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RECUEIL DE POEMES POUR LE NORD KIVU:L'ENFANT ET LE CADAVRE DE SA MAMAN!

L’ENFANT ET LE CADAVRE DE SA MAMAN


Extrait de Chants sans mélodies

Recueil de poèmes pour le Nord-Kivu

Magloire Paluku

Photo : L’ENFANT ET LE CADAVRE DE SA MAMAN
Extrait de Chants sans mélodies/Recueil de poèmes pour le Nord-Kivu/Magloire Paluku


Il traine le corps de sa maman par terre sur une route provinciale
L’enfant de cinq ans pleure en disant  à la chair couverte de sang
« Maman lèves-toi, tout le monde s’est sauvé dans la brousse loin du village »
« Il faut te lever, j’ai plus de force pour te pousser à te remettre dans le rang. »
L’enfant regarde sa mère et  implore un secours, au passage, d’un piéton
Son papa est resté, par terre, quelques mètres plus loin dans le pâturage.
Il pleure sur celle qui a pleuré en le mettant dans ce monde sans pardon,
Yeux et  nez  couverts de liquides qui se vident dans sa bouche ouverte.
Sa voix se perd dans la vallée où gémissent ceux qui ont perdu la bataille
Sa voix devient aphone quand explose un engin sur lequel saute le bétail
Ainsi passent des secondes interminables  d’un enfant  à travers l’herbe verte !

Les petites mains tentent un geste désespéré de réveiller une masse
Elle bouge à peine et fait couler du rouge et de l’eau qui sur le sol s’entrelacent
Les mots inaudibles, répétitifs égorgent l’enfant debout prêt de sa mère inerte
Aucun passant ou un hasard ni encore une surprise ne viennent pour un salut d’alerte
C’est un enfant du village ou ne passent ni camera ni photo de témoignage
Il est de quelque part sur la terre ,des humains devenus irascibles et sauvages.
Il pleure, pleure, et pleure encore avec les même mots simples de ses efforts
« Maman lèves-toi, on doit repartir, je ne vois pas papa, il faut faire un effort ! »
Les yeux  grandement ouverts de sa maman fixent le sol ou elle retourne forcée
Au loin siffle un obus qui fait sursauter l’enfant toujours la main sur son passé
Qui lui dira que tout est fini en partie et qu’il doit s’en séparer et s’en passer ?

Il pleure sur celui qui ne l’écoute plus pour réagir ni pour lui montrer le chemin
L’homme qui est en lui résiste à l’aléatoire et veut forcer la nature par un câlin
L’enfant pleure et dit les mêmes mots que personne n’écoute, ni  un ciel, sous des tirs
Les oiseaux ont disparus pour par hasard, lui dire de poursuivre son chemin inconnu
L’enfant qui ne connait la mort parle au silence, espérant sa persévérance aboutir.
Un autre obus tombe à ses côtés sans exploser, un ange passa…  avec lui le slogan connu
« Maman lèves-toi, on doit repartir, j’ai soif, j’ai faim, je suis fatigué, on est seul dans la brousse »
Le silence de la maman couchée par terre, le sang qui coule sur le sol, restent mais n’émoussent.
L’enfant reste toute une éternité sur le cadavre de sa maman, son papa  dans les encablures
Seule compagnies, les pleurs, les larmes et la morve loin de la peur ; il sera un jour une autre créature
Ainsi  est créé celui qui partagera sa peine avec armes ou larmes de blessure.
(Magloire Paluku)

Il traine le corps de sa maman par terre sur une route provinciale


L’enfant de cinq ans pleure en disant à la chair couverte de sang


« Maman lèves-toi, tout le monde s’est sauvé dans la brousse loin du village »


« Il faut te lever, j’ai plus de force pour te pousser à te remettre dans le rang. »


L’enfant regarde sa mère et implore un secours, au passage, d’un piéton


Son papa est resté, par terre, quelques mètres plus loin dans le pâturage.


Il pleure sur celle qui a pleuré en le mettant dans ce monde sans pardon,
Yeux et nez couverts de liquides qui se vident dans sa bouche ouverte.


Sa voix se perd dans la vallée où gémissent ceux qui ont perdu la bataille
Sa voix devient aphone quand explose un engin sur lequel saute le bétail
Ainsi passent des secondes interminables d’un enfant à travers l’herbe verte !

Les petites mains tentent un geste désespéré de réveiller une masse
Elle bouge à peine et fait couler du rouge et de l’eau qui sur le sol s’entrelacent
Les mots inaudibles, répétitifs égorgent l’enfant debout prêt de sa mère inerte
Aucun passant ou un hasard ni encore une surprise ne viennent pour un salut d’alerte
C’est un enfant du village ou ne passent ni camera ni photo de témoignage
Il est de quelque part sur la terre ,des humains devenus irascibles et sauvages.


Il pleure, pleure, et pleure encore avec les même mots simples de ses efforts
« Maman lèves-toi, on doit repartir, je ne vois pas papa, il faut faire un effort ! »
Les yeux grandement ouverts de sa maman fixent le sol ou elle retourne forcée
Au loin siffle un obus qui fait sursauter l’enfant toujours la main sur son passé
Qui lui dira que tout est fini en partie et qu’il doit s’en séparer et s’en passer ?

Il pleure sur celui qui ne l’écoute plus pour réagir ni pour lui montrer le chemin
L’homme qui est en lui résiste à l’aléatoire et veut forcer la nature par un câlin
L’enfant pleure et dit les mêmes mots que personne n’écoute, ni un ciel, sous des tirs
Les oiseaux ont disparus pour par hasard, lui dire de poursuivre son chemin inconnu
L’enfant qui ne connait la mort parle au silence, espérant sa persévérance aboutir.


Un autre obus tombe à ses côtés sans exploser, un ange passa… avec lui le slogan connu
« Maman lèves-toi, on doit repartir, j’ai soif, j’ai faim, je suis fatigué, on est seul dans la brousse »
Le silence de la maman couchée par terre, le sang qui coule sur le sol, restent mais n’émoussent.
L’enfant reste toute une éternité sur le cadavre de sa maman, son papa dans les encablures
Seule compagnies, les pleurs, les larmes et la morve loin de la peur ;

il sera un jour une autre créature

Ainsi est créé celui qui partagera sa peine avec armes ou larmes de blessure.

 


Magloire Paluku



11/08/2013
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