LA RD CONGO:UNE ZONE DE CONFLIT AU COEUR DE L'AFRIQUE
Le Kongo (CONGO)
Une zone de conflit au coeur de l'Afrique
Très ancienne zone de peuplement humain, l'Afrique des Grands Lacs constitue aujourd'hui une des zones les plus instables du globe. La République Démocratique du Congo (RDC), géant de la région et ancienne colonie belge, est prise depuis les années 1990 dans une spirale de guerre civile, pillage de ses richesses et tensions avec ses voisins orientaux.
D'une superficie équivalente à quatre fois la France (2 millions de km2), laRépublique Démocratique du Congo (RDC, ex-Zaïre) s'étend de l'océan Atlantique, à l'ouest, auquel elle est rattachée par l'étroit couloir du Bas-Congo, aux grands lacs de l'Afrique de l'Est (lacs Tanganyika, Kivu, Édouard et Albert), qui marquent sa frontière avec la Tanzanie, le Rwanda et l'Ouganda. Cet immense rectangle de terres, à cheval sur l'Equateur, est voisin du Soudan et de la République Centrafricaine au nord, de l'Angola et de la Zambie au sud.
Occupant le bassin du majestueux fleuve Congo, le pays dispose de terres fertiles, d'une forêt riche en bois précieux, et surtout d'un sous-sol regorgeant de minerais et de pierres précieuses - cuivre, cobalt, diamants, or, charbon, fer... La RDC compte environ 55 millions d'habitants (2008), divisés en nombreux groupes ethniques. Les Bantous, une ethnie très présente en Afrique australe, sont les plus nombreux. Soudanais, Nilotiques, Hamites et Pygmées constituent des minorités significatives.
Aux alentours du premier millénaire après JC, des populations bantoues néolithiques venues du Nigeria ou du Cameroun actuels auraient migré vers le sud, à la recherche de zones plus fertiles. Elles se seraient installées dans le bassin du fleuve Congo ou plus à l'est, près des grands lacs, formant le «noyau bantou occidental» et le «noyau bantou oriental». Des métissages avec les populations autochtones aborigènes, Pygmées et Bushmen, auraient eu lieu.
À la fin du XVe siècle existe un royaume du Kongo à l'organisation politique et économique solides. Les dates de sa fondation font encore débat. Il s'étend du nord de l'Angola actuel au sud du Gabon et couvre le quart sud-ouest de la RDC actuelle.
En 1484, un amiral portugais découvre l'embouchure du fleuve Congo, alors que les Portugais explorent les côtes occidentales de l'Afrique, à la recherche de la route des Indes.
En 1482, le navigateur portugais Diogo Cão entre en contact avec le roi du Kongo Nzinga Nkuvu. Des membres de sa famille iront à Lisbonne et, de retour, convaincront le roi de se faire baptiser. Ce sera chose faite le 3 mai 1491. Il prendra le nom de Jean 1er (Dom João) en l'honneur de son homologue portugais, son épouse devenant Eléonor et son fils Alphonse (Afonso en portugais).
Entre temps, les Portugais s'enhardissent jusqu'à remonter le fleuve Congo. Le roi les autorise par traité à s'installer sur les rives du fleuve.
Rapidement, des missionnaires commencent à parcourir le royaume en tout sens et des églises sortent de terre. Non moins rapidement, le trafic d'esclaves se met en place, privant le royaume d'une partie de sa force vitale. La tentative de résistance des rois du Kongo échoue, de même que celle de mouvements religieux d'inspiration messianique.
En 1706, Ndona Béatrice, meneuse de l'un d'eux, est brûlée vive, ce qui lui vaut le surnom de «Jeanne d'Arc africaine».
Parallèlement, l'empire Luba, fondé au XVe siècle, prospère dans le quart sud-est de la RDC actuelle, jusqu'au lac Tanganyika. Le nord-est était occupé par des royaumes soudaniens.
Originaires du Tchad ou du Soudan actuels, leurs habitants s'y seraient installés aux dépends des Pygmées et des Bantous. Au cours du XIXe siècle, ces États déclinent, affaiblis par la traite négrière et la colonisation belge.
En effet, l'explorateur britannique Henry Morton Stanley, celui-là même qui a «retrouvé» le docteur Livingstone, parti à la recherche des sources du Nil, sur les rives du lac Tanganyika en 1871, mène dans les années 1880 des explorations pour le compte du roi des Belges Léopold II, qui souhaite créer un État sur les rives du Congo. Henry Morton Stanley installe toute une série de comptoirs commerciaux le long du fleuve.
En 1885, la conférence de Berlin réunit les chefs d'États européens qui souhaitent se partager le «gâteau» africain. Le roi Léopold II obtient que le Congo lui soit cédé, à titre privé. Ainsi naît «l'État indépendant du Congo», que le roi promet d'ouvrir à la civilisation, à la foi et au libre échange. Parallèlement, la région explorée par le Français Pierre Savorgnan de Brazza devient le Congo, un des quatre États de l'Afrique Équatoriale française, et Brazzaville sa capitale.
Brazzaville n'est séparée de Léopoldville (future Kinshasa) que par la largeur du fleuve Congo.
