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Devoir de Memoire:Afrique

DEVOIR DE MEMOIRE:AFRIQUE!

CONSCIENCE:

Connaissance plus ou claire de notre existence et du Monde.

Avoir la connaissance de son histoire; c'est comprendre le monde d'alors; pour prendre  

conscience sur le présent afin de remédier au futur...

Ici, nous archivons certains documents historiques pour notre memoire! Le Monde étant un tout, l'histoire nous aide à comprendre notre passé, présent et le sens à notre futur après avoir retenu instruction sur le passé. Devoir de Memoire, parle de l'histoire de l'Afrique dans cette Rubrique...

Eveil de la conscience incite à ce que l'on prenne connaissance de notre passé,présent et le Monde extérieur qui nous entoure.Ainsi,sondons notre passé historique et trouvons au travers ces histoires,ce que fût notre Monde d'Atan.

 

Ammafrica world ,la passion de l'histoire fait notre style  de comprendre le Monde d'alors...Le monde d'autrefois!


DEVOIR DEMEMOIRE:JAH RASTAFARI;HAILE SELASSE;EMPEREUR DE L'ETHIOPIE

JARASTAFARI

 

Descendant, de la reine de Saba et du roi Salomon, dont il est le deux cent vingt-cinquième successeur,l’empereur d’Éthiopie Hailé Sélassié Ier (ou Haïla Sellassié) est à la tête de la plus ancienne dynastie du monde.

 

Son titre complet est négus («roi des rois»), lion de Juda, défenseur de la foi chrétienne, force de la Trinité, élu de Dieu. Fils du Ras Makonnen, il a reçu pour nom à sa naissance celui de Ras Tafarí Makonnen (Tafarí : Celui qui est redouté; il est, en outre, le neveu de l’empereur Ménélik II, qui, au cours de son règne, commencé en 1889 et achevé à sa mort en 1913, accomplit les premiers pas vers la création d’un État unifié et moderne

 

Très tôt, le futur empereur s’initie aux responsabilités du pouvoir. Il a treize ans, en 1905, lorsque son oncle lui confie le gouvernement de la province du Gura Muleta. Sa volonté de fer, sa passion pour l’étude (il a été élève des missionnaires français) l’aident à surmonter les difficultés que lui suscite son cousin Lij Yassou ; celui-ci, héritier présomptif, complote avec l’Allemagne contre le pouvoir central. Mais il est bientôt écarté : en septembre 1916, c’est le ras Tafarí qui devient prince héritier. Il aide l’impératrice Zaouditou, sa tante, à administrer le pays (qu’on appelait alors plutôt l’Abyssinie). Considérant que «l’Éthiopie a reçu l’évangile du Christ en même temps que les nations d’Occident», le prince héritier plaide à Genève, en 1923, la cause de son pays. Il y déclare que, «si les hasards de la géographie et de l’histoire l’ont isolé du monde occidental pendant des siècles, il est cependant sensible à ses valeurs et entend remplir les mêmes devoirs à l’égard de la communauté internationale». Il obtient ainsi l’admission de l’Éthiopie à la Société des Nations et décide d’y abolir l’esclavage.


Proclamé négus, en octobre 1928, sous le nom de Hailé Sélassié (force de la Trinité), il est couronné empereur à la mort de l’impératrice, le 2 novembre 1930, date devenue, depuis lors, jour de fête nationale. Il donne peu après au pays sa première Constitution écrite ; cette modernisation des institutions s’effectue toutefois avec prudence. Il n’hésite pas à solliciter, au fil des années, l’appui technique et financier de l’étranger. Lorsqu’en octobre 1935 le gouvernement de Mussolini décide d’envahir l’Éthiopie à partir de l’Érythrée et de la Somalie, l’empereur oppose une héroïque résistance à la tête de ses troupes.

 

Mais il est desservi par un armement inférieur et la collaboration de certains seigneurs avec les Italiens. Il décide alors, en accord avec le Conseil des ministres et après avoir nommé un vice-roi (le ras Imrou), de s’expatrier ; en mai 1936, il se retire à Bath, en Grande-Bretagne. La même année, le 28 juin, il lance le fameux appel à la sécurité collective depuis la tribune de la S.D.N. à Genève, appel qui ne sera pas entendu (les sanctions contre l’Italie seront levées). Il entreprend quelques années plus tard la libération de l’Éthiopie : après avoir rallié les Éthiopiens réfugiés au Kenya et au Soudan, il vient à Khartoum en juillet 1940 (l’Italie vient de déclarer la guerre aux Alliés) et assure la liaison entre ses troupes et l’armée anglaise ; le 5 mai 1941, il fait une entrée triomphale dans sa capitale libérée par les brigades anglo-indiennes avec l’appui des Forces françaises libres.


Dans son pays recouvré, Hailé Sélassié trouve tout à reconstruire, alors que l’élite éthiopienne a été décimée par l’occupation. Poursuivant inlassablement la mission qu’il s’était assignée alors qu’il était jeune prince, il entreprend de nombreux voyages à l’étranger.

 

Devenu la figure de proue des pays opprimés, puis du Tiers Monde et de l’Afrique en particulier (l’Organisation de l’unité africaine créée en 1963, sur son initiative, a son siège à Addis-Abeba), Hailé Sélassié travaille sans relâche à parfaire et à affermir l’unité de l’Éthiopie (incorporation de l’Érythrée, consécutive à un vote unanime du Parlement de ce pays en novembre 1962 ; visées pacifiques sur le Territoire français des Afars et des Issas). Mais il a encore à faire face à de nombreuses difficultés.

 

Si sa photographie et son nom sont partout dans le pays, si, même aux yeux de ses adversaires, il a conservé un grand prestige, l’empereur doit lutter contre l’aristocratie et le clergé pour leur faire accepter des innovations qui répugnent à leurs habitudes. Il réussit, certes, à centraliser entre ses mains le pouvoir, mais les propriétaires fonciers (dont il est matériellement solidaire) et l’Église restent les principaux obstacles aux initiatives de réforme qu’à son grand âge il pourrait encore décider.

 

L’unité éthiopienne se trouve menacée par le Front de libération de l’Érythrée, qui dispute depuis 1961 la souveraineté à l’empereur. Celui-ci n’est certes pas prêt de renoncer à cette province du littoral, seule porte dont l’Éthiopie dispose pour ses échanges avec le monde extérieur. En dépit de toutes ces difficultés, Hailé Sélassié,dont le prestige international reste grand, s’est estimé capable, bien qu’octogénaire, de tenir encore longtemps la barre de son pays.

 

En septembre 1974, l’empereur est destitué par des soldats et des sous-officiers. Il est assassiné par les rebelles le 27 août 1975.

 
La dépouille de l'empereur avait été exhumée en 1992, un an après la chute du régime marxiste de Mengistu Haïlé Mariam, et déposée au mausolée d'Addis-Abeba où reposent l'empereur Ménélik II et trois autres membres de la dynastie. Dimanche 5 novembre 2000, 17h30

 

Le Rastafarisme

La Jamaïque fut colonisée par l’Espagne au début du XVe siècle, puis, après le déclin rapide de la population indienne, des esclaves d’origine africaine furent massivement importés. En 1655, les Britanniques dépossédèrent les Espagnols de la Jamaïque qui y laissèrent leurs esclaves. Ceux-ci furent appelés "Marroons". Le terme "Marroon" prit la signification de "fier et sauvage" au fil du temps. Ainsi, les "Marroons" se dressèrent contre la domination britannique et menèrent une lutte acharnée.

 

La lutte des "Marroons" ne doit pas être assimilée à une simple révolte d’esclaves. Sa durée dénote une volonté profonde de ne pas se plier à l’esclavage lié à la forte cohésion ethnique des rebelles. Les leaders venaient en effet d’une même tribu ghanéenne et le mouvement tenait donc à affirmer son identité africaine et son indépendance.

 

Des formes de rébellion apparaissent et caractérisent la volonté de revendiquer une plus grande liberté à l’image de la "Sam Sharpe Rebellion" en 1831. Cette révolte menée par l’esclave Samuel Sharpe s’inscrit dans un contexte critique pour la population noire. En effet, ceux-ci commençaient à se rendre compte de leur situation socio-économique : les esclaves haïtiens étaient libres depuis 1815.

 

Sam Sharpe était parmi les plus instruits et possédait une puissante influence charismatique. C’est en 1831 qu’il décide de prendre le commandement d’une grande rébellion qui devait conduire à l’abolition de l’esclavage.

 

La rébellion débuta à la fin du mois de décembre à Montego Bay, une baie située au Nord-Ouest de la Jamaïque. Elle s’étendit rapidement à tout l’ouest du territoire et poussa les colons à la fuite. Au début de 1832, la loi martiale fut déclarée et des renforts de troupe envoyés. La révolte fut alors écrasée en quelques mois et Sam Sharpe exécuté à la fin du mois de mai.

 

Ce combat conduisit tout de même à l’abolition de l’esclavage en 1834.

 

Mais en 1865 un nouveau vent de révolte souffle sur la Jamaïque c’est la "Morant Bay Rebellion". Cette rébellion se caractérise par des causes directement liées à la révolte des "Marroons" dont la majorité étaient devenue planteurs après la fin de leur rébellion. Elle trouve d’autres fondements dans la situation des anciens esclaves, eux aussi en grande partie devenus agriculteurs. Or les inégalités subsistaient bien qu’ils fussent apparemment libres : mauvaise répartition des revenus, racisme envers les planteurs noirs.

 

La rébellion prend forme et à l’automne 1865 elle explose à Morant Bay, au sud-ouest de l’île sous la direction de Paul Bogle. Mais le scénario de la "Sam Sharpe Rebellion" se répète : plusieurs centaines de paysans occupent des terres mais la révolte est rapidement matée et Paul Bogle pendu.

 

C’est à travers des révoltes comme celles de "Sam Sharpe" ou de "Morant Bay" que s’est forgée la tradition de résistance à l’autorité du peuple jamaïcain que l’on retrouve dans le rastafarisme.

La religion venue des Etats-Unis à travers des églises baptistes qui se sont implantées autour du milieu du XIXe siècle, ainsi le "Great Revival" a rapidement intériorisé les formes de religions d’origine africaine et est ainsi devenu un culte syncrétique (fusion de plusieurs doctrines) mélangeant christianisme et diverses autres pratiques. 


Les passages de la Bible sur l’Afrique et l’Ethiopie sont nombreux et peu à peu, à la lecture des textes sacrés, les regards se tournent naturellement vers l’Ethiopie : le rastafarisme est naissant.

Le déclencheur de l’érection de l’Ethiopie en "Terre promise" est l’homme politique d’origine jamaïcaine Marcus Garvey qui dans un discours prononcé en 1916 avant son départ pour les Etats-Unis, prophétise l’accession au trône de Haïlé Sélassié Ier en évoquant le psaume 68 :

 

 

 

« Des grands viennent d'Egypte et d'Ethiopie les mains tendues vers Dieu. Royaumes de la terre, chantez 0 Dieu, Célébrez le Seigneur! - Pause. Chantez à celui qui s'avance dans les cieux, les cieux éternels ! Voici, il fait entendre sa voix, sa voix puissante. Rendez gloire à Dieu ! Sa majesté est sur Israël, et sa force dans les cieux. De ton sanctuaire, ô Dieu! tu es redoutable. Le Dieu d'Israël donne à son peuple la force et la puissance. Béni soit Dieu ! »

 

 

Haïlé Sélassié, Roi des Rois, Seigneur des Seigneurs, descendant du Roi David et donc de Dieu est ainsi annoncé en 1916 par Marcus Garvey. Haïlé Sélassié est proclamé négus en octobre 1928. Un autre fragment du discours de Garvey en 1916 le laisse aussi entrevoir :

 

"Cherchez en Afrique le couronnement d’un roi noir, il pourrait être le Rédempteur."


Le rastafarisme est avant tout une religion qui se caractérise par ses nombreux emprunts au christianisme auxquels sont ajoutés une mise en valeur de l’Afrique et particulièrement de l’Ethiopie considérée comme la terre promise et donc lieu de rapatriement de tous les rastafaris.

 

C’est un culte messianique dont le centre est l’Empereur d’Ethiopie Haïlé Sélassié :

la dernière réincarnation de Dieu sur Terre.

 

Le prophète principal est Marcus Garvey, dont le second prénom, Mosiah, fait référence à Moïse, le prophète libérateur des Hébreux.

- Marvus Garvey -

Dans les années 30, le rastafarisme était encore peu connu mais le rôle de Marcus Garvey dans l’émancipation des Noirs d’Amérique a été majeur.


L’Universal Negro Improvement Association (UNIA) est une organisation créée en 1914 en Jamaïque par Marcus Garvey et dont la devise était :

 

"Un Dieu ! Un but ! Une destinée !".

 

Ce mouvement s’est considérablement développé aux Etats-Unis après l’émigration de Garvey en 1916. En effet, en 1919, l’UNIA ne comptait pas moins de 30 branches dans différentes villes des Etats-Unis. Garvey affirmait avoir plus de 200000 membres. Il fonda également un organe de presse nommé The Negro World, dans lequel il déclara : "l’Afrique doit être vénérée et nous devons tous sacrifier, notre humanité, notre richesse et notre sang à sa cause sacrée."


En valorisant la "négritude", Garvey a contribué à l’affirmation des noirs dans toute l’Amérique, au même titre queMartin Luther King ou Malcolm X. Les conférences de l’UNIA de 1919 à 1922 connurent des grands succès populaires. Elles débouchèrent sur la création de firmes industrielles tenues exclusivement par des noirs et d’une compagnie de construction navale et de navigation réservées elles aussi aux noirs.


A son retour en Jamaïque en 1927, il fut accueilli en véritable libérateur et tint une conférence de l’UNIA pour la première fois en Jamaïque en 1929.
Son impact fut double : tout d’abord, son importance fit prendre conscience aux rastafaris de l’étendue de la lutte des noirs en Amérique pour s’affirmer et revendiquer des droits et plus de liberté ; ainsi, une autre solution que celle du rapatriement en Ethiopie apparaissait, même si cette idée n’allait vraiment se développer qu’au long des années 1950. La seconde conséquence de cette conférence fut de faire connaître Marcus Garvey à un grand nombre de jamaïcains et donc de contribuer à l’élaboration et à l’intégration de ses idées dans le rastafarisme.


Ses thèses principales se définissent selon deux orientations : 
- La première, voir en l’Afrique la patrie de tous les noirs immigrés. Loin d’être un défenseur du rapatriement, Marcus Garvey a cherché à renouer des liens avec l’Afrique et à mettre l’accent sur la richesse de la civilisation africaine. 
- La seconde orientation principale des thèses de Marcus Garvey est la religion. Dans ce domaine aussi, il tient à rattacher le plus possible la Bible à l’Afrique, dans le but d’enlever aux blancs le monopole de l’enseignement religieux et pour donner à ses auditeurs le sentiment d’appartenir à un peuple élu et donc au-dessus de la domination des blancs.


Marcus Garvey avait prophétisé le couronnement de Haïlé Sélassié, il devint ainsi le prophète de tous les rastafaris. Des thèses de Garvey sont intégrées à l’idéologie rastafari comme de saints commandements, tels l’affirmation des noirs par la revendication, la vénération de l’Ethiopie. 
Le mode de vie rastafari se veut respectueux des principes définis par la Bible.

 

L’apparence extérieure des rastas le prouve. La majorité porte des nattes et une barbe. Dans la Bible, il est dit : Lévitique, 21:5 :"[…]les prêtres ne doivent pas se faire de tonsure, ni se raser la barbe sur les côtés, ni se faire des entailles sur le corps."

 

Mais si certains rastafaris arborent des nattes (appelées dreadlocks) impressionnantes, il n’est pas rare de voir des rastafaris rasés. En outre, la Bible précise que cette coutume n’est obligatoire qu’en cas de deuil. Une autre justification de ces nattes est la volonté d’imiter les guerriers éthiopiens des siècles passés qui se caractérisaient par leur coiffure imposante du fait de leurs nattes tressées comme pour symboliser un casque.

 

La sacralisation de l’Herbe est un point important de l’idéologie rastafari. La Ganja n’est utilisée que dans la pratique religieuse. On en trouve une justification biblique dans La Genèse : 3:18: "you shall eat the herb of the field" , mais aussi dans les Psaumes: 104:14: "C’est toi qui fait pousser l’herbe pour le bétail, et les plantes que les hommes cultivent ". Ou encore les Psaumes, 18:9 :

 

"Une fumée montait de ses narines […]" Apocalypse, 22:2 : "[…] Ses feuilles [de l’arbre de la vie] servent à la guérison des nations."

 

La visite de Haïlé Sélassié en 1966 est décisive dans le changement de cap de l’idéologie rastafari. En effet, les principes du rapatriement et du rejet de la Babylone jamaïcaine y restaient ancrés. Bien qu’elles ne fussent plus au premier plan dans les années 1960, des tentatives de rapatriement avaient été tentées jusqu’à la fin des années 1950. La visite de l’empereur d’Ethiopie en avril 1966 se solda par une dernière tentative de rapatriement. Mais ce n’était plus qu’un combat d’arrière-garde. 


Haïlé Sélassié dans un discours devant plus 10.000 adeptes proposa aux rastafaris : "la libération avant le rapatriement". Cela signifie que les rastafaris doivent libérer Babylone (le monde de l’oppression) avant de pouvoir espérer un repos mérité en Ethiopie.


L’assimilation de la Jamaïque à Babylone reste présente dans le rastafarisme même dans les années 1960 et 1970, mais sous une autre forme. Ce n’est plus le pays tout entier qui est rejeté comme un lieu étranger; ce qui est dorénavant stigmatisé est la société jamaïcaine, du moins celle des possédants. 


De nos jours le rapatriement en Ethiopie n’est plus une priorité, seul le combat pour la liberté prime, le rastafarisme s’est répandu sur la planète entière et touche désormais toute les couches de la population même si il y a aujourd’hui beaucoup plus de sympathisants que de pratiquants.

 

SOURCE:ipdw.free.fr

 

 

Amour-Conscience-Réparation

Ammafrica world dans Devoir de Memoire.



25/08/2012
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CAMEROUN:SI MR BIYA QUITTAIT LE POUVOIR VIVANT;QUE FERAIT-ON DE LUI?

Si M. Biya quittait le pouvoir vivant, que ferait-on de lui ?
...Pendant ce temps, la nouvelle équipe dirigeante du pays sous l’impulsion créatrice du nouveau chef d’Etat devrait rapidement remettre le pays debout et le bâtir solidement en créant les conditions d’épanouissement justes pour tous et en stimulant le génie qui sommeille en chaque citoyen...
 

À l’heure de penser l’après Paul Biya. Si M. Biya quittait le pouvoir vivant, que ferait-on de lui et de sa vaste bande ? 

Les souffrances et frustrations récoltées çà et là par les Camerounais sous le long régime de Paul Biya ont mis dans la tête de nos citoyens que ce monsieur devra être arrêté, jugé, condamné et emprisonné ainsi que d’autres « criminels » qui ont servi sous lui. De mon point de vue, je ne souhaiterais voir aucun d’eux en prison.

 

Je ne souhaiterais non plus voir Paul Biya et sa bande être condamnés à mort. Ce serait être trop généreux à leur endroit.  Je comprends la position et la fermeté de beaucoup de nos compatriotes qui demanderaient des châtiments exemplaires pour ces grands criminels du Cameroun.

Les crimes économiques, politiques, sociaux, écologiques et les discriminations qui ont coulé à profusion sous le long règne de Paul Biya font qu’il devienne une pièce de curiosité pour le Cameroun. Je reste favorable à des procès contre lui et sa bande. Toutefois, ceux-ci ne devraient en aucun cas ouvrir sur des peines d’emprisonnement.

Il faut être diminué pour ne pas penser comme ces frustrés ou pour ne pas les comprendre. Mais penser au-delà de ce qu’ils pensent est légitime et peut être bénéfique pour le pays.

Pour qu’un pays plein de potentialités humaines, économiques et naturelles comme le Cameroun arrive à l’état de délabrement poussé et de misère actuels en cette fin du régime néocolonial RDPC, il faut qu’il y ait eu à sa tête un être exceptionnel, un être extraordinaire, inoubliable ; bref, un phénomène. Et justement, M. Biya est un phénomène, un humain trop inhumain aux forces de destructions massives comparables à celles du feu Mobutu du Zaïre. 

La culpabilité de M. Biya et des autres ne devra pas être une clef qui leur ouvre les portes de prison ou de la mort qu’ils convoiteraient comme un lieu décent pour le repos. Non. Le Cameroun est un grand chantier qui doit être construit autant par les victimes que les bourreaux du régime RDPC. Mettre ces gens en prison reviendrait à les faire vivre aux crochets du peuple camerounais qu’ils ont longtemps et trop desservi. Leur réserver d’espace en prison reviendrait àles choyer après leurs forfaits et forfaitures inoubliables.

Après création des conditions d’une justice non ordurière pareille à celle que le Cameroun connaît sous l’ère Biya, des procès justes pour le déchu et tous ceux soupçonnés de crimes contre le pays doivent se dérouler partout dans le pays. À l’issue de ces procès, personne ne devra aller en taule.

 

Paul Biya et sa bande devraient être détachés et dispersés dans des centres d’élevage, d’agriculture et d’artisanat communautaires du pays d’où ils apprendraient, pour la première fois, à travailler dans les conditions et avec les mêmes outils dont se servent nos paysans et artisans. Ils devraient travailler auprès et avec nos paysans qu’ils ont toujours exploités et négligés.

À l’avenir, l’Etat camerounais sous la direction des patriotes devra rendre les criminels plus utiles et productifs pour le pays, que de les laisser être des êtres à sa charge. En prenant place auprès des travailleurs et bâtisseurs du pays, ils bénéficieront de l’accès à de bons médecins et des repas proportionnels à leur rendement.  

 

Pendant ce temps, la nouvelle équipe dirigeante du pays sous l’impulsion créatrice du nouveau chef d’Etat devrait rapidement remettre le pays debout et le bâtir solidement en créant les conditions d’épanouissement justes pour tous et en stimulant le génie qui sommeille en chaque citoyen. C’est de remords suivis de crises multiples que devraient mourir un à un les criminels déchus de l’ancien régime, éblouis par la rapidité et l’effectivité de la reconstruction nationale.   

Léon Tuam, 
Ecrivain, activiste des droits humains et enseignant. 
Boston, le 06 août 2012.

 

Cameroonvoice.com


08/08/2012
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CÔTE D'IVOIRE:LA FÊTE DE L'INDEPENDANCE OU LA FÊTE DE LA REGRESSION NATIONALE?

Côte d'Ivoire : 07 Août 2012. La fête de la régression nationale
A l’instar de plusieurs pays africains, la Cote d’Ivoire fête cette année sa 52ème année d’indépendance avec à sa tête Alassane Dramane Ouattara. La présence de Ouattara au sommet de l’Etat donne une touche particulière à cette fête.
 

A l’instar de plusieurs pays africains, la Cote d’Ivoire fête cette année sa 52ème année d’indépendance avec à sa tête Alassane Dramane Ouattara. La présence de Ouattara au sommet de l’Etat donne une touche particulière à cette fête.

Il s’agit du Président certifié par la communauté internationale, laquelle dit-on, est très attachée aux notions d’indépendance, de souveraineté. Si donc elle a fait de Ouattara, son filleul incontesté c’est certainement parce qu’il partage avec elle, les notions sus-indiquées. Or vu le mode d’accession au pouvoir de Ouattara ainsi que sa manière de conduire l’Etat, l’on se sent pressé de conclure que de l’indépendance, l’homme fort d’Abidjan n’a qu’une notion parcellaire. Cela l’a conduit à transformer la fête nationale en une fête de la régression nationale.

 

Ouattara et la notion d’indépendance


Des nombreuses définitions que nous fournissent les dictionnaires, sur la notion d’indépendance, nous retiendrons celle-ci : qualité d’un groupe, d’un pouvoir... qui n’est pas soumis à un autre, qui est libre de toute sujétion. Cette définition met en évidence les notions de liberté de décision, de réflexion, de jugement, de pensée etc. Elle englobe aussi et surtout, la notion de souveraineté.

Au regard de cette définition, il nous apparait difficile, à l’épreuve des faits, de conclure que M.Ouattara partage sans réserves la notion d’indépendance. Pour s’en convaincre, marquons un pays ferme sur l’actualité récente de notre pays en nous référant à deux moments.

 

1.    La création du RHDP


Le Rhdp, ce groupement de partis politiques qui soutient Ouattara et qui fait la promotion de celui-ci, est le fruit de l’œuvre politique de la droite française. C’est en effet à Paris, sous l’impulsion de Chaque Chirac en 1995 que ce groupement a vu le jour. Dans le fond de la pensée chiraquienne, il s’agissait de tout mettre en œuvre pour installer Alassane Ouattara au pouvoir et non Bédié ou Mabri Toikeusse encore moins Anaky Kobenan. Bédié lui avait déjà gouverné et s’il était tant aimé par le pouvoir français d’alors, il ne serait pas tombé au premier coup de fusil. Mabri et Anaky, sont des figurants de première heure, des pailles.

 

Alors que Ouattara, est l’homme de la haute finance, l’homme de la Bceao, du FMI, le filleul bien poli de la droite française. Il fallait être malvoyant pour ne pas saisir cette réalité. Lorsque Sarkosy succède à Chirac, la relation de dépendance entre Ouattara et la droite française prend l’ascenseur, elle réussit même à faire ombrage à la factice aura du Rhdp. Les médias français ont été mis à la disposition de Ouattara pour une campagne de propagande sauvage. En conclusion, la création du Rhdp signait au fond, un lien de dépendance très fort entre la France et Ouattara.

 

2.    La prise du pouvoir le 11 Avril 2011


Les conditions dans lesquelles Ouattara a été installé au pouvoir ressemblent bien, à quelques différences près, à celles que l’on a pu constater avec le parachutage au pouvoir de David Dacko en Centrafrique (1979). On notera que David Dacko a atterri à la tête de la Centrafrique grâce à l’action des militaires français (opération Barracuda). En côte d’Ivoire, c’est l’action conjuguée de la coalition Onuci-Forces Licornes qui a porté Ouattara au pouvoir.

 

La prise en otage du processus électoral par Nicolas Sarkozy agissant par le biais de ses rejetons que sont les leaders du Rhdp, a finit par imposer une guerre voulue et souhaitée par Ouattara et ses soutiens. Si Ouattara est donc au pouvoir ce n’est pas parce qu’il y est parvenu dans les règles de l’art, mais c’est bien parce que la droite française, en sa qualité de tutelle de Ouattara, a usé de tous les moyens pour remettre le pouvoir à son filleul. Dans ces conditions est-il utile de parler d’indépendance de «l’heureux élu»? C’est donc un truisme de dire que Ouattara est un homme dépendant du pouvoir français.

 

Ces deux exemples expliquent en partie, pourquoi une fois au pouvoir, Ouattara a fait l’effort de poser des actes qui portent atteinte à la dignité du peuple ivoirien. Quelles sont ces actes ?

 

Les actes constitutifs de la régression nationale


Au moment où la Côte d’Ivoire souffle ses 52 bougies, nous nous posons la question de savoir de quelle Côte d’Ivoire Ouattara parle. Visiblement, il parle de sa Côte d’Ivoire, celle qu’il a transformée de façon régressive.
La terre ivoirienne a été violée par des armes étrangères, des mercenaires étrangers, des mercenaires en cravate. Grâce à Ouattara,  une force coalisée a bombardé les symboles de l’Etat : la Présidence de la République, La Résidence du Président de la République, mettant ainsi en péril, l’indépendance nationale.

 

Pis Ouattara a réussit avec l’appui de Nicolas Sarkozy à transférer un acteur incontournable de la scène politique ivoirienne à la Haye, dans des conditions qui s’apparentent à un enlèvement. Ouattara a réussit également à fragiliser nos institutions en se faisant aider par la fameuse communauté internationale en vue d’obliger le Conseil Constitutionnel à proclamer deux chefs d’Etats différents en trois mois. 

 

C’est une grande première dans le monde. Si cela a été possible c’est bien parce que le recomptage des voix proposé par Laurent Gbagbo a été refusé par Ouattara et ses soutiens. Or cette solution a été appliquée aux Usa, en Haïti mais en Côte d’Ivoire, elle ne peut passer car notre indépendance et notre souveraineté ont été prises en otage par les USA, l’ONU, l’UE, la France, la CEDEAO, L’UA.

 

En outre, sous Ouattara, la Côte d’Ivoire est devenue le pays des blocs. Deux blocs politiques (Rhdp et FPI), deux blocs géographiques (Nord et Sud), deux blocs religieux (Musulmans et chrétiens). En un mot, la Côte d’Ivoire est plus que divisée et plus le temps passe plus les positions se radicalisent. Cette radicalisation est la conséquence de l’incapacité du pouvoir à renoncer à son orgueil pour se comporter comme un arbre sous lequel tous viennent s’abriter. C’est une telle Côte d’Ivoire décousue que Ouattara présente au drapeau national le 07 Août. Une Côte d’Ivoire qui a plusieurs milliers de ses enfants en exil d’autres détenus au nord (fief de Ouattara), à la MACA, à la MAMA, et certainement en d’autres lieux tenus secrets.

Par ailleurs, Ouattara a rendu les libertés dépendantes des aspirations du pouvoir. Comme une peau de chagrin, lentement, l’on assiste au plissement des libertés de penser, d’aller et de venir, d’association etc.  L’espace politique est devenu monocolore, un seul groupe parle, un seul groupe à les médias d’Etat, un seul groupe à le droit de rire, un seul groupe à le droit de porter des vêtements à l’effigie de son leader, un seul groupe a droit à tout : le Rhdp, coalition au pouvoir.

 

Sous Ouattara, la justice est plus dépendante du pouvoir politique que le rapport qui existe entre un nouveau né et sa mère. Seuls les pro-Gbagbo sont derrières les barreaux et pourchassés. Le Comble du ridicule est que certains sont accusés d’avoir commis des génocides (!!!) sans que les ex chefs rebelles, connus pour être d’excellents violateurs des droits de l’homme, ne soient inquiétés.


Mieux le volet sécuritaire est totalement lessivé. En effet, la sécurité des ivoiriens est confiée aux mains d’une armée tribale (dont des éléments occupent illégalement des biens privés) et des supplétifs Dozos (chasseurs traditionnels) qui ne savent manier que les fusils de chasse. Ces derniers ne se lassent pas de consumer les biens des populations ou simplement tuer certaines personnes. Nous avons encore en mémoire les tueries du camp des refugiés Nahibly, les évènements de Sanégoulifla (Sinfra). Les récentes attaques du commissariat du 17è arrondissement de Yopougon et du camp militaire d’Akouedo sont éloquents pour nous faire croire que Ouattara est incapable d’assurer la sécurité des ivoiriens.

 

A la date du 07 Août 2012 des autochtones de l’Ouest de la Côte d’Ivoire sont, en majorité sans terre, parce qu’expropriés par des colons burkinabés. Ceux-ci sont désormais des propriétaires terriens qui certainement après avoir annexés l’ouest, déposeront leurs intentions dans d’autres régions du pays.


Voici quelques actes qui nous obligent à penser que la fête nationale est devenue sous Ouattara la fête de la régression nationale. Depuis deux ans notre indépendance est devenue illusoire, le tenant du pouvoir est redevable aux fourgons français, la justice est dépendante de la volonté du pouvoir, nos libertés sont dépendantes des intérêts politiques du régime, notre sécurité est tributaire des sarcasmes d’une armée tribale, notre souveraineté est dépendante des liens visibles tissés entre les pouvoirs occidentaux et le régime ivoirien.

 

Que devons nous donc célébrer le 07 Août ? La rhétorique creuse ou la régression ? Nous penchons pour la régression nationale.

Alain Bouikalo


08/08/2012
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CÔTE D'IVOIRE:ANNIVERSAIRE DE L'INDEPENDANCE;MESSAGE DE LAURENT GBAGBO!

Anniversaire de l'indépendance.
Message du président Gbagbo

A l’occasion de la célébration du 52 ème anniversaire commémoratif de l’indépendance de notre pays, je me permets, en tant que porte parole du Président Laurent GBAGBO, de vous adresser en son nom, ce message, dans une situation que vous savez tous, particulière.
 

A l’occasion de la célébration du 52 ème anniversaire commémoratif de l’indépendance de notre pays, je me permets, en tant que porte parole du Président Laurent GBAGBO, de vous adresser en son nom, ce message, dans une situation que vous savez tous, particulière.

 

La longue marche de notre pays vers le progrès a enregistré, le 11 avril 2011, l’une des pages les plus sombres de son histoire. 

 

C’est en effet ce jour là que les ennemis de notre continent ont réussi le plus long coup d’Etat en Afrique. Des forces spéciales venues d’ailleurs, aidées par les casques bleus onusiens stationnés en Côte d’Ivoire, sont parvenues à enlever le Président Laurent GBAGBO après deux semaines d’intenses bombardements de sa résidence officielle de Chef d’Etat.

Depuis cette date, notre pays vit dans l’incertitude. De nombreux Ivoiriens sont arrêtés et détenus en dehors de tout cadre légal, tout simplement parce qu’ils sont des proches ou des partisans de Laurent GBAGBO ou présumés comme tels. L’armée nationale qui constitue avec l’école les creusets dans lesquels se forme notre nation n’existe plus. Les forces  régulières de l’Etat qui assurent la sécurité de nos compatriotes et leurs biens sont mises dans l’incapacité d’assurer leur mission régalienne. L’insécurité généralisée, la paupérisation, les graves violations des libertés, la méfiance mutuelle sont devenues les soucis quotidiens des populations. L’Etat est défaillant.

 

Notre pays a perdu les repères essentiels qui conféraient dans un passé  très récent la joie de vivre à tous, habitants comme simples passants.

 

Au moment où nos universités sont fermées ; au moment où nos concitoyens vivent dans la peur permanente justifiée par, les privations de liberté, enlèvements, tortures, meurtres, arrestations et emprisonnements extrajudiciaires ; au moment où l’insécurité est généralisée et que la cherté sans commune mesure de la vie asphyxie les ménages ; vous comprenez mieux le sens du combat du Président Laurent GBAGBO ; vous comprenez mieux pourquoi il a consacré toute sa vie politique à la lutte pour la démocratie en souffrant de toutes les injustices et des pires humiliations qu’il continue de subir.

C’est pourquoi, en son nom, je voudrais partager en ce jour solennel pour notre pays ces quelques réflexions sur la démocratie vue sous l’angle politique, économique et sociale en symétrie rapport avec ce que vit notre pays.

•    La démocratie politique


Elle est celle qui conditionne tout  le reste. Pour elle, le Président Laurent GBAGBO et de nombreux démocrates ont connu la prison maintes fois. Nous devons au président GBAGBO le retour au multipartisme par lequel la plupart des partis politiques ivoiriens existent. Au surplus, pour soutenir sa passion pour la démocratie, le Président Laurent GBAGBO a impulsé des reformes majeures au profit des partis politiques dont en particulier leur financement sur le fonds publics.

 

Le Président Laurent GBAGBO reste convaincu que la démocratie constitue l’unique voie qui assure le rapprochement des populations ivoiriennes  diverses par leur cultures, mais toutes unies par un destin commun.


 La démocratie va au-delà des changements mécaniques des animateurs des différentes institutions de la République à des échéances régulières. Ces changements n’ont de sens que lorsqu’ils participent de l’intégration des consciences individuelles en une conscience collective portée, par un mouvement qui perpétue et raffermit le sentiment d’appartenance de chaque membre de notre communauté, à un destin commun.

 

La démocratie est donc avant tout, un esprit qui tout en se construisant, consolide le contrat social. Son but final est de pacifier les rapports entre les différentes composantes de la société. Elle est entretenue par des institutions républicaines qui, par le sérieux de leurs actions, inspirent confiances aux citoyens.     

 

Or le moins que l’on puisse dire, c’est que ce qui nous est donné d’observer depuis plus d’un an contraste avec l’idéal démocratique que le Président Laurent GBAGBO nourrit pour son pays. A dire vrai, la démocratie politique est  en net recul en Cote  d’Ivoire. L’instrumentalisation à outrance de la justice pour servir l’unique cause des tenants du pouvoir, la manipulation des ethnies et la recherche permanente de l’humiliation de l’adversaire politique ont détruit tous les acquis démocratiques des longues années de lutte menée par le Président Laurent GBAGBO et les nombreux démocrates ivoiriens.

 

Comme vous le savez, la date du 07 août 1960, dont nous commémorons aujourd’hui l’anniversaire est à la fois fierté et sacerdoce pour chacun des filles et fils de notre pays. Notre responsabilité vis-à-vis de notre pays et de notre peuple exige de chacun de nous un abandon de soi pour l’intérêt de la collectivité. C’est de la défense collective du plus petit droit ou intérêt de chaque membre de notre communauté, que nous prenons conscience de l’unicité de notre destin.

C’est pourquoi, nul ne peut accepter ce qui se passe sous nos yeux dans l’ouest de notre pays. L’occupation des terres par les nouveaux colons venus d’ailleurs est une atteinte à un  droit fondamental de nos compatriotes. En effet, le droit de propriété est l’une des causes de notre vie en communauté dont la Constitution de notre pays consacre la protection. Il nous faut, dans un élan de solidarité, avec discernement et détermination et dans le respect des lois de la République, mettre fin à cette gangrène qui pourrait atteindre si l’on n’y prend garde, d’autres régions de notre pays.

 

Le Président Laurent GBAGBO privilégie en toutes circonstances les solutions légales. Il n’y a de solution durable à nos problèmes que dans la juste application de la Loi. 

 

C’est à l’Etat de veiller au respect des droits des citoyens et lorsque l’Etat faillit à cette mission, il laisse libre cours aux déchainements de toutes les passions. Or, Tout donne à penser que les autorités ivoiriennes ont décidé de diriger l’Etat avec la carte électorale des dernières élections présidentielles. Les droits des citoyens sont stratifiés d’une région, à une autre, d’une communauté à une autre en tenant compte des résultats des dernières consultations électorales d’octobre et de novembre 2010. Les uns ont droit à la protection de l’Etat, les autres en sont tout simplement privés. Dans ces conditions, comment l’Etat peut-il assurer la cohésion sociale indispensable au progrès économique tant attendu par notre peuple. 

•    La démocratie économique


Elle est celle qui garantit à chacun la liberté d’entreprendre. C’est pourquoi, dés 1992, l’économie sociale de marché a été le choix idéologique du Président Laurent GBAGBO et de son parti, le FPI. Le Président Laurent GBAGBO a œuvré de façon ardue à améliorer les conditions de vie des populations. Ayant hérité en 2000 d’un pays en rupture totale avec les partenaires internationaux au développement, il avait très rapidement pris la mesure de l’impossibilité de faire des investissements importants sans régler la question de la dette.

Le stock de cette dette monumentale accumulée par ses prédécesseurs se chiffrait  en 2000, à 6 326 milliards FCFA et le service était à 678 milliards de FCFA (soit 7100 milliards de FCFA). Il faut y ajouter les montants des aides internationales détournées. Il a mis un point d’honneur à son apurement. C’est ainsi que grâce à sa politique, la Côte d’Ivoire a pu renouer les relations avec la communauté financière internationale. La « Côte d’Ivoire is back », aimions-nous dire. Il avait repris le dossier du PPTE à son compte. Dés 2002, le pays était en passe d’atteindre le point de décision lorsque la rébellion armée dont les auteurs et autres acteurs immédiats ou lointains sont connus de tous, est venue compromettre tout le processus.

Signalons au passage que notre dépendance vis-à-vis de l’extérieur avait été réduite par la maitrise des dépenses publiques et par l’augmentation substantielle de nos recettes propres dans le cadre du budget sécurisé, grâce à une gouvernance qui tranchait avec le népotisme et le tribalisme. La confiance rétablie avec les partenaires au développement avait permis à notre pays de bénéficier d’un appui sous forme de dons pour le financement de certains grands travaux. Pour mémoire, l’échangeur de la riviera deux, le pont de jonction entre la 8eme et la 7eme tranche des deux plateaux,  la route qui relie le plateau Dokui au  boulevards des martyrs a partir d’Angré ainsi que les travaux d’agrandissement de la route qui mène a Abobo en passant par le zoo, étaient en cours de réalisation pour les uns et programmés tout juste après les élections pour les autres. Tous les financements étaient disponibles grâce aux dons de la Banque Mondiale.

En ce qui concerne le troisième pont, le Président Laurent GBAGBO qui ne le souhaitait pas à péage, avait opté pour un montage financier soutenu en grande partie par les recettes propres de la Côte d’Ivoire. Toutes les sources de financements avaient été identifiées et des sommes consistantes avaient déjà été mobilisées sur un compte ouvert à la BNI. Les travaux de l’autoroute du nord se poursuivaient à la grande fierté de tous les voyageurs qui passaient par Yamoussoukro. A Abidjan, était en construction un très grand hôpital dans la commune de Cocody dans le quartier ADJIBI.

Cet établissement sanitaire de très grande dimension complétait un renouvellement des plateaux techniques des centres hospitaliers avec l’acquisition de scanner et d’imagerie à résonnance magnétique(IRM), la première en Cote d’Ivoire. En février 2011 devrait se poser dans l’enceinte du CHU de Cocody, le premier centre de médecine nucléaire dont le financement avait également était prévu dans le budget 2011. Ce rappel de la politique menée par le Président est nécessaire pour éviter que les sons de ‘’vuvuzela’’qui accompagnent chaque pose de pierre faite par les tenants actuels du pouvoir ne cachent  la vérité à nos compatriotes. Mais ce rappel doit interpeller chacun de nous sur le sort injuste que l’on veut imposer à celui qui a tout donné pour assurer une vraie indépendance à son pays et à son peuple. 

Malheureusement depuis plus d’un an, la dette connaît à nouveau un grand dérapage dans un contexte où la Côte d’Ivoire est bloquée ; l’économie est bloquée ; le chômage, les licenciements et la paupérisation s’intensifient quotidiennement. Des secteurs stratégiques de notre économie sont à nouveau cédés aux puissances d’argent à un franc symbolique, comme se fut le cas il ya une vingtaine d’années. Le foncier rural, l’un des boucliers de notre souveraineté sur notre patrimoine ancestral est en danger. Dépossédant les propriétaires de leurs terres, des nouveaux maîtres des lieux s’installent par la force dans l’indifférence de l’Etat. La loi sur le foncier rural, adoptée consensuellement, après des tournées nationales des élus, toutes tendances confondues, en 1998 est en passe d’êtres révisée.

•    La démocratie sociale

Elle est, enfin, la troisième forme fondamentale de démocratie ; celle qui garantit à chacun la liberté d’expression, de culte, d’organisation et d’association ; la liberté tout court. Le Président Laurent GBAGBO a œuvré avec son parti, le FPI, à garantir le respect de ces libertés individuelles (liberté d’expression sans laquelle l’homme ne peut s’épanouir) et collectives (libertés d’association se traduisant par l’application pleine et entière des dispositions de la loi 60-315 du 21 septembre 1961). Sous son régime, aucun citoyen ou aucun journaliste ne s’est retrouvé en prison pour ses opinions ou pour ses écrits.

Aujourd’hui par contre, des leaders politiques, syndicaux ou associatifs, des journalistes font l’objet de violences, d’enlèvements et d’embastillements. Les détenus politiques, civils et militaires ne se comptent plus dans notre pays. Des milliers d’autres Ivoiriens, contraints à l’exil tentent de survivre loin de leur pays. Les responsables syndicaux et autres leaders de la société civile, habituellement si actifs, n’osent plus véritablement élever la voix, craignant pour leur sécurité et leur vie.

Depuis plus d’un an, non seulement aucune amélioration n’est apportée aux conditions de travail et de vie de nos travailleurs, mais pire, les avantages sociaux justement accordés par le Président GBAGBO aux travailleurs leur ont été tout simplement retirés. Malgré la crise, les partenaires sociaux et leurs syndicats professionnels sont témoins de ces reformes et de ces acquis en faveur de la quasi-totalité des corps d’emploi de fonctionnaires, pour un coût  total de 325 599 108 814 FCFA. Les reformes réalisées, c’est-à-dire avec une incidence financière effective sur le salaire de la plupart des fonctionnaires bénéficiaires, se sont chiffrées à 143 223 170 005 FCFA ; entendu, d’accord partie, que le reliquat, soit 182 375 938 809 FCFA, devrait être pris en compte dés l’atteinte du point d’achèvement de l’initiative PPTE.

Le pays vient de l’obtenir récoltant ainsi les fruits du travail acharné du Président Laurent GBAGBO le sacrifice consenti par nos travailleurs et par notre peuple. Au nom de la continuité de l’Etat, ces engagements doivent être respectés. Les travailleurs ivoiriens le méritent amplement, car c’est eux qui ont supporté le poids pendant plus de 30 ans les effets du surendettement de la Côte d’Ivoire. La Cote d’Ivoire ne peut plus continuer de servir que la misère à son peuple.

Ivoiriennes, Ivoiriens, Frères et sœurs,

Depuis le 11 avril 2011, notre pays présente un visage hideux entretenu par la haine entre nos populations, un pays ne peut avancer sur le chemin du développement sans s’appuyer sur des institutions politiques solides et une cohésion sociale forte. C’est le devoir de chaque ivoirien et de chaque ivoirienne, d’œuvrer à la construction de la paix.

 

Mais c’est à l’Etat qu’il incombe l’impérieux devoir de créer les conditions de justice sociale qui rassure les citoyens de leur unité de destin. Aucune partie de notre population ne doit se sentir brimée. C’est pourquoi, les derniers évènements de Nahibly ou plusieurs centaines de personnes ont été tuées dans leur camp sont inacceptables. La Côte d’Ivoire doit s’engager dans une réconciliation vraie. A ce propos, il m’importe de rappeler la dernière phrase publique du Président Laurent GBAGBO le 11 avril «  que les armes se taisent pour que la résolution de cette crise rentre dans sa phase civile et politique. »


Tel est toujours son état d’esprit qui, comme l’on peut se rendre compte, reste totalement engagé à la recherche d’une solution politique qui réconcilie les ivoiriens entre eux. Mais comment peut on envisager cette réconciliation lorsque lui et les siens sont soit en prison soit en exil. Notre pays est dans l’impasse et c’est ensemble que nous devons la faire sortir dans un élan de solidarité qui exclu la recherche permanente de l’humiliation de l’adversaire politique.

 

L’enfermement du Président Laurent GBAGBO est à la fois une humiliation pour la Côte d’Ivoire et aussi pour l’Afrique et ne peut en aucun cas participer à  la réconciliation du pays.

 

 Se rendre compte de cette évidence c’est fait preuve d’une hauteur d’esprit, qui est la marque très rare des grands hommes. La Côte d’Ivoire notre patrie a les hommes et les femmes qu’il lui faut pour la faire sortir de la mauvaise passe qu’elle traverse. Il suffit de croire seulement en nous. Bonne fête d’indépendance à tous et à toutes. 
Que Dieu bénisse la Côte d’Ivoire.

Pour le Président Laurent GBAGBO 
Son Porte Parole Le Ministre KONE Katinan

 

Source:Cameroonvoice.com


08/08/2012
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LA RESISTANCE POPULAIRE ET UNITE NATIONALE POUR SAUVER LE PAYS!

RESISTANCE POPULAIRE ET UNITE NATIONALE PAR LAURENT DESIRE KABILA

Notre peuple se défend. Je suis très heureux que vous tous avez pri conscience de la gravité de la situation pour nous mettre tous ensemble. Tous les partis politiques confondus chez nous, tous les Congolais se sont mis ensemble dérrière le gouvernement. Ils m’ont soutenu, je dois l’avouer très sincèrement; et je ne sais pas ce que je ferai pour les rendre ce qu’ils ont fait pour moi (applaudissements). 



MZEE KABILA, LE SOLDAT DU PEUPLE DONNE SES ASSURANCES AU PEUPLE POUR UN DEVELOPMENT AUTO-CENTRE DU CONGO ET POUR UN PROGRAMME DE RECONSTRUCTION NATIONALE 

Mais ce que je dois vous assurer c’est que je suis un soldat du peuple, et je ferai mon devoir jusqu’à mon dernier jour. Je veux que mon pays soit totalement libre; et en tous cas, c’est un pays moderne qui se dévelope, où sur le plan social, tout doit être transformé même au village (applaudissements), parce que beaucoup de nos élites, beaucoup d’intellectuels, beaucoup de citadins, les gens de ville qui sont habitués à la ville ont peur de rentrer dans les villages. C’est parce qu’il n’y a pas de vie là-bas. Nous, nous sommes engagés dans un programme de reconstruction et cela a porté fruit. Et tout cela sans l’assistance extérieure, parce que les habitudes politique en Afrique, c’est qu’on doit attendre de l’aide de la France, des États-Unis, de l’Union Européenne, de la Banque Mondiale, de ceci, de cela… 

Mais nous, nous avons dit depuis quand nous étions des (sous–traitants?). Nous disions que l’autre lutte sur la lutte de l’intelligence contre la force brute (applaudissements). Nous disions alors dans un congrès au maquis en 1976, que parce que nous avons tout dans notre pays, nous ne pouvons même pas aller demander de l’aide. Il faut utiliser l’intelligensia nationale pour transformer tout ce que nous avons (applaudissements). 

Ainsi donc lorsque nous sommes arrivés au pouvoir, forts de cette conviction là, et jusqu’aujourd’hui, nous essayons de transformer nos richesses, notre monde, l’environement, économique, social, culturel avec l’argent de notre pays. On a jamais réçu un seul sou d’ailleurs. Et voilà qu’ils sont mécontents. 

SUR LA SERVITUDE DE LA BANQUE MONDIALE 

Il ne manque pas à la Banque Mondiale, ils viennent avec des plans qu’ils ont toujours présentés pendant 37 ans du régime de l’autre. Toujours le même plan. Et la classe politique de la Deuxième République, de connivence avec ceux qui venaient de l’extérieur, pillait le pays et achetait des villas en Europe et aux États-Unis. Ils auraient peut être bien fait de voler en Europe pour aller construire là-bas au pays. Et comme on ne voulait pas continuer avec cette culture, celle de voler chez toi et d’amener ailleurs; et on ne voulait plus autoriser que l’on pille sans payer les taxes, sans laisser des infrastructures derrière, là où vous investissez. Avec l’arrivée du gouvernement de Salut Publique, nous devions à la fois inverser les priorités et même réglementer le jeu de l’exploitation du pays. Ça n’a pas plu à tout le monde. C’est ainsi donc que nous avions commencé une période très difficile, caractérisé par des incompréhensions à l’extérieur. 

La Banque Mondiale est venue avec le même plan, moi j’ai dit «NON», nous avons notre plan à nous, c’est nous qui souffrons. Nous connaissons de quoi nous souffrons. Nous allons faire un plan pour resoudre notre problème. 

Ils m’ont dit” «Ou est ce que vous aurez de l’argent?» 

Moi j’ai dit: «On va l’avoir ici. Le Congo est riche.» Et nous avons fait cela, nous avons notre plan. Il est bien. C’est un plan qui doit developer notre pays. On les a demandés: «Messieurs, nous voulons aussi des autoroutes, tous ces ambassadeurs qui étaient là, parce qu’ils étaient tellement habitués à appeler des ministres, etc., moi j’ai dit: «Attention! Mes ministres ne sont pas des garçons de course (applaudissements). Il faut laisser les ministres resoudre les problèmes du pays. Si vous allez continuer à les appeler la nuit, les coups de téléphones, qu’est ce que vous traitez avec eux. Chez vous, nos ambassadeurs ne peuvent pas faire ça. Nous ne sommes pas capables d’appeler les ministres belges , Français ou Américains qui doivent aller chez l’ambassadeur Congolais qui doit leur dire des choses qu’ils doivent faire. Et si vous ne faites pas là, chez moi je ne veux pas!» 

Mais ils trouvent ça stipude, arrogant! Moi je dis: «Mais c’est pourtant la vérité!. Chez vous ça part bien, Ça doit aussi partir bien chez nous. Ne nous immixer pas dans nos affaires.» 

Alors, ils me disent: «Comment est ce que vous allez avoir de l’argent? Vous ne fairez même pas trois mois!» Moi j’ai dit: «Trois mois?! Mais je ferai plus que trois mois! (applaudissements).» 

SUR LE PLAN TRIENNAL DE RECONSTRUCTION NATIONALE 

Ainsi vous connaissez, nous avons préparé un bon plan de reconstruction du pays. Ils m’ont dit qu’il faut aller le défendre à Bruxelles. Moi j’ai dit: c’est vrai? Oui! On a envoyé une délégation à une conférence qu’ils ont appélé «La Conférence des Amis du Congo». J’ai dit à mes ministres: «Allez-y, defendez votre plan. S’ils vont donner de l’argent, c’est bien» Mais moi je les ai informés qu’ils n’auront pas de l’argent parcequ’ils savent bien que nous ne sommes pas entrain de servir leurs intérêts! Si nous étions entrain de servir leurs intérêts, ils donneraient quelques primes d’argent pour nous corrompre. Pas pour déveloper le Congo. Alors maintenant , il faut un choix: ou vous êtes pour le peuple, acceptez de rentrer sans argent, ou vous êtes pour eux, bouffez l’argent, rentrez trahir votre peuple. C’est fini! 

Ils ont apprécié le plan, ils ont commencé à faire des éloges: «Oh là là! C’est le prémier plan cohérent qu’ait présenté ce pays là.» Moi j’ai dit: «Hm, toutes les années, Mobutu ne faisait pas de plan? Si c’est le premier, c’est mieux!» Ils ont dit que c’est un plan cohérent, ceci, cela, mais il faut travailler avec la Banque Mondiale, il faut travailler avec ceci… Ils sont revenus. On a ouvert un «Trust Fund», un compte commun, c’est-à-dire un pannier où ils vont jetter de l’argent. Jusqu’aujourd’hui, le ministre du plan ici me disait: «Président, ici il n’y a que 13 millions. 13 millions et encore que nous n’avons pas le droit de toucher à ces 13 millions, parce que pour toucher, il faut que nous puissions justifier d’abord notre situation des violations des droits de l’homme; et il faut qu’il y ait [la signature] de ce pays Scandinave là, la Suède qui préside l’Union Européenne, et les autres, et les autres…, et nous mêmes, nous sommes nul part! Et ils veulent dire dans quel secteur cet argent doit être utilisé. 

