AMMAFRICA WORLD

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Devoir de Memoire:Afrique

DEVOIR DE MEMOIRE:AFRIQUE!

CONSCIENCE:

Connaissance plus ou claire de notre existence et du Monde.

Avoir la connaissance de son histoire; c'est comprendre le monde d'alors; pour prendre  

conscience sur le présent afin de remédier au futur...

Ici, nous archivons certains documents historiques pour notre memoire! Le Monde étant un tout, l'histoire nous aide à comprendre notre passé, présent et le sens à notre futur après avoir retenu instruction sur le passé. Devoir de Memoire, parle de l'histoire de l'Afrique dans cette Rubrique...

Eveil de la conscience incite à ce que l'on prenne connaissance de notre passé,présent et le Monde extérieur qui nous entoure.Ainsi,sondons notre passé historique et trouvons au travers ces histoires,ce que fût notre Monde d'Atan.

 

Ammafrica world ,la passion de l'histoire fait notre style  de comprendre le Monde d'alors...Le monde d'autrefois!


LA FACE CACHEE DE L'HOMME DE LIMETE!

RDC :

La face cachée de l’homme de Limeté

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Etienne TSHISEKEDI et Mobutu

 

« Tshisekedi se présente comme démocrate indispensable au bonheur du peuple congolais extirpé de 37 ans de dictature mobutiste par la révolution dirigée par Mzee Laurent-Désiré KABILA. Pourquoi cache-t-on que l’ex-« Moïse » du peuple « zaïrois » fut un des principaux instruments du régime mobutiste ? A-t-on oublié que Tshisekedi avait refusé de reconnaître le gouvernement de transition formé par Mzee Laurent-Désiré KABILA en appelant à résister à une « nouvelle dictature » ? A-t-on oublié qu’il avait boycotté les élections générales de 2006 qui confirmèrent le Président Joseph Kabila dans sa fonction suprême de Chef de l’Etat ? Après avoir longtemps joué un rôle actif dans les crimes les plus graves de Mobutu, nous posons que Tshisekedi est plutôt un problème qu’une solution pour le peuple congolais. De ce fait, sa candidature à l’élection présidentielle n’est, ni politiquement ni éthiquement, crédible. Elle est, pour ainsi dire, une machiavélique provocation à l’encontre du peuple congolais dont Tshisekedi a massacré l’avenir en servant fidèlement Mobutu. 

Tshisekedi a cautionné le premier coup d’Etat de Mobutu, le 14 septembre 1960, contre le gouvernement de Patrice Lumumba, pourtant démocratiquement élu. Il faisait partie du fameux collège de commissaires généraux constitué par Mobutu. Commissaire général à la justice, il suggéra à Mobutu « de faire encercler la résidence de P. Lumumba par les soldatsde l’Armée Nationale et d’arrêter toutes les personnes qui en sortaient ou qui voulaient y entrer ».

Pour Tshisekedi, Lumumba n’était ni plus ni moins qu’une vermine -pour reprendre ses propres termes- dont il fallait se débarrasser. Comment ? Lumumba subira les pires  humiliations, qu’aucun autre dirigeant africain de l’époque n’a connues, avant d’être sauvagement assassiné avec ses compagnons Mpolo et Okito, le 17 janvier 1961, sur ordre de Moïse Tshombe. Tshisekedi a donc aidé à liquider ce processus démocratique chèrement arraché à la puissance colonisatrice belge. Pourquoi une telle question a-t-elle été totalement éludée depuis la conférence nationale dite souveraine au début des années 90 jusqu’à l’arrivée au pouvoir de Mzee Laurent-Désiré KABILA, le 17 mai 1997 ?

Pour mater la guerre de libération déclenchée en 1964 à l’Ouest et à l’Est du Congo-Kinshasa par les nationalistes, Mobutu fit appel aux mercenaires recrutés par la CIA parmi les racistes sud-africains, les fascistes espagnols et allemands, les colons belges, les réfugiés cubains installés aux USA. Ces bandits transformèrent les zones contrôlées par l’armée populaire en

véritable boucherie humaine. Tshisekedi ne manifesta pas la moindre indignation face à ces criminels réprimant par une violence aveugle ses propres frères, qui luttaient pourtant pour une cause juste.

Au contraire, en novembre 1965, il cautionna le deuxième coup d’Etat de Mobutu qui entraîna la destitution du Président  Kasa-Vubu et de son premier ministre Kimba. Ceux-ci avaient décidé de renvoyer ces mercenaires, après leur retour d’Accra où ils venaient de se rapprocher des dirigeants africains progressistes. Devrions-nous rappeler aussi que Tshisekedi approuva sans vergogne l’exécution de Kimba et ses compagnons le jour de la pentecôte, le 2 juin 1966. En réponse aux questions posées par les journalistes après la pendaison de ces derniers, il fit la déclaration suivante : « Kimba et ses compagnons ne pouvaient bénéficier de la grâce présidentielle à cause de la gravité des faits » et « d’autres sentences du même type suivront pour donner l’exemple et ainsi de suite ». Pourtant, le « juriste » Tshisekedi ne pouvait ignorer que ces faits n’étaient que la pure invention de la part de Mobutu. Comment notre peuple a-t-il pu permettre à Tshisekedi de mettre ses pieds au stade des Martyrs, le lieu même où furent exécutées les quatre proies du « léopard » ?

 

Est-ce croire que ce peuple et les défenseurs congolais de la vérité ont perdu la mémoire ? 

De même, Tshisekedi n’a jamais témoigné le moindre ressentiment à l’égard des paras belges et français qui volèrent au secours de l’armée de Mobutu en 1978. Celui-ci était alors en pleine déroute face à l’insurrection populaire dirigée par le Front de Libération Nationale duCongo (FLNC) dans le sud-ouest du pays.  

Il était hilarant de voir à quel point Tshisekedi s’enflamma à cause de l’arrivée au pouvoir de Mzee Laurent-Désiré Kabila et il réclama impétueusement la tenue des élections. C’était une manière de tenter de torpiller le processus de liquidation totale du régime sanguinaire et corrompu de Mobutu. Ce régime fut coresponsable du processus génocidaire ayant ensanglanté le Rwanda en 1994. Il fut impliqué dans la plupart des catastrophes humaines que l’Afrique a connues depuis les indépendances : du Tchad à l’Afrique du Sud en passant par l’Angola.

 

On comprend pourquoi l’arrivée au pouvoir de Mzee Laurent-Désiré Kabila infligeait des démangeaisons psycho-politiques à Tshisekedi. Pire encore ! L’assassinat de Mzee, le 16 janvier 2001, fut considéré comme une aubaine céleste pour « l’opposant historique », qui s’empressa, comme un chien poursuivant l’ombre d’un os dans l’eau, de réclamer à nouveau la tenue des élections en RDC. Toutes ces manœuvres s’expliquent par le fait que Tshisekedi fut parmi les principaux serviteurs de Mobutu et de son régime.  

Après le second coup d’Etat de Mobutu, le 24 novembre 1965, il a occupé des fonctions ministérielles et politiques stratégiques : cofondateur du Mouvement Populaire de la Révolution (MPR), parti unique et parti-Etat qui ne laissa guère de place à l’opposition,ministre de l’intérieur et de la justice, etc. A ce titre, Tshisekedi joua un rôle important dans la gestion du pays, fondée sur le pillage et le détournement systématique des deniers publics. Ainsi que sur l’élimination, la neutralisation ou la récupération de tous ceux qui  aspiraient à un vrai changement ou portaient ombrage à ce régime.  

 

Beaucoup de gens se souviennent du détournement, en 1967, du crédit d’un million de zaïres consacré à la « reconstruction des zones endommagées ». Tshisekedi, alors ministre de l’Intérieur et chargé de l’affectation de la somme, fut directement mis en cause. Sur ce million de zaïres, les régions « victimes de rébellion » (province orientale, Bukavu, Equateur et Bandundu) n’ont pu toucher que cinquante mille zaïres ! Le reste était allé dans la poche du ministre de l’Intérieur, avec la complicité de ses frères du village qu’il avait lui-même placé à la territoriale, à cet effet.

 

 Sur le plan moral, Tshisekedi participait activement à la dépravation des mœurs et au détournement des mineures. Daniel  Monguya Mbenge, l’ancien vice-gouverneur de la province de Bandundu, dans son « Histoire sécrète du Zaïre », livre à ce propos un témoignage sordide. En tant que ministre de l’intérieur, Tshisekedi institutionnalisa un rite qui enjoignait les gouverneurs des régions où il était en déplacement avec son ami et chef, Mobutu, de mettre à la disposition de celui-ci, « de quoi soigner le moral du président ». Il s’agissait des jeunes filles vierges, qui devaient étancher la soif sexuelle de Mobutu durant son séjour provincial.

 

En 1968, Pierre Mulele, leader de l’insurrection populaire à l’Ouest, fut tué avec une cruauté bestiale, en présence de tous les hauts dignitaires de l’ancien régime mobutiste : « Vivant, on lui a arraché les oreilles, coupé le nez, tiré les yeux des orbites pour les jeter par terre. On lui a arraché les organes génitaux. Toujours vivant, on lui a amputé les bras, puis les jambes. Les restes humains ont été noués dans un sac et immergés dans le fleuve ».  

 

Le 4 juin 1969, les étudiants de l’ex-Université de Lovanium descendirent dans les rues de Kinshasa réclamant pacifiquement les droits sociaux et des institutions démocratiques.  Bilan : 125 morts et une centaine de disparus : « tous les corps des victimes ont fait l’objet de disparition dans l’acide sulfurique à Mbinza. » Nous ne saurions rappeler ce carnage sans citer également le nom de Mokolo wa Mpombo, qui avait trahi tous ses camarades en communiquant la veille à Mobutu, aux ministres de l’Intérieur et de la Justice les noms desprincipaux auteurs du mouvement et leurs intentions.  

 

En clair, ayant joué un rôle important dans le pillage des deniers publics mais aussi dans la plupart des tragédies sanglantes du règne de Mobutu, Tshisekedi est tout sauf un démocrate ou un responsable politique honnête. Il faut avoir l’esprit complètement tordu ou l’hypocrisie aveuglement chevillée au corps pour croire ou faire croire le contraire. Certes, nous n’ignorons pas le divorce de Tshisekedi avec Mobutu, à la fin des années 70. Mais ce divorce n’était pas, à l’origine, dû à des raisons idéologiques ou politiques. Plutôt à des problèmes d’adultère qui empoisonnaient constamment les relations entre Mobutu et ses subalternes, Liahu, Ndele, Tassin, Nguza Kar I bond, Boboliko Lokonga, pour ne citer que ces cas.  

 

Progressivement, Tshisekedi, soutenu par l’Occident, a décidé d’infléchir un peu la politique dictatoriale de Mobutu pour éviter l’éventualité d’une nouvelle insurrection populaire. Il a entrepris de transformer ce divorce en opposition politique à Mobutu, mais sans conviction particulière. Cela est démontré par les fameux accords de Gbadolite en 1987, qui consacrèrent la réintégration de l’UDPS au sein du parti-Etat (MPR). Dès lors, cette opposition ne s’est jamais traduite par l’élaboration d’un réel projet de société ou programme politique alternatif. Les injures publiques à l’égard de la seule personne de Mobutu avaient pour unique but de distraire la population et dissimuler les propres faiblesses de Tshisekedi en matière de combat politique et idéologique. Cette manière folklorique de s’opposer à un dictateur arrogant et impitoyable a abouti aux résultats suivants. D’un côté, on a assisté au massacre d’une centaine d’étudiants de l’ex-Université de Lubumbashi (en 1990) par la garde de Mobutu et à l’accroissement corrélatif de l’espérancede vie politique de celui-ci à la tête de l’Etat.

 

De l’autre, Tshisekedi s’est vu attribuer par la « communauté internationale » le titre pompeux d’opposant historique et radical à Mobutu,avec tous les avantages qu’il a pu en tirer.On s’en souvient : alors que l’Alliance de Kabila se battait pour débarrasser le peuple du mobutisme, le fameux opposant historique et radical a solennellement demandé à toute lapopulation de prier pour la guérison de son tyran Mobutu. Il est même venu en Francepasser quelques temps à son chevet. En contrepartie, Mobutu l’a nommé premier ministre, en remplacement de Kengo Wa Dondo.

Tshisekedi n’a dû s’incliner devant la décision de sa révocation expéditive et humiliante par Mobutu que suite aux mises en garde adressées parles dirigeants de l’Alliance. A ceux-ci il avait réservé « mobutistement » -c’est-à-dire sansconsultation ni discussion préalable- cinq portefeuilles ministériels dans son gouvernement mort-né.  

 

Tshisekedi était persuadé que le fonds de commerce représenté par son statut d’opposition historique et radical à Mobutu avait perdu de sa valeur du fait de la fuite du dictateur et de laliquidation de son régime. Il n’a alors pas hésité à réclamer le poste de premier ministre aux dirigeants de l’Alliance, dès que ces derniers ont pris le contrôle effectif de tout le territoire national. N’ayant pas obtenu satisfaction pour des raisons d’hygiène politique, il a alors décidé de saboter la victoire de la lutte de libération. Par une série d’actions à caractère démagogique, xénophobe et provocateur, bien entendu avec le soutien de la France. Celle-ci voyait en lui le remplaçant par excellence de Mobutu, dans la guerre culturelle que ce pays menait désespérément contre les Etats-Unis.  

 

Pourquoi la France a-t-elle choisi Tshisekedi ? Pour le comprendre, citons une conférence de presse que celui-ci avait tenue à Bruxelles le 15 septembre 1987. Devant les représentants de la classe économique et politique belge, il déclarait : « Le français que nous parlons, c’est vous qui nous l’avez appris, et avec vous, nous avons appris les valeurs universelles que cette langue véhicule depuis des siècles. Vous nous avez amené la religion chrétienne ; vous nous avez appris à lire et à écrire ; vous nous avez amené vos avions, vos automobiles, vos montres ; vous nous avez enseigné à manger avec la fourchette ; vous nous avez prêté des milliards de vos francs pour nous aider à survivre. »

De pareils propos font l’apologie de l’esclavage, de la colonisation, du néocolonialisme et, surtout, de l’infériorité de la civilisation africaine par rapport à la civilisation occidentale. Pourtant, la participation de l’homme noir à l’essor de la science et des techniques modernes n’est plus à démontrer. La lampe électrique a été inventée par Joesph V. Nichols et Lewis H. Latimer en 1881, l’antenne parabolique par Granville T. Woods en 1887, le moteur à combustion par Andrew J. Beard en 1892, l’ascenseur par Alexander Miles en 1867, le taille crayon par John L. Loove en 1867, le piano mécanique par Joseph H. Dickinson en 1912, les freins de voitures par John V. Smith en 1872, le test (minute) de dépistages du sida par le professeur Onokodi, biologiste congolais de l’Université de Kinshasa, l’ordinateur le plus rapide au monde dans le domaine du calcul par le docteur Philipp Emeagwall, informaticiennigérian né en 1954, etc.  

 

Avec de tels propos tenus par Tshisekedi devant ses maîtres civilisateurs, difficile d’imaginer qu’un tel homme pourrait prendre un jour la direction de la République démocratique du Congo. Le peuple congolais a tellement souffert de la dictature mobutiste qu’il est de son intérêt de se montrer exigeant à l’égard des dirigeants actuels en matière de démocratie. Mais le carnet de santé politique de Tshisekedi n’indique aucun signe de virginité. C’est pourquoi, le peuple congolais et sa jeunesse en particulier devraient se ranger à l’évidence : il est impossible de reconstruire le pays avec des personnalités qui ont consciencieusement participé au pillage de notre économie et à la gestion désastreuse des affaires publiques. Depuis l’indépendance, de tels individus ont « retardé d’au moins un demi-siècle le développement de la RDC », pour reprendre les termes d’un rapport confidentiel de la Banque Mondiale.

 

 

Propos recueillis par

Congovirtuel


02/08/2013
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LA JUDAISATION DES TUTSIS,UNE STRATEGIE? OU UNE VERITE POUR JUSTIFIER LA GUERRE A L'EST DE LA RDC?

LA JUDAISATION DES TUTSIS: NOUVELLE IDENTITÉ POUR LA CONQUETE DE LA REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO

 


Depuis un certain temps, une nouvelle et funeste identification porteuse de retombées à la fois politiques, stratégiques, ethniques etsociales est née chez les Tutsis du Rwanda, du Burundi et del'Ouganda. Il s’agit de la revendication d'une identité juive, une manœuvre orchestrée par eux de manière magistrale et destinée à imposer au reste de l’humanité terrestre leur métamorphose en « Tutsis hébreux » avec toute la charge émotionnelle, le poids historique, les dividendes politiques et stratégiques, les connotations religieuses et le conditionnement mental que draine un tel apparentement( Israéliens,peuple de Dieu, peuple saint etc. ).

 

La thèse opportuniste de l’existence d’une parenté

 

ethnique entre les Tutsis et les Hébreux, forgée dans des officines secrètes,fait actuellement son bonhomme de chemin. Il serait tragique pour les Bantus de s’imaginer que tout cela relève d’un pur hasard alors qu’en réalité, cette idée, aussi extravagante et farfelue qu’elle paraisse de prime abord, coïncide parfaitement avec les causes et les enjeux des guerres qui bouleversent et ensanglantent la région de Grands-lacs africains.Dépourvus de toute conscience ethnique dans leur écrasante majorité, les Bantus, leurs leaders politiques ou d’opinion, leurs intellectuels, leurs hommes de science, leurs banquiers et capitaines d’industrie, de même que leurs autorités civiles et religieuses, tous seraient enclins à afficher une attitude de méfiance instinctive devant une telle affirmation.Dans leur schéma mental pour tenter de comprendre et d’expliquer l’immense tragédie de la guerre qui ravage les pays des Grands Lacs africains, jamais il ne leur serait, en effet, venu à l’idée d’inclure le facteur ethnique alors qu’au Rwanda et au Burundi, pays d’oùsont partis les conflits, rien ne peut se comprendreet s’expliquer si on prend le risque d’écarter ceparamètre. Dans la foulée, tout le monde confond allègrement nationalité et appartenance ethnique, deux
notions pourtant bien distinctes mais qui sont imprudemment et indifféremment utilisées l’une pour l’autre . Rien d’étonnant à cela : la paresse et le conformisme intellectuel des Bantus sont bien connus Par contre, si l’on prend la peine de se livrer à une observation quelque peu approfondie et impartiale, la revendication d’une parenté juive par les Tutsis suscite une série de questions fondamentales sur les causes des malheurs qui frappent l'Afrique centrale. A la lumière des révélations récentes du journal canadien National Post sur les vrais déclencheurs du génocide rwandais, qui pourtant ont été couverts pendant plus de deux ans par l'ONU, la conspiration internationale hourdie par Kagame pour allumer et entretenir la guerre en Afrique centrale ne fait plus de doute. Dans cette entreprise guerrière, le Chef d’Etat rwandais n’agit pas seul. Il est en effet secondé par ses homologues tutsis burundais et ougandais, tous les trois partisans de la philosophie selon laquelle tous les moyens sont bons pour conquérir le cœur de l'Afrique. Le processus de judaïsation des Tutsis, ausculté à la lumière des guerres qui secouent la région des Grands-lacs africains apparaît comme une arme fatale, à la fois redoutable et imparable, pour ’accomplissement de leurs futurs desseins. Les stratèges tutsis ont vu juste, leurs calculs se sont révélés tout à fait exacts puisqu’ils occupent désormais, à l’insu de Bantus congolais, d’importantes fonctions à la tête des plus hautes institutions politiques, militaires et sécuritaires du pays. Presque deux ans après le renversement de la dictature de Mobutu au Congo, quatre ans après l'assassinat de Melchior Ndadaye au Burundi et quatre ans après l'assassinat du président Juvenal HABYARIMANA, voilà en effet que, comme par hasard, "Jerusalem Post" dans son édition du 23 novembre 1998 déclarait officiellement pour la première fois ce qui circulait sous forme de rumeur depuis un certain temps: " Nous
invitons la Communauté Internationale à condamner et à prendre des actions contre toute violence anti-israélite perpétrée par les non-israéliens à travers l'Afrique, y compris plus de 500 000 Tutsi-Hébreux Israéliens au Rwanda". La déclaration contenue dans l’article du journal juif a contribué à donner un aspect certainement inattendu, mais terriblement inquiétant à la crise qui paralyse l'Afrique centrale et en particulier le Congo. Mardi 11 mai 1999, le journal canadien National Post publiait à la page 17, un grand article sur les Hema,
un autre peuple noir, qui allègue certifier, après analyses, que selon les gênes sanguins qui déterminent l'hérédité, ils seraient des juifs noirs descendants de Aaron, le frère de Moïse.L'article cite David B. Goldstein, un juif, généticien à Oxford (Angleterre) qui, selon le National Post aurait affirmé que « Le problème est qu'il y a eu des mixages avec les populations hôtes, ce qui a obscurci leur ascendance ». Cette façon de recourir à des termes tels que « mixage », « population hôte » et « obscurci leur ascendance » comporte, c’est le moins qu’on écrire une forte connotation raciste ; pourtant,
aucune protestation n’a été enregistrée contre le spécialiste en génétique humaine. Il est vrai que
depuis 1945, on permet tout aux Juifs. selon ’entendement de leur savant généticien qui exerce dans la célèbre université anglaise, certains ancêtres
de Juifs auraient sauvegardé la pureté de leur race tandis que d'autres auraient failli et se seraient mélangés à d’autres, obscurcissant ainsi,c’est-à-dire, noircissant le sang et les gênes originels suite à des croisements avec des sujets négro-africains.

 

UNE CONFERENCE DANS LA CONFIDENTIALITE

 

Dimanche 10 octobre 1999, une réunion est annoncée a Bruxelles dans la plus grande discrétion: c'est la conférence de Havila. Le lieu aménagé pour la onférence est le prestigieux Centre de éminaires 'Hôtel «Mercure» situé en « bordure du cadre exquis du Parc de Lauzelle, dans le Brabant Wallon belge » .
Pour bien et rapidement situer le lecteur, mentionnons
que « Havila » est le mot spécifique attribué à la région des Grands-lacs par ce mouvement de judaïsation des Tutsis.La conférence dite « inaugurale des activités académiques del'Institut de Havila » s'annonce par la proclamationde la judaïsation de tous les Tutsis » et s’articule autour des thèmes révélateurs suivants : « Sous le signe des armoiries hébraïques de Havila: l'Etoile de David » ; « Caractéristique des États modernes d'Israël et du Burundi »; « Les Tambours de Salomon ont les Souverains shebatiques de Havila sont les gardiens », « Autour des sources les plus méridionales du Fleuve sacré des Pharaons (le Pishon biblique ou Nil) ; « Un fragment des Hassarad Hadivarim (les Dix commandements de Moise) qui sont la marque de l'Alliance mosaïque et la figuration de la «mémoire perdue» des peuples hébraïques de Havila »

 

L'INSTITUT DE HAVILA

A l’insu des Congolais en particulier et des Bantus
africains en général, un « Institut des GRANDS-LACS »
existe depuis un certain temps et regroupe dans la plus grande discrétion les grands intellectuels tutsis à travers le monde. Dans les milieux tutsis, il
s'appelle « Institut de Havila » et « rassemble pas moins de sept centres de Recherche, d'Intervention et de Rayonnement, implantés sur presque tous les continents ». Ces centres ontl'objectif commun de restituer et de faire revivre la «mémoire perdue» des douze codes hébraïques qui ont caractérisé, depuis des millénaires, la civilisation des peuples kushitiques de l'Abyssinie Méridionale (Rwanda, Burundi, Buha, Ankole, Buhavu, etc.), censés être les gardiens des Mines du Roi Salomon'. Chacun des sept centres de l'institut de Havila a sa mission. Selon l'importance des sept centres de l'institut de Havila, mentionnons:
1) Le Centre «GEDEON»: qui fonctionne comme un «observatoire de la situation sécuritaire et
stratégique des peuples shébatiques de Havila » Il fait régulièrement rapport à l'Institut afin que les membres de Havila s'habituent à garder les pieds sur terre, d'avoir l'œil rivé sur les contradictions de l'histoire présente faites de crises transitionnelles etd'affrontements armés.


2) «Le Centre «ROI SALOMON», s'occupe de l'Analyse économique et financière dans Havila. Comme par hasard, devons-nous rappeler des expressions véhiculées par les promoteurs de cette conquête en Afrique centrale: "Mines du roi Salomon" (le Kivu), les 'Pipelines du Roi Salomon' (projet en cours avec le gouvernement Kabila pour offrir l'eau du Fleuve
Congo à Israël) . Fondamentalement, comme pour le cas
 u nom "Mulenge" dans la guerre actuelle qui a commence au Kivu, la mission que se donne « le Centre Roi Salomon » de l'Institut Havila, soulève la curiosité de savoir ce qui restera aux Congolais en tant que peuple.


3) Le Centre «HAKIM» qui s’est donné pour objectif de rassembler des spécialistes en Médecine, en sciences naturelles, en Écologie, tous chargés d'étudier les conditions des écosystèmes dans lesquelles ont émerge les civilisations anciennes de Havila, le mode de vie et d'alimentation des peuples de Havila, qui en ont fait qu’à cette époque, ces peuples comptaient parmi
eux un pourcentage très élevé de centenaires, comme les caucasiens. 


4) Le Centre «MULENGE» qui a reçu la mission de maîtriser ce qu'on appelle les Nouvelles Technologies de Communication. Il doit rassembler la documentation, les pièces d'archives, relatives à Havila, mais aussi publier, dans les Annales de Havila des dossiers documentaires sur toute question jugée cruciale par la direction de l'Institut. Le Centre d'«ISHMGO», qui appuie , s'occupe notamment des questions logistiques ; il est charge entre autres de collecter des pièces de Musée caractéristiques des peuples anciens de Havila, d'organiser des manifestations culturelles et folkloriques spécifiques uxcivilisations de Havila, de faire fonctionner la «Fabrique d'Ishango» au sein de laquelle des artisans spécialisés reconstituent l'art t 'artisanatsalomonique de Havila


5) Le Centre «TECHOUVHAH» s'occupe de la connexion
mémorielle des peuples shébatiques du Nil Blanc : Havila (GRANDS-LACS) et du Nil Bleu : Guihon
(Éthiopie, Somalie, Érythrée, Ogaden, Ghana, Nigeria),


6) Le Centre «SACEGA» qui est chargé de raviver le souvenir de l'institution du bâton de justice et de gouvernement dans Havila. En Kirundi ce bâton "Intahe" rappelle "la déconnection physique et mémorielle des peuples de Havila par rapport à la mémoire de l'antique Israël, dont ils gardent néanmoins les codes salomoniques et mosaïques, coulés dans des traditions multimillénaires, jusqu'ici épargnées de toute tentative de décodage systématique".

 

7) Le Centre «BILKIS-REINE DE SABA» qui avait organisé  cette conférence, est chargé de l'Analyse et de l'Intervention politique et diplomatique pour les questions relatives au destin des peuples de Havila; Pour les Tutsis, la prophétie a ses caractéristiques: pas le retour historique vers Israël « mais le retour vers l' Israël prophétique » que figure la «Techouvha», « l'espérance de la réunification des "Tribus perdues d'Israël " qui est l'espérance
mystique centrale du peuple d'Israël, dispersé aux quatre coins de la terre, depuis la destruction du premier Temple et la déportation à Babylone (-586) qui
marque la dispersion dans les Nations ». Les sources de GRANDS-LACS Confidentiel indiquent que les grands intellectuels tutsis ont célèbre le «troisième millénaire », par « la réunification
physique des tribus perdues de Havila, de Guihon et du Fouta Djalon » .

Un »gigantesque festival » s’était tenu pendant 10 jours (du dimanche 24 octobre au mardi 2
novembre 1999) à AGULERI dans l'Igboland (au Nigeria).
Pour bien marquer la référence historique, cettepériode est conforme à la fête juive de la sortie de l'esclavage d'Égypte


LES ORGANISATEURS


Retenons quelques noms: l'-African Hebrew
Organisation', la 'King Solomon Sephardic Federation (KSSF) ' et la diaspora juive rassemblée dans le
"Groupe industriel RIVKIN TECHNOLOGY" 


LA BIBLE, LES MYTHES ET LES FAUSSES PROPHETIES


Vendredi le 18 septembre 1998, dans un article intitulé « L'or du Kivu, enjeu caché du conflit en RDC l’Agence France Presse écrivait: « Une légende vivace dans l'est congolais situe les mines d'or du roi Salomon dans cette zone' (Kivu), territoire qui alors était et qui reste encore sous le contrôle jaloux de Paul Kagame, le président rwandais de facto. Aujourd'hui comme alors, le pillage de l'or du Kivu battait son plein ».Une autre version veut que ceux qui appuient les Tutsis dans la guerre de conquête au Congo-expliquent l'invasion actuelle au Congo par la bible.  

 

En effet, à la conférence de Havila, quelques versets bibliques furent lus: le livre de l'Exode 4, 17; 17, 5; 3,10; 3, 16-20 et 17, 5-7.Selon eux, « la guerre actuelle de conquête tutsie dans la région de grands-lacs, « HAVILA », et surtout au Congo est « un fait prophétique, une volonté de Dieu d'Israël « . Et pour preuve, ils se réfèrent au livre biblique d'Essaie, chapitre 18, verset 1-2 qui, assurent-ils, vient à l’appui de leur entreprise guerrière. Ici on parle des « peuples de grande tailles »,compris et interprétés aujourd’hui comme étant les tutsis, qui hériteraient le pays situé entre deux fleuves au sud de l'Éthiopie (le Congo) . Cette région serait donc l'actuelle région des Grands lacs africains ou simplement en termes tutsis- hébreux: «la terre sacrée de Havila », « la mémoire perdue des douze codes hebraïques des peuples kushites de l'Abyssinie Méridionale comprenant le Rwanda, le Burundi, le Buha, l’Ankole, le Buhavu, etc. »


UN NOM NOUVEAU, L'EMPIRE HIMA-TUTSI


Selon un document confidentiel parvenue à GRANDS-LACS Confidentiel (Glac), les ambitions d'un empire hima sont plus réelles que nos lecteurs ne peuvent se l'imaginer. La région des Grands-lacs est désormais désignée sous une nouvelle appellation: « HAVILA »,la terre sacrée de Havila » ou « la mémoire perdue des douze codes hébraïques des peuples kushites de l'Abyssinie Méridionale (Rwanda, Burundi, Buha,Ankole, Buhavu, etc.
Géographiquement, partant de cette dernière citation,la terre sacrée de Havila se dessine comme suit; - Rwanda: l'actuel Rwanda, pays des mille collines avec capitale Kigali, - Burundi: capitale Bujumbura, -Buha: du nom Baha ou Muha (au singulier); peuple de la Tanzanie occidentale. Par extension, Buha désigne la Tanzanie. - Ankole: région de l'Ouganda occidental habite majoritairement par les Banyankole, tribu laquelle le Président Museveni s'identifie par truchement. - Buhavu: Région habitée par les Bahavu c'est-à-dire l'actuelle région du Kivu de la République démocratique du Congo. Le nom du chef-lieu du Sud-Kivu, 'Bukavu' serait une déformation du mot Buhavu. L'Empire des 'tutsis-hebreux', 'la terre sacrée de Havila' (la région des grands-Lacs africains)englobera donc les pays suivants: Rwanda, Burundi,Buha (Tanzanie), Ankole (Uganda), Buhavu (Kivu,province orientale du Congo), etc.


LES TENORS DE LA CONFERENCE


Que le lecteur se démystifie de la légèreté de cet empire hima-tutsi. Pour fait, les maîtres à penser de cet empire sont, comme il pourra le constater en prenant connaissance de l’identité des principaux animateurs de la conférence de Havila, des personnalités hautement instruites qui, non seulement ont tissé des relations avec certains groupes juifs,mais aussi avec plusieurs partenaires occidentaux, politiques, économiques, financiers, bancaires et industriels et militaires qui leur permettront de réaliser leur projet au prix des richesses abondantes dont regorgent ces États. A titre d'exemple, nos sources indiquent que depuis la prise de Kindu en RD Congo, en octobre 1999, Paul Kagame a exporté au Rwanda "950 tonnes de cassitérite traitée en laboratoires, 280 tonnes de colombo-tantalite (pillées à la SOMINKI), 11.000 tonnes de maïs, 4.500 fûts d'huile de palme; de quoi se nourrir suffisamment, consolider les alliances et acheter des nouvelles armes pour massacrer les congolais".Parmi les grands ténors de l'Institut de Havila citons entre autres:


1. Jean BWEJERI: " Professeur, universitaire de haut
vol, connu dans le monde de l'enseignement et de la
recherche depuis une • quinzaine d'années. Formé à l'École de la Nouvelle Linguistique qui a revêtu les formes de la Pragmatique linguistique, de l'Analyse du Discours et de la Nouvelle Communication, il consacre actuellement le maximum de son temps et de ses compétences à la recherche post-universitaire orientée vers la trans-disciplinarité en sciences humaines,
ratissant d'une traite les champs de la critique littéraire et textuelle, de la Nouvelle Linguistique,
de l'Analyse du Discours, de l'Histoire ancienne et moderne, de l'Anthropologie africaine, de l'Analyse sociologique et politique, de l'épistémologie contemporaine des sciences sociales, des études bibliques, de la philosophie générale et africaine.


2. Maître Matthias NIYONZIMA: " Avocat au Barreau de Bruxelles. Docteur en Droit de la KUL et Lauréat de la prestigieuse Académie de Droit International de La Haye, ce brillant avocat enseigne actuellement à l'Université de Nantes. Il est écialiste des questions relatives au Droit Africain Comparé, au Droit des Affaires et au Droit du Commerce nternational.


3. Capitaine CIRAMUNDA Richard-Delvaux: Coordonnateur
du Centre GÉDÉON pour la Stratégie et la Défense dans Havila. " Ce jeune officier est spécialiste en criminologie et en Études de stratégie militaire. Il a
obtenu ses diplômes universitaires et militaires à l'École Royale Militaire de Bruxelles et a choisi de mettre ses capacités d'analyse et d'engagement a la disposition de l'Institut de Havila, qui a urgemment besoin de comprendre, de faire comprendre au monde entier et de traiter l’opinion publique internationale sur ce qui se passe sur le terrain, en termes de stratégies géopolitiques et d'opérationsmilitaires.


4. Monsieur Gaspard KIROMBO: Coordonnateur du MULENGE>- " Lauréat de la Faculté des Sciences Politiques et Sociales de l'UCL, et diplômé des Sciences Religieuses de la même Université, Monsieur KIROMBO avait accepte d'être Modérateur de cette Conférence inaugurale


5. Le même document confidentiel, mentionne aussi « la diaspora juive rassemblée dans le Groupe industriel RIVKIN TECHNOLOGY »


D'autres sources nous indiquent que parmi les conseillers stratégiques pour l'édification et l’implémentation de l'empire Havila, on retrouve des personnalités comme Kimenyi Alexandre
(Professeur, américain d'origine tutsi-rwandaise), Deogratias Bugera (ancien réfugié rwandais au Congo qui passe pour un Munyamulenge), Bizimana Karahamuheto (cousin de Kagame, originaire du Rwanda, un autre Munyamulenge, Jerôme Gapangwa Nteziryayo (Evêque
d'Uvira, Docteur en Histoire Ecclésiastique) et quelques hommes d'affaires tutsis.

 

LES FAITS DE LA GUERRE


Le prestigieux journal tanzanien 'Daily Mail', dans
son édition du 14 janvier 1999 sous le titre de « George Bush, Museveni own shares in Congo mines » publiait un article dans lequel il pointait du doigt un ancien général de l'armée israélienne David Agmon comme l'un des hommes qui pillent les minerais dans le territoire congolais occupé par le Rwanda. Des sources fiables ont indiqué à GRANDS-LACS Confidentiel que les armes qui ruinent le Congo viennent de la Roumanie, des États-Unis et d' Israël. Elles sont envoyées au Rwanda et à l'Ouganda sous le prétexte et dans « le cadre » de la « coopération bilatérale militaire » avant d'être acheminées au Congo par le Rwanda ou l'Ouganda.Les mêmes sources indiquent que certains dignitaires du gouvernement israélien fournissent à Museveni et Kagame appui diplomatique, aides financières et assistance militaire . La Panafrican News Agency (PANA), dans un article daté du 27 janvier 2000 est venue renforcer ce qui était alors repris comme une simple rumeur par l’AFP.

 

Annonçant un projet consistant à drainer l'eau du fleuve Congo pour l'offrir gratuitement aux Israéliens, la PANA a révélé que le projet prendrait le même nom juif qui véhiculait les mythes des minerais au Kivu. Le projet de l'eau du fleuve Congo s'appellerait : « les pipelines de Salomon ». Ce projet ambitieux qui mettrait ensemble certains congolais de la diaspora et des hommes d'affaires américains est une entreprise qui ne convainc que ses initiateurs. A la lumière des origines de la guerre actuelle au Congo et les conséquences sur sa population, est-il acceptable que quelques ministres du gouvernement congolais en guerre, décident, sans consulter la population, d'une question aussi capitale et importante que l'eau du fleuve Congo, question quiimplique toute la vie d'une nation pendant de nombreuses générations à venir de toute évidence, le Congo n'a pas vraiment de spécialistes environnementaux ou d’hydrologues capables de démontrer hors de toute contestation possible que le projet 'Salomon Pipeline', tel que c'est conçu, n'aura pas d'impact positif sur le Congo et sa population dans les décennies à venir.

 

Par contre, ceux qui, de manière égoïste, en tireront de plantureux profits financiers n'auront pas de peine à faire avaler aux Congolais qu'il n'y aura aucun danger ou impact négatif sur l’ environnement. dans les pays organisés, une question comme celle de 'SalomonPipeline' aurait engendré un grand ébat national etnécessité un referendum pour recueillir l'opinionpopulaire. Au bureau de Westrac (la compagnie du projet 'Salomon Pipeline'), on se contente d'expliquer cela avec une extrême légèreté simplificatrice: « C'est l'eau qui va ramener la paix » au Congo (car Salomon signifierait paix). C'est un projet qui va transformer le Congo, moins que ne l'ont fait ses fils et filles pendant les40 dernières années; avec la construction d’églises, de mosquées, d’hôpitaux, d’infrastructures portuaires et aéroportuaires, de parcs, de logements, de centres commerciaux etécoles'.

 

CONNECTION AUX MEDIAS BELGES

Au lendemain de la conférence de Havila, les connections tutsies belges font diffuser par «
coïncidence historique » à la chaîne culturelle francophone «Club RTL» le célèbre long métrage
d'Andrew COMPTON et Bennett MARTON consacré aux Batutsi de Havila, sous le titre évocateur de: « Les Mines du Roi Salomon ».

 

Avec Havila « tout n'est pas
fini », « quelque chose de nouveau commence », un réseau qui tisse des connivences avec les Américains, les Juifs, les Belges etc. pour disloquer le Congo et mieux dominer la région des Grands-lacs africains. Le président Laurent-Désiré Kabila avait tout compris quand il avertissait d'avance les Congolais que la guerre allait » durer longtemps. »

 

SOCIETECIVILE.CD


15/07/2013
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REACTION D'AMMAFRICA WORLD SUR L'INAUGURATION DE LUMUMBAVILLE!!!

INAUGURATION D'UNE VILLE A L'HONNEUR DE L'ILLUSTRE MEMOIRE DE P.E. LUMUMBA

Une Très Bonne chose pour cette Nation tant convoitée remplie des combats,des massacres et une continuité de son affaiblissement, mais malgré tout, les Congolais y croient, et inaugurent en guise de sa memoire, une ville en son honneur.Puisse cette ville servir d'instruction sur l'histoire de ce pays afin que ce peuple vivant dans une ignorance accrue, puisse enfin comprendre que Lumumba ne voulait que leur propre bonheur dont les "Traitres de la Nation" reconnus dans le dossier ont réussi à étouffer cela! Devrait-on les punir pour ce dont ils ont commis?,la conscience interpelle tout le Monde.Sinon, sans justice, il n'y a pas de paix veritable pour l'intérieur de ce grand pays qui risque encore de se balkaniser si les Congolais demeurent diviser comme ils le sont actuellement!

Vouloir ou pas, Ammafrika reconnait avec profondeur, la valeur de P.E. Lumumba et nous saluons ce projet avec une joie PATRIOTIQUE!!!!

Mama Feza.

Lumumbaville devrait bientôt voir le jour dans le centre de la RDC. La création de cette ville, baptisée du nom de Patrice Lumumba, a été décidée, lundi 13 mai, par le conseil des ministres.
Il y avait Lubumbashi, voici Lumumbaville. Dans les tuyaux depuis janvier, la création d’une nouvelle ville du nom de Patrice Lumumba, héros de l'indépendance et Premier ministre assassiné en 1961, a été entérinée, lundi 13 mai, par le conseil des ministres.


Lumumbaville couvrira « les emplacements actuels de la cité de Wembo-Nyama et du groupement Ewango », dans le centre du annonce le communiqué du conseil des ministres. Cette bourgade se trouve dans le territoire de Katako-Kombe d'où était originaire Lumumba, une région située dans la province du Kasaï oriental, au centre du pays.


Plus de 50 ans après sa mort le 17 janvier 1961, la famille de Patrice Lumumba réclame toujours que tout la lumière soit faite sur cette affaire.


Zones d'ombre


En décembre 2012, la justice belge a décidé d’ouvrir une enquête sur son assassinat, après qu’une commission d'enquête parlementaire belge de 2001 avait déjà conclu à la « responsabilité morale » de la Belgique dans le crime. Le gouvernement avait alors présenté les excuses officielles de la Belgique à la RDC.


En avril 2013, dans une contribution au magazine London Review of Books, le Lord travailliste David Lea a affirmé que Daphné Park, une ancienne cadre du MI6, lui a confié en 2010 avoir « organisé » l'assassinat du héros de l’indépendance du Congo.


(Avec AFP)

 

AMMAFRICA WORLD


15/07/2013
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DEUX REVOLUTIONS EN LAPS DE TEMPS EN EGYPTE,MORSI L'ELU DU SCRUTIN 2012 MIS A L'ECART!!!

LA REVOLUTION A ENFIN EU LA TÊTE DE MORSI:L'ELU DU SCRUTIN 2012

L'armée chasse Morsi du pouvoir.

Bachar al-Assad félicite le peuple égyptien
La révolution a enfin eu la tête de Morsi!

Mohammed Morsi

Après plusieurs jours de manifestations, les occupants de la place Tahrir ont obtenu gain de cause ce soir. Le président, membre des frères musulmans, Mohammed Morsi a été démis de ses fonctions par l'armée. L'Etat major a annoncé une période de transition pilotée par la cour constitutionnelle. Au Caire, la situation est explosive, entre liesse des révolutionnaires et colère des anti-morsi qui dénoncent le coup d'État. 

Mercredi soir, l’armée a annoncé sur sa page Facebook qu’elle prononcerait un communiqué. Pour leur part, les forces politiques d’opposition se sont rassemblées derrière Mohammed El Baradei, ancien diplomate cairote, un temps pressenti pour la succession de Moubarak. Ces forces d’opposition, réunies sous la bannière « Front de salut national » avaient annoncé qu’elles prendraient la parole ce soir pour annoncer une feuille de route.

Le communiqué est intervenu vers 21h15, après que les forces militaires ont pris place à divers endroits stratégiques de la ville, particulièrement au siège de la télévision nationale et à Nasr, où s’étaient réunis les manifestants pro-Morsi. 

 

Une transition technocratique

Le chef des armées, Al-Sissi, a lui-même pris la parole en direct, sur la chaine de télévision nationale. Il était entouré de la plupart des leaders politiques et religieux du pays : El Baradei, le pape Copte, les leaders salafistes, le cheikh d’al Azhar. Il a annoncé une série de mesures conformes aux attentes des manifestants.


— Il a confirmé la fin du mandat de Mohammed Morsi.
— Il a annoncé le début d’une période de transition — la durée n’a pas été précisée. Lors de cette période, la constitution sera modifiée et des élections présidentielles puis législatives auront lieu.
— La cour constitutionnelle assurera le pouvoir durant cette période, l’armée n’aura aucun rôle politique. La plupart des juges de la cour constitutionnelle ont été nommés sous Moubarak, mais l’Égypte, depuis l’empire napoléonien, a une approche très française du droit. En l’espèce, la cour constitutionnelle a une réelle indépendance. Notre contact sur place parle de « décision historique ». Le président de la cour constitutionnelle, Adly Mansour, devrait prêter serment jeudi 4 juillet. Il deviendra le président par intérim et la constitution sera suspendue.  
— la liberté d’expression et de presse est garantie.

À la suite du discours de Al Sissi, les représentants se sont succédés pour annoncer qu’ils soutenaient le plan. La foule place Tahrir a accueilli ces nouvelles avec une liesse d’une ampleur comparable, voire supérieure à celle du 11 février 2011.

El Baradei a précisé que le peuple égyptien avait montré sa volonté de faire front pour la liberté et la dignité. Une commission de réconciliation va être mise en place. Tous ont appelé à l’union nationale.  

Assad félicite le peuple égyptien

Mohammed Morsi

Le président de la Syrie, Bachar el-Assad, a félicité les manifestants égyptiens, mercredi, affirmant que l’expulsion du président Mohammed Morsi sonnait le glas de la«politique islamiste».

Il a déclaré que les Égyptiens avaient découvert tous les«mensonges» des Frères musulmans, dont est issu le président égyptien déchu. M. Morsi a été écarté du pouvoir mercredi par la puissante armée de l’Égypte.

Le président Assad a tenu ces propos lors d’un entretien avec le quotidien officiel Al-Thawra, dont des extraits ont été publiés sur sa page Facebook en fin de soirée mercredi, au moment même où l’armée confirmait l’expulsion de Mohammed Morsi. L’entrevue complète doit être publiée jeudi.

Morsi qui avait récement demandé à Bachar al-Assad de quitter le pouvoir faisait partie du noyau dur anti-Assad. Il avait à plusieurs reprises menacé de confier l'ambassade syrienne du caire aux terroristes

Morsi déclare qu'il est toujours le président légitime de l'Egypte

Morsi a déclaré mercredi soir qu'il est toujours le chef de l'Etat légitime.

"Il n'y a pas d'alternative pour la légitimité, la Constitution ou la loi", a-t-il indiqué dans une déclaration préenregistrée par la chaîne de télévision Al Jazeera.

La déclaration de M. Morsi est intervenue après que l'armée eut désigné le président de la Cour constitutionnelle suprême pour diriger temporairement le pays jusqu'à l'élection d'un nouveau président.

"Je suis prêt à s'asseoir avec n'importe qui pour le dialogue et les négociations", a déclaré M. Morsi qui se trouve dans une localité gardée secrète, selon certaines sources locales.

"Le coup d'Etat va tirer l'Egypte en arrière (...) et tous les gens doivent assumer leur responsabilité devant Dieu, le peuple et l'histoire",

a indiqué M. Morsi.

 

Sévérine Toche

Sources: 

Métro,journalinternational

(Titre)

AMMAFRICA WORLD



04/07/2013
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Vidéo-Réflexion en Hommage à la Vaillante Guerrière Spirituelle Kimpa Nvita alias Donna Béatrice!

La Prophétesse Kimpa Vita :

Ses adeptes connus sous le nom «Antoniens» 

 

C'est donc en cette date du "2 Juillet 2013" soit 3 siècle durant que mourrut sur un "Bûcher", la surnommée "Jeanne d'Arc du Kongo"! Nous commémorons sa mémoire pour rappeler le souvenir d'un effort vaincu et mal compris...

 

PART I:

VERSION DE L'HISTOIRE


Kimpa Vita, appelée aussi Dona Béatrice, la « Jeanne d'Arc du Kongo »  Fondatrice du mouvement messianique des Antoniens, Kimpa Vita avait entendu en rêve saint Antoine lui ordonner de ramener le roi Pedro IV à Sâo Salvador, la capitale du Kongo détruite par la guerre, et de récupérer les insignes royaux détenus par l'usurpateur Jean II. Grâce à l'influence que prit sa secte au Kongo, la prophétesse réussit à ramener le roi dans sa capitale, mais ce dernier ne lui en sut aucun gré, bien au contraire, et la livra aux autorités ecclésiastiques portugaises. Condamnée comme hérétique, Kimpa Vita fut brûlée vive en 1706

 

Son histoire est inscrite dans les archives missionnaires du Portugal.

Au XVe siècle, les navigateurs européens ont découvert les côtes africaines et des relations commerciales entre les peuples se sont mises en place. Mais, en même temps que les commerçants attirés par le profit, sont arrivés les missionnaires convaincus de faire le bien en convertissant les populations animistes, qui souvent bouleversèrent les coutumes, et parfois les esprits. Kimpa Vita fut victime de ces malentendus provoqués par le choc des cultures. 

Après de longs mois en mer, suivis d’une marche éprouvante, le père Lorenzo atteint enfin la destination qu’il s’est fixée : Mbanza Kongo, la capitale d’un vieux royaume situé au centre du mystérieux continent africain. Le Kongo a été découvert en 1482 par le Portugais Diego Cao et, depuis, ses souverains entretiennent des relations commerciales basées sur des échanges de produits divers auxquels les uns et les autres attachent du prix. Le Kongo reçoit des produits manufacturés, tandis que le Portugal importe des esclaves et des denrées exotiques.


Les Mani-Kongo (rois) ont toujours bien accueilli ces étrangers venus par la mer, ils ont accepté leur religion et la présence de leurs missionnaires. L’arrivée du père Lorenzo, en ce mois de septembre 1704, n’a donc rien de surprenant.
La vieille cité, nommée Mbanza Kongo par les habitants du pays et Sao Salvador par les Portugais, est le cœur du royaume, l’endroit où se confrontent la tradition et la modernité. Sa réputation en a franchi les frontières : c’est dans la citadelle, située sur un éperon rocheux, que se déroulent les rites royaux et les cérémonies imposées par la coutume, tandis qu’à ses pieds des maisons, des églises et même une cathédrale rappellent la présence de ces hommes au teint pâle venus de pays lointains.

 

Saint Antoine est entré dans sa tête et parle par sa voix


Les récits parvenus aux oreilles du missionnaire lui ont fait espérer une prospérité que la ville ne possède plus. Guerres, pillages et incendies ont mis à terre les belles constructions de ce passé glorieux. La broussaille a repris ses droits et, dans ce pays fertile, les lianes et les pousses d’arbres ont soulevé même les matériaux les plus durs pour ne laisser place qu’à des cabanes en terre, en branchages et en palmes, plus vite démolies, mais aussi plus vite reconstruites. Le père Lorenzo est atterré.


  Le père Bernardo, tout puissant à la cour et conseiller du Mani-Kongo, va lui donner les explications qu’il attend. Durant trente ans, plusieurs chefs de régions se sont disputés le pouvoir et une succession de petits rois ont mis à mal les ressources du pays. Pedro IV, l’actuel roi du Kongo, pourtant légitimé et reconnu en 1694 par l’ensemble des dignitaires, s’est retiré sur le mont Kibangu, au nord de Sao Salvador, laissant la ville à l’abandon.