Dans l'État du Congo indépendant, un système d'exploitation économique très dur se met en place. Travail forcé, mauvais traitements et mutilations sont les méthodes employées tant dans les mines et les exploitations de caoutchouc que pour la construction de chemins de fer. À tel point que l'opinion internationale finit par s'en émouvoir. En 1908, l'État belge accepte après moultes réticences de recevoir le Congo en legs du roi Léopold II, mais son exploitation ne change pas pour autant.
L'édifice colonial se craquelle après la Seconde Guerre mondiale. Le Mouvement National Congolais, mené par Patrice Lumumba, réclame l'indépendance. En 1959, des émeutes sanglantes secouent le Congo belge. Le 30 juin 1960, il accède à l'indépendance, quelques semaines avant son voisin, le Congo-Brazzaville. Lumumba est premier ministre, son rival Kasavubu président.
Cependant, le pays s'avère très divisé. La province minière du Katanga fait sécession, avec la bénédiction d'hommes d'affaires belges. Progressiste et partisan d'un État centralisé, Patrice Lumumba est assassiné. Peu après, le secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies (ONU), le Suédois Dag Hammarskjold (56 ans), meurt dans un accident d'avion, vraisemblablement un attentat, alors qu'il tentait de résoudre le conflit civil...
Au Katanga, Moïse Tshombé finit par renoncer à la sécession en 1963, sous la pression des casques bleus de l'ONU.
En 1965, le chef d'état-major, le maréchal Mobutu, orchestre un coup d'État et s'empare du pouvoir, qu'il n'abandonnera qu'en 1997. Son parti unique, le Mouvement Populaire de la Révolution, accapare toutes les richesses du pays. Par crainte de voir basculer l'immense Congo dans le camp soviétique, les Occidentaux ferment les yeux sur ce régime autocratique corrompu.
Sous prétexte d'un retour à une «authenticité» précoloniale, Mobutu mène une politique de zaïrisation du pays : le Congo est rebaptisé Zaïre, les prénoms chrétiens sont remplacés par des noms «zaïrois», de nombreuses entreprises sont nationalisées. L'économie du pays s'effondre.
Au début des années 1990, Mobutu laisse croire à une légère ouverture du régime, qui n'est finalement qu'une réforme en trompe l'oeil...
Le génocide du Rwanda, à la frontière orientale du pays, va bouleverser la donne en entraînant toute la région des Grands Lacs et le Zaïre lui-même dans un épouvantable enchaînement de conflits plus meurtriers les uns que les autres.
Dans les montagnes du Kivu, à l'est du pays, s'organise l'Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo-Zaïre (AFDL), menée par Laurent-Désiré Kabila et soutenue par le Rwanda, l'Ouganda et le Burundi. L'AFDL avance vers Kinshasa sans rencontrer de grande résistance de la part de l'armée, surtout occupée à piller le pays. En mai 1997, Mobutu fuit au Maroc et Kabila prend le pouvoir. Le pays est rebaptisé République Démocratique du Congo (RDC).
La lune de miel avec le Rwanda et l'Ouganda n'est toutefois que de courte durée. Ces pays apportent leur soutien à de nouveaux mouvements rebelles congolais et tentent de renverser le pouvoir de Kabila.
Le Rwanda reproche à la RDC d'abriter des milices
hutues «Interahamwe» responsables du génocide de 1994. Un premier cessez-le-feu est conclu en 1999 et des troupes des Nations Unies (la Monuc) sont envoyées dans les pays belligérants pour le faire respecter.
Néanmoins, la guerre continue. En 2001, Laurent-Désiré Kabila est assassiné, dans son palais de marbre de Kinshasa. Son fils Joseph est désigné comme successeur. En 2002, la RDC, le Rwanda et l'Ouganda signent des accords de paix, qui prévoient le retrait des troupes rwandaises et ougandaises du territoire congolais et la démobilisation et le rapatriement au Rwanda des milices Interahamwe. Une courte période d'espoir s'ouvre.
Toutefois, le Rwanda continue à soutenir la rébellion tutsie au Kivu et la RDC d'être complaisante à l'égard des hutus des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) présents sur son territoire.
En 2004, le tutsi Laurent Nkunda, général déchu de l'armée congolaise, prend la tête de la rébellion contre le pouvoir central de RDC. La rébellion marque des points en 2008, dans la région du Nord Kivu, dont les rebelles et le voisin rwandais se partagent les richesses (or, cobalt, coltran, pierres précieuses...). La population, victime des exactions de l'armée régulière congolaise comme des troupes de Nkunda, en partie composées d'enfants soldats, fuient en masse vers l'Ouganda.
Début 2009, un retournement d'alliance prive la rébellion du soutien du Rwanda. Kinshasa et Kigali se rapprochent soudainement :
le Rwanda s'engage à aider la RDC à mettre fin à la rébellion de Nkunda et obtient en échange le droit de traquer les hutus des FDLR en RDC.
Le 22 janvier, Nkunda est arrêté au Rwanda, conjointement par les deux pays, soulevant l'espoir de la fin de la guerre civile au Kivu.
Nul ne sait cependant quelle sera la durée de vie de l'alliance entre les deux anciens ennemis.
29 octobre 1665
Le roi du Kongo Antonio 1er victime des Portugais
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