Moi j’ai dit alors dans ce cas ils peuvent oublier. S’ils veulent nous contrôler de cette façon là, on a pas besoin de cet argent. 13 millions c’est quoi? D’abord, ils me disaient que c’était 84 millions. Moi j’ai dit à tous les ambassadeurs de l’Union Européenne: «84 millions pour le Congo, c’est quoi?! Nous avons beaucoup de moyens de faire sans cela! Et nous avons beaucoup de moyens de le faire sans vous! Sans cet argent là! Et nous ne voulons pas des conditions!» En tous cas, je leur ai dit: «Allez avec votre argent! Nous continuons et nous avons plus que 100 millions, plus que le pannier des autres. Encore nous n’aurons pas le droit de décider sur l’utilisation de cet argent!» 

LES MEDIAS OCCIDENTAUX, CAISSES DE RESONNANCE DES PAYS AGRESSEURS ET DES SUPERPUISSANCES 

Vous voyez que ce sont des blah, blah…! Ils se sont trop familiarisés avec l’Afrique, ils jouent avec nous comme des gamins. Mais cette fois-ci, quand ils ont vu que le Congo est devenu majeure, reaction? – la haine. La haine! Nous n’avons rien contre les Américains, les Européens, les ceci, les cela. Mais vous mêmes, vous écoutez RFI et les autres. Quelle campagne?! Quelle bassesse?! Ils ne font qu’accuser le Congo tout le temps: «Tout ne va pas, il n’y a pas ceci ou cela!». 

Mais ça va quand même bien sinon le peuple ne se serait pas leagué autour du gouvernement. Cette fois-ci, le peuple a compri que la politique [que nous faisons], c’est la siènne. Nous, nous ne sommes que des executants fidèles. C’est tout! C’est pourquoi tout le monde au Congo tend à se mettre ensemble avec la direction du pays pour que nous puissions arriver à notre objectif. Cette fois-ci, parce que la guerre est venue s’intercaller sur notre marche avant, nous avons une priorité d’écraser les envahisseurs. Et je vous avoue qu’ils seront écrasés (applaudissements). Chaque jour qui passe, ils deviennent de plus en plus faibles. 

Bien sure, les radios étrangères qui leur sont favorables, parce que c’est par l’intermédiaire de ces pétits pays là, les deux, le Rwanda, l’Ouganda, qu’on voulait piller le grand Congo! Et, lorsque nous pensons, maintenant, est ce que nous avons déjà accompli ce que nous avons promi à nos compatriotes? – c’est parce qu’ils nous ont pri au depourvu, ils nous ont pris par surprise. Nous nous croyions qu’ils étaient des pays amis, mais ils avaient dépuis plusieurs mois amassé des armes, fait l’espionnage, ils ont préparé la guerre pendant sept mois. Maintenant c’est connu, c’est publié dans tous les journaux occidentaux: le complot contre Kabila, les Rwandais du Congo, sept mois de préparation de guerre et la main des États-Unis derrière, et des autres, comme toujours, comme toujours! Ils n’ont jamais voulu le bonheur et l’indépendance de notre peuple! 

L’ALTERCATION AVEC LA SECRETAIRE D’ETAT AMERICAINE MADELEINE ALBRIGHT 

Mais moi je me suis toujours vu avec leur Dame là, Madeleine Albright. Je lui ai dit: «Madame, vous vous rendez compte! Quand on a déclenché le fameux coup d’état là , le lendemain, c’est elle qui sonne pour dire que Monsieur Kabila, nous ne sommes pas d’accord avec l’extermination des Tutsi. Le lendemain du coup d’état!» 

Moi j’ai dit: «Ou est ce que vous les aviez vus exterminés? Vous êtes mal venue! Ces agresseurs viennent nous agresser et vous, vous dites que nous sommes entrain de les exterminer?! Vous voulez donc qu’on croise les bras pour qu’ils viennent faire ce qu’ils veulent. C’est vous qui les aviez envoyés en mission ou c’est quoi?! Et j’ai coupé le téléphone! (éclats de rires). J’ai cru qu’il ne fallait pas continuer à m’expliquer… et elle va crier partout: oh, il a coupé le téléphone, il était nerveux, ceci, cela…» 

Comment voulez-vous que les gens viennent nous tuer, nous on se défend, vous me dites que je suis génocidaire! C’est quoi?! Qu’est ce que ça signifie? Alors mieux vaut ne pas parler!!! 

Aujourd’hui, le Congo ne peut jamais baisser les bras et ne pas se défendre. Nous avons expliqué profondement ce que je viens d’expliquer ici solennellement à beaucoup de pays Africains qui ont compri, parce que beaucoup d’autres étaient trompés par la diplomatie beaucoup plus active de Museveni, fondée sur le mensonge, sur la distortion de l’histoire: comment le Kivu appartenait à tel [Royaume Tutsi] à ceci, à cela… des choses qu’il ne faut même pas écouter. 

Le Congo est donc en guerre, et nous sommes entrain de nous mobiliser totalement. Et vous qui êtes ici, la preuve est qu’il y a la fête ici, et vous venez écoutez les nouvelles du pays, moi je veux vous dire que les nouvelles sont très optimistes, elle sont présentes. Bien que les ennemis soient encore à Kisangani, mais encerclés et entrain de se battre partout, partout, les peuple est entrain de prendre conscience [les Boyomais ne cessent de le dire: les Tutsi ne passeront pas! Kagame ne passera pas!]. Il y a des gens qui prennent des flêches, des lances, et qui avancent. Le peuple se mobilise. Naturellement, lorsqu’ils sont venus, ils ont pillé l’ouest, Matadi, vous avez entendu, ils ont dérangé les installations d’Inga, ce sont des jaloux. Ils ont incendié les installations de Socir… tout réprend maintenant. On réprend. Et nous avons plusieurs prisoniers de guerre de ces gens. Quand ils prétendent qu’il n’y a rien de Rwandais, mais je vous avoue que ces gens sont des sadiques, parcequ’on a tout, les prisoniers sont là, les preuves sont nombreuses… 

LE CONGO N’EST PAS CONTRE LES ETATS-UNIS, IL N’EST PAS A VENDRE NON PLUS 

Le malheur est qu’un grand pays comme les États-Unis n’a pas pu condamner ouvertement l’agression de ces gens là contre le Congo, la violation de nos frontières, de la souverainété de notre pays. Alors, nous ne sommes pas d’accord avec eux, Ce n’est pas le gouvernement Congolais qui est contre les États-Unis, c’est ce pays, les États-Unis qui sont contre le peuple Congolais, parcequ’ils prétendent être le pays le plus grand et le plus fort du monde. Et ils s’appellent quoi, leader du monde. Alors s’ils sont leader du monde, il faut partager la justice, non! Mais lorsque le Congo est agressé, ils viennent et ils vous disent que vous, vous êtes mauvais, vous comprenez?! Mais nous sommes agressé chef! (éclat de rires). Un tel chef, on ne peut pas l’accepter! Nous sommes agressés, mais ils nous disent, non, non, non la démocratie, vous ne voulez pas la démocratie. Mais nous parlons de l’agression. Et les agresseurs sont-ils démocrates parce que vous les soutenez?! Oh non, nous leur disons, vous savez… et ils sautent sur un autre sujet. 

Donc nous ne sommes pas contre les occidentaux. Mais nous ne sommes pas d’accord avec eux lorsqu’ils ne veulent pas que les intérêts de notre peuple soient défendus. Ça sera ainsi jour pour jour jusqu’à ce qu’ils changent. Nous, nous n’avons rien à changer (applaudissements). Changer pour mettre quoi! Ils ont tout, nous n’avons rien, alors que nous sommes plus riches que la Belgique, que la France… Comment se fait-il que nous soyons à la queue de l’histoire et nulle part (applaudissements). Mais ce n’est pas possible. Et ils nous trouvent fous parce qu’on peut pas se déveloper s’ils ne nous donnent pas de l’argent. Je vous avoue que c’est faux! Nous avons tout, nous leurs vendons et ils viennent en masses, ils veulent investir. Ils disaient qu’il n’y aura pas un seul investisseur qui sera là! Mais nous en avons beaucoup! Ils viennent. Ils ont inauculé l’appétit de guerre dans les veines des autres pour nous empêcher de continuer avec notre programme. Et maintenant ils se rendent compte qu’ils ont échoué. Et maintenant, ils vont repartir sur les accusations de la démocratie. Oh, nous ne sommes pas démocrates. 

SUR LE PROCESSUS DE DEMOCRATISATION 

Mais, écoutez, mes frères et soeurs, vous connaissez l’histoire de notre pays?! Nous avons pri le pays en main et nous avons dit que nous ne ferons que 24 mois, c’est-à-dire deux ans, et puis la démocratisation va suivre. Et tous les autres qui ont le pouvoir, ont fait 5 ans, 10 ans [Museveni a fait 10 ans d’abord sans organiser les élections]. On ne leur demande pas des comptes de démocratie. Chez nous quand j’avais juste pri le pouvoir, oh élections! Ils me disent, oh élections, démocratisez maintenant. Mais il y a un mois, deux mois, les gens ne sont pas bien assis, le pays est completement détruit, mais il faut remettre des strictures en place! 

Ils me disent après deux mois, oh, associez les autres. Prenez au moins quatres partis. Mais vous choisissez sur quelle base de critères. Et quels autres? Ils étaient ici, ils ont fait la fête, toutes les fêtes des conférences nationales souveraines [suivi d’une transition de 7 ans qui a connu 10 gouvernements d’union nationales sans une démocratisation quelconque de notre pays. Le dictateur était toujours là], des histoires comme ça, mais c’était leur fête! Tant que je n’étais pas avec eux, je ne peux pas les inviter. Il faut que je considère d’abord notre propre situation et puis, nous verrons après. Deux ans, ce n’est pas une longue période. Ils peuvent patienter! Mais ils ont fait beaucoup, beaucoup de bruits autour d’une certaine dictature qui se construisait au pays. La preuve est que le peuple a vu qu’il n’y a pas de dictature, ce sont les soldats du peuple qui se battent pour qu’il n’y ait plus de dictature occidentale. C’est ce que le peuple a decouvert, parce que tout ce que nous faisions était dans le but d’amener le peuple sur le chemin des élections. Mais il faut un temps. 

N’importe qui aurait pri le fameux Zaire là, la tête du fameux Zaire là aurait besoin de deux ans avant d’organiser les élections. Eux-mêmes, les occidentaux le disaient d’ailleurs: «Oh celui qui va prendre la tête du Zaire, on ne sait pas comment il va s’en sortir.» Et ils voulaient bien se laver les mains, parcequ’ils voulaient bien être de la partie, c’est-à-dire, faire la fête avec ceux qui vont prendre le pouvoir, parce que sans eux, le Congo ne peut pas se reconstruire. Ils se voyaient déjà se partageant les cadeaux [se dit de Bechtel], qui va prendre le Kivu pour l’or, etc., ils voulaient beaucoup plus promouvoir leurs propres plans, mais sans le plan du peuple Congolais. Ils étaient tous occupés à dire: «Nos intérêts, nos intérêts, nos intérêts!» 

Et moi je vous avoue que tous ces messieurs me connaissent bien. Moi je leur ai dit: «Comme moi je n’ai pas de chef, je n’ai que mon peuple, je ne donnerai à personne les intérêts de mon peuple!» (applaudissements). On nous a laissé entendre, les intérêts de ceci, les intérêts de cela… [les intérèts des États-unis, de la France, de la Belgique, du Canada, de la Grande Bretagne…]. Moi je leur ai dit: «Commencer par demander: quels sont les intérêts du peuple Congolais? Ou sont-ils?». S’ils disent: «Oh, écoutez ceci…», moi je dis: «Dites-moi, est ce qu’il y a les intérêts du peuple Congolais aux États-Unis qu’il faut défendre là-bas? (rires et applaudisements). S’il n’y en a pas Congolais, nous devons faire de même, nous défendons nos intérêts d’abord, et uniquement nos intérêts! Les autres ont des associations des échanges, de commerce, c’est fini! 

Mais comme ils n’ont jamais vu un tel régime, ils viennent avec des démocraties, démocraties, démocraties. Et nous sommes préparés à aller vers les élections. J’ai appri avant-hier lorsqu’on m’a donné les minutes de sécurité de ses amis là. Ils disent maintenant: «Oh voilà, Kabila est trop fort – je ne sais pas comment je suis trop fort – que le peuple est derrière lui [attention il faut le suivre]. Maintenant il va dire qu’il aille aux élections (éclats de rires).» Mais nous ne disions pas que nous n’allions pas aux élections. C’était prévu. Nous avons un calendrier, nous devons l’appliquer. Maintenant, ils trouvent que c’est trop tôt (éclats de rires), ils trouvent que c’est trop tôt, déjà ils commencent des critiques et ils disent, au lieu des élections, il faut la «Table Ronde.» 

LAURENT DESIRE KABILA A DIT «NON» A LA TABLE RONDE DES COMBINES POLITICIENNES, PAREILLE A CELLE DE SUN CITY 

La «Table Ronde», c’est-à-dire, il faut des combines politiciènnes où le peuple ne verra pas claire, il n’y aura pas de démocratie, ils veulent seulement le groupe de Kabila, les autres avec lesquels il devait se mettre ensemble, parcequ’ils écrivent même des lettres pour dire: appelez l’UDPS, appellez Boboliko, Le Palu, les ceci, les cela… et nous allons en conciliabules, dans des pétites réunions là pour se partager le gateau, les portefeuilles de l’État, pour dire, oh c’est comme ça, vous prenez un tel portefeuille, moi je prend ce portefeuille, ainsi de suite. Et le peuple?! RIEN! C’est ça qu’ils appellent «Table Ronde». Et nous, nous repondons: «Table Ronde?! Mais il faut que le peuple décide. Nous irons vers les élections, chaque parti doit avoir son programme, et le peuple va trancher.» 

Maintenant, ils ont peur d’aller vers les élections. Ils disent «Table Ronde», il veulent deux ans encore du gouvernement, ils veulent être autour de moi, c’est ce qu’ils vous disent, c’est ce qu’ils vous proposent (NON, NON, NON, PAS AVANT LES ELECTIONS, repond vivement l’assemblée). 

Vous avez raison! Mais ces messieurs sont très actifs à écrire des lettres à tout le monde, y compri les alliés, pour dire: «Voilà, demandez au Président Kabila qu’il vous écoute pour qu’il y ait une «Table Ronde». Tout le monde écrit des lettres à commencer par Tsisekedi qui ne se fatigue pas! (rires et appluadissement). C’est vous qui allez décider. Mais notre position est que les combines politiciènnes ne font pas du bien pour le peuple [comme l’après Sun City le démontre d’ailleurs! L’histoire donne enfin raison à Laurent Désiré Kabila!]. C’est justement écarter le peuple du pouvoir et un groupe de politiciens que l’extérieur va continuer à manipuler qui va être aux affaires. Et le peuple n’aura rien. Alors, maintenant nous disons: «NON, NON, NON! Nous devons rester attachés à notre peuple. Nous ne devons pas trahir notre peuple. » 

S’ils ont peur des élections, c’est leur affaire, ce sont eux qui demandaient les élections. Pas de combines, allons nous présenter devant vous. C’est à vous de dire si vous voulez les divisions, si vous voulez qu’on soit les esclaves des autres, ou si vous choisir votre bonheur! C’est ça le problème capital qui se trouve là-bas. On doit trancher entre les combines politiciènnes que nous, nous rejettons completement, parce que cela va nous amener dans des ambassades: les États-Unis disent ceci à ce groupe! La France a ses profs! Ça c’est pro-belge! Ça c’est pro- quoi! Et cette fois-ci parce qu’ils ont cherché les «pros, pros, pros», et ils n’en ont pas trouvés dans mon gouvernement, ils se trouvent surpris: «Ah, cet homme est seul comme ça!» 

Seul?! Mais je suis avec le peuple! C’est ça! Et ils ont peur maintenant! Ils n’aiment pas des dirigeants qui ont vraiment l’appui du peuple parce que ça, ils ne contrôlent pas! Et pourquoi ils veulent nous contrôler quand nous on ne peut pas les contrôler. Il faut toujours se poser des questions. 

Nous pensons que nous sommes dans la bonne voie, que s’il s’agit maintenant d’aller aux élections, nous nous y employons, pour que tout le monde, tout le monde, y compri les Tsisekedi et les autres, aillent voter là-bas. Et qu’ils soient peut-être élus. Si nous partons aux élections, nous on joue le jeu démocratique. L’armée c’est l’armée du pays, et on leur laisse le tout. Nous rentrons dans nos villages et nous continuons à vivre comme les autres. Mais, on ne peut pas accepter de ne pas aller demander le vote du peuple, qu’on accepte que les étrangers nous disent: «Non, faites la «Table Ronde» entre vous…» Mais ces étrangers, vous n’êtes pas fatigués de ces gens là?! 

LE TESTAMENT DE MZEE LAURENT DESIRE KABILA 

«Toujours, toujours, quand les choses veulent bien aller, il y a des étrangers qui viennent. Mais, maintenant avec le Congo actuel, je crois qu’ils n’ont pas grand espoir, ils ne parlent que d’ASSASSINAT, ASSASSINAT, ASSASSINEZ!

 

Mais moi je suis prêt à tout! Eh! J’ai choisi mon camp, c’est le camp populaire.

 

Je ne trahirai pas mon peuple. L’assassinat ou quoi ça ne va rien changer. Et maintenant encore que le peuple a pris conscience, beaucoup de centaines, de milliers de jeunes hommes à Kinshasa et dans toutes les autres provinces, prennent conscience. Alors je pense que notre mission, bien que non encore accomplie, mais elle est entrain de s’accomplir: la prise de conscience de ce peuple qu’il est un et indivisible.Qu’on ne le divise pas avec des partis politiques qui n’ont aucun programme.» 


SUR LES ELECTIONS VRAIMENT NATIONALES LIBRES ET TRANSPARENTES 

Ces partis étaient toujours là, qu’est ce qu’ils ont changé? Et maintenant, ils ont peur d’aller au vote. Et qu’est ce qui se passe finalement parce qu’ils ont voulu la démocratie? Mais nous préparons. J’espère qu’il y aura à la date prévue, les élections chez nous. Et nous devons le faire. Et vous ici, vous aller élire aussi, vous devez élire les dirigeants de votre choix. (Oui, oui, applaudissemnts). Vous devez le faire. On va commencer par les présidentiels, je crois, d’après ce que les amis qui parlaient là-bas. 

Et nous devons tout faire pour que la direction de notre pays soit patriotique. Pas des élections avec l’argent venu de l’extéreur, de l’étranger. Nous ne voulons pas ça.

 

Et il faut que les élections soient réellement nationales.Chacun de vous décide avec son âme et conscience de son choix. Pas de manipulation, des gens qui veulent rester au pouvoir pour s’habituer à s’enrichir. Ce n’est pas bien. Nous ne sommes pas venus pour nous éterniser au pouvoir. Nous avons un projet que nous avons soumi au peuple, c’est au peuple de décider de ce projet là. Nous voulons que la pays marche. Et c’est dans le cadre d’un projet là qu’on est entrain de dire au peuple: «Voilà ce que nous voulons que le pays fasse, comment va-t-il y parvenir, devenir? Avec leurs propres mains, avec leur argent, sans compter sur l’argent des autres; parce que les autres sont venus chercher l’argent chez nous, et puis donc il y en a toujours chez nous.

 

Ce n’est pas encore épuisé. Et maintenant avec cet argent là, nous devons construire notre bonheur. 

«ERREURS OUI, TRAHISON JAMAIS!» 

Nous sommes engagés sur cette voie là. Je vous invite d’être avec nous. Avec le Gouvernement du Salut Publique, parce que c’est un gouvernement populaire, un gouvernement du peuple qui n’est pas capable de trahir les intérêts nationaux. Ce n’est pas possible. Nous pouvons commettre beaucoup d’erreurs, mais pas de trahison.

 

Et puis chez nous il n’y aura pas de dictature.

 

Personne n’a besoin de dictature! On en a vu avec notre frère Mobutu! Les gens ont sué les années durant jusqu’à créer cette misère qui n’existe que dans notre pays, où il y a encore des gens, pieds nus et tout nus.

 

Mais il y a beaucoup de contrées où les gens sont tout nus, et les gens s’étonnent: «Mais comment?! Les routes ont disparues, il n’y a rien! Un grand pays où on trouve vraiment la vegetation la plus luxuriante, mais les gens ne cultivent pas, parce qu’ils sont condamnés avec la pétite houe, alors que nous sommes très riches. On peut mettre partout des tracteurs, des irrigations partout, des choses comme ça. C’est ça notre projet. Moderniser, et non être des chefs, des gens qui veulent s’enrichir, etc., S’enrichir pour faire quoi?! Il faut avoir honte d’être riche parmi les gens appauvris comme chez nous (applaudissements). 



REMERCIEMENTS ET APPEL A L’UNITE 

Merci beaucoup. J’ai peut être abusé de votre temps (non, non répond l’audience), mais vous m’avez posé une question et je devais répondre. J’ai été un tout pétit peu long, mais sans beaucoup de détails. Nous aurons l’occasion d’en faire. Nous avons un problème. Nous devons tous être ensemble. Ne nous divisons pas à cause des partis politiques qui n’ont pas servi [positivement] le pays.

 

L’élan actuel où il y a un consensus national, c’est la force qui imprime d’abord la marche vers le dévelopement avant et qui fait peur à ces détracteurs là du Congo de toutjours. Nous sommes entrain de vaincre. Mais si vous rélachez, vous acceptez d’être divisés encore, avec des sentiments, oh moi je suis de telle province… Personne n’a choisi ni sa tribu, ni sa province. Nous sommes Congolais un et indivisible. Et nous devons construire notre pays. 

C’est pour cela que je vous demande de dire à tous les autres qui ne sont pas ici maintenant que vous tous devez vraiment penser à votre pays. J’en ai la conviction, j’ai vis l’enveloppe. C’est déjà une preuve de votre bonne volonté et une preuve de solidarité avec ceux qui sont dans le pays. Et nous là, nous allons dire nous avons nos enfants là-bas au Gabon. Ils sont là. Ils sont de coeur avec nous. Et si vous faites cela, et vous le faites déjà, sachez que le Congo est une très grande nation que personne ne va battre. 

Je suis ici avec les Chefs de l’État de l’Afrique Centrale afin de leur expliquer la situation chez nous qu’ils connaissent déjà. Et on verra ce que l’on pourra faire ensemble pour aider le peuple Congolais. C’est pourquoi nous sommes ici, parce que disent-ils «la stabilité au Congo, c’est la stabilité de toute la région de l’Afrique Centrale». Ils sont concernés, nous sommes concernés, nous sommes autant concernés qu’eux. Alors c’est pourquoi nous sommes ici. Nous ne sommes pas venus mendier! NON! Nous sommes venus expliquer à nos frères qui nous ont demandé de les expliquer la position du gouvernement Congolais, du peuple Congolais face à l’agression. C’est ce que nous allons faire. C’est mieux de les informer, et ils vont se prononcer. Nous avons déjà parlé l’autre fois quand j’étais venu, avec le Président Bongo, qui a condamné l’agression, ouvertement. Et il l’a dit aux médias. Et ils sont nombreux à condamner l’agression. 

Comme nous nous retrouvons, on fera le point de la situation militaire qui prévaut dans le pays et les problèmes connectés à cela. Donc voilà pourquoi nous sommes là. Je dirai à la population de Kinshasa la ferveur avec laquelle vous nous acceuillez ici, et votre soutien total à leurs efforts. Et je vous remercie beaucoup! (applaudissements suivis d’une intervention de Tabu Ley Rocherau). 

Écoutons Tabu Ley Rocherau: «Nous les artistes Congolais que vous connaissez les plus célèbres artistes musiciens, sommes réunis autour du Président de la République dépuis le jour de l’agression des barbares Rwandais et Ougandais et nous ne l’avions pas laché, et nous sommes toujours avec lui.» 

[Tabu Ley Rocherau est maintenant avec le RCD-Kigali (Ruberwa et autres), donc avec les même barbares Rwandais]. 
 
 
Une interview exclusive du Président de la République Démocratique du Congo, Mzee Laurent Désiré Kabila à la RTBF lors de son dernier passage à Bruxelles en Novembre 1998. Au cours de l’émission «Mis Au Point» réalisée par Baudouin Cartuyvels, le Chef de l’État Mzee Laurent Désiré Kabila a confirmé que Joseph Kabila est bel et bien son fils.
Il a aussi révélé à cette occasion qu’il y avait, au sein de l’Alliance, donc de l’AFDL, un parti uniquement mono-ethnique des Tutsi. Il n’était que dans l’Alliance. Et c’était une condition pour faire passer les armes et demander aux libérateurs Congolais pour qu’ils accèdent à certaines facilités, qu’il fallait inclure les Tutsi sous couvert d’un parti politique qu’ils appelaient «ANP». Mais ça c’était un parti purement ethnique, pour usurper la nationalité congolaise. 


ATTENTION! LES TUTSI VEULENT NOUS VOLER LE PAYS EN PLEIN JOUR, COMME LA SITUATION A L’EST LE DEMONTRE !!!


Voici l’interview dans toute son intégralité. Les sujets évoqués d’alors demeurent les mêmes sujets brûlants d’aujourd’hui; et donc cette interview est toujours d’actualité. 
Baudouin Cartuyvels: Mesdames et Messieurs, Bonjour! Invité exceptionel. Mr Laurent Désiré Kabila, Président de la République Démocratique du Congo, et qui a accepté cette émission exclusive pour répondre à toutes nos questions. Alors pour l’intérroger ce midi, il y a à mes côtés, Colette Braeckman qui est journaliste au journal Le Soir; il y a aussi Philippe Lamair qui est lui journaliste au journal télévisé de la RTBF; il y a enfin Marie France Cros qui est journaliste à la Libre Belgique. 

Baudouin Cartuyvels: Monsieur le Président, Bonjour! 

Président Laurent Désiré Kabila: Bonjour Monsieur! 

Baudouin Cartuyvels: Merci beaucoup d’avoir accepté de participer à cette émission. Je voudrais d’abord vous poser une question: A l’heure qu’il est, comment qualifiez-vous l’accueil de la Belgique que vous avez reçu jusqu’ici. Vous le qualifiez de froid, de tiède ou de chaleureux? 

Président Laurent Désiré Kabila: De tiède! 

Baudouin Cartuyvels: Alors, cela veut dire quoi, tiède? 

Président Laurent Désiré Kabila: C’est-à-dire que les gens viennent d’apprendre à rencontrer un Président qui a été tellement contesté ici et non dans son pays. Et ce tiedeur se fait voir même dans les entrées que j’ai pu voir. J’ai trouvé toujours un groupiscule de pétits criards Congolais qui n’ont aucune réalité de leur pays, et qui semblent me montrer les procès de ce que l’on attend de moi, c’est-à-dire un coupable qui n’ a jamais commi un crime. J’ai vu ça! 

Baudouin Cartuyvels: Alors, vous vivez ça. Nous allons tout de suite parler de deux faits, si vous le voulez bien, pour lesquels vous avez été fort contesté. C’est l’occasion d’en parler, de donner votre version des choses aussi. Nous parlerons après bien sure, de votre mode de gestion, de ce que vous voyez comme avenir pour le pays. Alors, tout d’abord deux faits pour lesquels effectivement on vous a fait des réproches: Prémièrement, lors du démantelement des camps Hutu il y a deux ans et lors de votre progression avec les soldats Rwandais pour conquerir le pays. Il y a, on peut discuter sur les chiffres, mais enfin, il y a 180,000 à 20,000 personnes qui ont disparu. Alors vous commandiez l’Alliance à ce moment là, et vous avez déclaré cette semaine: « Je ne suis pas responsible de ces disparutions.» Est-ce que ce n’est pas une explication facile alors que vous étiez à la tête de l’Alliance? 

Président Laurent Désiré Kabila: Ce n’est pas du tout facile parce que d’abord, qui comptait les disparus? Ces camps étaient des camps qu’on appelle les camps de forteresse, des camps de re-armément, les camps d’entrainement. Il y avait des armes dans ce camp. Et pendant toute cette période là, les ONG qui travaillaient là-bas étaient impliquées dans le traffic des armes. Alors, vous n’allez pas me dire que ce sont des réfugiés Hutu qui étaient dans ces camps là. C’étaient des miliciens. Et bien, ces miliciens se battaient, ils utilisaient ces armes là pour faire quoi?! D’abord pour des incursions dans leur pays. Et lorsque nous, nous avions commencé la bataille pour la libération, ces armes étaient utilisées contre nous. Donc, les soit-disant camps des réfugiés n’étaient pas d’autres choses que des forteresses militaires. 

Baudouin Cartuyvels: Alors qui veut poser une question? 

Philippe Lamair: Oui, Monsieur le Président. Les Nations Unies ont désigné une commission d’enquête. Cette commission a eu une certaine difficulté pour travailler dans votre pays. C’est sans doute là que découle un des aspects, ou disons, certains mécontentements de la part de la communauté internationale ou certaines brouilles entre la communauté internationale, et surtout certains pays occidentaux, et votre regime. Alors, qu’est ce qui a mi les bâtons dans les roues de cette commission d’enquête? Est-ce certainement de votre gouvernement? Monsieur Mbaya était en charge du dossier à l’époque. Ou bien c’était à la demande de vos alliés, les Rwandais? 

Président Laurent Désiré Kabila: Et bien Monsieur, je veux tout simplement dire d’abord que c’est nous qui avions invité la Commission d’Enquête. Là, c’est une précision. On ne pouvait donc pas mettre les bâtons dans les roues à nos invités. Et cette Commission d’Enquête avant qu’elle vienne, il faut voir un peu la génèse. Pourquoi elle est venue? C’est après les accusations non fondées des massacres commis par nos troupes alors. Mais ces massacres n’avaient pas encore eu lieu pendant ce temps là. Parce que tout simplement dans cette région là-bas, les massacres avaient commencé en 1993, loin de notre avenement au pouvoir, loin même de l’action libératrice de l’AFDL. Et puis, il y a eu des morts de choléra dans cette région: 45,000 personnes au total, hommes, femmes, enfants sont morts de choléra Et tout cela on les a vus détérrés pour nous présenter comme de criminels, des gens qui ont massacré tout ce monde là, alors que nous n’avions même pas besoin de mettre des bâtons dans les roues de la Commission parce que nous n’étions responsables de rien. Nous voulons éclaircir. 

La Commission est venue, disant que les massacres ont eu lieu à l’est. Et nous avions dit que nous avions tout préparé pour que vous alliez à l’est. La Commission a réfusé d’aller à l’est et a demandé d’aller à l’ouest. Et nous étions étonnés. Tout le monde claironaient que les massacres ont eu lieu à l’est du pays. Alors, à notre grande surprise, et j’espère à la surprise générale des médias, la Commission avait réfusé d’aller à l’est et avait exigé d’aller à l’ouest; et c’est ce que nous avions accepté par après. 

Une interruption de Marie France Cros: Monsieur le Président, les massacres qui avaient lieu à Mbandaka étaient les plus récents, c’est la raison pour laquelle la Commission d’Enquête voulait se rendre dans cette région là. Par ailleurs, le front Nord de l’armée de libération que vous avez dirigée était très, très, très précisement dirigé à l’époque des massacres par votre fils. Est ce que ça a joué un rôle dans le fait que vous ayez réfusé, que votre gouvernement a réfusé l’enquête? 

Président Laurent Désiré Kabila: Mon fils a dirigé le front Nord pour la libération de Kisangani. Et c’est ça! Vous l’avez vu passer à la télévision etc., Mais ce n’était pas pour aller massacrer. Il n’y avait pas de routes dans la ville de Kisangani. On n’avait rien massacré. 

Marie France Cros: Mais les gens qui étaient là pour nourrir les réfugiés qui arrivaient à l’est disent qu’il y avait eu des massacres; qu’on a attaqué les camps des réfugiés. 

Président Laurent Désiré Kabila: Par qui? Pas par les troupes Congolaises. Et encore ce temps là, il n’était pas même evident que les forces Rwandaises avaient assassiné. Ce n’est que par après lorsque les réfugiés s’étaient dispersés dans les brousses et sont allés dans les secteurs alors dirigés par les forces armées Rwandaises que les massacres ont commencé. A l’ombre, à l’ombre de toute attention des forces Congolaises. 

Marie France Cros: Et quand l’avez-vous appri? 

Président Laurent Désiré Kabila: Les chefs coutumiers de la Province de l’Équateur sont venus plusieurs mois après pour me révéler qu’il y avait eu justement des massacres là-bas et que moi je disais les choses que je ne connaissais pas. 

Marie France Cros: Pourquoi alors lorsque la Commission d’Enquête était là, les chefs coutumiers ont dit qu’ils se sont révoltés contre la présence de la Commission d’Enquête sur place? 

Président Laurent Désiré Kabila: Voilà justement. La Commission d’Enquête n’est pas allé voir les fosses communes. 

Marie France Cros: A Mbandaka? Président Laurent Désiré Kabila: A Mbandaka, la Commission s’est rendue dans un cimetière des coutumiers, et puis ils ont détérré un chef coutumier; et puis c’était un peu un mécontentement général. 

Colette Braeckman: Et qui a intimidé les temoins parce que les temoins n’osaient parler à Mbandaka. Il y a des temoignages qui disent que les gens n’osaient pas parler, ils avaient peur. Qui les a effrayés? 

Président Laurent Désiré Kabila: Moi je pense qu’on a intimidé personne, parce que par après, ils sont venus me voir pour me parler. S’ils étaient intimidés, ils ne seraient pas venus jusqu’à Kinshasa. Les Chefs coutumiers, donc, les traditionels et les temoins qui étaient forcés par les troupes Rwandaises de mettre dans des sacs les corps des Hutu tués, filles et jeunes hommes, etc., 

Colette Braeckman: Est ce que vous serez prêt à faire revenir la Commission d’Enquête pour qu’elle fasse son travail? 

Président Laurent Désiré Kabila: Ah oui, oui, oui. Nous l’avons toujours demandé. Ils ne sont jamais revenus. 

Baudouin Cartuyvels: Donc vous pouvez le demander aujourd’hui encore? 

Président Laurent Désiré Kabila: Ah! Mais nous, nous sommes disposés. S’ils veulent venir, qu’ils viennent. 

Baudouin Cartuyvels: Deuxième question qui nous concerne Monsieur le Président, à vous et à votre entourage. En août dernier, après que les soldats Rwandais aient réfusé de partir, ils étaient donc devenus vos enemis. Il y avait eu certaines paroles de vos proches, de votre entourage qu’ont peut considerer comme un encouragement à la chasse aux Tutsi; une chasse qui avait réellement eu lieu à Kinshasa. On a vu que les habitants ont joué un rôle important, ils se sont défendus mais on a vu des scènes, des actes qui étaient proches d’actes de barbarie, des linchages. Apparemment, à la fois les civiles Tutsi et les militaires Tutsi ont été un tout pétit peu confondus. Ce sont des images qui ont très fortement frappé l’opinion publique ici! Et on a un peu le sentiment que vous, à ce moment là, on n’a pas le sentiment que vous vous êtes interposés. On a un peu l’impression que vous avez laissé faire. Comment est ce que vous réagissez par rapport à ça? 

Président Laurent Désiré Kabila: (Rires). Ecoutez! Nous sommes habitués au montage, à la calomnie, aux mensonges contre la République, dépuis que nous avions pri le pouvoir. Nous sommes très habitués à cela. Personne n’allait interdire à la population de Kinshasa de se défendre contre les Tutsi qu’ils connaissent bien. Ils les ont vus à l’oeuvre. Tuant pour arracher des voitures, tuant pour occuper des villas, tuant pour violer les femmes et arracher les filles, tuant pour piller les banques. 

Baudouin Cartuyvels: Il faut faire le tri entre les civiles et les militaires? 

Président Laurent Désiré Kabila: Mais lorsque les civiles Tutsi, certains de ces civiles Tutsi avaient pri les armes leur données par leurs frères militaires et tiraient sur leurs voisins, les voisins quand même, ils ne sont pas aveugles!. Ils les voyaient. Et les voisins, donc les Congolais n’étaient pas armés. Qu’est ce qu’ils devaient faire? Il fallait qu’ils se défendent avec les moyens de bord. Ils l’ont fait. C’est leur droit. Monsieur, je veux dire avec force que c’est leur droit de se défendre contre les assassins. 

Baudouin Cartuyvels: Comment est ce que vous réagissez aux plaintes contre vous et votre entourage, plaintes pour incitation au meurtre? 

Président Laurent Désiré Kabila: Je n’ai incité personne au meurtre, quel meurtre? Vous venez dans un pays d’autrui tuez les citoyens de ce pays, et vous dites, quand ils se défendent, ils commettent le meurtre. C’est un meurtre ça? 

Marie France Cros: Pourquoi lorsque l’armée rwandaise était présente à Kinshasa, avec votre accord parce que vous étiez alliés, vous n’avez pas dénoncé les pillages, les meurtres dont vous venez de parler à l’instant?

Président Laurent Désiré Kabila: Et pourquoi sont-ils partis si je n’en ai pas fait? 

Marie France Cros: Mais ça a duré un an? 

Président Laurent Désiré Kabila: Ça a duré un an, nous étions des alliés. Et quand il y a des contradictions, on les traite entre alliés, on ne les traite pas devant la place publique. 

Colette Braeckman: Vous les avez fait partir parce qu’ils se comportaient mal à votre avis? 

Président Laurent Désiré Kabila: Parce que d’abord, ils ont massacré les gens sans que le gouvernement Congolais le sache à Mbandaka et à partir de Kisangani. Deuxièmement, parce qu’ils se conduisaient en pays conqui, tuant, pillant… je viens de le dire. Et puis ils se sont même immixés dans la politique intérieure de notre pays. 

Baudouin Cartuyvels: Est-ce que ce n’est pas rélativement normal dans la mesure ou vous avez fait appel à eux pour arriver au pouvoir? Vous devriez donner quelque chose en échange. Ou vous y attendiez à cela? 

Président Laurent Désiré Kabila: Monsieur, notre alliance était une alliance d’intérêts. Comment allaient-ils durer au pouvoir si nous, Forces Armées Congolaises, n’avions pas, nous, maintenu les Hutu dans l’état d’incapacité opérationelle? Ils en avaient besoin! Et c’est de ça que nous avions parlé lorsqu’ils devaient nous laisser le temps de faire passer les armes pour entrer au Zaïre d’alors. Nous, nous en avions qu’une mission: Chassez la dictature chez nous et démocratiser la société. Tous les deux [Rwandais et nous], nous étions contents de ce qui s’était fait, mais ils ont voulu maintenant plus. Ils ont voulu être le maître de notre pays, et ça, c’est impossible. 

Colette Braeckman: Avez-vous échappé à des tentatives d’attentant? Président Laurent Désiré Kabila: Pardon?! 

Colette Braeckman: Avez-vous échappé à des tentatives d’attentant? 

Président Laurent Désiré Kabila: Aah! On en parle mais, ils ont comploté en fait. C’est vrai, ils ont monté un coup d’état le 2.08.1998 pour essayer de m’assassiner et prendre le pouvoir. Et vous savez la suite…! 

Phillippe Lamair: Monsieur le Président, dépuis ce lundi, il y a une plainte qui a été déposée contre vous en Belgique mais également en France contre vous et contre certains membres de votre entourage pour crimes contre l’humanité. Comment réagissez-vous et vous sentez-vous ménacé? 

Président Laurent Désiré Kabila: Ecoutez! C’est de l’amusement! Eh! Crimes contre l’humanité?! Qui avons-nous tué?! Et moi et mon emtourage?! Nous n’avions tué personne. Mais il faut le prouver. 

Marie France Cros: Mais le 25.08.1998 par exemple, vous avez lancé un appel à la radio, demandant à la population de prendre les flèches, les lances pour se battre, et vous aviez dit: «Sinon nous allons être les esclaves des Tutsi.» Est ce que vous ne considerez pas que cet appel a incité la population à s’en prendre à des civiles Tutsi, notamment des femmes et des hommes qui n’avaient rien à faire avec la guerre? 

Président Laurent Désiré Kabila: Madame, je ne suis pas forcé de vous dire qu’il ne faut pas croire que notre peuple est si naïf pour laisser les esclavagistes venir l’égorger, le soumettre à des exactions que notre peuple connait tellement parce que voisins des Tutsi et des Hutu. Et vous vouliez que le peuple Congolais ne se défendent pas par l’appel de son chef, son territoire, sa vie? Qu’est ce que cela signifie pour un pays? Même chez vous ici en Europe, vous avez fait des appels pour vous défendre contre la Nazisme. Et alors, vous voulez que les Congolais laissent d’autres Nazistes, d’autres racistes les occuper et qu’ils ne se battent pas parce qu’ils n’ont pas d’armes? Ils doivent utiliser les flèches et tous les moyens qui se trouvent dans leurs mains. Et ils l’ont fait! 

Marie France Cros: Est ce que cela veut dire lorsque vous vous êtes allié avec les Rwandais au début de la guerre de libération, vous avez fait preuve de naïvété si vous ne saviez pas qu’ils étaient comme ça puisque mainteant vous dites que vous savez bien qu’ils sont comme ça? 

Baudouin Cartuyvels: La question ici c’est vous avez mal choisi vos alliés? 

Président Laurent Désiré Kabila: Nous n’avons pas mal choisi les alliés. Dans la politique, il y a la tactique. Et puis c’est momentané, les alliances parfois. Et lorsque ça toune mal, chacun a intérêt, son intérêt de son côté, ce pourquoi il a fait alliance. Je n’ai pas mal chois mes alliés parce que c’était là mon choix. Ce sont les alliés qui ont tourné casaque, et non nous! 

Colette Braeckman: Justement les alliances peuvent changer mais maintenant on vous réproche de faire des alliances avec les miliciens Hutu, qualifiés de «génocidaires». On dit que vous les enrolez dans votre armée pour les retourner contre le Rwanda. Est-ce que ce ne sont pas des alliances douteuses? 

Président Laurent Désiré Kabila: Avant on disait que j’étais le boucher des Hutu. Et maintenant on en revient et on me dit que je suis le boucher des Tutsi. Finalement, où est la vérité?! Et dans tout ça, personne n’est capable de produire la preuve. Si l’on veut me réprocher de ce que mon peuple doit se défendre contre l’invasion Hutu, Tutsi [je veux dire], et alors qu’est ce qu’il faut faire? C’est-à-dire le peuple Congolais doit se laisser massacré et puis subjugué parce que cette armée est mono-ethnique. ? Et c’est pourquoi l’on parle des Tutsi. Et alors, l’on ne va pas parler d’autres personnes, d’autres ethnies. Moi je pense que ce que nous faisons c’est dans notre droit et tous les peuples du monde l’ont fait: se défendre contre les envahisseurs. 

Marie France Cros: Mais des civiles Tutsi ont été tués, notamment des civiles Tutsi Congolais qui n’avaient rien à faire avec le Rwanda? 

Président Laurent Désiré Kabila: Vous ne pouvez pas le prouver. C’est vous ici en Europe qui inventez pas mal des choses dépuis le début de la libération au Congo. Est-ce que vous êtes capables de prouver qu’on a été tuer les Tutsi, parce que ce sont des civiles Tutsi? Votre ambassadeur, il y a sept jours de cela, a fait partir des Tutsi par votre ligne aériènne, la Sabena. Ils étaient si riant, joyeux…! [Lokongo: parce qu’ils allaient partir en Europe et non parce qu’ils ont échappé à des tuéries quelconques. Ce sont des manipulateurs, des fourbes. Voyez-noi ce qu’ils ont fait avec les siens à Katumba. Ils les ont fait massacrer pour s’acheter la sympathie de la communauté internationale qu’ils tentaient par ce massacre odieux, ce shenanigan, de la convaincre qu’ils ne sont pas aimés au Congo!]. Ils ont même eu l’occasion de s’adonner à des conférences de presse. Alors, ces gens là, vous pensez qu’ils étaient ménacés?! [Non!]. Nous en avons encore d’autres. Ils sont nourris, bien surveillés. Ils ne veulent pas aller à la cité parce que le peuple ne leur porte pas dans le coeur [ou pour profiter aussi longtemps qu’ils le peuvent!]. Mais est ce que vous direz de même de ce que font les Tutsi à Bukavu? Les déportés Congolais [80 jeunes Congolais de Bukavu entre autres], où sont-ils? [les massacres des Congolais à Makobola, à Kasika et tant d’autres par les Tutsi]. Qui les accuse? 

Baudouin Cartuyvels: Si vous le voulez bien, passons au chapitre suivant. Parlons du présent, de votre gestion, de votre façon de gouverner. Vous vous êtes présenté comme un homme fort, au pouvoir musclé (…). 

Président Laurent Désiré Kabila: Oh là là! 

Baudouin Cartuyvels: Attendez! Vous savez, certains vous traitent de dictateur! Comment est ce que vous expliquez cette image de vous? 

Président Laurent Désiré Kabila: Comment j’explique? Parce que dépuis le départ, le pouvoir que nous devions chasser avait un tel clientélisme avec l’extérieur que, nous nous ne faisions l’affaire de personne [nous, nous avions choisi de faire l’affaire de personne], et c’est pourquoi [selon le même extérieur], nous étions donc des mal-venus! Il fallait partir [ils ne voulaient pas de nous, parce que, nous, nous avions choisi de faire l’affaire de personne]. C’est comme ça! Lorsqu’on dit: «Pouvoir fort!», Fort en quoi? Je ne sais pas. Mais nous sommes un pouvoir populaire, parce qu’il est prouvé qu’il est le plus populaire de notre pays. Le plus populaire! Vous n’avez peut être pas été à Kinshasa, mais en tous cas tout cela se voit. Et on ne peut pas applaudir à un tel dictateur, si le dictateur il y en avait. Non! Moi j’estime que le peuple a compri que nous ne sommes que son expression. C’est tout! 

Marie France Cros: Vous concentrez tous les pouvoirs entre vos mains quand même! 

Président Laurent Désiré Kabila: Non, pas du tout! Quel pouvoir?! Quel pouvoir?! 

Colette Braeckman: L’armée, la gestion du pays… 

Président Laurent Désiré Kabila: Mais, il y a le chef de l’armée! Il y a la magistrature, des magistrats sont là! 

Baudouin Cartuyvels: Et bien la constitution vous donne tous les pouvoirs à vous! 

Président Laurent Désiré Kabila: Ah! Quelle constitution d’abord?! Nous avons mis en place un projet de constitution que tout le monde est entrain de fouiller. 

Marie France Cros: Le décret, le premier décret, celui qui sert de constitution! 

Président Laurent Désiré Kabila: Le premier décret voulut que le pouvoir soit dans les mains du Président de la République et du Conseil de l’Alliance. Pourquoi? Mais le pays était chaotique! La police, l’armée, notre armée était (devegondée?), une armée qui a perdu le sang, donc une armée qui rançonait partout, tuait partout facilement. Et puis il n’y avait pas d’administration, il n’y avait pas d’ordre! Et à notre approche de la ville de Kinshasa, 36,000 armes ont été confisquées, 400 partis qui se sont volatilisés à notre prise de pouvoir mais les enemis sont restés actifs. Et on a vu des tueries, des scènes de tout cela! Il fallait un pouvoir momentanement fort pour pacifier la ville de Kinshasa, vaste avec six millions d’habitants. Il fallait cela! Et c’est ce que nous avons fait. Avec beaucoup plus de justice et de douceur (…)! 

Colette Braeckman: Mais pourquoi n’y a-t-il plus maintenant des conseils de ministres? On a l’impression que vous dirigez seul avec quelques cercles, qu’il n’y a plus des réunions des conseils du gouvernement! 

Président Laurent Désiré Kabila: Non! Ça n’a rien à voir avec ça! 

Colette Braeckman: Mais vous êtes seul, vous aparaissez comme un homme seul! 

Président Laurent Désiré Kabila: Je ne suis pas du tout seul! (rires). Les ministres sont là, je leur donne plus de liberté d’action, je ne veux pas être comme un policier derrière les ministres, disant ceci, cela! 

Colette Braeckman: Mais vous les mettez en prison?! 

Président Laurent Désiré Kabila: Ce n’est pas moi qui les jette en prison, c’est la loi qui les jette en prison. Ce n’est pas moi! Ils se font arrêtés parce qu’ils ont été coupables devant la loi. 

Baudouin Cartuyvels: Alors, ceux qui ont été en prison, l’ont été pourquoi? 

Président Laurent Désiré Kabila: Ceux qui ont été en prison? Je n’ai jamais arrêté un seul ministre. Ils se sont fait arrêtés par la justice. Aucun ministre, je n’ai arrêtêté moi! 

Baudouin Cartuyvels: Et pour quel fait? 

Président Laurent Désiré Kabila: On les a réprochés de malversations. C’est ça! 

Philippe Lamair: C’était vrai pour le Docteur Sondji et Monsieur Tala Ngai, les deux dernières ministres qui ont eu des ennuis, ou qui ont des ennuis? 

Président Laurent Désiré Kabila: C’est vrai pour Monsieur Tala Ngai. Il en a encore, les ennuis! Monsieur Sondji s’est désolidarisé de la politique gouvernementale. 

Philippe Lamair: De la politique gouvernementale ou de vous? 

Président Laurent Désiré Kabila: De la politique gouvernementale! Et puis on ne l’a pas arrêté! 

Baudouin Cartuyvels: Oui! Est-ce quelqu’un qui se désolidarise de votre politique…? 

Président Laurent Désiré Kabila: C’est qu’il démissione! 

Baudouin Cartuyvels: Il ne se trouve pas nécessairement en prison? 

Président Laurent Désiré Kabila: Non, non! En prison pourquoi?! Pourquoi?! 

Marie France Cros: Monsieur Sondji était arrêté trois jours quand même avant d’être libéré! 

Président Laurent Désiré Kabila: J’ignore qu’il était arrêté trois jours. Je sais qu’il était interrogé. 

Marie France Cros: Pendant trois jours hors de chez lui dans les locaux de la police? 

Président Laurent Désiré Kabila: On peut être interrogé n’importe où si la Surêté n’est pas certain de ce qu’il fait. 

Marie France Cros: Donc, c’est qu’il y avait d’autres fautes de fond que la manque de solidarité gouvernementale! 

Président Laurent Désiré Kabila: Je pense qu’il en a trop dit. C’est tout ce que je connais. 

Marie France Cros: Pouvez-vous nous expliquer par ailleurs pourquoi vous n’avez pas un ministre de l’intérieur parce que Monsieur Kakudji se fait soigner ici? 

Président Laurent Désiré Kabila: Non, non! Nous avons deux vice-ministres de l’intérieur. L’un, chargé de l’ordre publique et l’autre, de la territoriale. Ils suffisent. 

Marie France Cros: Mais Monsieur Munene, celui qui était chargé de la sécurité, c’est lui le chef de l’armée? 

Président Laurent Désiré Kabila: Maintenant! 

Marie France Cros: Donc, il n’y a plus personne à l’intérieur! 

Président Laurent Désiré Kabila: Mais vous ne connaissez pas qu’il y a un vice-ministre de l’intérieur, Mulumba Katsi? 

Marie France Cros: Pour l’administration et pour la sécurité? 

Président Laurent Désiré Kabila: Mais il fait le tout pendant l’absence du ministre qui était malade, qui est en Belgique. Il subissait des opérations et on lui donnait le temps. 

Colette Braeckman: Et vous avez dit au cour de votre sejour que vous allez libéraliser les activités politiques à partir de janvier et qu’après, vous allez organiser les élections. Est-ce que ça sera possible alors que le pays est divisé? 

Baudouin Cartuyvels: C’est vrai. Justement ça. C’est une question qui reste valable mais il faut quand même une question sur Monsieur Tsisekedi juste avant de passer à cela parce que je vois qu’on anticipe un tout pétit peu, car on va revenir à cette question de Colette Braeckman. Monsieur Tsisekedi n’a pas l’autorisation de quitter le pays actuellement? 

Président Laurent Désiré Kabila: (Rires). Il y a plus de 50 millions de Congolais, vous ne parlez pas d’eux. Vous ne parlez que des gens qui vous intéressent, et que vous fabriquez, et que le peuple n’en veut plus! C’est dommage! Moi je ne connais pas s’il n’est pas libre de partir de là ou pas. 

Baudouin Cartuyvels: Vous ne savez pas ?! 

Président Laurent Désiré Kabila: Je ne connais rien. Moi je ne m’occupe pas de lui, il s’occupe de ses affaires, c’est un citoyen libre. 

Baudouin Cartuyvels: Et pour quelle raison est-ce qu’il ne pouvait pas quitter le pays? 

Président Laurent Désiré Kabila: Mais, personne ne l’a empêché de quitter le pays! 

Baudouin Cartuyvels: Donc, il est libre de quitter le pays d’après vous? 

Président Laurent Désiré Kabila: Mais il est libre de vivre dans le pays ou de quitter le pays. 

Philippe Lamair: Mais, il n’a pas eu l’autorisation de se rendre en Belgique, en Europe? 

Président Laurent Désiré Kabila: Ça, j’ignore s’il en a demandé. Est ce qu’il faut demander l’autorisation d’aller en Belgique? Je ne sais pas. 

Marie France Cros: Dans votre pays pour le moment, il faut demander une autorisation de sortir du pays? 

Président Laurent Désiré Kabila: Nous contrôlons. Vous savez nous sommes en guerre! 

Marie France Cros: Mais, même avant la guerre c’était ainsi? 

Président Laurent Désiré Kabila: Non! Pas avant! Ce n’était pas ainsi parce que encore ceux qui ont été chassés du pouvoir et que vous hebergez toujours ici, vous donnez asile aux gens pour critiquer leurs gouvernements; organiser des actes de sabotage; les armes sont entrées et on les a capturées; et vous les avez mis dans des caisses des diplomates; et vous voulez que le pays ne s’organise pas en matière de sécurité? Qu’est ce que nous deviendrons? Qu’on tue les gens dans la rue? 

