression dont ce pays est l’objet, venant de l’extérieur, sur ses frontières, et notamment au Kivu", allant plutôt dans le sens de la protection des frontières de la République Démocratique du Congo (RDC).

Il s’agit de la rébellion de soldats mutins baptisée le M23 qui sème terreur et désolation depuis près de six mois dans l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC). Kinshasa accuse le Rwanda de soutenir cette rébellion, les Nations unies, les Ongs nationales et internationales disent autant, preuve à l’appui. Curieusement, Kigali ne cesse de démentir catégoriquement son soutien au M23.

Lors de cette conférence de presse à l’Elysée, François Hollande avait expliqué que son premier voyage de président en Afrique avait pour but, non pas de se « différencier » de ses prédécesseurs, mais de porter « un message de confiance » aux Africains, « un message de solidarité par rapport à leur développement, un message d’amitié car nous avons besoin d’une Afrique dynamique ».

 

Qu’en est-il au juste ? L’homme d’Etat dit clairement une chose et son contraire.

Quoi qu’il en soit, avant Kinshasa, le chef de l’Etat français est attendu vendredi à Dakar où il doit s’exprimer devant l’Assemblée nationale sénégalaise, là où Sarkozy avait affirmé en juillet 2007, que l’homme noir n’était pas assez entré dans l’histoire, avant de voir Ségolène Royale revenir sur le même champ, discours contraire sur les lèvres.

 

Surchargeant inutilement son agenda sans participer à la cérémonie d’ouverture ou celle de clôture du XIVè Sommet de la Francophonie, M. Hollande, après Dakar, se rendra également sur l’île de Gorée, lieu de mémoire de la traite négrière.

Concernant le sommet de la Francophonie, François Hollande y voit l’occasion de dire aux Africains que la langue française « leur appartient », mais qu’elle suppose aussi « des valeurs, des principes » parmi lesquels « il y a la démocratie, (...) la bonne gouvernance, la lutte contre toutes les corruptions », a-t-il aussi déclaré.

Mais qu’il vante ou qu’il neige, le monde aura retenu que les ténors de la Francophonies comme le président français démolissent de leurs propres mains un édifice fortement menacé et chèrement acquis.

 

Et si la Rdc s’en retirait ?

 

Que des leçons soient bien tirées.

L'AVENIR



10/10/2012
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