La population souffre et les esprits s’échauffent. Ils ont besoin d’espoir, un espoir que semble leur apporter une jeune fille animiste de 20 ans : Kimpa Vita. Baptisée, elle se dit désignée par Dieu pour apporter à son peuple les changements tant attendus. Saint Antoine est entré dans sa tête et parle par sa voix. Il dit : « Un nouveau royaume va naître. Vous devez reconstruire la ville, relever les maisons, redonner à la terre sa fertilité et ses récoltes ». Les adeptes sont nombreux autour de la jeune fille : « Salve, ô Sao Antonio ! Ave Maria ! Kimpa Vita, notre Dona Béatrice va nous sauver. » Un grand mouvement de foules envahit la ville, on crie, on chante, on danse, on pleure. L’émotion est forte parmi tous les malheureux qui sont venus entendre la prophétesse. Et elle, jeune, pure, belle, livre ses inspirations : « Le roi Pedro doit quitter son refuge du mont Kibangu. Qu’il vienne. Nous l’attendons. »

 

Une Prophétesse Séductrice aux Yeux si Beaux


Chacun doit participer au renouveau. Kimpa Vita, devenue pour tous « Dona Béatrice », illumine son entourage par sa foi et ses prières. Et l’on se prend à espérer, à retrouver l’envie de participer à cette grande ambition que propose la foi chrétienne par l’intermédiaire de sa prophétesse.

Parmi les adeptes, un homme grand prêtre animiste l’écoute avec attention. Il pourrait être son père mais il s’est mis à son service car il admire sa beauté, sa force et ses convictions. Kimpa Vita a trouvé en lui un appui. Il est présent lorsqu’elle se retire pour prier. Il l’aide à convaincre. Dona Béatrice le nomme Saint-Jean, du nom du disciple bien-aimé du Christ.


Saint-Antoine les inspire. Il faut que le Mani-Kongo revienne. Et Kimpa Vita prend la tête d’un groupe de fidèles qui se dirige vers la citadelle royale, en priant et en chantant. Saint-Jean est à ses côtés. Tous deux sont persuadés qu’ils vont ramener le roi au sein de sa ville. Le groupe de tête franchit les barrages, et la jeune fille se trouve devant Pedro qui l’accueille avec étonnement. Que veut cette prophétesse si jeune, aux yeux si étranges et si beaux ? Quel est ce destin qu’elle lui offre ? L’unité du royaume retrouvé, le renouveau ? N’est-ce pas un piège tendu par ses ennemis ?


Le père Bernardo n’apprécie pas les déviations du dogme animisme et les sectes qui en découlent. Pour lui, ces « Antoniens » menacent la foi. Kimpa Vita ne dit-elle pas que la terre sainte est le Kongo ? Que le Christ est né à Sao Salvador et que les pères de l’Eglise étaient des Africains ?

Bien sûr elle incite à brûler les fétiches, mais aussi la croix du Christ, et elle veut créer une église africaine noachique en écartant les étrangers de l’entourage du roi.

 

Pedro hésite. Va-t-il prendre la tête du grand renouveau que lui propose son peuple ou endosser la méfiance de ses partenaires blancs ? Le roi a besoin d’y voir clair. Il demande une confrontation. Dialogue de sourds entre deux convictions.

 

 Pour Kimpa Vita les hommes blancs sont nés de la pierre de savon et les noirs d’une sorte de figuier. Les racines de ce figuier doivent reprendre vie grâce aux enseignements de Saint-Antoine, un Saint Antoine qu’elle incarne et qui manifeste sa volonté de voir le peuple du Kongo s’affranchir de ses liens étrangers. Pour les missionnaires, voilà qui est inacceptable, tout comme est sacrilège la déformation de la religion à laquelle ils assistent. Animisme, Incantations, prières, transes et contorsions, prédictions et chants divers ponctuent les cérémonies de la prophétesse, ralliant autour d’elle de plus en plus de monde.

 

La « Vierge » Condamnée à Mort


Entre les hommes de la science chrétienne, dont il a besoin pour contrer ses adversaires, et la jeune illuminée aux paroles enflammées, si convaincante soit-elle, le roi mettra deux ans à choisir, deux années durant lesquelles Kimpa Vita construit son église.
Devenue aux yeux de tous Dona Béatrice, elle a acquis un prestige qui menace celui du roi et des missionnaires. « Dieu veut l’intention » clame-t-elle. « Les prières sont des pièges, les cérémonies religieuses des offenses à notre propre église ». On écoute ses propos, on la vénère.
Si elle a disparu un jour de 1705, c’est qu’elle a rejoint Saint Antoine et qu’elle va ressusciter sous peu. Le peuple l’attend. Mais la réalité est autre.
Prophétesse oui, mais femme aussi. La présence du beau « Saint-Jean » à ses côtés, sa fidélité, son dévouement ont fini par concrétiser les liens qui les unissent. La « Vierge du Kongo » se voit contrainte de dissimuler aux yeux de tous le fruit de ces relations coupables. Elle disparaît mais on finit par la découvrir. Belle occasion pour les prêtres de dénoncer l’imposture. Une nouvelle vierge Marie Allons donc ! Pour eux Kimpa Vita doit abjurer publiquement ses erreurs. Ils s’en contenteraient mais elle s’y refuse, et le Conseil royal prononce alors une sentence de mort.


Et voilà pourquoi, en ce jour de juillet 1706, deux ans après son arrivée à Mbanza-Kongo, le père Lorenzo assiste à un spectacle qui le remplit de terreur tout autant que la foule amassée sur la grand place de la capitale du royaume. Un bûcher est préparé pour l’hérétique. La prêtresse, son bébé, et son compagnon sont conduits sur le tas de bois et leurs corps sont environnés de flammes. Dona Béatrice, plus de deux siècles après Jeanne d’Arc en France, meurt « avec le nom de Jésus en bouche », écriront les témoins.

 

Mais la jeune Kongolaise a mis l’espérance au cœur de son peuple animiste.

Ses adeptes, connus sous le nom d’ Antoniens, affirmeront qu’une belle étoile est apparue sur le lieu du sacrifice et ils continueront à transmettre son message.


L’ancien royaume du Kongo est resté dans la mémoire des habitants qui le peuplèrent jadis et qui, aujourd’hui sont dispersés en Angola et dans les deux Congo ; quant à l’histoire de Kimpa Vita elle a été consignée dans les écrits des missionnaires portugais qui en furent témoins et qui nous l’ont transmise.

 

Source:Google

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PART II:

MAMA KIMPA VITA

 

1684-1706

 

‘C’est en allant vers la mer que le fleuve est fidèle à sa source’

 

Laurent   Fabius, (ancien  premier ministre, ancien député, ancien président de l’assemblée nationale de France)

 

Fondée  au 13ème siècle par L’INDOMPTABLE   NE–NIMI LUKENI, le royaume  Kongo connut une première pénétration européenne en 1482 par le portugais  DON DIEGO CAO, membre  de l’ordre du Christ  du  PRINCE HENRY LE NAVIGATEUR. Des documents historiques stipulent  que ce dernier était à la recherche d’une route pour les indes, pourtant certains murmurent  que les  explorateurs portugais  de l’ordre du Christ (une branche de la franc-maçonnerie) étaient en possession d’un miroir à travers lequel ils ont découvert  la plupart des terres. Donc de la même manière que les rois  mages découvrirent  la naissance du Christ  par une étoile, c’est aussi de la même manière que les explorateurs portugais  découvrirent le royaume Kongo sur lequel brillait une très grande étoile. Les portugais   furent surpris et étonnés de l’organisation social  et politique de ce royaume  et surtout   du raffinement de la cour du roi.

 

Le royaume Kongo établira une relation avec le Portugal, cette relation débouchera à des échanges commerciaux. Le Kongo reçoit des produits manufacturés, tandis que le Portugal importe des esclaves et des denrées exotiques, Ensuite le Portugal imposera  sa religion , le christianisme,  en envoyant des missionnaires, alors que  les KONGOS croyaient déjà en un Dieu , NZAMBI-A-MPUNGU. En  réalité  les Kongo croyaient en  une trinité qui forme un, a savoir  LUKANKANSI,  Dieu  suprême du ciel, NZAMBI,  Dieu de la terre,  KALUNGA Dieu des eaux et des choses cachés comme ont dit chez les catholiques , le père le fils et le saint esprit.

 

En imposant le christianisme au  KONGO,  les portugais commencèrent à détruire les coutumes ancestrales,  disons mieux  les  enseignements divins transmis par les ancêtres depuis des siècles.  Selon   Le Professeur  COME KINATA ,MAITRE ASSISTANT D’HISTOIRE A L’UNIVERSITE MARIEN NGOUABI DE BRAZZAVILLE  < la christianisation ne fut qu’un fourrier du colonialisme, les missionnaires portugais ne furent que les vrais artisans de la colonisation européenne  qui débouchait sur la traite négrière afin d’agrandir le commerce de leurs pays et préparer la source de nouvelles richesses>.  Les missionnaires, particulièrement les capucins, qui sont les pionniers de la christianisation du royaume Kongo, furent tout puissant à la cour du Mani Kongo, LE PERE BERNARDO DA GALLO fut  conseiller du Mani Kongo, le ROI PEDRO IV ; il était en quelque sorte son directeur de cabinet. Il contrôlait le pouvoir royal. Bernardo da Gallo  fut un grand bastionner et un brûleur de village,  se comportant  comme un vrai colon.

 

 

 

La traite négrière instaurée par les blancs  va opérer une gigantesque ponction démographique et déstabilisera considérablement les entités politiques et la société Kongo.  L’arrivée des blancs n’aurait été que le début d’une ruine économique et social. Plusieurs chefs de province se disputèrent le pouvoir  pendant trois décennies. En 1694, LE ROI PEDRO IV  pourtant légitimé et reconnu par l’ensemble des dignitaires se retirera au nord de SAO SALVADOR, laissant la ville a l’abandon. C’est dans un  climat de souffrance et de désordre social  qu’a la fin de l’année 1703 a KIBENGA, une vielle femme au nom de  MAMA APOLONIA MAFUTA eu une vision  de  MARIE , MERE DE JESUS,  elle alla annoncer à la population de sa vision de la vierge marie  “ J’AI  VU LA VIERGE MARIE, ET SON FILS JESUS , ILS SONT NOIRS , ILS SONT ENTOUREES DE SAINT NOIRS ,  (voir aussi dans www.jesusmafa.com)et que jésus était fâché contre les Kongos, il était en voie de punir les Kongos, s’ils n’occupaient pas la ville de Sao Salvador.

 

 

 

La vielle  MAFUTA découvrit une pierre en forme de tête humaine  non loin du mont kibangou, elle s’est dit que  c’ étaitla tête de Jésus. Pendant qu’elle prêchait, une grande foule l’entourait. Elle dénonçait la sorcellerie et tous les objets négatifs ou  “ NKISI”.  Il est à noter qu’ à cette époque e l’église  chrétienne  des blancs était appelée par les Kongos “NZO A NKISI” et la bible “ NKANDA NKISI”.   MAMA MAFUTA   considérait aussi NKISI  les médailles apporter par les prêtres blancs. Elle n'était pas seulement chrétienne, mais aussi contre la sorcellerie Kongo utilisée a des fins maléfiques qui avaient pour corollaire la jalousie, la guerre civile. MAMA MAFUTA  avait considéré la croix des prêtres capucins comme étant un objet pour la domination  des blanc sur le royaume. Pour elle, la croix et les images du Christ blanc constituaient un fétiche très puissant utilisé par les missionnaires.

 

 

 

MAMA MAFUTA  avait opéré des miracles. Une fois elle avait guéri une femme d’une morsure de serpent rien qu’en la touchant et en récitant le nom de la trinité a savoir  LUKANKASI, NZAMBI ET   KALUNGA.  Les prêtres capucins approchèrent le roi PEDRO IV  et lui mirent la pression d’arrêter MAFUTA  et de la livrer aux prêtres blancs  pour vérifier sa doctrine. En fait,  l’on cherchait un moyen pour l’éliminer car elle menaçait  l’église  des blancs qui contrôlait le pouvoir royal.

 

 

 

En  août  1704, une jeune fille de 20 ans nommé  KIMPA VITA (TCHIMPA VITA  OU KIMPA  M’VITA) eut une vision d’un homme  qui lui dit : « Je suis Saint Antoine, j’ai été envoyé par Dieu  pour apporter son enseignement aux Kongos. J’ai longtemps essayé de venir en aide a ce peuple, allant de province en province, j’ai d’abord été à  NZETO, mais  ils ne m’ont pas bien reçu. Ensuite je suis allé à  SOYO, ils ont voulu me battre. J’ai fui et je suis arrivé à  BULA, la même chose m’est arrivée. Actuellement, j’essais ici a Kibangou et je t’ai choisie ensuite ». Saint Antoine pris possession du corps de la jeune  KIMPA VITA, cette jeune fille  était originaire du Mont  Kibangou arrosé par 5 rivières.

 

 

 

Selon la tradition Kongo, l’endroit où coule une rivière  est un endroit sacré, car il constitue la frontière  entre le monde réel et le monde invisible (la foret et les chutes d’eau  aussi). La jeune  KIMPA VITA  fut une NGANGA MARINDA, prêtresse traditionnelle ou initiée de la société secrète  “KIMPASI”. Initiée très jeune , elle abdiqua bien après. La société  KIMPASI  avait pour mission de délivrer  les gens des forces du mal  a travers des cérémonies  d’exorcisme appelées  “MBUMBA KINDONGA”. Pour les missionnaires,  la société  KIMPASI fut une société secrète de sorcellerie et la plupart de leurs temples  qui se trouvaient dans la foret furent détruits par les capucins, illustrés par, LE PERE LUCA DA CALTANISETA  et  LE PERE MARCELLINO D’ATRI.  La société KIMPASI  insinuait que les capucins étaient des sorciers. Selon le  PROFESSEUR JHON THORNTON, HISTORIEN DE L’UNIVERSIRTE DE PENNSYLVANIE,  “  LES CAPUCINS AVAIT LE POUVOIR DE DETECTER QUELQU’UN QUI ETAIT NDOKI”(c hon thorax, te Congestion saint Anthony, p73, Cambridge université presse 1998) les capucins étaient également à mesure  d’anéantir le kindoki. LE PERE JUAN DE ROSA dans la ville de  MBWELA fut accusé d’avoir ensorcelé  la duchesse  Kongo  DONA INES  et sa sœur. Cette affaire engendra  une grande palabre et fut étouffée par les capucins.

 

 

 

Le PERE MARCELINO D’ATRI passait  une grande partie  de son temps sur le mont kibangou qui était un endroit sacré pour les Kongos. Chaque année, les populations avoisinantes jetaient des offrandes dans la rivière  MBIDIZI. Les missionnaires considéraient ces  offrandes comme  des cérémonies païennes auxquelles il fallait mettre un terme. Certains voyaient par là une façon pour les missionnaires de vouloir s’accaparer du pouvoir spirituel du mont kibangou. D’ailleurs, une très grande pierre appelée  « LUNSUNZI »  s’y trouvait. Cette pierre fut détruite par les missionnaires alors que les autochtones la considéraient comme étant  une protection. En  ECOSSE  par exemple, jadis les rois étaient couronnés  sur une pierre appelée la pierre de la destinée,  qui selon la tradition écossaise, octroyait au nouveau roi le pouvoir de la gouvernance.

 

 

 

 

 

KIMPA VITA,  possédée par l’esprit de saint Antoine, annonça  à sa famille, sa vision. Elle leur fera  ensuite part de l’ordre divin qu’elle avait reçu : celui de prêcher la vraie religion des NE-KONGO. KIMPA VITA commença par prêcher sur le mont kibangou, la montagne sacrée et ensuite elle se dirigera vers le palais royal pour demander au  ROI PEDRO IV de se joindre à elle  pour pouvoir  prier le vrai jésus afin de restaurer le royaume gangrené par  la guerre, des dissensions et des déchirures sociales.

 

 

 

Selon le  PERE  BERNARDO DA GALLO, « LES ARBRES TORDUS OU TOMBES SE SONT REDRESSEES AU PASSAGE DE KIMPA VITA ET LES PORTES  DE L’ENCEINTE DE LA PALISSADE ENTOURANT LE PALAIS DU ROI SE SONT OUVERTES D’ELLES MEME, REPOUSSEES PAR DES MAINS INVISIBLES ».   Nous avons aussi des saints au Kongo, dit-elle. On happe avidement chacune des miettes tombés de sa main, on lèche avec dévotion les gouttes d’eau, chues de sa calebasse paysanne. On sait que d’un simple attouchement, la jeune femme rend fécond les ventres stériles.  KIMPA VITA  dit que  les blancs ont blanchi Dieu  pour  leur profit, elle dit qu’un nouveau royaume va naître, vous devez reconstruire la ville, relever les maisons.

 

 

 

KIMPA VITA, a illuminé son entourage par sa foi et ses prières. Ses cérémonies  étaient ponctuées d’incantations, prière, transes (en kikongo KIMPEVE) et contorsions, prédications et chants divers « SALVE, SAO ANTONIO ! AVE MARIA »

 

 

 

KIMPA VITA  avait dit que la terre sainte est le Kongo, les pères de église était des africains et que saint Antoine est le plus important de tous les saints, il est le patron des humbles et des  démunis. KIMPA VITA  avait également confirmé les enseignements de MAMA MAFUTA, la première à avoir vu la vierge Marie sur la terre kongo. Les enseignements des capucins  selon lesquelles  l’ église était originaire d’Europe et que les père d’église  était des blancs était donc erronées,  était du   « BUNGUNGU ». L’histoire de église est une histoire africaine, une histoire Kongo.  JESUS CHRIST  est née à  MBANZA KONGO. Quand le catéchisme parle  de  BETHLEHEM , c’est Mbanza Kongo. Jésus était baptisé à Nazareth, mais en réalité jésus était baptisé au Nord de la province de NSundi.  Marie était une esclave de  NZIMBA MPANGUI quand elle avait enfanté le divin enfant Jésus Christ.

 

 

 

KIMPA VITA était toujours entourée d’une foule immense. Le  PERE BERNARDO DA GALLO avait revendiqué le mérite de 80 milles conversions par KIMPA VITA. Même DONA MARIA  HIPOLITA, l’épouse du roi  PEDRO IV, était aussi ralliée au  BUNDU DIA MAMA KIMPA VITA. Kimpa Vita  était décidée à restaurer le royaume Kongo. Son message était un cri « M’LOLO » pour le rassemblement  pour la renaissance  du  royaume. Selon elle, l’homme blanc était originaire d’une pierre en argile appelée  FUMA en kikongo et les hommes noirs sont originaire  d’un arbre  appelé MUNSANDA. L’arbre et la foret sont des symboles du monde invisible, et les esprits des ancêtres vivent dans des lacs et les océans « nsimbi ». L’ECORCE DE L’ARBRE MUNSANDA était la matière avec laquelle  on avait enveloppé Jésus a sa naissance et que toute personne  qui sera habillée  de cette écorce du munsanda recevra la bénédiction de Nzambi–a-Mpungu. Tous les adeptes de Kimpa Vita furent vêtus  d’habits faits de l’écorce du munsanda. Selon toujours Kimpa Vita, l’arbre connu sous le nom de  TAKULA, dont l’écorce produit une sève rouge, est le sang de Jésus qui pouvait transformer la vie.

 

MAMA KIMPA M’VITA  , a prêché à LEMBA , MBANZA KONGO(SAO SALVADOR), MULUMBI, EVULULU, MBULI, NSUKA, MALEMBA (ROYAUME DE NGOYO, UN VASSAL DU ROYAUME KONGO). Ses disciples ont prêché  à LUVOTA (PROVINCE DE MBAMBA), à MBANZA SOYO, à NZETO , NSUKULU, MATARI NZOLO ET NKUSU NZONZO.

 

LE PERE BERNARDO DA GALLO , tout puissant a la cour du roi  n’appreciat pas les deviation du dogme chretien, pour lui  les antoniens menaçait la foi, pour kimpa vita , le père bernardo da gallo était un jaloux, un ndoki. Beaucoupsd’autochtones avait abondonner église des blancs , kimpa vita avait acquis un prestige qui menaçait celui des missionnaires,  , kimpa vita, ipso facto était devenue une  menace considerable  qui pouvait conduire a la chute de église, la defaite de la theologie chrétienne   donc la perte du controle du royaume par les missionnaires ,  il fallait trouver une astuce pour éliminer . les missionnaires  finiront par trouver l’astuce  quand elle tombera enceinte dit –on de son fidele compagnon et enfantera un garcon. Les capucins profiteront de cette occasion pour denoncer l’imposture au conseil royal qui était d’alleurs  sous l’ influence des missionnaires , selon le   PERE BERNARDO DA GALLO  dans son rapport envoyer a rome,   MAMA KIMPA VITA  fut juger  selon la loi traditionelle kongo,pourtant  selon   la loi traditionnelle  Kongo , la virginite n’est pas obligatoire avant le marriage et que dans la société Kongo une fille meren’est pas rejete, kimpa vita  refusera d’abjurer publiquement ce que l’on avait  qualifier d’erreur,  dans  un forum du site Kongo , un certain MWANA LARI  s’est poser une question ,, reconnaitre un enfant et on a la vie sauve, tout le monde l’aurait fait si kimpa vita ne l’a pas fait c’est que cet enfant était pas d’elle , et qu’est ce qui empechait kimpavita de confier l’enfant a l’une des milliers de ses  fideles   devouees  qui était pret a faire la guerre pour elle ?????? »

 

 

 

Le conseil royal sous la presidence  de  DOM BERNARDO , LE VUZI A NKANU, LE GRAND JUGE, assiste duSECRETAIRE  ROYAL MIGUEL DE CASTRO   prononcera la sentence de mort  pour heresie , crime de nature religieuse et mensonges, apres un proces  monter de toute piece par les capucins.

 

 

 

, kimpa vita  fut conduit sur un grand bucher  de la même manière  que tous ceux qui 2 siecles avant  avait contredit la doctrine de église catholique a savoir :COPERNIC, GALILEE, JEAN HUS ,TOMMASO CAMPANELLA, GIORDANO BRUNO......., et aussi les dizaines d’intellectuels et de grand savants qui ont pourri dans les prisons  du saint office ou  EXECUTER SOUS LES ORDRES  DU SAINT OFFICE , LE TRIBUNAL DE L’INQUISITION   afin de garder  le dogme du catholicisme intacte , proteger sa theologie donc preserver son pouvoir  politique, social, pedagogique..., il fallait donc éliminer  KIMPA VITA .

 

 

 

Kimpa m’vita   fut executer le 2 juillet  1706, elle fut bruler sur un grand bucher , elle était morte avec le nom de jésus en bouche,   UNE GRANDE ETOILE ETAIT APPARUE SUR LE LIEU DU SACRIFICE, APRES  QUE SON CORPS FUT BRULER, LES CENDRES  FURENT ENCORE REBRULES ET DISPERSES  DANS  UN ENDROIT  INCONNU pour que personne ne les utilises comme relique ,les missionnaires exprimait par la, la forme la plus absolue de la mechancete, ils confirmait aussi   l’etiquette que les avait attribues  kimpa vita  DES VRAIS NDOKIS , des veritables NKADI A MPEMBE

 

 

 

POUR LES ANTONIENS, LA forme physique de saint Antoine  n’existait plus  mais son esprit demeurait et des rumeurs circulait  que kimpa vita devait se reincarner  quelque part  au  KONGO , d’ailleurs quelques jours apres son executionquelqu’un  avait dit que l’on avait apercu kimpa vita dans mbanza kongo.

 

 

 

En tout cas cette histoire de mama kimpa vita que je viens de relater , je l’ai tirer des ouvrages d’europeens qui ont été rediger a partir des rapports des missionnaires capucins  qui n’avait aucun  interet  a relater  une histoire qui pouvait menacer leur dogme ,  ces rapports des missionnaires sont des recits etablit pour justifier leurs crimes  donc ont y trouve que des miettes de verites  que j’ai essayer de soutirer , la veritable histoire de kimpa vita est connue de source orale  qu i date du 18 siecle  et a travers les eglises qui sont nees des siecles apres sa mort dont celle de SONEMINENCE   SIMON KIBANGU,EMINENCE DIANGUENDA KUNTIMASIMON MPADI  , A TRAVERS LE KIBANGUISME, L’EGLISE TOKOISTE  DU PROPHETE  SIMAO TOKAIO QUI PARLE DE LA NEGRITUDE DE JESUS CHRIST OU CELLE DES NGUNZA de  TATA NTUADISI ANTOINE NGOKO QUI LANCE LE MEME CRI POUR LE RASSEMBLEMENT » MAZINGA MLOLO » LANCE PAR KIMPA VITA DEPUIS LE 18 SIECLE.   pour  la restauration  du  royaume Kongo  .

 

 

 

 

 

EN  tout cas   MAMA KIMPA VITA A EU UNE  INFLUENCE TRES ENORME APRES SA MORT « la puissance de qu’elqu’un se mesure  dans les signes  qui suivent sa mort » ou encore comme le dit  MARIE , REINE DES ECOSSAIS « C’EST EN MA FIN QU’EST MON COMMENCEMENT » , DURANT LES GUERRES QUI SE SONT DEROULES AU ROYAUME KONGO  AU 18 SIECLE,  BEAUCOUPS DE PRISSONNIERS ONT ETE VENDUS COMME ESCLAVES ET NOMBREUX ETAIENT DES ANTONIENS ( PARTISANS DU  BUNDU DIA MA MA KIMPA VITA) ces esclaves était exportes a partir du port de kabinda ou soyo  ou les bateaux des anglais  et des neerlandais  qui dominait  la traite VENAIT S’APPROVISSIONER  D’ESCLAVES.  POUR CES ESCLAVES NE-KONGO, LE FAITES D’ETRE TRANSPORTER DANS UN BATEAU  était vue comme un mystere , un voyage vers la mort parceque  dans la  cosmogonie Kongo , l’eau est le lieu ou vivent les ancetres, les morts, ces Kongo pensait etre transporter  dans l’univers des morts  par les blancs, et la couleur blanche était d’ailleurs la couleur de la mort .selon le temoignage du père  LORENZO  DA LUCCA  qui avait voyager dans le navire « Nossa Senora DoCabo            «  qui transportait des esclaves   , arriver a    SALVADOR (PROVINCE DE  BAHIA) AU BRESIL  le 10 aout1709 , le père lorenzo avait fait remarquer que beaucoups d’esclaves  avait des médailles des antoniens(LES PREMIERS ESCLAVES A ARRIVER AU BRESIL FUT EGALEMENT DES NE-KONGO  en provenance de Kongo dia ntotela en 1705) , selon  JOHANNES MENNE POSTMA DANS (THE DUTCH IN THE  ATLANTIC SLAVE  TRADE, 1600-1815, appendix 1 CAMBRIDGE UNIVERSITY PRESS1990) des Kongo  vendue comme esclave furent conduit  au  SURINAM, EN JAMAIQUE , BARBADOS, ANTIGUA, EN VIRGINIE(USA)  A PORT YORK ensuite dans la  RIVER JAMES VALLEY  ou ces Kongo ont travailler dans des plantations de cafe  ET LE PLUS GRAND NOMBRES EN HAITI  ,  ET EN CAROLINE DU SUD(USA) ET PLUTARD A LA NOUVELLE ORLEANS (LOUISIANE)ou ils avaient apporter avec eux leurs cultures et leur religion celle de   KIMPA VITA  pour la plupart d’entre eux.

 

L’historien americain  PETER WOOD  dans ( NEGRO IN COLONIAL SOUTH CAROLINA FROM 1670 THROUGH THE STONO REBELION ( new –york 1974) STIPULE QUE  plus de 60%  D’ESCLAVES DE LA CAROLINE DU SUD ETAIT DES NE-KONGO     , en 1739  les colons americains de la caroline du sud  ou était concentres la plupart d’esclaves Kongo, parlait de  la presence d’esclaves qui avait des qualites mystiques , des hommes mysterieux, qui avait la qualite de disparaitre mystiquement OU DE SE RETROUVER DANS PLUSIEURS ENDROITS A LA FOIS .  le proffesseur  JHON THORNTON  de l’universite de pennlsylvanie a d’ailleurs confirmer que  tous les esclaves chretiens de la caroline du sud était convertit  au Kongo dans la religion CATHOLIQUE  ensuite reconvertit dans  elle de KIMPA VITA  (cf jhonthornton, the congolese saint anthony, chapitre 9 , cambridge university press 1998),

 

 

 

Le 9 se ptembre 1739, en caroline du sud  un esclave Kongo connu par le nom de  JEMMY  ETAIT A LA TETE D’UN SOULVEMENT  D’ESCLAVES NE-KONGO  CONNU SUR LE NOM «  THE STONO REBELLION OF 9SEPTEMBER 1739 »  cesoulevement est considérer comme  LE PLUS GRAND SOULEVEMENT D’ESCLAVES  DANS TOUTE L’HISTOIRE DE L’AMERIQUE DU NORD ,  un dimanche jour de repos a cote de la rivière stono , situe a quelques kilometres de la ville de  CHARLESTON  , ces esclaves avait attaquer une cache d’armes , certains était des guerriers qui avait combatu dans la province de mbamba  et savait manier les armes , ils semerent la terreur , brulerent des maisons  en criant « lukangu ou lucangu » un mot qui veut dire fermer , mais aussi liberer ,  reciter dans le salve antoniana   une prière dubundu de kimpa vita  nous pouvons également découvrir le temoignage  DU PROFESSEUR MARGARET WASHINGTON  , HISTORIENNE DE LA CORNELL UNIVERSITY SUR LA PAGE NET SUIVANTE :http ://pbs.org/wgbh/aia/part1/1i3077.html

 

On peut également trouver cete page en utilisant google ensuite ecrire :margaret washington  stono revolution. Ces esclaves ne –Kongo  se refugerent ensuite en Floride ou les colons espagnol qui avait promis la liberte au esclaves d’amerique  leurs donnerent une terre en creant la ville   de  SANTA TERESA DE MOSE, LA PREMIERE VILLE DES NOIRS LIBRES  DANS TOUTE L’HISTOIRE DE L’AMERIQUE DU NORD   , CES NE-KONGO FURENT UTILISES EGALEMENT PAR LES COLONS ESPAGNOL COMME GARDE FRONTIERE DE LA FLORIDE ( cf jhon thornton, the congolesesaint anthony, p212 cambridge university press1998, et aussi Michael Mullin, africa in america : slave, acculturationand resistance in the american south and british carribean 1736-1831, urban and chicago edition 1992, p43,p187))

 

C’est a partir de la revolution de stono que les colons d’amerique du nord ont cesser  d’importer des esclaves Kongo on se  tournant  vers l’afrique de l’ouest pendant presque une decennie. Pour ensuite reprendre avec lesfrancais qui emmenerent des esclaves Kongo en louisiane.( a la nouvelle orleans)

 

 

 

Selon  toujours le  PROFFESSEUR   JHON THORNTON ( dans THE CONGOLESE SAINT ANTHONY P213) la plupart des REVOLUTIONNAIRES HAITIENS   de janvier  1804  furent  des  NE-KONGO, le professeur  JHON THORNTON  DANS SON OUVRAGE  NOUS APPREND (P213)  que les  REVOLUTIONNAIRES HAITIENS chantait en kikongo  «   KANGA MUNDELE, KANGA NDOKI »   des paroles que l’on  retrouve également   dans le salve antoniana  une prière de mamakimpa vita, il sied de souligner que les revolutionaires haitien avait infliger une defaite cuisante a l’armeenapoleonienne , la plus puissante de l’epoque  pendant cette periode revolutionnaire d’haiti on a beaucoups parler d’un certain  MAKANDALA, nom transformer par les occidentaux en  MACK DAL  ce fut un grand revolutionnaire d’origine Kongo, il avait executer un grand nombres de francais, cette revolution donna naissance a la première republique noire de l’histoire de l’humanite, ce sont aussi les haitiens qui ont  aider  SIMON BOLIVAR DANS SA LUTTE  contre les espagnols ,c’est du port de jacmel en  HAITI que les troupes de  SIMON BOLIVAR  s’elancerent en 1816 vers les victoires et la liberation du joug colonial espagnol de 5 pays d’amerique latine.  le vaudoo d’haiti que certain  stipule qu’elle est la symbiose de la pratique traditionnelle  KONGO , YORUBA du NIGERIA,  et  FONS DU DAHOMEY(BENIN) , dans son  folklore et sa pratique ,  on utilise souvent les  PAKETS KONGO , TALISMAN EN TISSU  pour la protection contre les forces negatives,   ON INVOQUE LES   NSIMBI ( esprit des eaux que kimpa vita avait parler lors de sespredications ) dans la musique traditionnelle d’haiti on trouve également un rythme appeler  YAYA TIKONGO et un tambour  BONGA ,   les Kongo en haiti sont concentres  dans le  nord .

 

 en  JAMAIQUE  , la population noire est divise en deux, les maroons nation et les Kongo nation ou bongo nation. Lesmaroon nation sont originaire de l’afrique de l’ouest, ils parle le kromanti qui vient du cormantin parler au ghana et du akan, asante du ghana les maroon nation sont concentres dans les « blue mountain » de la jamaique. Tandisque les Kongo nation ou bongo nation sont concentres dans l’est de la jamaique , ils parlent une langue très similaire au kikongo et ils sont descendants des esclaves  Kongo arriver en jamaique au 18 siecle le rythme musicale des Kongo nation de la jamaique s’appelle  KUMINA, ou  KODONGO et leurs drum s’appelle  NGOMA  qu’ils utilisent pour invoquer les esprits des ancetres  leurs musique s’appellent  NYABINGHI  , les Kongo nation  bien que plonger dans le universalnegro catechism  de  MARCUS GARVEY  un jamaicain originaire des maroon nation  et aussi aux theorie  du jahrastafari  HAILE SELASSIE  , ces derniers  croyent en la negritude de jésus christ comme les leurs ont legues leursancetres Kongo , qui eux ont acquis cette connaissance de mama kimpa vita .   le musicien  jamaicain  Natty Kongo nous  rappelle   la tradition Kongo dans sa musique et ses tresses qu’il surnome «  DREADLOCK KONGO »(www.congonattymusic.com) .

 

AU BRESIL , les premiers esclaves a arriver furent des Kongo en 1705 , ces Kongo furent les premiers noirs  a etre en contact avec les indiens  du   BARA-TZIL ( terre de la croix,  terre  de la lumiere  selon les indiens) , ces Kongo ont été cofondateur de  la samba, la rumba, le maculele(l’un des plus grand musicien de la samba n’est autre qu’un Kongo connu sous le nom de  ERNESTO  JOAQUIM MARIA DOS SANTOS  ALIAS DONGA  et le groupe  OITA BATUTAS , les Kongo du bresil    se sont illustres dans tous les mouvements de lutte  pour la liberte des noirs du bresil avec les Kongo connu sous le nom de  ZUMBI,Le premier leader du mouvement de liberation des noirs du bresil l’un des pionniers des  QUILOMBOS (communautes independantes des noirs au bresil  fonder par les Kongo) sans oublier BESOURO MANGANGA, MANUEL DOS REIS MACHADO ALIAS MESTRE BIMBA…...

 

A  SALVADOR  la plus grande ville noir du bresil, dans la province de BAHIA,  predomine une religion appeler CANDOMBLE qui est un melange de la pratique spirituelle  des esclaves KONGO  et YORUBA du nigeria . cette religion est divise en deux.  LE GEGE-NAGO CANDOMBLE  base sur la tradition yoruba  et le  CABOCLO CANDOMBLE( caboclo= caboclo de aruanda , les indiens de luanda ) ou encore  le  CONDOMBLE DO KONGO  ,c’est une danse en honneur de DIEU  et des SAINTS qui sont presentes comme étant des noirs, saint francis etc   ,  les praticiens du  CANDOMBLE croyent en la negritude de jésus christ,des  peres de église .

 

Toujours au bresil on parle aussi de la religion  UMBANDA, QUIMBANDA,  dont l’origine est meconnue , certain parle d’une origine indienne mais d’autres stigmatise que umbanda vient du kikongo  KUMBANDA  , guerrir avec l’aide des esprits  les zumbi un mot derive de simbi  les esprits des ancetres  qui vivent dans l’eau comme disait mama kimpavita  , ces esprits sont quilulo et muculo. Il est beaucoups pratique dans le sud du bresil, on distingue aussi la religion  MACUMBA  dans laquelle on trouve quelques pratiques Kongo

 

 

 

 A CUBA,  également  les premiers esclaves arriverent d’abbord en provenance d’haiti en 1513 , ensuite  en 1520 , 300 esclaves arriverent d’afrique du  KONGO  d’bbord  pour  travailler dans les mines d’or de jaugua .suivit d’autres arriveesen provenance du Kongo et plutard de l’afrique de l’ouest . ensuite il y eu des mouvements revolutionaires ou des esclaves  s’enfuirent  dans les montagnes de l’est de cuba ces fugitifs sont connu dans l’histoires de cuba comme  CIMARRONES OU CIMARRONES KONGO  , dans ces montagnes ils formerent  des communautes  «  LES PALENQUENS » au bresil sa  s’appellent   QUILOMBOS  qui veut dire village  en kibumdu ou kikongo , cela a aussi exister chez les esclaves noir au mexique , venezuela et colombie . on s’assemblant dans ces communautes ces Kongo  de cuba ont continuer leurs pratiques  religieuse du Kongo dia ntotela  et c’est de ces  palenquens  de cuba qu’est nee   le  PALO MAYOMBE  originaire du Kongo, elle est une façon de communiquer avec les esprits , l’arbre et la foret sontconsideres comme des symbole du monde invisible  comme chez KIMPA VITA , DIEU  est appeler  ZAMBI   et les esprits  ENKISI ,  les esprits de la lumiere   ENSAMBIet les esprits des tenebres  ENDOKI, les adeptes males sont appelles  TATA,  et les adeptes femeles sont appeler  YAYA, celui qui dirige le culte  est appeler TATA  NGANGA.

 

Pendant la guerre d’independance de cuba ou guerre  hispano-americaine  ce sont également des noirs originaire du Kongo dia ntotela qui se sont illustrer  a savoir  le legendaire  « GRITO DE YARA «   cri de  YARA,   MARIANO GANGADOMINGO MACUA, FELIPE MACUA, MAYIMBE JOSE DOLORESAMBROSIA CONGO, FELIPE GANGA, LORENZO GANGA SANS OUBLIER MA DOLORES IZNAGA L’ESCLAVE GANGA  qui guerrisait les esclaves traditionnelement .

 

 

 

 AU  MEXIQUE, VENEZUELA, COLOMBIE , ARGENTINE, SURINAM ET AU BARBADOS   les communautes noirs pratique aussi  le PALO MAYOMBE , qui a une connotation Kongo et des pratiques du bundu dia mama kimpa vita, dans l’histoire revolutionnaire  des noirs du  MEXIQUE on a parler d’un certain  GASPAR YANGA ET  SON FILS NANGA, sur une page net il est  ecrit qu’il étaient  gabonais  et que son aide de camps était angolais il s’appelait  FRANCISCO DE LA MATOSA   PEUT ON PARLER  DE NE-KONGO ? seul des recherches  approfondie pourront le dire(utiliser googleet ecrire  GASPAR YANGA  pour plus d’informations) . Il est a noter que le mexique a eu un president noir nommer VICENTE GUERRERO ,  commandant de l’armee du mexique de 1823 a 1824 ensuite  PREMIER PRESIDENT  NOIR DU MEXIQUE  de 1829 a 1830, je ne connais pas ces origines peut etre afro indienne car beaucoups d’esclaves  se sont mixe avec les indiens pour donner une race afro-indienne , au bresil par exemple beaucoups d’esclave Kongo se sont mixe avec des indiens.

 

 

 

« MAIS TOUTES CES RELIGION AFRO –AMERICAINE D’ORIGINE  NE -KONGO   AUJHOURDH’UI SE SONT LANCES SUR UN PLAN NEGATIVE  EN PERDANT LA COLORATION  LEGUER PAR LES ESCLAVES KONGO , ON SE MELANGEANT  AVEC LES RITUELS YORUBA , ET CELLE DU BENIN , DES INDIENS   ILS SONT DE PLUS EN PLUS PRATIQUER  POUR   LE MAL ,ELLES SONT DEVENUE MALEFIQUE  D’AILLEUR AUX ETATS UNIS  A NEW YORK, LOS ANGELES   A LA NOUVELLE ORLEANS EN LOUISIANE ET A MIAMI ,  NOMBREUX SONT OBJET DE POURSUITE JUDICIARE  POUR CRIME A TRAVERS LEURS RITUEL ET LE FBI  MENE UNE SERIE D’ENQUETE SUR DES PRATIQUES CRIMINEL DE SES ADEPTES ACCUSES DE SACRIFICE HUMAINS « .

 

 

 

MES  freres Kongo  JE PEUX AFFIRMER SANS AMBAGES ET CELA AVEC EVIDENCE QUE  VOUS DEVEZ ETRES fier d’avoir été les  pionniers du plus grand soulevement des esclaves dans toutes l’histoire de l’amerique du nord « the stonorevolution of 9 september 1739 » sous l’influence spirituelle  de  MAMA KIMPA M’VITA,

 

 

 

Soyez également fier d’avoir été les pionnier de la revolution haitienne , vous Kongo vous  avez participer a la formation   de la première   republique noir de l’histoire de l’humanite sous l’influence spirituelle de MAMA TCHIMPA M’VITA

 

 

 

 Vous avez été des pionniers du mouvement de liberation des noirs au BRESIL et a  CUBA   ET IL Y AVAIT TOUJOURS DES TRACES DES ENSEIGNEMENT DE  MAMA  KIMPA VITA

 

 

 

Et aussi  SIMON KIBANGU  QUI LUTTA CONTRE L’EGLISE OCCIDENTAL  AU COINGO BELGE  sous l’influence de  MAMA TCHIMPA M’VITA

 

 ANDRE GRENARD MATSOUA  qui lutta également contre  l’occupant francais  sous l’influence spirituelle de  MAMA TCHIMPA M’VITA

 

 

 

Chantez comme nos frere Kongo d’haiti »KANGA MUNDELE, KANGA NDOKI,  pour la liberation totale du noir  de la L’OPPRESSION  blanche  dont   MAMA TCHIMPA M’VITA. A été une pionniere , elle est la mere de église des noir étant donner que son influence a continuer jusqu’au continent americain , au sud comme au nord, mes freres cherchez a aller vers la mer pour etre fidele a votre source car  c’est en allant vers la mer que le fleuve est fidele a sa source.

 

 

 

                               NSI  A KONGO OUENE UA MAZULU

 

                              NSI A KONGO KABONGA O NZAMBI A MPUNGU

 

                             NSI A KONGO KA ZOLA O NZAMBI A MPUNGU

 

                             KANGA MUNDELE  KANGA NDOKI

 

                              MAMA KIMPA VITA LUZOLOLO WETO

 

      

 

 

 

                               ARSENE FRANCOEUR NGANGA

 

                             MFUMU  KI KUIMBA

 

AMMAFRICA REACTION:

HOMMAGE A MAMA KIMPA VITA RENDU PAR AMMAFRICA WORLD!

"Certains africains aiment à copier des personnalités et d'autres femmes pour bien mener leur combat, s'inspirent par moment de l'histoire de cette femme", oubliant même "sa foi", et sa vie pieuse d'une prophétesse engagée et devouée pour sa patrie! Condamnant la sorcellerie, les fêtiches et bien d'autres choses , Kimpa Vita était donc une femme providentielle pour ce temps là! Et si elle était venue servir sa nation dans ce temps là, ce que DIEU avait deja decidé de sauver L'Afrique souffrante de ce temps là, mais, les "échecs" des combats divers doivent enseigner la génération présente, et être en mesure de protéger leurs leaders et ceux qui combattent et menent un combat pouvant profiter à tous!

 

Soyez ce que vous êtes, et ecoutez vos coeurs qui vous parlent de ce que vous devrez faire au mieux pour défendre la bonne cause!

 

L'Afrique ne pourra avancer progressivement et positivement si elle n'enterre pas son passé après l'avoir maitriser dans toute sa verité! Si les archives demeurent dans les annales des missionnaires portugais, donc en Portugal, alors, il est plusque nécessaire pour reconstruire leur propre histoire, et pour une bonne réparation qui fait clore le "Passé sombre" et surmonter les animosités qui nous séparent et nous divisent entre des peuples ou l'occident, il est plus qu'impérieux que les "maitres d'hier" puissent résoudre le conflit par le retablissement de la verité aussi! Nous souhaitons avoir du Portugal ,une partie, ou ce qu'ils detiennent de l'histoire vraie de cette femme Africaine, de surcroit, prophétesse de son état!

 

NB:Le danger de la modification de l'histoire fait aussi que les peuples comprennent mal l'histoire et en faire par la suite des jugements aberrants sur des personnalités qui ont pourtant amenés un certains reveils spirituels en prônant la foi en "Christ Jésus"!La preuve tangible qui démontre bien la "Chrétienneté" de KIMPA VITA, c'est à sa mort, seul le nom de "Jésus" se trouvait dans sa bouche! Une telle epreuve dans la vie, on ne peut penser qu'à celui qu'on venère le plus, ou qu'on sert avec devouement! Se sentait-elle trahie??, avait-elle vu "Jésus" apparaitre devant elle?, en tout cas, les témoins certifient avoir entendu parler la femme croyante et combattante pour sa nation, de citer le nom de "Jésus" en bouche!

 

Elle était chrétienne!

Son nom de "Dona Béatrice" provenait de son baptême "Catholique", mais plus tard, elle recevra la visitation divine pour sortir de la "Réligiosité" et entrer dans la vraie foi  du "salut" de nos âmes!

 

Mama KIMPA VITA ne vit plus, mais son combat et sa détermination de sauver ou de protéger celui à qui devrait appartenir le "trône" servent donc d'instruction à ceux qui s'aventurient de copier cette Femme de haute noblesse et pieuse, defendant son Peuple et sa Nation, sans oublier son soutien désintéressé à sa majesté le roi du Kongo, mais la fin, sera donc la source des malheurs de longue durée de cette partie du Monde!

 

Comme qui dirait l'autre, la foule devant "Ponce Pilate" qui s'en lavait les mains pour condamner le christ:"QUE SON SANG RETOMBE SUR NOUS; ET (au lieu de s'arrêter là, elle rajouta..)SUR NOS ENFANTS".....

 

"Jérusalem, Jérusalem qui tue des prophetes et qui lapident ceux qui te sont envoyés, combien de fois n'ai-je pas voulu te rassembler comme une poule rassemble ses poussins, mais vous ne l'avez pas voulu: VOICI VOTRE MAISON VOUS SERAIT LAISSEE DESERTE!!!!

 

"Toute souffrance a une cause dont le Motif en cache les raisons"...

 

Ainsi, en sacrifiant celui (celle) qui vous vient en bien, c'est signer le malheur pour un bon moment!!!

 

Discernez vos leaders, et le sens de votre combat pour ne plus tomber dans les erreurs du passé qui causèrent la chute des royaumes et nations!

 

PAIX A SON ÂME; LA MAMA KIMPA VITA!

 

VIDEO REFLEXION PAR AMMAFRICA WORLD:

LA LECON DE L'HISTOIRE: "KIMPA VITA ALIAS DONA BEATRICE!

 

La Conscience Dit:Connaissance plus ou claire de notre existence et du monde extérieur, de ce qui de passe ect.... C'est entrer dans le monde de la connaissance pour comprendre ce dont il s'agit, c'est avoir la notion de l'histoire pour comprendre le monde d'alors, pour remédier au futur que l'on souhaite meilleur! MAMA KIMPA VITA est une femme qui a defendu le royaume Kongo pour sa restauration et qui finira sa vie brûlée sur le bûcher comme deux siècles auparavant avec la Jeanne d'Arc du Kongo. Le but est de comprendre les nombreuses défaites de combat africain, et la negligence de l'histoire, qui, par là, faute de maitrise, l'histoire se repète faute de manque d'instruction sur le passé!Prenez conscience et refléchissons sur nos "Abeilles" qui nous empêchent de toucher au MIEL!!

Emission Eveil de la conscience, chaque Mercredi à partir de 20h30 sur la:www.ammafricaworld.net Pseudo SKype :"ammafricaworld". La page officielle (facebook):Ammafrika. Message de Mama Feza joignable sur Facebook (Feza la Grâce Divine). Soyez bénis par ce message qui nous rappelle la LECON DE L'HISTOIRE!!!

 

 

Mama Feza

Amour-Conscience-Réparation

AMMAFRICA WORLD

 


03/07/2013
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BANYAMULENGE AU CONGO:LES BANYAMULENGES N'EXISTENT PAS DECLARA DONC JAMES KABAREBE LE 22 AOUT 2002

RAPPEL SUR LE DOSSIER BANYAMULENGE

 James Kabarebe est formel :”Les banyamulenge n’existent pas. Ce sont des Rwandais opportunistes et complexés”

 

Kinshasa, 21/06/2003 / Politique
 
James Kabarebe ne se trompe pas lorsqu’il définit et prend les prétendus banyamulenge, de vrais Rwandais. D’autre part, James Kabarebe a le mérite de relever ce qu’il appelle “opportunisme et complexe de nationalité”.
 
Les banyamulenge n’existent pas. Les prétendus banyamulenge sont, en réalité, des rwandais. 
Car, ils parlent le kinyarwanda et ont la culture rwandaise “ Ces propos ont été tenus le 22 aoűt 2002 par James Kabarebe, le Chef d’Etat-major de l’Armée patriotique rwandaise (APR) devant des milliers de personnes étudiants, professeurs, personnes extérieures à l’université Libre de Kigali.(ULK). 

Etaient à ses côtés, Charles Murigande (S.G. du FPR) et Azarias Ruberwa (munyamulenge et S.G. du RCD/Goma).

James Kabarebe a enchaîné, confondant pour ainsi Azarias Ruberwa, qu’on ne peut pas se nommer d’un nom d’une colline (Mulenge). Banyamulenge signifie habitants de cette colline. Selon James Kabarebe, a rapporté notre consoeur La Nouvelle Relève n°448 du 3 aoűt au 15 septembre 2002, c’est comme si on disait : « Banya mont Kigali » pour designer les habitants du mont Kigali. Ce n’est donc pas un tribu, ni un clan, ni une nationalité. Le chef d’Etat-major de l’APR a renchéri et déploré, selon ses propres termes “l’opportunisme et complexe de nationalité“ de prétendus banyamulenge. Ce qui a pour soubassement, une fausse idéologie qui consiste ŕ détester les rwandais pour ętre considérés comme vrais congolais, dans le chef de certains banyamulenge. Il faisait allusion au commandant Masunzu et ŕ ses hommes qui combattent contre l’APR dans les hauts plateaux de Minembwe au Sud-Kivu. James kabarebe est conscient que cet opportunisme double du complexe de nationalité ne favorise pas la paix et la réconciliation dans la région. Il souligne, en outre, qu’il est du droit des banyamulenge de faire le choix d’ętre soit congolais soit rwandais. Comme le faisaient les juifs, a renchéri Charles Murigande comme pour l’appuyer aux côtés de Ruberwa resté de marbre. Ce dernier a expliqué la rumeur selon laquelle le gouvernement rwandais aurait eu besoin des tutsi banyamulenge et les a expédies au Rwanda.

D’aprčs lui, ce qui est vrai, c’est que les banyamulenge de la plaine de Ruzizi et Minembwe(Sud-Kivu) avaient été exhorté, à se réfugier temporairement au Rwanda du fait que prés de 50 militaires interahamwe étaient pręts ŕ perpétrer le génocide sur eux.

Azarias Ruberwa est resté de marbre devant toutes ces déclarations. Par réalisme ou par peur de contredire ses maîtres. Tout ce qu’il, a déclaré au sujet de Masunzu est qu’il était un enfant prodigue, mal éduqué qu’il connaît depuis son enfance. L’on peut utilement souligner que les déclarations de James Kabarebe montre la délicatesse du dossier de la nationalité des banyamulenge dans la région. James Kabarebe ne se trompe pas lorsqu’il définit et prend les prétendus banyarnulenge, de vrais rwandais. Car, selon la loi sur la nationalité rwandaise, il faut remplir deux conditions fondamentales pour ętre reconnu rwandais, à savoir:
Primo, parler la langue kinyarwanda et secundo, posséder la culture rwandaise pour mieux ętre reconnu comme tel par les populations rwandaises. Or, les banyamulenge remplissent ces deux exigences qui fondent la nationalité rwandaise.