Philippe Lamair: Monsieur Tsisekedi présente un danger au niveau de la sécurité? 

Président Laurent Désiré Kabila: Non! Pas du tout! Nous lui voulons du bien. Moi je l’avais rencontré je crois en deux réprises (à Lubumbashi?), ailleurs mais, quel danger répresente-t-il? Il ne répresente aucun danger. Aucun! 

Marie France Cros: Alors pourquoi n’a-t-il pas pu sortir de votre pays pour se rendre à l’invitation… 

Président Laurent Désiré Kabila: Mais, je ne sais pas! C’est son bon vouloir. Il n’est pas venu me demander qu’il sorte ou qu’il ne sorte pas! Il ne m’a même pas dit aurevoir, qu’il partait. Moi j’ignore s’il avait envie de sortir aussi. 

Philippe Lamair: Donc, il n’y a pas d’obstacle à une demande de sa part de venir en Europe ou ailleurs. 

Président Laurent Désiré Kabila: Pas du tout! Pourquoi le faire riche. 

Marie France Cros: Pourquoi y a-t-il des forces de l’ordre qui entourent sa maison alors et qui l’empêchent de sortir? 

Président Laurent Désiré Kabila: Ah! Ça en tous cas j’ignore qu’on entoure sa maison. Il y a trop de blah blah. Les gens rancontent n’importe quoi! Mais on entoure sa maison pour faire quoi?! 

Marie France Cros: Pour l’empêcher de sortir. 

Président Laurent Désiré Kabila: Pour l’empêcher de sortir? Mais souvent il sort non?! 

Marie France Cros: Apparemment, non! 

Président Laurent Désiré Kabila: Ça, j’ignore. Chez moi on sort. Supposons même que la police s’intéresse de lui, c’est qu’il y a une cause! Vous savez Kinshasa est une grande ville. Il y a par exemple l’interdiction des activités politiques des partis. Cette interdiction est encore en cours. Et si on va contre, on en fait la loi. C’est comme ça! Si c’est ce qu’il fait, il est bien attitré d’être interrogé par la police our par la Surêté de l’État. Mais, moi je ne connais rien de lui. Je sais qu’il est là, qu’il est à Kinshasa. J’entend peu parler de lui. C’est tout! 

Baudouin Cartuyvels: Alors, Colette Braeckman, votre question! 

Colette Braeckman: Eh oui. Justement. Vous aviez dit que vous allez rétablir l’exercice des partis politiques en janvier et organiser des élections plus tard l’année prochaine. Est ce que ça sera possible étant donné que le pays est divisé pour le moment? 

Président Laurent Désiré Kabila: Justement. Tout est possible. Tout est possible. A une seule condition: que les agresseurs, les occupants de notre pays par force quittent le Congo, c’est-à-dire ils se rétirent, rétirent leurs troupes. Il y a au moins 30,000 hommes: 13,000 troupes ougandaises et 17,000 pour l’armée de Kagame, et donc cette armée mono-ethnique du Rwanda. Et bien ces gens là – nous voulons – et c’est une motivation de mon séjour ici: c’est pour demander à l’opinion internationale d’exiger le retrait des troupes d’invasion qui sont encore présentes au Congo. Et s’ils le font, tout est possible. Les élections, d’abord, la paix sera immédiate. 

Marie France Cros: Donc , il n’y aura pas d’élections s’ils restent! 

Président Laurent Désiré Kabila: S’ils restent, les élections ne peuvent pas se dérouler dans une partie du pays. Et pourquoi doivent-ils continuer d’y rester parce que le Congo n’est pas leur pays? [le gouvernement du Président Joseph Kabila fait face au même problème].

Marie France Cros: Et votre précision Monsieur le Président. La libéralisation politique a-t-elle lieu s’ils restent ou non? 

Président Laurent Désiré Kabila: Non, non! Ça c’est pour janvier je crois. Qu’ils restent ou qu’ils ne restent pas! 

Colette Braeckman: D’accord. Donc, à Kinshasa les partis politiques vont pouvoir commencer dès janvier. 

Président Laurent Désiré Kabila: Partout! Partout dans le pays. [Une minute de silence en mémoire de ce vrai démocrate et vrai homme d’État]. 

Marie France Cros: Vous avez mentionné dans votre discours, le premier discours, que la loi sur les partis politiques précisait qu’ils ne pouvaient pas se constituer sur base ethnique. Est ce que vous pouvez préciser à partir de quand un parti a une base ethnique parce que c’est souvent le cas dans votre pays? 

Président Laurent Désiré Kabila: Ah oui! Vous savez, je pense que maintenant il y a une commission d’experts, donc que nous appelons «Commission de Reforme Institutionelle». Cette comission a fait des projets. Et ces projets, on les discute un peu partout. C’est elle, la Commission qui propose, quels sont les critères pour former un parti politique et qu’est ce qu’il y a là de tribaliste. Mais ce que je sais c’est qu’il faut un parti qui est présent dans toutes les autres provinces du pays ou au moins la moitié de ces provinces du pays. Et je n’ai pas tout dit, parce que moi aussi je dois parcourir le projet de loi sur les partis politiques. Je verrai qu’est ce qu’ils en disent. En tous cas le tribalsime ne passera pas, c’est-à-dire on peut avoir un parti où il n’y a que… Je vais vous donner un exemple: Par exemple lorsqu’on parle de l’Alliance de l’AFDL, il y avait un parti mono-ethnique des Tutsi. On ne peut plus accepter cela. Il n’était que dans l’Alliance. Et c’était une condition pour faire passer les armes et demander aux libérateurs Congolais pour qu’ils accèdent à certaines facilités, qu’il fallait inclure les Tutsi sous couvert d’un parti politique qu’ils appelaient «ANP». Mais ça c’est un parti purement ethnique [pour usurper la nationalité congolaise]. Il n’y aura plus un tel parti! 

Philippe Lamair: Oui, Monsieur le Président. On vous a demandé aussi que vous ouvriez votre gouvernement à d’autres formations politiques. Jusqu’à présent vous avez dit: «Non». Vous préferez les élections. Pourquoi? 

Président Laurent Désiré Kabila: Oh! Les raisons sont nombreuses. D’abord je vais en prendre quelques unes: Ils nous proposent de réprendre les gens qui ont été chassés du pouvoir, et des gens qui ont été toujours ensemble avec des gens qui regnaient pendant 32 ans dans notre pays. D’abord, si nous les avions chassés du pouvoir, c’est parce qu’ils n’étaient pas démocrates. Deuxièmement, c’étaient des gens corrompus, et tout le monde s’accorde à le dire, y compri Monsieur Chester Crocker – je l’ai vu hier ou avant-hier – disant que les Mobutistes et tous les autres doivent rester en dehors du pouvoir au moins pendant trois générations, parce qu’ils ont fait réculer le pays de 50 ans en arrière. Bon! C’est un temoignage de ceux qui les ont cotoyés et soutenus. Alors, pourquoi nous demander à nous de les intégrer dans un pouvoir transitoire de deux ans? Pourquoi? Ils ont été au pouvoir, ils n’ont pas intégré, inclu leurs adversaires politiques. Ils les ont soit pendus, fusillés, jetés en prison. Vous connaissez l’arbitraire du pouvoir de Mobutu pendant la Deuxième République. Ils ne nous ont pas associés à ça. Et pourquoi allions-nous, nous les associer? Et puis, nous avions dit que pour les associer il faut qu’ils aient un mandat du peuple. Ils nous ont demandé de faire ce gouvernement d’union nationale. Un gouvernement d’union nationale sans mandat populaire, ce n’est pas un gouvernement d’union nationale. Ce sont des combinards politiciens qui se retrouvent autour d’une table pour se distribuer les portes-feuilles [tel est le cas aujouird’hui]. Et c’est ce qui a été pendant sept ans [de 1990-1997]. Et pendant sept ans, ce gouvernement d’union nationale avait empêché d’aller vers la démocratie. Alors ceux qui les ont soutenus me proposaient la même chose: «Un gouvernement d’union nationale, Monsieur le Président, il ne faut pas qu’on aille aux élections dans deux ans. Deux ans c’est trop court. Si vous nous mettez deux ans [si vous les associez durant ces deux ans], après ces deux ans, vous aurez cinq ans encore!» C’est ce que j’avais dit: «Vous voulez me mobutisez!!!». J’ai réfusé, et nous continuons à réfuser parce que c’est un gouvernement des combinards, ils n’ont aucun mandat [tel est le cas aujouird’hui]. Et qui le réclame? Pas le peuple. Le peuple n’en veut pas du tout. Mais ce sont les ambassades, ce sont les médias, surtout de l’Occident. 

Colette Braeckman: Mais vous parlez des Mobutistes. Mais il y a d’autres forces intérieures qui ont lutté contre la dictature qui étaient des partis d’opposition et qui ne sont pas tous des combinards et des corrompus.Il y a des gens valables qui pourraient être intégrés dans votre gouvernement. 

Président Laurent Désiré Kabila: Non, non! Pas dans notre gouvernement. Dans notre gouvernement, nous nous suffisons. Je pense que s’ils sont valables, ils doivent le prouver devant les urnes. Maintenant le mode de légitimation du pouvoir doit passer par les urnes comme chez vous. 

Philippe Lamair: Mais, qu’est ce qui dira que, compte tenu de la situation du pays, ces élections seront libres et démocratiques? 

Président Laurent Désiré Kabila: Oui. Vous serez là. Vous serez tous là! 

Philippe Lamair: Nous prenons rendez-vous. 

Président Laurent Désiré Kabila: Absolument. Vous serez là sans problème. Ce n’est pas possible que le gouvernement de Salut Publique qui n’est qu’un gouvernement de transition puisse empêcher une partie du peuple de jouir du devoir démocratique. Ce n’est pas possible. Nous mêmes, peut être que nous y serons aussi, si nous allons nous présenter aux élections sur le même pied d’égalité avec les autres. 

Marie France Cros: Les autres, ce sont les partis qui existaient avant le changement du regime? 

Président Laurent Désiré Kabila: Je pense necore que je vais me réferer à la loi. Je ne connais pas encore. 

Colette Braeckman: Est ce que vous êtes prêt à quitter le pouvoir si… 

Président Laurent Désiré Kabila: (Rires). Vraiment, individuellement, je voudrais bien me reposer. Après cette transition, si tout va bien, il faut que je me repose. Mais je n’aime pas être réfugié. Donc, nous travaillons pour que les gens puissent se reposer à un certain moment et prendre congé de la politique. Ça c’est ce qui me préoccupe. 

Baudouin Cartuyvels: Quel est, Monsieur le Président, le bilan que vous faites de votre action dépuis que vous êtes au pouvoir? Qu’est ce qui a changé? Est-ce que vous estimez que la situation s’est amélioré par rapport à l’heure Mobutu? 

Président Laurent Désiré Kabila: Oh certainement! Bien qu’on ne nous ait pas donné assez de temps pour le faire. Mais il faut demander aux Kinois, aux Congolais. Ils vous le diront parce qu’ils savent faire le bilan.

Baudouin Cartuyvels: Parce que le monde économique est extremement skeptique. Ils disent qu’ils se trouvent devant une administration ubuesque, il y a encore assez de corruption et le monde économique continue de se désengager. 

Président Laurent Désiré Kabila: Je vous ai bien dit que les Mobutistes ne mangeaient pas seuls à cette sauce là. Ils pillaient avec les autres. Ils étaient soutenus par les autres. Et ces autres, malheureusement, ont un pouvoir innoui sur les médias. Et alors, ils ne nous portent pas à coeur, ils ne vont pas dire du bien de nous. Mais notre peuple, lui par contre, nous porte à coeur. Allez poser cette question à Kinshasa dans la rue (…). 

Baudouin Cartuyvels: Et vous même, qu’est ce que vous dites? Qu’est ce qui a changé? 

Président Laurent Désiré Kabila: Il y a beaucoup de choses qui ont changé. Je ne sais par où je pourrais commencer mais ce que nous avons fait d’abord c’est qu’il y ait l’espoir du peuple, qu’il y ait l’unité du peuple autour d’un idéal: la reconstruction nationale, la démocratie plus vivante, parce que tout le monde s’y prépare là-bas. Qu’est ce qui a changé? Les gens ont vu les efforts engagés dans le domaine de la reconstruction avec les moyens de bord. La salubrité publique à Kinshasa était quelque chose de visible pout tout visiteur. Il y a trop. Je ne veux pas me faire la part trop belle moi même. Il faut qu’il y ait des temoins. [Moi, Lokongo, je peux citer deux temoins: un ami à moi, le Père John Kirwan, un missionaire Anglais Catholique des Pères de St Joseph, qui m’a dit que si on avait laissé le temps à Laurent Désiré Kabila, le Congo serait aujourd’hui radicalement transformé. Voilà, le temoignage d’un prêtre Catholique qui n’a rien à faire avec un ancien Marxiste. Et puis David Simpson, alors Ambasadeur des États-Unis à Kinshasa, a déclaré ouvertement que Laurent Désiré Kabila était sur la bonne voie et qu’on devait lui donner du temps. Il a été immédiatement rappelé et remplacé par William Swing]. 

Baudouin Cartuyvels: Sur quelle armée est ce que vous pouvez compter aujourd’hui? 

Président Laurent Désiré Kabila: Sur quelle armée? Mais c’est l’armée de mon peuple, les Forces Armées Congolaises. 

Baudouin Cartuyvels: Et où est ce qu’elle en ait, cette armée? 

Président Laurent Désiré Kabila: Où est ce qu’elle en ait? Mais elle est entrain de gonfler ses muscles. On est entrain de nous réferer de l’armée et on compte sur elle. L’avenir est pour tout. 

Colette Braeckman: Est-ce que la guerre peut être gagnée militairement, est-ce que vous pouvez reconquerir les territoires de l’est? 

Président Laurent Désiré Kabila: C’est possible militairement aussi parce que ça prend du temps [mais] c’est tout à fait possible. Mais ce n’est pas ça notre souhait. Nous voulons faire l’économie de sang! 

Philippe Lamair: Monsieur le Président, la guerre dure dépuis presque quatre mois. Il y a risque d’enlisement, et qui dit enlisement peut être risque de partition. Comment voyez-vous ce problème? 

Président Laurent Désiré Kabila: Partition?! Ce n’est pas possible!!! 

Philippe Lamair: Pourquoi? 

Président Laurent Désiré Kabila: Parce que la guerre durera aussi longtemps que dureront les tentatives de partition même soutenues par l’éxtérieur, selon la réalité du jour. Vous comprenez ce que je dis?! Le temps qu’il n’y a pas ça [c’est-à-dire les tentatives de partition], la guerre sera courte. 

Marie France Cros: Le gouvernement Zimbabwéen a, pour le moment, les difficultés dans son opinion publique sur l’aide qu’il vous apporte. Si jamais il devait se rétirer, à quel allié pourrez-vous faire appel si la guerre se prolongeait? 

Président Laurent Désiré Kabila: Ah! Il y a beaucoup de gens en Afrique qui ont demandé à amener les forces. Donc notre armée peu se suffire. Actuellement c’est une armée de combat. 

Marie France Cros: Mais n’est ce pas que vos alliés, par exemple, les militaires Zimbabwéens se plaignent de ce que les soldats Congolais se déshabillent, quittent le front quand il y a une guerre, les Angolais disent la même chose? 

Président Laurent Désiré Kabila: Pas tous. Pas tous. Une infirme minorité de ces soldats là. 

Marie France Cros: Et si vous faites appel à de nouveaux alliés, est ce que vous n’allez pas avoir des diffilcultés à les payer puisque maintenant on s’aperçoit que vous avez procédé à des contrats avantageux pour vos alliés, pour arriver à financer l’aide qu’il vous apporte? 

Président Laurent Désiré Kabila: Madame, pouvez-vous m’indiquez le seul contrat avantageux que nous avons signé avec nos alliés? 

Marie France Cros: La Gécamines-Ridgepoint qui attribue 20% à la Gécamines et 80% à Rich point? 

Président Laurent Désiré Kabila: Mensonges piteux et monstrueux! L’État Congolais a 70% et le Ridgepoint n’a que 30%. C’est la réalité. 

Marie France Cros: Comment se fait-il que vous avez nommé le patron… 

Président Laurent Désiré Kabila: Vous comprenez d’abord ça?! Vous comprenez ça?! 

Marie France Cros: Oui, oui [elle était la plus coriace, ce Marie France Cros!] 

Président Laurent Désiré Kabila: Alors c’est ça. Deux: nommer qui? A la tête de? 

Marie France Cros: Vous avez nommé le patron de Richpoint à la tête de la Gécamines. 

Président Laurent Désiré Kabila: Ça n’a rien à voir avec le Richpoint. Ça n’a rien à voir. Ça a affaire avec un homme de qualité qui peut nous aider en dehors des contrats et signer notre contrat pour la direction de la Gécamines où il n’a rien à gagner autre que son salaire. 

Marie France Cros: Mais il y a quand même pour lui, un conflit d’intérêts s’il est à la fois le patron d’une entreprise publique Congolaise et qui possède, rachète des morceaux d’entreprises publiques Congolaises à chaque fois que l’État Congolais demande de l’argent? 

Président Laurent Désiré Kabila: Non, il n’y a aucun conflit d’intérêts dans ce sens parce que Richpoint qu’est ce qu’il fait? Richpoint a un contrat pour certaines mines qui étaient abandonées et qui sont mieux connues: les Kabambankole et autres. Ça n’a rien à faire pour ce genre de contrats qui ont été signés pour son engagement. 

Marie France Cros:Chitouroup (?) n’était pas avalisé! 

Président Laurent Désiré Kabila: Chitouroup (?). Mais ils produisaientt quoi? La Gécamines était incapable de produire même une tonne de cobalt par mois. Et alors, qu’est ce qu’on fait? Vous voulez que l’outil principal de l’économie soit laissé entre les mains des aventuriers qui vendent le cobalt où ils veulent? Il faut le changer! L’État est intervenu pour redresser la situation. Ils étaient incapables même de payer les salaires des 26,000 travailleurs de la Gécamines. Alors, comment pouvons-nous laisser notre outil à de tels gens? 

Baudouin Cartuyvels: Monsieur le Président. La question: Est-ce que si les alliés d’aujourd’hui ne vont pas vous faire payer très cher pour l’aide qu’ils vous donnent, est ce qu’ils partiront quand vous leur demanderez?

Président Laurent Désiré Kabila: Mais certainement! 

Baudouin Cartuyvels: Vous croyiez à l’époque des Rwandais! 

Président Laurent Désiré Kabila: Certainement, ils vont partir. Pourquoi ne partiraient-ils pas? Ils partiraient. Ils ne sont pas les Rwandais. Il ne faut pas croire que tout le monde pense de la même façon que les Rwandais. 

Philippe Lamair: Monsieur le Président, vous avez dénoncé ici en Belgique, entre autres, les pillage des resources naturelles du Congo, entre autres par les Ougandais, Rwandais… Pouvez-nous certifier qu’à l’ouest, de tel type de pillage n’ont pas lieu, et les troupes (du moins les les intérêts) Zimbabwéens, Namibiens et Angolais, se battent uniquement pour défendre le regime et non pas pour des intérêts économiques? 

Président Laurent Désiré Kabila: Monsieur, je vous guarantis que ce sont des hommes honnêtes, très honnêtes. Et ils sont engagés dans aucune sorte de magouille. Rien du tout. Ils sont venus assister un gouvernement qui allait être renversé contre le gré de son peuple par les forces étrangères. Et ils restent là. 

Philippe Lamair: Vous n’avez pas peur d’être un jour l’otage, ou votre gouvernement, votre regime, l’otage pour les services rendus de ces pays? 

Président Laurent Désiré Kabila: Non! Pas du tout. Pas du tout. 

Marie France Cros: Vous venez de permettre la création d’une société pétrolière qui s’appelle la Sonangol Congo et dont les intérêts sont essentiellement ceux de l’État Angolais. Ça semble quand même lié? 

Président Laurent Désiré Kabila: Ce n’est pas vrai. C’est 50% pour chaque côté. 50-50. 

Baudouin Cartuyvels: Pour revenir à l’enlisement du conflit, Monsieur le Président, est ce que pour le moment, les rebelles continuent actuellement à gagner du terrain? Et quel pourcentage du territoire selon vous? 

Président Laurent Désiré Kabila: Aucun! Quelque 33%, 33% à 40%. 

Baudouin Cartuyvels: Ils continuent d’avancer… 

Président Laurent Désiré Kabila: Ce ne sont pas des rebelles. Ce sont des forces Rwandaises et les Ougandais. 

Colette Braeckman: Il y a quand même des soldats Congolais avec eux, qui combatent avec eux, peut être sous leur commandement, mais qui sont là quand même? 

Président Laurent Désiré Kabila: Essentiellement? Essentiellement? 

Colette Braeckman: Les leaders de la rebellion sont des Congolais. 

Président Laurent Désiré Kabila: C’est qui? 

Colette Braeckman: En tous cas ceux qui parlent sont des Congolais. 

Président Laurent Désiré Kabila: (Rires). Ça me fait rire parce que ces soit-disant leaders des rebellions, quand ils étaient ramassés un peu partout par des envahisseurs qui les ont montés pour faire oublier qu’il y avait des envahisseurs. Ces gens avait faim de la politique. Et ils en font parce que les agresseurs sont sur le terrain. Lorsqu’ils vont se retirer, et beh, il n’y aura personne pour resister là-bas. D’abord le peuple ne les aime pas. On les appelle des traîtres. Où vont-ils se battre? Nul part! 

Baudouin Cartuyvels: Et alors, comment est ce que vous voulez mettre les agresseurs, ce que vous appelez les agresseurs dehors, puisque pour l’instant on est dans une sorte de status quo. Est ce que vous souhaitez faire appel à la communauté internationale? Est ce que vous souhaitez que d’autres forces debarquent dans votre pays pour vous faire rétirer les forces étrangères? Et comment est ce que vous voyez l’issue au conflit parce que pour le moment on a quand même l’impression qu’on va vers l’enlisement. 

Président Laurent Désiré Kabila: L’enlisement, oui, mais est est ce qu’on a besoin des forces exterieures maintenant pour entrer dans la danse encore afin de bouter les autres dehors? Ce n’est pas ce que nous voulons. D’ici là l’action diplomatique tend à ce que la communauté internationale repare l’injustice à l’endroit du peuple Congolais. Les forces d’agression extérieure sont venues et ont violé la charte de l’ONU, la charte de l’OUA. Et la communauté internationale est restée indifferente pendant longtemps., maintenant elle est entrain d’agir. Cette injustice, vous savez dans le cas du Koweit, la communauté internationale avait tous les moyens, une armada pour chasser l’Iraq. Et dans le cas du Congo, on ne le fait pas! Et pourquoi on ne le fait pas? Et ce n’est pas ce que nous demandons, mais il faut obliger l’agresseur de se rétirer du pays. 

Baudouin Cartuyvels: Mais pourquoi est ce que vous ne le demandez pas alors qu’ils interviennent? 

Président Laurent Désiré Kabila: Intervenir comment? Je vais leur demander d’intervenir pour dire aux agresseurs de se rétirer. C’est tout.

Baudouin Cartuyvels: Vous ne les demandez pas de venir sur le terrain. 

Philippe Lamair: Ce que vous employez, ce sont des pressions politiques que vous demandez? 

Président Laurent Désiré Kabila: Pressions diplomatiques, pressions politiques, appel à l’ordre. 

Marie France Cros: Et comment expliquez-vous que personne de la communauté internationale n’a pas été emue si longtemps à condanmer cette agression? 

Président Laurent Désiré Kabila: Bon, justement. D’abord la prémière explication: on ne voulait pas la tête de Kabila au pouvoir au Congo, parce que, semble-t-il, je suis un nationaliste, je suis trop attaché à mon pays, je ne suis pas maniable, flexible, etc., Ce que je ne connais pas. Deuxième explication: il y avait une campagne d’intoxication, une campagne que commande Monsieur Museveni, président de l’Ouganda, un spécialiste de mensonges. Il a trempeté partout avec une campagne de desinformation des réalités congolaises qui a endormi beaucoup, beaucoup de nations. Et il a fallu tout ce temps pour se rendre à l’évidence qu’il y avait plus de mensonge que de réalité. C’est pourquoi maintenant même, l’Union Eurpéenne est revenue à l’esprit avec les exigences qu’il y avait des agresseurs dans notre pays qui sont des Ougandais et des Rwandais. 

Philippe Lamair: Monsieur le Président, pour resoudre le conflit, pour vous, c’est la voie des armes ou c’est la voie de la négotiation? 

Président Laurent Désiré Kabila: Toutes les deux voies. Mais nous préferont la négotiation pour faire l’économie de vies. 

Philippe Lamair: De sang de la rébellion? 

Président Laurent Désiré Kabila: Pardon? 

Philippe Lamair: De sang de la rébellion? 

Président Laurent Désiré Kabila: La rébellion c’est quoi? Moi je dis que c’est la création des autres. Comme ce sont les créatures des autres, s’ils sont Congolais réellement, il faut qu’ils fondent leurs partis politiques et se présentent aux élections comme les autres. 

Philippe Lamair: Vous accepteriez qu’ils se présentent? 

Président Laurent Désiré Kabila: Absolument. On leur demande de faire cela. De ne pas cautioner l’agression de leur pays par les étrangers. C’est ridicule de leur part. 

Marie France Cros: Vous êtes prêt à négotier quoi, Monsieur le Président? 

Président Laurent Désiré Kabila: Le retrait des agresseurs de notre pays. 

Marie France Cros: Donc négotier avant le retrait 

Président Laurent Désiré Kabila: On ne peut pas negotier avant le retrait parce qu’on va négotier le retrait, surtout d’abord. 

Colette Braeckman: Mais tout le monde fait un lien entre la situation intérieure, on vous demande de faire un gouvernement d’union nationale et l’on lie cela à la rébellion, à la négotiation. Est ce que pour vous, il y a un lien ou pas? 

Président Laurent Désiré Kabila: C’est justement ça l’intention des autres, de ceux qui ont soutenu ceux qui ne sont pas au pouvoir maintenant. Vous êtes très familière avec la situation politique au Congo. Vous n’avez pas vu, Madame, que je le sache, des calicots dans la ville de Kinshasa réclamant qu’il faut que ces gens reviennent au pouvoir ou quelqu’un d’autres. Personne n’a vu. Maintenant lorsqu’on nous dit, il faut, il faut encore inclure les autres, ce n’est pas l’explosion intérieure qui a fait la rébellion. Tous les partis crédibles, celui de Monsieur Tsisekedi que vous aimez bien, de Monsieur Boboliko et les autres, n’ont jamais pri part à la rébellion. Alors, les hommes valables sont là à l’intérieur, et même leurs partis politiques ne se sont pas impliqués dans les affaires des rébellions. Alors ce n’est pas de la rébellion interne. S’ils avaient pri les armes, eux, nous allions négoitier avec eux, parce qu’on allait dire: «Mais qu’est ce qui ne va pas! Essayons de résoudre nos problèmes.» Mais ça c’est une invasion de l’extérieur. 

Marie France Cros: Donc, vous accepteriez négotier avec eux s’ils avaient pri les armes et vous n’acceptez pas de négotier avec eux alors qu’ils restent pacifiques, parce que vous avez réfusé jusqu’à présent des négotiations politiques avec ces partis qui vous les réclament? 

Président Laurent Désiré Kabila: Oui, nous n’avons pas réfusé parce que je vous ai dit que je les ai rencontrés, et que même le Sécrétaire Général de l’AFDL les rencontre. On ne réfuse pas, on se rencontre. 

Marie France Cros: Mais il n’y a pas de négotiations politiques? 

Président Laurent Désiré Kabila: Nous allons négotier pour faire quoi? Nous négotions quoi? Ce qu’il faut négotier, c’est, il faut mettre fin à l’interdiction des activités politiques. Mais cela est résolu. Alors on va continuer à négotier sur quoi? Vous travaillez, votre programme, notre programme, on attend le moment venu pour nous présenter devant les urnes. Le verdict des urnes sera le seul verdict acceptable pour tout le monde. 

Marie France Cros: Donc, vous ne négotier pas avec les partis de l’intérieur, vous êtes prêts à négotier avec qui alors? 

Président Laurent Désiré Kabila: Mais on négotie, j’espère que vous me comprenez. Je suis très claire. On ne peut pas négotier avec les partis de l’intérieur parce qu’il n’y a rien à négotier. Nous sommes tous obligés, et eux , et nous, tous égaux, d’aller vers les urnes. Je négotie avec qui? Avec les occupants, ceux qui nous ont envahi, ceux qui occupent notre terre. C’est avec eux qu’on négotie. 

Baudouin Cartuyvels: Monsieur le Président, il nous reste très peu de temps. Qu’est ce que vous attendez très concrètement de la Belgique dans les mois qui viennent par rapport à votre pays? 

Président Laurent Désiré Kabila: Ce que j’attend concrètement de la Belgique, ce que je suis entrain de dire ici, c’est qu’elle intervienne pour que les lois qui régissent les rélations entre les états, soient respectées; donc les lois internationales. Que la souverainété du Congo soit respectée, nos frontières nationales, internationales… c’est ce que nous attendonsplus de la Belgique. Naturellement, il y a bien d’autres choses qu’elle peut négotier avec notre gouvernement ici sur place, des rélations bilatérales dans le cadre économique des deux pays. C’est tout. 

Philippe Lamair: Vous demandez que la Belqique condamne ce qui se passe à l’est de votre pays? 

Président Laurent Désiré Kabila: Moi je ne pense pas que je dois continuer à demander de condamner. Mais je demande à ce que la Belgique fasse respecter la loi à ceux qui la violent. 

Philippe Lamair: Vous voudriez que la Belgique joue un rôle de médiateur dans cette crise? 

Président Laurent Désiré Kabila: Ah! Si elle s’offre, c’est tout à fait bien. C’est acceptable. 

Colette Braeckman: Le Vatican le fait je crois. 

Président Laurent Désiré Kabila: Le Vatican est (supposé?) être de bon coeur. Et s’il le fait, ça sera bien. Mais je pense que le Vatican est tout aussi claire sur l’impunité, sur ses positions – le respect vraiment de la souverainété des nations, etc., Et il tente de faire quelque chose, de nous rappeler nous gouvernants qu’il y a la limite à la liberté. C’est tout.

Baudouin Cartuyvels: Monsieur le Président, est ce que vous avez le sentiment d’être l’homme providentiel du Congo? 

Président Laurent Désiré Kabila: Je n’ai pas du tout de tels sentiments (rires). Pourquoi serais-je l’homme providentiel? On en a vu assez! 

Baudouin Cartuyvels: Vous avez dit que le peuple Congolais vous aimait. Alors, vous croyez qu’il vous aime pour vous ou bien qu’il vous aime tout simplement parce que pour l’instant, vous êtes peut être la seule personne qui incarne l’image de l’unité nationale dans un pays qui est en voie de balkanisation? 

Président Laurent Désiré Kabila: Moi je pense que c’est pour cela que mon peuple m’aime. D’abord, je répresente, je suis le réflet de ses intérêts. Je parle de la justice. Il voit, j’ai mon gouvernement. Je ne suis qu’un soldat de mon peuple. Et c’est comme ça qu’il se reconnait en moi. Je ne dis pas qu’il m’aime. Il faut demander aux Kinois eux-mêmes. C’est ça. 

Baudouin Cartuyvels: Voilà. Merci Monsieur le Président, merci beaucoup d’avoir accepté notre invitation, d’avoir tenu votre parole, puisque vous l’aviez promi. Merci à mes confrères qui ont pri part à cette émission. 


COMMENTAIRE 

Marie-France Cros :Ridicule journaliste belge
 

La journaliste belge Marie-France CROS doit se sentir mal à l'aise maintenant qu'en face et de vive voix, le président Kabila a répondu à ses questions combien insidieuses. La journaliste n'a jamais réussi à cacher ses sentiments malveillants vis-à-vis du pouvoir de Kinshasa. Au mépris de la "neutralité" requise pour son métier, madame la journaliste a toujours volontiers servi de relais aux moindres critiques contre le régime congolais. On pouvait comprendre qu'elle soit à ce point belge que ce qui se passe dans l'ancienne colonie la révulse maintenant que Kabila a décidé d'aller son chemin envers et contre les "relations privilégiées". 

Ainsi, les accusations de génocide portées contre Kabila ont à ce point excité la journaliste qu'elle en a oublié toute raison, toute présomption d'innocence pour l'accusé. Elle en a fait sa tartine. Et lorsque, sur le plateau de la télévision belge, elle entend Kabila répondre qu'il s'est agi de l'autodéfense d'une population à main nue agressée au vu et au su du monde, la journaliste en reste sans voix. Il lui a fallu des secondes pour se réveiller, se rendre compte que Kabila ne se démontait pas à ce sujet. Et la voix à peine contenue de Marie-France la trahit fort bien. Décontenancée, elle ose quand même encore une prétention : Kabila aurait conclu un marché avantageux en faveur de l'allié Zimbabwéen via la société Ridgepoint en cédant 70% de la Gécamines. Mensonge hideux et monstrueux, barre Kabila, rétablissant les chiffres en proportion. 

Le ridicule aurait dû assagir la journaliste. Mais non ! Aveuglée, elle a perdu toute raison, car elle ne se rappelle pas du tout que le Congo fait face à une guerre, que des Rwandais sont bel et bien entrés dans Kinshasa pour tuer. Non ! A ses yeux, c'est certainement Kabila qui doit avoir attaqué le Rwanda et l'Ouganda et le Burundi. C'est certainement le Congo qui en veut aux pauvres Tutsis et Hutus si innocents, si candides, si pacifiques. Et Marie-France ne veut pas qu'on touche à ses Rwandais. 

Il y a longtemps que la journaliste pense, on ne sait trop de quel droit, faire la leçon aux Congolais. Et pourtant, on l'aura prévenue : lorsque des Congolais sont allés attendre de recevoir Kabila, la journaliste s'est présentée en bonne et due forme. On lui a bien lancé à la figure le ras-le-bol des Congolais contre ses articles partisans et méprisants. On lui a rappelé que son journal, la Libre Belgique, a écrit des monstruosités contre Lumumba. On les connaît bien maintenant. Marie-France a menacé de porter plainte. Ridicule ! 



Honoré Munda 

Copyright Afriqu'Info asbl 


08/08/2012
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Dossier sur accord de LEMERA:Message de M'zee LD Kabila aux Congolais de Libreville

Devoir de Memoire sur le dossier de l'Afdl et le fameux accord de LEMERA!

Voici le Message du chef de l'état M'zee Laurent Desiré Kabila aux Congolais de Libreville qui reste encore d'actualité!

 

A OBSEVER LES CHOSES AU CONGO D’AUJOURD’HUI, POINT N’EST DE DIRE QUE L’HISTOIRE LUI DONNE RAISON CHAQUE JOUR QUI PASSE

 

LORS DE CETTE RENCONTRE MZEE KABILA FAISANT LE POINT DE LA SITUATION, A BIEN REVELE DES CHOSES



1. COMMENT LES TUTSI BANYAMULENGE NE SONT CONGOLAIS QUE DE MASCARADE. ILS AVAIENT UN PARTI UNIQUEMENT A CARACTERE ETHNIQUE ET ETHNICISTE AU SEIN DE L’AFDL QUI S’APPELAIT «ANP» ET QUI AVAIT COMME OBJECTIF: LUTTER POUR LA NATIONALITE CONGOLAISE 

2. COMMENT KAGAME DOIT LA SURVIE DE SON POUVOIR A MZEE LAURENT DESIRE KABILA 

3. COMMENT LE COMPLOT CONTRE LA RDC A ETE CONCOCTE DE LONGUE DATE 

ÉCOUTONS LAURENT DESIRE KABILA

«Qu’est ce qui se passe dans notre pays? Quelles sont les motivations de nos agresseurs? On a déjà expliqué à plusieures réprises et de différentes manières. D’autres ont des versions selon lesquelles les Rwandais ne voulaient pas de Kabila, parce que Kabila n’était pas manipulable. Mais ce qu’ils veulent c’est surtout le Congo, ce n’est pas surtout de Kabila. Pour moi ils me prenaient pour un obstacle. 

Et nous étions avec le Rwanda. Cette alliance était une alliance d’intérêts. Nous l’avons clamé toujours. Nous devions passer par le Rwanda pour détroner le régime de chez nous, qui n’était pas un régime populaire, un régime qui a apporté la misère, etc, etc,. Tout le monde le sait. Nous nous sommes réconciliés avec tout ce monde là, à commencer par Mobutu lui-même. Mais le régime, c’est un régime qui a plongé dans l’irrésponsabilité illimitée; chose que Mobutu a reconnu parce qu’il ne faisait sur le bateau [Outeniqua] que s’étonner. Il croyait qu’il était Dieu alors qu’il n’était qu’un homme. Mais notre révolution était une révolution pardon. 

Mais notre objectif principal de l’alliance avec les Rwandais, c’était de libérer notre pays, parcequ’aucun pays limitrophe ne supportait une entreprise révolutionaire qui visait le chnagement politique dans notre pays. Donc, nous étions laissés en nous-mêmes, un peu comme les Hutu d’aujourd’hui; les Hutu du Burundi et du Rwanda. Personne ne pouvait écouter – tout le monde – parcequ’il [Mobutu] achétait des alliances policières dans les pays limitrophes. Alors c’était difficile même si les discours étaient des discours qui parlaient un peu bien du peuple Congolais, mais beaucoup d’hommes d’États étaient de mêche avec la dictature chez nous. Et puis la police faisait le travail de traquer les opposants anti-régimes. 

Et il était évident que lorsque l’autre tombait au Rwanda – je parle d’Habyarimana – que le régime qui allait être établi là-bas [ celui de Paul Kagame] devait être un régime, non necessairement anti-Mobutu parcequ’il les a d’ailleurs aussi soutenus. Il a donné au Rwandais Kagame et les autres, toujours par l’entremise du même Museveni, des excitants. Et ils étaient partout dans des hotels de Kinshasa en même temps que tombait son allié Habyarimana. Ils allaient à Gbadolite, ils étaient partout dans des hotels de Kinshasa. C’est un malin, notre frère là [Mobutu]. Un vicieux diable! Il faisait tout ça! Et après ces gens se sont rendus compte qu’il les trompait aussi, parce qu’il soutenait Habyarimana, il a améné les Français, il entrainait les anti-Tutsi… 

Alors, ils [les Tutsi] ont voulu une alliance avec un mouvement révolutionaire, vraiment révolutionaire, qui avait à coeur avoir une intimité quelconque. Tout était marchandage politique: «Nous entrons, nous mettons fin à l’agression de votre pays à partir de notre territoire. Vous nous faites passer, nous avons des armes, vous ne serez pas renversé mais nous allons renverser le notre.» 

Et c’est ainsi qu’on nous a vus avec tout ce monde là à l’intérieur de notre pays. Ils étaient quelque 3,000 hommes. Nous avions récruté énormement dans notre armée, dans les environs de 55,000 hommes à notre arrivée à Kinshasa. Toutes les assistances que nous recevions alors passaient par le Rwanda, ils en ont bénéficié beaucoup, beaucoup en armément surtout. 

KAGAME DOIT LA SURVIE DE SON POUVOIR A MZEE LAURENT DESIRE KABILA 

Ainsi cette alliance était une alliance d’intérêts, uniquement POUR QUE LE REGIME DE KAGAME NE SOIT PAS RENVERSE par le Congo, le Zaire d’alors, avec tous ceux qui le supportaient. Et pour nous, QU’IL NOUS DONNE LIBRE PASSAGE, pour faire entrer les armes, transit d’armement et d’autres pour renverser le régime Mobutu. C’était là l’alliance en question avec eux. 

Vous savez, nous sommes entrés au pays, une fois arrivé au pouvoir, nous avions encore beaucoup d’officiers Rwandais avec qui on a bien travaillé comme instructeurs dans nos unités d’infanterie, c’est ce qu’ils savaient faire, mais il y avait moins de spécialistes. Nos soldats étaient beaucoup plus jeunes, mais le peuple nous a acceuillis. L’anciènne armée ne s’est pas battue avec ferveur parceque tout le monde avait pri conscience qu’il ne pouvait plus soutenir ce regime là. Nous avions alors du bénéficier de cette complicité des populatins du Congo, qui d’ailleurs m’ovationait partout où je passais. Et c’est ainsi qu’a terminé cette prémière histoire de libération. 

«LES RWANDAIS SONT DES GENS INSUPPORTABLES. CE SONT DES CRIMINELS, DES SANGUINAIRES» 

Et maintenant, que s’est-il passé avec les Rwandais? Vous savez ces gens là sont insupportables. Ce sont des criminels, des sanguinaires. Et puis ils voulaient dominer notre pays, ils ont commencé par dire: «Oh , ce sont eux qui avaient porté Kabila au pouvoir, qu’ils pouvaientt nommer n’importe qui comme chef de l’État, qu’ils allaient dans mon cabinet ministériel proposer à un ministre, deux, trois ou sept, je ne sais pas quel nombre [leur disant] toi si tu veux, toi si tu veux, toi si tu veux (…), toi…». 

Dans l’armée, naturellement, comme j’ai fait de l’autre [James Kabarebe] conseiller principal à l’armée, le chef d’État Major en interime d’alors, il a manipulé avec l’argent que nous donnions à l’armée pour acheter ceci, cela – les armes, bien sure, c’est le ministre de la défence qui en achetait. Et bien avec cet argent, lui utilisait à corrompre les Congolais et à envoyer chez lui, disant s’ils voulaient il va en faire des grandes personalités de l’armée, ceci cela. 

Mais ce qu’ils ne connissaient pas c’était que nous étions mieux organisés qu’ils le pensaient, que nous avions un service d’intelligence très raffiné. Eux ne pensaient plus de rien. Et puis on surveillait tous les mouvements, tous les discours, tous les propos qu’ils avaient tenus dans des conférences avec les étrangers, surtout des contacts personels avec les gens qui sont dans l’armée, des cajoleries, des flatteries tout le temps, oh parfois le président est trop fort, il n’est pas fléxible, etc., Ils montaient des groupes de gens contre notre pouvoir et finalement beaucoup d’officiers y compri (?) [sont venus me chuchoter à l’oreille: Président, il faut faire attention avec ces gens... il y a un danger contre les institutions de l’État], c’est-à-dire, on travaillait avec eux mais ils complotaient. 

SUR LES ASSASSINATS DES HUTU 

Qu’est ce qu’ils demandaient? Les assassinats des Hutu, continuellement. Ils voulaient qu’on continue à assassiner les Hutu, moi je leur ai dit: «Ça, ce n’est pas notre mission.» 

Quand ils ont massacré des gens à l’Équateur, les chef traditionels sont venus me surprendre, moi j’ai dit ce n’est pas vrai. Ils ne pouvaient pas faire ça sans notre connaisance! Ils ont vu comment ils ont améné des cadavres, comment ils ont mi des corps dans des sacs et les ont jétés dans le fleuve, et se demadaient où est ce qu’ils ont entassé tout ce monde massacré par un certain Lieutenant appélé Daniel, pardon , Major Dan. Et quand ils m’ont dit ça, je l’ai expulsé. Et puis j’ai demandé: «Mais comment se fait-il que cet homme avec tout e son unité ait entrepri de telles choses? » 

Or ils étaient commandités par Kigali, par Kagame qui voulait qu’on traque les Hutu partout où ils sont réconnus. Mais il faut que le gouvernement soit mis au courant parce que c’est notre pays, c’est notre territoire. Et comme ils l’ont fait sans mon consentement, sans le consentement du gouvernement, j’ai décidé d’expulser ces hommes là, qui étaient tout puissants là-bas. J’ai dit qu’il faut qu’ils partent, avec tout le bataillon de criminels qu’ils ont introduit chez nous, d’abors sans notre accord parce qu’ils infiltraient toujours. Tout le temps que nous étions entrain de travailler, eux infiltraient les gens. A Kinshasa, ils faisaient la vedette. Les belles voitures c’est pour eux, il faut assassiner les autres [les propriétaires]. Ils tuaient pour de belles femmes. Et vous savez nos femmes là-bas, oh c’est pour eux [éclat de rires]. Ils voulaient tout. Ils se sont abbatus sur ce qu’ils voyaient. Les banques étaient spécialement visées. C’était formidable. 

Mais en même temps, s’ils prenaient de belles voitures, ce n’était pas pour eux qu’ils les prenaient. Ils tuaient des gens et prenaient des voitures, ils arrachaient des voitures à leurs propriétaires, des simples voitures. Beaucoup de cas. Lorsqu’il fallait les arrêter, ils criaient au complot, alors que c’étaient eux qui complotaient. Ainsi ça a un peu continué et je trouvais que c’était trop. -Ils s’ingèrent dans la politique du pays; -la criminalité était haute lorsqu’ils étaient là -et en même temps, ils continuaient à traquer les gens [les Hutu] pour les tuer et tuaient nos compatriotes, nos officiers [Ngandu Kisase entre autres], nos propres frères, les dirigeants politiques… alors nous avons décidé de mettre fin à une sorte de coopération qui n’était pas réglé, c’est-à-dire, comment nous allions coopérer et quelles sont les limites imposées à nos coopérants. Il n’y avait pas un texte légal. Ils étaient tout puissants. 

VELEITES HEGEMONIQUES ET PLAN D’ANNEXION DU CONGO 

Et naturellement, ils n’aiment pas rentrer chez eux. Ils étaient venus pour rester. Ils avaient des plans d’annexion, avoir un certain Bizimungu à la tête du Congo, c’est-à-dire un sanguinaire qui jouait comme un homme à eux. Alors, on a dit ça c’est trop fort. Ce n’est pas possible! Ils doivent partir. 

LE CONGO AGRESSE !

Et vous savez bien, quand est-ce qu’on les a démandé de quitter? Le 27? C’était le 28 juillet 1998. On les a donnés des avions pour qu’ils partent. Ils ont entassé de tants butins volés! Moi j’ai dit, laissez-les, ce sont des pauvres. Ils n’ont rien chez eux là-bas! Mais nous, on continuera toujours à faire autres choses. L’essentiel est que ces gens quittent et qu’il n’y ait pas bain de sang. Mais ils avaient laissés un bataiilon et demi des Rwandais, des militaires et des officiers en civile; et puis ils avaient des cachettes d’armes . Tout le temps que les Congolais faisaient autres choses, eux amassaient des armes. Ils en envoyaient à Kigali et puis ils cachaient d’autres là-bas pour faire un coup d’État contre Kabila. 

Bon, le 2.08.1998, ils ont déclenché leur coup d’état. Ils ont cru qu’ils allaient prendre le pouvoir pour assassiner, parce que, même tout près de chez moi là, ils avaient mi dans la maison de l’autre docteur là qui était chargé de l’armée, au sein de l’armée de [terre], {Danny?]. Oui, je ne sais pas comment il s’appelle maintenant. En face de chez moi à quelques 300 mètres, [Patrick?], Patrick, ils ont bourré là-bas des armes, les unités qui venaient du Rwanda se cachaient là parce que ce sont des grandes maisons avec des clotures. Mais ils ont eu le malheur d’avoir été detectés par d’autres, disant qu’il y a des gens qui ne sortent pas là-bas, qui nettoient toujours des armes, qu’il y a des mitrailleuses, qu’il y a ceci, qu’il ya cela. Les officiers sont venus me dire que la situation est très grave, ça va sitôt s’enflamer. Moi je leur dit: «Attendez, on va les écraser. Restez calme.» 

Le 1er.08.1998, nous avons désarmé tout ce monde là qui étaient dans la garde présidentielle. J’ai dit qu’ils doivent être désarmés et doivent partir. Et puis la nuit du 2.08.1998 là, c’était la grande musique. Ils ont attaqué la garnison du Camp Tsatsi. Ils voulaient premdre le Camp Tsatsi pour aller prendre l’État Major Général - où d’ailleurs il n’y a rien, ce sont des bâtiments – et en même temps aller à la logistique s’accaparer des armes lourdes afin de venir à ma résidence. Et beh, tout c’était réglé au cours de la nuit et le lendemain. On les a poursuivis là-bas, on les a frappé beaucoup et ils ont de nouveau traversé [la bande verte?]. On les a totalement liquidé et le peu qui retait, on les a poursuivis, C’était le 3, le 4. 

CAMPAGNE D’INTOXICATION A LA MUSEVENIENNE APRES L’ECHEC DU COUP D’ETAT 

Non contents de cela parce que ça a échoué, nous ne savions pas que Museveni de l’Ouganda et les autres préparaient un coup. Ce que nous savions c’est qu’ils menaient la campagne pour isoler notre gouvernement. Quand tout allait bien, eux disaient que ça ne va pas chez Kabila, il est tribaliste, toute l’armée ce sont des Katangais. Encore que je n’ai pas choisi d’être Katangais. Personne n’a demandé à Dieu de lui donner sa tribu. Pour eux, tous les gouverneurs, tout ce monde, Katangais! Katangais! Toute l’armée, tous les officiers, Katangais. Ils disent maintenant ça ne va pas, il faut chasser les Katangais. Ils ont vendu ça un peu partout chez tous les chefs d’État, même nos meilleurs amis qui venaient et qui voyaient, on leur disait, mais il faut causer avec tous ces ministres, il faut voir combien de Katangais il y en a et qui ne sont pas Katangais. C’était là un alibi, un prétexte pour essayer de nous isoler. Ils pensaient que le gouvernement était si tribalisé que le leur! 

Alors quand ils ont commencé à prendre les choses au sérieux, je suis allé chez Mugabe lors d’une conférence, il n’y a pas longtemps. Il me dit:«Mais voila ce que Museveni vient de me dire, mais moi je n’y crois pas!». Je lui ai dit, mais où est la preuve? Je vais appeller ma garde. Ma garde qui m’accompagne, elle est toute ici là. Puis j’ai dit: «Trouves-moi un seul Katangais dans ma garde, alors tu comprendras que tout ce qu’il vous dit c’est faux. Et ils sont neuf. Il y en a encore ici, ils sont nombreux avec moi.» Il a dit: «C’est ça alors?!». «Si dans ma garde, je ne suis pas entouré par mes Katangais, donc le reste est faux.» [Les enemis ont-il exploité ça, parce qu’il a été dit que Mzee Kabila a été abbatu par l’un de ses garde-corps?!, on ne saura le dire. Voici ce qu’a écrit Colette Braeckman dans le Soir du 23 janvier 2001 et je cite: «La mort du Président Kabila, éxécutée par une main africaine, aurait été décidée par les Américains irrités par son nationalisme, son souci de défendre l’intégrité de son pays…Si Lumumba a été assassiné durant l’interrègne d’Eisenhower, Kabila pour sa part a trouvé la mort alors que Clinton faisait ses bagages…».] 

Et puis je lui ai dit: «Regardes un peu Museveni, qui il a, ce sont ses frères. Il a ses frères de sa tribu là. Quelle est sa tribu à lui? Les Tutsi? Comment? Les Tutsi. Les qui? Les Tutsi. Oui, les Tutsi, mais ils ont, les Hima… ils sont les trois tribus en une seule eh! Les Hima, les Tutsi et les Banyankole.» 

Alors, c’étaient donc des mensonges, ils visaient à diviser (?), ils ont contacté tous les chefs d’États des pays limitrophes. Ils les ont empêchés de venir à la conférence de solidarité. Une grande conférence que le monde entier a approuvée. Ils ont saboté. Le même jour, parmi les chefs d’État qui étaient invités, d’autres sont venus me dire: «Mais on ne sait pas, on ne comprend pas! Qu’est ce qui se passe avec Museveni?!. Museveni et l’autre là Bizimungu prétendent avoir un droit d’ingérence au Congo, ils disent que ce sont eux qui connaissent bien le Congo, les spécialistes du Congo, qu’ils connaissent tout ce qui se passe à l’intérieur du Congo et que ce sont eux qui avaient porté Kabila au pouvoir.» 

DE LA CREATION DE L’AFDL 

Mais, je vous ai dit comment nous nous sommes noué une alliance! Sans nous, ces messieurs, n’entreraient pas au Congo. Ils prétendent que ce sont eux qui nous ont portés au pouvoir, et par conséquent, ils connaissent tout ce qui se passe là-bas. Ils parlent d’Alliance. Comme s’ils ne savaient pas que l’Alliance c’était quoi?! L’Alliance, ils ne l’ont jamais créee! L’AFDL, ils ne l’ont jamais créee! 

  • COMMENT LES TUTSI BANYAMULENGE NE SONT CONGOLAIS QUE DE MASCARADE. ILS AVAIENT UN PARTI UNIQUEMENT A CARACTERE ETHNIQUE ET ETHNICISTE AU SEIN DE L’AFDL QUI S’APPELAIT «ANP» ET QUI AVAIT COMME OBJECTIF: LUTTER POUR LA NATIONALITE CONGOLAISE 


Mais ils nous ont imposés, pour que nous puissions avoir droit de passage avec des armes, de prendre [une bande] des Tutsi qui étaient à Kigali, venant de Masisi, Rutsuru, les Banyamulenge, les soit-disant Banyamulenge là, tous ces gens qui s’étaient réfugiés là [à l’est du Congo]; vous les voyez d’ailleurs défiler à la télévision parfois, mais qui étaient à Kigali, nous disant que, voilà, ici il y a des Congolais – où sont-ils ces Congolais? – il faut qu’ils participent, c’est bien, comme ça le mouvement, vous savez votre mouvement là le PRP, ça t’a améné beaucoup de problèmes, on dit que vous êtes Marxiste… C’est ainsi qu’on les a pris dans l’AFDL que nous avions créee et on a dit qu’il faut qu’ils fassent parti du mouvement. [Mais dans une interview que Mzee Kabila a accordé à la RTBF, lors de son dernier passage à Bruxelles, il a révélé que ces Tutsi Banyamulenge AVAIENT UN PARTI UNIQUEMENT A CARACTERE ETHNIQUE ET ETHNICISTE AU SEIN DE L’AFDL QUI S’APPELAIT «ANP» ET QUI AVAIT COMME OBJECTIF: LUTTER POUR LA NATIONALITE CONGOLAISE]. 

