Témoignage:Le long calvaire de Naomi Baki pour atteindre la France!
Du Soudan à la France.
Le long calvaire de Naomi Baki
Livrée à elle-même à 14 ans, cette Soudanaise chrétienne a été séquestrée à Khartoum, exploitée en Arabie saoudite, malmenée en Grèce et a trouvé asile en France, où elle publie son témoignage.
Naomi Baki a débarqué à Roissy, le 11 février 2011, sans parler un seul mot de français (Editions de Cerf).
Cela ne fait que deux ans et demi que Naomi Baki est arrivée en France ! Mais c’est fou tout ce que cette jeune femme souriante, originaire du Soudan du Sud, a réussi à reconstruire. Assurément, elle est une miraculée, car cent fois elle aurait pu perdre la vie et l’espoir… Et elle est au bord des larmes quand elle évoque l’aide dont elle a bénéficié depuis qu’elle a débarqué à Roissy, le 11 février 2011, sans parler un seul mot de français.Avec sa fille Caroline, alors âgée de 10 ans, elle fut d’abord logée dans un foyer d’une association médico-sociale (l’Amsam) à Soissons. Grâce à divers relais municipaux, associatifs, ecclésiaux et amicaux, elle se voit progressivement procurer un hébergement, des cours de français et de conduite, une formation dans le tourisme, le statut de réfugiée et un passeport français, un travail dans la communauté de communes…« L’accueil que j’ai reçu dans toute la région de Soissons a dépassé mes espérances, sourit-elle, attablée à un café parisien. Mon pays, désormais, c’est la France. »
HARCELÉE PAR LES MILICES SOUDANAISES
Née en 1985 à Raja, dans le sud du Soudan, dans une famille catholique aisée, Naomi Baki doit fuir en 1998 avec sa mère et ses deux jeunes sœurs. Six ans auparavant, au début de la guerre civile en 1992, son père, haut fonctionnaire engagé politiquement contre l’islamisation du Sud-Soudan par le gouvernement de Khartoum, avait été arrêté et emprisonné. Au cours des visites qu’elle et sa mère lui rendent pendant quatre ans, elles le voient « mourir à petit feu sous la torture ». La vie commence à« ressembler à un cauchemar : les rues étaient souvent jonchées de cadavres. En tant que chrétienne, j’étais régulièrement contrôlée, harcelée par les milices. » En octobre 1999, peu avant son 14e anniversaire, alors que des flots de gens fuient dans la forêt, elle est emportée loin des siens. Marchant sans but, se nourrissant de feuilles et de racines, elle arrive dans la ville de Nyala, où elle se fait repérer par un Congolais de 26 ans. Sous prétexte de la protéger, celui-ci l’emmène à Khartoum et la réduit en esclavage.EMMENÉE EN ARABIE SAOUDITE, PUIS AU YÉMEN
Séquestrée, battue, violée, elle est contrainte à réciter des sourates du Coran. « Il m’exhibait comme sa nouvelle convertie mais au fond de moi, je restais chrétienne. » Avec de faux papiers, son bourreau l’emmène à Djeddah, en Arabie saoudite, puis à Sanaa, au Yémen. Elle travaille comme femme de ménage, privée de tous ses droits. En janvier 2001, elle se découvre enceinte. « Je ne voulais pas d’un enfant ; je pensais sans cesse à mourir… » Elle arrive à Alep, en Syrie, où elle met au monde sa fille, le 23 août 2001. « Je l’ai prénommée Caroline sans savoir que c’était un prénom français », s’étonne-t-elle.Grâce à un autre Congolais, la jeune mère parvient à passer clandestinement en Turquie, puis en Grèce. Quand elle aperçoit une église, « une sensation de bonheur m’a transportée après des mois et des mois à devoir faire semblant d’être une bonne musulmane ». Après quelques semaines en rétention, Naomi, 16 ans, et sa fillette de 8 mois s’installent à Thessalonique.2000 EUROS POUR UN FAUX PASSEPORT
Elle y restera dix ans, apprenant rapidement le grec, faisant baptiser sa fille dans la foi orthodoxe mais ne trouvant à travailler que dans des bars louches. « Là-bas, on ne me considérait pas comme une chrétienne, mais comme une Noire sans papiers, consommable au même titre qu’une marchandise. Dieu me semblait aussi loin que dans le monde musulman. »Voulant venir en France, elle doit payer 2 000 € pour se procurer un faux passeport valable pour deux…La voici donc à Soissons, fréquentant l’église baptiste Alliance de Paix et retrouvant une certaine stabilité. Caroline vient d’entrer en 5e et parle parfaitement français. Fin août 2011, Naomi rencontre la journaliste Sophie Porteil qui lui présente la psychanalyste Marie Taurand. Auprès de ces deux femmes généreuses et formées à l’écoute, elle accepte de se raconter (1). Grâce à ces rendez-vous, de janvier à juillet 2012, la rescapée parvient peu à peu à expulser ses souvenirs les plus douloureux, les plus humiliants.CLAIRE LESEGRETAIN
La-croix.com
(Titre)
AMMAFRICA WORLD
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