D’autre part, James Kabarebe a le mérite de relever ce qu’il appelleopportunisme et complexe de nationalité. L’abcčs qui sous-tend la guerre d’agression de 1996 et 1998 et qui tient les congolais aux couilles est celui de la prétendue nationalité congolaise des prétendus banyamulenge. Si ces derniers sont des opportunistes (on le voit comment Azarias Ruberwa, Bizima Karaha et Moise Nyarugabo se débattent) et vivent une obsession à ętre reconnus comme des congolais (sans jamais se départir des us et coutume du Rwanda), c’est dire que le Rwanda les soutient et les encourage ŕ se comporter de cette façon. Autrement, il n’y aurait jamais eu l’AFDL et le RCD.
Dans le męme registre, l’on devrait se demander pourquoi les tutsi (et hutu) du Masisi et de Rutshuru au Nord-Kivu se sont montrés moins loquaces que les banyamulenge dans la revendication de leur nationalité et peu exhibitionnistes à porter la casquette rwandaise. Au sein du mouvement rebelle de Goma, l’on ne comprend pas pourquoi Kigali octroie de véritables postes de commandement (leadership) aux banyamulenge non aux autres tutsi. 
Karaha Bizima
Bizima Karaha, Moise Nyarugabo, Ruberwa présentés comme l’śil et l’oreille sont issus des banyamulenge de Minembwe. Et c’est dire que Kigali les instrumentalises ŕ souhait? Ce qui est vrai. Les propos de James Kabarebe dévoilent le double jeu que joue Kigali et son rôle ambigu dans l’agression de notre pays. Les banyamulenge seront congolais et rwandais ŕ la fois ou ne le seront pas. C’est question de vie ou de mort parce que Kigali ne veut pas d’eux sur son sol et n’a aucunement l’intention de leur accorder un lopin. Néanmoins il les utilise dans des visées hégémonistes. Ces propos ont l’autre mérite des pistes de solution au problčme de la nationalité dans la région : la nationalité des banyamulenge devrait ętre traitée autour d’une męme table entre le Rwanda, le Burundi et la RDC. Faire autrement et le contraire serait suicidaire pour les populations de la région singuličre les banyarwanda eux-męmes.
Last edited: 07/05/2006 00:36:48
 

05/06/2013
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HISTOIRE D'UN GENOCIDE 1885-1999,ET L'EPOQUE ANCIENNE? ECRIVEZ L'HISTOIRE AVEC VERITE ET FRANCHISE!

L'AFRIQUE ECRIRA SA PROPRE HISTOIRE MAIS ELLE NE SERA PAS AVEC DES "CONTRE-VERITES": IL Y A DU VRAI ET DU FAUX DANS L'ARTICLE NOTAMMENT CE QUI SUIT:

 

"1910-1911 Tracé des nouvelles frontières de l’Afrique orientale allemande avec le Congo belge et le Protectorat britannique de l’Ouganda. Le Rwanda perd ses territoires du Kivu, Bufumbira, Mdorwa et Mpororo."

Histoire d’un génocide (1885-1999)

 

Rwanda, 1994 : la population tutsi est victime d’un génocide d’une efficacité meurtrière effroyable.

Excitée par des années de propagande haineuse, la majorité hutu bascule dans la folie. Hommes, femmes et enfants, armés de machettes, tuent, violent et pillent des familles entières, leurs voisins de toujours. En 100 jours, plus d’un million de personnes sont exterminées, Tutsi mais aussi Hutu opposants au régime, soit plus de 15 % de la population totale.

Dès les années 20, le colonisateur et les missionnaires belges, s’appuyant dans un premier temps sur la royauté tutsi, vont créer une élite sociale tutsi et entamer ainsi la cohésion du pays. Dans les années 50, les Tutsi rejoignent les mouvements indépendantistes africains ; les colons décident alors de changer de camp et d’accorder leur soutien à la majorité hutu. En 1959, une révolution dite "sociale", assistée par le pouvoir belge, engendre les premiers grands massacres de Tutsi.

L’Indépendance est proclamée en 1962. Un pouvoir raciste hutu se met en place et va entraîner la persécution des Tutsi. Des familles entières de Tutsi s’exilent dans les pays limitrophes. En 1990, une armée de jeunes combattants tutsi réfugiés à l’étranger crée le Front Patriotique Rwandais (FPR) et tente de rentrer au pays. Cette offensive est stoppée par les Forces armées rwandaises, soutenues par l’armée française. En août 1993, des accords de paix sont signés. Pourtant les massacres continuent et le génocide de la population tutsi se prépare. Le 6 avril 1994, l’avion du président Juvénal Habyarimana est abattu. Officiellement, on ne connaît pas les responsables de cet attentat. Le génocide des Tutsi commence.

 

 

 

La colonisation du Rwanda

-  1885 Partage de l’Afrique entre les puissances européennes (conférence de Berlin). Attribution du Rwanda (alors sous le règne du roi Mutara II Rwogera) à l’empire allemand.

-  1892-94 Entrée des Allemands au Rwanda. Découvertes des collines rwandaises. Règne du Mwami Kigeli IV Rwabugiri.

-  1895 Mort du roi Kigeli IV Rwabugiri. Intronisation de Mibambwe IV Rutalindwa.

-  1896 Événements de Rucunshu : le Mwami Mibambwe IV Rutalindwa est tué.

-  1897 Intronisation du Mwami Yuhi V Musinga. Le roi confie les relations extérieures du Royaume à l’empire allemand.

-  1900 Fondation de la première mission catholique par les Pères blancs à Save. Administration indirecte du royaume par les Allemands qui ouvrent une résidence.

-  1907 Le Mwami Musinga refuse de prendre part à la cérémonie d’ouverture d’une église construite par les Pères blancs. Nomination de Richard Kandt comme résident impérial du Rwanda.

-  1908 Fondation de Kigali.

-  1910-1911 Tracé des nouvelles frontières de l’Afrique orientale allemande avec le Congo belge et le Protectorat britannique de l’Ouganda. Le Rwanda perd ses territoires du Kivu, Bufumbira, Mdorwa et Mpororo.

-  1916 Guerre mondiale. Attaque de Shangi par les troupes belges. Passage du Rwanda sous l’occupation belge.

-  1919 Le Traité de Versailles donne l’ancienne Afrique allemande à l’Angleterre et à la Belgique. Le régime du mandat est appliqué.

-  1924 La Société des Nations (SDN) donne un mandat de tutelle à la Belgique.

-  1926 Les réformes administratives bouleversent l’équilibre politique de l’administration traditionnelle. Les Hutu en sont exclus.

-  1930-32 Radicalisation de la politique d’épuration et de remodelage des pouvoirs coutumiers, menée par le Gouverneur Voisin. Déposition par les Belges du Mwami Yuhi V Musinga, opposé à l’Église. Intronisation de son fils Charles Léon Pierre Mutara III Rudahigwa, catholique. Début du royaume chrétien du Rwanda.

-  1931 INTRODUCTION DE LA CARTE D’IDENTITE MENTIONNANT L’ETHNIE

-  1946 Les Nations Unies place le Ruanda-Urundi sous le statut de la Tutelle belge. L’Église contraint le roi Rudahigwa à consacrer son pays au " Christ-Roi ".

-  1954 Grégoire Kayibanda, ancien séminariste, est nommé rédacteur en chef de Kinyamateka, édité dès 1933 par les Pères blancs.

-  1955 Mgr Perraudin, prélat d’origine suisse est nommé vicaire apostolique de Kabgayi, puis archevêque de Kigali. Grégoire Kayibanda est son secrétaire particulier.

-  1957 Le Manifeste des Bahutu est publié avec l’aide intéressée de l’Eglise catholique. Les Pères blancs aident et parrainent la " révolution hutu ".

-  1959 Kayibanda fonde le Parti du mouvement de l’émancipation des Bahutu (Parmehutu).

La première république hutu

1959

-  25 juillet : Mort suspecte du Mwami Mutara III Rudahigwa à Bujumbura, après une injection faite par un médecin belge. 
-  28 Juillet : Intronisation de Kigeri V Ndahindurwa, dernier roi du Rwanda. Création de plusieurs partis politiques. Premier massacres de Tutsi faisant 20 000 morts : Massacres de la " Toussaint rwandaise ". Début de la " révolution sociale ", lancée, appuyée et supervisée par l’Eglise, l’armée et l’administration coloniale. Des dizaines de milliers de Tutsi sont tués, leurs biens pillés et leurs maisons brûlées. Regroupement d’une partie des rescapée regroupés dans des camps au sud-est du pays. Fuite d’une autre partie vers les pays limitrophes. Nomination du colonel Logiest comme résident spécial.

1961

-  28 janvier : Coup d’État de Gitarama : Proclamation de la République par Kayibanda, ex-secrétaire de Mgr Perraudin, conseillé par Logiest et sous le contrôle de l’administration belge. Élections législatives. Victoire du parti Parmehutu de Kayibanda. Nouvelle flambée de violence antitutsi. Massacre et exode de milliers de Tutsi. 
-  25 septembre : Référendum. Grégoire Kayibanda élu président de la République hutu. Arrestation puis expulsion de Kigeri V par les autorités belges. La mention de l’ethnie sur la carte d’identité, instituée par l’administration coloniale, est obligatoire et doit désormais figurer sur toutes les pièces administratives.

1962

-  1er juillet : Indépendance de la République rwandaise. Triomphe d’une " révolution sous tutelle " ou " assistée ", selon le gouverneur Harroy. Premiers raides de réfugiés tutsi entraînant des représailles massives sur la population civile tutsi prise en otage. Les massacres organisés en présence de l’armée coloniale belge font plusieurs milliers de morts. L’appartenance ethnique devient un élément déterminant de la vie sociale : accès à l’emploi, à l’éducation, aux postes administratifs.

1963

ORCHESTRATION DU " PETIT GENOCIDE " DE GIKONGORO PAR KAYIBANDA : Plusieurs dizaines de milliers de victimes, hommes, femmes et enfants. Fuite de 200 000 Tutsi vers l’Ouganda, le Zaïre et le Burundi. Bertrand Russel déclare qu’il s’agit " du massacre le plus horrible et le plus systématique depuis l’extermination des Juifs par les nazis ". Dissimulation du drame par les autorités rwandaises, par la tutelle belge et par la hiérarchie catholique. Exécution de membres tutsi du gouvernement.

Consolidation du pouvoir du Parmehutu. Elimination des opposants, instrumentalisation des pogromes antitutsi. Poursuite de l’exode des Tutsi dans les pays voisins. Déportation des rescapés des massacres dans les zones inhospitalières : les marais du Bugesera (Nyamata) pour les Tutsi du Nord et les forêts de Rukumberi pour ceux du Sud.

1965

Elections de Kayibanda qui revendique 98% des suffrages. Monopolisation du pouvoir par le Parmehutu, parti tribaliste et sudiste qui fonctionne comme parti unique sans opposition. L’armée et la police sont réservées exclusivement aux Hutu, particulièrement à ceux du Sud. Les Hutu du nord (Gisenyi et Ruhengeri) restent nombreux dans l’armée.

1966

Passage au parti unique

La seconde République hutu

1973

-  Février : Nouvelles vagues de persécutions antitutsi, animées par des " Comités de salut public " à l’instigation d’un Père blanc, le Père Naveau. Pogromes sanglants. Expulsion des Tutsi de l’administration et de l’éducation. Epuration ethnique des élèves du secondaire et des étudiants de l’université nationale de Butare.

-  Juillet : PRISE DU POUVOIR PAR JUVENAL HABYARIMANA A L’ISSUE D’UN COUP D’ÉTAT MILITAIRE. La faction nordiste au sein de l’armée accapare le pouvoir. Plus d’une cinquantaine de membres de l’administration et du gouvernement sont assassinés.

1974

Mort de Kayibanda dans sa prison, des suites de mauvais traitements et peut-être d’empoisonnement. Quadrillage du pays par la police et l’armée, transformée en garde prétorienne. Habyarimana reprend à son compte la politique ethnique de son prédécesseur excluant les Tutsi de l’armée et des postes de responsabilités.

1975

Signature d’un accord d’assistance militaire entre le président français Giscard d’Estaing et Habyarimana, à l’occasion d’un safari mémorable. Fourniture d’une aide en armement par la France, à hauteur de 4 millions de francs par an.

Création du MRND, le Mouvement Républicain National pour le Développement. Monopolisation des responsabilités politiques et économiques par les Hutu ressortissants des préfectures nordistes de Gisenyi et Ruhengeri.

1976

Nomination de l’archevêque de Kigali, Mgr. Nsengiyumva, au comité central du MRND.

1978

Adoption d’une nouvelle constitution. Maintien de l’identification ethnique sur les cartes d’identité. Intégration de chaque Rwandais, dès sa naissance, au parti unique MRND. Élection du président Habyarimana avec 99% des voix.

1979

Création de la Rwandese National Union (Ranu) par des réfugiés Tutsi au Kenya, futur Front Patriotique Rwandais (FPR).

1980

-  Octobre : Refoulement à la frontière par le général Habyarimana de 80 000 réfugiés tutsi expulsés d’Ouganda par le régime de Milton Obote.

Détresse et décimation des réfugiés, mortalité effrayante due aux manques de nourriture et de soins.

1981

Engagement de nombreux jeunes réfugiés tutsi dans les rangs du National Resistance Movement, la rébellion de Yoweri Museveni en Ouganda.

1982

Introduction de Jean-Christophe Mitterrand, fils du président, à la cellule franco-africaine de l’Elysée qu’il dirigera peu après, jusqu’en 1992.

Jean-Christophe Mitterrand entretien des relations avec de nombreux chefs d’États africains et leurs enfants - dont Jean-Pierre Habyarimana.

1983

Réélection de Juvénal Habyarimana avec 99,8% des voix.

1986

Museveni prend le pouvoir en Ouganda.

1987

Célébration du 25ème anniversaire de la République hutu. La Ranu devient le Rwandese Patriotic Front (FPR).

1988

-  Décembre : REELECTION DE HABYARIMANA AVEC 99,98% DES VOIX.

Refus par Habyarimana d’accueillir les réfugiés tutsi. Naissance et développement d’une opposition démocratique forte et dynamique. Amplification de la crise : corruption, emprisonnements arbitraires, sévices. Multiplication des arrestations d’opposants hutu du Sud.

L’opposition au régime Habyarimana

1989-90

Assassinat de la Députée Nyiramutarambirwa par des agents de la " Sûreté nationale ". Celle-ci s’était opposée à la politique des quotas. Assasinats de plusieurs journalistes par la Sûreté, dont le directeur du journal catholique Kinyamateka.

1990

Rédaction par Erik Orsenna du discours de la Baule pour le président François Mitterrand (il en dénoncera plus tard la politique africaine).

L’opposition armée du FPR, issue de la seconde génération des réfugiés tutsi, appuie l’opposition intérieure sudiste et démocratique au régime d’Habyarimana.

-  1er octobre : Première attaque du FPR depuis la frontière ougandaise. Mort de Fred Rwigema. OPERATION NOROIT.

-  4 octobre : Intervention française dans le conflit (opération Noroît) sur décision du président François Mitterrand. Envoi sur le front d’une compagnie (150 hommes) du 2ème Régiment étranger de parachutistes (2ème REP) stationnée en République Centrafricaine, suivi de l’aide des Belges et les Zaïrois (Mitterrand ajoute ensuite 450 hommes).

Retour accéléré des 3 000 hommes de la Division Spéciale Présidentielle du Maréchal Mobutu en raison de leurs excès criminels à l’encontre des populations.

-  Nuit du 4 au 5 octobre : Simulation d’une attaque sur Kigali avec le concours des militaires français (de la Mission d’Assistance Militaire et de Noroît)

-  5 octobre : Discours d’Habyarimana à la radio nationale expliquant que l’ennemi avait attaqué en force la capitale et décrétant l’état de siège, instauration d’un couvre-feu intégral, appel à la vigilance délation. Arrestation dans la foulée de 10 000 Tutsi et d’opposants politiques hutu à Kigali.

-  8 octobre : MASSACRES PAR REPRESAILLES DE LA POPULATION CIVILE TUTSI (BAHIMA) DU MUTARA (UN MILLIER DE VICTIMES). Les tueries sont présentées comme un travail collectif respectable (umuganda) par les autorités.

-  11-13 octobre : Massacre de Tutsi dans la commune de Kibilira.

-  Fin octobre : Appui des troupes françaises repoussant le FPR en Ouganda. Début de la guérilla. Retrait de la Belgique du Rwanda après un vif débat au parlement dénonçant les crimes du régime Habyarimana. Seules restent les troupes françaises. Suivi très attentif de la situation militaire au Rwanda par François Mitterrand, même pendant ses déplacements.

-  Novembre : Accord par la France d’un prêt de 84 millions de Francs " pour le développement ", en réalité pour l’achat d’armements.

-  Décembre : Accord par la Caisse centrale de Coopération économique de Paris, d’un autre prêt au Rwanda de 49 millions de Francs " pour la réalisation de divers projets ".

Diffusion du texte raciste dit des " Dix commandements du Hutu ", dans la revue Kangura, notoirement soutenue par la belle-famille du président Habyarimana (l’akazu). Photo de Mitterrand en 4ème de couverture, avec en légende le dicton : " Les vrais amis, on les rencontre dans les difficultés ".

1991

-  Janvier : Implantation du FPR dans la région de Byumba, Nord-Est du Rwanda et libération de plus de 1 000 prisonniers politiques de la prison de Ruhengeri, fief d’Habyarimana. Intervention d’un détachement français.

Affirmation par l’ancien membre des escadrons de la mort Janvier Africa - dont les témoignages peuvent être amplement recoupés - d’avoir été formé durant quatre mois, à partir de février 1991, par les militaires français.

-  Janvier-février : EXTERMINATION DE 2000 TUTSI BAGOGWE en représailles. Organisation de massacres à caractère génocidaire (extermination d’hommes, de femmes et d’enfants) à l’instigation du gouvernement Habyarimana (par le bourgmestre de Kinigi, le préfet de Ruhengeri, et d’autres autorités). Participation du président Habyarimana et son épouse aux réunions préparatoires .

-  29 mars : Accord de cessez-le-feu signé à N’sele (Zaïre).

-  Avril : Nomination du général Christian Quesnot comme chef d’Etat-major particulier du Président Mitterrand. Le général Jean-Pierre Huchon est son adjoint.

Participation d’officiers français aux interrogatoires " musclés " de prisonniers FPR .

Conférence de Dar-es-Salam sur le droit au retour des réfugiés.

-  10 juin : Modification de la constitution, reconnaissance du pluripartisme, du droit de grève pour les fonctionnaires et de la liberté de la presse. Apparition de plusieurs partis d’opposition : le Mouvement Démocratique Républicain (MDR), le Parti Libéral (PL), le Parti Social-Démocrate (PSD), le Parti Démocrate Chrétien (PDC).

1992

MANIFESTATIONS POPULAIRES CONTRE LE GOUVERNEMENT.

-  8 janvier : Manifestation à Kigali (100 000 personnes), à Gitarama et à Butare.

-  15 janvier : Seconde grande manifestation de l’opposition à Kigali.

Le lieutenant-colonel Chollet, détaché par la Mission militaire de coopération auprès d’Habyarimana, dirige et réorganise l’armée rwandaise. Contact de Paul Barril avec les extrémistes hutu de l’akazu.

-  Mars : Nouveau massacre à Kibilira. Création de la Coalition pour la défense de la république (CDR), qui rassemble les ultra hutu et distille ouvertement un racisme antitutsi agressif.

MASSACRES DES TUTSI DANS LE BUGESERA, au Sud du Rwanda, après des appels au meurtre par Radio-Rwanda, dirigée par Ferdinand Nahimana.

-  Avril : Dismas Nsengaremye dirige un gouvernement de compromis MRND-opposition (sans le FPR).

-  Mai : Création d’une milice de tueurs : les Interahamwe par le MRND présenté comme le " mouvement de jeunesse du parti ". Certains sont formés par des militaires français.

-  29 mai, 6 et 7 Juin : Rencontres de Bruxelles. Discussions, à Bruxelles puis à Paris, entre l’opposition démocratique et le FPR. Création d’un front commun en faveur des accords de paix.

-  8 juillet : Près de 300 000 personnes sont déplacés en raison des combats dans le nord du pays.

Les accords d’Arusha

-  12 Juillet : Signature à Arusha (Tanzanie) d’un accord de cessez-le-feu, puis à Addis-Abeba (Ethiopie). Début Août : Mise en place à Arusha des fondations pour un Etat de droit. Entente entre le gouvernement et le FPR pour l’établissement d’un gouvernement transitoire pluraliste.

-  Fin Août : MASSACRES DE TUTSI DANS LA REGION DE KIBUYE, perpétrés par les milices, juste après la signature des accords d’Arusha.

" Couverture ", par le Crédit Lyonnais, d’un contrat égyptien de 6 millions de dollars de fourniture d’armes au Rwanda. Livraison au Rwanda pour 86 millions de dollars d’armes par an, par la manufacture d’armes sud-africaine Armscor, entre 1990 et 1993.

-  Octobre : Dénonciation, par le sénateur belge Kuypers, du rôle des " escadrons de la mort " (les " Réseaux zéro ") et de la politique raciste du régime Habyarimana.

-  Novembre : Discours du président Habyarimana aux militants du MRND dénonçant le " chiffon de papier " des premiers accords d’Arusha. Léon Mugesera, membre du bureau politique du MRND, prône la liquidation des Tutsi.

-  Décembre : Pogromes de Tutsi et d’opposants hutu à Kibilira et dans la région de Gisenyi, région natale du président Habyarimana.

1993

-  Janvier : SIGNATURE DU PROTOCOLE DES ACCORDS D’ARUSHA sur le maintien de l’état de droit, la fin des massacres, la constitution d’un gouvernement de transition à base élargie incluant le FPR.

-  8 février : Nouvelle offensive du FPR pour faire cesser les massacres et mettre en œuvre les accords. Arrêt de l’offensive devant Kigali grâce à l’appui français. Envoi par la France de deux compagnies additionnelles au Rwanda.

-  20-22 février : Violences commises par les milices interahamwe et CDR à Kigali. Massacre de Tutsi et d’opposants hutu dans les préfectures de Gisenyi, Ruhengeri, Kibuye et Byumba.

-  Février : Engagement du Capitaine Paul Barril par le ministre rwandais de la Défense, en vue d’une mission (nom de code : " opération insecticide "). Interrogé par un officier militaire français de haut rang, François Mitterrand répond que Barril n’a reçu aucun ordre de lui.

-  Mars : Enquête internationale sur les massacres. Affirmation par l’un des membres de cette commission, Jean Carbonare, d’avoir vu des instructeurs français dans le camp de Bigogwe, où " l’on amenait des civils par camions entiers. Ils étaient torturés et tués ". Dénonciation par la commission des pratiques de génocide au Rwanda et de la responsabilité au plus haut niveau des autorités rwandaises dans ces massacres.

-  25 février - 2 mars : Rencontres de Bujumbura, entre le FPR et l’opposition.

-  28 février : VISITE DU MINISTRE DE LA COOPERATION MARCEL DEBARGE A KIGALI. Appel à un " front commun " contre le FPR. Cette déclaration officielle d’un ministre français sera suivi de l’Organisation par Habyarimana d’une réunion entre le MRND, la CDR et les extrémistes antitutsi des autres partis : MDR, PSD, PL et PDC, approuvant la présence française et appelant la population à " la défense civile du pays ". Création de la mouvance Hutu Power à la suite de cette réunion.

-  Mars : Conclusion d’un nouvel accord de cessez-le-feu à Dar-es-Salaam entre le gouvernement rwandais et le FPR, prévoyant le reprise des pourparlers d’Arsusha et le départ des troupes étrangères (françaises).

Adoption de la résolution 852 du Conseil de Sécurité de l’ONU, visant à mettre en place une force internationale d’interposition. Début du retrait des troupes françaises. Retour du FPR sur ses positions d’avant février 1993.

-  Avril : Nomination du Général Huchon, adjoint au chef d’état-major particulier du Président Mitterrand, ancien commandant du 1er Régiment parachutiste d’infanterie de marine (1er RPIMa), à la tête de la Mission militaire de coopération. Il succède au général jean Varret, " démissionné " pour avoir manifesté son désaccord sur la politique conduite par la France au Rwanda.

-  Mai : Conclusion de nouveaux accords à Arusha, prévoyant la constitution d’une armée nationale unifiée.

-  Juin : Mise en place du gouvernement de transition.

-  17 juillet : Agathe Uwilingiyimana issu du parti MDR est nommée Premier ministre

-  4 Août : SIGNATURE DES ACCORDS D’ARUSHA dont les trois composantes sont :

-1/ la mise en place d’un État de droit sous la responsabilité d’un gouvernement de transition à base élargie ; 
-  2/ le retour des réfugiés rwandais ; 
-  3/ la constitution d’une armée nationale de transition intégrant les FAR et l’APR

Début des émissions racistes et incendiaires de la Radio Télévision Libre des Mille Collines (RTLM), avec à sa tête Seraphin Rwabukumba, beau-frère du Président Habyarimana, membre des réseaux Zéro et Ferdinand Nahimana.

-  Décembre : Retrait des troupes françaises. Mise en place de la Mission des Nations Unies pour l’Assistance au Rwanda (MINUAR), dirigée par le brigadier-général Roméo Dallaire.

-  Octobre : Massacre de Tutsi au Burundi à la suite de l’assassinat , le 21 octobre, du président Melchior Ndadaye. Représailles de l’armée. Fuite des responsables des massacres au Rwanda.

-  Novembre : Le bataillon belge compte 450 hommes au lieu des 800 attendus.

-  27 décembre : La MINUAR compte 1260 militaires.

-  28 décembre : Arrivée triomphale à Kigali des 600 militaires du 3ème bataillon d’élite du FPR, choisis pour représenter ce parti dans la capitale, sous le commandement du Colonel Charles Kayonga. Ils accompagnent les représentants du FPR au gouvernement et seront cantonnés au parlement (CND).

Le génocide des Tutsi

1994

-  21 janvier : Interception par la MINUAR à Kigali d’un avion cargo qui avait chargé à Châteauroux (France) des munitions pour les FAR.

Blocage des accords d’Arusha : refus de la faction présidentielle Hutu Power de mettre en place un gouvernement de transition élargi au FPR.

-  23 Février : Assassinat du leader du PSD Félicien Gatabazi. Lapidation de Martin Bucyana, le dirigeant de la CDR en représailles. Les violences font plusieurs dizaines de morts. Report sine die de l’installation des institutions de transition.

Onze militaires français du Département d’Assistance Militaire à l’Instruction (DAMI), en civil, sont identifiés à Kigali. Ils avaient officiellement quitté le Rwanda depuis décembre 1993.

Présence à Kigali du capitaine Paul Barril, prestataire de services spéciaux auprès du régime rwandais.

-  Mars : Arrivée des 800 militaires du contingent ghanéen de la MINUAR qui compte alors 2508 hommes provenant de 22 pays.

-  29 mars : Tenue à Kigali d’une réunion présidée par le chef d’état-major des Forces Armées Rwandaises (FAR) pour préparer et organiser, sous la responsabilité de l’armée, l’élimination des " infiltrés " (les Tutsi) et des " traîtres " hutu.

-  4 avril : Lors d’une réception à la MINUAR, le Colonel Bagosora déclare que les accords d’Arusha " n’offrent aucune garantie " et parle d’exterminer tous les Tutsi .

-  6 avril, 20H 30 : DESTRUCTION DE L’AVION TRANSPORTANT JUVENAL HABYARIMANA ET LE PRESIDENT DU BURUNDI CYPRIEN NTARAMIRA.

En moins d’une d’heure, avant même que la nouvelle soit annoncée à la radio, installation de barrages aux grands carrefours de Kigali. Les rues de la capitale s’encombrent de cadavres. La Garde Présidentielle interdit à la MINUAR de se rendre sur les lieux de l’attentat. Le commandant français de Saint-Quentin y a accès. Le Colonel Bagosora, omniprésent, lance et supervise les tueries.

-  7 avril : Assassinat par la Garde Présidentielle du Premier ministre Agathe Uwilingiyimana, des dix casques bleus belges qui assuraient sa protection, ainsi que de plusieurs ministres et de responsables hutu démocrates.

Présence de Paul Barril à Kigali pendant le génocide, où il réside à l’ambassade de France.

Début du massacre systématique des Rwandais tutsi, de ceux qui les protègent et des partisans d’une politique de conciliation nationale.

-  8 avril : Extension du génocide hors de Kigali : massacres dans les paroisses de Zaza (10 et 12 avril), Kanzenze (11 avril) Kabarondo (13 avril), Nyarubuye (14 avril), Kibungo (15 avril), ...

OPERATION AMARYLLIS

-  9 avril : Envoi de troupes à Kigali par la France (opération Amaryllis) et la Belgique (opération Silverback) pour l’évacuation des expatriés et des Occidentaux. Les soldats belges, contrairement aux Français, évacuent quelques Tutsi.

Evacuation sur Paris d’Agathe Habyarimana, épouse du président, co-fondatrice de la RTLM et co-inspiratrice des " réseaux Zéro ", dont la famille est au cœur du dispositif génocidaire et prise en charge de celle-ci et de sa suite par le gouvernement français. Hébergement à Paris de ses frères Séraphin Rwabukumba et Protais Zigiranyirazo, ainsi que de l’idéologue Ferdinand Nahimana, personnages centraux du Hutu Power.

Remise à Paris par le Ministère de la Coopération sur ordre de Mitterrand, d’une somme de 20 000 F à Agathe Habyarimana, pour ses frais personnels.

Evacuation par la France de l’orphelinat Sainte-Agathe, permettant l’exfiltration de 34 " accompagnateurs ", notamment des responsables des massacres.

Destruction précipitée à l’Ambassade de France de toutes les archives sur ordre de l’ambassadeur, Jean-Michel Marlaud. Accueil à l’ambassade du personnel politique de l’ancien régime. Les Tutsi menacés d’extermination sont abandonnés à leur sort, y compris le personnel de l’ambassade et des services culturels français.

Constitution du GIR (Gouvernement Intérimaire Rwandais) à l’ambassade de France et au Ministère de la Défense, sous la houlette de l’ambassadeur Marlaud et du Colonel Bagosora.

-  12 avril : Offensive à Kigali des forces du FPR.

-  16 avril : FIN DE L’OPERATION AMARYLLIS. PERPETRATION DU GENOCIDE dans la nuit rwandaise, à travers tout le pays.

-  19 avril : Diffusion par Radio-Rwanda, d’un discours du président du GIR, Théodor Sindikubwabo, en voyage au Butare, invitant la population du Butare à se " mettre au travail ". Début des massacres à Butare.

-  21 avril : Vote de la France au Conseil de Sécurité de l’ONU pour la réduction du nombre de Casques bleus de la MINUAR (qui passe de 2700 à 450).

-  21-25 avril : Massacres à l’hôtel Ibis et à l’hôpital de Butare.

-  Fin avril : Opposition de Jean-Bernard Mérimée, représentant de la France au Conseil de Sécurité de l’ONU, à la qualification de " génocide " pour les massacres perpétrés contre les Tutsi.

Accueil du Ministre des Affaires Etrangères du gouvernement génocidaire, Jérôme Bicumumpaka et du représentant de la CDR, Jean-Bosco Barayagwiza à l’Élysée et à Matignon.

-  27-28 avril : Rencontre à Gbadolite (Zaïre) entre Mobutu et Jacques Foccart, accompagné de Michel Aurillac, ancien ministre de la Coopération de Chirac (1986-1988), et de l’avocat Robert Bourgi.

Présence de Herman Cohen, ancien sous-secrétaire d’État pour les Affaires africaines sous le président Bush (francophone et marié à une française, ami de Jacques Foccart, Herman Cohen est un partisan actif du président Mobutu à Washington).

-  1er mai : Déroute des FAR qui entraînent dans leur fuite des centaines de millier de civils.

Entretiens à la Mission militaire du ministère de la Coopération (rue Monsieur à Paris) de l’adjoint du chef d’état-major des FAR avec le général Jean-Pierre Huchon. Fourniture par celui-ci d’un matériel de communication cryptée pour maintenir le contact entre les FAR et Paris.

Promesse d’une aide militaire. Le général Huchon prodigue des conseils pour " retourner l’opinion " en faveur du camp génocidaire.

-  17 mai : Vote, par le Conseil de Sécurité de l’ONU, du déploiement de 5500 casques bleus et d’un embargo sur les armes au Rwanda. Le représentant de la France, Jean-Bernard Mérimée, s’était efforcé d’empêcher cet embargo en soutenant la position du représentant du GIR.

Annonce au GIR, par un message du deuxième secrétaire de l’ambassade du Rwanda au Caire, de la livraison de 35 tonnes d’armes (munitions et grenades) pour un montant de 765 000 dollars. Ce document mentionne une transaction faite à Paris.

-  22 mai : prise de l’aéroport de Kigali par le FPR. Avril-juin : Ravitaillement des FAR en armes et munitions par des avions Boeing 707 atterrissant à Goma au Zaïre. Livraisons payées par la France selon les sources sur place.

-  Fin mai : Réunion à huis clos à Paris des ambassadeurs des pays d’Afrique francophone " amis de la France ", incitant les dirigeants français à s’opposer à la " déstabilisation " du Rwanda par le FPR.

-  Juin : Payement à Paul Barril de 1 200 000 dollars pour un contrat de " service et assistance " signé avec le gouvernement Habyarimana, selon un document publié par la Mission parlementaire sur le Rwanda.

L’opération Turquoise

RECUL DES FAR DEVANT LE FPR.

-  11 juin : Alain Juppé, ministre des Affaires étrangère, déclare que la communauté internationale devra prendre de nouvelles initiatives si les combats et les exactions se poursuivent au Rwanda.

-  16 juin : Alain Juppé parle de " génocide " et annonce l’imminente intervention militaire française, l’opération Turquoise. Le projet de François Mitterrand d’envoi de parachutistes français sur Kigali est empêché par Balladur et les membres plus prudents de l’exécutif de cohabitation .

-  22 juin : Autorisation par le Conseil de Sécurité d’une intervention humanitaire, sur proposition de la France.

Condamnation de l’intervention française par le FPR et les partis de l’opposition démocratiques, notamment par le Premier ministre désigné par les accords d’Arusha, Faustin Twagiramungu.

-  13 juin : Prise du Gitarama par le FPR. Installation du gouvernement génocidaire à Gisenyi, à la frontière zaïroise.

-  23 juin : Entrée officielle des forces françaises au Rwanda par Cyangugu : " c’est là que nous trouverons (...) tous les Tutsi vivants dont nous avons besoin pour la télé " (argumente Gérard Prunier, conseiller de l’opération).

-  27 juin : Paul Barril affirme sur France 2 que l’attentat contre Habyarimana serait l’œuvre du FPR avec la complicité de militaires belges dont il a reconnu l’accent sur des interceptions radiophoniques.

-  28 juin : Publication du rapport des Nations Unies (rapporteur : René Degni-Segui) établissant la réalité du génocide des Tutsi.

-  4 juillet : Refoulement des FAR de Kigali et de Butare. Création par Turquoise d’une " Zone Humanitaire Sûre " (ZHS) au Sud-ouest, zone où se réfugient les responsables du génocide (dont les animateurs de la RTLM) et les populations qu’ils contrôlent. Continuation du massacre des Tutsi survivants dans la " Zone humanitaire sûre ".

-  14 juillet : Prise de Ruhengeri, principale ville au Nord du Rwanda, par le FPR.

Les FAR en déroute fuient au Zaïre grâce à un couloir ouvert par l’opération Turquoise.

Afflux de deux millions de Hutu au Kivu (Zaïre). Début de l’épidémie de choléra parmi les populations conduites à Goma au Zaïre dans une région endémique pour cette maladie.

-  17 juillet : PRISE DE GISENYI PAR LE FPR QUI DECLARE LA FIN DE LA GUERRE.

Le Rwanda est presque entièrement libéré, à l’exception de la ZHS contrôlée par les Français. Formation d’un gouvernement d’union nationale à Kigali, comprenant des membres du FPR et des survivants l’opposition démocratique.

Durant l’opération Turquoise, aucune interpellation des responsables (préfets, sous-préfets, bourgmestres et chefs miliciens) ayant localement organisé les massacres n’a été faite par les militaires français (l’ONU avait pourtant établi la qualification de génocide).

Le chef des FAR, le général Augustin Bizimungu, est vu à Goma dans un véhicule de l’armée française. Des officiers français de Turquoise dissuadent les officiers des FAR désireux de rallier le gouvernement d’union nationale à Kigali.

-  8 août : Nouveau déplacement de Foccart à Gbadolite, au Zaïre, où il rencontre le président Mobutu, pour le réconcilier avec son Premier ministre Kengo wa Dongo, dont la mère est une Tutsi rwandaise.

-  21 août : Fin de l’opération Turquoise. REORGANISATION DES FAR qui ont rejoint le Zaïre et bénéficient de l’aide de Mobutu. Présence d’environ 500 militaires français au Zaïre jusqu’à la fin septembre.

Au Rwanda, le fichage ethnique est supprimé sur les cartes d’identité et dans tous les fichiers.

La guerre de basse intensité contre le Rwanda

Utilisation des camps d’exilés hutu à la frontière du Rwanda comme base armée des ex-FAR et camps d’entraînement. Contrôle des camps par les anciens militaires et miliciens rwandais, ainsi que par les anciens responsables politiques. Ceux-ci empêchent le rapatriement des exilés hutu, estimés à près de deux millions.

Dans les camps de nombreux intellectuels impliqués dans le génocide (instituteurs, médecins, journalistes, cadres d’ONG locales) sont employés par les agences humanitaires.

-  Octobre : Mathieu Ngirumpaste, président du MRND et responsable des miliciens interahamwe, annonce à l’AFP son retour d’un voyage en France.

-  Novembre : Jérôme Bicumumpaka, " ministre des Affaires étrangères " du GIR en exil au Zaïre, déclare avoir été de nouveau officiellement reçu en France.

"Herman Cohen qui [en 1995] conserve une influence dans les Affaires africaines à Washington, s’engage personnellement (...) à obtenir à la position française le soutien des Etats-Unis" (G. Prunier).

-  8 et 9 novembre : Sommet franco-africain de Biarritz. Refus de François Mitterrand d’inviter le Rwanda. Déclaration de son conseiller spécial pour l’Afrique, Bruno Delaye : " Nous n’invitons pas les nouvelles autorités rwandaises (...) elles sont trop controversées, sans compter qu’elles vont s’effondrer d’une minute à l’autre " (G.Prunier).

-  9 novembre : Création du Tribunal international pour le Rwanda (TPIR) par le Conseil de Sécurité de l’ONU.

-  21 novembre : Déclaration du secrétaire-général de l’ONU, Boutros Boutros-Ghali : " il y a des raisons de croire que ces éléments [les ex-FAR] préparent une invasion armée du Rwanda ".

-  23 septembre : Manchette de Libération sur le " rapport Gersony ", accusant le FPR d’avoir massacré 30 000 civils dans la région de Byumba, au moment où une opération de rapatriement massif des réfugiés est envisagée par le Haut Commissariat aux Réfugiés (HCR). Report immédiat de l’opération .

-  25 novembre : Face à l’indignation croissante, Paris, qui bloquait l’aide financière au nouveau régime de Kigali, accepte que l’Union Européenne accorde un premier soutien au Rwanda de 67 millions d’Ecus.

-  Décembre : Rapport de la commission d’enquête de l’ONU constituée le 1er août, concluant que " des actes de génocide ont été commis à l’encontre du groupe tutsi par des éléments hutu agissant de manière planifiée, systématique et méthodique ".

1995

-  Janvier : Intégration dans les rangs des anciennes Forces armées rwandaises (ex-FAR) de milliers d’anciens miliciens interahamwe et recrutement massif des jeunes dans les camps.

Lancement du parti RDR (Rassemblement pour le Retour des Réfugiés et la Démocratie au Rwanda) dans le camp de Mugunga, présidé par l’ancien ministre du Commerce François Nsabahimana et encadré par des personnalités proches du Hutu Power, rassemblant les cadres militaires des ex-FAR, dont les généraux Bizimungu et Kabiligi. Le RDR permet à, d’ajouter une pression politique à une pression militaires de plus en plus forte.

-  18 janvier : Conférence internationale à Genève sur la reconstruction du Rwanda. Multiples attaques des ex-FAR à l’Ouest du pays à partir de leur base située dans l’île d’Iawawa sur le lac Kivu.

-  Octobre : Découverte sur l’île d’Iawawa, lors du débarquement de l’armée patriotique rwandaise (APR) grâce aux embarcations fournies par le Canada, d’un matériel de propagande identique à la presse du génocide et notamment des tracts demandant aux Hutu de " terminer le travail ". Mort de 300 ex-FAR pendant cette opération.

-  16 avril : DRAME DE KIBEHO, dernier camp de déplacés hutu au Rwanda, renfermant de nombreux miliciens et responsables du génocide. A l’annonce de la fermeture du camp, la foule des déplacés est poussée en avant par les miliciens. Panique des jeunes soldats de l’armée patriotique rwandaise qui tirent dans la foule.

-  19 mai : La Commission internationale d’enquête chiffre à 1800 le nombre de morts, la majorité par piétinement, d’autres tués à la machette par les miliciens du camp. Kibeho deviendra emblématique de la désinformation concernant l’APR.

-  27 juin : Installation à la Haye du Tribunal pénal international (TPI) devant juger les instigateurs du génocide.

-  28 août : Démission du Premier ministre Faustin Twagiramungu et de quatre autres ministres, dont Seth Sendashonga, ministre de l’Intérieur. Nomination du Premier ministre Pierre-Célestin Rwigema.

-  5 novembre : Tenue du Colloque international de Kigali sur le génocide et l’impunité, qui souligne la responsabilité de la France et lui demande de contribuer à l’indemnisation des victimes.

La guerre du Kivu et le retour des exilés hutu

1996

Massacre des Tutsi du Masisi dans le Nord-Kivu par les ex-FAR et les miliciens, à partir des camps d’exilés hutu. Participation de l’armée zaïroise aux massacres et aux pillages.

-  27 février : Annonce d’une nouvelle tentative de rapatriement des exilés hutu par le HCR. Manchette de Libération : " Rwanda. Enquête sur la terreur tutsi. Plus de 100 000 Hutu aurait été tués par le FPR ".

cette information qui suscita la surprise dans tous les milieux diplomatiques et onusien de Kigali, fut largement relayée par l’ensemble de la presse francophone en Europe et en Afrique " (C. Breackman).

Nouvel arrêt du rapatriement.

-  Juillet-août : Extension de la " chasse aux Tutsi " au Sud-Kivu. Les Banyamulenge (Tutsi zaïrois du Sud-Kivu) organisent de leur autodéfense avec l’aide du Rwanda.

-  24 avril : En dehors de tout agenda officiel, Jacques Chirac rencontre Mobutu à l’Elysée. Jacques Foccart le rencontre également. Déclaration du porte-parole de Mobutu au retour à Kinshasa : " Le parlement est prêt pour donner son accord à une déclaration de guerre au Rwanda ".

-  19 juillet : Visite du ministre de la Coopération Jacques Godfrain au Zaïre. Annonce de la reprise de la coopération franco-zaïroise.

-  14 septembre : REBELLION DES BANYAMULENGE mettant l’armée zaïroise en déroute. Prise de la ville de Fizi, au sud d’Uvira.

-  18 octobre : Création de l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo-Zaïre (AFDL). Kabila est placé à la tête du mouvement.

-  20 octobre : Démantèlement des camps hutu de la région d’Uvira par la rébellion. Fuite de 20 000 exilés. Défaites successives de l’armée zaïroise, des ex-FAR et des Interahamwe.

-  30 octobre : Prise de Bukavu, démantèlement des camps de la région de Goma.

Rencontre de Charles Pasqua et Mobutu à Lausanne, ainsi que des responsables foccartiens de la cellule Afrique de l’Elysée.

-  4 novembre : Proposition par la France d’une intervention militaro-humanitaire internationale. Titre du Monde : " Zaïre : il faut y aller ". Dépôt par la France d’un projet d’intervention à l’ONU.

-  15 novembre : Retour au Rwanda de 800 000 Hutu. Fuite dans la forêt zaïroise de 200 000 exilés, parmi les plus impliqués dans le génocide (notamment les familles des militaires et des miliciens) où ils sont pourchassés et victimes des représailles de l’AFDL et de l’APR. Massacre de plusieurs milliers de civils hutu.

-  8 décembre : Renonciation à l’intervention internationale.

-  17 décembre : Retour du Maréchal Mobutu au Zaïre, organisé par les " Services " et la diplomatie française.

1997

Multiplication des interventions du ministre français des affaires Etrangères, Hervé de Charrette, sur la scène internationale, pour mettre en place une nouvelle " opération humanitaire ".

Proposition d’organisation de la part de l’armée française. Les journaux Le Monde et Libération travaillent l’opinion dans ce but.

-  7 mars : Demande d’une nouvelle réunion d’urgence par l’Elysée qui n’y gagnera qu’un spectaculaire camouflet diplomatique.

Constitution d’une base armée au camp d’exilés hutu de Tingi-Tingi au Zaïre. Utilisation des avions de l’aide humanitaire pour acheminer des munitions.

-  2 mars : Prise de Kindu et Tingi-Tingi par l’AFDL. Soutien de " spécialistes " français aux combats de la Division spéciale présidentielle de Mobutu, épaulés de " vrai-faux " mercenaires recrutés notamment par l’émissaire pasquaïen Jean-Charles Marchiani. Recrutement en nombre de militaires serbes et bosno-serbes impliqués dans les crimes de guerre en ex-Yougoslavie

-  15 mars : Prise de Kisangani par l’AFDL.

-  17 mars : MORT DE JACQUES FOCCART . Présence au Kivu d’éléments du 13ème Régiment de Dragons Parachutistes (13ème RDP) et des CRAP (commandos de recherche et d’action en profondeur), soit 500 hommes venus de Bangui pour prêter main forte aux Forces armées zaïroises (certains déguisés en mercenaires). Ils ne pourront empêcher leur déroute.

Transit de l’armement pour Mobutu (deux gros porteurs Antonov 124 en provenance de Biélorussie) par Marseille, où la douane française ferme les yeux.

-  9 avril : Prise de Lubumbashi par l’AFDL.

-  16 mai : Fuite précipitée du maréchal Mobutu.

-  17 mai : Prise de Kinshasa. Déroute des mercenaires qui parviennent à s’enfuir. Evacuation des officiers zaïrois de haut rang, des autorités civiles et de certains mercenaires par un Transall français.

-  18 Juillet : Arrestation par le TPIR à Nairobi de sept anciens dignitaires hutu, parmi lesquels Jean Kambanda, Premier ministre du GIR, Hassan Ngeze rédacteur en chef de Kangura, le colonel Kabiligi, et George Ruggiu, animateur belge de la RTLM.

-  Août-septembre : Massacres au Rwanda de rescapés du génocide à Mutara, Rugerero, Giciye, Nkuli (en préfecture de Gisenyi et Ruhengeri). Infiltrations massives d’ex-FAR et de miliciens pour de la reconquête du Rwanda. Déstabilisation de tout le Nord-Ouest.

Massacres de Tutsi congolais, hommes, femmes et enfants, réfugiés au Rwanda dans le camps de Mudende.

-  7 septembre : Mort du maréchal Mobutu au Maroc.

-  10 octobre : Affrontement au Rwanda entre l’APR et des groupes importants d’ex-Far et de miliciens infiltrés.

-  11 Décembre : Second grand massacre de réfugiés Tutsi congolais à Mudende, un millier de tués (1643 selon les rescapés) avec les méthodes et l’idéologie du génocide. Les 15 000 réfugiés sont déplacés vers Byumba.

Déclaration du secrétaire général de l’ONU, Kofi Anan : " Ces atrocités s’inscrivent dans la continuation du génocide de 1994 ".

Le ralliement de Kabila à la Françafrique

-  Janvier : LES RESPONSABILITES FRANÇAISES DANS LE GENOCIDE DENONCEES EN FRANCE. Révélation dans Le Figaro par Patrick de Saint Exupéry, de la complicité des autorités françaises.

L’International Herald Tribune intitule un article : " La France au Rwanda : Le syndrome de Vichy du silence coupable". La presse et les autres médias suivent progressivement.

1998

-  Février-mai : Massacres de rescapés du génocide et de hutu " traîtres " au Nord-ouest du Rwanda. Trie ethnique dans les bus et tueries sélectives d’écoliers Tutsi. Ces massacres font en 10 mois plus de 2 000 morts au total. Répression et représailles de l’APR contre les Interahamwe et la population civile soupçonnée de complicité. Condamnation à 5 ans de prison ferme pour six officiers de l’APR reconnus coupable de représailles disproportionnées lors d’une attaque d’infiltrés en mars 1997.

-  3 mars : Création en France de la Mission d’information sur le Rwanda, présidée par Paul Quilès, pour contrôler le scandale. La volonté " d’absoudre la France " est affichée dès le départ.

-  24 avril : Premières (et jusqu’à présent uniques) exécutions capitales au Rwanda pour crime de génocide.

-  Mai-août : Massacre de réfugiés tutsi de 1959 dans le camp de Kinihira. Les ex-FAR et les miliciens infiltrés au Rwanda seront finalement rejetés par la population du Nord-Ouest, presque exclusivement hutu. Les prisonniers libérés par les infiltrés regagnent leur prison. Pacification progressive du Rwanda.

Multiplication des dissensions entre Katangais et rwandophones au sein de l’état-major de Kabila. Consommation du divorce quand les Katangais escortent des colonnes d’Interahamwe vers le Rwanda pour relancer la guerre civile. Recrutement de 10 000 ex-FAR et miliciens interahamwe par Kabila. Ils sont entraînés dans la base militaire de Kamina au Katanga.

Echec d’un putsch fomenté par le Rwanda et l’Ouganda pour éliminer Kabila.

-  Juillet : La France fait obstruction à la Cours criminelle internationale (CCI). Le ministère de la Défense fait valoir qu’une telle institution " pourrait limiter la marge de manœuvre de nos militaires et mettre en cause des officiers français pour leur rôle en Bosnie et au Rwanda " .

-  Août : Manipulation des passions xénophobes et racistes antitutsi de la population zaïroise par les autorités. Appels radiodiffusés de Kabila aux pogromes antitutsi. Abdoulaye Yerodia, Conseiller de Kabila et psychanalyste lacanien, incite les habitants de Kinshasa à " éradiquer la vermine ". Déclenchement de la chasse aux faciès dans tout le Congo-Kinshasa. Massacre de plus d’un millier de Tutsi et de personnes ressemblant au stéréotype " tutsi ".

Soutien à Kabila de l’Angola et de son vieil ami le leader Zimbabwéen Robert Mugabe. Création d’un front anti-Museveni. Esquisse de la stratégie du chaos. Elf et Total Financent les deux parties de la guerre civile angolaise. Voyage de Kabila à Khartoum pour ressusciter l’axe zaïro-soudanais. Le Soudan Envoi 2 000 soldats pour continuer leur djihad contre l’Ouganda. La guerre se transforme en un conflit régional complexe gigantesque faisant intervenir au moins huit armées nationales prédatrices et 20 milices dont le Hutu Power. Les Wardlors exigent leur part de butin.