Mais comme ils n’étaient pas politiques, ils ne connaisaient rien de la lutte révolutionaire, pour eux c’était toujours: Nationalité! Nationalité! Nationalité! Moi j’étais pour autres choses [qui étaient prioritaires]. Eux luttaient pour la nationalité! C’EST POUR DIRE QU’ILS N’ETAIENT MEME PAS CONGOLAIS! (rires) Mais il fallait acheter des armes pour passer. Et nous l’avons fait. 

Donc quand ils parlent que l’AFDL, que moi particulièrement, j’ai avalé ces gens là, je les ai détronés, tout cela, mais c’est d’abord leur propre incapacité. L’incapacité de Bugera qui ne comprenait rien ce que c’est être un sécrétaire général d’un mouvement. Je me suis dit mais c’est quoi finalement. Le programme est là, il ne l’applique pas. J’ai dit: «Toi, je vais te prendre, je te donne un peu quelque chose de bien, ministre d’État (rires).» Il me dit: «Je préfère rester Sécrétaire Général du Mouvement.». J’ai lui ai dit: «Tu es incapable. Toutes les preuves sont là, n’est ce pas?! Monsieur, mais tu ne peux rien faire! (rires). Tu passes tout son temps à faire les réunions des Tutsi. Mais quand est ce que l’AFDL sera popularisée? Quand? Le programme est là.» J’ai dit: «Bon maintenant, plus des anciènnes habitudes là ou les gens devaient regner et non gouverner, tu vas à côté. On va mettre un autre sécrétaire général.» 

Pour eux c’était un grand coup. Mais, que voulez-vous? Un homme incapable, qui comprend rien à la situation nationale, qui ne s’occupe que des combines de sa pétite tribu qui demande de nationalité. Alors il fallait quand même…(rires). Le Congo est trop grand pour nous occuper de pétites choses! Donc, il fallait donc enlever l’obstacle. Et c’est ce qui a été fait. Pour eux c’était leur cheval de bataille. Les Tutsi devaient prendre le pouvoir, etc, etc., C’était difficile! Ils ont vendu tout ça dans les pays limitrophes: oh, on les a détronés, on les a fait ceci, que Kabila, les accords qu’on avait signés, il ne les a pas respectés! N’est ce pas ce qu’ils disaient souvent? 

IL N’Y AVAIT PAS D’ACCORDS DE LEMERA !

Les Accords de Lemera?! Nous n’avons jamais signé des accords. Ceux là n’étaient même pas à Lemera où nous étions, les Bugera et les autres. Ce n’était même pas à Lemera qu’on a signé des accords. Et puis, quels accords étaient-ce? C’était la création du Mouvement, les objectifs, c’était surtout ce que chaque parti devait apporter. Mais comme il n’avaient pas de parti [proprement dite, sauf que que ces Tutsi Banyamulenge AVAIENT UN PARTI UNIQUEMENT A CARACTERE ETHNIQUE ET ETHNICISTE AU SEIN DE L’AFDL QUI S’APPELAIT «ANP» ET QUI AVAIT COMME OBJECTIF: LUTTER POUR LA NATIONALITE CONGOLAISE], donc ils n’ont rien apporté. Pour eux leur parti c’était le gouvernement Rwandais [et leur objectif: lutter pour la nationalité congolaise]. Et voilà pourquoi ils ont pésé dans la balance. On les a aménés chez nous comme ça. 

Donc, ces choses là, c’est-à-dire les tentatives d’humilier notre pays en prétendant qu’ils peuvent faire ceci, qu’ils peuvent faire cela, nommer les dirigeants, on va faire ceci, le Congo est un grand pays. Si nous réfusons d’être dominés par les États-Unis qui ont une prétention insupportable, et comment est ce que nous pouvons accepter d’être dominés par les Rwandais et les Ougandais? Nous avons dit: «NON!» 

Ainsi donc la génèse actuelle, et puis les mésententes et des conflits et des conflits, c’est ce que je viens d’expliquer. Eux voulaient dominer, avoir des gens qu’ils vont mettre au pouvoir pour que les Tutsi dominent toute la région.

 

[LA TUTSIFICATION DU POUVOIR DANS LES PAYS DE LA REGION DES GRANDS LACS, C’EST CE QUE MOI LOKONGO J’AI TOUJOURS DENONCE]

 

. Ils le font déjà en Ouganda, au Rwanda, au Burundi, où il n’y a pas de régime démocratique, où ils trouvent des excuses dans des conférences internationales pour justifier leur réfus de la démocratie parcequ’ils sont moniritaires, parce que s’il y a démocratie, les Hutu continueront, et eux ne vont pas participer au pouvoir. Mais en attendant, ce sont eux qui sont au pouvoir sans que les Hutu participent. 

Et nous avons bien fait d’expluser ces gens là [Mzee Kabila a du dépêché une délégation dirigé par le Ministre de la Justice Jeannot Mwenze Kongolo à Kigali pour informer Paul Kagame de cette décision souvéraine]. Ils ont commencé quatre jours après, le 2.08.1998, la guerre d’agression. Ils ont bombardé, bombardé… Ils ont bombardé Bukavu, ils ont bombardé Goma. Ils sont rentrés en force parce que vous savez, ils traversent. C’est une frontière là, terrestre. 

COMMENT ONDEKANE A TRAHI 

Et comme dans l’est, nos unités étaient entrain de travailler avec les leurs, ils ont corrompu mes officiers qui étaient là, y compri quelqu’un que vous voyez là, celui qui était avec nous mais pas pour longtemps, qui est leur chef, Comment on l’appelle encore? Ondekane. Ah oui, Ondekane Jean Pierre, qu’il présentent comme leur chef de guerre. Un homme qui était dans le département logistique, que j’ai nommé comme Commandant de Division d’un brigade, provisoirement . Mais ce pétit homme, ils en ont fait le grand chef militaire. Et ils ont eu d’autres Congolais par la corruption, ceci, cela. Ondekane, ils l’ont fait marier à la soeur de James Kabarebe, à une Tutsi, directement!

 

Il a abandonné sa femme avec les enfants à Kinshasa.

 

Voyez encore le problème avec les Congolais (rire). Ils vous laissent beaucoup de problèmes! Il est là, et maintenant, il crie qu’il va venir encore! Bon le voilà devenu un chef de guerre de la rébellion. Et ils sont allés ramasser tous les autres (aigris, réplis?) que vous connaissez: les Tambwe Mwamba, les Zahidi Ngoma [qui a été arrêté, libéré dans une chaise roulante, l’Unesco écrivant à Mzee Kabila d’avoir pitié de lui], l’autre là, Lunda Bululu, Wamba dia Wamba (rires), et vraiment une kermesse des gens en tous cas corrompus et inutiles

BIZIMA KARAHA, ON LE CROYAIT CONGOLAIS MAIS IL NE L’EST PAS! 

Et Bizima Karaha, qui était votre ministre des affaires étrangères que je croyais Congolais (rires et applaudissements), mais à très grande surprise, quand j’avais démandé à l’armée Rwandaise de Kagame de se rétirer, eux avaient déjà fait des valises, ils disaient leur armée se rétire, ils se sentent en insécurité! 

Moi je leur ai dit: «Mais non, votre armée reste. C’est l’armée Rwandaise qui se rétire. Ce n’est pas la votre (rires).» Mais ils ont disparus. ET J’AI COMPRI QU’ILS N’ETAIENT PAS CONGOLAIS ALORS! (rires), parceque l’armée qui se rétirait c’était l’armée Rwandaise. Un ministre Congolais, un ministre d’État a disparu! Un ministre des affaires étrangères a disparu! (éclats de rires). Moi je me suis dit: «NOUS ETIONS INFILTRES ALORS, INFILTRES AU SOMMET DE L’ETAT!» 

Ainsi, on a pu découvrir plus de documents où Kagame dirigeait ces gens là, et où il complotait pour que les Tutsi prennent la tête de ce grand pays qui n’est pas le leur! C’est de trop eh! Un pays qui ne les appartient pas, ils veulent en prendre la tête?! Quoi?! Mais ce n’est pas possible! Ça a été trop grave. On a vu tout ça! Si seulement on avait su avant, ça aura été bien. Mais le conflit a éclaté après. Ils tentent d’accomplir ce qu’ils n’ont pas pu réussir avec le coup d’état qui avait échoué le 2.08.1998. ET maintenant, je les vois entrain d’échouer encore. 

 

Antoine Lokongo

 

Reflex-Po au sein de Ammafrica world


08/08/2012
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SANTA TERESE DE MOSE EN FLORIDE: DES PAYS KONGO AUX AMERIQUES

SANTA TERESE DE MOSE EN FLORIDE: DES PAYS KONGO AUX AMERIQUES
 
 
 
 
SANTA TERESE DE MOSE
(FLORIDE)
Première partie :
Des pays Kongo aux Amériques :
calvaires, souffrances et servitude

Deuxième partie :
La révolte et la liberté
PREMIERE VILLE DES NOIRS LIBRES DANS L’HISTOIRE DE L’AMERIQUE DU NORD

Un essai et compilation de Sérenine-Arsène Francoeur Nganga, Mfumu Kwimba
 

 

Première partie : 
« SES PREMIERS HABITANTS, QUI FURENT DES ESCLAVES EN MAJORITE KONGO, 
FURENT LES PREMIERS ESCLAVES A OBTENIR LA LIBERTE DANS TOUTE L’HISTOIRE DE L’AMERIQUE DU NORD »

 

 

 

 

 

“Trust your experience, know whence you came. If you know whence you came, there is really no limit to where you can go. I am proud of black people not because of their color, but because of their spiritual force and their beauty. The role the black people played and play in American life , would reveal more about America to American’s wish to know”

« Endure ce que tu vis aujourd’hui, et surtout souviens toi de tes origines. Car si tu connais tes origines, il n’y a réellement pas de limite sur les lieux que tu peux atteindre. Je suis fier des noirs, non à cause de la couleur de leur peau, mais plutôt pour leur force spirituelle et leur beauté. L’histoire sur le rôle que les noirs ont joue et jouent encore dans la vie quotidienne aux amériques serait en mesure d’ éclairer l’opinion sur l’ amérique et la soif des américains à connaître sur leur nation » James Baldwin

Le commerce négrier, imposé par les portugais arrivés au royaume kongo depuis le 15e siècle, l’avait dépouillé d’une très grande partie de ses hommes valides. Ces hommes qui étaient entassés dans des conditions misérables comme des marchandises, partaient du port de Mpinda (Province de Soyo), port de Malemba (Royaume de kakongo), port de Kabinda(Royaume de Ngoyo) entre les années 1500 et 1808, ils étaient transportés pour la plupart par des bateaux néerlandais et anglais qui dominaient le commerce négrier.

Pour ces esclaves kongo, le fait d’être transporter dans un bateau était vu comme étant un mystère, un voyage vers la mort, ces kongo pensaient être transportés dans l’univers des morts car dans la tradition kongo les esprit des morts vivent dans les eaux, les lacs et les océans, les bateaux étaient conduits par des hommes blanc ; et le blanc, la couleur de la mort.

Les conditions dans les bateaux étaient précaires et les esclaves succombaient souvent pour cause de dysenterie avant même d’arriver à destination, malheur étaient également pour ceux qui souffraient de la tuberculose car ils étaient jetés dans l’océan pour éviter une contamination générale.

Parmi les plus célèbres marchands d’esclaves qui ont accosté au port de Mpinda et Kabinda furent James Barbot après un long voyage sur l’océan atlantique, ces ne-kongo arrivaient aux Jamaiques et au Barbados. Ensuite des bateaux venaient de la Caroline du sud, Maryland et Virginie pour acheter des esclaves pour les plantations aux Etats Unis. Un témoignage datant de 1708 du gouverneur du Maryland confirme le fait. C’est seulement à partir de 1720 que les bateaux négriers arrivaient directement en Caroline du Sud pour les plantations de riz et à Port York, au sud de l’ état de Virginie, pour débarquer des esclaves pour les plantations de tabac de la James River Tobacco Estates (River James Valley). Les statistiques reprises dans des archives mentionnent le nombre d’esclaves d’origine Nekongo à la hauteur de 60% et 40% la population d’esclaves, respectivement en Caroline du Sud et Virginie .

Des faits historiques sur l’héritage Kongo dans le Sud des Etats-Unis abondent. L’historien Jan Vansina de l’Université de Wisconsin parle dans ces régions du « cultural legacies of central africa about creolization » ou l’héritage de l’Afrique Central sur la Créolisation. De récentes recherches historiques montrent par ailleurs, avec évidence, que ¼ d’ afro-américains sont d’origine kongo. L’archéologue américain Leland Ferguson asserte que la plupart des traditions africaines qui se trouvent en Caroline du Sud, Georgie et Floride sont kongo. La preuve la plus patente de cela est la langue africaine parlée dans le sud des Etats Unis, langue dénommée « le Gullah », dans laquelle on retrouve des mots comme bidi (poisson) et tata (père)…. Au cimetière de Sunsbury en Georgie et au cimetiere de Bosquebello sur l’ile d’Amelia en Floride, par exemple, les tombes sont décorées selon la tradition kongo (Lire sur ce sujet : Robert Farris Thomson, Kongo influence on african-american cultures, Joseph & Holloway Edition)

En arrivant en caroline du sud, les Ne-kongo avaient retrouvés une terre semblable à la leur car la caroline du sud était bordée par l’océan atlantique comme le royaume kongo l’était aussi. Les forets de la caroline du sud leur ont permi de continuer à croire aux forces de la nature et du monde invisible, et ainsi pratiquer les religions kongo qui a pu pérenniser l’héritage culturel depuis plus de deux siècles.

Après avoir été importé par les sociétés des négriers, telles la J. Wragg & Co., B. Savage & Co., Cleland & Wallace, Jenys & Baker, Hill & Guerrard, ils furent envoyés dans des plantations de riz parmi lesquelles: la plantation de Comingtee, River Cooper plantation de Sir Nathaniel Johnson (ancien gouverneur de la caroline du sud),…

Tout au long de leur séjour, ces Ne-kongo étaient restés en communion avec eux leurs cultures et leurs croyances religieuses; les premières congrégation religieuses afro-américaines commenceront dans le sud a prédominance kongo.
A l’exception d’une église africaine fondée dans les plantations de William Byrd à Mecklenburg (Virginie) en 1758 ; George Liele fondera - en 1773 - la première église la Silver Bluff Baptist Church à Silver Bluff (Caroline du Sud). L’un de ses compagnons, Andrew Bryan, avait fondé la Bryan Street African Baptist Church, plus tard dénommée First African Baptist Church of Savannah. Martin Luther King et Elijah Poole sont tous deux nés en Georgie, une région à prédominance noire. Les deux constituent les plus grandes figures de l’histoire religieuse afro-américaine. Le premier est le Revend Luther King de tout le temps, et le second devenu Elijah Mohamed est le fondateur de la « Nation of Islam ».

La servitude était totale dans les plantations où ils étaient entassés comme des travailleurs. Ils étaient soumis à des travaux forcés de dur labeur, un calvaire et de la souffrance. Ils étaient considérés comme des machines et ils travaillaient sans salaire adéquat, disons ils ne tiraient ni bénéfice ni profit de leur travail. Leurs vies étaient à la merci de la volonté de leurs maîtres qui avait le droit de vie et de mort sur ces esclaves. La société blanche n’accordait pas de dignité, ni de valeurs aux esclaves. Par exemple, il était interdit aux esclaves d’apprendre à lire et à écrire, de posséder des biens, de s’attrouper, de se déplacer sans l’autorisation écrite de son maître. Les esclaves étaient des objets, ils étaient des bêtes immondes que ces colons pouvaient battre, lyncher et tuer. Le colon pouvait brûler son esclave, lui couper les oreilles ou la jambe. La violence sous toutes ses formes était le bras armé du système esclavagiste, un sadisme pur. Toutes ces atrocités étaient permises. Cette barbarie était légale et institutionnelle.

Ce climat d’esclavagisme ou catéchisme colonial avait développé un climat de rébellion. Quelques esclaves réussissaient à s’évader des plantations pour se réfugier en Floride, à Saint Augustine où les colons espagnols affligeaient un autre traitement, qui était relativement moins sadique que celui des colons anglais. A l’occurrence, avec les espagnols, les esclaves pouvaient acheter la liberté. La Floride était donc l’eldorado de la liberté.

Les esclaves s ‘évadaient en solitaire ou en petit groupe. Les fugitifs qui se faisaient capturer étaient soit condamner à mort, soit se faisait couper une jambe. Une autre alternative était la chicotte jusqu’à 300 coups de fouets. LE NEGRO ACT DE 1722 demandait à tous les propriétaires d’esclaves de pouvoir rançonner le marshall ou constable qui ramènerait un fugitif ou qui coupera la jambe d’un fugitif.

En 1791, deux nègres furent brûlés vifs par des colons à Charlestown par ce qu’ils avaient assassiné leur maître pour s’évader. Un certain Colonel Lynch avait acquis la réputation d’avoir tué des milliers d’esclaves. lLe 29 janvier 1732 Charles Jones, après avoir capturé un esclave fugitif, l’exécuta en le tronchant la tête, ensuite la tête de cet esclave fut perchée sur un poteau. Un scénario pareil a également eu lieu près d’Alexandria en Virginie en 1767 où les têtes d’esclaves furent exposées sur une cheminée. Certains esclaves furent pendus en public, la pendaison de QUASH en 1734.

La Floride était donc devenu le rêve de tous les esclaves de la Caroline du Sud et de la Georgie. Un nombre croissant d’esclaves s’échappait des plantations pour la Floride, pour un meilleur traitement. En Floride, l’édit du roi catholique d’Espagne de 1733 accordait la liberté aux esclaves qui se convertissait au catholicisme.

Il est à signaler à ce niveau que un conflit risqua de s’éclater entre la Caroline du Sud et la Floride. En juin 1728 déjà, bien avant l’édit susmentionné, le gouverneur de la Caroline du Sud Arthur Middleton avait écrit à la Couronne de la Grande Bretagne à Londres pour se plaindre que la Floride recevait des fugitifs de sa région. Pour ce gouverneur, le Royaume d’Espagne mettait l’économie de sa région aux risques, avec les plantations de riz qui commençaient a se vider de la main d’œuvre nègre. 
Aujourd’hui, l’ Amérique ne parle pas encore de la manière qu’il faut de la contribution des ces plantations de riz dans l’histoire de l’économie américaine, et de ce que les noirs ont enduré durant toutes ces années.

Deuxième partie : 
LA REVOLTE ET LA JOIE DE LA LIBERTE 
(à suivre) 
• La deuxième partie de cet essai : « Santa Teresa de Mose : première ville des noirs libres dans l’histoire de l’Amérique du Nord » sera publiée dans la prochaine édition de l’Observateur Kongo


Notes supplémentaires : Au sujet de Fort-Mose, un lieu de pèlerinage pour les Nekongos
• Certains descendants des habitants de Fort Mose , Saint Augustine et alentours forment aujhourd'hui la communauté noire de Jacksonville, Tampa et Miami, 
• En 1994, FORT MOSE a été déclaré National Landmark.

Fort-Mose est un prestigieux héritage afro-américain. Pourquoi les Nekongo manqueront-ils la fierté d’en faire un lieu de pèlerinage


18/07/2012
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RWANDA:LES TROIS RACES

 

 

 

 

Les trois races

Alexis KagameLes organisations socio-familiales de l’ancien Rwanda, Bruxelles 1954 pp.6-27)

 

La population du Rwanda est constituée de trois races :

I. Abatwa

Mutwa

Type de Mutwa Céramiste Rwandais. (Photo ROSMANT in A. Kagame, Les organisations socio-familiales de l’ancien Rwanda)

1. Les Batwa sont de deux catégories : les pygmées et les céramistes. Les Pygmées sont appelés Impunyu (Myrmidons). Ils vivent à l’écart des autres populations et se livrent à la chasse. Ils se divisent en trois groupes :

a) Les Myrmidons dits Ibijabura (les Pataugeurs) qui vivent dans les ilôts du Rugezi, vaste marée située au nord du Rwanda. Ils chassent surtout le situtunga (inzobe) et autres animaux à fourrure tels que les loutres (inzibyiet igihura), abondant dans ces parages.

b)Les Myrmidons sylvicoles, dont les groupements sont éparpillés dans la forêt de bambous (le rugano) accrochée au front des volcans qui bordent le nord-ouest du Rwanda. Leur aire est à cheval sur la frontière actuelle de notre pays. Ils chassent surtout l’éléphant et le buffle répandus en cette zone.

c)Les Myrmidons dits Ishabi, vivant dans la forêt du Mishahi au sud-ouest du pays, entre les territoires administratifs actuels de Cyangugu et d’Astrida. Ils chassent également l’éléphant, le buffle et le colobe à longs poils blancs. Ce groupe n’a pas encore été étudié ainsi d’ailleurs que les Pataugeurs du Rugezi.

2. Les Myrmidons ou Pygmées, à quelques groupes qu’ils appartiennent, sont reconnaissables à leur petite taille, dont la moyenne est de 1,59 m. Ils n’acceptent pas de s’installer en pays découvert. Ils sortent de la forêt pour vendre les peaux, fruit de leur chasse, aux cultivateurs. Ils en offrent également aux chefs qui, en retour, les gratifient de quelques têtes de petit ou de gros bétail, suivant les convenances de la coutume.

3. Les Céramistes forment une catégorie à part. On les appelle Batwa tout court, le terme de Myrmidons (Impunyu) étant réservé aux Pygmées, à cause de leur petite taille. Celle des Céramistes au contraire, ne diffère en rien de la moyenne générale des Bahutu (race bantu). Ils sont céramistes et vivent du fruit de leur industrie de poterie.

4. Certains d’entre eux se reconnaissent facilement au nez fortement aplati et à leurs grosses lèvres. D’autres présentent un type plus évolué aux traits moins rudes, se rapprochant beaucoup de métis Bantu-chaminitisés. Cette amélioration de la race Batwa semble être due à un véritable métissage. Les femmes Batwa, en effet, chantres, harpistes, artistes vanneuses, vivent à la cour en trop grande familiarité avec les Batutsi. C’est un fait très connu. On va parfois jusqu’à identifier parmi les grands Hamites du Royaume, les véritables pères de tels Batwa aux très brusquement transformés. Toutefois, métissés ou non, les Batwa peuvent facilement se reconnaître à leur parler un peu spécial. Ils sautent du ton haut au ton bas, sans s’occuper di ton moyen lorsqu’il le faut. Peu d’exceptions d’entre eux échappent à ce défaut.

5. Les Batwa céramistes constituent une race réellement différente de celle des Pygmées. Il serait superflu de rappeler combien les cultures des deux races sont disparates, l’une par rapport à l’autre. La tradition rattache l’origine de nos Céramistes à celle de l’actuelle Dynastie. Les prescriptions du Code Esotérique de la Dynastie (Ubwiru), confirment largement les dires de nos mémorialistes. L’intervention des représentants Batwa dans le cérémonial du Code ésotérique est d’une importance capitale. Lorsqu’on est à même d’apprécier, en connaissance de cause, l’irremplaçable valeur de pareils documents au point de vue culturel, on est obligé d’admettre qu’il existe un lien indiscutable entre la Dynastie rwandaise et une catégorie au moins de nos Céramistes.

6. On voudra bien remarquer la restriction qui s’imposait et que je dois souligner ici. Seule une catégorie de Céramistes est strictement liée au Code Esotérique de la Dynastie. Les autres familles n’y ont pas accès. Ce qui laisse supposer qu’à côté du groupe lié au Code, il peut y avoir eu d’autres clans existant au Rwanda indépendamment de l’actuelle Dynastie. La question de l’origine de nos Batwa céramistes et de leur présence en Afrique centrale, reste posée[1] .

7. Les Batwa Céramistes et Pygmées peuvent manger de la viande de n’importe quel animal, indistinctement, tandis que d’autres races sont soumises à la classification d’animaux en catégories pures et impures. Aussi une interdiction extrêmement sévère défend-elle aux Bahutu et aux Batutside communiquer, dans le boire et le manger, avec les Batwa de toutes nuances.

8. Le Roi peut anoblir tel Mutwa ou telle famille de la catégorie des Céramistes [2] . A partir du moment de son anoblissement, l’ex –Mutwapasse dans la catégorie sociale des Batutsi. Il lui est alors interdit de communiquer désormais avec les Batwa dans le boire et le manger. Il ne peut plus manger de n’importe quelle viande indistinctement comme il le faisait précédemment. Dans les relations sociales, il n’est plus limité, en principe, que par ses possessions bovines, ses commandements et son comportement général, éléments pouvant déterminer les cercles de la société où il peut avoir accès. [3]

II. Abahutu

Muhutu

Un vieux de raceMuhutu(Photo C. EEMAN in A. Kagame, Les organisations socio-familiales de l’ancien Rwanda)

9.La race des Bahutu se ratache, en principe, au groupe ethnique dénommé Bantu[4]. Les Banturwandais présentent cependant une variété de types qui ne répondent pas uniformément aux définitions générales en cours parmi les ethnologues. Ce phénomène n'est pas propre au Rwanda seul: dans toutes les régions où la présence des Hamites immigrés est séculaire, le type des autochtons Bantu a dû subir des modifications plus ou moins accusées. Pour ne nous limiter qu'au seul cas du Rwanda, certainsBahutu descendent de Hamites appauvris et déchus de leur rang social. D'autres, - aspect différent du même cas, - ont pour ancêtres desBahutu enrichis à une époque donnée,et qui purent épouser des femmes hamites. Puis il y a le cas des relations extra-matrimoniales entre les deux races. Toutes ces considérations peuvent aisément expliquer cette gamme de samg mêlé, s'étageant entre le type hamite et le type bantu pur.

10.On ne peut pas minimiser non plus les facteurs d'ordre écologique et les conséquences des comportements divers qui en découlent. Le climat du Rwanda n'est pas homogène. Cette différence climatique conditionne celle de l'habillement, du travail, de l'alimentation et de l'idéal social. telle famille dont la vie se déroule, depuis quelques dizaines de générations, en régions chaudes (où prédomine dans certains milieux le régime lacté), ne manquerait pas de se différencier de telle autre famille qui, dans le même laps de temps, se serait confinée en régions monagneuses et froides, où l'élevage du gros bétail est très limité, s'il n'y est pas entièrement inexistant. [5]

11.La taille moyenne des Bahutu atteint 1,67 m. On estime généralement qu'ils constituent 90% de la population totale du Rwanda. Ils sont en principe cultuvateurs et éleveurs de petit bétail, ou plus précisément de la race caprine. La brebis semble, en effet, se rattacher aux Pasteurs hamites. LesBahutu sont cependant éleveurs de gros bétail, mais dans le cadre hamitique que nous décrirons plus loin.

12.D'où viennent les Bahutu du Rwanda? - Cette question est posée pour rappeler tout d'abord que cet aspect de l'origine des Bantu ne doit pas être envisagé en cette monographie. Nous ne devons y décrire que le seul vieux Rwanda. Dévier de ce plan déterminé, pour se livrer à des esquisses relevant de l'ethnologie, serait une distraction et peut-être même une pure perte de temps. La question est posée, ensuite, pour rappeler que M. le Chanoine de LACGER a fait sienne une opinion qu'on ne peut plus soutenir. A savoir ques les Bantu de l'Afrique centrale en général et les Bahutu du Rwanda en particulier, seraient originaires d'Océanie. Que d'îles en îles, ils auraient atteint Madagascar, et finalement la côte du continent [6]. Or, si on se réfère aux découvertes archéologiques, on doit admettre que le point d'arrivée de cette race est plutôt l'Afrique nord-occidentale. Ils auraient envahi le continent, en émigrant de la zone sud-occidentale de l'Europe [7]. La préhistoire et l'archéologie se trouvent ici en leur domaine indiscutable, et les ressemblances pouvant exister entre Bantu et Australiens doivent être expliquées en partant d'un foyer commun initial en Asie. On comprend, du même coup, que les Bahutu du Rwanda deviennent, au sein de ce problème, un élément secondaire.

13.Que signifie le terme Muhutu, au pluriel Bahutu? Le mot se rapporterait-il au même radical que Muntu, au pluriel Bantu (c'est-à-dire hommes)? - Nous allons tenter d'y répondre tantôt, lorsque nous nous poserons la même question au sujet du terme Batutsi (Hamites), car les deux mots sont corrélatifs. Déclarons cependant dès maintenant que, du moins en la langue du Rwanda, les deux mots: Bahutu et Bantu ne se rapportent pas au même radical: 

dans Bantu, le radical est nt (abantu)
dans Bahutu, le radical est hut (abahutu) .


Il n'y a dès lors pas moyen d'identifier la signification etymologique des deux mots[8]

 

III. Abatutsi

A. Peut-on identifier leur zone d'origine?

Mututsi

Un vieux Mututsi(Photo R. BOURGROIS in A. Kagame,Les organisations socio-familiales de l’ancien Rwanda)

14.Cette race vient de l'Afrique nord-orientale. Ces Hamites [9] se reconnaissent à leur type apparenté aux Abyssins, aux Galla, aux Somali et tant d'autres races de la civilisation chamitique [10]. La moyenne de leur taille atteint 1,80 m. Ils sont éleveurs de gros bétail. Celui d'entre eux qui en est dépourvu, déchoit par le fait même et retombe dans la classe sociale des simples terriens.

15.De quelle partie de l'Afrique nord-orientale viennent les Batutsi du Rwanda? Serait-ce de la haute Egypte, ou bie du plateau Abyssin? La réponse à cette question n'est pas si facile, contrairement à ce que certains seraient tentés de croire. Lorsqu'on se rend compte des éléments constituant la culture du Rwanda hamite, et que d'autre part on considère attentivement et consciencieusememnt ce qui nous est connu de l'ancienne Egypte [11], ainsi que la culture de l'aire éthiopienne, on constate que les Batutsi pourraient indifféremment se rattacher à l'une ou à l'autre zone [12]. Et rien de plus compréhensible, puisque la civilisation du plateau éthiopien fut largement influencée par l'empire des Pharaons. Ce qui veut dire que si même lesBatutsi viennent du plateau abyssin, leur culture dépend, en dernière analyse, de la civilisation égyptienne.

16.Pour rechercher la zone qui fut le berceau initial des Batutsi, certains points sont à retenir, si on veut aboutir à quelque conclusion de substantielle consistance. Tout d'abord, on ne peut plus espérer retrouver la zone en question. Prétendre au contraire, au point où en sont nos moyens actuels d'investigation, serait faire preuve d'un manque évident de préparation adéquate pour l'examen du problème. Prenons nos Batutsi dans les circonstances concrètes où nous les voyons vivre.Ils étaient initialement pasteurs et nomades. Ils quittèrent, à une époque donnée, la zone qu'ils occupaient en Afrique nord-orientale. C'est-à-dire qu'ils changèrent très probablement d'altitude, et très certainement de latitude. Ce seul fait de changer d'hémisphère obligeait nos émigrés à s'acclimater, à s'adapter aux conditions nouvelles de saisons inconnues jusque là. Ils ont transformé leur économie purement pastorale en une autre nomade pour adopter la vie sédentaire. Voilà une série de faits qu'on ne peut ni ignorer ni négliger, sans exposer à émettre des opinions erronées sur l origine de nos Hamites.

17.Par surcoît, ils ne se sont pas installés dans une aire inhabitée: ils y ont trouvé des populations antérieurement établies, ayant leur langue,leurs coutumes et leurs conceptions de tout ordre. Nos Batutsi se sont indigénisés; ils se sont intégrés dans la société autochtone. Mais en s'indigénisant, ils ont aussi influencé la culture des autochtones. Les idées des nouveaux venus, sur le monde visible et invisible, leurs organisations familiales, politiques et autres, ont fatalement modifié les éléments correspondants des Bantu établis dans nos régions. D'où l'inter-influence des deux groupes a créé une culture mixte, ou mieux nouvelle, qui est ni bantu pure, ni hamite pure, mais bantu-hamitisée; en d'autres mots, la culture du Rwanda précolonial. Cette culture ne peut se rencontrer nulle part ailleurs telle quelle, ni chez les hamites non rwandais, ni chez les Bantu non rwandais[13].

18.Mais, ce n'est pas tout. Supposons que la zone dont les Batutsi sont orignaires, soit identifiée grâce à des moyens indépendants de leur culture actuelle. Les habitants actuels de ladite zone sont-ils les descendants purs de ceux qu'y laissèrent jadis nos émigrés? Sont-ils encore au stade d'évolution qui y était en vigueur à l'époque où pris place l'exode des Batutsi? La réponse aux deux questions est évidemment négative.Toute l'Afrique nord-orientale a été le théâtre de mouvements incessant d'immigration, à la suite desquels les civilisations locales ont subi le même phénomène d'acculturation constaté au Rwanda hamitisé.

19.Le problème se complique, en plus, par le fait que les Batutsi n'arrivèrent pas au Rwanda à la même époque, en un seul groupe. Ils s'y installèrent par vagues successives et y créèrent des royaumes que devaient annexer la dynastie actuelle. Citons ici spécialement les Barenge, représentants d'une culture très avancée, dont la technique était notablement supérieure à celle de nos Batutsi [14].Ces Hamites appartenant à des clans différents, créant des dynasties indépendantes et hostiles les unes aux autres, ne peuvent se rattacher à un même chef patriarcal de groupe. Les ancêtres de la lignée régnante arrivèrent en nos régions à une époque ultérieure. D'autres groupes, dont des familles occupent une place de choix dans notre société, firent leur apparition à des dates plus récentes encore.

20.Le fait de ces arrivages successifs de Hamites ne se pose évidemment pas pour le Rwanda seul. Il en fut de même pour les régions limitrophes que cette étude de concerne pas. En ce qui regarde le Rwanda, on s'explique mieux la superposition de certains éléments de notre culture, dont il sera en partie question plus loin. Posons-nous seulement ici la question:les Batutsi du Rwanda, arrivant dans l'aire qu'ils occupent, non pas en un seul groupe, mais par vagues successives, provenaient-ils d'une seule et même zone de l'Afrique nord-orientale? C'est ici un autre problème qu'il est nécessaire d'envisager.

B. La signification étymologique de leur nom

Mututsi Pur

Type de Mututsi de race pure selon les termes de A. Kagame.(Photo EEMAN in A. Kagame, Les organisations socio-familiales de l’ancien Rwanda)

21.Que signifie le terme Mututsi, au plurielBatutsi? Au sujet d'un nom donné, on peut envisager, rechercher la signification étymologique et la signification réelle. La signification réelle du nom Mututsi nous est familière: nous savons qu'il s'agit d'un homme, appartenant à une race déterminée du centre africain, et répondant à tous les éléments d'ordre racial et culturel qui n'existent pas simultanément en dehors de son milieu propre.

22.S'il faut maintenant aller à la recherche du sens étymologique du nom Mututsi, il y a un principe qui semble s'imposer au point de départ. A savoir celui-ci: lorsqu'une race fait son apparition dans une zone donnée où elle était inconnue, les aborigènes la désignent par une dénomination de leur propre invention. Ainsi, lorsque les Européens arrivèrent en Afrique centrale, on leur imposa, - dans la zone orientale, - l'appelation de Bazungu, c'est-à-dire: ceux qui ont contourné. Les premiers explorateurs portugais atteignirent la côte du Zanguebar après avoir contourné l'Afrique, doublé le Cap de Bonne-Esperance. Les indigènes de la côte orientale qui parlent le Swahiliimposèrent donc aux Blancs d'Europe l'appelation dont le sens étymologique est un monument élevé en l'honneur des pionniers qui avaient fait le tour de l'Afrique.

23. a) Les Batutsi qui n'ont même pas conservé leur propre langue, n'ont pas retenu la dénomination de leur pays d'origine. celle sous laquelle ils sont désignés appartient donc à la langue indigène du Rwanda et du Burundi. Mais avant de rechercher le terme dont on s'est servi pour former le substantifMututsi( Batutsi), rappelons préalablement l'une des règles fondamentales de notre langue, concernant la dérivation de noms communs.

b)Tout verbe dont la syllabe finale est - ka forme ses temps parfaits en changeant le -ka en tse et ses substantifs en transposant le tse en tsi.

Exemples:

gutuka = insulter - natutse = j'ai insulté.

guteka = cuire - natetse = j'ai cuit.

gutegeka = commander -nategetse = j'ai commandé.

guheka = porter en litière -nahetse = j'ai porté en litière.

igitutsi = une insulte

umutetsi = cuisinier

umutegetsi = celui qui commande

umuhetsi = porteur de litière

24. a)Cette règle nous suggère que le substantif Mututsi( Batutsi), dérive d'un verbe dont la forme primaire se termine en -ka. C'est ce verbe qu'il faut rechercher et identifier. Un verbe existe dans la langue ancienne sous sa forme primaire. Nous disposons, toujours dans la vielle langue, d'un autre verbe dérivé, dont la signification est légèrement différente. Les deux verbes ont été heureusememnt consignés dans des poèmes, sans lesquels ils nous auraient été impossible même d'y penser.

b)Le premier verbe est gutuka. Nous pouvons le relever dans le vers 34 du poème consacré à la faim, intitulé Rwanyiranjaja (la Concassante).Ici le verbe est à sa forme primaire, et il donne par conséquent le concept direct. Le vert est: 

Nzamutuka insaro n'indira
Je lui ferai présent de bouteilles et de perles.

A ce sens se rattachent les noms propres, sous forme passive deGitukwandira (L'Enrichi de perles), Bitukwa (l'Enrichi)- Bitukwihene(Enrichi de chèvres). En nous basant sur ce verbe, nous dirions que le termeMututsi signifie: celui qui reçoit les présents (de soumission).La signification véritable de ce verbe est, en effet, de faire des présents à son supérieur.Dans le langage actuel, il a été remplacé par le verbe gutura, qui a cette même signification.

25. Au verbe gutuka se rattache le dérivé: gutukura. Il se rencontre dans le premier vers du poème humoristique, chantant les affamés de la garde de Kigeli IV Rwabugili. Le vers est celui-ci: 

Nyamuberwa no gutukura
L'homme auquel il sied d'être privé de tout!

 

Remarquons la désinence de ce verbe: gutukura.Lorsque le verbe primaire perd sa désinence -a (par exemple gutuka) et la remplace par la désinence -ura (par exemple gutuk-ura), cette dernière désinence, soit entièrement conservée, soit réduite à la seule voyelle -u, introduit un sens contraire à celui qu'exprimait le radical sous la forme primaire.

Exemples:

gutega = piéger

kubumba = joindre (mains, fermer livre)

gutinda = faire un pont.

guhuga = oublier, être distrait.

gutegura = défaire le piège

kubumbura = ouvrir, etc.

gutindura = défaire, détruire un pont.

guhugura = rappeler; remettre sur la bonne voie.

26. Cette règle est générale comme la précédente, mais il faut grouper les verbes suivant qu'ils sont à la forme primaire, ou à la forme déjà dérivée. Par exemple le verbe kwanika = étendre au soleil; il est déjà sous la forme dérivée. C'est pour cela que le dérivé quiexprime le concept contraire ne sera pas kwanikura, mais bien kwanura. C'est-à-dire que la forme primairekwana (qui n'existe plus)joue le même rôle vis-à-vis des deux dérivés:

 

Kwan-a = kwanika
Kwan-a = kwanura

Ainsi donc:une résinence dérivée ne respecte pas une autre désinence dérivée, mais elle la supplante complètement. Lorsqu'on connaît une règle générale en ce domaine, il faut savoir également les principes de son application.

27.En conclusion: la forme dérivée de gutukura signifie: être privé de tout. Or, cette désinence exprime le contraire du même verbe à la forme primaire. Donc le verbe gutuka, à la forme primaire, voulait dire également: être dans l'abondance. Il n'y a vraiment pas une grande distance entre le verbe gutuka(faire des présents au supérieur) et gutuka (être dans l'bondance). C'est pourquoi les deux sens peuvent être considérés commes des nuances d'un même mot.

28.Mais il y aurait un autre verbe gutuka, dont le sens différait notablement du précédent. Et c'est ce verbe disparu qui apportera l'explication complémentaire la plus naturelle. Il existe encore dans le dialecte parlé auGisaka, région sud-orientale du Rwanda. En plus, nous retrouvons ce même verbe dans la langue du Buganda:

gutuka en dialecte du Gisaka= arriver d'ailleurs.
gutuka en langue du Buganda = arriver de l'étranger.

D'où les formes suivantes:

gutuka = arriver de l'étranger.
natutse= je suis arrivé de l'étranger.
umututsi= un arrivé de l'étranger; en d'autres mots, un immigré.

On aura remarqué que les verbes passés en revue sont strictement respectés, au point de vue de la tonalité. Que ce soit à l'infinitif, aux temps parfaits ou aux substantifs qui en dérivent, aucune forme arbitraire n'a été admise.

29.En conclusion: le terme Mututsi signifie un immigré. Il peut signifier également: un riche, ou un suzerain.Les trois sens applicables à ce nom se complètent harmonieusement, car il s'agit d'un immigré, propriétaire de troupeaux et conquérant. Ainsi les deux verbes aboutiraient, non pas à une juxtaposition, mais à une définition complète, réelle du substantif dont nous ne cherchions que la signification étymologique.

C. La signification étymologique du nom Muhutu.

30.Que signifie le terme Muhutu, au pluriel Bahutu? On a tantôt abordé ce sujet, et on s'est promis d'y revenir à cet endroit de l'exposé. Je dois avouer que la langue du Rwanda ne peut nous venir en aide, de quelque façon que l'on sache. Il faut donc recourir aux langues étrangères, pour tâcher d'obtenir une réponse au moins plausible! On sait, en effet, que les langues dites Bantuont un fond commun de mots à portée plus générale (cfr. L.B. DE BOECK,Premières applications de la géographie linguistique aux langues Bantoues, Bruxelles, 1942);elles peuvent ainsi s'éclairer mutuellement dans un cas comme celui qui nous occupe. on sait, par exemple, que certains mots de nos vieux poèmes dynastiques, ont disparu de la langue actuelle du Rwanda. Leur signification est connue par les commentaires des aèdes qui se la transmettent de génération en génération. Or il suffit de trouver quelque lexiques bien faits de la langue bantu pour y trouver confirmation du sens traditionnellement attaché à ces termes rwandais.

31.Pouvons-nous dès lors rapprocher notre mot Muhutu ( Bahutu), deMputu en usage par exemple dans le Kikongo? Ce mot Mputu signifie: manant, roturier.La question serait alors de découvrir la règle linguistique suivant laquelle la lettre -h- de Muhutu a été transformée en lettre -p-

de Mputu. Il s'agit, en effet, de découvrir une règle générale, applicable à tous les termes rwandais comportant la lettre -h-. Procéder autrement serait un jeu fantaisiste. Or, en comparant nos termes avec quelques autres languesbantu, on constate que notre parler rwandais adopte le -h- à la place du -p-! Nous devons donner ici quelques exemples [15]

 

KISWAHILI KINYARWANDA FRANCAIS
kupa guha donner
kupita guhita passer
kuponda guhonda broyer
kulipa kuliha rembourser
kupeta guheta plier
pembe, etc. ihembe, etc. corne, etc.
CILUBA KINYARWANDA FRANCAIS
kupela guhera moudre
kupola guhora être tranquille, se taire
apa aha ici
kubipisha kubihisha rendre aigre
bupole ubuhoro la paix
mapasa amahasha jumeaux
panshi hasi à terre, à bas
nsapo, etc. isaho, etc. gibecière, etc.
KIBEMBA KINYARWANDA FRANCAIS
mupini umuhini manche (de houe)
mpali amahali polygamie
mpepo imbeho froid
kupanga guhanga faire (invention)
kukalipila gukalihira réprmender
kulipila kulihira payer pour une autre
kupusa guhusha manquer le but (flèche)
kupala guhara écorcher, éplucher
pakati hagati au milieu de; entre
panse, etc. hanze, etc. dehors, etc.
KISANGA KINYARWANDA FRANCAIS
kwapa ukwaha aisselle
kuapa kwaha cueillir
kupela guhera aboutir
kubipa, etc. kubiha, etc. être mauvais (au goût), etc.

32.Ces exemples sont pris dans les langues parlées en zones très distantes du Rwanda. Il s'agit d'une règle vraiment générale, en ce qui concerne les langues consultées. personne n'hésitera dès lors de mettre en étroitte relation les deux termes Muhutu-Mputu. La lettre p du dernier terme ayant été, par euphonie, transformée en h dans la langue du Rwanda. Pour exprimer le concept en substantif, le Kinyarwanda exige que pour les êtres de la 1ère Classe, le radical (en ce cas hutu) soit précédé de Mu-; tandis que si la formerMputu ( mhutu demeure, alors ce n'est plus une substantif, mais adjectif:

Mputu Mhutu = propre aux Bahutu, provenant deBahutu
Muhutu= un homme appartenant à la race desBahutu.

33.Concluons: grâce à une étude comparative de langues bantu et la langue du Rwanda, il nous est possible de trouver une signification étymologique, linguistiquement établie jusqu'à un certain point,applicable au terme Muhutu(Bahutu). Or cette signification (manant, roturier), fait pendant à celle que nous avons déjà attribuée au terme Mututsi (Batutsi):

Mututsi = riche; suzerain; immigré
Muhutu=manant (paysan, roturier).

D'où il appert que les deux dénominations expriment une idée de différence sociale, et indirectement celle de races. On explique dès lors les dispositions du Droit politique traditionnel, qui considère comme Mututsi toute personne détenant un grand nombre de vaches, sans faire attention au fait qu'il serait de race Muhutu. Du moment qu'il a accédé à la richesse bovine, il est politiquement Mututsi, tout en restant racialement Muhutu[16].

Notes

  1.  Rappelons qu’en Ethiopie on a relevé la présence d’une espèce de Pygmées, d’antique souche dans le pays. Voir CARLO CONTI ROSSINI, Etiopia e genti di Etiopia, Florence, 1937, p. 25 sq. – R. ALMAGIÀ, dans l’Afrique Centrale , Bologne, 1935, p. 199 sq. Si nos Chamites rwandais viennent d’Ethiopie, il ne serait pas étonnant qu’ils aient pu émigrer avec des familles de cette race. Il resterait évidemment à vérifier et à savoir de quelle race il s’agit en Ethiopie, et s’il y aurait moyen d’établir une comparaison concluante entre ses représentants et nos Céramistes du Rwanda.

  2. Voir Aléxis Kagame, Le code des Institutions Politiques du Rwanda, art. 335, p. 117-118. Il faut distinguer le cas de l’anoblissement et le fait d’obtenir un commandement territorial ou autre, conférant au Céramiste bénéficier, quelque autorité sur des représentants des deux races qui le traitent en paria. Il pouvait obtenir ses fiefs, sans avoir été anobli.

  3. Les nombreux Batwa (dont Busyete, fils de Sumirana) qu’avait anoblis Kigeli IV Rwabugili, préférèrent reprendre leur état antérieur de simples Céramistes à la mort de ce monarque, en 1895. Ces nouveaux « nobles » redoutaient les factions toutes puissantes de grands Batutsiqui faisaient la pluie et le beau temps à la nouvelle Cour.

  4. Voir principalement Prof. G. VAN BULCK, Manuel de linguistique bantoue,Bruxelles, 1949, pp. 9-22, où l'on retrouvera l'indication précise des tribus et langues constituant l'aire Bantu - BAUMANN et WESTERMANN, Les peuples et les civilisations de l'Afrique, Paris, 1948, p. 123 sq..

  5. Voir surtout P. VIDAL DE LA BLACHE, Principes de la géographie humaine, Paris, 1922, pp. 3-12; 103-115.- M. SORRE, Les fondements de la géographie humaine, tome I: Les fondements biologiques, essai d'une écologie de l'homme,Paris,1951, surtout pp.13-71; 247-287...

  6. L. DE LACGER,Le Ruanda ancien et moderne , Namur, 1939, p. 42. - A. KAGAME, Inganji Karinga, Vol. I, Chap. I, No 28.

  7. H. BREUIL et L. LANTIER, Les hommes de la pierre ancienne, Paris, 1951, p. 160...- E. GUERNIER L'apport de l'Afrique à la pensée humaine , Paris, 1952,chap. II et passim.L'auteur est malheureusement sous l'emprise d'un préjugé trop favorable à l'Afrique! Il voudrait que le continent noir ait été le berceau de l'humanité, ce qui le pousse à interpréter les documents archéologiques à l'encontre de la logique requise en ce domaine. Il cite évidemment des sources favorables à sa thèse, mais elles n'échappent pas au même reproche. Etant donnée le va-et-vient des races préhistoriques, il est prématuré de prendre position sans nuances. Les découvertes effectuées en Afrique ne sont pas définitives: le continent noir,l'Asie et l'Europe, sans aucun doute,recèlent encore d'autres documents qui peuvent bouleverser les données antérieures. Notons que le livre est rédigé en un style plutôt de reportage. Le préjugé, ou le parti pris, étalé sous toutes les formes possibles en faveur de l'Afrique, estompe, en quelque sorte, l'essentiel que l'auteur aurait dû mettre en vedette. Tout, absolument tout, doit trouver son origine en Afrique et le Christianisme lui même ne pourrait échapper à cette surprenante règle ! Jésus-Christ a dû emprunter sa doctrine au philosophe alexandrin Philon (p. 172)

  8. Dom GUILBERT,Civilisations occidentale et langage au Congo belge,dans Zaïre, Vol. VI, Nov. 1952, p. 901, a prétendu que Muhutuest une forme dérivée de muntu. Comme il ne connaît pas encore une seule langue du centre africain (son étude en témoigne à suffisance), il ne dispose pas d'éléments requis pour comprendre que le point de départ de son article, sous sa forme généralisée, portait à faux.

  9. Le terme Hamite vise en soi le teint clair de cesPasteurs. Toutefois, étant donné que cette race "au teint clair"appartient, à des degrés divers, au groupe dit chamitique, le terme Hamite est pratiquement synonyme de ce dernier. C'est dans ce sens qu'il a été et qu'il sera employé dans cette monographie.

  10. Civilisation chamitique; voir H. BAUMANN et WESTERMANN, op. cit., pp. 38 et passim.
    - C. G. SELIGMAN, Les races de l'Afrique, Paris, 1935,Chap. V à VII. L'auteur classe les Batutsi du Rwanda parmi les semi-chamites, mais arbitrairement, semble-t-il, car il est clair qu'il ne possédait pas d'information sur notre région. Pour lui, "le Ruanda où dominent lesBatoussi semi-kamites (planche 8, pp. 96-97) diffère de la tribu"Ouarouanda" ("Barouanda") établie à l'est du lac Kivou"

  11. Lorsqu'il s'agit de "cultures", il est incomplet de renvoyer à tel passage ou à tel passage determiné d'un ouvrage. D'une part, en effet, les indications auxquelles on se réfère sont ordinairement relevées tantôt ici, tantôt là, à travers tout le livre, au gré des sujets traités. tel chapitre revèle des ressemblances au point de vue de la littérature, lyrique ou populaire; tel autre sur la divination, les organisations sociales, les croyances, le culte des mânes, etc. D'autre part, la ressemblance qu'on y trouve n'est pas matérillement telle en tous les cas...En conséquence, les références que voici doivent être considérées comme de simples indications affectées de toutes les nuances. Les principaux auteurs à comparer avec le vieux Rwanda, sont:


    • A. ERMAN et RANKE, La civilisation égyptienne, Paris, 1952, Chap. XV.
    • A. ERMAN, L'Egypte des Pharaons, Paris 1952, Chap. VIII à XII et XVI
    • A. Du même, La religion des égyptiens, Paris 1952, Chap. XIV-XV et XVII
    • H. FRANKFORT, Ancient Egyptian religion, New York, 1949, Chap. V
    • Du même, La royauté et les dieux, Paris 1951, pp. 85-178
    • Etc.

    On relève également, par-delà l'Egypte, surtout au point de vue de la divination, des ressemblances très frappantes avec les cultures du bassin mésopotamien; voir spécialement les ouvrages du Dr. G. CONTENAU,

    • La divination chez les Assyriens et les Babyloniens, Paris, 1940,p.235 sq.
    • La magie chez les Assyriens et les Babyloniens, Paris, 1947, Chap. IV-V.
    • La civilisation des Hittites et des Hurrites du Mitanni, Paris, 1948, passim

    On y ajoutera l'ouvrage d'A. GUILLAUME, Prophécie et divination chez les sémites, Paris, 1950, Chap. I-V. Ons sera cependant choqué de l'usage que l'auteur fait de la Bible, dont les références sont mêlées à des textes d'ordre purement culturel.

  12. Voir D. P. DE PEDRALS, L'archéologie de l Afrique noire, Paris, 1950, pp. 14-39, où cette question d'influence, ou même d'inter-influence éthiopico-égyptienne est longuement exposée. On y relèvera également le rôle important de la Nubie, carréfour du monde égypto-hamitique et l'Afrique centrale.- Je dois cependant faire faire remarquer que le titre du livre ici cité ne couvre pas entièrement la matière traitée par l'auteur...

  13. Voir surtout: 

      • R. LOWIE, Manuel d'anthropologie culturelle, Paris, 1936, p. 11-16

         

      • M.J. HERSKOVITS,Les bases de l'anthropologie culturelle, Paris, 1952, Chap. XIV; mais tout l'ouvrage est d'une richesse incomparable au point de vue qui nous interesse ici.

         

      • Jacques MACQUET, Unité de l'anthropologie culturelle,dans leBulletin de l'Inst. de Recherches Econ. et Sociales, Louvain, 15 ème année, No 5, 1949.
      • Etc.

     

      • L. DELMAS, P. B., Les généalogie de la noblesse du Ruanda, Kabgayi, 1950, p. 150 sq.
      • A. D'ARIANOFF,Histoire des Bagesera, souverains du Gisaka, Bruxelles, 1952, p. 26 sq.
      • A. KAGAME,Inganji Karinga, Vol. I, Chap. II, No 6-19, où l'on trouvera les traditons ayant trait aux groupes hamitiques antérieurs à la dynastie actuelle.

     

  14. Cette question sera étudiée en détail dans une monographie consacrée à la langue du Rwanda. Voir aussi A. KAGAME, Le Code des Institutions Politiques du Rwanda colonial, pp. 12-13.

  15. Voir A. KAGAME, Le Code des Institutions Politiques, art. 254, p.96

     

     

    SOURCE:only.nl


11/07/2012
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LE CONFLIT RWANDAIS:ORIGINE;CAUSES;CONSEQUENCES

LE CONFLIT RWANDAIS

  

Charles Nkurunziza

C. Nkurunziza, August 2005

C. Nkurunziza

1. INTRODUCTION

La guerre de reconquête du pouvoir par le FPR-Inkotanyi qui a détruit le Rwanda et qui a abouti à la situation que le peuple rwandais vit aujourd’hui constitue à coup sûr, l’épisode la plus horrible du conflit rwandais à travers l’histoire de ce pays. Ici, la question qui vient évidemment à l’esprit est de savoir en quoi consiste ledit conflit. Le conflit rwandais est né à partir du moment où le Tutsi s’est engagé à ne jamais partager avec le Hutu dans son pays. Et toute l’histoire du Rwanda est depuis, construite sur cette terrible réalité.

Comme on le sait, la guerre de reconquête du pouvoir par le FPR au Rwanda aura fait verser trop de sang des rwandais, toutes les ethnies confondues, et les conséquences sur tous les plans sont incalculables. C’est sur cet ensemble de données qu’il va falloir réfléchir profondément, dans ce travail, pour dégager une vision commune de la réalité rwandaise. Dans cette réflexion, nous nous appuierons essentiellement sur « Les Aspects essentiels du problème rwandais », document réalisé par le Groupe Charles Nkurunziza (Bukavu, mai 1995)

2. LA NATURE DU CONFLIT RWANDAIS

Il va falloir ici définir les parties au conflit et l’objet de ce conflit.

2.1. Les parties en conflit.

Selon le document du groupe précité, l’histoire du Rwanda nous apprend que les trois ethnies qui peuplent le Rwanda sont arrivées dans ce pays par vagues successives. Les Twa ou les Pygmoïdes furent les premiers occupants ; ils vivaient de la chasse et de la cueillette. Suivirent ensuite les Hutu d’origine Bantoue ; ils constituaient le groupe numériquement le plus important et s’adonnaient avant tout à l’agriculture. Les Tutsi Hamites enfin, arrivèrent au Rwanda entre le XIIème et le XVème siècle ; ils se consacrèrent principalement à l’élevage de la vache à longues cornes. Dans cette étude, on remarquera que seuls les Tutsi et les Hutu sont concernés parce que les Twa avaient un statut tout à fait particulier dans la société rwandaise ; ils n’étaient pas considérés comme des personnes humaines à part entière.

2.1.1 Les Hutu

Muhutu

Un vieux de raceMuhutu(Photo C. EEMAN in A. Kagame, Les organisations socio-familiales de l’ancien Rwanda)

D’origine Bantoue, les Hutu sont les défricheurs du Rwanda pour pouvoir y habiter et l’exploiter sur le plan de l’agriculture et de l’élevage en vue de se nourrir de façon satisfaisante. Ce sont les Hutu qui ont imposé à ce pays le nom de RWANDA, du verbe KWANDA signifiant « avoir la vocation de s’élargir, d’être grand ». Ce sont toujours ces Hutu qui l’ont, les premiers, politiquement organisé en y créant des royaumes par clan (AbageseraAbazigabaAbungura,Abacyaba,…).Le Rwanda était alors une véritable nation dans la quelle les royaumes indépendants étaient juxtaposés dans la paix. C’est dans ce contexte que le Tutsi est arrivé au Rwanda.

[N.d.l.r. Pour plus de détails sur l'ethnie Hutu lire: Les trois races, une étude ethnographique de l'Abbé Alexis Kagame]

2.1.2 Les Tutsi

Mututsi

Un vieux Mututsi(Photo R. BOURGROIS in A. Kagame,Les organisations socio-familiales de l’ancien Rwanda)

Les Tutsi Hamites sont arrivés au Rwanda derrière leurs troupeaux, en nomades. Ils étaient pacifiques, et par conséquent, ils ne furent pas repoussés par les autochtones trouvés sur place (Abasangwabutaka). C’est dans cette nouvelle ambiance que les nouveaux arrivants ont donné au roi Hutu desBazigaba du Mubali le nom symbolique de Kabeja que l’histoire a retenu et qui signifie en langue hima (ka-beije = lessez-les venir). Le Mubali est la région rwandaise par laquelle les Tutsi du clan des Abanyiginya ont pris le premier contact avec le Rwanda. Après un certain temps d’errance, toujours derrière leurs troupeaux, ils se fixèrent enfin à Gasabo, au bord du lac Muhazi.

[N.d.l.r. Pour plus de détails sur l'ethnie Tutsi lire: Les trois races, une étude ethnographique de l'Abbé Alexis Kagame]

2.2. L’objet du conflit.

Installés à Gasabo, les Tutsi se sont organisés et ont créé un petit royaume, copie de ce qu’ils avaient trouvé sur place. C’est dans cette atmosphère qu’est née l’idée de conquérir les royaumes Hutu et d’exclure définitivement les Hutu de l’exercice du pouvoir au Rwanda. Comme on s’en aperçoit aisément, le conflit rwandais ne tient à autre chose qu’à l’interdiction absolue imposée au Hutu par le Tutsi, de participer à l’exercice du pouvoir, en le réduisant au rang de serf et d’esclavage. C’est sur ce conflit et sur ses divers aspects qu’a été construit l’essentiel de l’histoire du Rwanda.

3. LE PROCESSUS CONFLICTUEL

Depuis que les Tutsi Banyiginya se sont décidés à conquérir les royaumes pacifiques Hutu, l’histoire du Rwanda est essentiellement marquée par le conflit rwandais qui venait d’être déclenché. Le Hutu a été réduit au rang d’esclave et de serf, et cela pendant des siècles. Il a fallu l’émancipation et la révolution de 1959 pour que le Hutu retrouve sa liberté et jouisse de tous ses droits qu’il allait perdre hélas ! par suite à une tragique guerre de reconquête du pouvoir de 1990 par les fils des seigneurs Tutsi chassés du pouvoir par larévolution de 1959.

3.1. La reconquête des royaumes Hutu.

Pour les conquérants Tutsi Banyiginya, la destruction des royaumes Hutu a été une tâche de longue haleine, si bien que les dernières conquêtes furent réalisées par le colonisateur allemand tout au début du 20ème siècle dans les préfectures de Ruhengeri et de Gisenyi. Au cours des guerres de destruction des royaumes Hutu, les Tutsi Banyiginya ont utilisé des armes de natures différentes selon la situation du royaume Hutu dans le collimateur. C’est ainsi qu’en plus des armes classiques, les Tutsi Banyiginya se sont servis d’autres armes particulièrement efficaces suivantes :

3.1.1. Les femmes Tutsi

Lorsque le monarque Tutsi constatait qu’il ne pouvait pas vaincre le roi Hutu par les armes classiques, il cessait les combats et la guerre de conquête était oubliée momentanément pour faire croire à la situation pacifique entre les royaumes belligérants. Par la suite, le monarque Tutsi pouvait donner sa propre fille en mariage à l’ennemi qui ne se doutait de rien. La fille ainsi donnée en mariage avait une mission sacrée de tout faire pour faciliter à son père la tâche de tuer son mari avec tous les siens. C’est ainsi que le royaume de Nduga été conquis par les Tutsi Banyiginya. Après une longue et dure guerre de conquête contre le Nduga, le roi munyiginya Mibambwe I Sekarongoro a donné en mariage sa fille Nyirantorwa à Mashira, roi du Nduga avec une mission précise de faciliter l’assassinat de son mari par son père. Le projet fut exécuté comme il avait été préparé.

3.1.2. Le roi Tutsi munyiginya « serviteur »du roi Hutu

Lorsqu’un monarque Tutsi munyiginya constatait que le roi Hutu dans le collimateur était plus fort que lui, il se camouflait et se présentait à lui dans des conditions de serviteur et lui demandait d’être à son service. Le « serviteur » Tutsi était souvent préféré aux autres et entrait dans la vie quotidienne de son « maître ». A l’occasion jugée opportune, il l’assassinait purement et simplement.C’est ainsi que le roi Hutu Nzira du Bugara fut tué par Ruganzu-Ndori qui s’était présenté sous le pseudonyme de Cyambarantama et le royaume des Bagara fut annexé à celui des Banyiginya.

3.1.3. La provocation de mauvais sort

Le monarque Tutsi munyiginya faisait tout pour épouser une fille de la famille Hutu régnante. Après un arrangement criminel, la femme revenait dans sa famille et faisait tout pour avoir des rapports sexuels avec le Hutu régnant. Elle retrouvait son mari dès qu’elle était sûre d’être enceinte. L’enfant qui en naissait était évidemment le fils du roi, mari de la mère. C’ est cet enfant qui, un jour devenu grand, participait à une guerre d’agression contre le pays de son père biologique pour y être tué. Le sang ainsi versé provoquera un jour la destruction du royaume Hutu considéré, au profit du royaume Tutsi des Banyiginya.

Ce phénomène a existé notamment sous Yuhi II Gahima, monarque Tutsi munyiginya contre le royaume Hutu des Benengwe sous Samukende et sa femme Benginzage connue sous le surnom de Nyagakecuru. La nièce de Nyagakecuru mariée à Yuhi II Gahima a eu, après des arrangements avec son mari, des rapports sexuels avec le mari de sa tante. A terme, elle a mis au monde un garçon à qui on imposa un nom significatif de « Binama ». C’est ce dernier qui, devenu grand, alla verse son sang sur la terre des Benengwe pour faciliter tôt ou tard son annexion au royaume des Banyiginya.

3.2. La soumission multiséculaire du serf Hutu au seigneur Tutsi

Cette soumission du Hutu vaincu était le fruit des mythes et légendes des Tutsi Banyiginya ; elle était institutionnalisée par le code ésotérique et matérialisée par le système d’Ubuhake.

3.2.1. Les mythes et légendes

Conscient de sa force très minime et du caractère essentiellement pacifique du Hutu (muntu), le Tutsi (hamite) s’est présenté à ce dernier comme, au cours des générations et au moyen de divers artifices, comme un être surhumain n’appartenant pas au commun des mortels. Le Tutsi a fait croire au Hutu qu’il était d’origine divine. Une légende veut que l’ancêtre des Banyiginya (Sabizeze) était né du cœur d’un bœuf porteur de bons augures (Imana yeze), qu’il était tombé du ciel (Kigwa), et que c’était lui qui avait tout inventé (Gihanga cyahanze inka n’ingoma) ; que par conséquent il lui revenait de droit de régner sur le Rwanda, et d’y régner sans partage.

Après des guerres de conquête du pouvoir, les Hutu tombaient aisément dans les griffes du Tutsi. Ce fut la première manifestation du conflit rwandais. En effet, à partir de ce moment, le hamite nomade est devenu mu-tutsi du verbe de la langue rwandaise archaïque gutuka (bénir). [n.d.l.r. explication d'Alexis Kagame sur la signification et l'origine du terme "Mututsi"] Depuis, pour la culture hamite Tutsi du Rwanda, le Tutsi était celui qui avait était béni par des dieux, le comblant de biens et de bonheur (gutunga no gutunganirwa) devenant ainsi noble et seigneur. Tandis que les Hutu ainsi subjugés devaient changer leur statut juridique et social. Ils devenaient manants (hutu) et serf, à la disposition de leur seigneur pour lui offrir leurs forces, et en retour pouvoir subsister.[n.d.l.r. explication d'Alexis Kagame sur la signification et l'origine du terme "Muhutu"] Les monarques Hutu devaient céder leur titre de roi (umwami) au chef des Hamites pour devenir des Bahinza (maîtres des pluies et des récoltes).

3.2.2. Le code ésotérique de la royauté

Le mwami (ici Musinga) dans sa hutte royale de Nyanza, entouré des,Abiru, les détenteurs du code ésotérique.

Le mwami (ici Musinga) dans sa hutte royale de Nyanza, entouré des Abiru, les détenteurs du code ésotérique. Source: http://www.
benjaminsehene.com/
histoire.htm

Ce code ésotérique était à la fois une constitution dans le sens moderne du terme, et un ensemble de règles ‘regissant des pratiques occultes, mythiques et magiques (imitsindo) ; et l’application de ses dispositions requérait de nombreuses consultations divinatoires appropriées. Ce code de la dynastie des Banyiginya était composé de poèmes couvrant tous les domaines intéressant la dynastie. Chaque poème était confié à une famille et se transmettait de père en fils à travers des générations. L’ensemble des détenteurs de ces poèmes constituait le collège des biru qui étaient des conseillers spéciaux du pouvoir sous l’autorité d’un doyen ou grand mwiru intronisateur, nécessairement du clan des Abatsobe. Les familles matri-dynastiques (Abega par exemple) étaient exclues de la connaissance du code ésotérique. L’accès au code ésotérique de la Reine Mère Nyiramavugo II Nyiramongi du clan des Abega fut la cause lointaine des événements tragiques de Rucunshu.

Le code ésotérique étant l’âme du système politique des Banyiginya, le conflit rwandais en est l’émanation. En effet, ce code avait placé le pouvoir au dessus de tout, même de la vie. Aux termes de ce code, l’exercice du pouvoir était la prérogative exclusive du roi munyiginya, prérogative qui se transmettait de père en fils. Le roi munyiginya exerçait un droit absolu de vie et de mort sur ses sujets ; il devait par conséquent mettre à mort quiconque pouvait y prétendre sans remplir les conditions du code ésotérique. Signalons en passant, que tuer pour le maintien du pouvoir était un devoir sacré pour le monarque munyiginya. Il lui était strictement interdit d’abdiquer. Si le cas devait se présenter, il devait se donner la mort ; et ainsi permettre que le pouvoir reste dans sa lignée (Kwitangira ingoma) [n.d.l.r. Alexis Kagame donne l'exemple de Ruganzu I Bwimba (vers 1400) qui se sacrifia pour éviter que son royame soit annexé par le Gisaka rival].

C’est pourquoi, lorsqu’un monarque tutsi tuait un roi hutu qui lui résistait, il devait le mutiler et orner le tambour - emblème de la dynastie – de ses organes génitaux pour signifier que le royaume hutu en question était, mythiquement et définitivement, éteint. Le Hutu était, comme on l’a vu, réduit à la condition de sous-homme au service de son seigneur. C’est le sens des vers suivants, extraits d’un vieux poème dynastique : « Harabaye ntihakabe Hapfuye imbwa n’imbeba Hasigara inka n’ingoma » ;signifiant, tout simplement, qu’après une lutte acharnée, les chiens et les rats on fini par céder leur place à la vache et le tambour. En d’autres termes, les royaumes Hutu ont été, finalement, définitivement conquis par le Tutsi. Comme on le voit, c’est le code ésotérique qui a radicalisé cette situation pour toujours.

3.2.3. L’Ubuhake

De toutes les armes que le Tutsi a utilisées pour réduire le Hutu à l’esclavage, la plus redoutable et la plus efficace fut le système d’Ubuhake.

3.2.3.1. La notion de l’’Ubuhake

C’était un système de relations sociopolitiques entre des individus ou, même, entre des institutions. Il était l’inspiration du contrat d’Ubugererwa des royaumes Hutu

La vache était l'objet et l'élément central du système de l'Ubuhake.

La vache était l'objet et l'élément central du système de l'Ubuhake.

dont il est différent quant à son objet et à son but. L’objet de l’Ubuhake était la vache au lieu d’être la terre, et il avait lieu entre deux personnes se trouvant aux rangs sociaux différents. Le plus puissant s’engageait à protéger le faible ainsi que tous les siens dans toutes les circonstances et pour autant que leurs relations d’Ubuhaken’étaient pas définitivement interrompues. L’autre partie, quant à elle, s’engageait à exécuter parfaitement tous les ordres reçus de son protecteur. Par cet engagement, le protégé cessait de s’appartenir ou d’appartenir à sa famille pour devenir l’homme à la disposition de son patron.

 

Signalons qu’en réalité, la vache ainsi reçue restait partie intégrante de la propriété du seigneur, le Mugaragu n’en étant que simple usufruitier. C’est-à-dire que, sous n’importe quel prétexte, leShebuja pouvait reprendre toutes les vaches que le Mugaragudétenait. Même quiconque propriétaire de vaches obtenues en dehors d’Ubuhake (imbata) pouvait se les voir dépouiller par un plus puissant, sans la possibilité d’aucun recours. Quand la situation allait bien, la relation entre les deux parties était héritée dans le même ordre, de père en fils pendant des générations entières.

3.2.3.2. Les conséquences de l’’Ubuhake

L’institution de l’Ubuhake a produit des conséquences particulièrement graves sur les plans individuel, social et politique.

3.2.3.2.1 Sur le plan individuel

Par le truchement de l’Ubuhake, le Tutsi voulait faire du Hutu un type d’hommes assujetti et essentiellement voué à son service. Sur ce plan individuel les conséquences furent :

a)L’égocentrisme (inda nini)

Ainsi asservi, le Hutu devait depuis, dépenser ses forces quotidiennement, au profit du seigneur Tutsi pour avoir de quoi « mettre sous la dent ». Ainsi, pendant des générations, le Hutu n’ayant d’autres préoccupations que son « ventre », a fini par acquérir pour de bon le caractère d’égocentrisme incompatible avec la gestion des affaires de la communauté. [n.d.l.r.un récit populaire corrobore intitulé 'Umurage n'umuvumo bya Kibaza' corrobore cette constatation].

b)Le manque de clairvoyance et de présence d’esprit (kutibaza-kudashishoza)

Tout au long de son éducation, le futur seigneur Tutsi était quotidiennement soumis à des exercices physiques (guhamiliza) militaires (kumasha), il était associé à des jeux favorisant le développement mental et intellectuel tel que le Gisoro ainsi qu’à des séances spéciales pour acquérir des mécanismes de l’art oratoire (gutarama) nécessaires dans l’exercice du pouvoir.

Tandis que le jeune Hutu du même âge, à l’instar de son père ou au secours de celui-ci, devait s’occuper chaque jour des travaux durs, fatigants et de toute autre sale besogne que la famille du seigneur dédaignait. Les activités d’ordre intellectuel constituaient la moindre de ses préoccupations, et cela pendant des siècles. [n.d.l.r.un récit populaire corrobore intitulé 'Umurage n'umuvumo bya Kibaza' corrobore cette constatation]. C’est ce qui explique pourquoi, souvent le Hutu n’a pas toujours discerné les pièges (amayeri) que le Tutsi lui a tendus pendant des générations entières. Les exemples abondent dans l’histoire du Rwanda.

c)Une peur irraisonnée, permanente et traumatisante (Umususu)

C’était une peur constante inspirée par tout ce que le seigneur Tutsi, en sa qualité de propriétaire de la personne du Hutu, pouvait faire de mal à son esclave sans défense. [n.d.l.r.un récit populaire corrobore intitulé 'Umurage n'umuvumo bya Kibaza' (dernier paragraphe) corrobore cette constatation]

De tout ce qui précède l’on se rend aisément compte que le Hutu est devenu, au cours des siècles un robot au service de son seigneur. Il lui faut beaucoup de temps et de patience et surtout de détermination pour reconquérir sa qualité d’homme.

3.2.3.2.2. Sur le plan social

Le système d’Ubuhake était le fondement essentiel des relations sociales dans les Rwanda ancien. De nos jours ses séquelles se font encore ressentir. Les relations entre Hutu et Tutsi étaient nécessairement basées sur l’Ubuhake ; pour le Tutsi, le Hutu devait être naturellement à son service. A la limite, l’inverse était concevable: un Tutsi pouvait se constituer un umugaragu du Hutu -muhinza – mais à court terme et pour un objectif bien déterminé. C’est dire que lorsque le Tutsi n’avait pas réussi à éliminer leMuhinza par les armes, ou qu’il ne l’avait pas pu en lui donnant sa fille en mariage, il se rapprochait de lui sous les apparences d’unumugaragu, en vue de le faire disparaître sans difficultés. C’est ce que Ruganzu II Ndoli a fait sous le pseudonyme de Cyambarantama, pour tuer le dernier monarque du Bugara, Nzira. [n.d.l.r.lire l'histoire du roi Ruganzu II Ndoli].

Plus près de nous encore, pour ne parler que de cela, quand le Général Major Juvénal Habyarimana a accédé à la tête de l’ Etat, le Tutsi s’est approché de lui de telle sorte qu’il était devenu le vrai détenteur du pouvoir. Un proverbe rwandais dit, à ce sujet que « lorsque tu loges le Tutsi au cœur de ton foyer, il t’enlève ta femme » (umututsi umusembereza ikweru akaguca haruguru).

La vérité sur ce qu’il cherchait à obtenir a été révélée en 1980 lors de ce qu’il a été convenu d’appeler « Affaire Lizinde ». Monsieur Lizinde, alors chef de service du renseignement et auteur du livre La découverte de Kalinga ou la fin d’un mythe, a dénoncé le danger que constituait l’emprise des Tutsi sur le pouvoir républicain. Il fut accusé à son tour, et pour cette cause, de nourrir des ambitions pour renverser le pouvoir en place. A partir de son moment, les Tutsi jurèrent de prendre le pouvoir par la force.

Par ailleurs, le système d’Ubuhake avait atteint un tel degré de perversion que le mugaragu était plus fier d’être esclave de son maître Tutsi que d’être fils de son père biologique. Cela devait se concrétiser dans la conduite de tous les jours. C’est ainsi qu’un Hutu au service d’un seigneur Tutsi était apprécié dans ses agissements en fonction de la bravoure ou de la médiocrité de son maître.

Dans certains cas, lorsqu’une famille de Hutu (au sens large) avait donné des bagaragu à une autre famille de Tutsi pendant des générations, la première abandonnait son clan d’origine pour adopter celui de la deuxième (Abanyiginya, Abega, Abageserab’Abazirankende) mais sans pour autant devenir Tutsi. Même au cas de mariage, le Hutu gendre du Tutsi pouvait bénéficier de beaucoup de faveurs mais jamais il ne pouvait changer de statut pour devenir Tutsi. Pour le Tutsi, la nature des choses était telle que le Hutu pouvait atteindre un certain degré de perfection, mais jamais égaler le Tutsi (zirungwe zange zibe isogo![n.d.l.r. Sur ce point, Alexis Kagame confirme qu'un Hutu pouvait devenir 'politiquement' Tutsi en acquérant ds richesses bovine mais qu'il restait 'racialement' (i.e. ethniquement) Hutu. Cfr. paragraphe 33 de Les trois races].

Dans les relations d’Ubuhake, le mensonge et l’intrigue étaient les règles du jeu substantielles. En effet, l’action de guhakwacomportait entre autres pratiques, pour le mugaragu, à dire à son maître des choses agréables à l’oreille, même s’il s’agissait des contre -vérités, pourvu qu’il soit attentivement et favorablement écouté (ukuli wabwiye shobuja niko umuhakishwaho).Pour cela, lemugaragu devait couvrir son seigneur de louanges en évoquant ses actes de bravoure, mais surtout en compliquant au moyen des intrigues souvent cruelles, la vie d’un ou des collègues bagaraguadversaires pour rester seul dans les faveurs du seigneur.

Mais ces manoeuvres constituaient une armes à double tranchant : en cas de découverte, le coupable recevait un châtiment exemplaire ; au niveau de la Cour, il était souvent mis à mort, car, comme dit un proverbe rwandais, « le mensonge est celui dont l’auteur est convaincu de la culpabilité » (ikinyoma ni igitsinzwe).

Signalons enfin qu’en cas de commise féodale (kunyaga ukeza, kwunûra)contre un chef, par exemple par suite d’une faute grave, ses vaches étaient transférées à un autre chef avec l’ensemble desbagaragu sous ses ordres (le ban et l’arrière-ban). Ceci pour signifier tout simplement que l’homme était subordonné à la vache.

Voilà, en résumé, en quoi le système d’Ubuhake a façonné les relations sociales dans le Rwanda ancien. On aura remarqué aisément, que les traits caractéristiques du système n’ont pas encore totalement disparu de la vie des rwandais à l’heure actuelle.

3.2.3.2.3. Sur le plan politique

L’Ubuhake, institution fondamentale de la monarchie féodale, avait créé au niveau le plus élevé dans chaque région du pays une pyramide de chefs représentant le pouvoir central (le Mwami). C’est ainsi qu’on retrouvait dans chaque région un chef des terres (umutware w’ubutaka), un chef des pâturages (umutware w’umukenke), et au dessus de tous, un chef de l’armée (umutware w’ingabo), représentant le Mwami en tout. Au sommet de tout le système, trônait le Mwami avec des pouvoirs exorbitants dont le droit de vie et de mort sur tous ses sujets.

Par ailleurs, pour jouir de ses droits, tout rwandais devait appartenir à une armée comme il devait avoir un shebuja dans des conditions que l’on sait. Du coup, tout citoyen rwandais appartenait à l’armée de son shebuja. C’est aussi dans ces conditions qu’il pouvait jouir du droit d’ester en justice au niveau des chefs et de la Cour et avec l’assistance de son shebuja. Quiconque propriétaire de vaches obtenues en dehors d’Ubuhake (imbata) pouvait se les voir dépouiller par un plus puissant, sans la possibilité de recourir à la protection d’un plus puissant encore.

Voilà en quelques lignes le système d’ Ubuhake, véritable base de la dynastie des Banyiginya, qui a joué un rôle considérable dans l’assujettissement du Hutu et, par conséquent, dans la création du conflit rwandais. C’est dans cet état de choses que l’étranger européen est arrivé au Rwanda.

3.3. Emancipation et Révolution de 1959

3.3.1. Radicalisation du conflit rwandais

C’est avec l’arrivée des colonisateurs que le conflit rwandais s’est radicalisé. En effet, c’est le belge qui, à la demande des seigneurs Tutsi,

Mgr Classe, 1920.

Mgr Classe, 1920
Source: Ian Linden,Church and Revolution in Rwanda, 1979.

a décidé que l’appartenance ethnique soit obligatoirement mentionnée dans le livret d’identité parce que les droits étaient attachés à l’ethnie. Ce fut ainsi que selon Monseigneur Classe, « seul le Tutsi qui de par ses qualités supérieures et son sens de commandement, était bien indiqué pour gouverner sans partage le Rwanda ». C’est dans cette ambiance que le Groupe Scolaire d’Astrida a été fondée pour former des jeunes Tutsi (indatwa) destinés à succéder à leurs pères ; tandis que les jeunes Hutu devaient se contenter du catéchuménat, des écoles artisanales, etc. Exceptionnellement, les enfants Hutu pouvaient être admis à fréquenter les écoles de moniteurs et des séminaires.

 

A cette époque, l’institution de l’Ubuhake a aussi beaucoup évolué. L’ Ubuhake n’était plus qu’un simple contrat de clientélisme entre le Hutu et le Tutsi que le colonisateur a compensé par l’instauration de la corvée (akazi) et de la taille (uburetwa), auquel le Hutu était soumis au profit du seigneur Tutsi et du colonisateur. Le manquement à ces deux nouvelles obligations était sanctionné par la bastonnade (ikiboko)et la prison (umunyururu). Mais pour l’Administration belge, un Hutu qui parvenait à posséder 20 vaches au moins, accédait automatiquement au statut de Tutsi (kwihutura) et était automatiquement exempté de l’obligation de la corvée et de la taille. [n.d.l.r. Sur ce point, Alexis Kagame confirme qu'un Hutu pouvait devenir 'politiquement' Tutsi en acquérant des richesses bovines mais qu'il restait 'racialement' (i.e. ethniquement) Hutu. Cfr. paragraphe 33 de Les trois races]. C’est dans cette ambiance que le mouvement de l’émancipation du Hutu allait naître et conduire le pays à la Révolution.

3.3.2. Le Mouvement d’émancipation

Tout a commencé par l’élaboration par la puissance tutrice, d’un plan décennal qui, tenant compte des progrès jusque là réalisés, prévoyait une série d’actions à mener au cours de la décennie suivante. C’est dans ce cadre que fut pris le décret du 14 juillet 1952 portant

 Les leaders du Parmehutu

Les leaders du Parmehutu, à la tête de ceux qui ont conduit le Rwanda au régime républicains.
De gauche à droite:M.V. Kayuku, G. Kayibanda, D. Mbonyumutwa, B. Bicamumpaka
Source: http://www.opjdr.org/photo_gallery.htm

réorganisation du Ruanda-Urundi, texte qui prévoyait notamment l’élection des conseillers à tous les échelons du pouvoir. Quelques rares Hutu qui avaient fréquenté l’école commençaient à manifester leurs idées démocratiques. C’est dans ce contexte que l’administration tutrice contraignit leMwami Mutara III Rudahigwa à nommer des Hutu aux postes de sous-chefs et surtout à supprimer pour l’avenir, l’institution d’Ubuhake qui ne correspondait plus à l’évolution des choses de l’époque.

 

Au cours de l’année 1954, le Mwami, sous pression du colonisateur, prit une décision capitale de supprimer le système d’ Ubuhake en ordonnant qu’il y eût un partage de vaches détenues par lemugaragu, entre celui-ci et son shebuja[n.d.l.r. L'opposition des nobles Tutsi - grands bagaragu de l’Ibwami- est explicitement exprimée dans un écrit datant du 18 mai 1958 connu sous le titre de 'Deuxième écrit de Nyanza']. Il y eut beaucoup de réactions négatives dans les milieux conservateurs Tutsi, mais un pas de géant venait d’être fait dans la libération du Hutu. Quelques temps plus tard, ce fut le tour de la corvée à être supprimée dans les mêmes conditions. Mais les Tutsi conservateurs se liguèrent pour combattre cette évolution pourtant irréversible. Les leaders Hutu acquis aux idéaux démocratiques réagirent en publiant en date du 24 mars 1957 un document resté célèbre intitulé le « Manifeste des Bahutu ». Dans ce document, pour la première fois le système féodo-monarchiste était publiquement mis en cause et la question Hutu-Tutsi posée clairement ; le conflit rwandais y était bien circonscrit et des solutions concrètes proposées.

3.3.3. La Révolution de 1959

En réponse au « Manifeste des Bahutu », les grands serviteurs Tutsi de la cour alors présents à Nyanza au nom de leurs congénères réagirent très négativement, par une lettre du 17 mai 1958 adressée au monarque d’alors. Dans cette lettre, les auteurs déclaraient que les Tutsi et les Hutu n’avaient rien de commun. Ils écrivaient en substance ce qui suit :

…comment les Bahutu réclament maintenant leurs droits au partage du patrimoine commun. Ceux qui réclament le partage du patrimoine commun sont ceux qui ont entre eux des liens de fraternité. Or les relations entre nous (Batutsi) et eux (Bahutu) ont été de tous temps jusqu' à présent basées sur le servage ; il n'y a donc entre eux et nous aucun fondement de fraternité. En effet quelles relations existent entre Batutsi, Bahutu et Batwa ? Les Bahutu prétendent que Batutsi, Bahutu et Batwa sont fils de KANYARWANDA, leur père commun. Peuvent-ils dire avec qui Kanyarwanda les a engendrés, quel est le nom de leur mère et de quelle famille elle est ? Les Bahutu prétendent que Kanyarwanda est père des Batutsi, Bahutu et Batwa ;or nous savons que Kigwa est de loin antérieur à Kanywarwanda et que conséquemment Kanyarwanda est de loin postérieur à l' existence des trois races Bahutu, Batutsi et Batwa, qu? il a trouvées bien constituées. Comment dès lors Kanyarwanda peut-il être père de ceux qu? il a trouvés existants ? Est-il possible d' enfanter avant d'exister ? Les Bahutu ont prétendu que Kanyarwanda est notre père commun, le « Ralliant » de toutes les familles Batutsi, Bahutu et Batwa : or Kanyarwanda est fils de Gihanga, de Kazi, de Merano, de Randa, de Kobo, de Gisa, de Kijuru, de Kimanuka, de Kigwa.Ce Kigwa a trouvee les Bahutu dans le Rwanda. Constatez donc, s'il vous plaît, de quelle façon nous, Batutsi, pouvons être frères des Bahutu au sein de Kanyarwanda, notre grand père. L'histoire dit que Ruganzu a tué beaucoup de « Bahinza »(roitelets). Lui et les autres de nos rois ont tué les Bahinza et ont ainsi conquis les pays des Bahutu dont ces Bahinza étaient rois. On en trouve tout le détail dans l' « Inganji Kalinga ».Puisque donc nos rois ont conquis le pays des Bahutu en tuant leurs roitelets et ont ainsi asservi les Bahutu, comment maintenant ceux-ci peuvent-ils prétendre être nos frères ? [ N.d.l.r. Lire l'entiéreté de l'écrit connu sous le titre de 'Voici le détail historique du règne des Banyiginya au Rwanda']

Par conséquent, les Hutu devaient rester soumis aux Tutsi comme toujours. Dans ces conditions, il ne manquait qu’une occasion pour déclencher la révolution. Le processus révolutionnaire a été accéléré par la mort inopinée du Mwami Mutara III Rudahigwa sans descendance

La mère et la veuve de Rudahigwa pendant la cérémonie de funérailles du mwami, en 1959

La mère et la veuve de Rudahigwa pendant la cérémonie de funérailles du mwami, en 1959.
Source: http://www.benjaminsehene.com/histoire.htm

et sa succession par son demi-frère Kigeli IV Ndahindurwa dans des circonstances restées obscures. [ N.d.l.r. Lire: 'La mort de Mutara III et l’ avènement de Kigeli V' par M. A. Maus, colon belge et membre du Conseil Spérieur du Pays. Selon lui, l'accession du Mwami Kigeri V Ndahindurwa au trône est un coup d'Etat. ] A l’avènement de celui-ci, des assassinats furent organisés pour intimider et décourager les leaders Hutu, mais sans succès. La goutte qui devait faire déborder le vase fut l’agression en date du 1 novembre 1959, par des jeunes gens Tutsi contre un sous-chef Hutu de Ndiza, Dominique Mbonyumutwa. La Révolution était déclenchée. Celle-ci a essentiellement consisté dans le soulèvement massif du peuple rwandais contre des structures féodales multiséculaires qui avaient écarté le Hutu de la participation à l’exercice du pouvoir dans son pays, en le réduisant à la condition d’esclave pour le compte du Tutsi. Les Tutsi extrémistes qui n’acceptaient pas les changements démocratiques se sont exilés à l’étranger pour y organiser des attaques terroristes.

 

Les élections démocratiques organisées aux mois de juin - juillet 1960 ont confirmé la situation en donnant une majorité écrasante (Bourgmestres et Conseillers Communaux) au Parti du Mouvement de l’Emancipation Hutu (PARMEHUTU), mais toujours, dans le cadre de la monarchie [N.d.l.r. cliquez ici pour voir les détails des résultats des éléctions communales] C’est dans ce contexte que feu Président Grégoire Kayibanda, alors président du MDR PARMEHUTU, forma un gouvernement provisoire ; c’était le 26 octobre 1960. A cette occasion il devait notamment déclarer :

C’est aujourd’hui en effet, qu’un gouvernement représentatif et un parlement également représentatif sont mis en place. Aujourd’hui la démocratie, la démocratie libératrice a vaincu la féodalité, la féodalité, sous quelque forme qu’elle soit, sous quelque forme qu’elle puisse être, elle est vaincue définitivement, elle est abolie définitivement, nous la rejetons définitivement.

Une solution au conflit rwandais était encore une fois trouvée et proclamée solennellement : la démocratie.

Le nouveau Mwami avait quitté le Rwanda depuis avril 1960 et un problème institutionnel grave était aussi posé. Le gouvernement alors mis en place convoqua tous les élus du peuple en congrès à Gitarama pour leur demander de se prononcer sur une formule définitive qui convenait au pays compte tenu de l’évolution de la situation. C’était le 28 janvier 1961.Tous les Conseillers Communaux, tous les Bourgmestres, les Députés

Le drapeau adopté par le congrès de Gitarama

Le drapeau adopté par le congrès de Gitarama du 28 janvier 1961. Le y sera ajouté le 1 juillet 1962

et les membres du Gouvernement Provisoire réunis en ce jour mémorable, décidèrent l’abolition de la monarchie et proclamèrent la République. Notre pays allait s’appeler, depuis, la « REPUBLIQUE RWANDAISE » régie par des institutions démocratiques avec un drapeau rouge, jaune et vert comme emblème de la Nation.

 

C’est cet évènement que, consciemment ou non, certains milieux ont désigné sous l’expression de« Coup d’Etat de Gitarama » oubliant qu’il s’agissait d’une oeuvre réalisée par les représentants du peuple rwandais. Cette décision des élus du peuple rwandais allait, à la demande des adversaires de la démocratie, être confirmée par le peuple lui-même lors du Référendum organisé et supervisé par l’Organisation des Nations Unies en date du 25 septembre 1961.

3.4. Le Rwanda : République indépendante

Comme on l’a vu, les ennemis du peuple rwandais n’ont jamais accepté la meilleure solution au conflit rwandais. Ils ont toujours combattu  la démocratie. Sous la I ère et la II ème Républiques, ils n’ont fait que changer de stratégies selon la conjoncture du moment jusqu’au déclenchement de la guerre d’octobre 1990.

3.4.1. Sous la Première République

Le problème Rwandais est concrétisé par une série de guerres de reconquête du pouvoir par les anciens seigneurs féodo-monarchiques.

Depuis la victoire de la

Grégoire Kayibanda

Grégoire Kayibanda.

République démocratique, le Rwanda a été victime de nombreuses agressions terroristes des Inyenzien provenance des pays limitrophes. Chaque fois, les complices de l’intérieur devaient payer de leur vie, et les agresseurs en profitaient pour accuser les Hutu des crimes de génocide. A ce sujet, feu le Président de la République Grégoire Kayibanda a, à plusieurs reprises, invité les Inyenzi à abandonner leurs actes criminels et ainsi épargner des vies humaines. A l’une de ces occasion, en date du 11 mars 1963, il devait déclarer notamment :

 

Les vies humaines qui malgré notre vigilance ont péri par terrorisme ne gagnent rien à être couvertes par les bruits de vos calomnies à l’égard du Gouvernement de la République. 
Qui est génocide ?
Posez-vous honnêtement la question et répondez-y du fond de votre conscience. 
Les Tutsi restés au pays qui ont peur d’une fureur populaire que font naître vos incursions sont-ils heureux de vos comportements ? 
Qui est génocide ?
Ceux qui vous appuient et financent vos menées terroristes et fratricides vous rappellent-ils que les Bahutu ne se laisseront jamais malmenés, et qu’à vos coups, ils n’entendent pas du tout opposer un héroïsme qui serait d’ailleurs de mauvais aloi.
Qui est génocide ?

Les Inyenzi n’ont jamais entendu cet appel. Au contraire, ils ont multiplié leurs aventures meurtrières jusqu’en 1967, année au cours de la quelle ils ont lancé leur dernière attaque de la série contre le peuple rwandais. Ils ont dû faire un constat amer selon lequel ils ne pouvaient pas arracher au peuple un pouvoir chèrement et démocratiquement acquis. A partir de ce moment, lesInyenzidécidaient d’arrêter leurs attaques pour un certain temps mais sans abandonner l’idée de reprendre le pouvoir au Rwanda. Ils allaient changer de stratégie et s’organiser, en vue d’atteindre un jour, leur objectif ; ce qu’ils firent sans attendre. Ils allaient profiter d’une situation de crise grave qui caractérisa la fin des années 60.

En effet, suite à une divergence entre la vielle classe dirigeante et une nouvelle génération de dirigeants rwandais, divergence qui devait conduire au phénomène néfaste de division très grave au sein de la classe politique baptisé alors «  Guta umurongo », le Rwanda allait être sérieusement secoué pendant un certain temps.

Les Tutsi devaient donc saisir cette occasion pour s’infiltrer dans tous les secteurs de la vie nationale (fonction publique, entreprises publiques et privées, écoles, Université Nationale etc.), et surtout pour détourner l’attention des jeunes dirigeants Hutu en leur donnant leurs filles en mariage. En agissant de la sorte, il est évident que les Tutsi ne cherchaient pas à contribuer à résoudre le conflit rwandais, mais plutôt à endormir les dirigeants Hutu pour reprendre le pouvoir le moment venu. Le procédé était devenu classique. La découverte de toutes ces manoeuvres et les actes de génocide contre les Hutu du Burundi en 1972 provoquèrent des troubles que connut le Rwanda au cours des années 1972-1973. Signalons que lesdits troubles se sont produits au moment où lesInyenzi se préparaient à lancer de nouvelles attaques contre le Rwanda, en provenance surtout du Burundi et de l’Ouganda. C’est pour mettre fin à ces troubles qu’un groupe d’officiers supérieurs de la Garde Nationale sous la conduite du Général Major Juvénal Habyarimana prit le pouvoir en date du 5 juillet 1973. La Deuxième République venait de voir le jour.

3.4.2. Sous la Deuxième République

 Le Président Juvénal Habyarimana

Le Président Juvénal Habyarimana.

A la naissance de la IIème République, ses fondateurs s’étaient assignés la mission de mettre fin aux troubles ethniques qui secouaient le pays depuis plusieurs mois. Mais en plus, ils nourrissaient une noble ambition de créer et maintenir un climat de Paix et d’unité nationale, véritables bases d’un Développement harmonieux et durable. Trois mots clés qui allaient constituer la devise du Mouvement Révolutionnaire National pour le Développement (MRND). Effectivement, dans le cadre du MRND, le Rwanda connut, à ne pas en douter, un développement socio-économique sans précédent de son histoire. Pour concrétiser cette unité nationale, le peuple rwandais était confondu avec le Parti MRND. Dans ce cadre, et sous certaines conditions impliquant la réconciliation et la démocratie, le conflit rwandais allait encore une fois trouver une solution. Mais cette solution n’a pas pu véritablement voir le jour parce que, comme toujours, le Tutsi n’y tenait pas.

En effet, comme cela a été dit plus haut, le Tutsi n’a jamais abandonné l’idée de récupérer le pouvoir et de l’exercer sans partage. Comme toujours dans de pareilles conditions, profitant de ce climat de paix et d’unité nationale (le Hutu y croyait très profondément), le Tutsi a réussi à s’infiltrer dans les plus hautes instances de l’Etat (guhakwa) pour prendre le pouvoir à l’aise au moment qu’il jugera le plus opportune.

Feu le Président Juvénal Habyarimana et son entourage immédiat étaient devenus, pendant des années, des otages du Tutsi. Ce dernier était parvenu à contrôler tout le secteur économique, tandis que le Hutu s’esquintait quotidiennement dans des activités de routines administratives sans lendemain. Il a fallu attendre la crise de 1980 (Affaire Lizinde) pour découvrir les desseins sataniques du Tutsi. Suite à la découverte de leurs manoeuvres lors de l’éclatement de l’Affaire Lizinde, les Tutsi décidèrent de s’emparer du pouvoir au Rwanda par la force. C’est ce qu’ils tentèrent de faire, à la chute du dictateur ougandais Idi Amin Dada. Mais cette attaque n’a pas eu lieu parce qu’il y eut conflit de génération au sein des Inyenzi mêmes. Ce sont les vieux qui voulaient attaquer, tandis que les jeunes estimaient que c’étaient trop tôt. Ils eurent raison. Par ailleurs, Museveni avait besoin de leur concours pour conquérir l’Ouganda, il s’étai engagé à les aider à leur tour à conquérir le Rwanda. Le pacte fatal pour le Rwanda était conclu. En effet, depuis que Museveni a pris le pouvoir à Kampala, les Tutsi ont été mis très à l’aise. Ils pris tout leur temps pour préparer la guerre de reconquête du pouvoir au Rwanda, par des entraînements massifs, des achats d’armes et par l’intoxication de l’opinion internationale par tous les moyens. Museveni qui, au cours de sa guerre de conquête de l’Ouganda avait bénéficié d’un appui substantiel du gouvernement rwandais, faisait croire partout que le Rwanda ne pouvait, en aucun cas, être envahi de l’Ouganda. Les autorités rwandaises y ont cru alors même que des actes de reconnaissance et de sabotage, de la part de l’armée ougandaise, étaient de plus en plus nombreux sur le sol rwandais, surtout du côté de la frontière nord-est.

A partir d’un certain temps, les Tutsi, naguère, trouvaient en Habyarimana leur sauveur pour avoir supprimé le PARMEHUTU, apporté paix aux Tutsi et unité à tout le peuple rwandais, se mirent à décrier sa dictature imposée au peuple rwandais au sein du MRND ainsi que tous les obstacles opposés par le régime en place au retour des réfugiés Tutsi. Les fils des Inyenzi étaient donc déterminés à intervenir militairement pour « libérer » le peuple rwandais de ladite dictature et pour permettre aux réfugiés de regagner leur patrie. Quel prétexte ! Signalons ici que, pour le Tutsi, le concept de dictature découle de l’idée qu’il se fait de lui-même. En effet, étant né pour commander (kuvukana imbuto), culturellement le Tutsi considère que tout ce qui se fait sans lui ou en dehors de lui n’a aucune valeur. C’est ainsi que la Révolution de 1959 n’en fut pas une (ce fut plutôt le début des massacres !) et que la gestion des affaires de l’Etat par la majorité du peuple rwandais, pendant plus de trente ans, fut qualifiée de médiocre parce que dictatoriale. Il appartient à l’Histoire de juger. [ N.d.l.r. Lire 'L' Histoire des Rois que supposent les Poèmes Episodiques... ' ( 6 & 7) où Alexis Kagame donne l'exemple de la période de "veuvage" (occupation par les Banyabungo) entre les règnes de Ndahiro II Cyamatare (vers 1550) et son successeur Ruganzu II Ndoli(vers 1580).] En ce qui concerne le problème des réfugiés Tutsi, il faut rappeler ici qu’après de multiples tractations, ce problème avait déjà trouvé une solution appropriée. C’est dans ce cadre qu’il fut convenu que les réfugiés pouvaient visiter le Rwanda pour se rendre compte de ses possibilités d’accueil (occasion sans pareilles pour des opérations de reconnaissance par le FPR) pour leur permettre, en définitive, soit de venir s’installer au Rwanda, soit de rester à l’étranger avec des facilités de visiter les familles se trouvant au Rwanda, soit enfin, d’acquérir une nouvelle nationalité, tout en jouissant des mêmes facilités. [ N.d.l.r. Lire 'Commentaires d'Edouard Karemera sur « Rwanda, le droit à l'espoir », livre écrit par le Général de Brigade Leonidas Rusatira ' (titre 3, paragraphes 3.1 et 3.2). En contredisant Léonidas Rusatira, Edouard Karemera, ancien ministre et membre du comité central du MRND à l'époque du monopartisme, éclaire le lecteur sur la position du gouvernement rwandais au sujet du retour des réfugiés Tutsi.] Ainsi donc, après s’être bien préparés et équipés et avec le concours maximum de l’Ouganda, les jeunes Tutsi, membres de la NRA (National Resistance Army, armée ougandaise) estimant que le moment était venu, déclenchèrent une guerre d’agression contre le Rwanda en vue de reconquérir le pouvoir. C’était le 01/10/1990. Ce fut la fin d’une époque.

3.5. La guerre de reconquête du pouvoir avec toutes ses tragédies

C’est en fait la dernière épisode d processus conflictuel au Rwanda qui a abouti à la tragédie la plus grave de l’histoire du pays, et où le problème rwandais s’est posé avec plus d’acuité que jamais. L’absence de volonté ou plutôt le refus délibéré du Tutsi de trouver une solution appropriée au dit problème a entraîné le démantèlement de la nation rwandaise toute entière. Cette épisode a, jusqu’à ce jour, connu deux phases : la phase qui va, précisément, du déclenchement de la guerre à la conclusion de l’Accord d’Arusha, et celle qui débute avec la reprise des hostilités en date du 06 avril 1994.

3.5.1. Du début de la guerre par le FPR à la conclusion de l’Accord de Paix d’Arusha.

Sous le prétexte mis en évidence plus haut, les fils des Inyenzimembres de la NRA déclenchèrent, contre le Rwanda, une guerre d’agression sous la dénomination de Front Patriotique Rwandais (FPR-Inkotanyi) ; c’était le 1er octobre 1990. Depuis, rien n’a plus été comme avant dans la vie des rwandais. En effet, jusqu’à cette date et depuis plusieurs années, le Rwanda était devenu selon la Banque Mondiale, un modèle de développement intégral dans toute la région sub-saharienne. Les ethnies vivaient en une symbiose telle que dans certains cas, la confusion était totale. D’aucuns croyaient que les ethnies comme telle étaient en voie de disparition. Mais comme on l’a vu, le Tutsi n’y croyait pas. Il a plutôt profité de ce contexte pour s’infiltrer dans les hautes instances de l’Etat pour les renverser le moment venu. Depuis le déclenchement de cette maudite guerre donc, non seulement les relations entre rwandais ont été bouleversées mais aussi des changements importants ont été opérés au niveau des institutions de l’Etat (Constitution du 10 juin 1991 et Accord de Paix d’Arusha du 04 août 1993).

3.5.1.1 La guerre d’octobre 1990

Cette guerre éclair qui a éclaté à Kagitumba dans la corne du nord-est du Rwanda, avait pour objectif la prise de Kigali endéans trois jours. Mais dès le deuxième jour de bataille, les Forces Armées Rwandaises neutralisaient les combattants du FPR et même leur Commandant en Chef en la personne du Général Major Fred Rwigema, ancien commandant adjoint de la NRA et vice-ministre de la défense du Gouvernement Ougandais y perdit la vie. Après ces combats très rudes au Mutara, le FPR fut repoussé en dehors de la frontière rwandaise, fin octobre 1990. Mais, dès les premiers jours du mois de novembre suivant, l’ennemi relança ses attaques contre les communes rwandaises frontalières avec l’Ouganda (Muvumba, Kiyombe, Cyumba, Kivuye de Byumba et Butaro de Ruhengeri), cette fois-ci sous forme de guérilla. A partir de ce moment, la population civile était directement concernée. Ce fut en effet, le début d’une série de crimes de droit international humanitaire commis par le FPR. La guerre contre le Rwanda devenait alors une très grave préoccupation non seulement pour le Rwanda, mais aussi, comme on le verra plus loin, pour la sous région. C’est dans ce contexte que des changements institutionnels importants ont été opérés au niveau de l’Etat.

3.5.1.2 Les changements institutionnels

Ces changements ont été introduits par la Constitution du 10 juin 1991. En effet, dans son discours du 05 juillet 1990, le Chef de l’Etat avait promis d’opérer des changements profonds (aggiornamento) au sein des institutions de l’Etat. Une commission ad hoc fut créée. Elle proposa un projet de constitution qui fut promulguée à la date susmentionnée. Comme cela a été dit, cette Constitution a apporté des changements considérables. On en indiquera deux qui sont, à coup sûr, les plus importants. La Constitution du 10 juin 1991 a d’une part, introduit le multipartisme dans les pays, le MRND cessant d’être parti unique et d’autre part, créé une nouvelle institution, à savoir le Premier Ministre, Chef du Gouvernement qui devait partager les pouvoirs avec le Président de la République. Comme on s’en aperçoit, ces changements étaient de nature, y croit-on, à permettre l’avènement d’un régime véritablement démocratique auquel même les réfugiés rwandais pouvaient participer. Et de ce fait, le conflit rwandais allait, encore une fois, trouver une solution adéquate. Mais hélas! c’était méconnaître le Tutsi qui, comme on l’a vu, avait depuis très longtemps, écarté l’idée de partager le pouvoir avec le Hutu. Il était déterminé, par conséquent, à s’emparer, tôt ou tard, de ce pouvoir par force.

Sur le plan interne, cette constitution a été appliquée tant bien que un mal. A ce sujet on peut citer, notamment, l’adoption de la loi du 18 juin 1991 sur les partis politiques. Les partis politiques ont, donc, été créés ; ils ont proliféré et en très peu de temps, ils ont dépassé la quinzaine. Le Premier Ministre a été nommé aussi. Dans un premier temps, il’ était issu du MRND et, depuis que les partis politiques opposés au MRND se sont organisés c’était un militant du MDR qui dirigeait le Gouvernement. Le FPR qui gagnait de plus en plus de terrain et de poids, a su exploiter très adroitement la situation pour détruire l’unité des hutu déjà précaire à son avantage. Pour finir, c’était pratiquement le MRND et le FPR et leurs alliés respectifs. C’est dans ce contexte politique que les négociations d’Arusha allaient être entamées.

3.5.2. L’Accord de Paix s’Arusha

Comme cela a été dit plus haut, dès les premiers mois, la guerre contre le Rwanda était devenue l’objet de préoccupation pour la sous-région. De nombreux contacts entre Chefs d’Etat furent organisés à ce sujet. C’est dans ce cadre que le Président de la République, alors Son Excellence le Général Major Juvénal Habyarimana a effectué plusieurs déplacements pour rencontrer ses pairs à Mwanza (le 17/10/1990), à Gbadolite (le 26/10/1990), à Goma (le 20/2/1991), à Zanzibar (le 17/2/1991) et à Dar es-Salaam (le 19/7/1991 et du 5 au 7 /3/1991). Par la suite, un accord de cessez-le-feu devait être conclu à N’sele (le 29/3/1991) et amendé à Gbadolite (le 16/9/1991) et à Arusha (le 12/7/1992). Tout cela en vain, les fils des Inyenzi étant déterminés à prendre le pouvoir par force. Des négociations directes entre le Gouvernement rwandais et le FPR-Inkotanyi la Communauté Internationale y souscrit. Lesdites négociations devaient se dérouler à Arusha en République Unie de Tanzanie. Elles devaient aboutir à la conclusion d’un accord de paix entre le Gouvernement Rwandais et le FPR-Inkotanyi.