-  4 septembre : Premier jugement du tribunal pénal international (TPIR) : condamnation à perpétuité de Jean Kambanda, Premier ministre du Gouvernement intérimaire (GIR). Laurent-Désiré Kabila, qui représentait l’humiliation et la défaite de la Françafrique, remplace désormais pour Paris l’allié Mobutu, dont il mime le comportement prédateur et les dérives criminelles : pillage du pays, refus de la démocratie, népotisme, utilisation de la haine ethnique comme instrument politique. Les alliés traditionnels de l’Elysée soutiennent Kabila : le Soudan, le Hutu Power, l’Angola, le Tchad, ainsi que la Libye, récemment ralliée à la Françafrique. La Libye fournit des armes avec l’assistance technique de l’armée française.

-  Septembre : Envoi par le dictateur tchadien Idriss Déby d’un renfort de 2 000 soldats à Kabila, aussitôt après la visite au Tchad du ministre français de la Coopération Charles Josselin.

-  Novembre : Déclaration de Kabila à la presse : " Les Tutsi sont traditionnellement sanguinaires (...) Ils ont amené 1 500 soldats séropositifs pour violer les femmes congolaises " (Figaro 30/11/98).

-  18 novembre : Rapport de l’ONU (S/1998/1096) qui révèle qu’entre 25 000 et 30 000 ex-FAR et miliciens interahamwe sont toujours financés et massivement enrôlés dans les guerres qui déchirent l’Afrique (par Kabila dans l’ex-Zaïre, par Sassou Ngesso au Congo Brazza, par la Junte islamiste au Soudan).

-  15 décembre : DEPOT DU RAPPORT DE LA MISSION D’INFORMATION SUR LE RWANDA. Paul Quilès convoque les médias audiovisuels juste avant le journal de 20H pour expliquer que " la France n’était nullement impliquée ". Il se félicite que le rapport " rejette les accusations inacceptables " suscitées par l’étranger et l’anti-France. Paul Barril n’a pas été entendu par la Mission.

1999

-  Janvier : Déclaration du Zimbabwe : " son intervention militaire en République démocratique du Congo est financée par la France l’Angola et la Libye " (BBC News, 7/1/99)

-  Octobre : voyage de Charles Josselin à Kinshasa pour célébrer " des retrouvailles qui n’ont que trop tardé ". Création d’un climat de génocide par les Interahamwe aux ordres de Kabila. Au nord-est de l’ex-Zaïre, massacre à la machette de plusieurs milliers de voisins Hema (population d’éleveurs considérée comme " cousine des Tutsi ") par des groupes de miliciens Lendu.

Instruction des soldats de Kabila par des anciens légionnaires du 2ème Régiment Etranger de Parachutistes (2ème REP).

-  Début décembre : Le général Jeannou Lacaze, ancien directeur du SDECE, ancien conseiller militaire de Mobutu, se met au service de Kabila.

(...)

 

SOURCE:appuirwanda.free.fr

REPLIQUE D'AMMAFRICA WORLD:

NOUS CONFIRMONS "KIVU" APPARTENIR HISTORIQUEMENT ET GEOGRAPHIQUEMENT AU CONGO(RDC)!!!!

 

L'histoire de Génocide de ce pays ne doit en aucun cas commencer que par ces années là, faudrait remonter encore dans les années qui précédèrent l'arrivée des "NOMADES TUTSIS" pour occuper premièrement la partie EST du Rwanda alors que vivaient au CENTRE, les autochtones Pygmées,les "TWA" secondé par les HUTUS majoritaire qui régneaient au pouvoir et vivaient en pleine harmonie avec les autochtones PYGMEES (Les Batwas). Ce n'est qu'au moment de ce Mwami (roi) Rwabugiri avec son rêve d'étendre son espace, ils avancèrent au centre, usèrent de RUSE pour donner de leurs filles aux Hutus majoritaires, et vice versa, pour aboutir après une première tentative qui echoua, à cause de la forte replique des ces autochtones Hutus, pour arriver à renverser le règne de HUTU et comme toujours, la replique fut aussi meurtrière pour ces deux ethnies que d'autres s'exilèrent au Congo Belge, mais les autres furent assujettis pour endurer encore de plus l'humiliation lors de l'arrivée des Allemands et Belges qui donnèrent aux Tutsis une main forte de plus, tandisque les Hutus minisés doublement, ils se nourrirent d'un jour de vengeance pour se soulever lors de l'indépendance de "1959"!  Je pense qu'à ce point, les "TUTSIS-NOMADES" doivent revenir à la raison et accepter que les autres puissent avoir la place dans leur territoire et que la PAIX revienne ENFIN!!!

 

Pour finir, je dirai comme suit:

La stratégie des "MENTEURS-INTELLIGENTS" consiste à dire des verités en premier pour Glisser par la suite quelques "mensonges" melanger comme une SAUCE et balancer devant le public. Mais pour vaincre cet esprit, il est recommandé de faire usage "analystique" sur ces mêmes données! Les Analystes et historiens Africains se débarrasseront facilement de ses éléments qui FREINENT L'Afrique dans un temps où l'Afrique veut vraiment REECRIRE SON HISTOIRE!!!!

 

LE KIVU* n'a jamais été du Rwanda! Qu'on se le dise...

Protégeons notre Afrique en lui evitant de tels conflits ethniques et historiques!

REECRIVEZ L'HISTOIRE DANS LA FRANCHISE!!!

 

AMMAFRICA WORLD TEAM



05/06/2013
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L'HISTOIRE DES ANTILLES ET DE L'AFRIQUE:CARTES GEOGRAPHIQUES FALSIFIEES?!

 

 


19/05/2013
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LA DERNIERE LETTRE DE MOBUTU A CHIRAC!!!

LA DERNIERE LETTRE DE MOBUTU A CHIRAC
Par J.D.G.

 



* Le maréchal Mobutu menace de dénoncer les crimes des Américains en Angola, exprime son amertume au président français. Il constate qu'il a perdu l'efficience auprès de la population. Enfin, il exprime son intention de remettre le pouvoir à Kabila. 
* Mais malade, Mobutu continuait à se prendre pour Dieu sur la terre au point de jeter le doute sur la personnalité de Kabila.

Kinshasa, le 11 mai 1997

A Son Excellence Monsieur Jacques Chirac
Président de la République française

Monsieur le Président,

Avant toute chose, je tiens à vous présenter mes salutations sincères. A vous, tout autant qu'à Madame votre épouse. Au nom de la très longue amitié qui nous lie depuis plus d'une décennie.

Aujourd'hui, la situation est pénible pour moi. Devant la gravité du moment. D'abord, au niveau de mon pouvoir où j'ai perdu l'efficience sur la population. Ensuite, au niveau militaire, il m'est impossible de freiner l'avancée des rebelles vers Kinshasa qu'ils peuvent atteindre à n'importe quel moment.

S'agissant de Kinshasa, je ne peux favoriser un bain de sang inutile. Car, en tout état de cause les rebelles l'atteindront bien. Tout étant affaire de temps.

Faut-il vous rappeler que je fais face à une guerre injuste ? Aujourd'hui, les Etats-Unis et la Grande Bretagne par l'intermédiaire de l'Afrique du Sud, de l'Ouganda, du Rwanda et de l'Angola utilisent le chef de bande Laurent Désiré Kabila pour me poignarder dans le dos profitant de ma maladie.

Autrefois, les Etats-Unis ont été mes alliés, souvenez-vous de l'épisode angolais. Je me réserve le droit de publier dans les prochains jours mes mémoires. Alors, le monde entier saura enfin des vérités insoupçonnées jusqu'ici.

Mon ami, vous savez aussi bien que moi que le chef de bande Laurent Désiré Kabila est une personnalité douteuse, génocidaire et inappropriée pour diriger le Zaïre comme chef de l'Etat. J'ai tout essayé pour empêcher cela. Mais ses maîtres occidentaux, les Etats-Unis en l'occurrence le soutiennent et l'encouragent dans cette voie.

Devant l'obstination américaine et la dégradation continue de mon état de santé, je suis obligé de vous annoncer mon intention de transférer le pouvoir à Kabila lors de notre prochaine rencontre sur Utenika le 14 mai prochain.

Que Dieu aide le Zaïre

 

Mobutu Sese Seko Kuku Ngbendu Waza Banga
Président de la République

_____________________________________

 

Le maréchal du Zaïre a été chassé du pouvoir le 17 mai 1997. Avant cette date fatidique, beaucoup d'initiatives ont été tentées dans le but évident d'épargner au dictateur une chute humiliante en évoquant comme prétexte, le souci d'éviter le bain de sang à Kinshasa et celui de sauvegarder l'unité nationale. Dans la lettre datée du 11 mai 1997 adressée à Chirac, Mobutu sait qu'il ne peut plus rien et n'ose même pas appeler le président français au secours. Tout ce qu'il fait, c'est se lamenter notamment en accusant la Grande Bretagne, les Etats-Unis et certains pays africains de le poignarder dans le dos.

 

Il n'était nullement question à l'époque de céder le pouvoir pour éviter le bain de sang ou encore pour sauvegarder l'unité nationale. Car, autant les Faz n'ont pas combattu ailleurs, il n'y avait pas de raisons qu'ils résistent à Kinshasa. Car, les événements se sont précipités le 15 mars 1997 avec la chute de Kisangani. Les autres grandes villes ont suivi. Quand Mobutu écrit cette lettre, toutes les initiatives, dont la rencontre du 08 mai à Libreville, ont échoué. Le 10 mai, la réhabilitation de Mgr Monsengwo n'était pas de nature à arrêter l'avancée des soldats de l'Afdl. Les observateurs remarquent une contradiction entre le retour de Mgr Monsengwo, comme remplaçant constitutionnel et l'intention déclarée dans la lettre de céder le pouvoir à Kabila.

 

En présentant Kabila sous le mauvais jour auprès de Chirac, le maréchal espérait de ce dernier un dernier sursaut impérialiste pour barrer la route à Kabila. Cette stratégie lui avait réussi pendant la guerre froide. C'est le même argument de "personnage douteux" collé à Lumumba qui avait mobilisé les Occidentaux. Si la guerre de Kabila avait eu lieu à l'époque de la lutte contre le communisme, en lieu et place de bain de sang et la sauvegarde de l'unité nationale, Mobutu allait évoquer le danger de l'invasion communiste, argument qui avait pesé dans la condamnation à mort de Lumumba.

Mobutu menace de dénoncer l'implication des Américains et des Britanniques dans le soutien à l'Unita en Angola

"Autrefois, écrit le maréchal, les Etats-Unis ont été mes alliés. Souvenez-vous de l'épisode angolais. Je me réserve le droit de publier dans les prochains jours mes mémoires. Alors, le monde entier saura enfin des vérités insoupçonnées jusqu'ici !" Cette menace est un aveu, une dénonciation. On n'a pas besoin d'attendre la publication des mémoires de Mobutu pour savoir en quoi cela retourne.

La question qui brûle sur les lèvres de tous est certes de savoir si jamais les vérités que contiennent les mémoires de Mobutu seront connues un jour. L'annonce de leur publication sous forme de menace avait suffi pour alerter les Occidentaux. On comprend alors aisément comment et pourquoi les mêmes Américains et Britanniques qui avaient soutenu Kabila dans la guerre de libération, sont aujourd'hui ligués contre lui. La réponse est simple.

Les Américains n'avaient pas eu la peine de convaincre Mobutu qu'il n'en avait plus que pour quelques mois à vivre. Et il suffisait également de le rassurer que Kabila n'en aurait aussi que pour quelques mois de règne. On a fait miroiter à Mobutu le retour aux affaires de ses héritiers tant biologiques que politiques. Comme cela, sa mémoire à laquelle il tenait tant serait gardée. Il n'y avait pas quelque chose qui pouvait rassurer le maréchal et le décider d'attendre tranquillement sa mort à Rabat au Maroc que cette promesse. Il est en fait mort le 7 septembre 1997, soit quatre mois et 10 jours après sa chute. Sa lettre à Chirac, explique en grande partie la guerre imposée à la Rdc depuis le 2 août 1998. En cherchant à écarter Kabila du pouvoir, les Occidentaux veulent respecter leur tradition de n'accepter dans ce pays aucun régime nationaliste. C'est encore une façon de dissuader les héritiers de Mobutu de publier les mémoires accablantes de leur père. La guerre actuelle au Congo est une façon de falsifier l'histoire, de taire la mémoire.

Quand on sait qu'actuellement en France on voudrait exhumer le dossier d'Algérie, on peut se demander jusque quand la vérité sur les horreurs de l'Angola par Mobutu et ses alliés américains sera-t-elle tue ?

 

 


EDITORIAL du 30 -11 - 2000 (L'AVENIR-QUOTIDIEN)
LE CHANTAGE DE MOBUTU

Par J. Diana G.

La lettre du dictateur congolais à Chirac et que le professeur Vunduawe a repris dans son livre "A l'ombre du léopard" est pleine de renseignements. La première vérité qui s'y dégage, c'est que réellement, comme d'aucuns l'avaient soutenu pendant la "transition démocratique" du Zaïre, Mobutu était ami à Chirac. Mais cette amitié, selon les termes de Mobutu lui-même, remonterait à dix ans c'est-à-dire vers la fin de la décennie 80. A cette époque, on sait que le Congo déjà en pleine crise économique ne présentait plus une image luisante. Au plan politique, Mobutu avait fini de "construire" sa dictature. L'autre vérité, c'est que Mobutu maniait bien l'arme du chantage.

Qu'est-ce que cela veut dire, sinon qu'il est abusif de mêler la France, mieux Chirac au tort causé par le régime du maréchal au peuple congolais. C'est pourtant l'impression que beaucoup de Congolais ont eu au lendemain du discours du 24 avril 1990 dans lequel Mobutu annonçait la démocratisation du pays. On peut remonter jusqu'à Giscard d'Estaing pour relever l'intervention française dans la guerre du Shaba. La vérité c'est qu'à cette époque et particulièrement dans cette guerre, l'intervention française s'inscrivait dans le cadre du bloc occidental dans sa lutte contre l'invasion communiste. Les Français n'étaient pas seuls au Katanga. Les Américains y étaient aussi avec la logistique. C'était la grande époque de l'amitié franco-congolaise certes, mais aussi celle des nocés entre le Zaïre et les Etats-Unis. Mais comme nous l'avons dit, cette amitié ne peut se comprendre en dehors de la stratégie anti-communiste.

Comment donc, en 1990, Chirac a-t-il été considéré comme le forgeron du dictateur zaïrois et la France le pays à bannir? Le combat anti-français a été mené et soutenu par une certaine opposition. Le boycott des produits français a été tenté, alors que les Britanniques et les Américains ont été considérés comme des anges. Et pourtant, Mobutu le dit lui-même, les Américains et les Britanniques ont été ses alliés et non ceux du Congo. Il menace même de les dénoncer. Dieu seul sait si ces mémoires des Mobutu seront un jour rendues publiques. Pendant ce temps, les Américains sont prêts à fouiller dans la vie des dirigeants congolais pour trouver dans leur passé des actes nécessitant la condamnation.

C'est une manipulation qui consiste à détourner l'attention vers les innocents pour permettre aux coupables de se tirer sur la pointe des pieds. La guerre actuelle en Rdc a apparemment pour finalité, le retour aux affaires de ceux qui gardent les mémoires de Mobutu. Pendant longtemps, les héritiers de Mobutu ont essayé de se tenir à l'écart de l'agression, question de ne pas provoquer l'aversion des congolais dont les plaies ouvertes par la dictature dont ils portaient la marque étaient encore béantes. Mais finalement, gagné par l'impatience, Zanga Mobutu a été obligé d'aller se faire expliquer le plan et les raisons du retard pris pour arriver à Kinshasa. Manda Mobutu quant à lui, a multiplié les déclarations. L'attente sera encore longue tant que le peuple, malgré les difficultés, continuera à s'identifier au combat de Kabila.

© Groupe de Presse L'AVENIR - Edition du 30 novembre 2000 - 
http://www.groupelavenir.com/Avenir-Quotidien/index.html 

SANGONET.COM 


19/05/2013
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CAMPAGNES DE L'ETAT INDEPENDANT DU CONGO CONTRE LES ARABO-SWAHILIS

Campagnes De L'État Indépendant Du Congo Contre Les Arabo-Swahilis

Campagnes de l'État indépendant du Congo contre les Arabo-Swahilis

Campagnes de l'État indépendant du Congo contre les Arabo-Swahilis
Zaire 97 kivus.jpg
Le Kivu
Informations générales
Date 1892 - 1894
Lieu Kivuprovince OrientaleKasaiKatanga etManiema en actuelle République démocratique du Congo
Issue Victoire de l'État indépendant du Congo
Belligérants
Flag of Congo Free State.svg Force publique de l'État indépendant du CongoSociété antiesclavagiste belge Flag of Muscat.svg Sultanats arabo-swahilis établis à Nyangwe,KasongoRiba RibaKabambare et Ujiji
Commandants
Flag of Congo Free State.svg Francis Dhanis Flag of Muscat.svg Tippo Tip, Sefu, Rumaliza
Forces en présence
environ 10 000 environ 100 000

Les Campagnes de l'État indépendant du Congo contre les Arabo-Swahilis sont un ensemble d'opérations militaires menées par la Force publique de l'État indépendant du Congo (EIC) contre les états dirigés par les sultans bantous musulmans dans l'est de l'actuel territoire de la République démocratique du Congo de mai 1892 à janvier 1894. Au plus fort de l'engagement fin 1892, environ 100 000 Arabo-Swahilis répartis en plusieurs armées seront opposés à 120 européens à la tête de 3 500 soldats réguliers[1], et davantage d'auxiliaires, sur un territoire de la taille de la France.

Il est à noter que le terme Arabo-Swahili (Arabe à l'époque) renvoie généralement à des bantous musulmans originaires de Zanzibar, plus rarement à des métis arabes ou indiens[2]. Un usage équivalent, assimilant "arabe" à "musulman", subsiste notamment aussi sur l'île de la Réunion, où les indiens musulmans sont généralement appelés "zarabes".


Préambule

Attaque d'esclavagistes dans la région de Nyangwe

Dès 1840, des commerçants venus de Zanzibar ont atteint les territoires sis entre le lac Tanganyikaet la Lualaba (actuels Kivus et Maniema) pour y chercher des esclaves et de l'ivoire. Les cités deNyangweKasongoRiba Riba ou Kabambare se structurèrent dès les années 1870.

Ujiji (en actuelle Tanzanie, sur la rive orientale du lac Tanganyika) faisait également partie de ces comptoirs commerciaux. C'est en cette ville qu'Henry Morton Stanley rencontra en novembre 1871David Livingstone. Stanley eut également l'occasion au cours de ce voyage de rencontrer les principaux commerçants Arabo-Swahilis actifs dans la région.

Stanley les rencontra à nouveau lors de son second voyage dans la région en 1876. Il y retrouve notamment Tippo Tip qui est désormais le plus puissant d'entre eux. Ils montèrent ensemble une expédition pour explorer le fleuve Congo vers l'aval à partir de Kasongo. Tippo Tip rebroussa chemin après 50 jours, et Stanley atteignit Boma. Tippo Tip eut l'occasion de rencontrer la plupart des explorateurs européens s'étant rendu dans la région à cette époque.

Alors que Stanley commençait pour le compte de Léopold II de Belgique l'exploration du bassin du Congo par l'ouest au départ de Boma pour la mise en place de l'État indépendant du Congo(consacrée par sa reconnaissance internationale en 1885), la présence Arabo-Swahilie se renforçait et se structurait à l'est. Les intérêts des deux puissances n'allaient pas tarder à entrer en opposition.

Les premières tensions

Des affrontements intervinrent rapidement dans la région du poste des Stanley Falls (actuellementKisangani) vers 1886-87. Stanley désigna en 1888 Tippo Tip comme gouverneur du poste, alors qu'il était lui-même engagé dans l'expédition de secours à Emin Pasha. La nomination d'un esclavagiste à un poste officiel au sein de l'EIC fut vivement critiquée en Europe, alors notamment que la Société antiesclavagiste belge était fondée. Celle-ci sera à l'origine de quatre campagnes menées contre les esclavagistes d'Afrique centrale.

Occupant la Lualaba jusque Riba Riba et l'Uele, les Arabo-Swahilis gagnaient maintenant le bassin de la Lomami et avaient même atteint la Mongala.

En 1890, le poste de Lusambo, créé la même année, est attaqué par Ngongo Lutete, un chef Bakussu ou Batetela allié des musulmans, à la tête de 500 guerriers. Il est mis en déroute parFrancis DhanisOscar Michaux et Legat avec 200 soldats noirs de la Force publique.

L'expédition Van Kerckhoven de 1891 dans la vallée de l'Uélé en direction du Nil sera l'occasion d'autres combats avec les Arabo-Swahilis, et une opportunité commerciale pour l'EIC d’accaparer leurs ressources. Un des plus importants aura lieu le 27 octobre, où le capitaine Pierre Ponthier anéanti un groupe de pillards au confluent entre l'Uele et le Bomokandi. Le 9 avril 1892, le capitaineJacques se trouva bloqué par les troupes de Rumaliza à Albertville qu'il venait de fonder.

C'est aussi à cette époque que l'État indépendant du Congo prend les premières mesures visant à empêcher les raids des esclavagistes. Il instaure également une taxe sur l'ivoire.

Les Arabo-Swahilis sentant leurs privilèges voire leur existence même menacées, ils prendront l'initiative d'une offensive. Stanley et Le Marinel rentrés en Europe, c'est désormais Francis Dhanisque sera le responsable des opérations contre les Arabo-Swahilis.

La guerre ouverte de 1892 à 1894

Eduard Schnitzer, également connu sous le nom d' Emin Pasha

La guerre ouverte entre les deux puissances se déroulera de mai 1892 à janvier 1894. Elle allait opposer les troupes de l'EIC aux différents vassaux de Tippo Tip, qui quitta lui-même la région à cette époque vers la côte orientale.

L'État indépendant du Congo disposait de deux camps retranchés fortement armés créés peu avant, à Lusambo (commandé par Le Marinel puis Dhanis) et Basoko (commandé par Chaltin), la station ancienne des Stanley Falls (commandée par Tobback), et divers postes sur le Congo et le Lomami dont celui avancé de Kasongo.

Arthur Hodister, commerçant d'ivoire oeuvrant pour le compte de la Société du Haut Congo, avait fondé deux stations sur la rivière LomamiPaul Le Marinel en charge du contrôle de la région, s'inquiéta des velléités de Hodister dans l'appropriation des ressources de la région, susceptibles de mécontenter les commerçants musulmans.

Ceux-ci, sous les ordres de Nserera, passèrent à l'action le 15 mars 1892 à proximité de Riba Riba, sur le fleuve Congo, massacrant Hodister et 10 autres blancs. Ils décidèrent ensuite d'incendier les installations de la Société du Haut-Congo et d'en tuer les occupants, dont Alfred Noblesse à Riba-Riba même, et Jules Pierret à Lomo, Gaston Jouret à Kibonge. Rachid, le gouverneur de la station des Stanley Falls à l'époque, refusa d'intervenir contre ces mutins.

L'emblématique Emin Pasha fut par ailleurs assassiné par des hommes de Kibonge, Saïd et Kinena, le 23 octobre. Egorgé, sa tête fut envoyée à Kibonge, alors que son corps, ainsi que celui de ses accompagnants, fut mangé.

La rupture entre l'État indépendant du Congo et les états commerçants musulmans était désormais consacrée.

Campagne du Maniema

Monument à Blankenberge (côte belge) à la gloire de Henri De Bruyne et Joseph Lippens

Sefu, un des fils de Tippo Tip, prit conscience de la menace. Le Marinel, en partance pour l'Europe, décida de nommer Dhanis à Lusambo, alors que Ngongo Lutete se préparait à attaquer le poste. Dhanis prit l'initiative, et combattit Ngongo Lutete le 23 avril, ainsi que le 5 et le 9 mai. Les deux premiers engagements furent incertains, mais le troisième fut le plus dur, et finalement décisif. Un moment à l'avantage des troupes de Ngongo Lutete, ceux-ci furent finalement défaits. Ce à quoi les troupes de l'EIC répondirent par une fusillade qui jeta la confusion chez les assaillants. Gongo Lutete se rendit sans conditions à Dhanis, et accepta d'entrer au service de l'EIC. Sa première mission fut d'établir un poste sur le Lomami à Gandu, sur la route vers Nyangwe et Kasongo.

Sefu, accompagné du chef Maniema Munie Moharra, avait entretemps attaqué et pris Kasongo, où l'EIC avait établi un poste dès 1889. Deux officiers, le sergent Henri De Bruyne et le lieutenant Joseph Lippens, furent pris à cette occasion. Les termes d'un cessez-le-feu avec l'EIC comprenaient notamment l'établissement d'une nouvelle frontière, et la remise de Ngongo Lutete. Ces conditions refusées, les Arabo-Swahilis marchèrent de Nyangwe et Kasongo vers la Lomami. Un moment gardés comme prisonniers à négocier, De Bruyne et Lippens furent poignardés le1er décembre, puis les mains et les pieds coupés selon la coutume locale.

La bataille de Chige

Les forces de Dhanis comprenaient 7 européens, 350 soldats réguliers, et un Krupp gun 7-5. A cela s'ajoutait les troupes de Ngongo Lutete, qui furent confiées au Capitaine Oscar Michaux, et en second Duchesne. Les troupes de Michaux rencontrèrent les Arabo-Swahilis à Chige le 22 et le 23 novembre 1892, sur la Lomami. Ceux-ci étaient au nombre d'environ 16.000 hommes, dont moins de la moitié étaient armés de mousquets, les autres de lances et d'arcs. Ngongo se plaignit de ce que ses hommes ne pouvaient se battre dans ces conditions (les fusils étaient mouillés par la pluie). Supposant une même difficulté dans l'autre camps, Michaux ordonna une attaque générale. La fuite suivit un bref combat. Environ 1 200 Arabo-Swahilis se noyèrent, 600 gisaient sur le champ de bataille, près de mille furent faits prisonniers.

Dhanis entama la poursuite des troupes en fuite en passant la Lomami. Ses forces comprenaient 6 européens, 400 soldats réguliers, et 35.000 guerriers locaux, commandés par leurs propres chefs.

Le lieutenant Jean Scheerlinck et le Docteur Hinde commandaient l'avant-garde. Michaux et Ngongo Lutete les rejoignirent à Lusana. Se joignirent au fur-et-à-mesure divers chefs locaux qui aient fait leur soumission. C'est à l'époque que les chefs de l'EIC apprirent la mort de Lippens et De Bruyne, ainsi que d'un de leur compagnons africains qui tenta vainement de les sauver. Ceux-ci furent désormais accompagnés des lieutenants Delcommune et Francqui arrivés du Katanga.

La seconde bataille se tint le 30 décembre à Gois Kapopa. L'avant-garde, constituée des hommes de Ngongo Lutete fut en un premier temps mise en fuite. L'arrivée de Dhanis et Michaux rééquilibra les forces, et la bataille fit notamment rage dans un marécage. Le Krupp gun fut des plus efficaces. Les Arabo-Swahilis laissèrent 200 hommes sur le terrain, alors que les forces de l'EIC ne comptaient que 80 morts et blessés.

Les troupes de l'EIC s'établirent alors pour une semaine sur le plateau de Gois Kapopa. Dhanis reçu des informations selon lesquelles Sefu reformait son armée, et que par ailleurs le lieutenant Florent Cassart les rejoignait. Il amenait une cargaison de 50 000 cartouches, escorté de trente européens et 200 hommes de Ngongo Lutete. Ils furent attaqués le 9 janvier 1893 par Munie Moharra, mais rejoignirent Dhanis, n'ayant perdu que 7 hommes et quelques centaines de cartouches.

Cette bataille entre les troupes de Moharra et Cassart se déroula à proximité du camp de Dhanis; celui-ci envoya De Wouter en renfort, qui prit ces hommes pour des renforts de Sefu, et ouvrit directement le feu sur eux. Mohara fut au nombre des tués. La nouvelle de sa mort brutale fut considérée comme barbare par les Arabo-Swahilis, et un signe de la détermination de l'EIC.

La prise de Nyangwe

La région du Maniema sous l'État indépendant du Congo

Sefu quitta immédiatement son camp de Kipango, et se retrancha vers l'est au delà de la Lualaba àNyangwe. Il était notamment accompagné des chefs Nserera et Pembe, fils de Munie Mohara. Dhanis, sur leurs traces, ne put les attaquer suite à la rupture d'un pont. Les deux armées restèrent face à face de part et d'autre du fleuve (d'une largeur de près de 1 000 mètres à cet endroit) pendant 5 semaines (du 21 janvier au 4 mars).

Dhanis tenta de convaincre les Wagenias, une tribu de pêcheurs de la région, de mettre leurs canoës à sa disposition, en vain, craintifs de la réaction des Arabo-Swahilis à leur égard. Il apprit cependant que les stocks de nourriture de Nyangwe étaient pratiquement épuisés, et Dhanis fit croire à Sefu, en lui offrant ses seules 6 volailles, que les siens étaient plus abondants. Les Arabo-Swahilis passèrent le fleuve pour y établir des fortins à proximité du camp de l'EIC. Dhanis attaqua en divisant ses adversaires en deux colonnes, infligeant une perte d'un millier d'hommes à l'ennemi, dont 150 morts dans la bataille et davantage par noyade.

Dhanis entreprit de bombarder la ville. Épouvantés, les Wagenias furent plus prompts à mettre à disposition de l'EIC leurs pirogues. 120 furent réunies pour la nuit du 3 au 4 mars. Nyangwe fut dès lors capturée par surprise et sans grand effort dès midi. Sefu se replia sur Kasongo, à deux jours de marche.

La prise de Kasongo

A Nyangwe, les troupes de Dhanis eurent à affronter diverses épidémies (grippe et variole). Le 10 avril, ils reçoivent une proposition de soumission de la part des chef Arabo-Swahilis Bwana Nzige et de Pioma Lenga, qui sera refusée. Dhanis quitta la ville le 17 avril vers Kasongo, avec un renfort de 500 hommes emmené par le capitaine Gillain, en charge du contrôle de la Kunda, et le lieutenant Doorme. Ils étaient aussi accompagnés de Ngongo Lutete et de ses lieutenant Sanbua et Dengu. De Wouters resta à Nyangwe avec 100 hommes. Les Arabo-Swahilis disposaient encore de 60 000 hommes, et de 4 fortins autour de la ville. Dhanis ne pouvait compter que sur 300 soldats réguliers et 2 000 auxiliaires. Doorme parvint le 22 avril à enlever l'un des forts en attaquant par l'arrière. Surpris, les Arabo-Swahilis ne purent se défendre valablement et Kasongo fut pris deux heures plus tard. De nombreux fuyards se noyèrent dans la Musokoï. La confirmation de la mort d'Emin Pashaparvint aux vainqueurs à cette époque.

Le butin pris à Kasongo comprenait notamment 3 tonnes d'ivoire, 35 boeufs, 15 ânes, une tonne depoudre, 20 fusils à répétition et le journal d'Emin Pacha.

Albertville

Alphonse Jacques de Dixmude

Dès l'année 1890, la Société antiesclavagiste belge, sous l'impulsion notamment des idées du cardinal Charles Martial Lavigerie, envisage de financer l'envoi dans l'est du territoire de l'État indépendant du Congo d'expéditions militaires pour contrer la présence des esclavagistes Arabo-Swahilis dans cette région. Le capitaine Alphonse Jacques (dont le patronyme sera plus tard augmenté de de Dixmude suite à ses faits d'arme au cours de la bataille de l'Yser) sera choisi pour prendre la tête l'expédition au départ de Zanzibar. Il sera accompagné du capitaine Storms, du lieutenant Renier et des sous-lieutenants Docquier et Vrithoff.

Sur le chemin vers Bagamoyo, Jacques est reçu en audience par le pape Léon XIII. Parti de la côte le 13 juillet 1891 à la tête d'une imposante caravane, il atteint la rive orientale du lac Tanganyika à Karema 3 mois plus tard, poste fondé dès le 12 avril 1879. Aidé des Pères blancs et du capitaine Joubert, il fondera le 3 janvier 1892 Albertville (actuellement connue sous le nom de Kalemie) sur la rive occidentale du lac, à proximité de la station de Pala fondée en mai 1883, d'où était partie l'expédition de Storms qui atteint Bukeya le 20 janvier 1884. A Albertville, Jacques a rapidement à faire face à Rumaliza, sultan d'Ujiji, allié aux Wangwana, suite à leurs opérations de libération d'esclaves. Vrithoff est tué au cours d'une de ces opérations, et Albertville est assiégée pour 9 mois à partir du 5 avril par les Arabo-Swahilis qui ont construit des fortifications (Boma) à proximité de la localité.

Des renforts sont dépêchés pour prêter secours aux assiégés, et le 16 juin Long quittait Bagamoyo avec 700 porteurs et 100 soldats, accompagné des lieutenants Duvivier et de Demol. Seule de petites opérations sont désormais lancées à partir d'Albertville.

L'arrivée de Joubert, accompagné de l'expédition Delcommune comprenant notamment l'ingénieur Diderich et le sergent Cassart, sera l'occasion d'une tentative d'assaut des fortifications Arabo-Swahilies. En vain, les 450 hommes ne suffiront pas à prendre les défenses, faute de munitions. L'avant-garde de l'expédition Long, commandée par Duvivier, arriva le 5 décembre. Jacques partit à la rencontre de Long. A leur retour le 10 janvier, la place forte Arabo-Swahilie avait été détruite, suite à des attaques menées par Duvivier et Docquier.

Les opérations de maîtrise de la région reprennent. Un poste est érigé à Moliro au sud-ouest du lac, occupé par le lieutenant Duvivier, secondé par Demol. Le lieutenant Renier crée dans l'Urua le fort Clémentine.

De nouveaux renforts sont envoyés en avril par la Société antiesclavagiste belge : le capitaine Descamps, accompagné de Chargois et Miot, amène d'importants stocks de munitions, ainsi que deux canons Nordenfeld de 47 mm.

Jacques cherche alors à s'en prendre directement à Rumaliza qui rassemble ses forces en direction de Kasongo (voir infra). Il dresse des plans pour attaquer les Arabo-Swahilis sur ses arrières et ses flancs. Les canons n'arriveront malheureusement pas avant décembre. Il décide alors d'attaquer le fort de Mouhissa, situé sur la Lukuga, à trois jours de marche d'Albertville. Le fort est bombardé le 6 janvier 1894, alors que Rumaliza lui-même est aux prises avec les forces commandées par Dhanis. Il est pris sans perte. Les capitaines Long et Chargois recevront le commandement du poste et de la garnison qui est installée, commandant ainsi les accès vers Pweto et vers le Maniema.

Le 25 janvier, le lieutenant Josué Henry (auquel de la Lindi sera plus tard ajouté au patronyme, suite à sa campagne de la révolte des Batetela) et l'avant-garde de Lothaire, entraient à Kabambare, et le10 février le lieutenant de Wouters d'Optlinter faisait jonction avec les forces du capitaine Descamps. Le 5 février, Jacques, accompagné des lieutenants Renier et Docquier, quittait Albertville pour rentrer au pays, quittant Zanzibar en mai et arrivant à Bruxelles le 23 juin.

Campagne de Chaltin sur le Lomami

Le commandant Louis Napoléon Chaltin débute à partir de Basoko en mars 1893 la remontée duLomami, où un an plus tôt avaient débuté les massacres prélude à l'engagement de l'EIC contre les Arabo-Swahilis. Il souhaite venir en aide aux troupes de Francis Dhanis en attaquant la ville de Riba Riba (actuellement Lokandu, à une cinquantaine de kilomètres au nord de l'actuelle Kindu) du chef Nserera au nord de la zone contrôlée par les Arabo-Swahilis. Riba Riba, située sur le Lualaba (haut-fleuve Congo), est accessible en quelques jours de marche depuis le Lomami.

Embarqué de Basoko début mars sur un bateau à vapeur avec 300 hommes pour remonter le Lomami, il quitte la rivière à Bena Kamba le 28 mars. Il prend la localité de Tchari le 6 avril suite à la fuite du chef Arabo-Swahili Lembe Lembe. De retour sur le Lomami le 14 avril, il accueille ce même jour le bateau Ville de Bruxelles avec 125 hommes supplémentaires.

Chaltin et ses troupes quittent Bena Kamba vers l'est le 22 avril pour rejoindre par voie de terre Riba Riba, située sur la Lualaba. Ils devront faire face à de nombreuses embuscades et endurer une épidémie de variole. À Lomo, ils retrouvent la dépouille de Jules Pierret, qu'ils emporteront pour l'enterrer dignement à Basoko. Le 25 et le 26 avril, ils construisent un pont de 200 mètres sur la Willu. Ils affrontent ensuite Kissangi Sangi, le meurtrier de Hodister. Ils prennent Riba Riba le 30 avril, dont les occupants sont en fuite vers les Stanley Falls, après un nouveau passage difficile sur la rivière Kasuku.

Chaltin reprend directement chemin en sens inverse pour secourir la station des Stanley Falls qu'il pressent menacée par les fuyards. Le 6 mai, il est de retour à Bena Kamba. Ils embarquent le jour même sur les deux navires à vapeur pour rejoindre les Stanley Falls, et atteignent le confluent avec le Congo le 8 mai. Réapprovisionnés à Basoko, ils repartent vers les Stanley Falls qu'ils atteindront au bout de quatre jours.

Campagne des Stanley Falls

La garnison des Stanley Falls était dirigée par Nicolas Isidore Tobback, et son second le lieutenant van Lindt. Le poste était également occupé par Rachid, neveu de Tippo Tip et cousin de Sefu. Une fois la chute de Kasongo connue, Rachid attaqua la garnison de l'EIC le 13 mai 1893. En ce premier combat, l'EIC déplora trois morts et sept blessés, pour une centaine de morts chez les assaillants. Les combats se poursuivirent pendant quatre jours, amenant Tobback à envisager l'évacuation du poste. Le commandant Chaltin avec ses troupes du camp de Basoko, suivi de celles de Pierre Ponthier et Hubert Lothaire, arriva aux Stanley Falls le 18 mai. Considérablement renforcées, les troupes de l'EIC attaquèrent les Arabo-Swahilis, et enlevèrent leurs différentes positions. 1 500 prisonniers furent fait, mais Rachid parvint à prendre la fuite pour rejoindre Kibonge.

Le 28 juin, Ponthier et Lothaire se lancèrent à la poursuite des Arabo-Swahilis, auxquels ils livrent 7 combats, et au cours desquels ils firent quelques 8 000 prisonniers. Kibonge est défait à Kirundu. Les troupes de l'EIC poursuivirent ensuite les fuyards jusque la Lowa (affluent de la rive droite de la Lulualaba, située à mi-chemin entre les Stanley Falls et Nyangwe, soit 270 kilomètres en 8 jours), et capturèrent 20 chefs Arabo-Swahilis, dont Saïd, l'un des meurtriers d'Emin Pacha. Il fut fusillé. Ponthier partit ensuite rejoindre Dhanis à Kasongo.

Campagne contre Rumaliza

Sefu en fuite en Afrique orientale allemande, l'État indépendant du Congo pensait la guerre terminée, et sa souveraineté garantie sur l'ensemble de son territoire. C'est à cette époque cependant que Ngongo Lutete fut sommairement jugé et exécuté abusivement comme traitre, et qui entraina la désaffection de nombre des hommes de Ngongo Lutete de la cause de l'EIC.

Mohammed bin Hassan Rumaliza, sultan d'Udjiji sur la rive orientale du lac Tanganyika, à la tête de forces considérables, avait pénétré sur le territoire de l'EIC jusque Kabambare, à mi-chemin entre Kasongo et le lac, avec l'intention de reprendre la totalité du Maniema. Ce ne fut qu'en octobre que le désormais capitaine Dhanis ne prit conscience de la menace, mais ne fut en mesure d'opposer qu'une force comprenant 5 officiers blancs, au nombre desquels Pierre Ponthier, 400 soldats réguliers et 300 soldats auxiliaires; et toujours le Krupp gun.

Un canon Krupp dans les années 1880. Les troupes de l'EIC ne disposaient pas de montures adéquates

Lorsqu'ils rencontrèrent pour la première fois les forces arabo-swahili à Mwana Mkwanga, ils occupaient une position comprenant notamment des fortins biens placés et bien construits. Mais ils ne prirent pas avantage de leur position. Dhanis ordonna la retraite lors de la blessure de de Lange. Les Arabo-Swahilis reprirent l'attaque, mais les troupes de l'EIC avaient reçu des renforts deKasongo. Les assaillants prirent alors la direction de la ville, désormais faiblement défendue. Dhanis envoya de Wouters à la poursuite des Arabo-Swahilis, avec pour mission de les arrêter à tout prix. les combats furent nombreux et indécis. Les Arabo-Swahilis décidèrent finalement de s'attaquer au camp de l'EIC à Mpangu.

Ils choisirent le 25 octobre, un jour de brouillard, pour entamer la bataille qui dura 5 heures, et régulièrement au corps-à-corps et à la baïonnette. L'EIC perdit 50 hommes, dont le capitaine Ponthier, mais les pertes des assaillants étaient plus importantes, et ils furent repoussés. Laissant de Wouters, Dhanis regagna Kasongo pour renforcer les positions.

De Wouters continua les opérations contre les Arabo-Swahilis. Il prit notamment Lubukine le 17 novembre, attaque au cours de laquelle fut tué le lieutenant de Heusch, mais aussi Sefu. Rumaliza repassa cependant la rivière Lulundi.

Dhanis ne fut pas en mesure de reprendre l'offensive avant fin décembre. Partis des Stanley Falls le31 octobre, via Kibonge le 7 novembre, des renforts embarquèrent sur 11 pirogues, comprenant 2 officiers, 164 soldats et 2 canons Krupp; ils arrivèrent à Gambwe, à 3 heures de marche de Kasongo, le 29 novembre. Entretemps, Rachid, qui avait fuit les Stanley Falls, avait rejoint Rumaliza.

Dhanis affecta le commandant Gillain, 180 soldats réguliers et 200 auxiliaires pour couper la route de Rumaliza en cas de retraite. Ils firent le siège des fortifications dès les 24 et 25 décembre. De Wouters attaqua le camp principal de Rumeliza à Bena Kalunga (ou Bena Gouïa); Dhanis, avec deux Krupp guns, resta en arrière. Les fortifications complexes et puissantes de Rumaliza tinrent bon, malgré les canons Krupp. Des renforts pour les Arabo-Swahilis, en provenance du lac Tanganyika, furent par ailleurs annoncés.

Le commandant Hubert Lothaire arriva cependant le 9 janvier 1894 avec 300 hommes. Un tir de Krupp gun parvint à atteindre les entrepôts du fort, et à les incendier. De nombreux Arabo-Swahilis furent tués en fuyant, soit par les tirs des forces de l'EIC, soit en se noyant dans la rivière proche. En trois jours, l'EIC fit également 200 prisonniers. De Wouter fut cependant tué. Kabambare tomba le 25 janvier, et Rachid se constitua prisonnier avec sa suite. Il fut interné dans le Kwango et y exploita une ferme. Nserera et Kibonge furent jugés et exécutés. Rumaliza se constitua plus tard prisonnier au Nyassaland britannique.

La guerre contre les Arabo-Swahilis était désormais terminée.

Le capitaine Descamps continuera à poursuivre de petites troupes Arabo-Swahili dans les environs du lac Tanganyika; il assiège pendant 50 jours le village du chef Masala, dont il entreprend l'assaut à la baïonnette. Il s'empare le 22 septembre du dernier village tenu par les Arabo-Swahilis.

Francis Dhanis fut nommé Baron pour ses faits d'arme. En son rapport à Léopold II de Belgiqueconcluant la campagne, Dhanis signale que les chefs traditionnels ont été réinstallés une fois leur soumission acquise, que d'importantes bases de la Force publique ont été installées à Kasongo et Kabambare. Il souligne par ailleurs la bravoure des soldats congolais, notamment les Baluba et lesBangala, et préconise dès lors leur recrutement au sein de la Force publique au lieu de troupes originaires des régions côtières.

 

SOURCE:fr.academic.ru


15/05/2013
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DEVOIR DE MEMOIRE:HISTOIRE DU RWANDA

 

Carte des missions  
Carte ancienne 
du Rwanda 

Epoque des missions.


(pour voir les détails, 
cliquer sur la carte).





Copyright :
"Les Pères Blancs 
aux Sources du Nil", d'Alexandre Arnoux.
 


AJOUTS RECENTS (mise à jour du 6 mars 2006) - A lire en bas de page.

- Mwami, le titre du roi du Rwanda
- Kigeli IV Rwabugiri (1853-1895), le premier mwami à avoir rencontré les Blancs 
- Yuhi V Musinga (1896-1944), le mwami résistant
- Mutara III Rudahigwa (1931-1959), le mwami muselé
- Kigeri V Nadhindurwa, le dernier mwami




Petite chronologie sommaire : 


- XIVe siècle : premier roi “historique”, Ruganzu I Bwinba . 

- XVe siècle : début de l’unification du Rwanda par la dynastie Nyiginya (tutsie). 

- 1894 : arrivée de l’expédition du lieutenant Gustav von Götzen, délégué du Reich allemand qui a “reçu” le Rwanda lors de la conférence de Berlin de 1880 durant laquelle les Occidentaux se sont partagés les territoires africains. 
Les Rwandais, bien sûr, ne sont pas au courant…

- 1900 : fondation de la première mission catholique par les Pères Blancs français à Save. 

- 1908 : fondation de Kigali par les Allemands, fascinés par la monarchie rwandaise et qui appuieront le mwami par les armes dans toutes ses entreprises menées contre ses vassaux rebelles, hutus et tutsis. 

- 1916 : conquête du Rwanda et du Burundi par les troupes belges venues du Congo dans le cadre de la Seconde Guerre mondiale qui les oppose aux Allemands.

- 1922 : le Rwanda passe sous mandat belge suivant la volonté de la Société Des Nations. Comme les Allemands, les Belges appuient le mwami et favorisent les Tutsis (pour l’éducation, le baptême catholique et l’octroi des chefferies de moins en moins lié à la volonté du roi). 

- 1931 : le mwami Musinga, qui refuse de se convertir, est destitué et exilé par les Belges qui le remplacent par l’un de ses fils, Mutara III. Les colonisateurs commencent à inverser leur politique, favorisant une “contre élite hutue” en la montant contre les “Tutsis aristocrates”.

- 1933 : instauration d’une carte d’identité ethnique par les Belges avec la mention “Hutu”, “Tutsi” ou “Twa”. 

- 1946 : l’ONU charge la Belgique de la Tutelle sur le Rwanda-Burundi. 
L’Eglise catholique a de plus en plus d’impact sur la société rwandaise, le pays est placé sous la tutelle spirituelle du “Christ-roi”.

- 1954 : suppression de l’Ubuhake (la “corvée”, garde des troupeaux, service gratuit ou don en nature que le paysan doit au seigneur et le seigneur au roi) mais en pratique, elle perdura… 

- 1957 : sous l’impulsion de monseigneur Perraudin, vicaire apostolique, et sur le modèle de la Révolution française, des intellectuels hutus formés au séminaire dont Grégoire Kayibanda, rédigent le manifeste des Bahutu, texte ethnico-racial qui décrit les Tutsis comme des aristocrates exploiteurs des Hutus. 
C’est la première fois qu’on évoque l’existence de deux peuples au Rwanda.

- 1959 : le roi Mutara meurt mystérieusement. Les Belges le remplacent par Kigeri V.Premiers massacres de Tutsis par des Hutus. Le pays est placé sous occupation militaire belge. 

- 1961 : révolution “sociale” hutue appuyée par le colonel belge Guy Logiest. Nouveaux massacres de Tutsis qui fuient en masse vers les pays voisins. Grégoire Kayibanda forme un gouvernement. Le roi est expulsé par les autorités belges. 

- 1962 : indépendance du Rwanda sous la direction des Hutus du Sud. Grégoire Kayibanda est président de la République. 

- 1963 : nouveaux massacres de Tutsis qui continuent à fuir leur pays lorsqu’ils le peuvent et se réfugient surtout en Ouganda. 

- 1973 :
 les Tutsis, discriminés par un système de quotas qui limite leur entrée à l’université et aux emplois, sont à nouveau massacrés. En juillet, le général Juvenal Habyarimana renverse Kayibanda. Les Hutus du Nord sont au pouvoir.

- 1975 : fondation, par Habyarimana, du parti unique, le MRND (mouvement républicain national pour le développement) 

- 1978 : nouvelle constitution faisant de tout citoyen rwandais un membre du MRND dès sa naissance (!).

- 1988 :
 réélections du président Habyarimana avec 90% des voix. En Ouganda, les exilés tutsis créent le FPR (front patriotique rwandais).

- 1990 : première tentative du FPR de rentrer au Rwanda mais l’armée française, présente sur le territoire rwandais depuis 1971 dans le cadre d’une “coopération technique” les repousse et sauve Habyarimana. Les troupes gouvernementales rwandaises massacrent les Bagwoge, des Tutsis du Nord.

- 1991 : mise en place du multipartisme

- 1993 : signature des accords d’Arusha, en Tanzanie entre le MRND et le FPR, prévoyant une répartition des pouvoirs entre les deux partis. 
Une commission internationale d’enquête publie un rapport dénonçant les actes génocidaires du régime Habyarimana. 

Janvier 1994 : le gouvernement Habyarimana regimbe à appliquer les accords. Des Hutus modérés tentent de s’opposer.

Février 1994 : assassinats de leaders hutus modérés. Violences et lynchages. 

6 avril 1994 : l’avion du président Habyarimana, de retour d’un sommet inter-régional à Dar es-Salaam, en Tanzanie, est abattu juste avant de se poser sur l’aéroport de Kigali. Le lendemain, commence, sous l’impulsion de la radio des Mille Collines qui pousse tous les Hutus au meurtre, le génocide des Tutsis qui fera, en cent jours, plus d’un million et demi de morts, Tutsis et Hutus modérés. 
Le FPR, en dépit de l’action de l’armée française qui permet la fuite des génocideurs vers le Congo, protégés qu’ils sont à l’intérieur de la zone Turquoise (opération à vocation officiellement humanitaire), stoppent l’horreur et prennent le pouvoir. 
Depuis, on a commémoré les dix ans du génocide l’an dernier, le général Kagame, chef du FPR devenu APR, vient d’être réélu à la tête du pays. Un tribunal international, à Arusha, est chargé du sort des “cerveaux” (mais nombre d’entre eux sont parvenus à s’échapper et se cachent en Europe) de cette gigantesque opération criminelle tandis qu’à l’intérieur du Rwanda, le gouvernement tente tant bien que mal de juger la masse des exécutants. Ils sont nombreux, les Hutus étant majoritaires dans le pays et donc majoritairement entraînés dans cette épouvantable crime. Certains ont été relâchés et les victimes se voient souvent obligées de cohabiter avec leurs anciens bourreaux… 


 
 
 


SOMMAIRE

* Kalinga, le tambour royal et les tambours dynastiques
* Inka, la vache
* Mwami, le titre du roi du Rwanda 
* Kigeri IV Rwabugiri (1853-1895)...
* Yuhi V Musinga (1896-1944), le mwami résistant
* Mutara III Rudahigwa (1931-1959), le mwami muselé
* Kigeri V Nadhindurwa, le dernier mwami



KALINGA, LE TAMBOUR ROYAL 
et les tambours dynastiques


D’après Le récit des origines, poème épique jadis conservé à la Cour du mwami, le roi du Rwanda, et relaté par l’historien et abbé rwandais Alexis Kagame, le kalinga aurait été apporté sur terre par Gihanga, le dieu fondateur de la dynastie, en même temps que la vénération de la vache, le feu et les semences. 


Le personnage de Gihanga dont la légende, selon l’anthropologue Jan Vansina, s’est probablement inspirée de la vie d’un véritable monarque, était associé au Buhanga. C’est dans cette région que fut consacré le premier tambour royal. Il portait le nom de “Rwoga”(“le nageur”) pour avoir traversé les nuées avec Gihanga en arrivant sur terre.