Rappelons que cet accord a été négocié et conclu dans un contexte politique extrêmement tendu. En effet, depuis la rencontre de Bruxelles en juin 1992 entre les partis dits d’opposition (au MRND et à Habyarimana) et le FPR, la division entre les dirigeants Hutu était consommée au profit du FPR-Inkotanyi qui occupait déjà une certaine portion du territoire national. Ces partis, regroupés au sein de ce que certains de leurs dirigeants appelaient alors, « Forces Démocratiques de Changement » (FDC), déclaraient couvrir essentiellement toute la région du Nduga et d’autres régions semblables, pour dire que leurs adhérents étaient persécutés par les Bakiga du MRND-CDR au même titre que les Tutsi en général, façon astucieuse pour le FPR d’endormir la faction de hutu à sa solde pour s’infiltrer dans tous les coins du pays sans beaucoup de difficultés. C’est donc dans un tel contexte que les négociations d’Arusha se sont déroulées. Le représentant du Gouvernement rwandais était issu du MDR, parti principal d’opposition. Il était strictement interdit aux citoyens rwandais (sous peine d’être qualifié d’ennemi de la paix) de formuler des vœux ou de donner de simples avis dans le cadre de ces négociations de paix d’Arusha. Il va de soi, que dans ces conditions, le FPR allait, en fin de compte, obtenir plus qu’il ne demandait et, même, plus qu’il ne méritait.

L’Accord de Paix a été signé à Arusha par le Président de la République, le Général Major Juvénal Habyarimana du côté rwandais et par le Président du FPR-Inkotanyi le Colonel Alexis Kanyarengwe. Pour des raisons ci-haut évoquées, la conclusion de cet accord est intervenue dans l’indifférence généralisée de tous les rwandais. Cependant, ils gardaient l’espoirs que les anomalies constatées allaient être corrigées par les élections qui devaient être organisées vers la fin de la période de transition. Mais encore une fois hélas ! c’était se tromper grossièrement sur le Tutsi qui n’avait jamais abandonné sa logique de gouverner seul. En effet, malgré les avantages exorbitants et non mérités que l’Accord de Paix d’Arusha accordait au FPR, ce dernier n’était pas disposé à l’appliquer, car le Tutsi aurait été amené, un tant soit peu, à partager le pouvoir avec le Hutu, alors que pour lui, cela lui est culturellement prohibé. Il est à remarquer, par ailleurs, que dans le cadre des croyances et pratiques occultes, magiques et mythiques (imitsindo), le Tutsi, comme tel ne s’est jamais senti lié par cet accord de paix, ce dernier n’étant du début à la fin, que l’œuvre des Bahutu du nord (Abakiga) mais à l’avantage du Tutsi. Autrement dit, l’Accord de Paix d’Arusha élaboré et conclu pas les Hutu devait servir de tremplin aux Tutsi pour prendre le pouvoir et déraciner les Hutu. C’est cela la vérité sur le fameux Accord de Paix d’Arusha.

Toujours au sujet de cet accord, le point de vue actuel des du FPR au pouvoir à Kigali n’a pas changé ; il est exprimé avec un certain cynisme dans le journal Imboni No 003, dont l’extrait suivant :

Cependant, à part que cet (accord d’) Arusha nous reconduit sous le pouvoir semblable à celui d’Ikinani [le président Juvénal Habyarimana], il ne présente aucun autre avantage. Il n’a pas empêché la guerre de reprendre, alors qu’il avait été conclu pour cela. Il n’a pas pu écarter le génocide [itsembabwoko] alors qu’il avait été conclu pour empêcher Ikinani de le commettre. Il n’a pas réussi le retour des réfugiés et leur réinstallation comme il le prétendait…Arusha n’existe plus, il est mort. Il est mort et il ne peut pas ressusciter. Tout cela se passe de commentaire.

Pour toutes les raisons ci-haut mentionnées, l’Accord de Paix d’Arusha a été donc conclu mais il n’a pas été appliqué comme c’était prévu. Aucun rendez-vous de mise en place des institutions prévues par lui, pourtant fixé de commun accord, n’a été respecté. Entre temps, les leaders Hutu des partis politiques membres des FDC avaient découvert le jeu du FPR, leur allié, et s’en étaient désolidarisés. A partir de ce moment, le FPR commit une série d’assassinats contre les Hutu pour préparer, dirait-on, la catastrophe sans précédent qui allait détruire la nation rwandaise toute entière depuis le début du mois d’avril 1994.

4. LA CATASTROPHE D’AVRIL 1994

[N.d.l.r. Lire "Rwanda:Histoire Secrète" surtout la partie où l' auteur-Abdul Ruzibiza- parle du déroulement de l' apocalypse]

Cette catastrophe vient de la guerre de reconquête du pouvoir au Rwanda déclenchée en date du 06/04/1994 en violation flagrante de l’article 1 de l’Accord de Paix d’Arusha. Cette guerre sauvage et meurtrière a produit des conséquences incalculables.

4.1. La guerre ultime de reconquête du pouvoir : préparatifs

[N.d.l.r. Lire "Rwanda:Histoire Secrète", surtout la partie où l' auteur-Abdul Ruzibiza- parle des préparatifs du chaos]

L’horrible guerre qui a ensanglanté le Rwanda a été soigneusement préparée si bien que l’ennemi n’a pratiquement rencontré aucun obstacle de taille. La guerre ultime de prise de Kigali et de tout le pays a été très soigneusement préparée depuis longtemps. Las activités officielles de reconnaissance du terrain par le FPR se sont effectuées dans le cadre d’un organisme créé par l’OUA (Organisation de l’Unité Africaine) en application d’un accord de cessez-le-feu. Il s’agit du « Groupe d’Observateurs Militaires Neutres (GOMN )» qui comptait cinq officiers du FPR parmi ses membres. Le GOMN

Le président rwandais

Le Président Paul Kagame, commandant en chef des troupes du FPR à l'époque de la reconquête du pouvoir. © http://www.gov.rw

avait accès à tout sans restriction aucune. Mais ces activités se sont intensifiées avec le soutien substantiel des éléments belges de la Mission des Nations Unies pour l’Assistance au Rwanda (MINUAR) qui étaient chargés de la protection de la ville de Kigali. Grâce à l’appui des casques bleus belges, le FPR a réussi à installer ses hommes et leurs matériels, sans aucune difficulté, dans la ville de Kigali et à travers tout le pays. C’est dans ce contexte que le FPR est parvenu à infiltrer ses brigades dans toute la zone gouvernementale (voir à ce sujet Le non-dit sur les massacres au Rwanda No 2 par l’ASBL SOLIDAIRE-RWANDA). Mais le comble a été atteint quand, sous prétexte de protéger ses hommes membres des institutions de Transition à Base Elargie, le FPR a été autorisé a installer officiellement un bataillon (600 soldats) dans la ville de Kigali – un véritable cheval de Troie  – et encore dans le palais du Conseil National de Développement (Parlement). C’était cette unité d’élite qui, le moment venu, avait la mission de mettre Kigali à feu et à sang.

 

Par ailleurs, après la signature du fameux Accord de Paix d’Arusha, le FPR-Inkotanyi a élaboré un document dans lequel il a consigné ses objectifs et des diverses stratégies à appliquer pour atteindre ces derniers. C’était un véritable « plan concerté ou complot » contre le peuple rwandais comme cela a été souligné dans Quand légitime défense devient génocide. En outre, avant la reprise de cette terrible guerre contre le Rwanda, un jeune officier, responsable du service de renseignement de l’armée ougandaise, en la personne du Major Paul Kagame, fut, pour des raisons certaines d’imitsindo hissé au grade de Général Major pour pouvoir chasser du pouvoir le Général Major Juvénal Habyarimana et, du même coup, les Hutu en général. Rappelons que Fred Rwigema, avait été érigé, en son temps, au même grade en présence du Chef de l’Etat rwandais alors en visite à Kampala en 1988, pour pouvoir diriger les opération de guerre dite d’octobre 1990 au cours de laquelle Kigali devait être pris endéans trois jours, comme on le sait déjà. Enfin, pour déclencher la guerre contre le Rwanda sans s’inquiéter de rien, le FPR s’était emparé des media du monde occidental et avait mis en garde les puissances étrangères contre toute ingérence dans cette guerre.

4.2. Une guerre sauvage et très meurtrière

Lorsque le FPR a estimé que le moment de s’emparer du pouvoir par force était venu, il choisit, comme le fait marquer Quand légitime défense devient génocide, d’exécuter une partie du scénario No 4 de son plan macabre:

Rupture des accords d’Arusha et recomposition d’un gouvernement en écartant par la force militaire et populaire Habyarimana et ses satellites dans un délai ne dépassant pas neuf mois à partir de la signature des accord de paix.

En effet, c’était mercredi 06 avril 1994 à 20h30, soit 08 mois et 02 jours après la signature de l’Accord de Paix d’Arusha, que l’avion qui ramenait du sommet de Dar-es-Salaam le Président Juvénal Habyarimana et son homologue burundais Cyprien Ntaryamira ainsi que leurs délégations respectives, fut abattu au moment ou il se préparait à atterrir à l’Aéroport International Grégoire Kayibanda de Kanombe à Kigali. Ce lâche et ignoble assassinat fut le déclenchement des massacres sans précédents dans l’histoire du Rwanda. En effet, pour le FPR, Habyarimana assassiné, il fallait continuer l’exécution du plan tel que prévu ; c’est-à-dire l’extermination des « satellites de Habyarimana » (ou l’élite Hutu). Mais, Dieu merci, le FPR s’est trompé dans ses sombres calculs. Il croyait que le Hutu qu’il fallait déraciner était toujours le même que celui des années 50. Au contraire, l’assassinat de Habyarimana a été un catalyseur pour l’unité de tout le peuple Hutu face à l’ennemi déclaré. A la très grande surprise des Tutsi et de leurs alliés, main dans la main et avec l’appui des forces armées rwandaises, les Hutu se sont défendus comme ils l’ont pu trois mois durant. Il a fallu l’intervention de la communauté internationale, longtemps intoxiquée par la propagande mensongère de l’ennemi, pour décréter un embargo militaire injuste et injustifié contre le peuple rwandais en vue de garantir une victoire militaire au FPR, en violation flagrante de l’Accord de Paix d’Arusha qu’elle avait pourtant cautionné. Il faut remarquer que c’est sur cette résistance farouche du peuple Hutu dans l’exercice de son droit de légitime défense que le FPR fonde ses accusations absurdes relatives au génocide commis à l’endroit des Tutsi par des Hutu. Comme on le verra un peu plus bas, c’est tout le contraire.

Après l’intervention des puissances de ce monde en faveur du FPR, le Rwanda était complètement exsangue (voir les témoignages dans Le non-dit sur les massacres au Rwanda No 1 et 2) ; le peuple rwandais (une partie qui a échappé à l’extermination) a quitté son pays pour se constituer réfugiés à l’étranger. Pour avoir une idée précise sur les responsabilités de la tragédie du peuple rwandais jusqu’à ce jour il faut lire notamment : Le peuple rwandais accuse, document réalisé par le Ministère de la Justice (Gouvernement en Exile) ; Executive Intelligence Review (EIR) du 19 août 1994 et du 28 octobre 1994, une revue britannique qui souligne le rôle particulier joué par la Grande Bretagne dans cette maudite guerre.

5. LES CONSEQUENCES DE LA GUERRE

Pour saisir l’ampleur des conséquences de cette guerre par le FPR-Inkotanyi, il suffira de les considérer sur les plans matériel et humain.

5.1. Sur le plan matériel

Le Rwanda était certes un des pays les plus pauvres du monde, mais il était parvenu à se suffire dans des domaines diversifiés. En effet, sa devise est « Liberté, Coopération, Progrès ». Depuis que le Rwanda a accédé à la souveraineté internationale, il s’est attelé à la concrétisation de cette devise, malgré les interruptions dues à de multiples attaques des Inyenzi. Mais pour la 2ème République, dans le cadre du MRND, le Rwanda avait atteint un degré de développement tel que la Banque Mondial et le Fond Monétaire International le prennent en modèle de développement subsaharien. C’est d’ailleurs pour cette raison, selon la revue EIR, que la Grande Bretagne a contribué à la destruction du Rwanda. La guerre a donc eu entre autres pour effet, la destruction de toute l’infrastructure de développement que le peuple rwandais avait réalisée avec beaucoup de sueur, depuis son accession à l’indépendance. En effet, en plus de destruction des infrastructures, les biens abandonnés par les réfugiés ou les déplacés sont soit pillés, soit confisqués, sans aucune possibilité de récupération.

5.2. Sur le plan humain

La guerre d’agression qui a endeuillé le Rwanda depuis le mois d’octobre 1990 est la plus catastrophique de son histoire. En effet, à partir de ce moment, des dizaines de milliers de personnes ont été tuées tout au long de la frontière rwando-ougandaise, d’autres ont été portées disparues, et beaucoup d’autres se sont déplacées, étant ainsi obligé d’abandonner leurs biens. A cette époque, le FPR s’est rendu coupable d’une série de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité dont on ne parle presque jamais, et par conséquent restent impunis. Mais c’est à partir du 6 avril 1994 que le FPR a manifesté ses intentions véritables en violant de façon flagrante l’Accord de Paix d’Arusha

 Les réfugiés hutus sur la route de l' exile

Les réfugiés hutus sur la route de l' exile.
© rumburak.website.pl

qu’il avait signé. Par là, le FPR a montré qu’il ne tenait pas à résoudre le conflit rwandais de façon pacifique. Il voulait éliminer toute personnalité qualifiée de « satellite de Habyarimana », c’est-à-dire toute personne d’ethnie Hutu. C’est cela le génocide.

 

Depuis la date de triste mémoire du 06 avril 1994, le Tutsi a tué le Hutu, le Hutu s’est vaillamment défendu. Les chiffres exacts des morts ne sont pas connus mais ils dépassent sûrement deux millions. Les rescapés ont, depuis l’embargo décrété par le Conseil de Sécurité des Nations Unies, pris le chemin de l’exile. C’est tout un peuple qui s’est déplacé en dehors de son territoire national. Fait sans précédent dans l’Histoire de l’Humanité. A l’étranger, le peuple rwandais vit tant bien que mal avec l’assistance des organisations humanitaires ; tandis qu’à Kigali, un gouvernement d’aventuriers, fils des Inyenzi est mis en place grâce à l’appui massif des puissances de ce monde qui ont, comme on l’a vu, contraint le peuple rwandais à l’exile. Ce gouvernement ne fait qu’arrêter ou tuer les Hutu qui n’ont pas pu fuir. Comme on le voit, le conflit rwandais est loin d’être résolu.

6. LA SITUATION DEPUIS L’INSTALLATION DU FPR AU POUVOIR A KIGALI

La guerre la plus tragique de l’histoire du Rwanda aura duré près de cinq ans. Kigali a été pris le 4 juillet et, le 19 juillet 1994 a été installé, la victoire était totale. Depuis, plus rien n’a été plus comme avant et c’est sur tous les plans.

6.1. Sur le plan politique

L' ancien Président hutu Pasteur Bizimungu

L' ancien Président hutu Pasteur Bizimungu, longtemps présenté comme symbole de la réconciliation entres les Hutus et les Tutsis.

Il faut noter ici que la victoire militaire du FPR a placé l’Accord de Paix d’Arusha entre parenthèses. C’est dire que la seule volonté du FPR victorieux devait s’imposer (suppression du MRND, création de l’institution de « vice-président », etc.). En mettant en place des institutions éternellement provisoires. pour démarrer le nouveau régime, le FPR s’est rallier un certain nombre de Hutu de service dits « Hutu modérés »pour accomplir des missions qu’ils ne reconnaissaient pas. Quand l’objectif est atteint, le Hutu responsable devient indésirable et est souvent déclaré « génocidaire » (Cas de Faustin Twagiramungu, Pasteur Bizimungu, Pierre Célestin Rwigema, etc.). Aujourd’hui, le régime fait tout pour détruire la majorité numérique des Hutu pour pouvoir organiser des élections à son avantage. L’organisation administrative locale a été tellement chambardée qu’il n’est pas aisée de retrouver la situation d’avant la tragédie. Donc, le droit de propriété sur le terrain est totalement mis en cause.

6.2. Sur le plan judiciaire

Ce qui est remarquable ici, c est qu’il s’agit de la justice du vainqueur au vaincu. Les personnalités Hutu qui ne sont pas tuées sont purement et simplement jetées en prison sans aucun dossier. Le nombre de personnes se trouvant dans cette situation est toujours supérieur à 100.000. C’est dire que matériellement, les détenus jugés sont très peu nombreux, les détenus libérés encore très peu nombreux. Beaucoup de détenus meurent en prison.

Des milliers de suspects du génocide croupissent toujours dans les geôles rwandaises

Des milliers de suspects du génocide croupissent toujours dans les geôles rwandaises.Source:www.visiontv.ca

En plus, la justice sans défense dans le système « Gacaca » n’est qu’un moyen efficace pour coller à l’ethnie Hutu l’étiquette de génocide. Bref, la justice du FPR est un instrument politique parfait pour lui permettre de régner sur le Rwanda sans partage et sans inquiétude pour toujours.

 

A l’étranger, les Rwandais Hutu sont justiciables du Tribunal Pénal Internationale pour le Rwanda (TPIR) sis à Arusha en Tanzanie. La curiosité dans les compétences de cette juridiction, c’est que dans une situation bien déterminée, elle est habilité à juger les faits secondaires consécutifs (légitime défense) à un fait principal (assassinat du Président Habyarimana) tout en passant sous silence ce dernier pour, à coup sûr, mettre à l’abri le régime du FPR. Dès lors, il est clair que cette juridiction n’est qu’un moyen pour les grands de ce monde, de soutenir le régime du FPR. Par ailleurs, en date du 7 avril 2000, e Gouvernement belge a avoué sa part de responsabilité dans la tragédie qui a endeuillé le Rwanda. Dès lors, la question qui reste posée est de savoir comment l’Etat belge peut s’arroger le droit de juger les Hutu rwandais présumés génocidaires sans être juge et partie ! Seule l’histoire pourra y répondre.

6.3. Sur le plan social

Avant la Révolution de 1959, le droit était attaché à l’ethnie, sous le régime du FPR, les ethnies ne figurent plus dans les cartes d’identité mais une situation nouvelle a été créée. Les rwandais sont divisés en deux catégories : les «rescapés » et les « génocidaires ». Et le citoyen est traité en fonction du groupe auquel il appartient. Cette situation se fait particulièrement sentir dans les domaines de la santé, de l’éducation, du travail et de l’économie en général.

7. CONCLUSION

Le régime du FPR depuis sa victoire militaire a placé le Rwanda dans une situation pire que celle qui existait avant la révolution rwandaise parce que les temps ont changé et les esprits ont été de plus en plus ouverts alors que l’objet du conflit rwandais n’a aucunement changé. Oui, le conflit rwandais s’aggrave de jour en jour et le nombre de victimes se gonfle dans les mêmes proportions. Il appartient aujourd’hui à la communauté internationale, si elle croit encore au caractère sacré des droits de l’homme de se défaire des pièges du FPR, de pencher sur des raison profondes de ce conflit et de trouver une solution définitive appropriée permettant à tous les rwandais de jouir de tous leurs droits de citoyens rwandais.

 

SOURCE:www.only.nl


11/07/2012
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LIVRE:LE CANADA DANS LES GUERRES EN AFRIQUE CENTRALE:GENOCIDE ET PILLAGES DES RESSOURCES MINIERES DU CONGO..

Le Canada dans les guerres en Afrique centrale : génocide et pillages des ressources minières du Congo par le Rwanda interposé (*)

 

 

Le texte ci-dessous est la préface du livre du Congolais Patrick Mbeko intitulé : «Le Canada dans les guerres en Afrique centrale : génocide et pillages des ressources minières du Congo par le Rwanda interposé», publié aux Editions Le Nègre Editeur, Montréal, 2012. L’ouvrage a été présenté le 12 mai 2012 au Canada et pour lequel nous avons présenté la recension dans notre édition du 21 mai 2012. Aujourd'hui, nous nous sommes intéressé la préface qui, comme tout le contenu d'ouvrage, «plonge le lecteur dans les méandres de l’économie du crime qui sévit en... Afrique centrale, particulièrement en RD Congo». Ce, en dévoilant «l’existence d’opérations concertées entre le Canada, les puissances occidentales et leurs multinationales, par le Rwanda interposé, pour dépouiller la RDC de ses ressources stratégiques, quitte à la démembrer en de micro-Etats». Le préfacier, un Canadien blanc, fait d'abord le récit de son voyage en Afrique avant de souligner la complicité des médias occidentaux et le rôle joué et continuer de jouer Paul Kagame et Yoweri Museveni dans la dramatique situation que vit la RD Congo. Ci-après l'intégralité de la préface.

 

A la fin du printemps de 1991, je traversai l'Ouganda sur un vélo de montagne et je fis une incursion dans l'Est de la République démocratique du Congo (RDC), qui se nommait alors le Zaïre. A l'époque, je ne m'intéressais pas à la politique et je ne savais rien à propos des relations interraciales et de l'impérialisme. Encore moins à propos des génocides. L'Afrique était une aventure. Je voulais la vivre en plongeant au milieu des cultures tribales et de la nature que j'avais aperçue dans les pages du magazine National Geographic. J'avais commencé par quelques safaris au Kenya et en Tanzanie. J'avais fait l'ascension du Kilimandjaro (dont la partie supérieure, toute blanche, était couverte de glaciers, à l'époque). Alors, l'esprit imprégné des portraits de l'Afrique sortis de l'imagination des médias occidentaux, je décidai de m'enfoncer «au coeur des ténèbres» jusqu'au Zaïre.

 

Dans l'Ouest de l'Ouganda, je traversai le parc national du Lac Victoria, mais j'y vis peu d'animaux. L'Ouganda venait de subir, de 1980 à 1990, l'autorité d'une guerre que l'on qualifie aujourd'hui de "guerre civile" entre tribus africaines, comme on le faisait alors. Issue du Mouvement patriotique ougandais, l'Armée de résistance nationale avait déclenché cette guerre et l'avait gagnée, sous le commandement de Yoweri Museveni, qui devint "président" de l'Ouganda et qui l'est encore aujourd'hui, soit depuis 24 ans. Cette armée était appuyée par des intérêts anglo-étatsuniens. Mais je ne savais rien de tout cela et je ne m'y intéressais aucunement.

 

En outre, je n'avais jamais entendu le nom de Paul Kagame, le soi-disant "président" actuel du Rwanda, qui y dirige un régime dictatorial depuis qu'il s'est emparé du pouvoir par un coup d'Etat, en 1994, avec l'aide de Museveni. Kagame fut d'abord le directeur du renseignement militaire de Museveni et, pendant le bain de sang qui permit à l'Armée de résistance nationale de prendre le pouvoir (1980-1985) et de le consolider impitoyablement (1985-1990), les deux hommes furent responsables de crimes de guerre, de crimes contre l'humanité et de crimes de génocide en Ouganda.

 

PAUL KAGAMÉ POUR LE TERRORISME DE LA TERRE BRÛLÉE

 

En 1990, le major-général Paul Kagame était aux Etats-Unis, plus précisément au collège de commandement et d'Etat-major général de Fort Leavenworth, au Kansas. Il y suivait les programmes de formation d'élite du Pentagone sur les opérations psychologiques et les mesures anti-insurrectionnelles. En septembre, on le rappela en Ouganda pour y prendre le commandement de l'armée de guérilla qui allait envahir le Rwanda le 1er octobre 1990.

Or, compte tenu de l'oeuvre de Paul Kagame en Ouganda (de 1983 à 1988 environ), au Rwanda (de 1990 à 1994) et au Congo (de 1995 à 2010), nul doute que les "opérations psychologiques" et les "mesures anti-insurrectionnelles" qu'on lui a enseignées lui ont permis de pratiquer le terrorisme de la terre brûlée, la torture, les assassinats et les exécutions massives. Au cours de leur campagne militaire en Ouganda, puis au Rwanda et enfin au Congo, Kagame et Museveni sont demeurés fidèles à leur modus operandi : faire régner la terreur et procéder à des exécutions massives pour dépeupler le territoire, en éliminer ceux qui le gouvernent, et s'emparer des ressources qui s'y trouvent ou les piller.

 

Evidemment, même si j'avais voulu savoir la vérité au sujet de Kagame et de Museveni, j'aurais eu beaucoup de peine à découvrir les faits profondément ensevelis par le bulldozer du capitalisme international et dissimulés par la machine de propagande de la grande entreprise. L'invasion du Rwanda par le Front patriotique rwandais (FPR), alias l'Armée patriotique rwandaise, à partir d'octobre 1990, constituait une violation majeure du droit international, mais, dans la véritable mise en scène que devint ce conflit, on dépeignit les guérilléros terroristes du FPR comme des libérateurs, tandis qu'on fit passer pour des terroristes les soldats, les agents et les alliés de l'Etat rwandais, dirigé par le président Juvénal Habyarimana. Le FPR était principalement composé de militaires d'expérience des Forces de défense populaires de l'Ouganda, nouveau nom de l'Armée de résistance nationale. Dès 1991, on commença à parler de génocide, mais en imputant la faute aux Forces armées rwandaises (FAR), qui étaient obligées de défendre le Rwanda et son peuple contre l'invasion et l'occupation étrangères commandées par Paul Kagame et Yoweri Museveni, avec leurs commanditaires occidentaux, notamment le Pentagone et ses partenaires canadiens.

 

Dans le double langage orwellien de la propagande occidentale, la guerre devient la paix, une insurrection est une lutte anti-insurrectionnelle, les victimes sont des tueurs, les tueurs sont des victimes et les massacreurs, c'est-à-dire Paul Kagame et Yoweri Museveni, sont des "entrepreneurs" et des représentants de la "nouvelle génération de dirigeants africains".

 

UN DRAME COLLECTIF MARQUÉ PAR LA DOULEUR ET LA SOUFFRANCE

 

Le bain de sang en Ouganda et au Rwanda, dont l'origine remonte à la guérilla insurrectionnelle de l'Armée de résistance nationale, de 1980 à 1985, n'est pas qu'une histoire passée, mais une histoire encore bien actuelle. Ce n'est pas qu'un simple élément de la mémoire collective, mais un drame collectif marqué par la douleur et la souffrance. C'est un traumatisme collectif qui a dévasté des générations entières d'enfants, qui se poursuit en ce moment même et qui a gagné le Congo.

En juillet 1991, j'arrive dans le triangle où se rencontrent les territoires ougandais, rwandais et zaïrois, Paul Kagame avait pris la tête du FPR, qui commettait des atrocités à grande échelle dans le Nord du Rwanda. Je passe la nuit dans la petite ville de Kasese, à la frontière ouest de l'Ouganda, avant de poursuivre mon voyage à vélo encore plus à l'Ouest, dans les monts Ruwenzori. Après quelques rencontres peu rassurantes avec des soldats incontrôlables des Forces armées zaïroises (FAZ), j'arrive dans la petite ville frontalière de Kasindi, dans l'Est du Zaïre (Congo). Je traverse des kilomètres et des kilomètres de forêt tropicale humide, dans la boue et encore la boue, puis, après une savane de montagne, je débouche sur un lieu nommé Beni, l'une des villes principales du Nord-Kivu, une province dont je n'avais jamais entendu parler. Je n'en connaissais même pas le nom. Ma peau blanche et mon arrogance me confèrent une autorité supérieure.

 

A partir de Beni, j'enfourche de nouveau mon vélo et je prends la route de Kisangani, vers le Nord-Ouest. Puis, je me dirige à l'Est vers Bunia. Je parcours ainsi une boucle de 400 kilomètres au Zaïre et j'en ressors trois semaines après y être entré, en passant par Bunia, puis en descendant dans la vallée du lac Mobutu (Albert). Je regagne l'Ouganda en traversant le lac sur un petit bateau de bois.

 

VICTIMES DIRECTES ET INDIRECTES

 

Si vous m'aviez dit à ce moment que je retournerais sur les mêmes routes quinze ans plus tard, en tant que journaliste indépendant, que je serais arrêté par une milice rwandaise incontrôlable connue sous le nom de Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD), encore sur la route entre Kasindi et Beni, et que j'allais être arrêté non pas une fois, mais deux fois par des troupes de la MONUC (Mission de l'Organisation des Nations unies en République démocratique du Congo), à Bunia, je vous aurais pris pour un fou. Pourtant, la folie réside plutôt dans la quantité énorme de reportages trompeurs et racistes sur l'Afrique que diffusent les grands médias occidentaux. C'est en consommant cette information, ne serait-ce qu'occasionnellement, comme je le faisais, qu'on perd la raison.

 

Il est temps maintenant d'entrer dans le vif du sujet. Ma brève préface vise à présenter l'oeuvre d'un fils du Congo qui a toutes les raisons d'être indigné. Il n'est pas difficile d'imaginer l'affront ressenti par les Canadiens moyens lorsqu'ils apprendront que le présent livre et les accusations qu'il contient portent sur eux. Ce sont eux qui tuent, et leurs victimes directes sont les Congolais. Mais ils font aussi des victimes indirectes dans l'ensemble de la région des Grands Lacs africains ainsi que parmi tous les Africains de race noire et les gens de couleur du reste du monde.

Ce qui peut être dit de la participation canadienne à la guerre et au pillage en RDC s'applique également à la responsabilité canadienne dans la guerre et le pillage affligeant le reste de l'Afrique. Pourquoi d'ailleurs devrions-nous limiter la portée de nos accusations ? Au Canada, des sociétés minières, des sociétés militaires privées, des institutions bancaires, des organismes "d'aide" humanitaire, des sociétés de conservation de la faune et des organes de l'Etat s'emploient également à piller l'Asie, l'Amérique Latine et le Canada lui-même.

 

Bien que les Canadiens moyens soient, dans le présent ouvrage, accusés de tuer des gens, nous pouvons également leur manifester une certaine compassion et les présenter comme des victimes (de leur propre système de prédation). Dans la hiérarchie du pouvoir et de la souffrance, les dirigeants de l'Etat canadien et les cadres supérieurs des sociétés canadiennes occupent le sommet. Ils constituent les élites riches et privilégiées. Ce sont eux qui peuplent les conseils d'administration et les directions des ministères, où se trouvent surtout des Blancs, mais aussi quelques Noirs de service. Au bas de l'échelle, enfouie sous un tas de fumier, croupissent dans la misère les premières nations du Canada. Elles subissent un traitement semblable à celui des Congolais, bien que les violations commises contre elles soient passablement moins flagrantes.

 

L'IMPÉRIALISME VENGEUR, SANGUINAIRE ET IMPUDIQUE DE L'OCCIDENT

 

Peu importe ce qu'on cherche sous terre - les diamants du Nunavut pour De Beers, le nickel de Voisey Bay pour Diamond Fields et International Nickel (Inco), l'or du Sud-Kivu pour Banro - l'histoire fait toujours sur le terrain, par le génocide des populations autochtones, avec la participation de Canadiens de race blanche. C'est une histoire qui concerne le sol et les substances minérales qu'il contient, comme le pétrole, les diamants, le cobalt, le cuivre, l'uranium, l'étain, le tantale, le coltan, le gernanium, le nobium, l'or et le manganèse. Elle concerne aussi les forêts, les primates, la faune et la flore. Elle est faite de biopiratage et d'accusations de vol de propriété intellectuelle portées par les grandes sociétés agro-industrielles. C'est une histoire où l'eau est un enjeu qui devient de plus en plus important.

 

C'est autant l'histoire des terres d'Amérique du Nord appartenant aux nations amérindiennes que celle des terres du Congo qui appartiennent aux Congolais. Les mêmes facteurs structurels qui maintiennent, voire accélèrent le déracinement des premières nations du Canada sont partout à l'oeuvre contre les gens de couleur.

 

Pourtant, le Canadien moyen ne semble pas pouvoir comprendre le sens du mot "déracinement", peu importe comment on s'y prend pour lui expliquer. C'est comme si personne n'avait pu lire, un jour ou l'autre, les grandes réflexions morales de Léon Tolstoï, Martin Luther King, Frantz Fanon, Walter Rodney, Malcolm X Chinweizu, Ward Churchill, Wilhelm Reich, Thomas Sankara ainsi que Monica Sjöö et Barbara Mor (The Great Cosmic Mother). Les Canadiens qui connaissent Arundhati Roy se sont bornés, pour la plupart, à lire ses ouvrages de fiction. Les fidèles lecteurs de cette illustre écrivaine du Sud asiatique sont nombreux à avoir renvoyé ses livres par la poste lorsque après le 11 septembre 2001, elle a rompu avec la majorité silencieuse et complaisante pour devenir tout à coup une autochtone au teint foncé, libre de ses pensées, qui n'acceptait plus l'impérialisme vengeur, sanguinaire et impudique de l'Occident.

 

PROCLAMER L'HUMANITARISME ET L'ALTRUISME CARACTÉRISANT L'OEUVRE DES BLANCS

 

Des noms comme George Washington Williams, Roger Casement et Edmund Dene Morel ne veulent rien dire pour le Canadien moyen. Tout comme ils ne veulent rien dire pour l'Etatsunien moyen, parce que le Congo ne veut rien dire pour eux, ou pour nous, à moins que nous n'ayons un emploi là-bas. Ceci nous donne une excuse pour participer plus directement au pillage, pour faire du prosélytisme parmi les autochtones, pour aider les sauvages noirs et s'extirper de leur sauvagerie africaine, de leurs traditions africaines, de leur religion africaine ou encore pour les réduire à l'état de bêtes de somme ou de squelettes empilés, en train de sécher sous le soleil, au milieu de nulle part, comme à Bogoro ou Cyangugu. Tandis que nous continuons de proclamer bien haut l'humanitarisme et l'altruisme caractérisant l'oeuvre des Blancs.

 

Nous arborons notre peau blanche ou parfois simplement notre drapeau (par exemple, dans le cas de Colin Powell, Susan Rice, Andrew Young et Barack Obama) comme des symboles nous conférant une autorité supérieure et comme un permis pour tuer des gens sans renoncer au privilège de retourner faire du yoga ou siroter un gin tonic au bord de la piscine aseptisée d'un chic club pour ressortissants étrangers à Kinshasa, Kigali, Goma ou Naïrobi, ou encore dans un lieu confortable de Washington, Paris, Bruxelles, Ottawa, Montréal ou Vancouver.

 

Le Canadien moyen est-il coupable de ces génocides ? Comment se produisent-ils sinon avec le concours du Canadien moyen ? Les "bons Canadiens" ne sont-ils pas complices de ces crimes, eux qui leur permettent de se dérouler à l'échelle de la planète simplement parce qu'ils ne font pas l'effort de s'intéresser à ce qui se passe, ne savent pas comment résoudre le problème, aiment se dire qu'ils achètent des diamants par amour ou sont tellement incapables de gérer leurs propres affaires personnelles, ensevelis qu'ils sont sous la camelote, qu'il est hors de question pour eux de se mettre à s'intéresser aux affaires des sauvages noirs de l'Afrique centrale ?

 

L'INCONSCIENCE N'EST PAS ACCEPTABLE, ET C'EST À CE PROBLÈME QU'IL FAUT S'ATTAQUER

 

Dans son essai Managing Ignorance, l'universitaire Elizabeth Spellman se penche sur la caractérisation de l'Amérique blanche faite par l'intellectuel étatsunien de race noire James Baldwin, qui nous explique comment nous demeurons insensibles aux critiques qui pourraient nous aider à remédier à notre incompréhension du racisme. En somme, Baldwin est d'avis que les Blancs ne connaissent pas et ne veulent pas connaître les préjudices qu'ils ont fait subir aux Noirs par l'esclavage et par d'autres manifestations du racisme (comme la poursuite des guerres et du pillage en Afrique), qui font partie de la vie habituelle des Noirs d'Amérique (et des gens de couleur partout ailleurs).

 

Les Blancs ne savent pas et ne veulent pas savoir ce qui, dans leur comportement et leurs institutions, a complètement bouleversé la vie des Noirs. Ils sont à court d'imagination quand vient le temps d'envisager le monde tel qu'il serait si un tel pouvoir horrible avait été empêché de sévir. Au sujet des manques de connaissance, de sensibilité et d'imagination, Baldwin ajoute qu'il est intolérable que les gens qui sont les auteurs de cette dévastation soient de surcroît considérés comme innocents. Selon lui, c'est cette innocence qui constitue le crime.

 

Ce qui vaut pour les Canadiens vaut certainement aussi pour les Etatsuniens. Pourquoi l'auteur du présent ouvrage vise-t-il seulement les Canadiens ? Est-ce parce qu'ils se supposent innocents ? Est-ce parce que, d'un côté, ils demandent au fabricant d'armes de livrer une commande d'engins de mort en Afrique ? Les gens du Kansas, du Texas, du Massachusetts ou de la Floride participeraient-ils à des assassinats collectifs, mais pas les gens de la Saskatchewan, ni ceux du Québec et de la Nouvelle Ecosse ? Devons-nous croire que les Etats-Unis, puissance impérialiste suprême, ont l'exclusivité de vilaines politiques étrangères et d'opérations secrètes pour répandre leur terrorisme partout sur terre, profondément que partout ailleurs ? Le Canada, est-il étranger à tout cela ? Devons-nous souscrire à la croyance que les Canadiens sont bien trop vertueux par nature pour avoir de tels crimes sur la conscience ?

 

METTRE LA FAUTE SUR LA VICTIME: LA RUSE LA PLUS ANCIENNE DE L'HOMME BLANC

 

Les multinationales canadiennes protesteront certainement, elles aussi, contre une telle caractérisation. Elles déploieront leurs moyens considérables pour se livrer à la propagande, pour se draper dans la conscience écologiste ou, à défaut d'obtenir des résultats autrement, pour employer la force brute comme elles le font bien davantage au Congo qu'au Canada, où elles sont loin de jouir de la même impunité. Comble de l'insulte, les exterminations qu'elles offrent en cadeau aux populations autochtones seront mises sur le compte de ces dernières, c'est-à-dire les brutes du Nord (les premières nations) ou les brutes de là-bas (les Congolais). Mettre la faute sur la victime. C'est la ruse la plus ancienne de l'homme blanc, et le Canadien moyen, qui a été bien dressé, est susceptible de gober parfaitement l'idée que le tueur (le Canadien) est une victime et que la victime (le Congolais) est un tueur. N'est-ce pas l'idée dont nous nourrit sans cesse la presse ? Les troupes congolaises commettent viol après viol et tous les hommes congolais sont des violeurs, n'est-ce pas ? Qui sont les victimes ? Qui sont les tueurs?

 

Nous pouvons rapidement nommer des noms canadiens, comme certaines d'entre nous l'ont fait en vain puisque, dans les économies du pouvoir blanc, au sein des populations qui décident du destin de millions et de millions d'Africains, peu de gens tendent l'oreille. De Beers, Barrick Gold, Heritage Oil & Gas, Banro Mining, Anvil Mining, Diamond Fields Resources, Adastra (anciennement American Mineral Fields International), First Quantum, Tenke Mining Corporation, Lundin Mining : la liste est longue et scandaleuse, et elle contient de noms pour la plupart inconnus du public. Il est impossible de demeurer sains d'esprit lorsqu'on se fait ensevelir de propagande, de relations publiques, de gestion de la perception ou d'opérations psychologiques.

 

Par conséquent, la maladie mentale, l'amnésie généralisée, l'égoïsme, l'arrogance et l'hstérie collective - notamment à propos du massacre des Tutsis par les Hutus, au cours du génocide en 100 jours au Rwanda - sont devenus la norme.

 

RAIDS MINIERS DE BARRICK DANS L'ITURI

 

Parmi les membres du conseil d'administration de la société Barrick Gold figure l'ancien Premier ministre du Canada Brian Mulroney. L'ancien sénateur canadien John Trevor Eyton a fait partie du même conseil d'administration de 1990 à 2000, alors qu'il siégeait au Sénat. Edward N. Ney en a fait partie également, lui qui a été ambassadeur des Etats-Unis au Canada de 1989 à 1992 et qui compte parmi les principaux dirigeants de la société Burton-Marsteller, spécialiste entre autres de la gestion de la perception (c'est-à-dire de la propagande). Il reste beaucoup de zones d'ombre sur le rôle de Barrick dans l'invasion du Congo, en 1996, et sur le lien avec les raids miniers de Barrick dans l'Ituri, région ensanglantée au Nord-est du pays. C'est un sujet qui n'a assurément fait l'objet d'aucune enquête. Personne n'a été inculpé ou poursuivi chez Barrick. Personne n'a été même eu à témoigner sous serment, dans quelque pays que ce soit.

La société minière Banro et ses administrateurs, comme Arnold Kondrat, constituent un autre triste exemple de l'implication canadienne. Au Congo, Banro se livre à un pillage intégral et vide le territoire de sa population en sachant qu'elle peut compter sur l'appui de ceux qui tiennent les fusils.

En Amérique du Nord, elle a recours aux menaces et aux poursuites judiciaires pour bâillonner quiconque ose la dénoncer. Les seules activités minières de Banro dans le monde se trouvent au Sud-Kivu, province martyre de la RDC, et elles ont, bien entendu, l'aval des Nations unies. Banro est blanchie par le système de propagande occidental. Elle brille du même éclat qu'un téléphone cellulaire tout neuf.

 

BANRO POURTANT ENCOURAGÉ PAR LE GOUVERNEMENT CONGOLAIS

 

Corruption, extorsion, pots-de-vin, assassinats collectifs : Banro ne semble reculer devant aucune bassesse au Sud-Kivu. Mais, compte tenu du silence obscène des médias occidentaux au service du capital, on ne peut pas dénoncer Banro en Occident sans avoir l'air d'inventer de toutes pièces un scénario sableux, voire de délirer complètement. A l'inverse, aux yeux des Congolais du Sud-Kivu qui ont été dépossédés de leur terre et de leur droit à la vie, de telles accusations sont bien la moindre des choses et elles arrivent trop tard.

 

«Nous félicitons Banro pour son approche professionnelle et nous entendons travailler ensemble et leur apporter notre soutien afin de créer un environnement gagnant/gagnant pour toutes les parties», a déclaré Emile Bongeli, vice-Premier ministre de la RDC chargé de la Reconstruction, selon un communiqué du département des relations publiques de Banro.

 

Pourtant, le portrait de la réalité que dressent la vraie Société civile et les vrais défenseurs des droits de la personne au Sud-Kivu est très différent du portrait fabriqué par les avocats sans état d'âme, les bricoleurs à gages de communiqués et les boîtes occidentales qui se prostituent en faisant du renseignement pour leur maître. Parmi ces dernières se trouvent de faux groupes de défense des droits de la personne, comme l'International Rescue Committee, l'International Crisis Group, le projet Enought ! et l'organisme Raise Hope for Congo. Dans les trois derniers cas, on a affaire à des projets séduisants mais hypocrites qui ont été créés ou qui sont financés par le Center for American Progress (CAP), un centre d'étude nationaliste étatsunien voué aux activités de renseignement, qui oeuvre secrètement pour étendre la domination étatsunienne et l'hégémonie de grandes entreprises dans le monde. John Prendergast, John Podesta et Madeleine Albright figurent parmi les experts et les fondateurs du CAP. Ils ont tous les trois été au coeur du gouvernement Clinton, qui a appuyé les projets de génocide de Kagame et Museveni en Ouganda, au Rwanda et au Congo (ainsi que le projet de génocide au Soudan, qui se poursuit actuellement).

 

INTÉRÊTS GÉNÉRALEMENT CONVERGENTS DES GRANDES SOCIÉTÉS ET DU CRIME ORGANISÉ

 

Les bricoleurs de communiqués à la solde de Banro ont peut-être bien rodé leur numéro d'illusionnisme, mais le Canadien moyen devient complice de génocide lorsqu'il les laisse faire leur cirque sans poser la moindre question. Les valeurs morales ne peuvent être maintenues si elles ne sont pas sous-tendues par un ensemble solide de convictions. Or, grâce aux récompenses que distribue le capitalisme, aux punitions qu'il inflige et à l'omnipotente culture blanche de l'indifférence qui le caractérise, il a détruit la fibre morale de la société, tout comme il a anéanti des milliards de vies sur terre depuis ses débuts.

 

La première invasion du Zaïre (1996-1997) a été soutenue par le Pentagone, avec le concours des plus énergiques du Canada, qui a joué un rôle crucial dans cette guerre en défendant les intérêts généralement convergents des grandes sociétés et du crime organisé, ce qu'il fait, du reste, encore aujourd'hui. Le lieutenant-général Maurice Baril incarne bien les machinations canadiennes dans la région des Grands Lacs africains.

 

En 1994, Maurice Baril était chef de la Division militaire des opérations de "maintien de la paix" de l'ONU et supérieur du commandant de la Mission des Nations unies pour l'assistance au Rwanda (MINUAR), le Général Roméo Dallaire, un autre Canadien, qui fut un acteur clé de l'orchestration du génocide rwandais par le FPR. En 1996 et 1997, Maurice Baril commanda la Force multinationale au Zaïre, qui devait accomplir, elle aussi, ce qu'on qualifia d'opération de "maintien de la paix". Cette force était basée en Ouganda et à Kigali et relevait en pratique du commandement de l'armée des Etats-Unis pour l'Europe, dont le quartier général se trouve à Stutgart, en Allemagne.

 

APPUI DU CANADA AUX DICTATEURS KAGAME ET MUSEVENI

 

Evidemment, le gouvernement du Canada appuie les dictatures de Paul Kagame et Yoweri Museveni. Un grand nombre d'intellectuels, de gens d'affaires, de journalistes et de représentants de l'Etat s'emploient à perpétuer les récits officiels sur les génocides au Rwanda, au Burundi, en Ouganda, au Soudan et au Congo. Sur les rivières de sang qui coulent en Afrique vogue l'Agence canadienne de développement international (ACDI), qui a financé les projets de Kagame au Rwanda, mais n'a jamais dit un mot sur les agissements de cet homme, qui font de lui le "boucher" de Kigali. Pourquoi ce silence ? Parce que le gouvernement du Canada a participé à la boucherie et y participe encore.

 

En 2007-2008 seulement, l'ACDI a distribué environ 19,95 millions de dollars étasuniens en aide au "développement". Peu importe ce que raconte la propagande, nous savons bel et bien aujourd'hui que cet argent est lié à la défense des intérêts du Canada. "A travers sa programmation régionale et sa collaboration avec les organisations multinationales, clairement les bricoleurs de communiqués à la solde du gouvernement, l'ACDI travaille également avec le Rwanda pour promouvoir la paix et la sécurité dans la région des Grands Lacs". On s'étouffe de rage lorsqu'on entend un pareil mensonge, à moins d'être un Congolais ou une Congolaise, et d'avoir été soit décapité, soit violée par des troupes rwandaises qui font semblant d'être Congolaises pour mettre la violence sur le compte des Congolais.

 

SECTEUR MINIER : LE RWANDA POUR UNE AUGMENTATION DE 250 % DES EXPORTATIONS EN 2012

 

En septembre 2007, le Rwanda s'est doté d'une stratégie de développement économique et de réduction de la pauvreté pour 2008-2012. Cette stratégie a été élaborée de concert avec le Fonds monétaire international (FMI), dont les politiques économiques ont pour effet avéré de miner les économies en développement et d'institutionnaliser les inégalités en matière de commerce et de finance internationaux. Le FMI, l'ACDI, USAID, l'UNICEF, Save the Children et d'autres encore perpétuent la violence structurelle, c'est-à-dire littéralement une agression contre les gens ordinaires. Le document décrivant la stratégie du Rwanda contient des statistiques sur le secteur minier, mais ne dit mot de la provenance des exportations minières, qui sont, en fait, le fruit du pillage du Congo.

 

Sur une période cinq ans, de 1996 à 2000 (les années pendant lesquelles le Rwanda a commencé à piller le Congo en pratiquant le terrorisme parrainé par l'Etat), le secteur minier rwandais a connu une augmentation moyenne de 24,5% par année. Puis, de 2001 à 2006, l'augmentation moyenne a été de 41,3% par année. Le document ne mentionne même pas le Congo, sinon pour dire laconiquement que "la frontière entre les deux pays est instable", une affirmation qui relève de la fourberie et de l'insulte. Peu importe, le FMI est d'avis que le Rwanda augmentera sa production minière : "Dans le secteur minier, l'objectif est une augmentation de 250% des exportations, qui devraient passer de 38 millions de dollars étatsuniens en 2005 à 106 millions de dollars en 2012".

 

DES PERSONNALITÉS CANADIENNES INDEXÉES

 

Le terrorisme parrainé par l'Etat est un concept plus large que le terrorisme d'Etat. Ainsi, nous ne devrions pas oublier les nombreux Canadiens qui ont joué un rôle déterminant dans la genèse et la perpétuation des crimes de guerre, des crimes contre l'humanité et des génocides dans la région des Grands Lacs africains.

L'un de ces Canadiens se nomme William Schabas. C'est un agent du FPR qui se fait passer pour un avocat spécialisé dans le domaine des droits de la personne et qu'on a incorporé à la Commission internationale d'enquête sur les violations des droits de l'homme au Rwanda depuis le 1er octobre 1990, qui a séjourné au Rwanda en janvier 1993. Le rapport de cette commission a été l'un des premiers instruments d'importance ayant servi à tisser la toile de fausses accusations contre le président du Rwanda, Juvénal Habyarimana, et contre son gouvernement. Il a permis le lancement de l'opération psychologique réalisée avec l'aide du Pentagone (Etats-Unis) et du Commandement des forces armées (Canada), en vue de faire passer les victimes pour des tueurs, au Rwanda, et de cacher les crimes de guerre et le complot en vue de commettre un génocide auquel participaient le Front patriotique rwandais, les Forces de défense populaire de l'Ouganda et leurs commanditaires (USAID, ACDI, Banro, Adastra, et ainsi de suite). William Schabas s'est mis au service du terrorisme parrainé par l'Etat lorsqu'il a participé à la préparation de montages de fausses accusations dans le but d'extrader des réfugiés rwandais ayant bel et bien fui le régime et se trouvant aux Etats-Unis et au Canada.

 

Le Général Roméo Dallaire est un autre Canadien ayant joué un rôle central. C'est lui qui était à la tête de la Mission des Nations unies pour l'assistance au Rwanda (MINUAR). Il a secrètement aidé le Front patriotique rwandais à réaliser sa conquête génocidaire, son double assassinat présidentiel et son coup d'Etat au Rwanda (1990-1994), ce qui a préparé le terrain au cataclysme du Zaïre/Congo et pour les quinze années subséquentes de terrorisme parrainé par l'Etat à l'intérieur du Rwanda (1994-2010).

 

Gerald Caplan, quant à lui, est un intellectuel et un activiste canadien ayant oeuvré dans les cercles gouvernementaux. Il a co-présidé le Groupe de travail sur la politique de la radiodiffusion mis sur pied par le Premier ministre Brian Mulroney, mais il a aussi joué un rôle central dans la dissimulation des crimes de guerre et du crime de génocide en Afrique. Salué un peu partout comme un expert du génocide rwandais faisant autorité, Gerard Caplan est l'auteur du Rapport sur le génocide au Rwanda, rédigé pour le compte du Groupe International d'éminentes personnalités pour enquêter sur le génocide de 1994 au Rwanda et ses conséquences, un organe d'enquête qui fut créé par l'Organisation pour l'Unité africaine et qui ne fut rien d'autre qu'un écran de fumée. Gerald Caplan publie des articles de propagande dans toute la presse canadienne. Il a lancé "Rappelons-nous du Rwanda", un projet prétendument "non gouvernemental" destiné à déverser de la propagande dans le monde entier pour bien cimenter dans la mémoire collective les récits fallacieux sur les génocides et les crimes de guerre dans la région des Grands Lacs africains et au Soudan. Les services rendus à l'Empire par M. Caplan lui ont valu d'être nommé membre d'un groupe d'experts de haut niveau par le coordonnateur spécial des Nations unies pour l'Afrique.

 

DES BARONS DE L'INDUSTRIE MINIÈRE DISSIMULENT LEURS ACTIVITÉS CRIMINELLES

 

Beaucoup de gens trempent dans des activités occultes de crime organisé qui mettent en cause directement ou indirectement le Canada en Afrique. Il se trouve parmi eux des gros bonnets intouchables comme Jean-Raymond et Max Boulle. Robert Friedland, Lukas Lundin, George Herbert Walker Bush, Peter Munk et Adnan Khashoggi. Les barons de l'industrie minière sont nombreux à dissimuler leurs activités criminelles au milieu d'un enchevêtrement tentaculaire de conseils d'administration, de paradis fiscaux et de réseaux de blanchiment d'argent. Souvent, ils sont, en outre, liés à des fournisseurs privés de services militaires (c'est-à-dire des entreprises de mercenaires).

 

Robert Friedland et Tony Buckingham sont deux cas notoires d'élites qui brillent au firmament de la réussite grâce à leurs réseaux de crime organisé et de mercenaires, réseaux qu'ils exploitent dans l'impunité. Robert Friedland, surnommé "Toxic Bob", possède les citoyennetés canadienne et étasunienne. Il est parvenu à décrocher des contrats miniers de la Mongolie au Canada, à grand renfort de pots-de-vin et d'autres formes de corruption. Son investissement dans les guerres au Congo a été payant pour lui, mais a coûté la vie à des millions de Congolais.

 

Après avoir vu ce qui se dessinait derrière les manoeuvres répugnantes de M. Friedland, qui usait de pots-de-vin et de mensonges pour faire exproprier les habitants, le peuple mongol a manifesté et a brûlé l'effigie de M. Friedland sur la place publique. Mais le mécontentement du peuple mongol n'a pas arrêté M. Friedland. Pas plus que la position nationaliste de Laurent-Désiré Kabila, figure de proue, au Zaïre, de l'Alliance des forces démocratiques pour la libération (AFDL) de 1996 à 1998. M. Friedland ayant de solides appuis aux Etats-Unis et au Canada, ces deux pays l'ont aidé à truquer les élections nationales de 2008, en Mongolie, et à obtenir les droits d'exploitation de l'énorme gisement de cuivre et d'or d'Oyu Tolgoi, dans le désert de Gobi, tandis que Laurent-Désiré Kabila était assassiné et remplacé par un président plus malléable, Joseph Kabila, ce qui a permis à Adastra (AMFU) de mettre la main sur quelques-unes des concessions minières les plus lucratives du Congo. Il s'agit de gisements de la ceinture cuprifère qui recèlent du cobalt, le gros lot tant convoité qui explique que le Canada ait appuyé Mobutu pendant plus de 30 ans. Les superalliages sont essentiels au développement du complexe militaro-spatio-cancéro-nucléaro-industriel et ne peuvent être fabriqués sans le cobalt du Congo.