Objet de respect et de culte parce que symbole du pouvoir du mwami, le roi du Rwanda, le tambour dynastique ne devait jamais passer aux mains des ennemis, au risque d’exposer le royaume à l’anéantissement. Lorsque deux clans luttaient pour le pouvoir royal, le vainqueur s’emparait de l’instrument sacré. 




Copyright "Au plus profond de l'Afrique", de Gudrun HONKE


L’écrivain Paul Del Perugia, dans Les derniers rois mages; chez les Tutsis du Ruanda, chronique d’un royaume oublié (voir la rubrique Bibliothèque), soutient que vers le XIIe siècle, les Tutsis remplacèrent peu à peu les petites dynasties hutues dites les “rois des Tambourins” et qu’ils reprirent et magnifièrent leur tradition du tambour royal Le Grand Tambour de Règne, nommé Kalinga, le plus illustre de tous. (...).” Perugia explique ainsi le changement de nom de l’objet sacré : au XVe siècle, sous le règne de Ndahiro II Cyamatare (mort en 1510 d’après Alexis Kagame), le Rwoga aurait été capturé par l’ennemi lors d’un affrontement. Il resta onze années hors du territoire rwandais, plongeant le pays dans le chaos : catastrophes climatiques, mauvaises récoltes, famines, etc. Les poètes dynastiques dirent que durant cette période, l’homme régressa vers le matérialisme et qu’il fut coupé du monde divin. Un nouveau monarque, Ruganzu II Ndoli,parvint, grâce à des calculs, à retrouver la forme originelle du Rwoga cette fois-ci baptisé “Kalinga”, “gage de l’espérance”, et permit ainsi au royaume de renouer avec le bonheur et la prospérité. 

Une atmosphère de vénération et un grand cérémonial entouraient le Kalinga, enfermé dans un palais, protégé jour et nuit par une garde spéciale. Trois autres tambours royaux l’escortaient, chacun doté d’un nom correspondant à ce qu’il symbolisait : “le Roi possède la science”, ”le Pays s’élargit” et “les Nations me sont soumises”. 
Peints avec du sang de taureau qui leur donnait une apparence brun-rouge, orné, pour le seul Kalinga, de guirlandes de testicules séchées prélevées sur les ennemis battus, ils renfermaient chacun une pierre de quartz, image de leur âme. 
Perugia décrit : “(...) les tambours dynastiques présentaient la forme générale d’un sein, symbole de la fécondité. Pour suggérer cette image, leur caisse fuselée se renflait doucement au centre. Une section de la base assurait leur stabilité lorsqu’ils étaient posés. La caisse, haute parfois de 1,70m, comportait une peau de percussion en vache. Plus de mille lacets, élégamment croisés de la base au sommet, assuraient la tension de la sonorité.(...)”. 

Cet entravement était aussi destiné à rappeler celui de la vache pendant la traite. Ces objets de culte restaient dissimulés derrière de grands paravents décorés de motifs géométriques et constamment protégés par des gardes du corps. Ils trônaient sur des estrades afin de ne pas toucher la terre, “principe féminin”. 



Collection Musée de l'Homme
Copyright : J.-Y. Clavreul


On entretenait en permanence un feu dans l’enclos royal qui les abritait. Traités comme des “personnes royales”, ils étaient transportés en palanquins lors des fréquents déplacements de la Cour et salués par trois claquement de mains, comme le roi lui-même. 
Considérés comme des instruments de pouvoir et non de musique, les tambours dynastiques n’étaient pas battus mais seulement effleurés par le souverain qui déduisait les décisions à prendre d’après le son produit par la peau tendue. 
L’anthropologue Luc de Heusch précise : “Les tambours dynastiques, symboles de la présence muette de la lignée royale, interviennent donc dans trois rites de passage : 1. le rite agraire, qui marque le passage d’une saison à l’autre, de la disette à l’abondance; 2. le rite d’intronisation, transition d’un règne à l’autre; 3. le rite séculaire de l’abreuvage, transition d’un cycle historique à l’autre.” Totalement muets lorsque le roi s’absentait du territoire (guerre, chasse), les tambours dynastiques résonnaient pour fêter son retour triomphal. Pouvaient être punis de mort par les Abirus, les ritualistes de la Cour et responsables du Kalinga, ceux qui touchaient ou regardaient les tambours royaux hors de la présence du mwami. 

Quand les Belges destituèrent le roi Musinga au profit d’un de ses fils d’un clan différent (au Rwanda, un fils n’appartient pas forcément au clan de son père), le 11 novembre 1931, le monarque en disgrâce fut contraint, cinq jours plus tard, de rendre le tambour royal. Les Belges officialisaient ainsi la déchéance du vieux mwami qui refusait la conversion au catholicisme, signifiant la fin de son pouvoir suprême. Le Kalinga était désormais accaparé par un clan rival et Musinga redevenait un simple prince. Symbole d’un système politique dont ils ne voulaient plus, le Kalinga fut honni par les Hutus des années pré-révolutionnaires. 

  Le roi Musinga, 
accompagné d'un officier colonial.


Jean-Paul Harroy, résident général du Rwanda-Urundi avant l’indépendance, estime, dans son livre "Rwanda, de la féodalité à la démocratie" (Hayez/Bruxelles, Académie des Sciences d’Outre-Mer/Paris, 1984), que les décorations du kalinga composées de testicules de roitelets vaincus, principalement des Hutus, joua un rôle important dans les ferments de la révolution, excitant la haine et le désir de vengeance de nombreux Hutus. Au printemps 1960, durant le colloque sur le Rwanda-Urundi organisé à Bruxelles, les délégués des partis politiques de l’APROSOMA et du PARMEHUTU réclamaient déjà la suppression “des coutumes surannées du kalinga et des abirus”. 

Le Kalinga a été supprimé du drapeau sur lequel il figurait jadis. Aujourd’hui, peut-être peut-on encore en voir un exemplaire dans une vitrine du musée historique de Butare ou celui de Tervueren, le musée royal de l’Afrique centrale à Bruxelles ? 


 
 
 


 
INKA, LA VACHE
 


La vache rwandaise, à la silhouette si particulière; corps maigre et osseux surmonté de hautes cornes, constitue le fondement de la société pastorale tutsie, différent “du monde de la houe” des Hutus agriculteurs. 





Dans l’idéologie ancienne, cet animal était considéré comme supérieur à l’homme. Outre sa valeur économique, la vache remplissait une fonction sacrée : Kigwa, le dieu civilisateur, naquit d’un cœur de vache arrosé de lait et introduisit dans le monde humain les animaux sacrificiels et divinatoires dont un couple de vaches. Gihanga, son successeur, le dieu fondateur, instaura, lors de son arrivée sur terre, le culte de la vache en même temps qu’il apportait les autres éléments de civilisation : le feu, les semences et le tambour royal. 

Une version plus sophistiquée de l’histoire de Gihanga, rapportée par Luc de Heuschdans Rois nés d’un cœur de vache, (Gallimard, Paris, 1982), conte que Nyiramacibiri (la magicienne), fille aînée du dieu, aurait reconquis l’affection paternelle après une dispute en faisant découvrir le lait de vache à son géniteur. La jeune femme guérit ainsi son père d’une grave maladie : Gihanga, séduit par cet étrange animal “sorti d’un lac”, aurait voulu s’emparer de tout le troupeau. Effrayés, les bovins retournèrent en galopant dans l’eau qui se referma sur eux. Les quelques vaches qui y échappèrent constituèrent le troupeau du Rwanda, assurant au pays sa prospérité. La morale de cette légende conclut : “Si les vaches étaient restées nombreuses, aucun homme n’aurait été le suzerain d’un autre.” C’est pourtant une société hiérarchisée que proposait la civilisation de la vache...



.. Aujourd’hui encore, pas un Rwandais qui ne rêve d’avoir sa vache et le meilleur moyen de draguer une fille est de comparer sa plastique à celle d‘une vache royale... Jadis, le système monarchique reposait sur la possession des troupeaux bovins. En théorie, le roi était propriétaire de toutes les vaches du royaume dont il confiait la gestion aux seigneurs tutsis. Ceux-ci, par le système de l’ubuhake, chargeaient les paysans hutus et tutsis de l’entretien des bêtes. Ce contrat de servage pastoral, supposant qu’un commanditaire, le shebuja, remette son cheptel à un vassal, l’umugaragu, lui fournissant en échange des produits vivriers, fut supprimé en 1953 par le roi Mutara. La possession d’une ou de plusieurs vaches conférait un prestige social certain, créant des clivages de “classe”, la majorité des Hutus du Rwanda ancien ayant, en pratique, rarement accès à ce statut. 

L’africaniste Bernard Lugan précise dans son livre Histoire du Rwanda (Bartillat, Paris, 1997) :
“(...) L’accession au groupe tutsi n’était pas automatique dès lors qu’un Hutu possédait un troupeau. La possession de vaches n’était en effet pas l’échelle qui permettait aux Hutus de se « hisser » à la « tutsité ». D’ailleurs, l’essentiel du bétail des Hutu étaitimbata, ce qui veut dire qu’il était leur propriété absolue. Obtenu par le commerce ou par toute autre activité étrangère à l’ubuhake, ce bétail n’était pas le sauf-conduit favorisant l’entrée dans l’univers tutsi. 
(...) Possesseurs de bétail imbata, les Hutus pouvaient néanmoins avoir des contrats d’ubuhake avec des chefs tutsi (...).” 

Le royaume était divisé en blocs de pâturages destinés au bétail. 

Le chanoine de Lacger, père missionnaire, estimait le cheptel rwandais en 1936 à un million de têtes. Tout l’univers du Rwanda ancien était imprégné de la vache : les plus riches s’habillaient de sa peau tannée qui couvrait également les tambours et servait de linceuls royaux, les cordes des arcs étaient fabriquées avec les tendons de l’animal, les bois des harpes avec ses cornes, la bouse servait de combustible et l’urine de nettoyant pour les pots. Des tabous alimentaires interdisaient de manger ce prestigieux bovin dont, en revanche, on ingurgitait tous les produits dérivés : lait frais, lait caillé (kiwuguto), beurre rance, parfois utilisé aussi comme onguent pour adoucir la peau. 
Il existait des “armées bovines”, chacune dotée d’un nom : “les Blanches Nuées”, “les Ennemies de la Défaite”, “Les Cornes lyrées”. La plus prestigieuse d’entre toutes, celle du souverain, spécialement sélectionnée, était exclusivement composée de vaches “Nyambo” à l’allure élancée obtenue grâce à de savants croisements. Des poèmes pastoraux, déclamés auprès du mwami et de son conseil, chantaient leurs louanges, relatant les aventures des troupeaux militaires lors des razzias en territoires étrangers : lesAmazina y’inka
Les bergers tentaient d’espacer les saillies afin d’éviter de déformer les flancs des vaches du mwami. Des enclos spéciaux leur étaient réservés et elles suivaient la cour dans ses déplacements. Les gardiens du troupeau royal, affiliés à la société secrète Ryangombé, bénéficiaient d’une haute considération. Ils devaient respecter toute une série de règles matérielles et morales : se laver les mains avant et après la traite, ne pas commettre l’adultère, etc. Ces pasteurs royaux rangeaient pots et jarres de lait selon une classification très complexe. Chaque soir, un préposé était chargé de la gestion de toutes les jarres provenant de la traite des troupeaux royaux. Sacré, le lait des vaches royales était utilisé lors de différentes opérations divinatoires : par exemple, on en donnait à boire, mélangé à de la salive du monarque, aux taurillons destinés au sacrifice. Une cérémonie funéraire aux fastes adaptés à leur rang mettait fin à la vie des bovins royaux, ensevelis dans des lieux à part. La disparition des prestations coutumières comme la fourniture quotidienne de jarres de lait à la cour ainsi que le don de vaches, constitua l’un des principaux griefs dont se plaignit, en 1929, le mwami Musinga au gouverneur belgeLenaerts.

Il existe deux types de Watusi : 
-Insanga (petites cornes) dit "celles trouvée là" 
-Inyambo(grandes cornes) dit royale car venue du ciel avec le roi.


Alexandre Arnoux, un Père Blanc, témoigne de l’amour des Rwandais pour leurs troupeaux dans Les Pères Blancs aux sources du Nil (Librairie missionnaire, Paris, 1953) : 

“(...) Un Résident du Ruanda offrit jadis au roi indigène un sceau qui lui servirait à authentiquer (sic) ses quelques lettres officielles. Ce cachet « écrivait » le nom du potentat : « Musinga mwami w’iRuanda : Musinga, roi du Ruanda. » Et, détail qui communiquait une valeur accrue à ce charmant objet, ces caractères couraient autour d’une tête de vache aux cornes démesurées. « Tu as l’esprit vif, ponctua solennellement, en guise de remerciements, le monarque au donateur. Toi, au moins, tu comprends les choses de chez nous ! Tu l’as prouvé en faisant graver l’image de ce qui nous est le plus cher : inka, la vache. 
(...) Les vaches jouent le rôle réglementaire en ce sens qu’elles fournissent les indications pour distinguer les fractions du temps « A quelle heure viendrons-nous au catéchisme ? Quand aura lieu la cérémonie ? » interrogent les chrétiens et catéchumènes. Gardez-vous de leur répondre : à 9 h., à 11h., à 15 h., on ne vous comprendrait pas. Dites simplement : lorsque les troupeaux seront sortis pour paître, lorsqu’ils auront gagné l’abreuvoir, lorsqu’on aura ramené les jeunes veaux pour les soustraire au soleil trop cuisant ou après la traite des vaches.
(...) Rien de ce qui vient de la vache n’est mésestimé ou négligé, pas même les sous-produits. Nous aurons toutes les peines du monde à trouver des ouvriers pour nettoyer l’écurie des ânes; par contre, les filles de princes ne dédaigneront pas de remplir directement, de leurs doigts effilés, un office analogue dans le kraal des bovins.
(...) N’avoir plus de vaches, en avoir été dépossédé, voilà la suprême épreuve. Aussi, certains propriétaires se sont-ils donné la mort à la suite de perte de bétail.(...)” 

 
 
 


 
Mwami, le titre du roi du Rwanda
 

Incarnation humaine du pouvoir, le roi, dans l’histoire ancienne du Rwanda, formait la clef de voûte de la nation, point de départ d’une société hiérarchisée, très structurée, que certains historiens n’hésitèrent pas à qualifier de “féodale” (mais méfions-nous de l’ethnocentrisme, en faisant, par exemple, des rapprochements simplistes avec la féodalité médiévale européenne).

Père du peuple, le mwami jouait un rôle de sauveur de la nation, particulièrement lors des crises : guerres, rivalités politiques ou conflits internes. Il était fréquent que le roi se sacrifie en allant au-devant du danger; lors de batailles par exemple, mais aussi en se suicidant ou en se laissant “assassiner” et remplacer par un autre si les Abirus, les ritualistes de la Cour, décidaient que c’était nécessaire à la sauvegarde du royaume. Il semble que les Abirus aient aussi eu le pouvoir de décision d’empoisonner un roi devenu sénile mais seulement après que celui-ci leur ai révélé le nom de son successeur. Ceci laissait aussi toute liberté aux Abirus de prétendre que leur propre choix était celui de feu le roi. 

   
 
Le roi, comme les grands seigneurs de la cour, était ainsi porté dans ces sortes de palanquin tressés par leurs gardes et vassaux, lors des cérémonies.
 

Dans l’entourage du mwami, évoluaient un ou plusieurs favoris, conseillers privilégiés. Dans tous leurs récits missionnaires les pères Blancs s’indignaient à mots couverts des “mœurs dépravées” de la cour de Nyanza. Outre la pratique d’une grande liberté sexuelle entre hommes et femmes et parfois au sein d’une même famille (peut-être à l’image de Kigwa, le fondateur de la dynastie qui eut des relations charnelles avec sa sœur ?), les religieux réprouvaient l’homosexualité qui semblait assez répandue dans l’entourage royal. Lors de la campagne de presse lancée en novembre 1931 par monseigneur Classe pour destituer Musinga, un des derniers mwamis, le prélat “dénonça” la pédérastie du roi et “sa vie familiale indécente”. Sa charge de détenteur de l’autorité suprême donnait au monarque le droit de vie et de mort sur tous ses sujets. Les colonisateurs belges lui retirèrent ce pouvoir, amoindrissant ainsi le prestige du souverain aux yeux des populations. Au sein de cette “civilisation de la vache” où tout le symbolisme reposait sur la propriété du bétail, il parut étrange aux Rwandais que le vol de bovin ne fut plus considéré comme une faute grave, entraînant la mise à mort publique par empalement. 

Le pouvoir royal était symbolisé par le kalinga, tambour de la monarchie.
Paul Del Perugia, dans Les derniers rois mages; chez les Tutsis du Ruanda, chronique d’un royaume oublié (Phébus, Paris, 1978), explique que le mwami était propriétaire de tous les bovins du pays “parce qu’il abritait un aspect de la vitalité divine passant dans le bétail”. Il rappelle également qu’il était interdit regarder le souverain manger... sous peine de mort. Cette pratique tenait de la “propagande royale” laissant croire qu’au-dessus des simples mortels, le roi n’avait pas besoin de se nourrir. La journée du souverain était consacrée à des audiences octroyées à ses conseillers, à recevoir des hommages et des offrandes, à “bénir” les troupeaux des armées bovines richement ornées, à assister à des sacrifices de taureaux. Del Perugia présente le souverain comme un élément unificateur du peuple, se penchant “sur les soucis pastoraux des grands vachers hamites comme sur les problèmes agraires des Bantous”. Une jeune fille tutsie et une jeune fille hutue serait venues le saluer chaque matin, symbolisant l’alliance des deux principales ethnies protégées par le roi. Cette vision idyllique qui rapproche la société monarchique tutsie d’un Eden perdu doit être nuancée : tous les observateurs de la Cour décrivirent un climat composé d’intrigues, de complots, de rumeurs, de putschs politiques et d’assassinats... comme dans toutes les civilisations ! 

   
 
Le mwami (ici Musinga) dans sa hutte royale de Nyanza, entouré de ses proches conseillers, les Abirus.
 

L’anthropologue Luc de Heusch, dans son ouvrage Rois nés d’un cœur de vache(Gallimard, 1982), conte la naissance de Kigwa, l’ancêtre primordial de la dynastie, lui-même émanation d’Imana, puissance suprême. Kigwa serait venu au monde dans un cœur de vache qu’une femme stérile, Gasani, aurait placé dans un pot et arrosé de lait pendant neuf mois. Arrivé sur terre d’une manière magique, extraordinaire, et sans cordon ombilical, Kigwa pouvait prétendre être “tombé du ciel”, nom qui sera systématiquement attribué, par la suite, aux rois et par extension, aux aristocrates et aux Tutsis : lesIbimanukas. Cette légende justifie l’importance accordée aux cordons ombilicaux des souverains rwandais, tous conservés par les Abirus. Selon la tradition, ceux-ci les enfouissaient dans des champs au moment de choisir un héritier royal : l’emportait celui dont le cordon ombilical avait le mieux ensemencé le terrain. Gihanga, le dieu-roi fondateur de la dynastie, sorte d’intermédiaire entre Kigwa et les premiers rois “humains”, serait, selon les mythes traditionnels, descendu du ciel sur terre dans la région de Mubariprès du futur parc de la Kagera. Là, Gihanga aurait déterminé les rites de la monarchie rwandaise fondés sur la vache, emblème de prospérité, et le tambour, symbole de pouvoir, et instauré les traditions royales (ubwiru). La souveraineté aurait ensuite été transmise par Gihanga à ses fils : c’est à l’aîné, Kanyarwanda, qu’échut le Rwanda. 
D’après le Récit des origines détaillé par l’abbé et historien rwandais Alexis Kagame, les premiers monarques auraient tous été des Tutsis appartenant aux clans des Zingabas et des Singas puis des Nyiginyas et des Begas. Souverains conquérants, ils favorisèrent l’expansion du royaume. Certains mwamis marquèrent particulièrement l’histoire, commeRuganzu I Bwimba (mort en 1345, toujours d’après Kagame), premier de la dynastie nyiginya à manifester une véritable volonté d’accroissement du territoire et de fédération. Il n’hésita pas à sacrifier sa personne lors de combats contre le Gisaka, province dont le roi menaçait le Rwanda sur lequel il prétendait avoir des droits en tant qu’époux de la sœur de Ruganzu. Cyirima I Rugwe (mort en 1378), fils de Ruganzu, fut un roi entreprenant qui s’appropria la colline de Kigali dont il fit sa capitale qu’il perdit par la suite. Il recentra le système de gouvernement en supprimant les confédérations territoriales. Si l’on se reporte aux propos de Jan Vansina dans son étude L’évolution du royaume rwanda des origines à 1900 (1962, éditions Duculot, Belgique), Yuhi II Gahima(mort en 1477) aurait été le premier à pénétrer des territoires peuplés majoritairement de Hutus, au pied des volcans et jusqu’au lac Kivu. Mutara I Semugeshi (mort en 1576), souverain réformiste, fort de l’expérience qui l’avait opposé à un abiru hostile à son accession au trône, fit passer de un à trois le nombre des Abirus chargés de la succession royale. Le souverain pensa probablement rééquilibrer, par ce système, les chances d’un “candidat royal”. Ce même Semugeshi instaura la tradition qui consiste à reprendre dans le même ordre, au fil des successions royales et en organisant des cérémonies particulières à chacun, cinq noms dynastiques : Mutara, Kigeri, Mibambwe, Yuhi et Cyilima. Ainsi, après Semugeshi, tous les mwamis furent-ils baptisés selon ce rituel, en respectant une chronologie devenue immuable. Cilima II Rujugira (mort en 1708), grand roi guerrier, battit les Burundais dont il prit les territoires du Buyunzi ainsi que leBugesera, le Ndorwa et une grande partie du Gisaka. Cette région ne fut toutefois entièrement conquise que sous le règne de Mutara II Rwogera (1853), et ce après la mort de son dernier souverain. Avec Kigeli IV Rwabugiri (1853-1895), s’est clôt la période de l’histoire du Rwanda hors présence européenne. 


 
 
 


Kigeri IV Rwabugiri (1853-1895), 
le premier mwami à avoir rencontré les Blancs


Ce grand monarque, le dernier à connaître une totale indépendance, consolida le pouvoir royal à l’intérieur du pays et élargit le territoire par l’annexion du Nkore, au nord des volcans (en actuel Ouganda) et de l’île Ijwi sur le lac Kivu

Il sut remarquablement bien protéger le royaume des marchands d’esclaves arabes, qui à l’époque, s’infiltraient plus profondément à l’intérieur du continent africain en transitant par Zanzibar. C’est également pendant le règne de Rwabugiri que le conte Gustav Adolf von Götzen, à la tête d’une caravane de six cents hommes, pénétra dans le royaume afin d’explorer cette partie du territoire accordé aux Allemands lors du traité de Berlin de 1885. Le 29 mai 1894, l’officier fut reçu, par le mwami en personne, à la cour, située à ce moment là à Kageyo, près de l’actuelle Gisenyi. Ferdinand Nahimana*, retranscrit dans son ouvrage Le Blanc est arrivé, le roi est parti (Printer Set, Kigali, 1987) une conférence donnée par Alexis Kagame dans laquelle l’abbé relate cette première entrevue rwando-européenne : les Allemands organisèrent des parades militaires avec salves et tirèrent un feu d’artifice tandis que Rwabugiri leur fit cadeau de bétail. A la mort de Rwabugiri, les Abirus choisirent son fils, Mibambwe I Rutalindwa, pour lui succéder. 

Portrait présumé de Rwabugiri.
Les Tutsis en général, mais plus particulièrement ceux des familles royales, se distinguaient par leur très haute stature (2, 05 m pour, les deux derniers monarques), ce qui impressionna fort les Européens. Les photos des débuts de la colonisation en témoignent de façon comique : Allemands et Belges paraissent des nains à la silhouette tassée par leurs casques coloniaux aux côtés des immenses Rwandais de la cour de Nyanza. Jean-Paul Harroy affirme que les Tutsis de la famille royale utilisaient différents procédés sur leurs enfants (massages allongeants, purges fréquentes, nourriture essentiellement liquide et lactée, toujours prise debout) afin de leur donner cette taille et cette minceur élégante bien que toujours un peu voûtée.

Il précise aussi que les mwamis du Burundi ne présentaient pas la même apparence et qu’au fil du temps, il remarqua de moins en moins de Tutsis gigantesques, laissant penser que ces pratiques se seraient peu à peu éteintes. 


  * Cet historien rwandais, diplomé de l’université de Paris VII, auteur de plusieurs livres sur le Rwanda, fut directeur de l’Office Rwandais d’Information et s’est compromis avec le gouvernement génocidaire de Juvénal Habyarimana. Il fut en effet le fondateur et le directeur de la Radio des Mille Collines qui, en 1994, incita les populations hutues à tuer tous les Tutsis. Arrêté au Cameroun en mars 1996, il a été transféré à Arusha en Tanzanie où il est incarcéré et sera jugé pour “entente en vue de commettre un génocide, complicité de génocide, crime contre l’humanité et incitation directe et publique à commettre le génocide”. Nous ne pouvons passer sous silence ses publications, souvent pionnières à une époque où peu de travaux avaient été réalisés sur le sujet mais tenons à rappeler la partialité de Nahimana, notamment sur des thèmes contemporains et son engagement politique criminel.


Yuhi V Musinga (1896-1944), le mwami résistant


A la mort de Rwabugiri, les Abirus choisirent son fils, Mibambwe I Rutalindwa, pour lui succéder.
Le prince étant orphelin de mère, on désigna une épouse du roi défunt, Kanjogera, du clan des Begas, pour l’accompagner comme reine-mère. Cette femme, soutenue par ses deux frères, intrigua pour placer sur le trône un de ses fils, Musinga, qu’elle avait eu de Rwabugiri. Elle parvint à ses fins en 1896, par le coup d’Etat de Rucunshu : le roi brûla dans sa hutte avec son kalinga (tambour dynastique) et fut remplacé par Yuhi V Musinga (1896-1944). 


Musinga jeune homme, avec son bâton de berger, symbole de la possession des vaches de tout le royaume.
A Musinga, incomba la difficile tâche de faire face aux premiers colonisateurs. Les Allemands s’étaient installés dès 1898 à Ishangi, sur le Kivu. Lorsqu’il s’agit de reconnaître leur souveraineté, le mwami, d’abord méfiant et peut-être pour manifester son peu d’estime pour ces intervenants étrangers, envoya à sa place un comparse à la rencontre de la délégation germanique. Celle-ci prit le figurant pour le vrai roi. En 1908, le premier Résident, Richard Kandt,s’établit à Kigali. Le docteur Kandt fut à l’origine de la fixation de la Cour, jusque là itinérante, àNyanza. Cette ville devint la capitale royale. Les échanges entre les colons et le mwami débutèrent favorablement grâce au principe d’administration indirecte appliqué par les nouveaux maîtres du territoire : le souverain conservait une relative liberté de contrôle de son pays. Le rôle de médiateur joué par les Allemands entre la Cour et les Pères Blancs (ils s’opposaient en de nombreux domaines et Richard Kandt prenait souvent la défense des Rwandais) allait dans ce sens.

C’est pourquoi Musinga resta très déçu lorsque, après la défaite de l’empire germanique lors du premier conflit mondial, le Rwanda fut attribué à la Belgique en 1919, sous forme de mandat. Les nouveaux arrivants rognèrent peu à peu sur les pouvoirs royaux, provoquant une dégradation de leurs rapports avec le monarque au point que les Belges s’arrangèrent pour le destituer en 1931. Résigné et sans moyen de réagir, Musinga se retira avec ses derniers fidèles près de Bukavu. Il finit ses jours au Congo, pendant la seconde guerre mondiale, espérant cette fois la victoire des Allemands, promesse pour lui, croyait-t-il, d’un retour au pouvoir.

Yuhi V Musinga 
(1896-1944),



 
 
 


Mutara III Rudahigwa (1931-1959), le mwami muselé

En 1931, les autorités belges sustituent ce jeune homme à son père Musinga, destitué pour avoir refusé de se convertir et pour son esprit d’indépendance. Le nouveau mwami règnera sous le nom de Mutara III Rudahigwa (1931-1959). 

   
 
Baptême de Rudahigwa, le 17 octobre 1943. Il a pour parrain Pierre Ryckmans, le gouverneur général du Rwanda.
 

Monogame, catholique pratiquant, ce souverain “bien sous tous rapports” selon les critères des Belges, plaça son royaume “sous la protection du Christ-roi”en 1946, supprima l’ubuhake (contrat de vasselage traditionnel) en 1953 et semblait échaffauder de vastes plans de modernisation pour son royaume tout en restant attaché aux valeurs anciennes de la civilisation de la vache.


   
 
Rudahigwa et sa seconde épouse, une chrétienne cette fois, Rosalie Gicanda.
 

Il fut reçu à plusieurs reprises par le roi Baudoin à Bruxelles puis l’accueillit à son tour à Nyanza en juin 1955. Lorsqu’après 1957, l’Eglise et les Belges effectuèrent une volte-face au détriment des élites tutsies sur lesquelles elles s’appuyaient jusque là, il se produisit le même phénomène pour Mutara que pour son père : il commença à s’opposer à ses colonisateurs. 


   
 
La mère et la veuve de Rudahigwa pendant la cérémonie de funérailles du mwami, en 1959.
 

Le mwami mourut subitement, le 25 juillet 1959, dans de mystérieuses conditions, après une piqûre de pénicilline qui lui fut administrée à l’hôpital “Prince Régent” de Bujumbura. En dépit de la demande de certains membres du Conseil Supérieur du Rwanda, aucune autopsie ne fut jamais réalisée. 


Kigeri V Nadhindurwa, le dernier mwami

Jean-Paul Harroy, Résident général du Ruanda-Urundi pour la Belgique de 1955 à 1961, détaille dans son livre de souvenirs, Rwanda, de la féodalité à la démocratie(Hayez/Bruxelles, Académie des Sciences d’Outre-Mer/Paris, 1984), la manière dont les Belges cherchèrent à pousser sur le trône un candidat de leur choix. Il fallait qu’il soit suffisament docile pour les laisser préparer la “révolution assistée” hostile aux Tutsis. Les Belges furent toutefois “doublés” par les Abirus qui opérèrent “le coup de force de Mwima” acclamant, lors des obsèques royales, Jean-Baptiste Ndahindurwa, un des fils de Musinga (Mutara n’ayant eu aucune descendance). L’ancien Résident ne cache pas sa volonté de mainmise sur le nouveau mwami, baptisé Kigeri V Nadhindurwa. Il le décrit comme “une personnalité sympathique mais peu brillante et influençable” et raconte avoir exigé du nouveau souverain l’acceptation de régner constitutionnellement sans gouverner. Les Belges organisaient en fait la chute de la monarchie et ce qu’ils appelèrent “la révolution rwandaise” afin de placer au pouvoir les Hutus formés dans les séminaires. Une fois encore, les rapports entre la Cour et les colonisateurs se tendirent. Le monarque, appuyé en cela par l’UNAR (Union Nationale Rwandaise), parti royaliste récemment créé, pressentant ce qui se tramait, se fit moins docile. Il défendit par exemple trois chefs unaristes mutins qui réclamaient l’indépendance et fit en vain appel, en novembre 1959, au roi Baudoin de Belgique, lui demandant par télégramme l’autorisation de rétablir lui-même l’ordre face à l’agitation politique intérieure menée par l’APROSOMA et le PARMEHUTU, les partis hutus soutenus par les Belges.


Accueil sur le tarmac du roi des Belges, Baudouin, par Kigeri, le 18 décembre 1959.
En juillet 1960, Kigeri se montra hostile à la création d’un Conseil Supérieur du pays composé en majorité de Hutus opposants; il refusa de ratifier leurs décisions. En août de la même année, un détail significatif soulignait la perte du prestige monarchique voulue par les Belges : sur les nouvelles impressions des billets de banque du Ruanda-Urundi, des animaux sauvages remplaçaient le portrait du mwami. Le roi se sentit cerné : plusieurs de ses proches furent placés en résidence surveillée et des Hutus disaient vouloir marcher sur Nyanza pour “célébrer leur libération de la traditionnelle domination tutsie”. Kigeri s’envola pour Kinshasa, au Congo, dans un avion soviétique prêté par Patrice Lumumba.


En janvier 1961, les élections marquaient la victoire écrasante du PARMEHUTU et de l’APROSOMA. En septembre, un référendum fut organisé pour interroger la population au sujet du système monarchique. Kigeri, interdit de territoire, tenta de revenir clandestinement sur le sol rwandais mais il fut rattrapé par les Belges et ramené à Bujumbura. Le référendum donna 80 % de “nons” hostiles au trône. Le 1er octobre 1961, Jean-Paul Harroy signait l’abolition de la monarchie rwandaise et Kigeri partait pour un long exil. Il réside aujourd’hui aux Etats-Unis.


   
 
Kigeri au début de son court règne, accompagné de Jean-Paul Harroy, vice-gouverneur général du Rwanda-Burundi et Marcel Pochet, conseiller belge du roi.
 

Suit ici le court texte d’un journaliste français, François d’Harcourt qui entreprit, en en 1959, un périple de 35 000 km à travers le continent africain. Il en tira un récit préfacé parJoseph Kessel, L’Afrique à l’heure H., (Gallimard, 1960). D’Harcourt eut l’occasion de croiser le mwami (Mais duquel sagit-il ? L’auteur parle du mwami du Burundi et précise plus loin que le souverain rentre à Kigali. Il mentionne sa capitale située “en pleine montagne” [Nyanza ?] alors que le monarque du Burundi résidait à Bujumbura. Il évoque “la femme et les enfants du roi” alors que l’on sait que Mutara, au pouvoir à cette époque, resta stérile...). Cette vision par un Européen des années 50 d’un “roi nègre” dont on souligne la “sauvagerie” sous l’aspect occidentalisé, bien que caricaturale et archétypiquement colonialiste, m’a paru intéressante du fait de la rareté des témoignages sur les monarques des Grands Lacs à cette époque. 
“(...) Aujourd’hui, Usumbura, la capitale administrative, est en fête. L’avion de Bruxelles, qui doit ramener le Mwami de l’Urundi, va se poser d’un moment à l’autre sur le petit aérodrome de la ville. Les tambours de l’Urundi, célèbres dans toute l’Afrique, sont alignés près de la piste. Les hommes tout habillés de rouge attendent imperturbablement. Le tambour est ici symbole de l’autorité. Lorsque le souverain quitte le pays, les tambours se taisent pendant toute son absence. Dès qu’il est de retour, ils recommencent à battre. C’était le cas aujourd’hui. L’avion arrive en vombrissant et s’arrête. Le Mwami apparaît en complet occidental avec chapeau melon. En le voyant si paisible et si civilisé, je ne peux m’empêcher de penser à son sanguinaire grand-père qui faisait empaler les gens. Sa femme et ses enfants sont là pour l’accueillir. Des centaines de danseurs sont venus de l’Urundi. Avec des attitudes langoureuses et frémissantes, ils expriment successivement la guerre, la chasse, l’amour. Mais l’ennui se peint sur le visage du souverain. Il monte alors dans sa Cadillac. Un chauffeur, en livrée blanc et or, lui ouvre la portière et s’agenouille devant lui. Le cortège démarre vers Kigali. Quelques heures plus tard, il aura rejoint sa capitale, située en pleine montagne. Le Mwami possède là un palais moderne où il reçoit les Européens et les invités. Mais le soir venu, il préfère regagner la hutte où il a coutume de dormir. Parfois, il descend de sa montagne pour venir au “Cocotier”, dancing d’Usumbura et là, il monte à l’orchestre et tel un batteur noir d’une formation américaine, il rythme vigoureusement “rock and rolls” et “boogies”. Très séduisant, on le dit sensible aux charmes féminins, surtout à ceux des Européennes. Son cadeau le plus courant : une peau de léopard. Sa vengeance en cas de refus : la mort. Deux femmes coupables à ses yeux furent terrassées par un mal invisible et mystérieux – effet d’un poison peut-être – qui les emporta dans l’autre monde.” 

SOURCE:BENJAMINSEHENE.COM


05/05/2013
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HISTOIRE:CHRONOLOGIE DU RWANDA 1867-1994

CHRONOLOGICAL INDEX:

Chronologie du Rwanda (1867- 1994)

 Contextes : différences et répétitions

A Portrait of H.M. King Kigeli IV Rwabugiri

Chacun des épisodes de violence que le pays a traversé s’inscrit dans un contexte régional. L’évolution parallèle du Burundi voisin a plusieurs fois eu de fortes incidences au Rwanda. Les massacres qui s’y sont déroulés en 1972 et ont d’abord visé les élites hutus burundaises ont eu un retentissement certain sur les élites rwandaises qui moins d’un an plus tard organisaient les purges visant à écarter les tutsis de l’université, de l’administration et des entreprises (+Munyarugerero, 2003, 133- 141). En 1993, l’assassinat du Président burundais hutu démocratiquement élu Melchior Ndadaye provoqua l’exode de plusieurs centaines de milliers de réfugiés burundais hutu au Rwanda dont certains prirent activement part aux massacres de 1994 (+HRW, 1999, 162). Après la reprise de l’offensive par le FPR en 1993 et quelques semaines après la signature des accords d’Arusha, l’assassinat de Melchior Ndadaye aggrava la méfiance de nombre de membres de l’opposition intérieure rwandaise vis- à- vis du FPR. A ces mouvements d’exportation et d’importation de la violence s’ajoutent des effets de répétition dans le temps. La propagande Power a systématiquement comparé l’attaque du FPR de 1990 aux incursions menées par l’UNAR dans les années 1960, réduisant les deux conflits à la même et immuable guerre, vantée par plusieurs décennies d’histoire officielle, alors même que 80% des Rwandais étaient nés après l’indépendance et n’avaient pas connu cette période (+Uvin, 1999, 32). Pourtant, prises en tant que telles, on pourrait dire des similitudes observables en 1959, 1963, 1973, 1994 qu’elles sont autant de trompe l’oeil : elles ne mènent nulle part, n’éclairent à rebours aucun projet des origines. L’écho suggèré par ces dates ne renvoie à rien d’autre qu’à lui- même. C’est leur reformulation, leur agencement, leur intégration dans l’idéologie officielle, leur revendication par certains groupes sociaux qui rend leur répétition dans le temps et l’espace opératoire. Investis, réinterprètés, ces éléments de contexte disparates deviennent la pâte première des prophéties autoréalisatrices (+Lemarchand, 1970, 344) que seule l’écriture d’une histoire commune permettra de surmonter.

Règne de Rwabugiri (1867- 1895)

Le règne de Rwabugiri, dernier mwami avant l’arrivée des colonisateurs au Rwanda est particulièrement violent. Le royaume connaît alors une phase d’expansion territoriale et les armées levées par la cour achèvent la conquête du Gisaka (1876), prennent pied sur l’île Ijiwi (1870, 1880- 1881, 1886), entrent au Bushi et organisent des razzias au Ndorwa et au Butembo (1880- 1881). Rwabugiri fonde des résidences royales dans chacune des provinces annexées qu’il visite régulièrement, notamment à Sakara et Rubengera (+Chrétien, 2003, 141- 145), accentuant ainsi la pression du pouvoir central. Cette cour itinérante est profondément divisée. Les principaux clans, Kono, Ega et dans une moindre mesure Tsobe, se disputent autour du roi le pouvoir et l’influence. La faction royale consolide d’abord sa position en assassinant le clan des Gereka en 1869, alors que Rwabugiri n’est encore qu’un enfant. Cependant les rivalités changent à partir du moment où celui- ci devenu adulte exerce la réalité du pouvoir. De plus en plus, la lutte oppose la vieille aristocratie à une nouvelle élite, regroupée autour du jeune mwami. Les dénonciations auprès de lui et les assassinats politiques sont fréquents. On ignore encore le rôle de Rwabugiri dans l’assassinat de sa propre mère, Murorunkwere en 1876 (+Vansina, 2001, 215).

Néanmoins, tombé malade peu après cet événement, il décide d’en poursuivre les responsables, Rwampembwe et Nkoronko (son propre père), qui sont massacrés avec les membres de leur parti en 1880. Si ces retournements successifs ont favorisé le clan Ega qui marie au mwami une de ses filles, Kanjogera, au début des années 1880, les favoris du roi se livrent ensuite une lutte sans merci aboutissant au triomphe momentané de Nyirimigabo, puis de Nzigiye. L’âpreté de ces luttes pour le pouvoir entraîne régulièrement l’exécution de lignages entiers, à laquelle répond souvent l’injonction du devoir de vengeance (+Vansina, 2001, 236- 237).

L’expansion territoriale du royaume est en partie déterminée par ces luttes à la cour : en 1870, la reine mère Murorunkwere décrète une campagne contre le Ndorwa puis dans l’île Ijwi afin de pacifier les rivalités à la cour après le massacre des abagereka ; en 1879 et 1880, Nyirimigabo se sert d’une campagne militaire au Burundi pour faire exécuter les assassins de Murorunkwere, Nkoronko et Rwampembwe.

Néanmoins, la multiplication des campagnes militaires et les nombreux pillages provoqués par le passage des armées entraînent des vagues de protestation populaire qui aboutissent parfois à des révoltes ouvertes, comme à Save en 1890. La fin du règne de Rwabugiri est d’abord marquée par la volonté de compromis autour du pouvoir : en déclarant Kanjogera reine mère adoptive de Rutalindwa intronisé co- régnant en 1889, Rwabugiri décide d’associer les clans Ega et Kono à l’exercice du pouvoir. Mais de nombreux fléaux frappent le pays au début des années 1890 : une épizootie de peste bovine, dite Muryamo (‘le grand sommeil’) décime le cheptel rwandais, détruisant 90% du bétail affecté.

La reconstitution des réseaux de clientèle par la redistribution du cheptel restant aux chefs les plus puissants provoque la ruine de nombreux petits éleveurs. Toutes les terres auparavant utilisées comme pâturage naturel passent sous le contrôle des chefs de colline, représentant la cour (+++Chrétien, 2003, 191 ; Vansina, 2001, 222- 223). Par ailleurs, une sécheresse frappe le pays pendant deux ans (+Vansina, 2001, 222). En 1893 la variole pénètre la région, jusqu’ici préservée et décime les armées royales. L’année suivante, plusieurs invasions de sauterelles détruisent les récoltes (+Vansina, 2001, 223). Face à ces évènements qui mettent à mal la qualité sacrée de l’institution royale et donc son enracinement populaire, le compromis construit par Rwabugiri pour le partage du pouvoir apparaît bien fragile et ne lui survit pas longtemps. Organisé par Kanjogera en décembre 1896, le coup de Rucunshu entend restaurer la suprématie Ega à la cour, mais doit vite s’appuyer sur les militaires coloniaux allemands, nouveaux venus dans la région.

 

Pendant le long XXième siècle qui débute ici à l’accession au pouvoir du dernier mwami précolonial, l’histoire de la violence politique au Rwanda emprunte deux dispositifs souvent parallèles, parfois joints :

celui d’une violence de cour prolongée sous les deux républiques et celui moins connu de violences paysannes dont on saisit jusqu’à présent l’enchaînement chronologique plus que l’épaisseur des relations qu’elles sous- entendent, la trame plutôt que le tissu.

Au- delà du caractère répétitif des crises et des éléments de circonstance (contexte de guerre, mouvements régionaux de réfugiés, crise économique, transition vers le multipartisme) qui semblent sceller leur déroulement, le fonctionement quotidien du pouvoir est indissociable de la manière dont il provoque ou réagit aux crises politiques. La dynamique interne des rapports de pouvoir au Rwanda, l’âpreté de la compétition politique, l’apparition et l’extension de classes sociales liées aux régimes politiques successifs et leur rapports avec le monde rural (la population du pays està 95% paysanne) ont largement déterminé la forme et surtout l’ampleur de l’exercice de la violence. On tâchera brièvement ici d’en présenter les traits distinctifs.

 Une violence de cour : Le Mwami

Les luttes entre clans, factions, puis régions, le fossé qui sépare la lettre des hiérarchies des rapports souterrains qui les devancent et les dépassent, tout semble indiquer une permanence des voies et moyens d’exercer le pouvoir au Rwanda. Lemarchand qualifia la jeune république qu’il avait observée de « presidential mwamiship » (+Lemarchand, 1970, 269) en insistant sur la continuité du fonctionement et des codes et rituels du pouvoir. Ainsi, la révolution de 1959 n’aurait pas fondamentalement bouleversé les pratiques et les partages des postes, le pouvoir gardant la même architecture. Au centre plus qu’au sommet de ce dispositif, la personne du mwami, puis du président de la république après lui, est censée dépasser les rivalités et les clivages. Tel que le virent les premiers explorateurs européens, puis les historiens à leur suite, le Rwanda pré- colonial était féodal. Si l’usage du terme est contesté (+Chrétien, 2003, 146- 147), le caractère monarchique et centralisateur du pouvoir est unanimement reconnu. Le mwami, son roi, permettait à cette société d’exister. Par lui la vie irriguait les hommes et les choses, sur lui reposaient les saisons et les récoltes et son déclin signifiait celui du pays entier. Si lui- même n’était pas d’essence divine, il en était le réceptacle, le lieu par lequel la vie est répandue. Ce pouvoir créateur le placait au dessus des hommes (Umwami si umuntu- Le roi n’est pas un homme, est le titre de deux poésies dynastiques) et les rituels rappellaient sa qualité sacrée (+Vansina, 2001, 110). Ses alentours, la reine- mère et la cour, se disputaient l’exercice du pouvoir. Le roi y était certes le premier des chefs politiques. Mais la reine- mère disposait d’un pouvoir en principe égal au sien et pouvait créer ses propres armées. Les ritualistes contrôlaient les codes de la royauté aussi bien que les divinations auxquelles ils faisaient procèder avant chaque action d’importance. Les plus puissants des clans se disputaient les postes, les armées, les reines mères. Soucieux de ne pas s’isoler le mwami s’appuyait souvent sur des hommes qui lui devaient tout et lui étaient entièrement dévoués (+Vansina, 2001, 115). La violence du règne de Rwabugiri (1867- 1893, voir infra) reflète ce fonctionement quotidien du pouvoir et les rivalités incessantes à la cour.

« Presidential mwamiship »

La rupture annoncée par la révolution de 1959 ne met pas ces pratiques à mal : les cabinets ministériels sont répartis entre clans (+ Lemarchand, 1970, 268), les tentatives d’empoisonement révèlent les rivalités (+Reyntjens, 1985, 485), les cérémonies reprennent l’ordonancement et les danses de l’ancien régime (+Lemarchand, 1970, 265). Le contenu de l’idéologie révolutionnaire et la manière dont est perçu le personnage de Grégoire Kayibanda nuancent toutefois le tableau. Si l’on pouvait encore émettre quelques réserves sur la légèreté des oripeaux républicains et la continuité du fonctionement du pouvoir avant et après 1959, le régime de Juvénal Habyarimana grossit toutefois un peu plus les traits de l’analogie. L’idéologie du développement et ses corrolaires, la volonté affichée de dépasser l’ethnisme placent le président de la république non seulement au- dessus, mais aussi dans un autre ordre que les citoyens. Le mot désignant l’autorité (umubyeyi), nomme aussi le père, c’est- à- dire le pouvoir créateur et fécond attribué au mwami. Lors de la transition vers le multipartisme, les caricatures représentant Habyarimana lui donnent les traits et l’apparât d’un mwami (+Taylor, 2004, 79- 106). Son assassinat le 6 avril 1994, renvoie à la mort du mwami Mutara en 1959 –voir infra-, de par l’idée qu’avec sa disparition, c’est la nation rwandaise entière qui risque le chaos (+ de Lame, 1996, 305).

Cette conception du pouvoir particulièrement prégnante sous la seconde république éclaire en retour la révolution de 1959 dont la nature doit être précisée. Dans le nord du pays, la révolution fut essentiellement conservatrice. Ses partisans ne visaient pas l’abolition d’un ordre ancien, mais plutôt la restauration d’un ordre encore antérieur (++ Reyntjens, 1985, 313 ; Lemarchand, 1970, 269 ). Le nord fût en effet tardivement incorporé au royaume central, grâce au soutien décisif des colonisateurs (voir infra). Avant leur mise au pas, les petits royaumes du nord fonctionnaient de manière semblable au royaume central. Dans le nord, le « double colonialisme » (+Newbury, 1988, 53- 70) c’est- à- dire la colonisation belge superposée à celle du royaume central nyiginya fut durement ressenti.

 

Cet irrédentisme est à l’origine de l’un des principaux conflits sous la première république, celui relatif à l’ubukonde, c’est- à- dire au mode de clientèle foncière propre au nord, dont le régime républicain réclamait l’abolition.

 

Aussi le coup d’Etat de Juvénal Habyarimana (originaire du Bushiru, dans le nord du pays) en 1973 ne marque t- il pas seulement un changement du personnel exerçant le pouvoir, mais aussi celui d’une manière de l’exercer.

La seconde république apparaît de prime abord comme un régime pyramidal et fortement hiérarchisé du sommet à sa base. Mais la surenchère des structures formelles au sommet de l’Etat masque le caractère fantomatique des décisions : réseaux et structures parallèles (comme le Comité pour la Paix et l’Unité Nationale- CPUN- créé en 1973 et qui continue dans les faits à régir le pays après la nomination du gouvernement), reconstituent une cour où Agathe Kanziga, première dame du pays, joue le premier rôle. Il est difficile, dans cet ensemble, de se faire une idée précise du pouvoir instrumental réel dont dispose le président de la république, particulièrement à partir du début des années 1990 et de l’ouverture au multipartisme, de la même manière que Rwabugiri avait à la fois été décrit comme un roi fort et faible (+Vansina, 2001, 209- 210).

 

La violence de cour en suit exactement les intrigues. L’exécution des dignitaires de la première république après le coup d’Etat de 1973, l’assassinat du colonel Mayuya en 1988, la fuite en Ouganda de nombreux dignitaires, dont Alexis Kanyarengwe, révèlent les rapports de force dans l’entourage du Président de la République. Mais du pouvoir et du rôle réel de ce dernier, pourtant omni- présent, on ignore encore beaucoup. Il est la pièce centrale du dispositif de transition d’Arusha qu’il s’applique méthodiquement à pourrir (voir infra), dirige une réunion où la décision est prise de distribuer des armes aux milices et à la CDR (+HRW, 1999, 171), alors même que celles- ci villipendent sa tièdeur et manifestent contre lui…

L’ethnisme comme stratégie de conquête du pouvoir, la violence comme instrument

L’organisation des massacres de 1994 rencontre le même questionement. Si l’Etat et l’armée en ont été le pillier essentiel, leur hiérarchie, la circulation des ordres afférents ne suivent pas les organigrammes classiques. Leur principal concepteur Théoneste Bagosora occupait le poste après tout relativement modeste de directeur de cabinet du ministère de la Défense.

Aussi les massacres commis de 1990 à 1993, autant que ceux de 1994 semblent être soumis à la conquête ou au maintien au pouvoir d’une faction et apparaissent du point de vue de ceux qui en décident l’exécution comme des instruments. Le recours à la guerre, à la crise extrème et au massacre en vue de l’imposition ou de la restauration d’un ordre politique repose sur une conception du pouvoir comme un bloc indivisible dont la conquête décide de la perte des autres prétendants (++ Braud, 2005, 353/359 et de Lame, 1997, 161, ont parlé de winner takes all ). Le choix politique du pire impose son ordre propre et celui- ci est sans conditions, tant les liens de clientèle ne laissent aucun domaine à l’abri du pouvoir. Les critiques du terme ‘Hutu Modéré’ (++Braud, 2005, 238 ; Eltringham, 2004, 75- 99) reprochent à son emploi cette confusion première qui reconnaît dans les catégories ethniques la variable essentielle de la lutte pour le pouvoir. Y assimiler l’ensemble de l’opposition au régime de Juvénal Habyarimana revient à oublier qu’une partie du mouvement Power est issue de cette même opposition (+Eltringham, 2004, 77). Son emploi implique la reconnaissance, même par défaut, de l’ordre imposé par le mouvement Power, puisqu’il ne peut exister en dehors des modérés que des extrémistes (+Eltringham, 2004, 76).

Mais surtout, une telle dichotomie ne permet pas d’envisager la manière dont l’ethnisme devient un registre imposé, puisqu’il est ici supposé permanent et se coupe de toute possibilité d’analyse des trajectoires personelles. Or, une personnalité telle que Justin Mugenzi, fondateur du Parti Libéral (PL) Power favorable à l’extrémisme hutu avait été dénoncée comme icyitso (complice) du FPR, en mars 1992 (+Eltringham, 2004, 92).

D’autres trajectoires individuelles de dirigeants politiques tendent à montrer que le recours à l’ethnisme est instrumental et s’inscrit dans la compétition pour le pouvoir. Ainsi, Alexis Kanyarengwe, président de la branche politique du FPR à partir de 1990, ou Pasteur Bizimungu, qui rejoint le Front à l’été 1990 comptaient parmi les membres célèbres des comités de salut public qui organisèrent les purges et pogroms de 1973 (+HRW, 1999, 67). De la même manière, mais en sens inverse, Jean Barahinyura, considéré par Reyntjens (+Reyntjens, 1994, 127) comme l’un des fondateurs du mouvement extrémiste hutu (CDR) en février 1992, siègeait quelques mois plus tôt au comité central du FPR.

 

L’extension aux campagnes

La Toussaint rwandaise de 1959, les massacres commis dans la région de Gikongoro en 1963 et surtout ceux de 1994 n’ont pu atteindre leur ampleur que par la mobilisation de la paysannerie. Hormis plusieurs études notables (Newbury, 1988 ; de Lame, 1996), l’historiographie rwandaise, pourtant abondante s’est peu intéressée au monde paysan en tant que tel, à ses rapports avec le pouvoir et aux rapports de pouvoir en son sein. L’essentiel de la littérature a abordé les paysans comme sujets du royaume central jusque dans les années 1960, puis objets d’une expertise technique agricole dans les années 1980 (+Newbury et Newbury, 2000, 858). Si la participation des paysans aux massacres de 1963 et dans une moindre mesure à ceux de 1959 est peu connue, plusieurs travaux ont abordé les violences de 1994 (Longman, 1995 ; de Lame, 1997 ; HRW, 1999 ; Strauss, 2006).

Situation de la paysannerie

Ceux- ci soulignent d’abord l’extrème fragilité des paysans rwandais, qui dès 1989 qualifient leur situation d’apocalyptique (+de Lame, 1997, 158). Face à la famine qui frappe plusieurs régions du pays, dont Gikongoro, la seule aide officielle est fournie sous forme d’aliments à rembourser en monnaie (+de Lame, 1997, 158) ce qui accentue encore un peu plus les liens de dépendance vis- à- vis des élites locales. 86% de la population vit au dessous du seuil de pauvreté, ce qui en fait le pourcentage le plus élevé du monde (+HRW, 1999, 306). L’accès à l’emploi, au sol, à un enseignement dépassant l’école primaire est hors de portée de la plupart, au moment même où les élites locales salariées importent sur les collines les objets et valeurs de la capitale et au delà du monde entier (+de Lame, 1997, 159).

La propagande Power s’est parfaitement intégrée à ce système de représentation enfoncé, malmené et condamné à la disparition. Les difficultés que connaît le pays sont liées à l’état de son Président dont la mort régulièrement prédite par les médias (+Chrétien et al., 1995, 187- 191) annonce un changement d’ordre qui s’étend bien au- delà de la lutte pour le pouvoir à Kigali. La royauté ancienne faisait alterner deux types de règnes, l’un guerrier consacré à l’extension du territoire, l’autre pacifique dédié à son enrichissement. Ces deux types d’ordre se succédaient invariablement seuls menacés par leur jonction, c’est- à- dire le moment où le mwami affaibli, l’ensemble du pays était guetté par le chaos (+de Lame, 1997, 162- 163). Lors des jacqueries de 1959, certains paysans, pensant que les exactions contre les tutsis avaient été réclamées par le nouveau mwami lui- même, l’avaient suivi lors de l’une de ses tournées dans le pays, pour lui en réclamer le paiement (+Lemarchand, 1970, 164). Ce temps en spirale, où la crise est intégrée au cours normal des choses avait déjà en 1959 et 1973, à la veille de chaque changement de régime, donné à l’Etat d’exception un caractère normatif, voire d’intégration. La violence est un fait d’armes d’autant plus apprécié qu’elle est l’objet de récits la mettant en scène, la célèbrant et l’augmentant encore de cruautés imaginaires : les ibyivugo (+ de Lame, 1997, 169), par lesquels chacun peut composer son propre panégyrique. Dans les régions du nord, il était possible de relier sa généalogie à celle d’un roîtelet hutu précolonial, de s’en présenter comme l’héritier et de rattacher ainsi à la vie maussade des collines un soupçon de gloire (+Migeotte, 1997, 37).

S’il est difficile de s’en représenter précisément l’impact, la peur entretenue par le climat de la guerre, par le million de déplacés qui fuient les zones de combats, par les violences quasi quotidiennes liées au multipartisme, par les 262 000 réfugiés burundais qui s’installent dans le Sud du pays (+Braud, 2005, 429) en 1993 et dont beaucoup sympathisent et informent les paysans rwandais, semble avoir été un puissant adjuvant à la mobilisation des paysans (+Strauss, 2006, 225). La peur liée à la guerre, aux circonstances immédiates a pu emprunter les pratiques d’accusations de sorcellerie, de dépendance, de faiblesse face à l’arbitraire, de menace qui constituent une partie de la vie quotidienne des collines. Si elle n’en a pas abordé la réception, l’étude de la propagande extrémiste hutu (Chrétien et al., 1995) a montré les traits essentiels de formulation de la peur : l’ennemi est d’abord infiltré, sournois, partout présent. Au- delà de l’avancée du front, sa menace est diffuse, permanente et conduit chacun à se méfier de tous.

Le protectorat allemand (1897- 1916)

Outre les brêves visites de Stanley en 1876 (++ HC, 1956, 12- 13 ; Reyntjens, 1985, 30) et d’Oscar Baumann en 1892 (+Lemarchand, 1970, 47), les premiers contacts entre la cour et les militaires coloniaux allemands ont lieu en 1894 et 1897. En août 1885, la conférence de Berlin avait délimité les frontières orientales de l’Etat Indépendant du Congo, propriété du roi des belges Léopold II, sur une ligne oblique, incluant la crête dominant le lac Kivu à l’ouest du Rwanda. L’Angleterre et l’Allemagne se partagent les territoires à l’Est de cette ligne oblique en juillet 1890, l’Ouganda revenant à la première, le Rwanda et le Burundi à la seconde. Mais l’expédition menée par le comte Von Götzen en 1894 se rend compte que l’autorité du mwami s’étend jusqu’aux rives du Lac Kivu (+Chrétien, 2003, 187) : l’Allemagne réclame une renégociation des frontières, définitivement réglée à la conférence de Bruxelles en 1910. Le protectorat mis en place par l’Allemagne lors d’une visite du Capitaine Von Ramsay à la cour en 1897 n’est pas vécu comme tel par Kanjogera, qui y voit plutôt une alliance lui permettant de consolider son pouvoir de régente sur la cour et d’étendre l’autorité du mwami sur les territoires du Nord qu’il contrôle encore mal. De fait, l’Allemagne intervient apparemment peu dans les affaires rwandaises : en 1914, l’effectif de l’ensemble du personnel administratif et militaire de la résidence de Kigali s’élève à 10 personnes (+Lemarchand, 1970, 63). Néanmoins plusieurs interventions violentes soutenues par l’Allemagne permettent à la cour de consolider son emprise sur le Rwanda, d’abord contre la tentative de secession du Gisaka en 1901, puis surtout contre l’insubordination du quart Nord- Est du pays en 1910- 1912. Outre ce soutien à la cour, le protectorat favorise l’installation progressive de missions chrétiennes au Rwanda, éloignées du Rwanda central jusqu’à leur installation à Kagbayi en 1906. La progression du catholicisme est énamoins relativement lente : pour une population estimée à 1 500 000 personnes (+Chrétien, 2003, 373), le nombre de catholiques au Rwanda s’élève à 10 000 en 1914 (+Chrétien, 2003, 184). S’ils n’ont plus l’ampleur dramatique de l’époque de Rwabugiri, plusieurs fléaux s’abattent encore sur le pays. Des famines frappent le Rwanda à intervalles réguliers : la famine Ruyaga en 19021903, Rwakabaga en 1904- 1905, Kimwaramwara en 1907- 1908 et Rumanurimbaba en 1917- 1918. La variole frappe le Gisaka en 1911, tandis que le bétail souffre de fièvre aphteuse en 1907- 1908 (+HC, 1956, 11)

 

Mandat et tutelle belges (1916- 1959)

Au moment de leur prise, la Belgique n’est pas intéressée par les territoires rwandais et burundais qu’elle compte utiliser comme gages lors des transactions des pourparlers de paix en Europe (+Reyntjens, 1985, 35). Le pays reste donc administré par l’armée belge jusqu’en 1919, date à laquelle l’accord Orts- Milner passé avec la Grande- Bretagne confirme son maintien au Rwanda, mais l’ampute du Gisaka. En 1918, un referendum est monté de toutes pièces, censé montrer l’attachement du mwami Musinga, de la cour et des principaux chefs à leurs nouveaux occupants (+Reyntjens, 1985, 62). Le 20 juillet 1922, le conseil de la SDN attribue à la Belgique un mandat de type B sur le Rwanda- Urundi : formellement, elle doit en assurer l’administration tout en respectant certaines conditions de liberté de religion, interdire l’esclavage et ne pas fonder d’établissements militaires (+Reyntjens, 1985, 43). Une volonté apparente d’administration indirecte caractérise donc d’abord la politique belge au Rwanda, mais celle- ci n’est pas sans effets réels et profonds sur le pays. La puissance mandataire réduit en effet le pouvoir formel du mwami, tout en étendant et en uniformisant le territoire sur lequel il s’applique : Musinga se voit dès 1917 obligé de reconnaître la liberté de culte, ce qui met à mal l’autorité religieuse liée à sa fonction et perd le droit de vie et de mort sur ses sujets (+Reyntjens, 1985, 79). Entre autres vexations, plusieurs rites liés à la fonction royale sont interdits (+Reyntjens, 1985, 82). En 1925, l’administration exile au Burundi le devin favori de Musinga, Gashamura (++ Chrétien, 2003, Reytjens, 1985, 83) et essaie une première fois de forcer le mwami à franchir la Nyabarongo, acte que proscrit son nom de règne (+Reyntjens, 1985, 82). Parallèlement, la Belgique aide le mwami à asseoir son autorité sur les régions du nord, mais aussi au sud- ouest, dans le Bukunzi et le Busozo. Ce n’est qu’en 1931 que le territoire colonial correspond au territoire sous l’autorité du mwami (+Reyntjens, 1985,103). L’Eglise catholique devient à la même période un acteur essentiel de la vie politique rwandaise (+Lemarchand, 1970, 73). A peine nommé à la tête du Vicariat Apostolique du Rwanda en 1922, l’Evêque Léon Classe milite pour le retour du Gisaka au Rwanda (+Chrétien, 2003, 228). Le vecteur essentiel du pouvoir de l’Eglise est son monopole sur l’enseignement. Créée en 1919, l’Ecole pour Fils de Chefs, qui à la demande de Musinga ne dispense pas d’enseignement religieux est remplacée en 1932 par le Groupe Scolaire d’Astrida, administré par la Congrégation des Frères de la Charité de Gand (+Reyntjens, 1985,125- 126) : toutes les futures élites du pays sont formées par l’Eglise. Monseigneur Classe se fait par ailleurs un fervent défenseur de « l’hypothèse hamitique » très répandue dans la littérature africaniste de l’époque, selon laquelle les tutsis sont apparentés à une race de pasteurs nomades hamitiques faisant d’eux des dirigeants nés : en 1927 Classe s’oppose radicalement à une timide tentative de rééquilibrage des postes de chefs et sous- chefs (+Reyntjens, 1985, 104). La part des chefs et sous chefs hutu (un quart des postes de sous chefs au début du siècle - + Chrétien, 2003, 233) dans l’administration territoriale se réduit drastiquement : en 1959, 50 sous- chefs (sur 1050) sont hutu, ainsi qu’un seul chef - sur 82 (+Lemarchand, 1970, 82). Le sens général de la politique coloniale belge au Rwanda est substantiellement modifié à partir de la fin des années 1920. L’intervention se fait de plus en plus directe : une réforme entamée en 1926 par le résident Mortehan refonde le pouvoir local et ses bases territoriales (+++Chrétien, 2003, 235 ; Lemarchand, 1970, 72 ; Reyntjens, 1985, 113- 116 ). Le mwami Musinga, qui essaie de préserver son autorité sur le pays et refuse de se convertir au catholicisme est destitué et exilé en 1931 (+Lemarchand, 1970, 69). Son fils et successeur, Rudahigwa, collabore beaucoup plus facilement avec les autorités coloniales et l’Eglise : il s’installe sur la résidence que le gouvernement lui a édifiée à Rwesero, choisit de ne pas épouser une femme Ega et consacre le pays au Christ- Roi en 1946 (+Reyntjens, 1985, 92). L’uniformisation du territoire et l’extension de l’autorité du mwami, doublée de celle de la métropole s’appuie sur les taxes et prestations en travail. Si la métropole belge supprime plusieurs tributs –dont en 1924, les prestations en bétail et en vivres imponokeindabukirano et abatora - (+Reyntjens, 1985, 132), elle généralise l’uburetwa (prestation d’une journée hebdomadaire de travail) à tout homme adulte valide sur l’ensemble du territorie rwandais et en étend ainsi considérablement l’assiette et y ajoute l’akazi, c’est- à- dire la réquisition non rémunérée d’hommes pour des travaux d’intérêt public. Cette politique de taxation s’intégre à la grille de lecture ethnique du pouvoir colonial et l’uburetwa n’affecte que la population hutu (+Newbury, 1988, 141). Jusqu’à sa suppression au lendemain de la seconde guerre mondiale, la volonté d’éviter l’uburetwa est l’une des principales motivations d’un exil saisonnier considérable : jusqu’en 1959, 425 000 rwandais partent ainsi en Ouganda et au Tanganyika (+Reyntjens, 1985, 141).

 

Naissance d’une contre- élite (1950- 1959)

Les rapports des missions de visite des Nations Unies au Rwanda (en 1948, 1951, 1954 et 1957) dans le cadre du Conseil de Tutelle, sont de plus en plus critiques vis- à- vis de la politique coloniale belge. La métropole publie en 1951 un « Plan décennal pour le développement économique et social du Rwanda- Urundi » et le décret du 14 juillet 1952 qui transfère certaines prérogatives au mwami et crée des conseils de sous- chefferie et de territoire, entame une timide démocratisation des institutions (++ Newbury, 1988, 184 ; Reyntjens, 1985, 185- 198). En 1954, la dernière visite des Nations Unies critique jusqu’au fondement des options choisies par la Belgique, qui soumet toute évolution politique et institutionnelle des territoires sous tutelle à leur développement socio- économique (+ Reyntjens, 1985, 217). Parallèlement, la bureaucratisation des chefferies fait de plus en plus de mécontents (+Lemarchand, 1970, 119- 121). La domination des chefs tutsi est associée à la domination coloniale qui en quelque sorte la garantit et limite les possibilités de redistribution et de réciprocité des chefs vers leurs sujets (+Lemarchand, 1970, 125). Le 1er avril 1954, le mwami met fin au contrat ubuhake, c’est- à- dire au contrat de clientèle en vertu duquel un patron confiait une ou plusieurs têtes de bétail à son nouveau client, lui assurait assistance et protection et reçevait en échange un certain nombre de services et de prestations (+Newbury, 1988, 134140). Mais son abolition n’a fait que déplacer les rapports de clientèle du bétail vers le domaine foncier (+++Lemarchand, 1970, 129 ; Newbury, 1988, 146 ; Reyntjens, 1985, 207), parce que le partage du bétail (2/3 pour les clients, 1/3 pour leurs patrons) n’entraîna pas celui des pâturages. A l’intérieur du système colonial, la lutte pour le pouvoir s’intensifie. Les élites rwandaises légitimées par le pouvoir belge se fractionnent entre les tenants traditionnels du pouvoir (le mwami et la cour) et une nouvelle génération, souvent formée à Astrida, que la métropole considère comme plus fiable et dont elle envisage un temps l’accession directe à l’exercice du pouvoir après destitution du mwami (+Reyntjens, 1985, 224). Malgré des tentatives d’opposition de la part de certains chefs (dont les volontés de réforme de Bwanakweli en 1956- + Lemarchand, 1970, 154), les éléments les plus conservateurs l’emportent à la cour. Tout au long des années 1950, une contre- élite hutu diplômée, dont la plupart des représentants ont été formés au séminaire de Nyakibanda (+Reyntjens, 1985, 229), mais qui reste réduite à des emplois subalternes (instituteurs, petits commerçants ou fonctionnaires, parfois simples paysans) manifeste sa frustration dans de nombreux tracts et publications, notamment Kinyamateka, journal en kinyarwanda créé en 1933, dont Grégoire Kayibanda, principal activiste de cette contre élite naissante devient rédacteur en chef en 1956 (++ Chrétien, 2003, 263 ; Lemarchand, 1970, 148). La création au mois de décembre 1956 de la coopérative TRAFIPRO- Travail Fidélité Progrès- permet aux meneurs de cette opposition politique naissante de commencer à résoudre deux des principales difficultés auxquelles ils sont confrontés : leur manque d’adhérents hors d’un axe Gitarama/Ruhengeri et le peu de contacts avec la population des collines (+Lemarchand, 1970, 148, 152). L’Eglise catholique soutient ce mouvement (+Chrétien, 2003, 264).

Elites et contre- élites créent des partis politiques en vue des élections locales devant se tenir avant la fin de 1959 (+Reyntjens, 1985, 250). L’UNAR (Union Nationale Rwandaise), conservateur et monarchiste, milite pour une indépendance rapide et bénéficie du soutien de la cour, de la quasi totalité des chefs, ainsi que des groupes musulmans swahili essentiellement insatllés à Kigali (+ Reyntjens, 1985, 251). Le RADER (Rassemblement Démocratique du Rwanda) veut être un parti multiethnique favorable à la Belgique (+Reyntjens, 1985, 252). Dirigé par Grégoire Kayibanda, le PARMEHUTU (Parti de l’Emancipation du Peuple Hutu), a une base exclusivement ethnique. S’il n’envisage pas à ses débuts l’abolition de la monarchie, il réclame l’accès des hutu à l’enseignement et aux postes administratifs et soumet l’indépendance du pays à la réalisation préalable de son programme (+Reytjens, 1985, 253). L’APROSOMA (Association pour la Promotion Sociale de la Masse), issue du même mouvement que le Parmehutu et totalement soumise à la personnalité de son meneur Joseph Habyarimana Gitera, n’a pas d’influence hors des régions d’Astrida et Cyangugu (+Reyntjens, 1985, 253). La mort du mwami Mutara en juillet 1959 provoque une première crise au cours de laquelle chaque camp doit définir sa position. Craignant la nommination d’un régent par l’administration belge, les ritualistes conservateurs de la cour désignent son successeur, son fils Jean- Baptiste Ndahindurwa et l’imposent au gouverneur Harroy, lors des funérailles du mwami, sur la colline de Mwima (++Lemarchand, 1970, 156- 158 ; Reyntjens, 1985, 239- 250). Le pouvoir colonial est dépassé par les stratégies de chacun des protagonistes de la lutte pour le pouvoir (+Newbury, 1988, 193). Surtout, il est opposé à l’UNAR qui demande une indépendance rapide (dans le souci de conserver les prérogatives de la cour), impose le nouveau mwami et critique ouvertement la présence belge lors de ses meetings. Au milieu des années 1950, la politique coloniale s’emploie donc à inverser le sens de ses développements antérieurs. A partir de 1956, le nombre de hutu inscrits au groupe scolaire d’Astrida augmente nettement et représente près d’un tiers des effectifs en 1959 (+Lemarchand, 1970, 138). Ce contexte d’affaiblissement des positions de la métropole excède largement les frontières du territoire rwandais : des émeutes éclatent au Congo à Léopoldville en janvier 1959 (+Chrétien, 2003, 265) et la question de l’indépendance des territoires sous tutelle est régulièrement l’objet de débats devant l’assemblée générale des Nations Unies. En avril 1959, un « groupe de travail » composé de parlementaires belges est chargé de visiter le territoire et de réfléchir aux réformes nécessaires à l’accession graduelle à l’autonomie interne (++Lemarchand, 1970, 154 ; Reyntjens, 1985, 265). Mais le pays visité par ces parlementaires est au bord de l’explosion.

 

La « Révolution sociale » (1959- 1961)

Si l’on a pu voir dans les conséquences de l’abolition de l’ubuhake en 1954 une cause fondamentale de la révolution de 1959 (+ Reyntjens, 1985, 208) et dans les évènements jalonnant l’année 1959 (mort du mwami, mutation des trois chefs après le meeting de l’UNAR à Kigali) autant d’accèlérateurs de l’activité révolutionnaire (++ Newbury, 1988, 193 ; Reyntjens, 1985, 234), l’évènenement qui marque le début de la vague de violences connue sous le nom de Toussaint Rwandaise à l’automne 1959 est l’agression de Dominique Mbonyumutwa par des militants de l’UNAR à Ndiza. Très populaire, celui- ci était l’un des dix sous- chefs hutu du Rwanda (+Lemarchand, 1970, 162). La rumeur de sa mort se répand très vite dans la région de Kabgayi et autour de Gitarama, là où le PARMHUTU est le plus implanté. A l’exception des régions de Cyangugu, Kibungo et Astrida (++ Newbury, 1988, 194 ; Reyntjens, 1985, 260), l’ensemble du pays est au cours des semaines suivantes atteint par ce que la plupart des observateurs ont désigné comme une jacquerie (+++ Chrétien, 2003, 266 ; Lemarchand, 1970, 159 ; Reyntjens, 1985, 235) c’est- à- dire un soulèvement, une insurection paysanne, au cours de laquelle plusieurs centaines de personnes, essentiellement tutsies sont tuées, plusieurs milliers doivent fuir le pays et de nombreuses habitations sont incendiées (++ Chrétien, 2003, 266 ; Lemarchand, 1970, 167). Si les violences sont dirigées contre les tutsi, elles ne visent pas l’institution royale en tant que telle. De nombreux paysans participent aux incendies et pillages en pensant que le mwami lui- même les a ordonnés (+ Lemarchand, 1970, 164). Néanmoins la question centrale du relais opéré par les cadres du PARMEHUTU avec les assaillants dans les régions du nord et du centre et donc de l’organisation d’une partie des violence reste posée (++ Chrétien, 2003, 267 ; Lemarchand, 1970, 168).

Le nombre précis des victimes est incertain, mais les chiffres avancés vont de plus de 200 personnes (+Lemarchand, 1970, 167), à plusieurs centaines (++Chrétien, 2003, 266 ; Reyntjens, 1985, 261). Si le nombre de réfugiés est en général évalué à 10 000 (++HRW, 1999, 52 ; Reyntjens, 1985, 261), certaines estimations aboutissent au double en avril 1960 (+Lemarchand, 1970, 172). La majorité des réfugiés tutsi quittent le pays non pas au cours des évènements de la Toussaint Rwandaise (7000 d’entre eux fuient leur région à la fin du mois de novembre 1959), mais dans les mois qui suivent l’installation par l’administration belge de nombreux hutus aux postes de sous- chefs et chefs (+ Lemarchand, 1970, 173). Face aux violences, la Belgique instaure l’Etat d’exception et place le pays sous le mode de l’occupation militaire. Véritable pro- consul, le colonel Logiest entame après le retour au calme un changement profond dans la composition du personnel administratif rwandais. Des 45 chefs en place avant les violences, 23 sont morts, ou ont pris la fuite. Il en va de même pour 158 des 489 sous- chefs (++Lemarchand, 1970, 172 ; Reyntjens, 1985, 268). Logiest met en place une politique de remplacement systématique par des hutus des chefs et sous- chefs disparus, enfuis ou démis (++ Lemarchand, 1970, Reyntjens, 1985, 268). Cette stratégie est crânement assumée par le résident militaire, au nom d’une efficacité accrue dans l’exécution des décisions (+Reyntjens, 1985, 268) et selon la volonté de « politiser » le Rwanda (++Lemarchand, 1970, 175 ; Reyntjens, 1985, 268). De fait, la principale conséquence de la Toussaint Rwandaise sur le PARMEHUTU est de modifier substantiellement son programme : jusqu’ici favorable à une monarchie constitutionelle, il devient républicain (+ Lemarchand, 1970, 168). Les élections aux postes de bourgmestre et conseillers communaux de 1960 sont la conséquence directe des réformes initiées par le colonel Logiest. L’administration belge soutient les partis issus de la contre- élite hutu (Lemarchand, 1970, 178) ; cette propagande officielle devient la seule existant au Rwanda, puisque le 6 juin 1960, le résident spécial fait interdire tous les meeting politiques. La période précédant les élections est émaillée d’incidents violents. Début juillet, des activistes tutsis incendient les isoloirs prévus pour la commune de Rubengera, dans la région de Kibuye. En représailles, la population hutu brûle des huttes appartenant à des tutsis (+Lemarchand, 1970, 180). Dans certaines régions, des comités de salut public et des bataillons de milices sont organisés (+ Lemarchand, 1970, 180). Le mouvement ne cesse pas après la victoire écrasante des partis hutu aux élections et se prolonge au contraire, beaucoup de militants du PARMEHUTU considérant que les actes de violence ont en quelque sorte été légitimés par les urnes (+Lemarchand, 1970, 180). Le soutien de la métropole est déterminant pour le dernier coup porté à la monarchie, le 28 janvier 1961 : la Belgique a mis a disposition des nouveaux bourgmestres et élus locaux les moyens de les transporter à Gitarama. Un peloton de para- commando belges est disposé autour de la réunion et le colonel Logiest lui- même s’est rendu à Gitarama (+ Reyntjens, 1985, 289). La république est proclamée. Dominique Mbonyumutwa en devient le Président, Grégoire Kayibanda le Premier ministre. Devant les Nations Unies, la Belgique est la seule a implicitement reconnaître le ‘coup de Gitarama’ et à s’opposer à la résolution 1605 qui prévoit des élections législatives et l’organisation d’un referendum sur la monarchie. La campagne préparant ces deux consultations donne lieu à des violences et des assassinats. Ces violences sont le fait des principaux partis en lice pour les élection, l’UNAR et le PARMEHUTU, cependant leur répression est le seul fait du PARMEHUTU, soutenu par la Belgique, qui fait arrêter plusieurs dizaines de membres éminents de l’UNAR (+Reyntjens, 1985, 299). Les élections ne changent pas le résultat obtenu par le coup du 21 janvier : le Rwanda devient ainsi républicain avant d’être indépendant.

La Première république (1962- 1973)

La Première République a connu deux périodes distinctes qui ont correspondu à l’ascension puis au fractionnement du PARMEHUTU. Confronté, dans les années de la fondation, à des offensives militaires émanant d’une partie de l’UNAR réfugiée dans les pays limitrophes, le PARMEHUTU a fait de cette mise en danger un facteur de cohésion. L’UNAR connaît au début des années 1960 de graves dissensions internes. Elle est divisée entre ses membres restés au Rwanda et ceux partis en exil (+ Reytjens, 1985, 314), entre une aile politique et une aile activiste favorable à des actions de guerilla et est enfin confrontée à des questions essentielles : quelle vision de la monarchie et de la place du mwami dans les institutions doit- elle porter, quelle attitude adopter vis- à- vis du nouveau régime républicain ? Malgré l’existence de bureaux officiels de l’UNAR à Kigali, la plupart de ses représentants ont fuit dans les pays limitrophes et un gouvernement en exil a été formé. Mais les divergences entre factions sont trop importantes et le parti, qui est par ailleurs coupé de la population des réfugiés est menacé d’éclatement (+Lemarchand, 1970, 199- 200). Par ailleurs, l’UNAR peine à s’implanter en un unique pays d’accueil. Si début 1962, plus de 35 000 rwandais sont réfugiés en Ouganda, le gouvernement de Milton Obote réagit en opposant une fin de non recevoir à l’installation du mwami (+Lemarchand, 1970, 207). Le Burundi, où 45 000 réfugiés rwandais sont installés en 1963 est finalement choisi comme sanctuaire (+Lemarchand, 1970, 216). C’est à partir du Burundi qu’est lancée en décembre 1963 la principale attaque sur le Rwanda sous les ordres de François Rubeka, un des principaux activistes de l’UNAR et ancien premier ministre en exil. Mal préparée, l’attaque échoue et les massacres organisés en représailles font plus de 10 000 victimes (+ Lemarchand, 1970, 224- 225). C’est au cours des années 1960 qu’apparaît le mot Inyenzi, dont la traduction littérale est cancrelat, ou cafard, qui désigne d’abord les mouvements de l’UNAR organisant des incursions au Rwanda, puis par extension l’ensemble de la population tutsie rwandaise (++Chrétien, 2003, 268 ; Lemarchand, 1970, 198). Selon une autre interprétation, le mot Inyenzi, acronyme de Ingangurarugo yiyemeje ingenzi (propriétaire- conquérant déterminé à être le meilleur) est à l’origine revendiqué par les membres de l’UNAR eux- mêmes (++ Kuperman, 2004, 62 ; Munyarugerero, 2003, 93). Des incursions ponctuelles se prolongent jusqu’en 1967. Entre 1959 et 1967 près de 20 000 tutsis sont victimes de leur repression et 200 000 autres fuient le pays (+ Kuperman, 2004, 63). Le PARMEHUTU sort renforcé de la crise, qui lui permet d’exécuter les principaux dirigeants du RADER et de l’UNAR intérieure et devient progressivement un parti unique de fait, en remportant l’intégralité des sièges de l’Assemblée Nationale en 1965. Mais dès 1963, le parti est traversé par de nombreuses oppositions internes que le facteur de cohésion de la lutte contre un ennemi commun masquait jusque là (+Reyntjens, 1985, 473). Ces dissensions sont de deux ordres : - elles concernent d’abord les rivalités personnelles et la distribution des postes dans un contexte de rapprochement des instances du parti et de celles de l’Etat, de rivalité accrue entre les bourgmestres et les propagandistes (+Lemarchand, 1970, 247) et, paradoxalement, de mort progressive du militantisme à la base (+ Reyntjens, 1985, 474). Le PARMEHUTU est grèvé par des oppositions internes, qui ne sont pas seulement d’ordre régional. La préfecture de Butare est mise à l’écart de l’exercice du pouvoir (notamment lors de l’élimination politique de l’APROSOMA) par les représentants originaires de Gitarama (+Reytjens, 1985, 484). Mais une violence de cour, faite de tentatives d’empoisonnement (++Lemarchand, 1970, 249 ; Reyntjens, 1985, 478) et d’accusation nkundabarezi (littéralement « j’aime les blancs ») se généralise (++ Lemarchand, 1970, 248 ; Reyntjens, 1985, 478). - une rivalité régionale se manifeste ensuite pleinement dans l’exercice du pouvoir lors des débats relatifs à l’ubukonde, c’est- à- dire au clientélisme foncier pratiqué dans le Nord du pays que l’affirmation du pouvoir central lors de la période coloniale avait entamé. Pour nombre de notables des régions de Ruhengeri et Gisenyi eux- mêmes patrons fonciers, soutenir le PARMEHUTU c’était militer pour la disparition des patrons fonciers politiques tutsi que le pouvoir central avait installés dans le Nord sous la colonisation et la restauration d’unubukonde plein et entier (++ Lemarchand, 1970, 230- 233 ; Reyntjens, 1985, 486- 494). Face à la volonté des politiciens du sud de supprimer l’ubukonde, la résistance farouche des notables du nord parvient non seulement à maintenir l’ubukonde coutumier dans les préfectures de Ruhengeri et Gisenyi (+ Reyntjens, 1985, 490), mais également à supprimer l’existence légale de l’ubukondepolitique héritier de la colonisation (++Lemarchand, 1970, 232 ; Reyntjens, 1985, 490). Ce climat délétère provoque le mécontentement croissant d’un groupe social de cadres émergeants constitué de diplômés des écoles primaires, secondaires et d’étudiants. Outre les rivalités à l’échelle nationale, la compétition politique locale est très rude. Bourgmestres et préfets s’affrontent âprement, les premiers s’appuyant sur leur réseaux de clientèle et la légitimité que leur confère l’élection, les seconds sur les structures de l’Etat et le poids du parti (+Lemarchand, 1970, 244). Dans un tel contexte de fractionnement du régime, de luttes de cour et de compétition pour l’accès aux postes, la tentation est forte pour unifier à nouveau le régime, de faire appel au clivage ethnique. Les purges qui débutent au mois de février 1973 sont d’abord portées par les étudiants, mais sont également encouragées, voire dirigées, par le sommet de la pyramide du pouvoir. Au sein même de cette dernière, chacun a un intérêt momentanné à la diversion vers l’ethnisme, aussi bien la présidence et le PARMEHUTU, afin de réunifier le régime vers un ennemi commun, que les militaires nordistes (notamment Alexis Kanyarengwe, chef de la sûreté originaire de Ruhengeri), dans l’objectif de plonger celui- ci dans une longue crise (+ Chrétien, 2003, 269). De fait les purges, qui consistaient à l’origine en l’affichage de listes d’étudiants et de personnel tutsis pirés de quitter les universités et entreprises, échappent au pouvoir central et portent par la suite des revendications sociales (mécontentement contre les riches en général) et régionales (opposition entre le centre- sud et le nord du pays). En conséquence, Grégoire Kayibanda sanctionne un certain nombre de dignitaires du nord du pays, en les éloignant des postes et des lieux de l’exercice du pouvoir : Alexis Kanayarengwe est nommé directeur du séminaire de Nyundo, Le Major Nsekalije est affecté à une coopérative théicole à Byumba. Tous les secrétaires généraux des ministères sont remplacés ainsi que 9 des dix préfets (+ Reyntjens, 1985, 504). La rupture avec le nord semble consommée.

 

La ‘révolution morale’ et la seconde république (1973- 1990)

Bénéficiant du trouble suscité par l’extension des purges et des mouvements de violence aux campagnes, le général Juvénal Habyarimana, ministre de la défense originaire du Bushiru, en préfecture de Gisenyi, prend le pouvoir le 5 juillet 1973. Le coup d’Etat a pour premières conséquences de ramener le calme dans le pays et de substantiellement changer l’orientation du pouvoir. Au cours des deux années suivantes, les anciens caciques de la première république sont néanmoins assassinés ou emprisonnés (+ Munyarugerero, 2003, 147). Si elle reste un régime autoritaire, la seconde république entend surmonter la polarisation ethnique en la subordonnant à une « idéologie du développement ». L’accent est mis sur l’unité nationale, la construction d’infrastructures, l’ouverture et la coopération internationale. Le Rwanda augmente le nombre de ses représentations diplomatiques à l’étranger (+ Reyntjens, 1994, 32), l’équipement routier et électrique commence à gagner les campagnes et Kigali qui comptait 15 000 habitants en 1965 en abrite 300 000 au début des années 1990 (+ Reyntjens, 1994, 32). Mais si le régime obtient de bons résultats en terme de performances économiques indiciaires (+ Reyntjens, 1994, 35), la redistribution de la richesse créée laisse à l’écart la grande majorité de la paysannerie (+Bezy, 1990, 28). Dans les campagnes, une nouvelle élite constituée d’enseignants, d’infirmiers, de fonctionnaires communaux, bénéficie de la pénétration accrue de l’Etat dans les campagnes et des salaires dégagés par l’installation de projets de développement (+de Lame, 1996, 148- 162). Le comportement de ces élites se modifie et les éloigne progressivement des paysans : l’argent est accumulé, ou réinvesti à Kigali. Le décret du 4 mars 1976 autorise tout agent de l’Etat à participer sans restriction aux entreprises de production (++ de Lame, 1996, 181 ; Reyntjens, 1994, 32). De nouvelles références, de nouveaux comportements apparaissent, ceux d’une classe sociale naissante qui laisse se tarir les canaux de redistribution et provoque dans les campagnes une nette polarisation sociale. Chez les paysans, le mot « riche » (umukire ) est devenu une insulte (+ de Lame, 1996, 182) Le Mouvement Révolutionnaire National pour le Développement (MRND), parti unique créé en 1975 se confond entièrement avec les structures de l’Etat (+ Guichaoua, 1989, 145). Dès 1973, les bourgmestres sont nommés par le Président de la République (+ Munyarugerero, 2003, 150), ce qui annule la relative autonomie du pouvoir local et l’intègre dans une structure pyramidale qui remonte jusqu’à Juvénal Habyarimana. Le territoire est complètement quadrillé, divisé en préfectures, communes, secteurs et cellules. Toutes les semaines, les paysans doivent participer aux travaux collectifs umuganda censés répondre aux besoins de la commune. La propagande du régime, inspirée du modèle zaïrois, vante au cours de séances d’animation (chants et danses en l’honneur du MRND) l’action de son président, le travail de la terre et de la houe. Les slogans qui y sont récités vantent le développement (amajyambere les choses de l’avenir, + de Lame, 1996, 285) et nient toute formulation d’un clivage ethnique (ainsi le slogan « Hutu, Tutsi, Twa, sont des prénoms, Rwandais est notre nom de famille » + de Lame, 1996, 286). Pourtant, un système tacite de quotas réserve entre 85 et 90% des postes de l’administration aux hutus (+ Chrétien, 2003, 271). Dans les faits, le pouvoir est exercé par des élites issues du nord du pays, succèdant à l’orientation ‘sudiste’ de la première république (+ Chrétien, 2003, 269). Un tiers des 85 postes les plus importants de l’Etat échoient à des personnes originaires de la préfecture de Gisenyi (+ Reyntjens, 1994, 33). Après dix ans d’embellie économique, le pouvoir est déstabilisé par la crise et le favoritisme régional. La rivalité pour les postes et les luttes d’influence se durcit et les comportements et strcutures de type mafieux se multiplient. L’un des pôles de l’exercice du pouvoir, regroupé autour d’Agathe Kanziga, épouse de Juvénal Habyarimana et de ses frères et surnommé l’Akazu (voir infra) est à l’origine de l’assassinat du Colonel Stanislas Mayuya en avril 1988, considéré comme le dauphin du président de la République (+Prunier, 1999, 109). Parallèlement, un mouvement politique dont le noyau se situe en Ouganda dans les camps situés à proximité de la frontière rwandaise, naît au sein des réfugiés de 1959, 1963 et 1973. Depuis 1959, plus de 600 000 personnes ont fuit le Rwanda (+ Reyntjens, 1994, 25). Plusieurs de ses cadres participent à la prise du pouvoir de Yoweri Museveni en Ouganda en 1986 : sur les 14 000 combattants de la National Resistance Army qui conquiert Kampala le 26 janvier 1986, 3000 sont des réfugiés rwandais (+ Prunier, 1999, 92). Rebaptisé Front Patriotique Rwandais en 1988, ce mouvement réclame le retour des réfugiés au Rwanda mais se heurte au refus persistant de Juvénal Habyarimana.

 

L’attentat (6 avril 1994)

(6 avril) : A 20h22, le Falcon Mystère présidentiel transportant Juvénal Habyarimana, le Président du Burundi Cyprien Ntaryamira, les ministres burundais Bernard Ciza et Cyriaque Simbizi, le général- major Déogratias Nsabimana, chef d’Etat Major des FAR, le Major Thadée Bagaragaza, Juvénal Renzaho, conseiller du président, le docteur Emmanuel Akingeneye, médecin personnel d’Habyarimana mais aussi le Colonel Elie Sagatwa, membre éminent de l’Akazu, chef officieux de la Garde présidentielle et beau frère de Juvénal Habyarimana est abattu peu avant son atterrissage à Kigali. Les douze passagers, dont 3 membres d’équipage français (le pilote Jacky Héraud, le co- pilote Jean- Pierre Minoberry et le navigateur Jean- Michel Perrine) sont tués (++Reyntjens, 1995, 21 ; Eltringham, 2004, 111). Plusieurs hyptohèses ont été émises quant à l’identité des auteurs de l’attentat : - Des éléments radicaux du régime de Juvénal Habyarimana et de l’armée, aidés ou non par des militaires francais (+ Reyntjens, 1995, 20- 32) - Une tentative de coup d’Etat démocratique, menée par les factions non- Power de l’opposition intérieure au MRND soutenue ou non par le FPR (+ Reyntjens, 1995, 33- 38) - Le FPR, soutenu ou non par des militaires belges (+Reytjens, 1995, 38- 44)

A 21 heures, une réunion se tient à l’Etat- Major de l’armée rwandaise, regroupant les principaux officiers, dirigée par Théoneste Bagosora (directeur de cabinet au ministère de la Défense), que rejoint le général Dallaire vers 22 heures. Pendant cette réunion, s’il s’affirme comme l’homme fort de la crise en cours, Théoneste Bagosora ne parvient pas à faire transférer le pouvoir à l’armée, ni à faire nommer un de ses proches à la tête de l’Etat major (++ Braud, 2005, 443 ; Reyntjens, 1995, 52- 53). Le poste échoit au Colonel Marcel Gatsinzi, personnalité isolée sur le plan institutionnel et absente de Kigali. Immédiatement après l’attentat, des tirs sporadiques éclatent dans le camp militaire voisin de Kanombe. Les habitants de la colline de Masaka, lieu d’où les missiles ont été tirés, sont abattus (+HRW, 1999, 215- 217). Les responsables du MRND et leurs familles sont évacués dans un camp militaire. Faustin Twagiramungu est évacué au quartier général de la MINUAR. De nombreux membres de la mouvance présidentielle, ainsi que certaines personnalités de l’opposition vont se réfugier à l’ambassade de France (++HRW, 1999, 220- 221 ; Reyntjens, 1995, 63) Des barrages sont établis à Kigali dans l’heure qui suit l’attentat, des patrouilles Interahamwe circulent dans la ville bouclée par l’armée (++HRW, 1999, 221 ; Guichaoua, 1995, 523).

 

Les massacres d’avril à juillet 1994

Les massacres qui débutent la nuit du 6 avril 1994 durent jusqu’à la mi- juillet soit une centaine de jours (+Strauss, 2006, 1), lorsque le FPR contrôle l’ensemble du territoire rwandais. On ne connaîtra jamais le nombre des victimes, qui a fait l’objet de plusieurs estimations. Avec le temps, celles- ci se sont toutefois stabilisées : on estime qu’ au moins 500 000 tutsis (+HRW, 1999, 5) et 10 000 hutus (+ Strauss, 2006, 51) ont été assassinés. Par ailleurs diverses violences et tortures sont devenues quotidiennes au cours de cette période. S’il est contesté, le chiffre de 250 000 viols a été avancé (+Strauss, 2006, 52). Enfin, la reprise de la guerre et l’avancée du front ont provoqué l’exode de deux millions de civils principalement hutu, au Zaïre et en Tanzanie (+Strauss, 2006, 50). Le massacre systématique des civils tutsis rwandais (on estime que 75% d’entre eux ont été tués - + Strauss, 2006, 41) a été reconnu comme génocide par les Nations- Unies le 27 mai 1994. La campagne d’assassinats a été préparée, mais son organisation a été souple et n’a pas suivi les structures formelles de l’Etat (+HRW, 1999, 261). Elle a reposé sur trois pilliers essentiels : l’armée et la gendarmerie, les partis politiques et leurs milices et enfin l’administration nationale et locale.

- L’armée et la gendarmerie : au centre du dispositif organisant les massacres, le colonel Théoneste Bagosora, ancien directeur de cabinet du ministre de la Défense, a mis au point le « programme d’autodéfense civile », c’est- à- dire la distribution d’armes à une partie de la population, son entraînement au tir et au combat par la police communale et l’organisation de patrouilles, à partir de février 1993 (+HRW, 1999, 128- 132). N’étant pas assez influent pour assumer à lui seul la direction du pays et prendre la place deJuvénal HabyarimanaThéoneste Bagosora n’en demeure pas moins le protagoniste essentiel de la crise politique provoquée par l’attentat. Des militaires de premier plan comme le général Augustin Bizimungu, nommé chef d’Etat Major le 16 avril à la suite de Marcel Gatsinzi, le colonel Tharcisse Renzaho (préfet de Kigali) ou le lieutenant- colonel Anatole Nsengiyumva ont également participé à la mise en place des massacres (+HRW, 1999, 263). Sur les collines, à l’autre bout de l’échelle, en menant les bandes de civils à l’attaque, ou en distribuant des armes à la population, des militaires, souvent en retraite, aidés de la gendarmerie ont permi l’accomplissement quotidien des massacres (+HRW, 1999, 262- 266).

- Les partis politiques et les milices : la crise politique qui suit la mort de Juvénal Habyarimana, l’élimination de l’opposition et les massacres de tutsis consacrent la victoire des branches « power » de chaque parti politique. Aussi les responsables de partis comme Mathieu Ngirumpatse pour le MRND, ou Donat Murego du MDR participent- ils aux conseils des ministres du gouvernement intérimaire, ou le représentent dans les enceintes internationales (+ HRW, 1999, 262). Dans les communes, les représentants des partis politiques distribuent des armes, organisent leurs propres rondes et prennent l’initiative des assassinats lrosque l’administration y est réticente. Les milices comptaient sur un effectif de 2000 hommes à Kigali et d’un peu moins dans le reste du pays à la veille du 6 avril. Elles recrutent toutefois beaucoup pendant les massacres et atteignent vite un effectif compris entre 20 000 et 30 000 membres (+HRW, 1999, 268). Les plus actives d’entre elles sont les Interahamwe (proche du MRND), lesImpuzamugambi (proche de la CDR) et sont rejointes le 12 avril par les Inkuba du MDR, suite à un discours de l’un des dirigeants du MDR Power Froduald Karamira (+HRW, 1999, 268- 269). De par leur nombre, les milices deviennent alors des forces supplétives de l’armée et sont déplacées d’une région à l’autre pour mettre en oeuvre les assassinats (+HRW, 1999, 270).

-  L’administration : dès leur nomination, le président de la République Théodore Sindikubwabo et le premier Ministre Jean Kambanda apparaissent comme des personnalités faibles et s’il participent à leur exécution, ne sont pas à l’origine des décisions relatives aux massacres (+HRW, 1999, 273). Le reste de l’administration du pays, à tous les échelons intègre la campagne d’assassinats au reste de ses activités. Certains ministres, comme Pauline Nyiramasuhuko à Butare, Eliezer Niyitegeka à Kibuye, ou Justin Mugenzi, président du PL Power, en organisant des tournées à l’intérieur du pays et y représentant le gouvernement viennent encourager la campagne. Les préfets sont un rouage essentiel de transmission des ordres émis par Kigali et en surveillent les résultats. Les bourgmestres enfin se chargent d’abord de la mobilisation des paysans : ils supervisent l’organisation de « l’autodéfense civile » pour leur commune, envoient les conseillers recruter les hommes de domicile à domicile, dressent des listes de personnes à abattre (+HRW, 1999, 275).

Cette participation des gens ordinaires aux massacres a permis leur extension et leur rythme : en moins de trois semaines l’ensemble du pays est touché par la campagne (+Strauss, 2006, 50). Surtout, à partir du moment où elle est déployée, la violence atteint une intensité similaire dans l’ensemble du pays (+Strauss, 2006, 59). Les bourgmestres rassemblent les tutsis dans les lieux publics (stades, églises…) et font intervenir l’armée et les milices pour les tuer. Les pièces d’identité sont contrôlées sur des barrières installées aux principaux croisements (la mention ethnique est toujours présente sur les cartes d’identité). Des bandes (ibitero ) vont de maison en maison tuer ceux qui sont restés chez eux. Des battues sont organisées dans les champs pour qu’aucun ne s’y cache. Les pillages mis à part, on estime qu’au total environ 200 000 personnes ont participé directement aux assassinats, armée et milices comprises (+Strauss, 2004, 95). Le déroulement de la campagne connaît plusieurs inflexions, parce qu’il est intimement lié à la prise et à la consolidation du pouvoir autour de la faction du colonel Bagosora. Les heures qui suivent l’attentat du 6 avril et la journée du 7, la plupart des assassinats visent les opposants au Hutu Power et à la faction Bagosora.

Celle- ci impose sa « légitimité » par l’assassinat de ses adversaires, l’usage de la violence réduisant les différentes options de transmission du pouvoir (+ Braud, 2005, 443) : le premier Ministre Agathe Uwilingiyimana, les deux candidats à la présidence de l’Assemblée Nationale de Transition, Félicien Ngango (PSD) et Landouald Ndasingwa (PL), le Président de la Cour Constitutionnelle Joseph Kavaruganda (+HRW, 1999, 225) sont assassinés, Faustin Twagiramungu, désigné comme premier Ministre par les accords d’Arusha, parvient à être évacué par la MINUAR (+Braud, 2005, 444).

Le 7 avril, les assassinats de tutsis commencent à Kigali, mais aussi dans les régions du pays où sont bien implantés les mouvements « power » (c’est- à- dire les préfectures de Gisenyi, Ruhengeri et Kigali Rural). Le 9, les massacres de tutsis deviennent systématiques à Kigali et se développent dans les préfectures de Byumba, Cyangugu, Gikongoro, Kibungo et Kibuye. Les préfectures de Gitarama et Butare ne sont atteintes qu’à partir des 14- 15 avril (+Strauss, 2006, 50/256). Les assassinats visent d’abord des cibles prioritaires : des listes de personnalités, aussi bien hutues que tutsies sont distribuées aux tueurs. A partir de la semaine du 11 avril, les autorités somment les tutsis de se rassembler dans des lieux publics, stades, ou édifices religieux : c’est le cas à l’Ecole Technique Officielle de Kigali, dans les stades de Kibuye et Cyangugu, dans les églises de Nyarubuye et Rukara en préfecture de Kibungo, à l’hôpital et à l’université de Butare, à la cathédrale de Nyundo à Gisenyi… (+HRW, 1999, 245- 246). Du fait de cette stratégie, la période qui s’étend du 11 avril au 1er mai est la plus meurtrière. Nommé le 8 et installé le 12 à Gitarama, le gouvernement intérimaire, au bord de la banqueroute, a besoin de l’aide internationale (+HRW, 1999, 331). Afin de rétablir sa réputation, il ordonne à partir de la dernière semaine d’avril que les massacres deviennent moins visibles et met en place à cette fin une campagne de « pacification » (+HRW, 1999, 331) : pendant que des représentants du gouvernements se rendent au Kenya, en Europe, en France et devant les Nations Unies (+HRW, 1999, 332- 333) des instructions sont données par les autorités administratives et à la radio pour que cessent les violences et que les cadavres soient retirés des routes (+HRW, 1999, 334- 339). Toutefois les meurtres continuent : des groupes armés viennent chaque jour prélever des groupes de tutsis dans les églises de Kigali et vont les exécuter dans des endroits isolés (+HRW, 1999, 331). Si elle se veut discrète, le violence ne s’en prolonge pas moins jusqu’à la mi- juillet. Au lendemain de l’attentat, le 7 avril, le FPR reprend l’offensive, attaque par deux axes du Nord vers le Sud et le Sud Est, en direction de Kigali (où plus de 600 de ses hommes sont stationnés depuis décembre) et Byumba.