 

Le citoyen britannique Tony Buckingham est lié à de nombreuses entreprises mercenaires actives en Ouganda, en République démocratique du Congo, au Sierra Leone et en Afrique du Sud, notamment la société Héritage et ses sociétés affiliées. Pourtant, même si ces entreprises ont des liens qui crèvent les yeux avec des terroristes en Afrique, comme le demi-frère de Yoweri Museveni, le Général Salim Saleh, en Ouganda, personne n'en dit mot, ni dans les gouvernements occidentaux, ni m^meme aux Nations unies. Les Canadiens Michael Hibberd et Gregory Tumbull siègent au conseil d'administration de la société Héritage, où l'on n'est pas surpris de trouver également le Général Sir Michael Wilkes, qui était encore récemment le directeur des forces spéciales britanniques. Heritage Oil, Hardman Resources et H and H oil & Gas sont littéralement complices de meurtres, mais s'en tirent sans une égratignure.

 

Le citoyen britannique Tony Buckingham est lié à de nombreuses entreprises mercenaires actives en Ouganda, en République démocratique du Congo, au Sierra Leone et en Afrique du Sud, notamment la société Héritage et ses sociétés affiliées. Pourtant, même si ces entreprises ont des liens qui crèvent les yeux avec des terroristes en Afrique, comme le demi-frère de Yoweri Museveni, le Général Salim Saleh, en Ouganda, personne n'en dit mot, ni dans les gouvernements occidentaux, ni même aux Nations unies. Les Canadiens Michael Hibberd et Gregory Tumbull siègent au conseil d'administration de la société Héritage, où l'on n'est pas surpris de trouver également le Général Sir Michael Wilkes, qui était encore récemment le directeur des forces spéciales britanniques. Heritage Oil, Hardman Resources et H and H oil & Gas sont littéralement complices de meurtres, mais s'en tirent sans une égratignure. Dans le bassin de la rivière Semliki, de chaque côté de la frontière entre la RDC et l'Ouganda, les caïds mangeurs de pauvres, Yoweri Museveni et Joseph Kabila, leur ont concédé des gisements de pétrole qu'elles exploitent goulûment.

 

Depuis plus de 135 ans, les économies du pouvoir blanc pillent le Royaume du Congo et en éliminent la population. Pourtant, de premières incursions d'Henry Morton Stanley, vers 1880, jusqu'aux opérations militaires récentes de la Mission d'observation des Nations unies au Congo dans la province de l'Equateur (décembre 2009), on n'entend parler que de bonnes oeuvres de l'Occident : aide humanitaire et missions de maintien de la paix. Or, rien n'est plus faux, en dépit de ce que nous, les Blancs, pouvons croire à propos de notre bonté et de notre charité. L'enfer est bel et bien pavé de bonnes intentions.

 

Les complices de cette exploitation sont impliqués à divers degrés de forment une sorte de hiérarchie, à l'instar des degrés de conscience et de souffrance. Tandis qu'au Canada, les Premières Nations souffrent, et qu'on leur jette les restes dérisoires de l'exploitation du monde par l'Occident, le peuple congolais est soumis aux plus abominables souffrances, et les grands médias au service du capital tiennent ces souffrances loin des regards. La question n'occupe pas les esprits des populations qui auraient le pouvoir de changer le sort des Congolais et qui, en Europe, aux Etats-Unis et au Canada, sont responsables de ce qui se passe. Cela suffit-il à expliquer que tant de gens parmi nous ne font rien pour aider le peuple congolais à se libérer du joug de l'impérialisme ?

 

Conscients de machinations issues, en Afrique, du capitalisme prédateur des temps modernes et du suprémacisme blanc, de nombreux Canadiens se sont néanmoins employés à les étaler au grand jour et méritent qu'on leur rende hommage. Parmi eux se trouvent Phil Taylor, John Philpot et Christopher Black, trois avocats de la défense qui, à l'instar de nombre de leurs collègues, se sont dévoués sans compter pour dissiper les écrans de fumée créés par les médias propagandistes occidentaux et par la justice des vainqueurs du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), Robin Philpot a démasqué les agresseurs, ça ne s'est pas passé comme ça à Kigali, l'un des rares livres qui remet franchement en question le récit du génocide rwandais diffusé par l'establishment. Ces nombreux Canadiens se sont faits défenseurs de la vérité. Ce sont des gens aussi extraordinaires que méconnus, comme Roxy Statish et Charles Boylan. Certains sont allés au Congo et d'autres non. Guidés par leur sens moral, ils refusent de se laisser séduire par les sirènes du capitalisme et de vendre leur âme à l'ignoble système de propagande.

 

LE ZAÏRE DE MOBUTU, UN ETAT EN DÉROUTE

 

Lorsque je suis arrivé au Zaïre, en 1991, cela faisait plus de 25 ans que le président Mobutu Sese seko était au pouvoir. Le pays était qualifié d'Etat en déroute, qu'un dictateur impitoyable avait conduit à la ruine. La vie y était rude. Les infrastructures étaient en décomposition ou simplement inexistantes. J'ai rencontré des missionnaires étatsuniens de race blanche qui semblaient vivre confortablement dans la brousse, tandis que le citoyen zaïrois moyen manquait de tout : produits de base, services sociaux, transport, éducation et soins de santé. Des gens se faisaient expulser de leur terre par des associations occidentales de conservation de la faune, en particulier le Fonds mondial pour la nature, le fonds Dian Fossey pour les gorilles et Wildlife Conservation Intenational. Qui eût cru que, quinze ans plus tard, je découvrirais que l'organisme de mon héroïne, le Jane Goodall Institute, agissait comme un commanditaire de la guerre en finançant directement l'une des milices sévissant dans les lointaines forêts de Walikale, au Nord-Kivu ?

J'étais allé au Zaïre pour voir les gorilles, mais j'y vécus une aventure et une épreuve que je souhaite ne jamais revivre. La vie des habitants du pays était cruelle et brève. L'endroit était aussi d'une beauté incroyable, à de nombreux égards, tout comme les gens eux-mêmes. Sur la route boueuse, après avoir quitté Béni, je rencontrai une famille de paysans qui me soigna lorsque je tombai malade des suites d'une piqûre d'insecte qui s'était infectée, derrière une oreille. Pour la première fois de ma vie, je fus profondément touché de voir des gens faire preuve d'un profond d'un désintéressement, d'une bonté, d'un courage et d'une dignité inébranlables. Alors qu'ils étaient parmi les plus pauvres de la terre, ils partagèrent le peu qu'ils avaient avec moi, un Etatsunien de race blanche, arrogant, inconscient et riche, qui traversait leur village et leur région en faisant du tourisme à vélo. Loin de me reprocher mon arrogance sans borne, la famille de Yafali kulu-kulu se montra d'une grande générosité.

 

En 1996, cette famille fut assassinée de sang-froid, du grand-père jusqu'aux nouveau-nés, par les troupes venues du Rwanda, qui en étaient à leur première invasion du Zaïre, avec l'appui de leurs parrains occidentaux. Voilà pourquoi je suis en train d'écrire au sujet du Congo. Voilà pourquoi je suis en train d'écrire au sujet du Congo. Voilà pourquoi j'ai consacré plus de dix ans de ma vie à dénoncer la désinformation, la tromperie et le mensonge pur et simple entourant ce qui s'est passé en Afrique centrale et ce qui s'y passe encore. Voilà pourquoi l'auteur du présent livre m'a demandé d'en écrire la préface, lui qui vient du Congo et qui a vu le sang couler dans son pays.

 

BRAQUER LES PROJECTEURS SUR LES TIREURS DES FICELLES

 

Quelle que fût la situation au Zaïre lorsque j'y étais, en 1991, ce n'était rien comparativement à la souffrance, aux viols et au pillage qui ont ravagé le pays depuis ce temps. On n'a jamais vraiment braqué les projecteurs comme on le devrait sur les gens qui tirent les ficelles dans les guerres du Congo et qui appuyaient Mobutu. Toute l'époque Mobutu est résumée comme ceci : il était corrompu, son compte bancaire en Suisse était bien garni, il a causé la ruine du Zaïre, il est parti, et la page est tournée.

"Nous voulons travailler avec des gens qui pensent à l'avenir, a déclaré la secrétaire d'Etat Hillary Clinton au peuple congolais, lors de son passage à Kinshasa, en 2009, et non avec ceux qui ressassent le passé". Les intellectuels congolais en furent indignés. Que diraient les New Yorkais, écrirent les Congolais, si les responsables des attentats du 11 septembre 2001 débarquaient chez eux et leur disaient d'oublier le passé et de penser à l'avenir ? Comment réagiraient les juifs si un chef nazi allemand leur conseillait d'oublier le passé et de penser à l'avenir ? Quelle élégance de la part de Mme Clinton ! Elle demande à un pays de tourner la page et d'oublier la responsabilité de son mari dans les crimes de guerre, les crimes contre l'humanité et les actes génocidaires dont a souffert la population de ce pays. N'est-ce pas encore plus élégant de sa part lorsqu'on sait qu'elle a des liens personnels avec le réseau tempelsman d'exploitation des diamants, qui manipule le Congo et élimine ses dirigeants depuis le temps de Patrice Lumumba ? L'arrogance de Hillary Clinton n'a d'égal que sa sournoiserie : si elle s'est rendue à Kinshasa, c'est entre autres pour négocier avec Joseph Kabila, au nom du baron des diamants Maurice Tempelsman et de la société de Beers. Rappelons-nous la menace infâme qu'a souvent brandie le colonel Joseph Mobutu. Maintenu au pouvoir pendant 312 années au cours desquelles il a servi bassement les intérêts de ses partenaires d'affaires blancs : "Après moi, le déluge", disait-il. Voilà que la prophétie s'est réalisée.

Le "coeur des ténèbres" fait toujours partie de notre imagination à nous, les Blancs, et de l'imaginaire de ceux qui sont contaminés par la mythologie qui nous rend aveugles et nous empêche de nous rendre compte que nous sommes complices d'un véritable massacre. Les Noirs ne sont pas à l'abri de l'influence de cette mythologie, ce qui fait qu'il y en a beaucoup qui participent à la folie collective et aux économies de carnage qui font des ravages en Afrique et en minent les populations, derrière les paravents du développement, de l'aide humanitaire, de la conservation de la faune, du tourisme et du prétendu maintien de la paix. Environ 10 millions de personnes sont mortes au Congo depuis 1996, et la raison est claire : les économies du pouvoir blanc ne veulent pas s'encombrer des sales nègres. Que ce soit au Congo, au Soudant, au Rwanda ou en Somalie, on applique la politique du dépeuplement pour le plus grand bien des actionnaires qui engrangent les profits.

 

Il faut que ça cesse. J'espère que vous lirez le présent livre. Après, vous pourrez faire des choix qui sont hors de portée de la responsabilité qui nous incombe, puis vous demander ce que vous pouvez faire, au lieu d'attendre que quelqu'un vous le dise. L'une des personnes qui m'ont le plus aidé à comprendre les problèmes engendrés par le suprémacisme blanc, le professeur Enoch Page, nous invite à nous questionner sur nos privilèges et notre statut.

 

 

Un jour, s'adressant à un groupe de Blancs à la conscience aiguë, qui avaient manifestement entrepris une démarche critique envers leur race et qui refusaient la destruction de la beauté du monde par le système capitaliste dont nous sommes les bénéficiaires, le professeur Page leur a demandé : "Seriez-vous prêts à sacrifier vos enfants pour sauver votre corps ?"

 

C'est en ces termes que se pose le problème du Congo. Le premier obstacle que vous devez franchir est celui de votre consommation de la propagande au service du capital.

 

Cette consommation est intrinsèquement liée à l'absence de gestes concrets pour appuyer le vrai journalisme indépendant. L'impunité est le pire des problèmes : personne n'est tenu responsable, car il y a beaucoup de monde parmi nous qui participent au carnage, que ce soient nos amis ou des personnes de notre famille. C'est dans la nature du capitalisme et du rêve américain. Et, c'est le plus gros des mensonges.

 

Un monde juste est possible. Qu'attendez-vous ? Combien de Congolais devront encore mourir avant que vous ne leviez le petit doigt pour les aider ? Combien de millions de personnes devront être exterminées au milieu des cris d'horreur qui montent du Congo avant qu'on commence à vous entendre murmurer votre indignation?

 

Keith Harmon Snow Massachusetts, Août 2010

 

tiré du Livre «Le Canada dans les guerres en Afrique» Centrale, Génocides & Pillages des ressources minières du Congo par le Rwanda interposé, Edition "Le Nègre Editeur", mai 2012 Pages 9 - 27 (*) Les intertitres sont de la Rédaction

 

(*) Préfacé de l’ouvrage de Patrick Mbeko

publié aux Editions "Le Nègre Editeur, Montréal, mai 2012

 

SOURCE:Par  Le Potentiel


24/06/2012
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DEVOIR DE MEMOIRE:LA CHUTE DE MASSADA "2 MAI 73"

2 mai 73

Chute de Massada


Le 2 mai 73, la forteresse de Massada tombe aux mains des légionnaires. C'en est fini de la première guerre juive contre la domination de Rome.

 

L'ultime résistance

Construite au IIe siècle avant JC, au temps des Maccabées (ou Asmonéens), la forteresse de Massada surplombe de 400 mètres les rives sauvages de la mer Morte. C'est le dernier îlot de résistance juive à l'occupation romaine.

Des membres de la secte extrémiste des zélotes s'y réfugient après avoir fait régner la terreur dans le pays. Armés d'un poignard, ils avaient coutume d'assassiner leurs compatriotes suspectés de collaboration avec l'occupant ! On les avait surnommés pour cette raison «sicaires», du latin sica, qui signifie poignard.

 

Au nombre d'un millier, avec leurs femmes et leurs enfants, sous la conduite d'un chef nommé Eleazar ben Jair, les Zélotes résistent pendant trois ans à plus de 15.000 légionnaires. Ceux-ci n'arrivent à accéder aux murailles qu'en aménageant une rampe artificielle depuis le pied du rocher.

Le seul récit que l'on ait de ce siège nous vient de l'historien juif Flavius Josèphe, qui assiste le général romain. Quand les assiégeants pénètrent dans la forteresse, ils doivent affronter l'incendie allumé par les Zélotes avant de découvrir les cadavres de ceux-ci. D'après l'historien, qui n'a pas lui-même vu l'intérieur de la forteresse, dix des assiégés auraient tué les autres avant de se suicider eux-mêmes. Tous seraient morts à l'exception de deux femmes et cinq enfants. Voici un extrait de son récit (traduction de René Harmand, Paris, 1911) :

«... Ensemble, ils embrassèrent, étreignirent leurs femmes, serrèrent dans leurs bras leurs enfants, s'attachant avec des larmes à ces derniers baisers ; ensemble, comme si des bras étrangers les eussent assistés dans cette oeuvre, ils exécutèrent leurs résolution, et la pensée des maux que ces malheureux devaient souffrir, s'ils tombaient aux mains des ennemis, était pour les meurtriers, dans cette nécessité de donner la mort, une consolation. Enfin, nul ne se trouva inférieur à un si grand dessein ; tous percèrent les êtres les plus chéris. Malheureuses victimes du sort, pour qui le meurtre de leurs femmes et de leurs enfants, exécuté de leur main, paraissait le plus léger de leurs maux !
Aussi, ne pouvant plus supporter l'angoisse dont ces actes une fois accomplis les accablait, et croyant que ce serait faire injure aux victimes de leur survivre même un court instant, ils entassèrent promptement au même endroit tous leurs biens et y mirent le feu ; puis ils tirèrent au sort dix d'entre eux pour être les meurtriers de tous ; chacun s'étendit auprès de sa femme et de ses enfants qui gisaient à terre, les entourant de ses bras, et tous offrirent leur gorge toute prête à ceux qui accomplissaient ce sinistre office. Quand ceux-ci eurent tué sans faiblesse tous les autres, ils s'appliquèrent les uns aux autres la même loi du sort : l'un d'eux, ainsi désigné, devait tuer ses neuf compagnons et se tuer lui-même après tous ; de cette manière, ils étaient assurés qu'il y aurait égalité pour tous dans la façon de porter le coup et de le recevoir. Enfin, les neuf Juifs souffrirent la mort et le dernier survivant, après avoir contemplé autour de lui la multitude des cadavres étendus, craignant qu'au milieu de ce vaste carnage il ne restât quelqu'un pour réclamer le secours de sa main et ayant reconnu que tous avaient péri, mit le feu au palais, s'enfonça d'un bras vigoureux son épée tout entière dans le corps, et tomba près de ceux de sa famille...»

De Massada à Varsovie, le mythe à l'épreuve

Le souvenir de Massada a ressurgi avec brutalité en avril-mai 1943, lorsque les derniers juifs du ghetto de Varsovie se sont soulevés contre les SS allemands dans une tentative héroïque et désespérée. Ce fut pratiquement, contre les nazis, le seul acte de résistance armée au génocide des Juifs.

Le mythe de Massada a toutefois été mis à l'épreuve par les fouilles menées de 1963 à1965 par le général et archéologue Ygael Yadin, ainsi que le rappelle Le monde de la Bible (n°180, novembre-décembre 2007).

Si la rampe de terre construite par les Romains est avérée, de même que l'incendie des installations, rien ne vient démontrer la réalité du suicide collectif. Celui-ci relèverait sans doute d'une exagération épique propre à l'historien.

 

Deuxième guerre juive

En Judée même, le sentiment national n'est pas mort avec la prise de Massada.

Deux générations plus tard, l'empereur Hadrien est lui-même effrayé par la vigueur du particularisme juif. Il décide de le combattre par une campagne d'hellénisation : la circoncision est prohibée, Jérusalem rebaptisée «Colonia Ælia Capitolina» et un temple dédié à Jupiter Capitolinus est édifié sur les ruines du précédent. La Judée elle-même perd son nom. Elle est intégrée à la province de Palestine, ainsi nommée en souvenir des anciens habitants du littoral, les Philistins.

 

Mais un jeune exalté du nom de Bar Kochba («Fils de l'étoile») prend la tête d'une nouvelle révolte et s'empare de Jérusalem. Il malmène la légion égyptienne XXII Deiotariana chargée de faire régner l'ordre.

 

Hadrien se rend sur les lieux et appelle la Xe légion bretonne, sous le commandement du général Gaius Julius Severus, pour mater la rébellion. La campagne militaire va durer trois ans, de 133 à 135, et entraîner la mort de plusieurs centaines de milliers de Juifs. À son terme, la Judée sera durablement ruinée et les Juifs auront, qui plus est, l'interdiction de se réinstaller dans la ville deColonia Ælia Capitolina, l'ancienne Jérusalem.

 

Joseph Savès.
SOURCE: herodote.net
Les amis d'herodote
Ammafrica world

02/05/2012
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REPARATION: ALLEMAGNE CONTRE LE GENOCIDE NAMIBIEN

 
 
 
RESOLUTION: Un génocide est imprescriptible !
 
Appel aux membres du Parlement allemand (Bundestag) en vue d’une reconnaissance du génocide perpétré par l’Empire allemand (Kaiserreich) dans de son ancienne colonie « Sud-Ouest Africain allemand », l’actuelle République de Namibie, et des réparations qui s’ensuivent.

Nous - les soussignées initiatives, organisations et institutions noires et blanches de la société civile – nous félicitons du tournant dans l’attitude du Gouvernement Fédéral allemand, signalé par la visite en Namibie du Directeur Général pour les Affaires africaines au Ministère des Affaires Étrangères allemand début février 2012. Nous saluons également l’engagement pour un dialogue directe qui a été entamé avec les comités représentant les descendants des victimes du génocide allemand de 1904-08. Nous considérons que cet engagement tardif pour un dialogue avec les représentants des peuples directement touchés par le génocide est une première étape indispensable qui permettra de poursuivre la réconciliation entre les peuples de la Namibie et de l’Allemagne.
A travers cette résolution, nous exprimons notre sincère compassion pour les souffrances infligées aux peuples namibiens, en particulier aux Herero, Nama, Damara et San. Nous sommes reconnaissants pour leur générosité qui se traduit par leur ouverture au dialogue avec les descendants des auteurs des crimes évoqués, et nous déclarons notre solidarité avec leur engagement pour une « justice réparatrice » – c’est-à-dire pour une justice qui ne peut être fondée que sur la volonté sincère de l'Allemagne à offrir des réparations. Nous soutenons leurs efforts pour obtenir la reconnaissance officielle du génocide par le Bundestag et le Gouvernement Fédéral allemand. Nous appuyons formellement la demande faite par les comités représentant les descendants des victimes visant l'indemnisation non seulement idéelle mais également matérielle des injustices coloniales et racistes ainsi que des importantes pertes de biens et avoirs que leurs peuples ont subies.
Nous demandons aux membres du Bundestag allemand :
  • d’oeuvrer à prévenir toute négation ultérieure du génocide dans l’ancienne colonie « Sud-Ouest Africain allemand » qui, selon les critères de la « Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide » établis en 1948 par les Nations Unies, doit sans équivoque être considéré comme un génocide. Et de s’engager – tout comme dans le cas du génocide juif – pour sa reconnaissance rétrospective par l’Allemagne; 
  • d’encourager le Gouvernement Fédéral à honorer les engagements que l’Allemagne a elle-même contractés lors de la Conférence Mondiale des Nations Unies contre le Racisme à Durban en 2001. Ainsi l’Allemagne doit officiellement et explicitement demander pardon aux descendants des victimes du génocide allemand et des crimes contre l’humanité liés à ce dernier;

  • d‘engager et d’entretenir avec le Parlement de la République de Namibie un dialogue soutenu et régulier sur les questions liées à une réconciliation, comprenant entre autres des questions sur le travail de mémoire et sur la réparation des injustices coloniales et racistes dont l’Allemagne doit assumer la responsabilité, ainsi que des conséquences importantes pour les descendants des victimes qui jusqu’aujourd’hui n’ont pas été surmontées – et de mener ce dialogue vers la décision sur des mesures concrètes ;

  • de voter la création d'une Fondation publique ayant comme mission d’entamer et de soutenir un travail de mémoire critique du génocide et du colonialisme allemand dans son ensemble ainsi que de promouvoir une culture postcoloniale de la mémoire et de la mandater entre autres : 

    • de promouvoir les débats scientifiques sur le génocide et ses conséquences dans le cadre de projets de recherche germano-namibiens ; 
    • d’assurer la diffusion du savoir sur le colonialisme, le racisme et ses conséquences dans l'opinion publique allemande et dans les écoles ; 
    • de promouvoir des projets d'échanges contribuant à la réconciliation entre les hommes et femmes des deux pays et à la lutte contre le racisme; 
    • de soutenir la décolonisation de l'espace public en Allemagne (en cessant d’honorer des criminels coloniaux par des noms de rues et de monuments, mais en rendant hommage à des personnalités de la résistance africaine) ;

  • d’encourager le Gouvernement Fédéral à poursuivre de manière constructive la discussion engagée avec le Gouvernement namibien et les comités représentant les descendants des victimes ;

  • d’encourager le Gouvernement Fédéral à convenir, par le dialogue avec le Gouvernement namibien et les comités représentant les descendants des victimes, de réparations matérielles et structurelles appropriées pour les pertes économiques importantes des peuples concernés, comprenant les terres, le bétail et d’autres biens ;
  • d’encourager le Gouvernement Fédéral à mettre ces réparations à disposition de manière inconditionnelle, c’est-à-dire sans interférer dans les décisions librement prises par le Gouvernement namibien et les groupes de victimes quant à leur utilisation.
Berlin, le 7 Mars 2012
Les initiatives, organisations and institutions qui souhaitent de cosigner s’adressent à : info(at)berlin-postkolonial.de
 
 
Cosignataires :
  1. Internationale Liga für Menschenrechte e.V., Berlin
  2. Kampagne "Zusammen handeln! Gegen rassistische Hetze und soziale Ausgrenzung!", Berlin
  3. Quilombo "Eine-Welt" g.e.V., Dresden
  4. Hafengruppe Hamburg
  5. Bochumer Initiative Südliches Afrika
  6. Kirchliche Arbeitsstelle Südliches Afrika (KASA), Heidelberg
  7. NaturFreunde Berlin
  8. glokal e.V., Berlin
  9. Stoffwechsel - Dialoge und Projekte zur Förderung des Menschenrechts auf Bildung e.V., Karlsruhe
  10. Initiative Soundstrike Berlin
  11. AG postkolonial des Engagierte Wissenschaft e.V., Leipzig
  12. Jüdische Stimme für gerechten Frieden in Nahost e.V., Berlin
  13. ANEE e.V., Berlin
  14. Afrikanews Archiv, Berlin
  15. VideoArtWorld, Berlin
  16. Transnational Decolonial Institute, Berlin
  17. ArtLabour Archives, Berlin
  18. Welt ohne Krieg und Gewalt Deutschland e.V.
  19. ISD Gießen
  20. Afrikanisches Viertel e.V., Berlin
  21. Kawaida e.V., Berlin
  22. Lernen dürfen e.V., Eppstein im Taunus
  23. Projekt ÜBER LEBENSKUNST.Schule, Berlin
  24. Reclaim Society!, Berlin
  25. Aktionsgemeinschaft Solidarische Welt e.V. (ASW), Berlin
  26. Initiative für Zivilcourage, München
  27. Zimbabwe Netzwerk e.V., Bielefeld
  28. Organisation des Jeunesses Panafricanistes du Sénégal
  29. Nord Süd Forum München e.V.
  30. Kulturverein Schwarzer Kanal e.V., Berlin
  31. Interkulturelles Frauenzentrum S.U.S.I., Berlin
  32. Anti-Bias-Werkstatt, Berlin
  33. FOSA e.V., Freiburg
  34. Bahnhof Langendreer e.V., Bochum
  35. Berlin(er) Colloquium of Color
  36. Bezirksgruppe Bündnis 90/Die Grünen, Berlin Friedrichshain-Kreuzberg
  37. Fraktion Bündnis 90/Die Grünen, Berlin Friedrichshain-Kreuzberg
  38. Commit Berlin e.V.
  39. Team am Lehrstuhl Rassismus und Migration, Alice Salomon Hochschule Berlin
  40. Promotionscolloquium Attia, Alice Salomon Hochschule Berlin
  41. Migration Research Group, Humboldt Universität Berlin
  42. AK Wissensproduktionen in der postmigrantischen Gesellschaft, Berlin 
  43. Bildungsinitiative für Westafrika e.V., Berlin
  44. Der Afrikanische Ältestenrat München e.V.
  45. Diversity Committee, Nelson Mandela Schule Berlin
  46. Vereinigung der Verfolgten des Naziregimes - Bund der AntifaschistInnen (VVN-BdA) Kreisvereinigung Bochum
  47. Eine Welt Netzwerk Hamburg e.V.
  48. Arbeitskreis Bielefeld-Postkolonial
  49. Arbeitskreis Palästina NRW e.V., Bochum
  50. RAA Brandenburg - Demokratie und Integration Brandenburg e.V., Potsdam
  51. ChristInnen für den Sozialismus (CfS), Münster
  52. Redaktion der PERIPHERIE. Zeitschrift für Politik und Ökonomie in der Dritten Welt, Münster
  53. Migrationsrat in Berlin-Brandenburg
  54. Verbund Entwicklungspolitischer Nichtregierungsorganisationen Brandenburgs (VENROB) e.V. 
  55. New Generation e.V., Berlin
  56. Initiaitive "Kolonialismus im Kasten?", Berlin
  57. CulturCooperation e.V., Hamburg
  58. issa - informationsstelle südliches afrika e.V., Bonn
  59. Redaktion der Zeitschrift "afrika süd"
  60. NARUD e.V., Berlin
  61. Flüchtlingsrat Hamburg e.V.
  62. ISD Berlin 
  63. Barnimer Kampagne "Light me Amadeu", Eberswalde
  64. INKOTA-netzwerk e.V., Berlin
  65. Bündnis gegen Rassismus, Salzwedel
  66. Institut für Migrations- und Rassismusforschung e.V., Hamburg
  67. Interflugs - die autonome Studierendenorganisation der Universität der Künste, Berlin
  68. Namibia-AG der Albert Einstein Oberschule Berlin
  69. AK Hamburg Postkolonial
  70. Pro Afrika e.V., Berlin
  71. Tanzania-Network.de, Berlin
  72. Freiburg-Postkolonial
  73. ICJA Freiwilligenaustausch weltweit e.V.
  74. Adefra, Schwarze Frauen in Deutschland e.V.
  75. wir-frauen e.V., Düsseldorf
  76. Mobile Beratung für Opfer rechter Gewalt, Sachsen-Anhalt
  77. Netzwerk NeRaS, Hamburg
  78. Initiative freedom roads!
  79. Ovaherero Genocide Committee
  80. The Nama Technical Committee
  81. Committee of Keetmanshoop Residents
  82. TCL Workers Committee
  83. Namibia Home Owners Association
  84. Workers Advice Centre
  85. African Labour and Human Rights Centre
  86. Berliner Vereinigung der Verfolgten des Naziregimes - Bund der  AntifaschistInnen (VVN-BdA)
  87. Kreis der SPD Mitte, Berlin
  88. Projektgruppe "Afrikanisches Viertel", SPD Kreisverband Mitte, Berlin
  89. Bundeskoordination Internationalismus (BUKO)
  90. Bildungswerkstatt Migration & Gesellschaft
 
 
 
Contexte de la résolution:
Le 30 septembre 2011, les crânes de 20 Héréros et Namas – hommes, femmes et enfants assassinés il y a plus de 100 ans par des Allemands blancs – furent remis à leurs descendants venus de la Namibie. Ce fut la première fois qu’une institution allemande accepte une telle restitution. A ce jour, des milliers d’ossements envoyés par bateau pendant la période coloniale et soumis à des expériences racistes et pseudo-scientifiques dans le but de nier l’égalité des Africains et Africaines avec des hommes et des femmes blancs, se trouvent toujours en Allemagne.

Comme la plupart des ossements ainsi dérobés, les dépouilles mortelles remises en automne 2011 proviennent d’hommes et de femmes qui s’étaient opposés au joug colonial. C’est à cause de leur résistance contre l’asservissement, les viols, les expropriations et les expulsions de leurs terres qu’ensemble avec des milliers d’autres Héréros et Namas ils ont été assassinés dans les camps de concentration de la colonie « Sud-Ouest Africain allemand ». Nombreux sont ceux qui ont été tués par balles, pendus ou envoyés dans le désert pour y mourir de soif. Les quelques survivants furent privés de leurs possessions et ont vu leurs terres et bétails confisqués. La recherche historique sérieuse est unanime aujourd’hui sur le fait que les actes commis par la « Schutztruppe » (« force protectrice ») impériale, doivent être qualifiés de génocide étant basés sur une volonté d’extermination.

Le gouvernement allemand fuit la responsabilité historique qui lui incombe en tant qu’état succédant juridiquement à l’empire allemand. Il est vrai qu’il reconnaît une « responsabilité historique et moral vis-à-vis de la Namibie », mais sans précision aucune. Jusqu’à présent le gouvernement allemand refuse non seulement de parler de génocide mais également de présenter ses excuses officielles aux descendants des victimes. En faisant la référence à une coopération germano-namibienne « intensive » (volume 2010 : 15,80 Euros par tête de la population namibienne), jusqu’à ce jour toute demande de réparation idéelle ou matérielle (« justice réparatrice ») des populations concernées a été refusée. Il y a peu de temps encore, le gouvernement allemand ne considérait même pas de s’engager dans un échange direct avec les descendants des victimes. 

En automne 2011, cette attitude irresponsable fut la cause d’un éclat à l’occasion de la cérémonie de la remise des dépouilles mortelles namibiennes à l’hôpital « La Charité » à Berlin. Non seulement que le Ministère des Affaires Etrangères avait laissé l’hôpital gérer quasiment seule la restitution, mais il s’était contenté de son rôle « d’invité » en la personne du ministre d’état au Ministère des Affaires Etrangères Cornelia Piper (appartenant au parti libéral FDP), manifestement débordée par l’événement. Même face aux victimes de la colonisation allemande, elle fut incapable de prononcer le mot « génocide » et de demander pardon. Mme Pieper quittait la salle immédiatement après son intervention sans écouter les discours des représentants namibiens. 

Même pendant l’événement, il fut clair que le public assistant à la cérémonie n’était pas prêt d’accepter le comportement du ministre d’Etat au Ministère des Affaires Etrangères sans un mot de protestation, un comportement critiquable aussi bien sur un plan moral qu’éthique. Notamment les représentants et représentantes de la diaspora africaine et des Allemands noires ont manifesté leur désaccord à voix haute et par des signes muets de protestation. A la suite de mots émouvants du ministre de la culture namibien Kazenambo Kazenambo et des discours des représentants de haut rang Héréro et Nama, la représentante d’une association de plusieurs organisations non-gouvernementales aussi bien noire que blanche clôturait la cérémonie en demandant pardon pour le génocide perpétré par l’Allemagne – et pour le comportement honteux du Ministère des Affaires Etrangères. L’Alliance de la société civile qui s’était prononcée pour la mise en place d’un dialogue ouvert entre la délégation namibienne et des politiciens Allemands fut par la suite, à de multiple reprises, attaqué, réprimandé et diffamé par des membres du Ministère des Affaires Etrangères, y compris au sein du Parlement allemand (Bundestag). 

Le gouvernement allemand fut finalement obligé de revoir sa position réfractaire. En tenant compte de l’engagement de la part du gouvernement de la Namibie, des associations des victimes Héréro et Nama, de l’alliance de la société civile et de membres du Bundestag issus de tous les partis politiques d’opposition, le directeur des Affaires africaines au Ministère fédéral des Affaires Etrangères, Walter Lindner, fut envoyé en Namibie début février 2012. Sur place, M. Lindner s’est excusé du comportement du gouvernement allemand lors de la remise des dépouilles mortelles en automne 2011. En rencontrant en outre les associations des victimes Héréro et Nama pour des discussions, une de leurs revendications principales – à savoir leur implication dans le dialogue entre la Namibie et l’Allemagne sur le génocide et sa réparation – a été respectée pour la première fois.
AfricAvenir.org

23/04/2012
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LA REVANCHE DES TOUAREGS: LE MALI

6 avril 2012

La revanche des Touaregs


Le 6 avril 2012, le mouvement des rebelles touaregs (le MNLA) déclarait unilatéralement l’indépendance de l’État d’Azawad au nord du Mali.

 

Les médias ont mis en avant la composante islamiste en rappelant la contribution d’AQMI dans ces opérations et en faisant le lien avec les événements survenus en Libye ; ce faisant, l’origine profonde du conflit, qui trouve ses racines jusque dans l’Histoire précoloniale, a été souvent occultée.

Nous nous proposons ici de rétablir une vision plus globale des choses en replaçant l’événement dans la longue durée.

 

Vincent Boqueho
Question de vocabulaire

Les Berbères nomades du Sahel s’appellent entre eux imochar (au singulier) etimazeran (au pluriel) mais on les connaît surtout sous leur appellation arabe :targui au singulier et touareg au pluriel. En français, on les désigne simplement par le mot Touareg au singulier comme au pluriel.

Dans la littérature coloniale, ces guerriers mythiques étaient qualifiés d’«hommes bleus», du fait que leur turban couleur indigo avait tendance à déteindre sur leur peau.

Sur la rive du Sahara
Afrique subsaharienne : limite de l'isohuète 400 mm  (carte : Vincent Boqueho, pour Herodote.net)

Le Sahel (mot arabe qui signifie rivage) est une zone de transition brutale entre le désert au nord et la forêt humide au sud. Ce contraste climatique trouve son corollaire dans le peuplement : les cultures du nord sont très distinctes de celles du sud. La ligne correspondant à 400 mm de précipitations annuelles apparaît comme une frontière naturelle de peuplement.

Guerriers touaregsLes peuples du nord regroupent notamment les Arabes (en Mauritanie et au Soudan) et les Touaregs (au Mali et au Niger), ces derniers appartenant au groupe des Berbères. Ils sont les héritiers d’un mode de vie largement nomade.

Les peuples du sud appartiennent au groupe nigéro-congolais (Sénégal, Mali, Niger) ou nilo-saharien (Tchad, sud-Soudan). Ils sont sédentarisés depuis longtemps (à l’exception des Peuls).

L’islam est très majoritaire dans tout le Sahel, que ce soit parmi les peuples du nord ou du sud. La séparation entre islam et christianisme est située plus au sud, et peut y entraîner d’autres conflits, comme au Nigeria, au sud-Soudan ou encore au Tchad. Dans ce dernier pays, les nomades musulmans du Nord l’ont emporté de manière définitive sur les Saras chrétiens et animistes du Sud dans les années 1970.

Une rivalité très ancienne

Les conflits qui opposent les Touaregs aux autres peuples du Mali datent de bien avant la période coloniale. La première vision détaillée de la région nous est offerte par René Caillié, qui fut le premier Européen à atteindre la ville mythique de Tombouctou et à en revenir vivant. La découverte eut lieu le 20 avril 1828.

René CailliéEffaçons-nous un instant pour laisser place à sa description des peuples et de leurs relations :«La ville de Tombouctou est habitée par des nègres de la nation de Kissour ; ils en font la principale population. Beaucoup de Maures se sont établis dans cette ville, et s’y adonnent au commerce […]. Ils ont beaucoup d’influence sur les indigènes ; cependant le roi ou gouverneur est un nègre. […] Tous les habitants natifs de Tombouctou sont zélés mahométans. […] 
Le commerce de Tombouctou est considérablement gêné par le voisinage des Touariks, nation belliqueuse qui rend les habitants de cette ville tributaires. Ces derniers, pour avoir leur commerce libre, leur donnent, pour ainsi dire, ce qu’ils demandent
 […] Les Maures ont pour les Touariks un profond mépris. Les Touariks sont riches en bestiaux […] ; ces peuples nomades ne cultivent point. Les Foulahs[Peuls] qui habitent aux environs du fleuve ne sont pas soumis à ces barbares […] : cette race est trop belliqueuse pour subir un joug aussi honteux.»

Tombouctou

Déjà dans ce texte émerge l’opposition entre une population sédentaire dominante d’un point de vue démographique et politique, et des Touaregs nomades dominant militairement. L’islam y apparaît déjà comme le point commun à tous ces peuples.

Les rébellions touaregs
Territoire de nomadisme des Touaregs (carte : Vincent Boqueho, pour Herodote.net)

La colonisation de la région par les Français a lieu dans les années 1880 et 1890. Les Touaregs deviennent le dernier peuple d’Afrique de l’ouest soumis à la colonisation française, en 1902. Les conflits entre les Touaregs et les autres populations s’apaisent sous l’administration française.

Mais en 1960, à l’occasion des indépendances, la puissance coloniale confie le pouvoir politique aux «peuples du sud», avec la création de pays comme le Mali et le Niger : cela fait ressurgir les revendications des Touaregs.

Tenus en lisière du pouvoir, ils se rebellent en vain dès 1962 au Mali. Les gouvernements tentent de les sédentariser de force, notamment en saisissant leurs chameaux et leurs troupeaux au passage des frontières.

Ces nomades sont aussi les principales victimes de la désertification du Sahel, qui décime leur bétail dans les années 1970. La famine suscite une mobilisation sans précédent en Europe mais n’est guère relayée par les gouvernements malien et nigérien, qui laissent les nomades mourir de faim sur les routes de l’exode. Ce drame crée une source de tensions supplémentaire.

De nouvelles rébellions éclatent dans les deux dernières décennies du millénaire :«guerres des sables» de 1990 à 1995 au Mali et au Niger, en 2006 au Mali, puis de 2007 à 2009 dans ces deux mêmes pays.

Forces en présence

Les Touaregs sont au total moins de deux millions. Ils sont présents principalement au Mali et au Niger. Ces deux pays ont l’un et l’autre une population totale d’environ 15 millions d’habitants en croissance très rapide (2011), et une superficie d’environ 1,2 millions de km2 (plus de deux fois la France).

La partition du Mali

L’insurrection de 2012 au Mali, qui a mené à la partition du pays, s’inscrit dans cette même lignée. Elle se distingue toutefois par la rapidité et l’efficacité des insurgés :

- 17 janvier : début de l’insurrection du MNLA dans le nord du Mali 
- 21 mars : un coup d’état militaire renverse le président du Mali, arguant de sa faiblesse face aux rebelles touaregs. Cela ne fait qu’accélérer la décomposition de l’armée malienne. 
- 30 mars : les combattants du MNLA s’emparent de la ville de Kidal. Ils s’emparent de Gao le lendemain et de Tombouctou le surlendemain. 
- 6 avril : le MNLA ayant conquis l’ensemble des territoires revendiqués, il met fin aux attaques et proclame l’indépendance de l’Azawad, qui englobe toute la moitié nord du Mali.

Partition du Mali après la rébellion touareg d'avril 2012  (carte : Vincent Boqueho, pour Herodote.net)

L’accélération des succès rebelles par rapport aux précédentes insurrections est principalement due au coup d’état, qui a considérablement affaibli l’armée malienne. Il existe toutefois plusieurs autres raisons extérieures au Mali qui expliquent leur succès.

- Le rôle des islamistes

En 1998, la guerre civile en Algérie entraîne la création du GSPC (Groupe salafiste pour la prédication et le combat), branche dissidente du GIA (Groupe islamique armé).

Le GSPC élargit son domaine d’action vers les autres pays sahariens. En 2007, il devient AQMI, «Al-Qaida au Maghreb islamique» : ce changement de nom est principalement motivé par la terreur qu’inspire le nom d’Al-Qaida depuis 2001, ce qui est l’objectif premier d’une organisation terroriste. De fait, cette opération de«marketing» a parfaitement fonctionné auprès des médias occidentaux.

AQMI est avant tout une organisation mafieuse et se finance en grande partie par les rançons obtenues en échange des otages capturés. Le Sahara lui offre un lieu idéal de repli. Le nord du Niger et du Mali sont particulièrement touchés par ses actions, ce qui tend à affaiblir ces deux pays.

Les autorités maliennes ont volontiers associé les opérations d’AQMI au mouvement des rebelles touaregs, utilisant le fait qu’ils agissent tous deux dans le nord du pays. Il faut toutefois préciser que les motivations d’AQMI et celles du MNLA sont totalement divergentes : si des islamistes se sont effectivement joints à l’insurrection touareg, AQMI joue surtout un rôle déstabilisateur pour toute la région.

Zone d'action de l'Aqmi au Sahara en 2012  (carte : Vincent Boqueho, pour Herodote.net)
- Les conséquences de l’indépendance du Sud-Soudan

Partout ou presque en Afrique (la Somalie est l’exception la plus notable), les frontières issues de la colonisation ont coupé des ethnies en deux ou regroupé un grand nombre d’ethnies très diverses comme au Mali. Pour ces peuples, la tentation est grande de contester ces frontières. Pour éviter un effet boule de neige, l’ONU a clairement affiché le principe de la non-remise en question des frontières coloniales.

Or le Soudan, de par son immensité, a longtemps posé problème : l’écartèlement entre les peuples arabes musulmans du nord et les peuples nilotiques chrétiens du sud a provoqué une première guerre civile de 17 ans dès l’indépendance en 1956, puis une deuxième de 21 ans qui ne s’est achevée qu’en 2005.

Le Sud-Soudan a finalement obtenu son indépendance en juillet 2011, suite à un référendum : la scission du pays est aujourd’hui internationalement reconnue. Cette officialisation, si elle apaise localement le conflit, crée en revanche un précédent qui tend à déstabiliser le reste de l’Afrique. En particulier, les Touaregs du Mali peuvent mettre en avant ce cas de «jurisprudence» pour légitimer la création de l’Azawad auprès du reste du monde.

- Les conséquences de la guerre de Libye

Le peuple touareg n’est pas lié à un pays en particulier : il s’étend à cheval sur le Niger, le Mali, l’Algérie et la Libye. Les événements survenant dans les pays voisins peuvent donc affecter indirectement le Mali.

Avec la fin de leur rébellion au Mali en 1995, certains combattants touaregs se sont retrouvés désœuvrés et ont rejoint l’armée du colonel Kadhafi en Libye. Après la chute du dictateur en octobre 2011, beaucoup sont rentrés au pays, emmenant avec eux des armes lourdes. Ces moyens humains et matériels supplémentaires ont permis de renforcer le MNLA.

Il serait cependant hâtif d’affirmer que l’intervention en Libye a déstabilisé toute la région : beaucoup de combattants vivent de la guerre et se contentent de passer d’un pays à l’autre au gré des conflits. C’est d’autant plus le cas des Touaregs, de tradition nomade. Ainsi, la paix survenant à un endroit tend naturellement à renforcer les conflits dans un autre, par simple effet de vases communicants.

De même au Soudan, c’est l’apaisement de la guerre civile au sud qui a facilité l’éclosion du conflit du Darfour à l’ouest, en 2003 : les combattants nordistes désœuvrés y ont trouvé un nouvel exutoire. Il serait pourtant déplacé de condamner la paix au Sud-Soudan sous prétexte qu’elle a entraîné ces tragiques événements…

Quel avenir pour le Mali ?

Aujourd’hui, aucun pays ne reconnaît l’indépendance de l’Azawad revendiqué par le MNLA : cela reviendrait en effet à propager le conflit aux pays voisins, où des prétentions d’indépendance existent également.

Cependant, l’armée malienne semble bien incapable de reconquérir le nord du territoire. Seule une aide massive de la CEDEAO (Communauté Economique des Etats d’Afrique de l’Ouest), voire une éventuelle intervention, pourrait faire bouger les choses. Les autorités maliennes peuvent aussi espérer le soutien de l’Occident depuis que les putschistes ayant renversé le président malien ont accepté de restituer le pouvoir.

En attendant, la principale crainte concerne le sort des réfugiés, la guerre ayant fait fuir une partie de la population malienne vers les pays voisins (Niger, Mauritanie, Burkina Faso), au risque d’aggraver la crise alimentaire et l’instabilité politique dans tout le Sahel.

 

Ammafrica world dans les AMIS DE HERODOTE

Pour la passion de l'histoire du Monde.

 

SOURCE: herodote.net


22/04/2012
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CONFERENCE SUR ORIGINE AFRICAINE: DES BEAUX ARTS;DE L'ARCHITECTURE ET DE L'URBANISME

CONFERENCE SUR L'ORIGINE AFRICAINE
DES BEAUX-ARTS, DE L'ARCHITECTURE ET DE L’URBANISME.

 

Pascal Kossivi ADJAMAGBO Artiste, Ingénieur des Ponts et
Chaussées, Agrégé et Docteur d'Etat en Mathématiques, Enseignant-chercheur à
l'Université Paris 6 adja@math.jussieu.fr
Lieu : grande salle de conférence
Ecole Africaine des Métiers de l'Architecture et de l'Urbanisme
Lomé, le 14 juillet 2007

1. Introduction

L'histoire est une des disciplines intellectuelles où la tentation de la
construction et de l'instrumentalisation idéologique est le plus souvent plus
forte que le souci la rigueur, la recherche de la vérité, et même l'exigence de
l'honnêteté intellectuelle et de l'honnêteté tout court. Ce constat est d'autant
plus frappant pour un vrai mathématicien dont la tradition intellectuelle lui
impose de ne pas se contenter de dire des choses justes, mais de justifier ce
qu'il dit par des « pièces à conviction » liées par une argumentation, comme
un avocat qui plaide une cause juste en ne se contentant pas d'affirmer la
justesse de sa cause, mais s'évertue à convaincre le juge par des « pièces à
conviction » présentées à la faveur d'une argumentation adéquate, comme je
m'efforce de l'inculquer aux étudiants de l'Université Paris 6 dont j'ai la
charge de la formation en mathématique, et à qui je ne me contente pas de
faire acquérir des connaissances, mais à qui je m'efforce de transmettre une
vraie tradition intellectuelle, conformément à la formule de Platon dans son
livre Théétète : « l'opinion vraie, étayée par le raisonnement, c'est cela la
science, tandis que l'opinion dépourvue de raisonnement est en dehors de
toute science ».

C'est cette tentation de la construction et de l'instrumentalisation idéologique
en histoire que dénonce en ces termes Jean-françois Champollion avec une
rare honnêteté intellectuelle mais avec toute son autorité incomparable de
Père de l'Egyptologie : « Voilà une des mille et une preuves démonstratives
contre l'opinion de ceux qui s'obstineraient encore à supposer que l'art
égyptien gagna quelque perfection par l'établissement des Grecs en Égypte.
Je le répète encore : l'art égyptien ne doit qu'à lui-même tout ce qu'il a
produit de grand, de pur et de beau, n'en déplaise aux savants qui se font
une religion de croire fermement à la génération spontanée des arts en
Grèce, il est évident pour moi, comme pour tout ceux qui ont bien vu
l'Égypte ou qui ont une connaissance réelle des monuments égyptiens
existants en Europe, que les arts ont commencé en Grèce par une imitation
servile des arts de l'Égypte, beaucoup plus avancés qu'on ne le croit
vulgairement, à l'époque où les colonies égyptiennes furent en contact avec
les sauvages habitants de l'Attique ou du Péloponèse. La vielle Égypte
enseigna les arts à la Grèce, celle-ci leur donna le développement le plus
sublime, mais, sans l'Égypte, la Grèce ne serait probablement pas devenue la
terre classique des beaux-arts. Voilà ma profession de foi tout entière sur
cette grande question. Je trace ces lignes presqu'en face des bas-reliefs que
les Égyptiens ont exécutés, avec la plus grande finesse de travail, 1700 ans
avant l'ère chrétienne. Que faisaient les Grecs alors ….. ? » (extrait tiré de
l'ouvrage : L'Égypte de Jean-François Champollion, lettres & journaux de
voyage (1828-1829), photographies de Hervé Champollion (1988-1989) et
préface de Christiane Ziegler, Création Jean-Paul Mengès, Paris, (1990), p.
304).
Dans sa leçon inaugurale au Collège de France le 10 mai 1831, le Père de
l'Egyptologie proclame de nouveau sa profession de foi sur cette question en
déclarant : « L 'interprétation des monuments de l'Egypte mettra encore
mieux en évidence l'origine égyptienne des sciences et des principales
doctrines philosophiques de la Grèce ; l'école platonicienne n'est que
l'égyptianisme, sorti des sanctuaires de Saïs ; et la vieille secte
pythagoricienne propagea des théories psychologiques qui sont développées
dans les peintures et dans les légendes sacrées des tombeaux des rois de
Thèbes, au fond de la vallée déserte de Biban-el-Molouk. »
Près de deux siècles après ces déclarations fracassantes du Père de
l'Egyptologie contre cette tentation de la construction et de
l'instrumentalisation idéologie en histoire, notamment en histoire des beauxarts
et de l'architecture, tout se passe comme si Jean-François Champollion
avait crié dans le désert et que les historiens n'ont rien changé à leur
mauvaise habitude qui se confond souvent avec leur mauvaise foi, comme le
prouve la pièce à conviction constituée par un pavé de plus de mille pages,
publié chez l'éditeur des arts ayant pignon sur rue Taschen, sous le titre « La
sculpture de l'antiquité aux XXe siècle », sous la direction de Georges Duby
et Jean-Luc Daval.

Cette pièce à conviction n'est que l'infime partie visible de l'iceberg de la
construction et de l'instrumentalisation idéologique en histoire. La plus
grande partie de cet iceberg qui reste immergée est constituée par le
véritable lavage de cerveau des générations d'étudiants depuis des siècles
dans les institutions académiques prestigieuses ou miteuses et des
générations de profanes depuis aussi longtemps par les canaux des médias
de masse, et ce dans le monde entier, y compris en Afrique même dont
l'Egypte est une partie intégrante, et non du proche Orient comme souvent
perçu de nos jours et depuis les siècles de l'occupation arabe de l'Egypte, au
sujet duquel l'erreur de l'anachronisme est entretenue par son nom officiel
actuel « République Arabe Egyptienne », alors que l'Egypte des Pharaons n'a
rien à voir, comme nous le verrons tout à l'heure, ni avec les arabes, ni avec
les romains, ni avec les grecques, ni avec les perses, les occupants
successifs de l'Egypte des Pharaons.

Aussi, s'impose-t-il plus que jamais de faire entendre « la voix du maître »
Champollion à la raison des enseignants, des étudiants et des profanes en
histoire des beaux-arts, de l'architecture et de l'urbanisme, conformément à
la tradition mathématique, par les « pièces à conviction » et l'argumentation.
Aussi, l'objet de cette conférence est de présenter une synthèse et un
panorama de telles « pièces à conviction » et d'une telle argumentation
justifiant l'affirmation du Père de l'Egyptologie et prouvant par ricochet et de
manière irréfutable « l'origine africaine des beaux-arts et de l'architecture » ,
tout en permettant ainsi aux enseignants et aux étudiants en beaux-arts et
en architecture d'éviter le ridicule de ne pas savoir d'où viennent leurs
disciplines, à défaut de savoir où elles vont, selon les conseils de la sagesse
africaine : « si tu ne sais pas où tu vas, sache au moins d'où tu viens ».
Commençons par justifier le « raisonnement par ricochet » qui nous permet
de passer de « l'origine égyptienne des sciences et des principales doctrines
philosophiques de la Grèce », selon l'expression du Père de l'égyptologie, à
« l'origine africaine des beaux-arts, de l'architecture et de l'urbanisme », et
qui consiste en « l'africanité et la négritude de l'Egypte ancienne ».