Celle- ci est prise le 21 avril (+Guichaoua, 1995, 526). Le 1er mai, le FPR contrôle la frontière tanzanienne (+Guichaoua, 1995, 528). Le 4 débute la bataille pour Kigali qui dure jusqu’au 4 juillet. Hormis leur résistance à Kigali, les FAR, qui sont mobilisées pour les massacres et ne bénéficient plus du soutien militaire actif de la France s’effondrent. Le FPR encercle Ruhengeri le 6 mai, prend Nyanza (préfecture de Butare) le 29, Gitarama le 13 juin et Gisenyi le 17 juillet (+Guichaoua, 1995, 532). Pendant toute la durée de cette offensive le FPR arbitre en faveur de la réalisation de ses objectifs militaires au détriment de la sauvegarde des personnes menacées (+Kuperman, 2004, 78).

 

Acronymes :

CDR : Coalition pour la Défense de la République

CND : Conseil National de Développement

ESM : Ecole Supérieure Militaire

ETO : Ecole Technique Officielle

FAR : Forces Armées Rwandaises

FPR : Front Patriotique Rwandais

MDR : Mouvement Démocratique Républicain

MINUAR : Mission des Nations Unies pour l’Assistance au Rwanda

MRND : Mouvement Révolutionnaire National pour le Développement

MRNDD : Mouvement Républicain National pour le Développement et la Démocratie

PL : Parti Libéral

PDC : Parti Démocrate Chrétien

PSD : Parti Social Démocrate

REP : Régiment Etranger de Parachutistes

RTLM : Radio- Télévision Libre des Mille collines

TPIR : Tribunal International pour le Rwanda

Emmanuel Viret, Chronologie du Rwanda (1867- 1994), Encyclopédie en ligne des violences de masse, [en ligne], publié le 8 mars 2010, consulté le 5 mai 2013, URL : http://www.massviolence.org/Chronologie-du-Rwanda-1867-1994, ISSN 1961-9898

 

SOURCE:MASSVIOLENCE.ORG


05/05/2013
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CONFLITS CONGO-RWANDA PRECOLONIAUX:DEUX ETUDES HISTORIQUES

Histoire

Conflits Congo/Rwanda précoloniaux. Deux études historiques.

File:Diadème royal-Rwanda-Musée royal de l'Afrique centrale.jpgFrançais : Rwanda : diadème royal appartenant au Mwami Charles Mutara III Rudahigwa, porté pour la première fois par son grand-père, Mwami Kigeri IV Rwabugiri. Fourrure de singe colobe, tissu européen recouvert de perlage, treize petits pendentifs en perles. Musée royal de l'Afrique centrale.

NOTES SUR LES CONFLITS ARMES ENTRE LE RWANDA ET LE BUSHI PENDANT LA PERIODE PRECOLONIALE, par Mugaruka bin Mubibi, Assistant au CERDAC, Université de L'shi et Rubwindi Obwinja Bube, Bibliothécaire de IIe Classe, ISP/BukavuGuerres rwandaises contre le Congo: interrogeons l'histoire, par Mme Mulegwa Kinja 

NOTES SUR LES CONFLITS ARMES ENTRE LE RWANDA ET LE BASHIS (Bushi) 

PENDANT LA PERIODE PRECOLONIALE 

par 

1. Mugaruka bin Mubibi, Assistant au CERDAC, Université de L'shi 

2. Rubwindi Obwinja Bube, Bibliothécaire de IIe Classe, ISP/Bukavu 


INTRODUCTION 

Les récits sur les guerres qui ont opposé le Rwanda au Bushi (son rival de l'Ouest du Lac Kivu en territoire zaïrois) nous ont été présentés pour la première fois par notre Oncle BASAKA CHUMUGABO (mort à Mbiza-Kabare en 1972 à l'âge de ±80 ans). Ces récits étaient destinés seulement à prouver la force de l'armée shi dont notre conteur vantait les mérites au cours des ans, notamment les victoires sur RWABUGIRI KIGELI IV du Rwanda et sur les Bahavu que le prince shi BIGOMOKERO, fils de NABUSHI MAKOMBE, avait repoussés au-delà de la Nyabarongo (1). 

Alors que nous débutions nos études universitaires à la Faculté des Lettres (Lubumbashi), notre souci de connaître davantage cette région s'accrût grâce à l'analyse faite par l'Abbé KAGAME Alexis sur les expéditions rwandaises au Bushi, laquelle nous permit d'être en présence de deux versions différentes de ces conflits armés qui ont, de longue date, opposé ces deux formations (2). 

L'Abbé KAGAME a été le premier à écrire sur ces conflits armés mais il n'a présenté que la version rwandaise du problème. La version shi n'a jamais été donnée sauf quelques références à la question qu'on retrouve dans les oeuvres du R.P. COLLE et Paul MASSON (3). 

David S. NEWBURY a, en 1974 et 1975, présenté deux travaux sur les campagnes de RWABUGIRI (4). Dans le premier travail, NEWBURY, dont le terrain de recherches reste l'île IDJWI, donne seulement une chronologie des événements et la bibliographie sur les campagnes de RWABUGIRI KIGELI IV en insistant plus sur le BUHAVU (pays des Bahavu). Son deuxième article complète le premier et apporte des détails sur sa vision des attaques rwandaises à Idjwi. 

Notre souci, dans ce travail, est d'apporter des correctifs et une lumière à la description des expéditions rwandaises au Bushi (pays des Bashi), telles qu'elles sont présentées par l'Abbé KAGAME dans ses oeuvres (5). 

Nous nous limiterons aux seules expéditions organisées contre le Bushi (pays des Bashi) que nous présenterons d'abord avant de donner des correctifs aux analyses de KAGAME d'après la version shi de la question. 

 

PRESENTATION DES EXPEDITIONS 

1. La première expédition 

Les traditions orales shi retiennent que la première expédition armée du Rwanda contre le Bushi date du règne de Mwami NSORO Ier SAMUKONDO, 7e Roi de la dynastie présentée par l'Abbé KAGAME. Nsoro Ier aurait régné vers 1388 après J.-C. Il aurait organisé une expédition contre le Bushi entre 1388 et 1390, quand le Mwami NNABUSHI KAMOME régnait sur le Bushi (6). La version shi de cette première expédition est présentée par Paul MASSON qui donne des détails des traditions orales shi sur l'enlèvement de la Princesse shi NYIBUNGA, fille du Mwami KAMOME du Bushi, par les guerriers du Roi NSORO. 

"... vint une invasion des nobles tutsi du Chef NSORO qui franchirent la RUZIZI et razzièrent le Bushi jusqu'à Cirunga. 

KAMOME et ses guerriers eurent la bonne fortune de repousser rapidement les envahisseurs. Ils achevèrent tous ceux qui s'étaient installés à leur suite, même ceux qui, cachés dans les forêts, n'en ressortirent que quelques mois plus tard tenaillés par la faim. A la faveur d'un coup de main, NSORO emmena parmi ses prises la propre fille de KAMOME, la belle NYIBUNGA aux seins ronds et au ventre joliment tatoué..." 

Cette version shi de la première expédition armée du Rwanda au Bushi n'a pas été retenue par la tradition rwandaise présentée par l'Abbé KAGAME. Les causes de l'enlèvement de NYIBUNGA sont à chercher dans le souci des rois du Rwanda d'étendre leur domination sur tous les peuples voisins. KAGAME retient que ces rois voulaient à tout prix agrandir leur territoire par la soumission des royaumes voisins (7). 

Concernant cet enlèvement, les traditions orales shi ne rapportent pas les réactions qui en découlèrent. Cependant, nous savons que, suite à son comportement indigne à la cour du Rwanda, NYIBUNGA a été renvoyée au Bushi. Voici ce que nous dit P. MASSON à ce sujet: 

"... or donc, les aristocrates rwandais, un jour, offusqués par une attitude peu respectueuse de l'esclave NYIBUNGA, fille captive du Mwami du Bushi, décidèrent de la mettre à mort. 

Mpanga-wa-Lusango les détourna de leur projet en faisant justement remarquer les conséquences qu'il pourrait avoir... 

NYIBUNGA, dépouillée, fut renvoyée à Chirunga, chez Kamome, son père. 

Elle y fréquenta la hutte de son frère Chifundangombe et en conçut. 

Lorsque son père la vit boire le lukombe ou boisson rituelle des femmes enceintes, il se mit en colère et la répudia. Elle s'enfuit au-delà de Murhundu, chez le Chef LUKARA, fils de Mbeba-eri-Maza, ce qui signifie testicule de rat, à Igobegobe. Ce dernier, bien que possesseur de nombreuses femmes, n'avait pas d'enfants. 

Il les renvoyait parce qu'elles ne lui donnaient pas d'héritier et voyait devenir le dernier chef des Bahande. Il profita de l'aubaine et reçut NYIBUNGA qui enfanta chez lui. Le garçon reçut le nom de NSIBULA - orphelin de père - et succéda à son père adoptif et donna son nom à la dynastie BASIBULA (8). C'est ainsi qu'au Bahavu, la dynastie Basibula succède à celle des Bahande. 

Nsibula ya Nyibunga serait, selon les traditions orales rwandaises, un Chef du Bunyabungo qui aurait organisé une expédition contre le Rwanda vers 1460. Cette hypothèse peut se vérifier si nous nous joignons à la généalogie des Bami du Buhavu, qui retient pour les dynasties Bahande et Basibula les Bami suivants: 

BAHANDE BASIBULA 

- Muhande - Nsibula ya Nyibunga 

- Mbera eri Maza - Nsibula ya Niebutatire 

- Bihako - Bamanyirwe 

- Lukara - Kimirogosa 

- Ntale 

- Nsibula Kihunga 

- Ndale II Bashumbire 

- Lushombo 

- Bahole Sangara 

- Kamirogosa André 

- Ntale Kamirogosa 

Ce conflit dans lequel Nsibula ya Nyibunga se trouve impliqué est Havu. Cependant, si nous le mentionnons ici, c'est simplement parce que la tradition orale rwandaise retient que c'est un mwami du Bunyabungo qui l'avait organisé. Ensuite, puisqu'il a été à la base de l'expédition organisée par le fils et successeur de NDAHIRO II, RUGANZU II contre le Bushi. 

Une remarque est à faire sortir sur la conception rwandaise de l'espace shi. En effet, les Banyarwanda (habitants du Rwanda) pour les Shi appellent les Bashi "Banyabungo" et leur pays ""Bunyabungo". Ils confondent ainsi toutes les populations habitant l'ouest du Lac Kivu qu'ils groupent dans un ensemble territorial. Pour eux, l'UBUNYABUNGO comprend le Bushi, le Buhavu et le Buhunde. 

Il est à noter qu'à cette époque le Rwanda n'est pas encore unifié dans ses dimensions actuelles. 

2. La deuxième expédition (C. 1604-1610) 

Le règne du Roi MUTARA Ier SEMUGESHI était très pacifique. Cela se justifie même par le choix qui a été porté au nom du monarque, dicté par le souci d'abandonner le nom de RUGANZU qui signifiait pour les Rwandais "Trouble, guerre, etc.". Il fallait pour le nouveau Roi, afin de ne pas perpétuer les guerres qui ont jalonné les règnes de ses prédécesseurs, abandonner les appellations dynastiques usuelles et choisir celle de MUTARA qui incarnait alors la paix et la tranquillité (11). 

Son successeur au trône, KIGELI II NYAMUHESHERA, prenant une attitude contraire, voulut à tout prix venger les défaites qui avaient été infligées à ses grands-parents par les BANYABUNGO, surtout l'assassinat de NDAHIRO II et de RUGANZU II, sans oublier l'emblème du pouvoir royal rwandais (le tambour) emporté par les hommes de Nsibula. 

KIGELI II organisa son armée appelée "IZIRUGURU", c'est-à-dire les palatins, force de frappe de la garde royale, afin d'attaquer le Bushi. Mais l'armée fut encerclée et entièrement anéantie par les KABERA de Nabushi (12). 

Quelques rescapés, sous la conduite de leur Chef, rentrèrent honteux dans leur pays en passant par le KINYAGA. La tradition rwandaise retient que 4 règnes se seraient passés après l'aventure du 16e Roi KIGELI II NYAMUHESHERA sans que les Bami puissent songer à attaquer encore le Bushi où chaque fois ils étaient battus. Il fallait pour les monarques du Rwanda chercher à soumettre les pays situés au Nord de leur territoire, qui avaient des souverains qui tremblaient seulement à l'annonce de l'arrivée de l'armée du Rwanda (13). 

3. La troisième expédition (C. 1766-1770) 

Si on s'en tient au récit de l'Abbé KAGAME, c'est MIBAMBWE III SENTABYO, 21e Roi dynastie du Rwanda, qui aurait repris alors la politique de conquête en commençant par l'invasion du BUGESERA. MIBAMBWE III a accédé au trône du Rwanda en 1741. Cette datation a été vérifiée car le monarque a été intronisé au cours d'une éclipse solaire. Une autre éclipse a été observée à la fin de son règne. Le premier s'est déroulé le 13 mars 1741, alors que le second a été observé le 3 avril 1763 (14). 

La politique de conquête de MIBAMBWE III a été suivie par son fils et successeur YUHI IV GAHINDIRO, dont le règne se situerait entre 1785 et 1789, si on prend toujours la moyenne de ±24 ans par règne proposée par KAGAME, VANSINA et P. DELMAS. 

YUHI IV organisera une expédition contre le Bushi quelques années seulement après son accession au trône du Rwanda. KAGAME retient que l'armée rwandaise avait subi un échec retentissant et le Commandant en chef de l'expédition, le nommé KIMANA, fils de KABAJYONJYA, fut tué. 

Cependant, YUHI IV réussira au nord du Bushi à tuer le Roi du BUHUNDE qui deviendra un Etat tributaire du Rwanda (15). 

Cette expédition se serait passée au cours du règne de NABUSHI BIRHENJIRA, car la tradition orale shi retient que les guerriers venant du Rwanda avaient razzié le Bushi sous son règne et que quelques temps après un calme était observé dans les relations entre le Bushi et le Rwanda dont le Roi BUHONGERA avait hébergé le fils du Mwami Birhenjira, MAKOMBE, qui fuyait les menaces de sa marâtre, Mwa MURHWA, décidée à tout prix à assurer l'héritage certain de son fils BUJOKA au détriment du prince "NKEBE" retenu par la coutume (16). 

La tradition rwandaise vient confirmer notre hypothèse quand elle retient le nom de MUTARA II RWOGERA comme 23e Roi du Rwanda et successeur de YUHI IV GAHINDIRO. MUTARA II aurait accédé au trône vers 1790, en remplacement de son père YUHI qui est mort vers 1789 si l'on respecte la chronologie établie par l'Abbé KAGAME et P. DELMAS (17). 

Le Roi RUHONGERA des traditions orales shi serait donc le Roi MUTARA II RWOGERA. C'est le nom RWOGERA qui a été déformé par les Shi pour devenir RUHONGERA. Le Mwami NABUSHI BIRHENJIRA aurait donc régné entre 1760 et 1799si on s'en tient au récit qui renseigne que MAKOMBE se serait réfugié au Rwanda durant les dernières années du règne de son père qui allait déjà succomber à la vieillesse. NABUSHI MAKOMBE a donc été intronisé seulement après 1800 puisqu'il fallait attendre la décision des BAJINJI et l'exil de Mwa MURHWA, ainsi que de ses fidèles loin de la cour royale (18). 

4. Les expéditions de RWABUGIRI KIGELI IV au Bushi 

Nous avons souligné que le règne de MUTARA II RWOGERA a connu un calme et un développement des relations pacifiques (notamment dans le domaine politique) entre le Bushi et le Rwanda. La paix acquise à cette période fut respectée durant tout le règne de NABUSHI MAKOMBE (C. 1809-1859) qui avait tout intérêt à mieux vivre avec son hôte (19). 

Nous pensons que l'initiative de cette paix avait été prise par NABUSHI MAKOMBE. En effet, à cette époque, il perdait une partie de son territoire au sud au profit de Ngweshe. Ainsi il se tourna vers le nord où, avec l'aide de son fils BIGOMOKERO, il se mit à repousser les Bahavu qui, eux aussi, se tournaient contre les Bahunde (20). 

Les dissensions intérieures qui minaient la vie politique de Bashi nous semblent être la cause principale qui a fait que ce peuple n'avait pas pris l'initiative de la guerre contre le Rwanda. Néanmoins, il se laisse attaquer et se défend héroïquement parce que la solidarité naissait quand il s'agissait de repousser les voisins belliqueux qui convoitaient leurs champs et leurs pâturages (21). 

Le successeur et fils de MAKOMBE, NABUSHI Byaterana, qui a régné pendant 30 saisons sèches, soit environ entre c. 1859 et c. 1889, ne connaîtra pas cette paix car déjà le successeur de MUTARA II RWOGERA, le Roi KIGELI IV Rwabugiri, préparait des expéditions contre tous ses voisins dont les causes principales étaient: 

1. La conquête des terres et la soumission des chefs rivaux du Rwanda à son pouvoir. 

2. La vengeance des défaites subies par ses ancêtres et la recherche de l'emblème royal jadis emporté par les Banyabungo. Pour Rwabugiri, cela était une honte pour le peuple rwandais qu'il fallait laver par tous les moyens (22). 

L'Abbé KAGAME ajoute que l'objectif rwandais consistait en une conquête des terres et en une installation, partout où passerait l'armée de Rwabugiri, des Banyarwanda qui devaient, petit à petit, soumettre et dominer les populations rencontrées. 

"... le Bunyabungo devrait être conquis petit à petit par les pisés d'habitations. La masse rwandaise devrait venir s'installer sur telle colline, ensuite sur la suivante et ainsi de suite, de sorte que finalement le pays soit submergé et vaincu..." (23) 

Ainsi défini, l'objectif principal de Rwabugiri était d'abord la conquête du Bushi qu'il considérait comme étant le grand rival qui pouvait, une fois conquis, permettre la soumission de tous les Etats de l'Ouest du Lac Kivu. On comprend alors les raisons qui auraient poussé le monarque rwandais à multiplier des expéditions contre le Bushi. 

RUTAGANDA, successeur et fils de NABUSHI Byaterana, connaîtra aussi les expéditions de Rwabugiri, mais son règne a été surtout perturbé par la pénétration européenne et l'installation des premiers Blancs au Bushi. Jusqu'à la fin de sa vie, RUTAGANDA se montrera hostile à la conquête de ses terres par des étrangers et sa résistance ne prendra fin qu'avec sa mort subite en 1919 provoquée par la grippe espagnole "CIHUSI", même si déjà en 1916 il avait fait acte de soumission à l'administration coloniale (24). 

Les expéditions de Rwabugiri débutent en 1873. Cette date a été vérifiée car une année après, une comète se fit voir. C'était la comète de COGGIA, de 1874, dont la première phase avait une tête, la deuxième deux têtes et la troisième trois têtes. La première expédition contre le BUTEMBO serait en fait une contre-attaque. Le Chef MUVUNYI du BUHUNDE avait razzié un troupeau de vaches qui était en transhumance dans le KAMARONSI en territoire rwandais. En guise de revanche, Rwabugiri entreprit d'attaquer la région que KAGAME appelle "Butembo" (25). 

Les armées rwandaises: INGANGURA-RUGO, INSHONZI-MIHIGO et les IBISHUMIZI attaquèrent les BUHUNDE et traversèrent la Nyabarongo jusqu'au Butembo (26). 

Il y a lieu de faire remarquer une confusion dans la dénomination des lieux du territoire zaïrois par la tradition rwandaise. En effet, en traversant la Nyabarongo, on entre directement au Bushi et pas au Butembo car cette rivière constitue la limite nord de la région shi de Katana (IRHAMBI) avec le BUHAVU (Kelehe). La thèse rwandaise peut être vérifiée si dans l'avenir des récits prouvaient l'existence d'une présence des Batembo vers la Nyabarongo qu'ils ignorent d'ailleurs. Rwabugiri n'a pas attaqué directement le Bushi après l'invasion du Buhunde. L'Abbé KAGAME retient qu'après avoir anéanti toutes les résistances Hunde, Rwabugiri était rentré au Rwanda où il devait protéger son butin de guerre dans sa nouvelle résidence de RUHEGERA (27). 

1 La première expédition vers le Bushi en 1879 ou l'expédition du KU-BUNTUBUZINDU(capitale du Bushi où résidait Byaterana) 

NABUSHI-Byaterana régnait sur le Bushi. Son frère BIGOMOKERO contrôlait la région d'Irhambi jusqu'à la Nyabarongo. Le calme régnait partout sauf à IBINJA où Rwabugiri venait de débarquer avec toute son armée composée des INGANGURA-RUGO (= assaillants d'avant-garde) et des INSHONZIMIHIGO (= les provocateurs de hauts faits). C'est là où il organisa ses hommes et où il arrêta le plan d'attaque du Bushi. 

Le haut commandement de l'expédition fut confié à NDIBYALIYE, fils de MBAGALIYE, et l'attaque devait se faire en deux directions. La première colonne, dirigée par RUDAKEMWA, devait attaquer par le Nord, alors que la seconde, commandée par RWANYONGA, fils de MUGAGWAMBERE, devait occuper le sud du Bushi en passant par le site de l'actuelle ville de Bukavu (28). 

La colonne sud s'était organisée à KUMUHALI, près de Kamembe au bord du Lac Kivu, région rwandaise voisine du Bushi qui devait permettre une rapide traversée de la Ruzizi. La guerre éclata non loin de l'actuelle ville de BUKAVU où l'armée rwandaise se trouvait en face des guerriers shi conduits par MUTARUSHWA, fils de NAMINANI, commandant les "MAHEMBE" (les cornes) et BIHOGO, commandant les "BIRUSHA" (les surpasseurs) (29). 

Le commandant rwandais RWANYONGA triomphera des Shi qui reculeront les uns vers la forêt de bambous, les autres vers le marais de Lushanja. Les Banyarwanda vont installer leur quartier général dans le Bushi central à KU-MBIZA (l'actuelle localité de MBIZA à KABARE). C'est de là que partiront toutes les attaques contre les fuyards Shi vers la forêt de la Lushanja. Dans une clairière aménagée, les Banyarwanda perdront grand nombre de leurs soldats (dont RWANYONGA) dans une embuscade que les Bashi leur avaient tendue (30). 

La colonne nord, qui avait débarqué au Bushi à partir de l'île IBINDJA à son passage par la région de BIRAVA, fut exterminée par les "NVUZA-RUBANGO" de NABUSHI Byaterana qui étaient partis secourir le Prince shi RUTEBUKA avant de descendre anéantir le reste des résistants Banyarwanda de la colonne sud à Mbiza, Bugobe et vers Nyarukemba (31). 

La riposte rwandaise fut vaine, car les Shi tenaient à venger la mort du Prince RUTEBUKA tué par les guerriers rwandais de la première colonne (Nord). KAGAME retient qu'un seul survivant rwandais a pu atteindre Rwabugiri qui attendait ses hommes vers le lac. Celui-ci, voyant qu'il était incapable d'arrêter l'avance des Shi par les sons de tambours, traversa le Lac Kivu et s'en alla organiser chez lui, au Rwanda, une année de deuil en mémoire de ses soldats tués au Bushi (32). 

Une remarque est à tirer des récits ayant trait à cette expédition de 1879: 

1.- Du côté shi, les traditions retiennent de belles descriptions de cette guerre et décrivent aisément la victoire shi qui est aussi attestée par les récits rwandais. Cependant, P. MASSON, qui a essayé de commenter les récits shi, y ajoute des contradictions qui méritent d'être corrigées. 

Le Mwami Rwabugiri du Rwanda n'a jamais combattu le Mwami NABUSHI Makombe qui est mort vers l'année 1859. 

2.- Les noms shi présentés dans les récits rwandais prêtent à confusion. 

Nous sommes arrivés à trouver les correspondances pour certains noms retenus seulement dans les récits shi. Des travaux ultérieurs pourront permettre peut-être d'apporter une lumière à ce problème. 

Le nom de RUTEBUKA, fils du NABUSHI Byaterana, par exemple, se retrouve dans les récits de deux peuples et désigne le même personnage, c'est-à-dire un Prince shi et le meilleur guerrier du Bushi qui avait été tué par le Roi RWABUGIRI du Rwanda. 

2 La deuxième expédition vers le Bushi (C. 1881-1885) 

L'EXPEDITION DU MU-KANYWIRIRI (KANYWIRIRI) 

Cette expédition avait été préparée une année durant par RWABUGIRI dans le but de venger ses soldats tués par les Bashi lors de son expédition de Ku-Buntubuzindu. La préparation semblait être trop sérieuse du côté rwandais où plusieurs armées étaient mobilisées pour attaquer le Bushi en passant par l'historique marais de Kanywiriri où les Shi étaient concentrés et attendaient de pied ferme les Banyarwanda. Le Mwami NABUSHI Byaterana avait, de son côté, estimé qu'il fallait mobiliser plusieurs hommes qui furent groupés en cinq armées dirigées par MUZUKA, NFIZI, CIRABA, KAKIRA et CIRHUZA (33). 

CIRABA, fils de NABUSHI Byaterana, était le commandant en chef des armées shi, alors que ZIMURINDA (Mibambwe Mutabazi), fils de SEMULINA, était le commandant de l'expédition de MU-KANYWIRIRI. 

Les Banyarwanda avaient attaqué en deux groupes. Le premier (sud), composé de INVEJURU, NYAKARE, NYARUGURU, INDARA, ABASHUMBA, INTARA, URUYANGA, était dirigé par NYILIMIGABO et les ITANGAZWA par NYAMUSHANJA, fut exterminé par les Bashi sur une colline près de Kanywiriri. Le second groupe, qui voulait attaquer par le nord du marais, ne connut pas de succès malgré la mort du Commandant shi CIRABA qui avait été percé par une flèche tirée par NYAMUKEBA, un guerrier de Rwabugiri, originaire du Burundi. Dans ce second groupe, on note la présence de NKUNDIYE, Mwami d'Idjwi, qui dirige les Inziraboba (34). 

Comme il avait perdu bon nombre de ses hommes, Rwabugiri retourna honteux au Kinyaga afin d'y préparer une autre expédition (35). 

3. La troisième expédition vers le Bushi (C. 1890-1892) ou l'Expédition du Rusozi (RUZIZI) 

Il est bon de débuter ce paragraphe par un correctif au récit de l'Abbé KAGAME qui a présenté cette expédition du RUZIZI après celle de CIRHOGOLE en plein coeur du Bushi. En effet, nous avions signalé plus loin que Rwabugiri, vaincu au Bushi, avait fixé sa cour (provisoirement) dans le Kinyaga afin de préparer une vengeance contre le Bushi. Il ne pouvait donc pas par conséquent aller attaquer le Bushi vers Irhambi (Nord) et laisser la frontière sud qui était proche de Kamembe dans le Kinyaga. 

Notre constatation se vérifie aussi car c'est sous cette expédition du RUZIZI que furent tués NGWESHE-LIRANGWE et la Reine-mère MUGENYI qui venaient de s'unir en mariage après la mort de Nabushi Byaterana. 

L'expédition de Rusozi a été décrite dans une version shi vraisemblable présentée par Paul MASSON aux pages 97-102 de son livre. Selon MASSON, cette expédition a été précédée par des luttes d'influences au Bushi après la mort de Nabushi Byaterana. Rutaganda étant mineur, sa mère Mugenyi devait diriger le pays. Celle-ci était jalousée par sa rivale Namutoko qui voulait placer son fils Ruhangara sur le trône du Bushi et devenir ainsi la Reine-mère incontestée des Bashi. 

Elle se mit alors à comploter pour faire disparaître Rutaganda et sa mère et eut gain de cause auprès de sa soeur Nakesa (fille de Niganda, originaire du Rwanda), épouse du Chef Ngweshe-Lirangwe, qui venait d'épouser la reine-mère Mugenyi. Nakesa trouva aussi une raison de se venger et de porter vite son fils Ruhongeka au trône de Ngweshe. Il fallait, pour réussir ce coup, se tourner du côté du Rwanda où elles pouvaient recevoir l'aide de Rwabugiri qui venait d'essuyer de grandes défaites au Bushi. Le récit de P. MASSON nous semble confus quand il dit que Nakesa et sa soeur s'étaient plutôt adressées à Rukabya, leur parent du Rwanda qui aurait envoyé le commando qui tua Lirangwe et Mugenyi à Bugobe (Kabare) (36). 

Nous trouvons au contraire le récit du vieux Bujimbi vraisemblable quand il nous parle de Rwabugiri qui aurait reçu des présents de ces deux reines shi et qui voyait en cette demande une occasion d'annexer purement et simplement le Bushi en acceptant l'investiture de Ruhangara et de Ruhongeka dont le grand-père était Munyarwanda d'origine (37). 

Cette version se marie avec celle présentée par l'Abbé KAGAME dans son cours d'ethnohistoire du Rwanda. Certains éléments de cette thèse comme les présents à Rwabugiri, la volonté d'annexer le Bushi, se retrouvent dans la version de P. MASSON (à la page 99 de son livre). 

Rwabugiri aurait alors demandé à Lirangwe de lui livrer le Mwami Rutaganda et sa mère et que son refus signifierait une déclaration de guerre contre le Rwanda. KAGAME retient que: 

"Ce prince Katabirhurhwa des Bishugi (Ngweshe) avait épousé la mère de Rutaganda. Ce dernier était alors devenu le tuteur du Mwami. 

Rwabugiri lui demanda de lui livrer le jeune mwami et sa mère afin de se venger de la mort de ses soldats tués par Nabushi Byaterana. Katabirhurhwa refusa et Rwabugiri attaqua le Bugweshe où il tua la Reine-mère et Katabirhurhwa. Le Mwami Rutaganda avait pris la fuite et rentra après le départ de Rwabugiri pour organiser son armée, les Akabera." (38) 

Le nom "Katabirhurhwa" désigne dans ce récit "Lirangwe" pour les Banyarwanda. Nabushi Rutaganda, très jeune au cours de cette expédition, avait réussi à se cacher sous la protection de ses gardiens Nkunguli et Nyabyale, chez le Chef Naluhwinja, d'où il partira après sa majorité pour organiser son armée et lutter contre le Rwanda. 

P. MASSON soutient qu'au cours de cette expédition, Rwabugiri aurait réussi à emporter le tambour royal du Bushi mais les Bashi le nient catégoriquement. KAGAME affirme aussi dans ces récits que cette expédition a été la seule que les Banyarwanda ont gagnée au Bushi. Ce qui serait pour lui une confirmation des faits rapportés par MASSON (39). 

La conséquence de cette expédition serait l'annexion du Bushi par Rwabugiri, une annexion qui n'était pas totale parce que ce sont des princes Luzi, ici les deux familles régnantes à Ngweshe et à Kabare, qui vont régner (Ruhangara au Buhaya et Ruhongeka à Ngweshe). Aussi, il faut dire que les Bashi restaient toujours fidèles au nouveau mwami que Nabushi Byaterana leur avait désigné, à savoir le jeune Rutaganda qui était toujours en exil à Luhwinja. 

Ruhangara n'avait pas d'audience auprès des Bahaya qui ne lui pardonnaient pas la mise à mort de la reine-mère Mugenyi et l'invasion de leurs terres par les Banyarwanda. Cette prise de position des Bashi avait conduit à une rébellion ouverte contre Ruhangara qui se sauva de l'autre côté de la Ruzizi, fuyant ainsi les guerriers Bahaya et Bishugi qui le pourchassaient de colline en colline (40). P. MASSON ajoute à son récit sur la fuite de Ruhangara que Rwabugiri, pris de colère devant l'avance des Bashi, avait ordonné la mise à mort de son vassal malheureux qui n'avait pas su organiser le territoire laissé sous son administration (41). 

Cette fuite de Ruhangara a été suivie par le retour de mwami rutaganda qui devait alors prendre la tête de son armée et combattre les corps expéditionnaires de Rwabugiri dans le nord du Bushi. 

4 La quatrième expédition vers le Bushi (C. 1894-1895) ou l'expédition de Ku-Kidogoro (Cirhogole) 

La quatrième expédition de Rwabugiri au Bushi a été précédée par une expédition contre l'île Idjwi. Ceci explique même l'emplacement du champ de bataille "CIRHOGOLE" qui se trouve dans le Bushi-nord, non loin de la paroisse de Murhesa (±25 km de la ville de Bukavu). 

Rwabugiri, dont les troupes étaient jusque-là stationnées dans le sud (Kinyaga), venait d'apprendre le soulèvement du Chef Nkundiye d'Idjwi, son ancien vassal qui, ayant vécu les défaites des Banyarwanda devant les Bashi, s'était décidé de lutter afin de reconquérir son indépendance. 

Nous sommes vers l'année 1894, quand les troupes de Rwabugiri se replient vers le Nord, fixant leur quartier général à Nyamirundi près du lac. Là, il était facile de surveiller les pirogues de Nkundiye et d'arrêter un plan de guerre qui devait permettre une invasion rapide de l'île Idjwi. Les Banyarwanda craignaient une guerre navale dont les Bahavu étaient réputés spécialistes. 

Ils eurent une raison de débarquer clandestinement sur l'île où ils mirent l'armée Havu en débandade. Nkundiye s'enfuit vers le Bushi et fut tué entre la région d'Irhambi et l'îlot Ishovu (42). 

Son territoire fut annexé par Rwabugiri qui avait profité des luttes d'influences entre les familles TABARO et NKUNDIYE. Ainsi Idjwi devient un lieu stratégique pour les conquêtes de Rwabugiri vers d'autres régions (Bushi, Buhunde). 

L'EXPEDITION DE CIRHOGOLE (1895) 

Rwabugiri poursuivant les fuyards Havu dont Nkundiye au Bushi, se trouva en face d'une résistance farouche organisée par le Chef d'Irhambi, CIKO-BARAMBA. Il s'agit du Chef KARHANA Nciko, fils de Bigomokero Bya Makombe, qui fut rapidement défait par les Banyarwanda. Au sud vers CIRHOGOLE, le notable Kabi s'opposa à l'arrivée de guerriers de Rwabugiri. Ses hommes avaient réussi à faire reculer l'ennemi jusque vers cishoke avant l'arrivée du renfort envoyé par Nabushi Rutaganda sous le commandement de Rwabika, Nfizi, Chirusha et Makungu ga Mwendo (43). Les Bashi se groupèrent en 3 colonnes et adoptèrent la tactique de guerre en 3 lignes "EMIBIBI" qui consistait à encercler l'ennemi de tout côté sans lui laisser le temps de fuir (44). A la première attaque, les Bashi furent repoussés par les Banyarwanda qui tentaient de gagner le lac en direction probablement d'Idjwi en passant par Birava. 

A la seconde attaque, les Bashi attaquèrent la nuit. Un de leurs commandants, "MAKUNGU", fut tué et les Banyarwanda remportèrent une nouvelle victoire "éphémère". A la troisième attaque de CIRHOGOLE, les Bashi, qui combattaient toujours en 3 lignes sous la conduite de Nabushi Rutaganda lui-même, massacrèrent les Banyarwanda qui se repliaient vers la rivière Mpungwe. Une partie de l'armée rwandaise, sous la conduite de Rwabugiri, réussit à gagner IBINDJA car les Bashi étaient incapables de les poursuivre sur le lac, ne sachant ni nager, ni ramer (45). 

C'est dans l'île d'Ibindja que Rwabugiri fut empoisonné par des hommes de sa cour. Toutefois les traditions rwandaise, Shi et Havu n'ont pas retenu leur appartenance ethnique ou tribale. On sait tout simplement que ses guerriers avaient ramené son corps à Nyamasheke au Rwanda, où devait se tenir le deuil (46). Les circonstances de sa mort ne sont pas encore clarifiées. Nous les présenterons dans un travail ultérieur. C'est avec cette mort de Rwabugiri que prirent fin les conflits armés entre le Bushi et le Rwanda. 

Murhebwa L.K. souligne qu'à Idjwi, après la mort de Rwabugiri, les Banyarwanda qui cherchaient à coopérer avec les Bany'Idjwi restèrent, tandis que ceux qui voulaient encore dominer furent tués ou se virent expulser de l'île (47). Newbury S.D. ajoute que les chefs Banyarwanda Muhigirwa, Rwidegembya... tâchèrent de s'y maintenir durant quelques temps mais finalement ils furent refoulés et l'île Idjwi reconquit son indépendance... Une délégation fut envoyée au Bushi pour appeler le Mwami MIHIGO NDOGOSA, fils de KABEGO, qui fut intronisé en (C. 1896) (48). 

Au Bushi, la population avait appris avec beaucoup de satisfaction la mort de Rwabugiri. 

Au Buhaya, un esprit d'indépendance se développe dans la noblesse depuis la scission de Karhana (Katana). Cet esprit est encore accentué par la faiblesse des débuts du règne du Mwami Rutaganda. Les partisans de Rutaganda ont subsisté et leur anarchie se perpétuera jusqu'à la période coloniale. 

Au Bugweshe, c'est la régente Nakesa qui fait la loi. Sa déchéance provoquera une mésentente entre ses partisans et les partisans de son fils Ruhongeka (49). 

Au moment où intervient le phénomène colonial belge au Bushi et allemand à Idjwi, Kabare Rutaganda (Buhaya), Ngweshe Ruhongeka (Budweshe) et MIGIGO Ndogosa (Idjwi) (tous trois de la nouvelle génération), ont pris les rênes de leur administration en main. 

La conférence de Bruxelles du 16 juin 1910 délimita les possessions de l'Etat indépendant du Congo (EIC) et de l'Allemagne de la manière suivante: une ligne qui, partant de la RUZIZI, aboutit à un point d'égale distance entre Goma et Gisenyi. En outre, elle attribua à l'Etat indépendant du Congo belge les îles ci-après: Idjwi, Kirshanga, Nyamarongo et Ibindja (50). Ainsi le Rwanda devint une possession allemande et le Bushi et Bukavu un territoire belge. 

CONCLUSION GENERALE 

Nous venons de présenter à travers ces pages des détails sur les conflits armés qui ont opposé les Bashi et les Banyarwanda avant la pénétration européenne. 

Cette étude nous a permis d'établir une première estimation approximative de la chronologie des Bami du Bushi dont l'installation sur les terres qu'ils dirigent aujourd'hui remonterait très loin dans les temps (11e et 12e s.). 

Nous pouvons remarquer à la lumière de notre travail que les Banyarwanda n'ont pas su conquérir le Bushi ni soumettre les Bashi comme semble l'affirmer l'Abbé KAGAME quand il dit que seule l'expédition de CIRHOGOLE a eu raison des Banyabungo et a sonné le triomphe de Kigeli IV sur ce pays coriace (51). Dans son oeuvre, il s'en tient plus aux récits officiels des événements. 

En effet, l'Abbé Kagame, qui n'a pas su analyser toutes les expéditions contre le Bushi, oublie que c'est au cours de cette expédition de Cirhogole que Rwabugiri trouvera la mort dans sa fuite vers l'île Ibindja. Notre remarque peut se confirmer, car l'Abbé Kagame ajoute que "Les Rwandais appellent ce pays 'Bunyabungo' et les habitants 'Banyabungo' pour dire 'Pays fort' et 'guerriers courageux'" (52). 

Il termine par cette phrase prononcée par Rwabugiri en réponse à ses guerriers qui lui demandaient de rentrer chez lui après sa défaite sur les Bashi: "... Moi, être battu par les Bashi" (53). 

Il semble que Rwabugiri répétait cette phrase car il avait honte de sa défaite devant les Bashi. Ceci prouve bien que Rwabugiri n'a pas réussi à soumettre ce peuple qu'il devait encore combattre s'il n'avait pas été empoisonné. 

La classification de ces conflits armés mérite donc des études fouillées allant au-delà d'un simple article, qui pourront, nous l'espérons, apporter une lumière à l'histoire ancienne du Bushi et du Rwanda et pourquoi pas de toute la région interlacustre.

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Guerres rwandaises contre le Congo: interrogeons l'histoire

Mme Mulegwa Kinja

La guerre que le Rwanda conduit en République démocratique du Congo interpelle vivement tous les patriotes congolais de faire montre d'un esprit de clarté, de fermeté, de vigilance et de détermination dans les actions de résistance contre les envahisseurs. Nous ne devons pas nous tromper d'adversaires ni d'objectifs visés.

La confusion et la propagande des dirigeants rwandais et leurs relais médiatiques sur les motivations de cette guerre doivent être dénoncées et déjouées par tous les moyens en rétablissant la vérité et le droit.

C'est dans cette double motivation que j'évoque l'expérience vécue par le Bushi et le peuple Shiqui ont été confrontés, dans un passé lointain (avant la colonisation européenne), à des conflits armés avec les Banyanrwanda. Cette expérience historique peut éclairer nos lanternes sur l'expédition actuelle et ses buts inavoués.

Cette étude, intitulée "NOTES SUR LES CONFLITS ARMES ENTRE LES BANYRWANDA ET LE BUSHI PENDANT LA PERIODE PRECOLONIALE"*, effectuée en 1985 par deux chercheurs congolais, analyse et compare des données historiques, à travers divers écrits anciens, pour mettre en lumière les constatations suivantes:

- L'intention guerrière des Banyarwanda ne date pas d'aujourd'hui, elle est ancienne et fait partie de l'histoire du Rwanda.

- La volonté et l'obsession maladive d'annexer le Bushi sont permanentes.

- L'instinct des Tutsi de dominer les voisins, tant à l'intérieur de leur pays qu'à l'extérieur, est dans leur sang.

- Le peuple Shi, vaillant et discipliné, à travers diverses expéditions et campagnes dans un passé lointain, a réussi à tenir en respect l'envahisseur Tutsi.

- Contrairement aux fausses affirmations répandues ici et là sur les relations et les liens entre les Bashi et les Tutsi, le territoire des Bashi (Kabare, Walungu, Kalehe, Idjwi-Buhavu...), une grande partie de la province du Sud-Kivu avec Bukavu pour chef-lieu, n'a jamais fait partie du Rwanda.

- Le peuple Shi et les peuples apparentés sont différents des Banyarwanda.

Ce travail publié en 1985, les ouvrages et auteurs (dont le Rwandais Abbé Alexis KAGAME)auxquels il se réfère, constituent un vivier de témoignages et d'arguments objectifs basés sur l'histoire et peuvent aider beaucoup les Congolais, et surtout les étrangers, à se faire leur propre opinion sur la motivation profonde et les visées réelles des Banyrwanda dans cette guerre contre la République démocratique du Congo et les autres ethnies des provinces du Nord et Sud-Kivu.

La récidive des petits-fils des Banyarwanda d'avant la colonisation européenne - dans l'ambition démesurée d'occuper par la force et la ruse une partie du territoire congolais, en l'occurrence le Kivu, doit être condamnée par tous car contraire à la vérité et au droit international.

Les populations du Kivu ont assez souffert des conséquences de drames exportés à répétition par les pouvoirs successifs du Rwanda et du Burundi, par une présence massive et prolongée des réfugiés Tutsi et Hutu.

Cette étude pour la compréhension de la crise congolaise actuelle sous l'angle historique mérite d'être notée et largement diffusée pour servir d'éclairage et de témoignage.

C'est ma modeste contribution, en tant que femme Mushi, fière de mon identité, de mes origines, et révoltée par tous les mensonges et contre-vérités qu'on entend ici et là sur cette aventure guerrière rwandaise en terre congolaise.

Madame MULEGWA Kinja

* par Mugaruka bin Mubibi, Assistant au CERDAC, Université de L'shi et Rubwindi Obwinja Bube, Bibliothécaire de IIe Classe, ISP/Bukavu

Tiré de Cahiers du CERP, No 2, 1985

ISDR/BUKAVU/ZAÏRE

 

NOTES SUR LES CONFLITS ARMES ENTRE LE RWANDA ET LE BUSHI

PENDANT LA PERIODE PRECOLONIALE

par

1. Mugaruka bin Mubibi, Assistant au CERDAC, Université de L'shi

2. Rubwindi Obwinja Bube, Bibliothécaire de IIe Classe, ISP/Bukavu


INTRODUCTION

Les récits sur les guerres qui ont opposé le Rwanda au Bushi (son rival de l'Ouest du Lac Kivu en territoire zaïrois) nous ont été présentés pour la première fois par notre Oncle BASAKA CHUMUGABO (mort à Mbiza-Kabare en 1972 à l'âge de ±80 ans). Ces récits étaient destinés seulement à prouver la force de l'armée shi dont notre conteur vantait les mérites au cours des ans, notamment les victoires sur RWABUGIRI KIGELI IV du Rwanda et sur les Bahavu que le prince shi BIGOMOKERO, fils de NABUSHI MAKOMBE, avait repoussés au-delà de la Nyabarongo (1).

Alors que nous débutions nos études universitaires à la Faculté des Lettres (Lubumbashi), notre souci de connaître davantage cette région s'accrût grâce à l'analyse faite par l'Abbé KAGAME Alexis sur les expéditions rwandaises au Bushi, laquelle nous permit d'être en présence de deux versions différentes de ces conflits armés qui ont, de longue date, opposé ces deux formations (2).

L'Abbé KAGAME a été le premier à écrire sur ces conflits armés mais il n'a présenté que la version rwandaise du problème. La version shi n'a jamais été donnée sauf quelques références à la question qu'on retrouve dans les oeuvres du R.P. COLLE et Paul MASSON (3).

David S. NEWBURY a, en 1974 et 1975, présenté deux travaux sur les campagnes de RWABUGIRI (4). Dans le premier travail, NEWBURY, dont le terrain de recherches reste l'île IDJWI, donne seulement une chronologie des événements et la bibliographie sur les campagnes de RWABUGIRI KIGELI IV en insistant plus sur le BUHAVU (pays des Bahavu). Son deuxième article complète le premier et apporte des détails sur sa vision des attaques rwandaises à Idjwi.

Notre souci, dans ce travail, est d'apporter des correctifs et une lumière à la description des expéditions rwandaises au Bushi (pays des Bashi), telles qu'elles sont présentées par l'Abbé KAGAME dans ses oeuvres (5).

Nous nous limiterons aux seules expéditions organisées contre le Bushi (pays des Bashi) que nous présenterons d'abord avant de donner des correctifs aux analyses de KAGAME d'après la version shi de la question.

 

PRESENTATION DES EXPEDITIONS

1. La première expédition

Les traditions orales shi retiennent que la première expédition armée du Rwanda contre le Bushi date du règne de Mwami NSORO Ier SAMUKONDO, 7e Roi de la dynastie présentée par l'Abbé KAGAME. Nsoro Ier aurait régné vers 1388 après J.-C. Il aurait organisé une expédition contre le Bushi entre 1388 et 1390, quand le Mwami NNABUSHI KAMOME régnait sur le Bushi (6). La version shi de cette première expédition est présentée par Paul MASSON qui donne des détails des traditions orales shi sur l'enlèvement de la Princesse shi NYIBUNGA, fille du Mwami KAMOME du Bushi, par les guerriers du Roi NSORO.

"... vint une invasion des nobles tutsi du Chef NSORO qui franchirent la RUZIZI et razzièrent le Bushi jusqu'à Cirunga.

KAMOME et ses guerriers eurent la bonne fortune de repousser rapidement les envahisseurs. Ils achevèrent tous ceux qui s'étaient installés à leur suite, même ceux qui, cachés dans les forêts, n'en ressortirent que quelques mois plus tard tenaillés par la faim. A la faveur d'un coup de main, NSORO emmena parmi ses prises la propre fille de KAMOME, la belle NYIBUNGA aux seins ronds et au ventre joliment tatoué..."

Cette version shi de la première expédition armée du Rwanda au Bushi n'a pas été retenue par la tradition rwandaise présentée par l'Abbé KAGAME. Les causes de l'enlèvement de NYIBUNGA sont à chercher dans le souci des rois du Rwanda d'étendre leur domination sur tous les peuples voisins. KAGAME retient que ces rois voulaient à tout prix agrandir leur territoire par la soumission des royaumes voisins (7).

Concernant cet enlèvement, les traditions orales shi ne rapportent pas les réactions qui en découlèrent. Cependant, nous savons que, suite à son comportement indigne à la cour du Rwanda, NYIBUNGA a été renvoyée au Bushi. Voici ce que nous dit P. MASSON à ce sujet:

"... or donc, les aristocrates rwandais, un jour, offusqués par une attitude peu respectueuse de l'esclave NYIBUNGA, fille captive du Mwami du Bushi, décidèrent de la mettre à mort.

Mpanga-wa-Lusango les détourna de leur projet en faisant justement remarquer les conséquences qu'il pourrait avoir...

NYIBUNGA, dépouillée, fut renvoyée à Chirunga, chez Kamome, son père.

Elle y fréquenta la hutte de son frère Chifundangombe et en conçut.

Lorsque son père la vit boire le lukombe ou boisson rituelle des femmes enceintes, il se mit en colère et la répudia. Elle s'enfuit au-delà de Murhundu, chez le Chef LUKARA, fils de Mbeba-eri-Maza, ce qui signifie testicule de rat, à Igobegobe. Ce dernier, bien que possesseur de nombreuses femmes, n'avait pas d'enfants.

Il les renvoyait parce qu'elles ne lui donnaient pas d'héritier et voyait devenir le dernier chef des Bahande. Il profita de l'aubaine et reçut NYIBUNGA qui enfanta chez lui. Le garçon reçut le nom de NSIBULA - orphelin de père - et succéda à son père adoptif et donna son nom à la dynastie BASIBULA (8). C'est ainsi qu'au Bahavu, la dynastie Basibula succède à celle des Bahande.

Nsibula ya Nyibunga serait, selon les traditions orales rwandaises, un Chef du Bunyabungo qui aurait organisé une expédition contre le Rwanda vers 1460. Cette hypothèse peut se vérifier si nous nous joignons à la généalogie des Bami du Buhavu, qui retient pour les dynasties Bahande et Basibula les Bami suivants:

BAHANDE BASIBULA

- Muhande - Nsibula ya Nyibunga

- Mbera eri Maza - Nsibula ya Niebutatire

- Bihako - Bamanyirwe

- Lukara - Kimirogosa

- Ntale

- Nsibula Kihunga

- Ndale II Bashumbire

- Lushombo

- Bahole Sangara

- Kamirogosa André

- Ntale Kamirogosa

Ce conflit dans lequel Nsibula ya Nyibunga se trouve impliqué est Havu. Cependant, si nous le mentionnons ici, c'est simplement parce que la tradition orale rwandaise retient que c'est un mwami du Bunyabungo qui l'avait organisé. Ensuite, puisqu'il a été à la base de l'expédition organisée par le fils et successeur de NDAHIRO II, RUGANZU II contre le Bushi.

Une remarque est à faire sortir sur la conception rwandaise de l'espace shi. En effet, les Banyarwanda (habitants du Rwanda) pour les Shi appellent les Bashi "Banyabungo" et leur pays ""Bunyabungo". Ils confondent ainsi toutes les populations habitant l'ouest du Lac Kivu qu'ils groupent dans un ensemble territorial. Pour eux, l'UBUNYABUNGO comprend le Bushi, le Buhavu et le Buhunde.

Il est à noter qu'à cette époque le Rwanda n'est pas encore unifié dans ses dimensions actuelles.

2. La deuxième expédition (C. 1604-1610)

Le règne du Roi MUTARA Ier SEMUGESHI était très pacifique. Cela se justifie même par le choix qui a été porté au nom du monarque, dicté par le souci d'abandonner le nom de RUGANZU qui signifiait pour les Rwandais "Trouble, guerre, etc.". Il fallait pour le nouveau Roi, afin de ne pas perpétuer les guerres qui ont jalonné les règnes de ses prédécesseurs, abandonner les appellations dynastiques usuelles et choisir celle de MUTARA qui incarnait alors la paix et la tranquillité (11).

Son successeur au trône, KIGELI II NYAMUHESHERA, prenant une attitude contraire, voulut à tout prix venger les défaites qui avaient été infligées à ses grands-parents par les BANYABUNGO, surtout l'assassinat de NDAHIRO II et de RUGANZU II, sans oublier l'emblème du pouvoir royal rwandais (le tambour) emporté par les hommes de Nsibula.

KIGELI II organisa son armée appelée "IZIRUGURU", c'est-à-dire les palatins, force de frappe de la garde royale, afin d'attaquer le Bushi. Mais l'armée fut encerclée et entièrement anéantie par les KABERA de Nabushi (12).

Quelques rescapés, sous la conduite de leur Chef, rentrèrent honteux dans leur pays en passant par le KINYAGA. La tradition rwandaise retient que 4 règnes se seraient passés après l'aventure du 16e Roi KIGELI II NYAMUHESHERA sans que les Bami puissent songer à attaquer encore le Bushi où chaque fois ils étaient battus. Il fallait pour les monarques du Rwanda chercher à soumettre les pays situés au Nord de leur territoire, qui avaient des souverains qui tremblaient seulement à l'annonce de l'arrivée de l'armée du Rwanda (13).

3. La troisième expédition (C. 1766-1770)

Si on s'en tient au récit de l'Abbé KAGAME, c'est MIBAMBWE III SENTABYO, 21e Roi dynastie du Rwanda, qui aurait repris alors la politique de conquête en commençant par l'invasion du BUGESERA. MIBAMBWE III a accédé au trône du Rwanda en 1741. Cette datation a été vérifiée car le monarque a été intronisé au cours d'une éclipse solaire. Une autre éclipse a été observée à la fin de son règne. Le premier s'est déroulé le 13 mars 1741, alors que le second a été observé le 3 avril 1763 (14).

La politique de conquête de MIBAMBWE III a été suivie par son fils et successeur YUHI IV GAHINDIRO, dont le règne se situerait entre 1785 et 1789, si on prend toujours la moyenne de ±24 ans par règne proposée par KAGAME, VANSINA et P. DELMAS.

YUHI IV organisera une expédition contre le Bushi quelques années seulement après son accession au trône du Rwanda. KAGAME retient que l'armée rwandaise avait subi un échec retentissant et le Commandant en chef de l'expédition, le nommé KIMANA, fils de KABAJYONJYA, fut tué.

Cependant, YUHI IV réussira au nord du Bushi à tuer le Roi du BUHUNDE qui deviendra un Etat tributaire du Rwanda (15).

Cette expédition se serait passée au cours du règne de NABUSHI BIRHENJIRA, car la tradition orale shi retient que les guerriers venant du Rwanda avaient razzié le Bushi sous son règne et que quelques temps après un calme était observé dans les relations entre le Bushi et le Rwanda dont le Roi BUHONGERA avait hébergé le fils du Mwami Birhenjira, MAKOMBE, qui fuyait les menaces de sa marâtre, Mwa MURHWA, décidée à tout prix à assurer l'héritage certain de son fils BUJOKA au détriment du prince "NKEBE" retenu par la coutume (16).

La tradition rwandaise vient confirmer notre hypothèse quand elle retient le nom de MUTARA II RWOGERA comme 23e Roi du Rwanda et successeur de YUHI IV GAHINDIRO. MUTARA II aurait accédé au trône vers 1790, en remplacement de son père YUHI qui est mort vers 1789 si l'on respecte la chronologie établie par l'Abbé KAGAME et P. DELMAS (17).

Le Roi RUHONGERA des traditions orales shi serait donc le Roi MUTARA II RWOGERA. C'est le nom RWOGERA qui a été déformé par les Shi pour devenir RUHONGERA. Le Mwami NABUSHI BIRHENJIRA aurait donc régné entre 1760 et 1799si on s'en tient au récit qui renseigne que MAKOMBE se serait réfugié au Rwanda durant les dernières années du règne de son père qui allait déjà succomber à la vieillesse. NABUSHI MAKOMBE a donc été intronisé seulement après 1800 puisqu'il fallait attendre la décision des BAJINJI et l'exil de Mwa MURHWA, ainsi que de ses fidèles loin de la cour royale (18).

4. Les expéditions de RWABUGIRI KIGELI IV au Bushi

Nous avons souligné que le règne de MUTARA II RWOGERA a connu un calme et un développement des relations pacifiques (notamment dans le domaine politique) entre le Bushi et le Rwanda. La paix acquise à cette période fut respectée durant tout le règne de NABUSHI MAKOMBE (C. 1809-1859) qui avait tout intérêt à mieux vivre avec son hôte (19).

Nous pensons que l'initiative de cette paix avait été prise par NABUSHI MAKOMBE. En effet, à cette époque, il perdait une partie de son territoire au sud au profit de Ngweshe. Ainsi il se tourna vers le nord où, avec l'aide de son fils BIGOMOKERO, il se mit à repousser les Bahavu qui, eux aussi, se tournaient contre les Bahunde (20).

Les dissensions intérieures qui minaient la vie politique de Bashi nous semblent être la cause principale qui a fait que ce peuple n'avait pas pris l'initiative de la guerre contre le Rwanda. Néanmoins, il se laisse attaquer et se défend héroïquement parce que la solidarité naissait quand il s'agissait de repousser les voisins belliqueux qui convoitaient leurs champs et leurs pâturages (21).

Le successeur et fils de MAKOMBE, NABUSHI Byaterana, qui a régné pendant 30 saisons sèches, soit environ entre c. 1859 et c. 1889, ne connaîtra pas cette paix car déjà le successeur de MUTARA II RWOGERA, le Roi KIGELI IV Rwabugiri, préparait des expéditions contre tous ses voisins dont les causes principales étaient:

1. La conquête des terres et la soumission des chefs rivaux du Rwanda à son pouvoir.

2. La vengeance des défaites subies par ses ancêtres et la recherche de l'emblème royal jadis emporté par les Banyabungo. Pour Rwabugiri, cela était une honte pour le peuple rwandais qu'il fallait laver par tous les moyens (22).

L'Abbé KAGAME ajoute que l'objectif rwandais consistait en une conquête des terres et en une installation, partout où passerait l'armée de Rwabugiri, des Banyarwanda qui devaient, petit à petit, soumettre et dominer les populations rencontrées.

"... le Bunyabungo devrait être conquis petit à petit par les pisés d'habitations. La masse rwandaise devrait venir s'installer sur telle colline, ensuite sur la suivante et ainsi de suite, de sorte que finalement le pays soit submergé et vaincu..." (23)

Ainsi défini, l'objectif principal de Rwabugiri était d'abord la conquête du Bushi qu'il considérait comme étant le grand rival qui pouvait, une fois conquis, permettre la soumission de tous les Etats de l'Ouest du Lac Kivu. On comprend alors les raisons qui auraient poussé le monarque rwandais à multiplier des expéditions contre le Bushi.

RUTAGANDA, successeur et fils de NABUSHI Byaterana, connaîtra aussi les expéditions de Rwabugiri, mais son règne a été surtout perturbé par la pénétration européenne et l'installation des premiers Blancs au Bushi. Jusqu'à la fin de sa vie, RUTAGANDA se montrera hostile à la conquête de ses terres par des étrangers et sa résistance ne prendra fin qu'avec sa mort subite en 1919 provoquée par la grippe espagnole "CIHUSI", même si déjà en 1916 il avait fait acte de soumission à l'administration coloniale (24).

Les expéditions de Rwabugiri débutent en 1873. Cette date a été vérifiée car une année après, une comète se fit voir. C'était la comète de COGGIA, de 1874, dont la première phase avait une tête, la deuxième deux têtes et la troisième trois têtes. La première expédition contre le BUTEMBO serait en fait une contre-attaque. Le Chef MUVUNYI du BUHUNDE avait razzié un troupeau de vaches qui était en transhumance dans le KAMARONSI en territoire rwandais. En guise de revanche, Rwabugiri entreprit d'attaquer la région que KAGAME appelle "Butembo" (25).

Les armées rwandaises: INGANGURA-RUGO, INSHONZI-MIHIGO et les IBISHUMIZI attaquèrent les BUHUNDE et traversèrent la Nyabarongo jusqu'au Butembo (26).

Il y a lieu de faire remarquer une confusion dans la dénomination des lieux du territoire zaïrois par la tradition rwandaise. En effet, en traversant la Nyabarongo, on entre directement au Bushi et pas au Butembo car cette rivière constitue la limite nord de la région shi de Katana (IRHAMBI) avec le BUHAVU (Kelehe). La thèse rwandaise peut être vérifiée si dans l'avenir des récits prouvaient l'existence d'une présence des Batembo vers la Nyabarongo qu'ils ignorent d'ailleurs. Rwabugiri n'a pas attaqué directement le Bushi après l'invasion du Buhunde. L'Abbé KAGAME retient qu'après avoir anéanti toutes les résistances Hunde, Rwabugiri était rentré au Rwanda où il devait protéger son butin de guerre dans sa nouvelle résidence de RUHEGERA (27).

1 La première expédition vers le Bushi en 1879 ou l'expédition du KU-BUNTUBUZINDU(capitale du Bushi où résidait Byaterana)

NABUSHI-Byaterana régnait sur le Bushi. Son frère BIGOMOKERO contrôlait la région d'Irhambi jusqu'à la Nyabarongo. Le calme régnait partout sauf à IBINJA où Rwabugiri venait de débarquer avec toute son armée composée des INGANGURA-RUGO (= assaillants d'avant-garde) et des INSHONZIMIHIGO (= les provocateurs de hauts faits). C'est là où il organisa ses hommes et où il arrêta le plan d'attaque du Bushi.

Le haut commandement de l'expédition fut confié à NDIBYALIYE, fils de MBAGALIYE, et l'attaque devait se faire en deux directions. La première colonne, dirigée par RUDAKEMWA, devait attaquer par le Nord, alors que la seconde, commandée par RWANYONGA, fils de MUGAGWAMBERE, devait occuper le sud du Bushi en passant par le site de l'actuelle ville de Bukavu (28).

La colonne sud s'était organisée à KUMUHALI, près de Kamembe au bord du Lac Kivu, région rwandaise voisine du Bushi qui devait permettre une rapide traversée de la Ruzizi. La guerre éclata non loin de l'actuelle ville de BUKAVU où l'armée rwandaise se trouvait en face des guerriers shi conduits par MUTARUSHWA, fils de NAMINANI, commandant les "MAHEMBE" (les cornes) et BIHOGO, commandant les "BIRUSHA" (les surpasseurs) (29).

Le commandant rwandais RWANYONGA triomphera des Shi qui reculeront les uns vers la forêt de bambous, les autres vers le marais de Lushanja. Les Banyarwanda vont installer leur quartier général dans le Bushi central à KU-MBIZA (l'actuelle localité de MBIZA à KABARE). C'est de là que partiront toutes les attaques contre les fuyards Shi vers la forêt de la Lushanja. Dans une clairière aménagée, les Banyarwanda perdront grand nombre de leurs soldats (dont RWANYONGA) dans une embuscade que les Bashi leur avaient tendue (30).

La colonne nord, qui avait débarqué au Bushi à partir de l'île IBINDJA à son passage par la région de BIRAVA, fut exterminée par les "NVUZA-RUBANGO" de NABUSHI Byaterana qui étaient partis secourir le Prince shi RUTEBUKA avant de descendre anéantir le reste des résistants Banyarwanda de la colonne sud à Mbiza, Bugobe et vers Nyarukemba (31).

La riposte rwandaise fut vaine, car les Shi tenaient à venger la mort du Prince RUTEBUKA tué par les guerriers rwandais de la première colonne (Nord). KAGAME retient qu'un seul survivant rwandais a pu atteindre Rwabugiri qui attendait ses hommes vers le lac. Celui-ci, voyant qu'il était incapable d'arrêter l'avance des Shi par les sons de tambours, traversa le Lac Kivu et s'en alla organiser chez lui, au Rwanda, une année de deuil en mémoire de ses soldats tués au Bushi (32).

Une remarque est à tirer des récits ayant trait à cette expédition de 1879:

1.- Du côté shi, les traditions retiennent de belles descriptions de cette guerre et décrivent aisément la victoire shi qui est aussi attestée par les récits rwandais. Cependant, P. MASSON, qui a essayé de commenter les récits shi, y ajoute des contradictions qui méritent d'être corrigées.

Le Mwami Rwabugiri du Rwanda n'a jamais combattu le Mwami NABUSHI Makombe qui est mort vers l'année 1859.

2.- Les noms shi présentés dans les récits rwandais prêtent à confusion.

Nous sommes arrivés à trouver les correspondances pour certains noms retenus seulement dans les récits shi. Des travaux ultérieurs pourront permettre peut-être d'apporter une lumière à ce problème.

Le nom de RUTEBUKA, fils du NABUSHI Byaterana, par exemple, se retrouve dans les récits de deux peuples et désigne le même personnage, c'est-à-dire un Prince shi et le meilleur guerrier du Bushi qui avait été tué par le Roi RWABUGIRI du Rwanda.

2 La deuxième expédition vers le Bushi (C. 1881-1885)

L'EXPEDITION DU MU-KANYWIRIRI (KANYWIRIRI)

Cette expédition avait été préparée une année durant par RWABUGIRI dans le but de venger ses soldats tués par les Bashi lors de son expédition de Ku-Buntubuzindu. La préparation semblait être trop sérieuse du côté rwandais où plusieurs armées étaient mobilisées pour attaquer le Bushi en passant par l'historique marais de Kanywiriri où les Shi étaient concentrés et attendaient de pied ferme les Banyarwanda. Le Mwami NABUSHI Byaterana avait, de son côté, estimé qu'il fallait mobiliser plusieurs hommes qui furent groupés en cinq armées dirigées par MUZUKA, NFIZI, CIRABA, KAKIRA et CIRHUZA (33).

CIRABA, fils de NABUSHI Byaterana, était le commandant en chef des armées shi, alors que ZIMURINDA (Mibambwe Mutabazi), fils de SEMULINA, était le commandant de l'expédition de MU-KANYWIRIRI.

Les Banyarwanda avaient attaqué en deux groupes. Le premier (sud), composé de INVEJURU, NYAKARE, NYARUGURU, INDARA, ABASHUMBA, INTARA, URUYANGA, était dirigé par NYILIMIGABO et les ITANGAZWA par NYAMUSHANJA, fut exterminé par les Bashi sur une colline près de Kanywiriri. Le second groupe, qui voulait attaquer par le nord du marais, ne connut pas de succès malgré la mort du Commandant shi CIRABA qui avait été percé par une flèche tirée par NYAMUKEBA, un guerrier de Rwabugiri, originaire du Burundi. Dans ce second groupe, on note la présence de NKUNDIYE, Mwami d'Idjwi, qui dirige les Inziraboba (34).

Comme il avait perdu bon nombre de ses hommes, Rwabugiri retourna honteux au Kinyaga afin d'y préparer une autre expédition (35).

3. La troisième expédition vers le Bushi (C. 1890-1892) ou l'Expédition du Rusozi (RUZIZI)

Il est bon de débuter ce paragraphe par un correctif au récit de l'Abbé KAGAME qui a présenté cette expédition du RUZIZI après celle de CIRHOGOLE en plein coeur du Bushi. En effet, nous avions signalé plus loin que Rwabugiri, vaincu au Bushi, avait fixé sa cour (provisoirement) dans le Kinyaga afin de préparer une vengeance contre le Bushi. Il ne pouvait donc pas par conséquent aller attaquer le Bushi vers Irhambi (Nord) et laisser la frontière sud qui était proche de Kamembe dans le Kinyaga.

Notre constatation se vérifie aussi car c'est sous cette expédition du RUZIZI que furent tués NGWESHE-LIRANGWE et la Reine-mère MUGENYI qui venaient de s'unir en mariage après la mort de Nabushi Byaterana.

L'expédition de Rusozi a été décrite dans une version shi vraisemblable présentée par Paul MASSON aux pages 97-102 de son livre. Selon MASSON, cette expédition a été précédée par des luttes d'influences au Bushi après la mort de Nabushi Byaterana. Rutaganda étant mineur, sa mère Mugenyi devait diriger le pays. Celle-ci était jalousée par sa rivale Namutoko qui voulait placer son fils Ruhangara sur le trône du Bushi et devenir ainsi la Reine-mère incontestée des Bashi.

Elle se mit alors à comploter pour faire disparaître Rutaganda et sa mère et eut gain de cause auprès de sa soeur Nakesa (fille de Niganda, originaire du Rwanda), épouse du Chef Ngweshe-Lirangwe, qui venait d'épouser la reine-mère Mugenyi. Nakesa trouva aussi une raison de se venger et de porter vite son fils Ruhongeka au trône de Ngweshe. Il fallait, pour réussir ce coup, se tourner du côté du Rwanda où elles pouvaient recevoir l'aide de Rwabugiri qui venait d'essuyer de grandes défaites au Bushi. Le récit de P. MASSON nous semble confus quand il dit que Nakesa et sa soeur s'étaient plutôt adressées à Rukabya, leur parent du Rwanda qui aurait envoyé le commando qui tua Lirangwe et Mugenyi à Bugobe (Kabare) (36).

Nous trouvons au contraire le récit du vieux Bujimbi vraisemblable quand il nous parle de Rwabugiri qui aurait reçu des présents de ces deux reines shi et qui voyait en cette demande une occasion d'annexer purement et simplement le Bushi en acceptant l'investiture de Ruhangara et de Ruhongeka dont le grand-père était Munyarwanda d'origine (37).

Cette version se marie avec celle présentée par l'Abbé KAGAME dans son cours d'ethnohistoire du Rwanda. Certains éléments de cette thèse comme les présents à Rwabugiri, la volonté d'annexer le Bushi, se retrouvent dans la version de P. MASSON (à la page 99 de son livre).

Rwabugiri aurait alors demandé à Lirangwe de lui livrer le Mwami Rutaganda et sa mère et que son refus signifierait une déclaration de guerre contre le Rwanda. KAGAME retient que:

"Ce prince Katabirhurhwa des Bishugi (Ngweshe) avait épousé la mère de Rutaganda. Ce dernier était alors devenu le tuteur du Mwami.

Rwabugiri lui demanda de lui livrer le jeune mwami et sa mère afin de se venger de la mort de ses soldats tués par Nabushi Byaterana. Katabirhurhwa refusa et Rwabugiri attaqua le Bugweshe où il tua la Reine-mère et Katabirhurhwa. Le Mwami Rutaganda avait pris la fuite et rentra après le départ de Rwabugiri pour organiser son armée, les Akabera." (38)

Le nom "Katabirhurhwa" désigne dans ce récit "Lirangwe" pour les Banyarwanda. Nabushi Rutaganda, très jeune au cours de cette expédition, avait réussi à se cacher sous la protection de ses gardiens Nkunguli et Nyabyale, chez le Chef Naluhwinja, d'où il partira après sa majorité pour organiser son armée et lutter contre le Rwanda.

P. MASSON soutient qu'au cours de cette expédition, Rwabugiri aurait réussi à emporter le tambour royal du Bushi mais les Bashi le nient catégoriquement. KAGAME affirme aussi dans ces récits que cette expédition a été la seule que les Banyarwanda ont gagnée au Bushi. Ce qui serait pour lui une confirmation des faits rapportés par MASSON (39).

La conséquence de cette expédition serait l'annexion du Bushi par Rwabugiri, une annexion qui n'était pas totale parce que ce sont des princes Luzi, ici les deux familles régnantes à Ngweshe et à Kabare, qui vont régner (Ruhangara au Buhaya et Ruhongeka à Ngweshe). Aussi, il faut dire que les Bashi restaient toujours fidèles au nouveau mwami que Nabushi Byaterana leur avait désigné, à savoir le jeune Rutaganda qui était toujours en exil à Luhwinja.

Ruhangara n'avait pas d'audience auprès des Bahaya qui ne lui pardonnaient pas la mise à mort de la reine-mère Mugenyi et l'invasion de leurs terres par les Banyarwanda. Cette prise de position des Bashi avait conduit à une rébellion ouverte contre Ruhangara qui se sauva de l'autre côté de la Ruzizi, fuyant ainsi les guerriers Bahaya et Bishugi qui le pourchassaient de colline en colline (40). P. MASSON ajoute à son récit sur la fuite de Ruhangara que Rwabugiri, pris de colère devant l'avance des Bashi, avait ordonné la mise à mort de son vassal malheureux qui n'avait pas su organiser le territoire laissé sous son administration (41).

Cette fuite de Ruhangara a été suivie par le retour de mwami rutaganda qui devait alors prendre la tête de son armée et combattre les corps expéditionnaires de Rwabugiri dans le nord du Bushi.

4 La quatrième expédition vers le Bushi (C. 1894-1895) ou l'expédition de Ku-Kidogoro (Cirhogole)

La quatrième expédition de Rwabugiri au Bushi a été précédée par une expédition contre l'île Idjwi. Ceci explique même l'emplacement du champ de bataille "CIRHOGOLE" qui se trouve dans le Bushi-nord, non loin de la paroisse de Murhesa (±25 km de la ville de Bukavu).

Rwabugiri, dont les troupes étaient jusque-là stationnées dans le sud (Kinyaga), venait d'apprendre le soulèvement du Chef Nkundiye d'Idjwi, son ancien vassal qui, ayant vécu les défaites des Banyarwanda devant les Bashi, s'était décidé de lutter afin de reconquérir son indépendance.

Nous sommes vers l'année 1894, quand les troupes de Rwabugiri se replient vers le Nord, fixant leur quartier général à Nyamirundi près du lac. Là, il était facile de surveiller les pirogues de Nkundiye et d'arrêter un plan de guerre qui devait permettre une invasion rapide de l'île Idjwi. Les Banyarwanda craignaient une guerre navale dont les Bahavu étaient réputés spécialistes.

Ils eurent une raison de débarquer clandestinement sur l'île où ils mirent l'armée Havu en débandade. Nkundiye s'enfuit vers le Bushi et fut tué entre la région d'Irhambi et l'îlot Ishovu (42).

Son territoire fut annexé par Rwabugiri qui avait profité des luttes d'influences entre les familles TABARO et NKUNDIYE. Ainsi Idjwi devient un lieu stratégique pour les conquêtes de Rwabugiri vers d'autres régions (Bushi, Buhunde).

L'EXPEDITION DE CIRHOGOLE (1895)

Rwabugiri poursuivant les fuyards Havu dont Nkundiye au Bushi, se trouva en face d'une résistance farouche organisée par le Chef d'Irhambi, CIKO-BARAMBA. Il s'agit du Chef KARHANA Nciko, fils de Bigomokero Bya Makombe, qui fut rapidement défait par les Banyarwanda. Au sud vers CIRHOGOLE, le notable Kabi s'opposa à l'arrivée de guerriers de Rwabugiri. Ses hommes avaient réussi à faire reculer l'ennemi jusque vers cishoke avant l'arrivée du renfort envoyé par Nabushi Rutaganda sous le commandement de Rwabika, Nfizi, Chirusha et Makungu ga Mwendo (43). Les Bashi se groupèrent en 3 colonnes et adoptèrent la tactique de guerre en 3 lignes "EMIBIBI" qui consistait à encercler l'ennemi de tout côté sans lui laisser le temps de fuir (44). A la première attaque, les Bashi furent repoussés par les Banyarwanda qui tentaient de gagner le lac en direction probablement d'Idjwi en passant par Birava.

A la seconde attaque, les Bashi attaquèrent la nuit. Un de leurs commandants, "MAKUNGU", fut tué et les Banyarwanda remportèrent une nouvelle victoire "éphémère". A la troisième attaque de CIRHOGOLE, les Bashi, qui combattaient toujours en 3 lignes sous la conduite de Nabushi Rutaganda lui-même, massacrèrent les Banyarwanda qui se repliaient vers la rivière Mpungwe. Une partie de l'armée rwandaise, sous la conduite de Rwabugiri, réussit à gagner IBINDJA car les Bashi étaient incapables de les poursuivre sur le lac, ne sachant ni nager, ni ramer (45).

C'est dans l'île d'Ibindja que Rwabugiri fut empoisonné par des hommes de sa cour. Toutefois les traditions rwandaise, Shi et Havu n'ont pas retenu leur appartenance ethnique ou tribale. On sait tout simplement que ses guerriers avaient ramené son corps à Nyamasheke au Rwanda, où devait se tenir le deuil (46). Les circonstances de sa mort ne sont pas encore clarifiées. Nous les présenterons dans un travail ultérieur. C'est avec cette mort de Rwabugiri que prirent fin les conflits armés entre le Bushi et le Rwanda.

Murhebwa L.K. souligne qu'à Idjwi, après la mort de Rwabugiri, les Banyarwanda qui cherchaient à coopérer avec les Bany'Idjwi restèrent, tandis que ceux qui voulaient encore dominer furent tués ou se virent expulser de l'île (47). Newbury S.D. ajoute que les chefs Banyarwanda Muhigirwa, Rwidegembya... tâchèrent de s'y maintenir durant quelques temps mais finalement ils furent refoulés et l'île Idjwi reconquit son indépendance... Une délégation fut envoyée au Bushi pour appeler le Mwami MIHIGO NDOGOSA, fils de KABEGO, qui fut intronisé en (C. 1896) (48).

Au Bushi, la population avait appris avec beaucoup de satisfaction la mort de Rwabugiri.

Au Buhaya, un esprit d'indépendance se développe dans la noblesse depuis la scission de Karhana (Katana). Cet esprit est encore accentué par la faiblesse des débuts du règne du Mwami Rutaganda. Les partisans de Rutaganda ont subsisté et leur anarchie se perpétuera jusqu'à la période coloniale.

Au Bugweshe, c'est la régente Nakesa qui fait la loi. Sa déchéance provoquera une mésentente entre ses partisans et les partisans de son fils Ruhongeka (49).

Au moment où intervient le phénomène colonial belge au Bushi et allemand à Idjwi, Kabare Rutaganda (Buhaya), Ngweshe Ruhongeka (Budweshe) et MIGIGO Ndogosa (Idjwi) (tous trois de la nouvelle génération), ont pris les rênes de leur administration en main.

La conférence de Bruxelles du 16 juin 1910 délimita les possessions de l'Etat indépendant du Congo (EIC) et de l'Allemagne de la manière suivante: une ligne qui, partant de la RUZIZI, aboutit à un point d'égale distance entre Goma et Gisenyi. En outre, elle attribua à l'Etat indépendant du Congo belge les îles ci-après: Idjwi, Kirshanga, Nyamarongo et Ibindja (50). Ainsi le Rwanda devint une possession allemande et le Bushi et Bukavu un territoire belge.

CONCLUSION GENERALE

Nous venons de présenter à travers ces pages des détails sur les conflits armés qui ont opposé les Bashi et les Banyarwanda avant la pénétration européenne.

Cette étude nous a permis d'établir une première estimation approximative de la chronologie des Bami du Bushi dont l'installation sur les terres qu'ils dirigent aujourd'hui remonterait très loin dans les temps (11e et 12e s.).

Nous pouvons remarquer à la lumière de notre travail que les Banyarwanda n'ont pas su conquérir le Bushi ni soumettre les Bashi comme semble l'affirmer l'Abbé KAGAME quand il dit que seule l'expédition de CIRHOGOLE a eu raison des Banyabungo et a sonné le triomphe de Kigeli IV sur ce pays coriace (51). Dans son oeuvre, il s'en tient plus aux récits officiels des événements.

En effet, l'Abbé Kagame, qui n'a pas su analyser toutes les expéditions contre le Bushi, oublie que c'est au cours de cette expédition de Cirhogole que Rwabugiri trouvera la mort dans sa fuite vers l'île Ibindja. Notre remarque peut se confirmer, car l'Abbé Kagame ajoute que "Les Rwandais appellent ce pays 'Bunyabungo' et les habitants 'Banyabungo' pour dire 'Pays fort' et 'guerriers courageux'" (52).

Il termine par cette phrase prononcée par Rwabugiri en réponse à ses guerriers qui lui demandaient de rentrer chez lui après sa défaite sur les Bashi: "... Moi, être battu par les Bashi" (53).

Il semble que Rwabugiri répétait cette phrase car il avait honte de sa défaite devant les Bashi. Ceci prouve bien que Rwabugiri n'a pas réussi à soumettre ce peuple qu'il devait encore combattre s'il n'avait pas été empoisonné.

La classification de ces conflits armés mérite donc des études fouillées allant au-delà d'un simple article, qui pourront, nous l'espérons, apporter une lumière à l'histoire ancienne du Bushi et du Rwanda et pourquoi pas de toute la région interlacustre. 

NOTES

(1) La rivière Nyabarongo constitue aujourd'hui la limite entre les Shi et les Havu, soit la limite entre les régions du Chef NIALE à Kalehe et celles de KAJANA dans le nord du Bushi.

(2) KAGAME A., Cours d'ethnohistoire du Rwanda, UNAZA/L'shi, 1973-1977 (Notes manuscrites).

(3) R.P. COLLE, Essai de monographie des Bashi, Bukavu, Libreza, 1977 (la première édition polycopiée date de 1933).

MASSON P., Trois siècles chez les Bashi, Tervuren, MRAC, 1960.

(4) NEWBURY D.S., "Les campagnes de Rwabugiri, chronologie et bibliographie", in Cahiers d'Etudes Africaines, XIV (1974) I, pp. 181-191.

"Rwabugiri and Idjwi", in Etudes d'Histoire africaine, VII (1975), pp. 155-173.

(5) Les analyses de l'Abbé KAGAME sont présentées dans son Cours d'ethnohistoire du Rwanda, ainsi que dans son article "La documentation du Rwanda sur l'Afrique interlacustre des temps anciens", in La civilisation ancienne des peuples des Grands Lacs, Karthala-CBB, 1987 (Actes du Colloque de Bujumbura), pp. 300-331).

Dans ces travaux, l'auteur s'est inspiré surtout de ses oeuvres principales sur l'histoire du Rwanda:

La notion de généalogie appliquée à la généalogie dynastique et à l'histoire du Rwanda des Xe-XIe siècles à nos jours, Mémoire in 8e de l'ARSC, tome IX, 5, Bruxelles, 1959.

La poésie dynastique du Rwanda, Bruxelles, IRCB, Mémoire in 8-X II, 1 (1951).

Introduction aux grands genres lyriques de l'ancien Rwanda, Editions Universitaires du Rwanda, Butare, 1969.

Un abrégé de l'ethnohistoire du Rwanda, Ed. Universitaires du Rwanda, Butare, 1972.

(6) En effet, en partant des estimations de j. VANSINA, A. KAGAME et P. DELMAS, selon lesquelles CIHANGA serait le premier roi dynastique du Rwanda dont le règne remonterait vers 1220 et en prenant une moyenne de ±24 ans pour chaque règne, nous remarquons que NSORO Ier, qui est séparé de CIHANGA par 7 rois, aurait alors régné vers ±1388, soit une différence de 168 ans entre les deux souverains. Cette classification a été établie en partant du règne du 28e roi de la dynastie, YUHI V MUSINGA, qui a accédé au trône du Rwanda en 1898, ainsi que celui du 21e roi, MIBAMBWE III SENIABYO, dont le règne, marqué par l'observation de deux éclipses solaires, a pu être daté (13 mars 1741 & 13 avril 1763).

En prenant toujours la moyenne de ±24 ans par règne, ces deux datations absolues ont permis d'établir une chronologie de tous les rois du Rwanda.

- KAGAME A. & P. DELMAS, "Chronologie des Rois du Rwanda" in Historique et chronologie du Rwanda, S.L. SD., p. 9.

- VANSINA J., Evolution du royaume du Rwanda des origines à 1900, Bruxelles, SD., p. 51-55.

N.B.: La chronologie de VANSINA diffère de celle de KAGAME de ±10 ans par règne.

- MUGARUKA B.M., Histoire de l'organisation politique et administrative du territoire de Kabare-Kivu (1935-1960), mémoire de licence en Histoire, UNAZA/lUBUMBASHI, 1977, PP. 32-33.

(7) KAGAME A., op. cit., p. 4.

(8) MASSON P., op. cit., p. 24.

(9) KAGAME A., La documentation..., p. 318.

(10) Nous avions fait ressortir cette remarque dans notre mémoire déjà cité à la page 17.

(11) Pour comprendre cette différenciation sous le règne de Rwabugiri, il faut se référer à Newbury S.D., Rwabugiri and Idjwi, op. cit., p. 160.

(12) Idem, p. 318.

Nous n'avons pas trouvé le nom dynastie de ce Nabushi mais nous croyons qu'il s'agit bien d'un petit-fils du Mwami NABUSHI CHILEMBEBWA, notamment le NNABUSHI NSHULILUDJO.

Cfr. les généalogies de P. MASSON et du R.P. COLLE présentées par BASHIZI Cirhagarhula dans son article "Origine et établissement des Bashi du Bushi (Kivu)" in Likundoli, enquêtes d'histoire zaïroise, 1 (1973), 1-2, pp. 42-43.

(13) KAGAME A., Cours d'ethnohistoire du Rwanda, UNAZA-L'shi, 1973-1974, p. 5.

(14) Idem, p. 6 (bis).

(15) Se rapporter à la chronologie et au récit présentés par l'Abbé KAGAME dans La documentation..., op. cit., p. 315 et dans son cours à la page 6 (bis). Nous n'acceptons pas ce fait car le Buhunde n'a jamais été tributaire du Rwanda et a toujours conservé son indépendance.

(16) Traditions rapportées par P. MASSON, op. cit., pp. 59-63.

(17) KAGAME A. & P. DELMAS, op. cit., pp. 10-12, Vansina lui propose l'année 1785 comme indiquant l'avènement de YUHI IV. Cfr. chronologie des règnes in Récits historiques du Rwanda,Tervuren, MRAC, 1962, p. 58; Oeuvres de A. COUPEZ & Th. KAMANZI.

(18) Le récit que nous a raconté notre grand-père maternel BUJUMBI (±90 ans) à Lugulu (Kabare), sur les Bami du Bushi en 1980, retrace aisément les règnes de Birhenjira et de son fils Makombe. Bajinji = les anciens chefs de clans au Bushi et gardiens des traditions.

(19) Notre informateur BUJIMBI dit que Makombe a régné pendant 50 saisons sèches contrairement à son fils Byaterana qui fera 30 byanda. CANDA (pluriel Byanda) = saisons sèches en Mashi. Celui-ci n'a fêté que 26 fois le MUBANDE.

(20) MASSON P., op. cit., p. 71.

(21) NJANGU C.C., La résistance shi à la pénétration européenne (1900-1920), mémoire de licence en Histoire, UNAZA-L'shi, 1972-1973, p. 49.

(22) Dans son cours déjà cité, p. 7, KAGAME présente ces causes, parmi lesquelles nous ne retenons que les deux principales.

(23) KAGAME A., "La documentation...", in Actes du Colloque de bujumbura, p. 319.

(24) Lire NJANGU C.C., op. cit., p. 81.

(25) KAGAME A., Cours d'ethnohistoire du Rwanda, p. 5. Les récits sur les expéditions de Rwabugiri sont aussi présentées par A. COUPEZ & TH. KAMANZI, op. cit., pp. 319-327.

(26) Idem, p. 4.

(27) Ibidem.

(28) KAGAME A., "La documentation...", op. cit., p. 929.

(29) Idem, p. 320.

(30) Nous nous référons au récit de BASAKA complété par notre père MUHIRHWA à Moiza Kabare en 1975-1976.

(31) KAGAME A., "La documentation...", pp. 321-322.

(32) KAGAME A., Cours d'ethnohistoire du Rwanda, p. 5.

(33) KAGAME A., op. cit., p. 324. Cfr. aussi les récits de BASAKA complétés par mUHIRHWA en 1976 à Moiza.

(34) KAGAME A., idem, pp. 319-324.

L'île Idjwi était à cette époque soumise à l'autorité de Rwabugiri et le Chef NKUNDIYE lui payait tribut.

(35) Lire les cours de l'Abbé KAGAME déjà cité.

(36) MASSON P., op. cit., p. 99.

(37) Information de Bujimbi, déjà cité.

(38) KAGAME A., op. cit., p. 6 (bis).

(39) MASSON P., idem, pp. 37-101.

(40) CHOMACHOMA interrogé à Mbiza, août 1980.

(41) MASSON P., idem, p. 102.

(42) Nous nous référons au récit de l'Abbé KAGAME dans son Cours d'ethnohistoire du Rwandadéjà cité, p. 7.

(43) L'orthographe de ces noms a été corrigée par nous-mêmes en nous basant sur les récits déjà cités de Kagame et Basaka.

(44) Se rapporter au cours de l'Abbé KAGAME déjà cité à la page 6.

(45) Récit de BUJIMBI déjà cité.

(46) A nos constatations s'ajoutent les réflexions de KAGAME dans son cours cité à la page 6 (bis).

(47) MURHEBWA L.K., Histoire politique d'Idjwi sous les Basibula: Essai de périodisation (début IXIe s. - 1960), travail de fin d'études de Graduat en Histoire, ISP/B,v, 1976, p. 34.

(48) NEWBURY, S.D., "Rwabugiri and Idjwi" in Etudes d'Histoire africaine, VII, 1975, pp. 155-173.

(49) NJANGU C.C., op. cit., p. 49.

(50) MURHEBWA L.K., op. cit., p. 34.

(51) KAGAME A., "La documentation...", op. cit., p. 34.

(52) KAGAME A., idem, P. 322.

(53) Ibidem.

 

SOURCE:CONGOFORUM.BE


05/05/2013
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AFRIQUE:TRAITE NEGRIERE PAR LES ARABES!

Afrique :

Traite Négrière par les ARABES “Vérité cachée !!!”

Cet article a pour but de rappeler l’histoire mais en aucun cas il doit raviver les rancunes ni la haine , ni la xénophobie ; Cet article ne doit pas inciter à la violence ni à la séparation, il a été établi afin de relater l’histoire (le contenu de l’article est authentique). 

On a beaucoup parlé de la traite transatlantique (dans des livres d’histoire et même dans les films) mais jamais de la traite arabo-musulmane. 

Le monde a toujours pensé que la traite négrière était le seul fait des chrétiens

Européens, des blancs. 

Ceci a été révélé pour la première fois par John ALEMBILLAH AZUMAH (musulman) dans son livre intitulé “The legacy of Arab-Islam in Africa” puis par certains anthropologues comme par exemple

Tidiane N’DIAYE (musulman) dans son livre “Le Génocide voilé”. 

Les Arabes ont réussi de façon stupéfiante à tromper, désinformer, déformer et fausser à la fois la réalité et l’histoire sur une période de près de 14 siècles.

Ce qu’il y a de plus particulièrement tragique, c’est que la plupart des descendants d’esclaves, les Noirs des Amériques dans le monde, et les Noirs d’Afrique descendants d’esclaves, ignorent tout de la vérité.

Avant que la concentration de nos auditeurs ne s’émousse, nous voudrons porter l’affirmation suivante et l’étayer ensuite:

La pire, la plus inhumaine, la plus diabolique institution de la traite négrière fut initiée, définie, perpétrée et mise en œuvre par les Arabo-musulmans, aidés par la suite par les noirs convertis à l’Islam. 

‘Les Arabes ont razzié l’Afrique subsaharienne pendant treize siècles sans interruption. La plupart des millions d’hommes qu’ils ont déportés ont presque tous disparu du fait des traitements inhumains. Cette douloureuse page de l’histoire des peuples noirs n’est apparemment pas définitivement refermée. La traite négrière a commencé lorsque l’émir et général arabe Abdallah ben Saïd a imposé aux Soudanais un ‘Bakht‘ (accord), conclu en 652, les obligeant à livrer annuellement des centaines d’esclaves. La majorité de ces hommes était prélevée sur les populations du Darfour. Et ce fut le point de départ d’une énorme ponction humaine qui devait s’arrêter officiellement au début du XXe siècle.’ 

Si la traite transatlantique a été qualifié à juste titre comme un crime contre l’humanité, ce qu’il faut dire c’est que celle pratiqué par les Arabo-musulmans fut un véritable génocide parce que le sort qui était réservé aux captifs Africains apparait aujourd’hui avec le recul comme une sorte d’extinction ethnique à terme mais programmée par castration massive et on sait aujourd’hui qu’ils ont pratiquement tous disparus en dépit de masses énormes d’Africains déportés dans les pays arabo-musulmans d’où l’utilisation du terme génocide parce que si vous avez 17 Millions de déportés et que par la castration massive vous n’avez qu’une minorité de Noirs qui ont réussi à survivre en terre d’Islam alors que de l’autre côté (transatlantique)  nous avons 70 Millions d’individus qui sont descendants ou métisses Africains qui peuplent le continent Américain des Etats Unis jusqu’au Brésil en passant par les îles de la caraïbe alors que dans les pays Arabo-musulmans on en trouve plus de traces. 

 

Il serait grand temps que la génocidaire traite négrière Arabo-musulmane soit examiné évincée au débat au même titre que la ponction transatlantique car c’est un pont de l’histoire qui est méconnu, caché volontairement et occulté. 

Cette amnésie volontaire de la part des élites Noires sur la question s’explique par le fait que beaucoup des chercheurs ont encore du mal à passer d’une vision mémorielle affective de cette histoire évidemment pour des questions de solidarité religieuse à une approche  distanciée et scientifique d’une histoire qui ne traite que des faits avérés. 

 L’auteur de l’article a dû croiser des variables comme les témoignages directes d’explorateurs comme Livingstone, Henri Stanley ou monseigneur Lavigerie sans oublié aussi des témoignages directes des marchands Arabes qui opéraient à partir des centre de fabrication. 

 

Le bilan est terrifiant 

Rien qu’au Sahara, 9 Millions de captifs (Noirs) ont dû être transporté dans les conditions inhumaines dont 2 Millions ont péris ou alors sont restés en bordure du désert. Pour ce qui est de la traite Orientale qui s’est déroulée dans les régions proche de la mer rouge et de l’océan indien on évalue environ à 8 Millions le nombre de victimes donc le bilan est lourd puis que globalement on arrive à un chiffre effrayant de 17 Millions de morts , des déportés ou des castrés par des Arabes, c’est donc un génocide. 

 

 Il y avait un climat qui permettait ce racisme et cette volonté d’éliminer un peuple car il y a eu des érudés Arabes comme Ibn Khaldoun (de son nom complet Abou Zeid Abd ) qui était le savant Arabe le plus célèbre du 14ème siècle  et bien cet homme avançait l’idée selon laquelle les Noirs appartiennent au peuple à caractère bestial et il les traitait de sous-hommes et d’anthropophage et il prétendait que le seul peuple qui était adapté à l’esclavage était des Nègres à raison d’un degré inférieur d’humanité et que leur place  était plus proche du stade animal ; Devant ces inepties il faut dire que aucune voie sérieuse de le monde Arabe ne s’est levée pour défendre la cause des Noirs , car à l’inverse des philosophes de l’époque  de lumière en Europe ,il faut dire que dans le monde Arabe, dans la quasi-totalité les intellectuels étaient marginalisés sur la question, ils avaient donc abdiqués face aux obscurantismes et autres doctrinaires de la foie , évidement dans un tel contexte l’opinion de Ibn Khaldoun et d’autres penseurs de la même mouvance faisait autorité et finissait même par être adopté par la plupart des nations Arabo-musulmane ce qui explique donc que le traitement inhumain et la mutilation généralisée des captifs étaient acceptés, ce qui explique aussi aujourd’hui le résultat est qu’ils ont disparu en Turquie, en Iran, au Yémen, ils reste très peu en Arabie Saoudite et en Afrique du Nord. 

Comme toujours il y a deux sous-cultures, celle du déni de la réalité et celle du politiquement correct.

L’esclavage n’a pas été créé par les blancs, il a existé au travers de l’histoire de l’humanité et a été pratiqué par toutes les tribus, cultures, civilisations, groupes ethniques, et religions.

Tout le monde ne sait pas que le mot arabe “adb” est synonyme d’esclave, par exemple, Abdallah signifie littéralement “l’esclave d’Allah», et que dans la langue Arabe, les Noirs sont appelés “abid”, pluriel du mot esclave.

Alors qu’on a beaucoup écrit sur la traite atlantique, on s’est étonnamment peu intéressé aux traites islamiques du Sahara, de la mer Rouge et de l’océan indien.

Alors que l’implication des Européens dans la traite vers les Amériques dura un peu plus de trois siècles, l’implication des Arabes dans la traite négrière a duré quatorze siècles et, dans certaines parties du monde Islamique, perdure toujours.

Bien que la jurisprudence islamique eût fixé des règles relatives au traitement des esclaves, ils furent l’objet de mauvais traitements monstrueux au cours de l’histoire.

Au Moyen Age, le mot arabe “abid” désignait généralement un esclave noir, le mot “mamelouk” un esclave blanc.

Ibn KHALDOUN (1332-1406), l’éminent historien médiéval et philosophe social Arabo-musulman, écrivait: “les nations nègres sont en règle générale dociles à l’esclavage, parce qu’ils ont des attributs tout à fait voisins à ceux d’animaux stupides.”

Il faut aussi remarquer que les esclaves noirs étaient castrés (ablation des testicules), les noirs étant censés avoir une libido impossible à maîtriser.

Quand le califat fatimide arriva au pouvoir en Egypte, il extermina la totalité des esclaves-soldats noirs, plusieurs dizaines de milliers, et leva une nouvelle armée d’esclaves.

De la Perse à l’Egypte ou au Maroc, les armées de 30000 à 250000 esclaves devinrent chose commune.

La traite des noirs par les Arabo-musulmans se pratiquait au Sahara, de la côte de la mer Rouge, et de l’Afrique Orientale jusqu’à l’Océan Indien.

Au seul 19e siècle, pour lequel nous avons les archives les plus exactes, 1200000 esclaves furent emmenés via le Sahara jusqu’au Moyen-Orient, 450000 de plus par la Mer Rouge, et 442000 par les ports de la côte d’Afrique Orientale.

Cela fait un total de 2 millions d’esclaves noirs pour le seul 19e siècle.

Si l’on compare la traite des esclaves Arabo-musulmane avec celle d’Amérique, on découvre des différences très intéressantes:

Alors que deux esclaves sur trois emmenés en Amérique étaient des hommes, la proportion était de deux femmes sur trois pour la traite Arabo-musulmane.

Alors que la quasi-totalité des esclaves d’Amérique étaient employés dans l’agriculture, la majorité des esclaves du Moyen-Orient Arabe étaient destinés à l’exploitation sexuelle dans les harems, ou à servir dans l’armée.

Alors que les esclaves d’Amérique firent beaucoup d’enfants avec des millions de descendants aujourd’hui citoyens du Brésil et des Etats-Unis, il survécut très peu de descendants des esclaves du Moyen-Orient.

Alors que la plupart des esclaves d’Amérique purent se marier et avoir des enfants, la plupart des esclaves mâles au Moyen-Orient furent castrés et la plupart des enfants nés de femmes esclaves furent tués à la naissance. 

Ce qui est obscène dans ce sujet de la part de la culture Arabe c’est le déni de sa complicité avec la traite des esclaves africaine, ainsi que l’ignorance des Africains Noirs de la réalité de leur passé et de leurs conditions présentes.

Les statistiques et les rapports ci-dessus sont tirés de journaux de bord des vaisseaux et des ports esclavagistes, d’observations des voyageurs et de témoins oculaires, etc…

 

Tiré du livre : Le Génocide voilé

 Auteur : Tidiane N’Diaye

Afrik-online.com


05/05/2013
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LES MULÂTRES CONGOLO-JAPONAIS SONT LES OUBLIES DU KATANGA

Les "oubliés" du Katanga

 

Comme de nombreux enfants métis au Congo, ils sont nés d’un père japonais venu travailler au sud-est du pays, dans les mines du Katanga. Aujourd’hui, ils accusent leurs pères d’avoir voulu les tuer pour ne pas laisser de traces avant leur retour au Japon. Nos reporters ont rencontré ces hommes et ces femmes en quête d’une reconnaissance qu’on leur refuse.

 

VIDEO FRANCE24 REPORTERS:

Par dizaines, des femmes congolaises affirment que leurs enfants métis ont été tués systématiquement par leurs pères japonais, venus travailler dans la Province du Katanga, pendant les années soixante-dix. Leurs démarches juridiques et politiques sont restées lettre morte.

Des centaines de travailleurs japonais s’étaient installés dans la région minière de Kasumbalesa (frontière avec la Zambie, sud-est du Congo), entre 1972 et 1983 afin de faire tourner la principale mine de cuivre du Congo.

 

Avec une production de 5000 tonnes de cuivre brut par jour, il s’agissait du fleuron de l’industrie minière congolaise, alors première productrice de cuivre du monde.

 

Cependant, pour Yvonne Kaymba et ses voisines, cette présence rappelle de mauvais souvenirs. Au cimetière du village, elles nous montrent les tombes des enfants qu’elles ont eus avec ces travailleurs japonais de passage. Selon elles, les enfants ont été tués systématiquement sur demande de leurs pères japonais avant qu’ils ne retournent au Japon.

 

"Le docteur japonais a osculté mon enfant d’un an. Le lendemain, l’enfant est mort", explique Yvonne Kaymba.

Une dizaine de femmes nous ont livré des témoignages semblables. La plupart ont eu d’autres enfants depuis mais seuls leurs enfants métisses de père japonais sont décédés, affirment-elles.

Pour leur part, les quelques enfants métisses congolo-japonais nés à cette époque que nous avons rencontrés se présentent comme des "rescapés".

Nhanha Kamisawa, qui aujourd’hui monnaye ses charmes auprès des camionneurs de la région, a grandi cachée. "Nos grands-parents nous disaient « si vous allez en ville, on va vous tuer », c’est ainsi que nous avons grandi au village", explique-t-elle.

Tous les enfants métisses rencontrés affirment avoir grandi cachés et avoir survécu grâce à cela.

Kowe Karube tient une petite pharmacie. "Nos grands-parents évitaient de nous emmener à l’hôpital, c’est comme cela que nous avons pu nous en sortir et être rescapés", indique-t-il.

 

Des médecins japonais avaient alors pris en charge l’hôpital de la mine. Selon Sébastien Kahozi Muyumba, infirmier à la retraite, devenu aveugle aujourd’hui, le taux de mortalité était particulièrement élevé chez les enfants métisses de père japonais qui venaient s’y faire soigner. "On voyait que le taux de mortalité était élevé et on se demandait pourquoi.

Il y en a qui disaient que les Japonais ne veulent pas laisser leurs enfants métisses ici chez nous. Alors, il y avait des soupçons qu’on les empoisonnait ", a-t-il indiqué.

 

Le règlement de l’usine était stricte. Les travailleurs japonais n’avaient pas le droit de fréquenter les filles des environs, indique un responsable de l’usine, aujourd’hui quasiment à l’arrêt.

Cependant, selon Martin Majende, Secrétaire Général de la SODIMICO (Société de Développement Industriel et Minier du Congo), les travailleurs japonais "ont trouvé parmi les Congolaises des belles filles et ont estimé qu’ils pouvaient partager un lit et un toit ensemble (…) C’est par contre chez eux où l’on ne pouvait pas rapatrier la progéniture".

 

A en croire de nombreux témoins, et le député Moïse Chokwe, qui milite pour une enquête parlementaire, les infanticides furent systématiques.

 

L’ambassade du Japon en République Démocratique du Congo a refusé de réagir à ces allégations. Une note verbale envoyée par le vice-ministre congolais des Affaires étrangères à l’Ambassade du Japon à Kinshasa le 6 octobre 2007 est restée sans réponse.

Idem pour les questions de FRANCE 24 auxquelles l’ambassade du Japon a refusé de réagir.

 

Par Arnaud ZAJTMAN et Marlène RABAUD
 

24/04/2013
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