2. Sur l'africanité et la négritude de l'Egypte ancienne

Rappelons qu'il s'agit d'une question scientifique, liée à la culture et au taux
de mélanine dans la peau, résoluble par les moyens des diverses disciplines
scientifiques, pour la résolution de laquelle l'Unesco a organisé le fameux
« Colloque du Caire » du 28 au 31 janvier 1974, à la demande de
l'égyptologue sénégalais Cheikh Anta Diop, ardent défenseur de la thèse de
l'africanité et de la négritude de l'Egypte ancienne, dont l'ouvrage majeur
« Nations Nègres et Culture » était publié depuis 1954, et dont l'Université
de Dakar porte actuellement le nom. Ce dernier était motivé pour un tel
colloque et une telle confrontation avec les plus éminents parmi ses pairs
égyptologues du monde entier, par « le souci de rigueur, la recherche de
vérité et l'exigence de l'honnêteté intellectuelle et de l'honnêteté tout court »
qui manquent tant à beaucoup des historiens, comme nous l'avions déploré.
Ce colloque réunissait en effet une vingtaine des plus éminents égyptologues
du monde entier dont seulement deux défenseurs de la thèse en question, à
savoir Cheikh Anta Diop et son disciple Théophile Obenga, et tous
disposaient de deux années pour se préparer à la confrontation des idées.
Compte tenu de ce délai de préparation, la déclaration suivante de la
« conclusion générale sur le colloque » est fort éloquente sur l'issue de la
confrontation : « la très minutieuse préparation des interventions des
professeurs Cheikh Anta Diop et Obenga n'a pas eu, malgré les précisions
contenues dans le document de travail préparatoire envoyé par l'Unesco, une
contrepartie toujours égale. Il s'en est suivi un réel déséquilibre dans les
discussions ».
La « conclusion générale du Colloque » continue en déplorant « l'insuffisance
des exigences méthodologiques jusqu'ici utilisées dans la recherche
égyptologique » et en se félicitant « des exemples de méthodologie nouvelle
qui permettent de faire progresser, de manière plus scientifique, la question
proposée à l'intention du colloque ». Sachant ces « exemples de
méthodologie nouvelle » ont été apportés uniquement par Cheikh Anta Diop
et Théophile Obenga, ces dernières citations signifient que la rigueur et
l'innovation scientifique étaient du coté des défenseurs de l'africanité et de la
négritude de l'Egypte ancienne et « l'insuffisance des exigences
méthodologiques jusqu'ici utilisées dans la recherche égyptologique » était
du coté des détracteurs de cette thèse.

Une des recommandations du Colloque demandait « que les autorités
égyptiennes facilitent, dans la mesure du possible, les enquêtes à
entreprendre sur les vestiges de peau examinables ». Sachant que cette
demande a été formulée pour confirmer ou infirmer les conclusions des
analyses de peaux de momies égyptiennes par Cheikh Anta Diop et qui
apportaient de l'eau à son moulin, « le silence étourdissant » des autorités
égyptiennes sur cette recommandation parle plus fort que tout aveu de leur
part sur les conclusions des analyses demandées et qui ont bien été faites
mais dont les conclusions sont tenues secrètes. Comment en effet expliquer
que l'on dispose de l'arme absolue pour détruire une thèse combattue et que
l'on refuse de l'utiliser, si ce n'est par la détermination farouche à ne pas
confirmer cette thèse par la publication des conclusions de l'analyse de
peaux ?

A la suite de la confrontation de ce colloque, Cheikh Anta Diop a publié dans
le premier chapitre du second volume de « Histoire Générale de l'Afrique »
de l'Unesco une synthèse limpide de ses arguments rigoureux et irréfutables
en faveur de la négritude des anciens égyptiens et dont je recommande
vivement la lecture aux personnes intéressées.
Parmi ces arguments, signalons que les anciens égyptiens se désignaient
eux-mêmes par le mot « les noirs », écrit en écriture hiéroglyphique avec le
signe du bout de charbon, pour bien signifier qu'ils parlaient de « noir
charbon », suivi du signe d'un demi cercle signifiant un collectif et du signe
déterminatif non prononcé de peuples, représenté par le dessin s'un homme,
suivi d'une femme et des trois tirets horizontaux du pluriel. Ils désignaient
leur pays, « Le Pays Noir », comme nous disons de nos jours « L'Afrique
Noire », par le même mot, où le déterminatif de peuple est remplacé par
celui de cité, représenté par une croix entourée d'un petit cercle. Ce
déterminatif interdit formellement de traduire le mot en question par « terre
noire », en référence à la couleur noire du limon du Nil, comme la plupart
des idéologues qui se disent égyptologues continuent à le traduire de nos
jours, en inondant internet de cette tromperie qui est en fait une véritable
escroquerie intellectuelle et une véritable hérésie grammaticale dont les
auteurs eux-mêmes sont conscients.

Par manque de temps, permettez-moi de me contenter de passer en revue
une galerie de dieux et de pharaons. Plus que de long discours, ce passage
en revue vous convaincra de l'africanité et de la négritude des anciens
égyptiens.

Faisons un « arrêt sur image » sur le fameux « Sphinx du plateau de
Guizeh » représentant le Pharaon Kephren qui a fait bâtir le second des trois
grandes pyramides du plateau du Guizeh, pour nous attarder sur « la pièce à
conviction » cruciale constituée par le témoignage fort édifiant d'un savant
français Volney (1757-1820), de la même rare honnêteté intellectuelle que
Jean-François Champollion, qui, s'étant rendu en Egypte entre 1783 et 1785,
c'est-à-dire en pleine période de traite négrière, à une date où le nez épaté
et typiquement négroïde du « Sphinx du plateau de Guizeh » n'avait pas
encore été mutilé, fit les constatations suivantes sur les Coptes de l'Egypte
d'alors, les autochtones du pays qui subissent l'occupation arabes depuis
près d'un millénaire et demi et qui sont les descendants métissés des
égyptiens anciens : « tous ont le visage bouffi, l'oeil gonflé, le nez écrasé, la
lèvre grosse : en un mot, un vrai visage de mulâtre. J'étais tenté de
l'attribuer au climat, lorsque, ayant visité le Sphinx, son aspect me donna le
mot de l'énigme. En voyant cette tête caractérisée de Nègre dans tous ses
traits, je me rappelai le passage remarquable d'Hérodote, où il dit : pour
moi, j'estime que les Colches sont une colonie des Egyptiens, parce que,
6
comme eux, ils ont la peau noire et les cheveux crépus : c'est-à-dire que les
anciens Egyptiens étaient de vrais Nègres de l'espèce de tous les naturels
d'Afrique ; et dès lors, on explique comment leur sang , allié depuis plusieurs
siècles à celui des Romains et des Grecs, a dû perdre l'intensité de sa
première couleur, en conservant cependant l'empreinte de son moule
originel. On peut même donner à cette observation une étendue très
générale et poser en principe que la physionomie est une sorte de monument
propre, en bien des cas, à contester éclaircir les témoignages sur les origines
des peuples ». Après avoir illustré cette proposition en citant le cas des
Normands qui, 900 ans après la conquête de la Normandie, ressemblent
encore aux Danois, Volney ajoute : « Mais en revenant à l'Egypte, le fait
qu'elle rend à l'histoire offre bien de réflexions à la philosophie. Quel sujet de
méditation, de voir la barbarie et l'ignorance actuelle des Coptes issus de
l'alliance du génie profond des Egyptiens et l'esprit brillant des Grecs, de
penser que cette race d'hommes noirs, aujourd'hui notre esclave et l'objet de
notre mépris, est celle-là même à qui nous devons nos arts, nos sciences et
jusqu'à l'usage de la parole, d'imaginer, enfin, que c'est au milieu des
peuples qui se disent les plus amis de la liberté, de l'humanité, que l'on a
sanctionné le plus barbare des esclavages et mis en problème si les hommes
noirs ont une intelligence de l'espèce de celle des hommes blancs ! »
(extraits de Voyage en Syrie et en Egypte, par M.C.F. Volney, Paris, 1787,
Tome I, p. 74 à 77, cité dans le chapitre 1 du volume II de « Histoire
Générale de l'Afrique » de l'Unesco ).
3. De la germination de l'art en Afrique du Sud à l'éclosion des
beaux-arts en Egypte
L'attestation la plus ancienne et la plus sûre dans l'histoire de l'humanité des
objets d'art et donc de l'art est celle des « plus anciens bijoux du monde »,
datant de 75 000 ans avant JC, à une période où les pieds d'aucun homme
moderne, l'Homo Sapiens, n'aient encore foulé le sol de l'Asie continentale et
de l'Europe, et dont la découverte en Afrique du Sud à Blombos a fait l'objet
de deux récentes publications dans le célèbre journal « Science » du 16 avril
2004 qui depuis ont fait coulé beaucoup d'ancre, faisant reculer de 35 000
ans les plus anciennes attestation connues de l'art, sachant l'art rupestre de
la grotte de Lascaux en France datent seulement de 15 000 avant JC, celui
de la grotte de Pech-Merle en France de 20 000 avant JC, et celui la grotte
de Castillo en Espagne de 40 000 ans avant JC.
7
Ces « bijoux de Blombos » font donc de l'Afrique « le berceau des arts et des
sciences », puisque c'est également à Blombos que furent découvertes les
« figures géométriques » datant de 77 000 avant JC et publiées dans le
journal Science du 15 février 2002.

Après la lente germination des arts commencée à Blombos il y 77 000 ans en
la même terre africaine où naquit l'homme moderne il y 200 000 ans, c'est
tout naturellement en terre africaine en Haute-Egypte qu'éclosent de toutes
leurs pétales les beaux-arts au sens noble du terme, pendant la période dite
de Nagada de 4 800 à 3 100 avant JC, à une date où nulle part ailleurs dans
le monde, l'art n'a atteint une finesse comparable. Les oeuvres les plus
remarquables de cette période et datant de la fin de cette période dite de
Nagada III, de 3 300 à 3 100 avant JC, sont la manche en ivoire d'un
couteau en silex dont une face finement sculptée représente une chasse aux
lions dominée par un dompteur de lions ; la « palette de Narmer », qui est
un concentré de la plupart des principes de l'art égyptien, réunissant la
technique du bas-relief, la disposition en registres, la hiérarchisation virtuelle
visuelle des personnages, la figuration humaine, le thème du roi triomphant
de ses ennemis ; et enfin la « palette au taureau », représentant sur ses
deux faces le roi sous la forme d'un taureau écrasant un ennemi.
Cette période dite de Nagada, longue de presque deux millénaires, qui a vu
l'invention en Egypte l'écriture dont le stade achevé est attesté à Abydos
3 400 avant JC, et qui a donc fait commencer l'Histoire en Egypte et non à
Sumer comme on l'a longtemps cru, peut donc être considérée comme la
période de l'éclosion des beaux-arts en Egypte, en Afrique et dans le monde,
tout autant que la période de l'invention de l'écriture et de la naissance de
l'Histoire. A ce titre, elle est donc une des périodes les plus fécondes de
l'histoire de l'humanité.

Sur le modèle des théories religieuses égyptiennes de la création où le
monde fut conçu par le Créateur avant d'être créé conformément à sa
conception, la spécificité la plus remarquable des beaux-arts, de
l'architecture et de l'urbanisme égyptien est que la réalisation d'une oeuvre
n'est pas laissée à la fantaisie de l'artiste, mais que toute oeuvre est conçue
avec précision et minutie, avec le concours des mathématiques, avec un plan
dûment préparé, avant d'être réalisée avec autant de précision et de minutie,
et le concours des mathématiques, conformément à son plan.
Les mathématiques égyptiennes étaient l'expression intellectuelle du principe
organisationnel universel de la civilisation égyptienne appelé « Maât » et
signifiant à la fois le bien, la vérité, la justice, la justesse, l'exactitude, la
rigueur, l'ordre cosmique et social, l'harmonie, la beauté, la grâce, la
simplicité. Tous les raisonnements mathématiques portaient la signature de

ce principe, car ils se terminaient par la formule « cela est conforme à
Maât », d'où dérive la formule moderne CQFD, « ce qu'il fallait démontrer ».
De la même manière, nous pouvons dire que l'art égyptien était conçu
comme l'expression esthétique de Maât, qui était parfois représenté par une
femme avec un outil de sculpture. La perfection d'une oeuvre d'art était
conçue comme « la conformité à Maât », tout comme une oeuvre
mathématique.

C'est pourquoi les artistes égyptiens ont inventé dès la fin de la période de
Nagada la « méthodes des quadrillages » encore appelée la « méthode des
carreaux » qui permet de reproduire et d'agrandir une figure « quadrillée »
dans le plan ou dans l'espace avec la précision et la perfection
mathématique, ce qui était indispensable pour réaliser des fresques ou des
statues géantes en respectant les proportions.

Des peintures et sculptures égyptiennes inachevées ont conservé leur
quadrillage, attestant ainsi concrètement cette méthode qu'appliquaient leurs
auteurs. Comme l'a écrit un contemporain, Marcelle Baud, « des milliers
d'années plus tard, nous avons en effet compris et, des cubistes aux ultramodernes,
les artistes actuels cherchent ces mêmes règles que les Egyptiens
avaient trouvées et formulées dès la plus haute antiquité et qui les
différentiaient totalement des écoles d'art de tous les autres pays ». (Le
caractère du dessin en Egypte ancienne, Paris, Adrien-Maisonneuve, 1978, p.
90).

« Une pièce à conviction authentique » témoignant de ces règles basées sur
les mathématiques et un sens très poussé de l'observation et de la fidélité au
réel est l'inscription suivante gravée depuis près de 4 000 ans au début du
« Moyen Empire » sur « la Stèle d'Iri-irou-sen », en provenance d'Abydos et
actuellement au Musé du Louvre, cité et commenté avec éloquence par
Théophile Obenga de la page 499 à 501 de « La philosophie africaine de la
période pharaonique » : « Je suis vraiment un artiste. Je connais les parties
de ce qui est transformable et les estimations du juste calcul, je sais faire
sortir et entrer, si bien que les contours apparaissent et qu'un corps trouve
sa juste forme. Je sais rendre le mouvement d'un homme qui se déplace
aussi bien que d'une femme qui vient, l'attitude d'un oiseau pris au piège,
l'élan de celui qui assomme un prisonnier isolé, lorsque l'oeil regarde son visà-
vis et que le visage de l'ennemi est défiguré par la peur ; je sais rendre le
lever de bras de celui qui extermine un hippopotame autant que l'allure de
celui qui court ».

C'est également de ces règles fécondes et efficaces de l'art égyptien qu'avait
déjà témoigné avec pertinence l'auteur grec du premier siècle avant JC
Diodore de Sicile en ces termes dans Bibliothèque Historique, Livre 1 : « Les

sculpteurs les plus célèbres de l'antiquité, Téléclès et Théodoros, fils de
Rhoikos, auteurs de la statue de l'Apollon Pythien à Samos, ont séjourné en
Egypte. La moitié de la statue d'Apollon, raconte-t-on, fut réalisée à Samos,
et l'autre à Ephèse par son frère Théodoros. Lorsqu'on assembla les deux
parties, elles s'adaptèrent si bien à l'autre qu'on avait l'impression d'avoir
affaire à une statue faite par un seul sculpteur. Cette façon de sculpter
n'était toutefois pas du tout utilisée chez les Grecs ; les Egyptiens en
revanche l'ont portée à un haut degré de perfection. En effet, ils n'évaluent
pas à l'oeil, comme les Grecs, les dimensions des statues, mais après avoir
dégrossi le bloc de pierre, ils déterminent aussitôt les dimensions qui
s'imposent pour chaque partie de la statue, de la plus petite à la plus grande.
On divisait la hauteur totale du corps en 21 parties et 1/4, à partir desquelles
on fixait les dimensions de chaque membre. Alors que les artistes ne
s'étaient mis d'accord que sur la hauteur totale de la statue, ils exécutaient
chacun séparément leur travail d'une façon si parfaitement homogène que
l'on s'étonne de ce singulier savoir faire ».

Nous avons au passage sous la plume du grec Diodore de Sicile la
confirmation de « la profession de foi » de Jean-françois Champollion sur la
formation en Egypte même des sculpteurs grecs les plus renommés dont les
premières statuts appelés « Kouros » sont des copies conformes de statues
égyptiennes, comme le prouvent les images ci-contre.
Faisons un « arrêt sur image » sur « le kourous du Pirée », du nom du port
d'Athènes, en bronze, et daté environ de 520 avant JC. Grandeur nature, la
tête un peu inclinée, avançant légèrement le pied droit, les deux bras bien
écartés du corps, tenant à l'origine à la main un arc, qui est avec le serpent
et la lyre un des attributs caractéristiques du dieu grec de la beauté, de la
lumière, des arts et de la divination, Apollon dit Pythien, en référence au
serpent python encore objet de culte au sud du Togo et du Bénin, ce kourous
représentait donc Apollon Pythien. Il est logique de conjecturer qu'il est la
copie ou qu'il est inspiré de la fameuse statue d'Apollon Pythien de Samos
sculptée par les frères Téléclès et Théodoros, fils de Rhikos, dont la
réalisation devait daté environ de 560 avant JC et qui devait se trouver dans
le sanctuaire d'Héra à Samos dont la construction est justement attribuée à
Rhoikos et Théodoros par l'historien de l'art J. G. Pedley dans « Art et
archéologie de la Grèce » où on lit à la page 155 « les plus anciens temples
incontestablement ioniques furent érigés en Asie Mineure, à Ephèse et à
Didymes, ainsi qu'au sanctuaire d'Héra à Samos. Sur l'île de Samos, un
nouveau temple de dimension gigantesques - 50 mètres de large sur près de
100 mètre de long – fut construit par les architectes Rhoikos et Théodoros.
Commencé après 575 avant JC, il fut achevé vers 560 avant JC ».

Mais il faut se garder de penser que la sculpture égyptienne ne représente
les personnes que dans une position figée, avec les bras collés au corps,
comme le démentent la célèbre statue du « scribe assis en tailleur » en
provenance de Saqqara, datant de l'Ancien Empire (2 735 – 2 195 avant JC)
et actuellement au Louvre, et la statue moins connue de la « porteuse sur la
tête » comme on en rencontre encore de nos jours dans toute l'Afrique Noire
et uniquement en Afrique Noire. Cette dernière statue, en provenance de la
tombe de Mékétrê et datant du début du Moyen Empire (2 160 – 1 785 avant
JC), se trouve actuellement au musée du Caire.
Poursuivons ce survol des beaux-arts égyptiens par quelques images de
peintures égyptiennes qui illustrent la modernité étonnante de l'Egypte
ancienne.
A la fin de cet aperçu de la peinture égyptienne, faisons un « arrêt sur
image » sur la peinture célèbre du dieu Horus conduisant les peuples du
monde représentés par quatre hommes et dont Jean-françois Champollion
écrivit le commentaire pathétique suivant dans sa 13-me lettre à son frère
Champollion-Figeac, citée par Cheick Anta Diop dans le premier tome de
« Nations Nègres et Cultures » : « Les hommes, guidés par le Pasteur des
peuples, Horus, appartiennent à quatre familles bien distinctes … le dernier a
la teinte de peau que nous nommons couleur de chair, ou peau blanche de la
nuance la plus délicate, le nez droit ou légèrement voussé, les yeux bleus,
barbe blonde ou rousse, taille haute et très élancé, vêtu de peau de boeuf
conservant encore son poil, véritable sauvage tatoué sur diverses parties du
corps… J'ai honte de le dire, puisque notre race est la dernière et la plus
sauvage de la série, les Européens, à ces époques reculées, il faut être juste,
ne faisaient pas une trop belle figure dans ce monde. Il faut entendre ici tous
les peuples de race blonde et à peau blanche habitant non seulement
l'Europe, mais encore l'Asie, leur point de départ…Leur vue a toutefois
quelque chose de flatteur et de consolant, puisqu'elle nous fait bien apprécier
le chemin que nous avons parcouru depuis ».
Permettez-moi d'ajouter à la conclusion de cette partie consacrée aux beauxarts
que pour moi, l'objet d'art le plus flamboyant de l'histoire universelle de
l'art est le masque en or de Toutankhamon à coté duquel le masque grec en
or d'Agamemnon ressemble à une oeuvre de forgeron, au socle d'une daba
en or !

4. Sur l'invention de l'architecture en pierre de taille en Egypte
La longueur et la fécondité de la période de Nagada a permis aux
constructeurs égyptiens d'acquérir une grande maîtrise et une grande
habilité de la brique cuite et une familiarité avec diverses espèces de pierres.

C'est ainsi qu'ils commencèrent par exemple à utiliser du granit lourd dès la
fin de cette période pour le sol de certaines tombes à Abydos et le calcaire
pour les murs de certaines tombes dès l'époque Thinite correspondant aux
deux premières dynastie, entre 3 100 et 2 700.
Ces expériences architecturales les a préparés à opérer la plus grande
révolution dans l'histoire de l'architecture, à savoir l'invention de
l'architecture entièrement en pierre taillée à l'occasion de la construction du
domaine de la pyramide à degré de Saqqarah, constituant le grand complexe
funéraire du Pharaon Djeser, de la troisième dynastie, de 2680 à 2660 avant
JC.
La conception et la réalisation de ce complexe sont attribuées à Imhotep, à
la fois vizir, architecte, médecin, grand prêtre et philosophe qui peut donc
être considéré comme le Père de l'architecture en pierre de taille et le plus
grand architecte de l'histoire. Il fut divinisé tant en Egypte même qu'en
Grèce où il le fut sous le nom du dieu « Esculape » à qui Socrate a tenu à
rendre un dernier hommage avant de boire la ciguë.
Les pierres de ce complexe de Saqqarah sont de la taille d'une brique. Tout
se passe comme si elle était une imitation en calcaire de la brique crue,
antérieurement utilisée dans les constructions funéraires. De même,
colonnes engagées et solives du plafond sont des copies en pierre des
faisceaux de plantes et de poutres antérieurement utilisées. Parmi ces trois
types de colonnes, figure déjà le « protodorique », c'est-à-dire le
« prototype » ou modèle de la colonne grecque dite « dorique ». La forme
originale de la pyramide à degré conçue par Imhotep a peut-être été
imaginée par lui comme un escalier monumental permettant au souverain
défunt de quitter la terre et d'accéder au monde divin.

Dans les édifices ultérieurs d'architecture de pierre de taille en Egypte, la
colonne engagée fut libérée et se diversifiera, en s'inspirant de
l'environnement local. C'est ainsi que les architectes égyptiens empruntèrent
l'idée de colonne aux bottes de plantes sauvages comme le roseau et le
papyrus. Ils taillèrent les chapiteaux des colonnes en forme de fleurs de
lotus, de papyrus et de palmier. Les colonnes cannelées et les chapiteaux en
forme de lotus, de papyrus et de palmier ainsi obtenus sont également des
innovations architecturales qui serviront de « modèles » aux diverses
colonnes grecques ou romaines.

L'architecture civile, jusqu'à la conquête romaine, reste fidèle à la brique
crue, qui est employée même pour les palais des Pharaons qui menaient tout
le contraire d'un « train de vie pharaonique », allant jusqu'à participer en
pagne aux multiples travaux communautaires. Les bâtiments annexes du

Ramesseum à Thèbes permettent de se faire une idée des ressources
qu'offre ce matériau. Il permet d'atteindre à un extrême raffinement, comme
en témoigne le palais d'Aménophis IV à Amarna avec ses pavements et ses
plafonds décorés de peintures.

Il semble que ce soient les anciens Soudanais et Egyptiens qui aient inventé
la voûte, qui fut d'abord en brique dès l'époque thinite, avant de devenir en
pierre à partir du Pharaon Khoufou, connu sous le nom grec de Chéops, de
2605 à 2580.

Mais le plus grand mérite et la plus grande gloire de ce Pharaon, c'est d'avoir
fait construire la plus grande des trois pyramide du plateau de Guizeh qui
était resplendissant de beauté avec son revêtement en marbre ou en calcaire
blanc qui fut pillé au fil des siècles, ce qui lui valu de faire partie des sept
merveilles du monde et d'être à coup sûr la plus grande de ces merveilles.
Elle est le symbole par excellence de la civilisation égyptienne, non pas pour
l'intérêt touristique exceptionnel qu'elle a toujours suscité, mais parce qu'elle
est le fruit et le symbole de la démarche qui va de la conception précise et
minutieuse à la réalisation aussi précise et minutieuse, au besoin à l'aide de
prouesse technologique et organisationnel, comme ce fut le cas de sa
construction, conformément aux théories égyptiennes de la création.
Le fait qu'un pyramide lisse à base carrée soit un pur produit de la pensée
mathématique et non la copie d'une forme de la nature, la construction des
corridors ascendants menant à la chambre royale de granit, la présence
d'ouvertures reliées à l'extérieur sur les deux cotés nord et sud de la
chambre royale pour en assurer la ventilation, l'exactitude des proportions,
des mesures et de l'orientation des chambres et des corridors témoignent
avec éloquence d'un haut degré de connaissances théoriques et pratiques
dès une époque si reculée qui force l'admiration.

En effet, comme le commente avec pertinence Cheikh Anta Diop à la page
358 de « Civilisation ou barbarie » : « L'exactitude de l'orientation des
grands monuments architecturaux, des pyramides en particulier, plaide en
faveur de l'existence d'une science astronomique sûre ; en effet, le nombre
de monuments orientés par rapport aux quatre points cardinaux avec une
erreur toujours inférieure à un degré par rapport au vrai nord, élimine toute
notion de hasard. Une méthode d'observation astronomique a sûrement été
utilisée pour déterminer le vrai nord, mais laquelle ? On sait que celle basée
sur les ombres portées les plus courtes n'est pas assez précise. L'idée
d'instruments optiques à lentilles s'impose de plus en plus avec les dernières
découvertes ».

Une autre prouesse architecturale de l'Egypte ancienne qui force l'admiration
est la grande salle dite « hypostyle » du temple de Karnak, vaste comme un
terrain de football, avec ses 102 m sur ses 53 m, recouverte d'une forêt de
122 colonnes en papyrus fermés de 16 m de haut, et de 12 colonnes en
papyrus ouverts hautes comme un immeuble de 10 étages, formant une nef
centrale de 23 m de haut, toute la forêt de colonne soutenant une dalle en
pierre de 2 m d‘épaisseur.

Pour terminer avec le sanctuaire de Karnak, signalons le portail sud du
temple d'Amon-Rê à Karnak, construit en 230 av J.C et annonçant les futurs
arcs de triomphe romains et napoléoniens.

Pour apprécier ces prouesses architecturales à leur vraie valeur, la
comparaison avec l'architecture grecque est utile. Comme l'a écrit à ce sujet
Cheikh Anta Diop dans « L'antiquité africaine par l'image » : « Les Grecs ont
été des sculpteurs de génie, mais de médiocres architectes. Ils n'ont jamais
résolu en vérité un problème difficile d'architecture. Ils n'ont sûrement pas
innové dans ce domaine. On cite le théâtre d'Epidaure, mais ce n'est pas à
proprement parler une oeuvre d'architecture, c'est une série de gradins
incrustés, à ciel ouvert, au flan d'une colline… Le Parthénon, même
entièrement reconstitué ressemble à un hangar et ne soutient pas la
comparaison avec un temple égyptien. Le portique des cariatides de
l'Erechtheion ou le temple d'Athéna Nike sont moins spacieux qu'une salle à
manger, tandis que l'église Notre-Dame de Paris entrerait dans la seule salle
hypostyle du temple de Karnak. Seules compte les proportions dira-t-on.
Mais on a vu ci-dessus que l'art égyptien a transmis la science des
proportions (la section d'or) à l'art grec … Le Parthénon reconstitué : toute
prétention mise à part, ce bâtiment frappe plus par les sculptures qui l'ornent
(frises, défilés des panathénées, etc.) que par son style qui est celui d'un
hangar avec le toit nordique : dimensions : 68 m de long sur 30 m de
large », comme j'en ai personnellement la conviction, que j'aimerais
soumettre à l'appréciation de tous les architectes et enseignants en
architecture présents dans cette auguste assemblée.

Terminons cette visite sélective de l'architecture égyptienne par quelques
images de l'architecture militaire égyptienne, notamment du Chateau fort de
Buhen construit en Haute Nubie, au soudan actuel, par les égyptiens vers
2000 avant J. C., soit 3500 ans avant la construction des premiers châteaux
forts en Europe, et de la forteresse de Shelfak construite en Haute Nubie à la
même époque et aujourd'hui disparu à jamais, submergée comme le site de
Buhen par les eaux criminels du Lac Nasser !!!

5. De la fondation des premières cités au Proche Orient à l'éclosion
de l'urbanisme en Egypte

Alors que la ville la plus ancienne au monde dont l'archéologie atteste les
ruines datant du 8-me millénaire avant JC est la ville de Jéricho, au Proche
Orient, l'une des villes la plus anciennes au monde dont un document écrit
mentionne le fondateur est la ville de Ninive, au Proche Orient. Il se trouve
que ce fondateur de plusieurs villes nommé « Nemrod », présenté également
comme le fondateur de tout un « empire » en Mésopotamie incluant les
célèbres cités de « Babel » et d' « Akkad », est présenté avant tout comme
un africain, plus précisément un soudanais, un fils de « Kush », désignant
dans la Bible le Soudan, et par suite un petit fils de « Cham », désignant
l'ensemble des peuples noirs, parmi lesquels la Bible inclue l'Egypte, appelé
« Miçrayim » dans la Bible, ainsi que La Palestine ancienne, appelée
« Canaan » dans la Bible. « Cham » lui-même est présenté comme un des
trois fils de « Noé » dont la descendance peupla la terre entière connue des
auteur de la Bible et dont les deux autre fils sont « Sem », considéré comme
le Père des Sémites et « Japhet », le Père des Indo-européens. Il est donc
logique de conjecturer que la fondation de Ninive est au moins aussi
ancienne que celle de Jéricho.

Il est en effet écrit au chapitre 10 du livre de La Genèse de la Bible, au
verset 1, puis au versets 6 à 12 : « Voici la descendance des fils de Noé,
Sem, Cham et Japhet, auxquels des fils naquirent après le déluge : …Fils de
Cham : Kush, Miçrayim, Put, Canaan. Fils de Kush : Séba, Havila, Sabta,
Rama, sabteka. Fils de rama : Sheba, dedân. Kush engendra Nemrod, qui fut
le premier potentat sur la terre. C'était un vaillant chasseur devant l'Eternel,
et c'est pourquoi l'on dit : « comme Nemrod, vaillant chasseur de l'Eternel ».
Les soutiens de son empire furent Babel, Erek et Akkad, villes qui sont toutes
au pays de Shinéar. De ce pays sortit Ashshur. Il bâtit la grande ville de
Ninive, Rehobot-Ir, Kalah, et Rèsèn entre Ninive et Kalah ».
Un autre livre de la Bible, celui de Jonas, donne plus de précision sur
l'importante de la ville de Ninive fondée par un africain, au verset 3 de son
chapitre 3 et au verset 11 de son chapitre 4 où il est écrit : « Ninive était une
ville divinement grande. Il fallait trois jours pour la traverser…Ninive, la
grande ville, où il y avait plus de 120 000 habitants ».

Les passages cités du livre de la Genèse nous apprennent au passage que les
fameux cananéens que les Hébreux se vantaient dans la Bible d'avoir
massacrés et exterminés « au nom de Dieu », du moins de leur conception
de Dieu, afin de s'approprier leur terre qu'ils convoitaient comme « la terre
promise », commettant ainsi « le premier génocide de l'histoire » et
introduisant ainsi le « totalitarisme » dans l'histoire, comme l'a écrit la
philosophe juive Simone Weil dans « la pesanteur et la grâce », sont des
noirs tout comme les soudanais et les Egyptiens et que ce sont des noirs,
descendants des soudanais, comme les sumériens, qui fondèrent les
premières cités, les premiers empires et les premières brillantes civilisations
de la Mésopotamie comme la civilisation sumérienne.

Des sources bibliques de l'histoire de l'urbanisme, nous pouvons retenir que
« la pièce à conviction » constituée par la mention de l'origine africaine de la
fondation des premières cités de la Mésopotamie fonde et justifie la thèse de
« l'origine africaine de l'urbanisme », plus précisément la thèse de « l'origine
africaine de la germination de l'urbanisme au Proche Orient selon les sources
écrites bibliques ».

Plus de dix millénaires après, la ville actuelle de Nimrud non loin de Ninive
porte encore le nom glorieux du « premier fondateur connu d'une grande
ville », confirmant ainsi le témoignage biblique à ce sujet et l'antériorité et la
primauté de l'Afrique dans la science de l'urbanisme.

Après une période de germination ayant commencé au moins au 8-me
millénaire avant JC, c'est naturellement au Soudan même et en Hante
Egypte que la science de l'urbanisme a commencé à éclore dès début de la
période de Nagada au 5-me millénaire avant JC pour éclore de toutes ses
pétales à la période du Nouvel Empire, celle des pharaons de la 18-me à la
20-me dynastie, allant de 1543 à 1078 avant JC, notamment le pharaon
Touthmès III, le plus célèbre des pharaons sous le règne duquel l'empire
égyptien s'étendait de la moitié nord du Soudan au sud de la Turquie en
passant par l'ouest de la Mésopotamie, le Liban, la Palestine, l'ouest de la
Jordanie, Gaza, et le Sinaï, le pharaon Akhenaton, le plus mystique des
pharaons dont le nom signifie « celui qui est aimé de Dieu » et le promoteur
de la réforme religieuse où la religion plus spirituelle d'Aton devait rénover le
culte sclérosé d'Amon et qui à cette fin a créé « la ville nouvelle » de
« Akhet-Aton », « l'Horizon d'Aton », nouvelle capitale située au centre de
l'Egypte et siège du pouvoir religieux ôté à Thèbes, et enfin le pharaon
Ramsès II, le pharaon ayant connu le long règne de l'histoire de l'Egypte, un
règne de 67 ans de 1279 à 1212 avant JC, couronné d'éclatante victoires
militaires comme celle de Quadesh et de brillantes oeuvres architecturales
comme l'achèvement de la salle hypostyle du temple de Karnak, la
construction du temple d'Abou Simbel au Soudan et sauvé par l'Unesco des
eaux du « lac Nasser », un véritable « crime contre l'humanité » perpétré par
l'impérialisme arabe contre le « patrimoine de l'humanité » et « la terre
sainte africaine » que représente l'Egypte ancienne, et enfin la construction
de la ville nouvelle de « Pi-Ramsès » mentionnée par la Bible au verset 11du
premier chapitre du livre de « l'Exode ».

En effet, comme le signale l'égyptologue Maurizio Damiano-Appia dans
« L'Egypte, dictionnaire encyclopédique de l'ancienne Egypte et des
civilisations nubiennes », à l'article « urbanisme », p. 267-268 : « Les
centres plus importants faisaient l'objet de plans et de projets depuis la plus
haute antiquité. A l'Epoque Prédynastique, on trouve déjà des
représentations de centres entourés par une enceinte fortifiée. Les angles
des murs (d'enceinte) étaient souvent arrondis et l'ensemble doté de
plusieurs tous, disposés à intervalles réguliers, les travaux nécessitaient de
la coordination et des études préliminaires. Malheureusement, presque tous
les centres habités de l'Egypte ancienne et de la Nubie ont disparu car les
constructions civiles étaient réalisées avec des matériaux périssables comme
les briques d'argile crue, le bois et le roseau. Cependant, quelques centres
ont partiellement subsisté et ont permis de comprendre quel était le plan
d'aménagement urbain des cités égyptiennes à différentes échelles. Le plus
ancien de ces exemples est probablement celui de Giza (Guizeh), où
habitaient les spécialistes qui construisaient les pyramides. Le village est
articulé autour d'un dessin régulier, avec les maisons disposées autour de la
rue principale, d'où partent des voies secondaires… Les « cités des
pyramides » étaient de véritables centres urbains construits à proximité des
monuments de la famille royale pour le culte des défunts. Outre les
demeures des prêtres, il y avait des édifices administratifs, des maisons
d'ouvriers ainsi que des réserves… On retrouve les mêmes types de projets
urbains dans les centres coloniaux nubiens de Bouhen ou de Mirgissa (à côté
des forteresses), mais surtout à Sésébi. De ces différents exemples, nous
pouvons tirer les conclusions suivantes : la science urbanistique, créée par
les Egyptiens, a commencé à se développer dès la Préhistoire (Epoque
prédynastique) ; les Egyptiens ont toujours eu clairement à l'esprit la
nécessité d'une attentive planification pour la réussite de la vie d'une ville ».
Faisons un premier « arrêt sur image » sur « la cité nouvelle de Kahoun »,
en empruntant à R. El-Nadoury et J. Vercoutter leurs commentaires à ce
sujet au chapitre 5 du volume 2 de « Histoire Générale de l'Afrique » : « le
« génie » grec ne semble pas avoir eu la primeur de l' « urbanisme ». Dès -
1895, sous le règne de Sésostris II, nous voyons une agglomération comme
Kahoun entourée d'une enceinte rectangulaire (de 350 sur 400 m). La ville
comporte à la fois des bâtiments administratifs et des habitations. Les
maisons « ouvrières » - on en a fouillé près de 250 – sont construites « en
bloc » le long des rues de 4 m de large, qui donnent dans une artère centrale
de huit mètre de large. Chaque maison occupe une superficie – au sol – de
100 à 125 mètres carrés et comporte une dizaine de pièces de plain-pied.
Dans une autre partie de la ville s'élèvent les demeures des « dirigeants » -
« hôtels » qui peuvent avoir jusqu'à 70 pièces, ou des maisons modestes,
beaucoup plus grandes cependant que les demeures « ouvrières ». Ces
demeurent sont elles aussi disposées le long d'artères rectilignes, parallèles
aux murs d'enceinte. Ces rues sont pourvues en leur centre d'une rigole pour
l'évacuation des eaux ».

Faisons un second « arrêt sur image » sur « la ville nouvelle d'Akhet-Aton »,
en empruntant à A. C. Carpiceci son commentaire à ce sujet à la page 34 de
son livre « Merveilleuse Egypte des Pharaons » : « La reconstruction de la
splendide capitale née en 1376 avant JC par la volonté de d'Akhénaton et qui
disparut (une vingtaine d'années après) avec la mort de son créateur, est
tiré des interminables études que l'on fait depuis le début du siècle sur les
quelques vestiges restés à Tell El Amarna, zone située à environ 20 km
d'Hermopolis, 280 au sud du Caire et 350 au nord de Thèbes. La ville
s'étendait sur près de 15 km, comme une grande bande le long de la rive
orientale du Nil. Dans les montagnes rocheuses en arrière de la ville (c'est-àdire
à l'est et non à l'ouest comme dans les autres villes), on était en train de
créer une longue nécropole. Entre les deux, s'insérait le village des artisans
de la ville des vivants et de celle des morts. L'axe principale était déplacé
vers le Nil et formé d'une grande avenue, de 100 mètre de large, appelée
« la route du roi », axe qui reliait la grande porte du nord à celle du sud. A
800 mètre, presque parallèle, il y avait la « route du Grand-Prêtre » et enfin,
à 400 mètres encore environ,, la « route des artisans ». Pratiquement, la
« route du Grand-Prêtre » divisait la ville en deux grandes bandes ; celle
vers le Nil, dégagée par la « route du roi » et destinée aux résidences du roi,
des fonctionnaires, aux services du port et des dirigeants ; celle vers
l'intérieur à l'est, dégagée par la « route des artisans » destinée à tous les
autres citoyens. Tout autour, au pied de la chaîne rocheuse qui s'étend
comme une grande exèdre en arrière d'Akhet-Aton, il existe encore de
nombreuses stèles de démarcation ».

C'est également au goût et au génie égyptien dès le début du 3-me
millénaire avant JC que l'urbanisme universel doit l'intégration des jardins,
des bassins et des parcs à la conception et à l'aménagement de l'espace
habité, et non au goût ou au génie plus tardif des urbanistes des « jardins
suspendus de Babylone » datant du 6-me siècle avant JC, et encore moins
au goût ou au génie bien plus tardif des urbanistes romains.
En effet, comme l'ont écrit R. El-Nadoury et J. Vercoutter dans leur article
précédemment cité : « Les Egyptiens aimaient les jardins. Pauvres, ils
s'arrangeaient pour faire pousser un ou deux arbres dans l'étroite cour de
leur maison. Riches, leur jardin rivalisait en importance et en luxe avec la
demeure proprement dite. Sous la III-me dynastie (vers – 2 800), un haut
fonctionnaire possède un jardin de plus d'un hectare, avec un bassin qui est
le trait distinctif du jardin égyptien. Celui-ci, en effet, s'ordonne
systématiquement autour du ou des bassins, car il peut y en avoir plusieurs.
Ceux-ci sont à la fois viviers, des réservoirs d'eau pour l'arrosage, et une

source de fraîcheur pour la maison toute proche : c'est près du bassin aussi
que le maître de maison fait souvent construire un léger pavillon de bois
pour venir respirer la fraîcheur vespérale et recevoir ses amis en buvant
frais. Les bassins artificiels peuvent être de grandes dimensions. (Le
Pharaon) Snéfrou (le fondateur de la 4-me dynastie, ayant régné de 2630 à
2 609 avant JC) navigue sur le lac de son palais en compagnie de jeunes
rameuses peu vêtues, et (le Pharaon) Aménophis III (de la glorieuse 18-me
dynastie, celle-là même de Touthmès III, et prédécesseur du Pharaon
Akhenaton, ayant régné de 1 387 à 1 348 avant JC) en fera aménager un
immense dans son palais thébain. Ce goût si égyptien du jardin-parc se
transmettra à Rome ».

En effet d'après le témoignage de « la pièce à conviction » constituée par un
texte hiéroglyphe d'époque précisant les dimensions et les conditions
spectaculaires de construction du lac de plaisance aménagé dans son palais
par le Pharaon Aménophis III par amour pour son épouse soudanaise la reine
Tiyi, rapporté par A. de Buck dans « Egyptian Reading-book, exercices and
Middle Egyptian Texts selected and edited », cité et commenté avec
éloquence par Théophile Obenga de la page 253 à 255 de « La philosophie
africaine de la période pharaonique » : « la onzième année, le troisième mois
de la saison « Akhet », le premier jour, sous la majesté de l'Horus
(Aménophis III). Que vive la Grande Epouse Royale Tiyi ! Sa majesté
ordonna qu'un lac artificiel soit aménagé au bénéfice de la Grande Epouse
Royale Tiyi dans sa ville d'Akhmîn. Sa longueur est de 3 700 coudées (1 935
m), et sa largeur de 600 coudées (313 m). Sa majesté inaugura ce lac
artificiel au troisième mois de la saison « Akhet », au seizième jour. Sa
Majesté fit une promenade dans sa barque sacrée « Aton », qui brille à
l'intérieur de son Palais ».

En faisant construire par son architecte-urbaniste Le Nôtre le parc du
Château de Versailles avec son grand canal et le « Pavillon de la Reine » à
coté de ce bassin, Le « Roi-Soleil » savait-il qu'il ne faisait qu'imiter plus de
4 500 ans après un haut fonctionnaire africain de la 3-me dynastie, ainsi que
les Pharaons Snéfrou et Aménophis III, et qu'il doit son goût de « Roi-
Soleil » au goût et au génie africain, c'est-à-dire de ceux que par son « Code
Noir » honteux, il traite avec moins d'égard que les meubles des
esclavagistes criminels, tout en se faisant appeler « Sa Très Chrétienne
Majesté » ? Quelle ironie tragique de l'histoire !!!

Pour terminer notre promenade dans les jardins du goût et de l'urbanisme
égyptiens, faisons un dernier « arrêt sur image » sur « la fête dans le jardin
de la villa d'un haut fonctionnaire égyptien du Moyen Empire », de 2 160 à
1 785 avant JC, qui pourrait donner au « Roi-Soleil » des leçons de goût et
surtout d'éthique qui auraient pu éviter à son petit-fils Louis XVI de se faire

couper la tête pour déficit d'éthique sociale et politique. A cette fin, nous
emprunterons de nouveau à A. C. Carpiceci son commentaire à ce sujet à la
page 42 de son livre « Merveilleuse Egypte des Pharaons » : « Le fête se
déroule autour du bassin du jardin. Dans le fond apparaît la façade à
portique de la grande maison. A gauche, le pavillon en bois où se tiennent le
maître de maison et son épouse, leurs petits enfants et les conseillers privés.
Sur la rive, deux groupes de jeunes filles se livrent à des danses
acrobatiques rythmées par les battements de mains d'un troisième groupe
aux sons d'un petit orchestre à côté du pavillon. Les différentes scènes sont
tirées des tombeaux de nobles à Thèbes ; celle de la danse des tombeaux de
Saqqara : tombeau de Ank-ma-Hor et de Kagemmi ».

6. Conclusion

En m'excusant auprès de cette auguste assemblée de n'avoir pas eu le
temps de faire plus court, voila dans la limite du temps durant lequel vous
avez eu l'amabilité de m'écouter une sélection et une synthèse des « pièces
à conviction » et de l'argumentation que je tenais à vous exposer avec mes
expériences d'artiste et de mathématicien pour justifier « la profession de
foi » du Père de l'Egyptologie sur « l'origine égyptienne des beaux-arts et de
l'architecture grecque » et ma propre « profession de foi » « sur l'origine
africaine des beaux-arts, de l'architecture et de l'urbanisme ».
J'espère que mon plaidoyer aura convaincu les jurés plus que Racine à qui on
prête la célèbre formule « vous avez beau cherché à me persuader, vous
n'arriverez pas à me convaincre ! »

J'espère notamment que les « pièces à conviction » et l'argumentation
présentées auront efficacement contribué à vous convaincre de l'antériorité
et de la primauté de l'Afrique, non seulement dans la famille de l'humanité
moderne née sur son sol il y a 200 000 ans, mais aussi et surtout dans tous
les domaines fondamentaux de la civilisation moderne universelle née avec
l'invention de l'écriture en terre africaine en Egypte en pleine période de
Nagada il y plus de 5 400 ans comme l'attestent les fouilles d'Abydos, faisant
des africains et de leurs descendants directs non seulement « les aînés de
l'humanité moderne », mais aussi et surtout « les aînés de la civilisation
moderne », dans tous les domaines fondamentaux des lettres, des arts, des
sciences et de la technologie, depuis l'écriture jusqu'aux mathématiques,
jusqu'aux beaux-arts, l'architecture, l'urbanisme et les ouvrages d'art, en
passant par la médecine, la chimie, le droit, la philosophie et j'en passe.
Aussi, en guise de mot de la fin, permettez-moi de formuler le voeu que la
direction de l'Ecole Africaine des Métiers de l'Architecture et de l'Urbanisme,
avec le soutien diplomatique des gouvernements africains dont elle est une
émanation internationale, prenne l'initiative de demander à la direction de
l'UNESCO de parrainer la rédaction et la publication d'une véritable « Histoire
Universelle des Beaux-arts, de l'Architecture et de l'Urbanisme », comme elle
l'a déjà fait avec succès pour l'« Histoire Générale de l'Afrique », avec la
participation active d'experts africains, pour ainsi prouver que la tentation de
la construction et de l'instrumentalisation idéologique en histoire n'est pas
une fatalité, convaincue avec Vaclav Havel que « il n'y a de fatalité que celle
que l'on accepte de subir ».
 

18/04/2012
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JEAN VAN LIERDE: "COMME LUMUMBA;IL FAUT DES HOMMES POLITIQUES DEVOUES A LA CHOSE PUBLIQUE POUR SERVIR LE PEUPLE ET NON LEURS POCHES!

Jean Van Lierde : « Comme Lumumba, il faut des hommes politiques dévoués à la chose publique pour servir le peuple et pas pour servir leurs poches »

Lepotentiel Jean Van lierde

Jean Van lierde (photo:lcr-lagauche.be)

 

Dans une interview accordée à la Maison de la paix à Bruxelles, peu avant sa mort, l’auteur de l’ouvrage «La pensée politique de Lumumba», Jean Van Lierde, parle de son premier contact avec le Premier ministre du premier gouvernement congolais, du rôle qu’il a joué pour la participation de celui-ci à la Conférence d’Accra en 1958 et de son influence sur la décision de Patrice Lumumba de prendre la parole le 30 juin, date de l’indépendance, alors que le protocole n’a pas prévu son discours.

 

On peut dire, en quelque sorte, que vous avez sauvé la mémoire de Patrice Lumumba. Sans doute, il ya très peu de Congolais qui savent cela. Vous avez composé le livre « La Pensée Politique de Lumumba » qui, on peut bien le dire, est la mémoire de Patrice Lumumba. Comment avez-vous fait pour composer ce livre ?


Nous avions lancé à Bruxelles « Les Amis de Présence Africaine ». Depuis 1952, on avait une revue internationale qui s’appelait « Route de Paix », mais qui a été interdite plusieurs fois en France parce qu’on y publiait aussi les articles sur la guerre d’Algérie dans lesquels on prenait la position anti-colonialiste. Et au fond, votre question est celle de savoir comment on avait mis cela en route ? D’abord, j’étais déjà sensibilisé et je trouvais que Lumumba avait un sens politique extraordinaire par rapport à beaucoup de gens. Sauf dans le parti politique Abako (Alliance des Bakongo) où il y avait une bonne équipe de politiques. Alors, je demandais qu’on fasse l’enregistrement de tous ses discours. Si bien qu’après son assassinat, en janvier 1961, j’avais une collection avec tous les discours de Patrice prononcés lors des meetings, dans les provinces, en Afrique et en Europe. Et j’ai demandé à Monique Haidon, une des nos amies de Présence Africaine, de collecter tous ces enregistrements et de taper tout à la machine. C’est ainsi que tout a été dactylographié. Moi, je ne faisais que les liaisons entre les chapitres, etc.

Il a été question de tous les textes de Patrice de 1958 jusqu’à sa mort. J’avais collecté absolument tout qu’on pouvait collecter à ce moment-là. Si bien que j’avais un bouquin prêt après son assassinat. Ce qui était extraordinaire. Et c’était vraiment sa pensée avec toute son évolution politique. Alors, Les Amis de Présence Africaine à Paris, toute l’équipe avec Alioune Diop, Aimé Césaire, Léopold Sédar Senghor… m’ont tous dit: « Dis Jean, tu dois absolument publier tous ces textes de Patrice maintenant qu’il est assassiné ». Et Césaire m’a dit: « C’est moi qui fait la préface ». Mais il était si encombré en étant aussi député communiste, il m’a fait remarquer qu’il était en retard. Il m’a dit: « Je suis en retard, je suis en retard… et si vous demandiez à Sartre de le faire ». Et puis, mon ami Guy de Bosscher, qui était devenu directeur à Présence Africaine, est allé voir Sartre, et lui a dit : « Voilà, j’ai tout le manuscrit, que Van Lierde a préparé, avec tous ces textes ». Et Sartre, qui était vraiment un militant anti-colonialiste, a dit : « C’est passionnant, je vais faire la préface ». Et c’est comme ça que j’ai eu cette extraordinaire chance de publier « La Pensée politique de Lumumba », avec une préface d’au moins 30 pages de Jean-Paul Sartre. C’est comme cela que les choses se sont passées à l’époque.

 

C’est vrai que Sartre a été un militant extraordinaire parce que nous avons commencé à militer en Mai 68. Nous allions, ce philosophe célèbre dans le monde entier et moi, dans les usines, vendre des journaux devant les portes de Renault. C’était un très grand esprit, mais un homme très humble. Il voulait toucher tout le monde. Cela a été une chance vraiment extraordinaire pour nous et ce bouquin. Nous avons alors fait deux éditions : la première fois, on l’a édité, je pense, à 7000 exemplaires, et il y a eu une seconde édition à Dakar. C’est vraiment un bouquin qui a servi beaucoup et …

 

Pour revenir à Lumumba, vous souvenez-vous de la première rencontre que vous avez eue avec lui?


Les premières rencontres étaient épistolaires, c’est-à-dire que dans ma bibliothèque et ma librairie, j’avais toutes les adresses des gens qui luttaient au Congo pour l’indépendance. C’est ainsi que j’envoyais tous les livres anti-colonialistes édités à Paris par Le Seuil et les autres. Et je trouvais que, parmi tous ces clients du Congo, il y en avait un qui lisait beaucoup de bouquins: c’était Patrice Lumumba. Il m’envoyait des lettres dans lesquelles, on pouvait lire : « Envoie-moi ceci ou cela ». Et, en plus, il payait. Ce qui n’était quand même pas mal non plus. Cyrille Adoula, avec le groupe socialiste, commandait aussi des bouquins. Les gens de l’Abako et bien d’autres tels que Thomas Kanza suivaient l’évolution des choses et commandaient aussi. Il en est de même des syndicats FGTB et Confédération syndicale du Congo qui me commandaient aussi tous ces ouvrages anti-colonialistes. J’avais tous ces premiers contacts.

Puis, en 1958, c’est aussi la grande exposition universelle qui va commencer à Bruxelles. En mai de la même année, je lance Les Amis de Présence Africaine, dans ce domaine du 220 Rue Belliard. Et je demande à Kanza et à Mario De Andrade, qui étaient à Paris d’aller voir Césaire, Diop et les autres pour qu’ils me donnent le pouvoir de créer Les Amis de Présence Africaine à Bruxelles parce qu’on commence l’expo. Tout s’arrange. Césaire et les autres me disent: « OK, vous pouvez lancer Les Amis de Présence Africaine à Bruxelles ». Et en mai 1958, comme une coïncidence extraordinaire, deux de mes amis, des Noirs Américains, qui sont des objecteurs de conscience, travaillent au cabinet de Nkrumah au Ghana. Ils m’envoient des télégrammes et des lettres en me disant: « Jean, nous sommes en mai 58. Nous préparons une grande conférence en décembre 58 pour la libération non-violente de tous les peuples d’Afrique. Débrouille-toi pour trouver une délégation du Congo Belge ». Donc, je commence, en mai 58, ces premières démarches pour que nos braves Congolais puissent aller à Accra. C’était un problème incroyable parce que Kasa-Vubu dit d’abord « oui » et puis il se ravise en disant « non ». Mais Lumumba, Gaston Diomi et Joseph Ngalula sont d’accord. Ils me téléphonent pour me dire qu’ils n’ont pas de visas. Le gouverneur ne voulait pas les lâcher sur Accra en décembre 58. Je téléphone à mes amis jésuites. L’un d’eux dont le nom ne me revient pas maintenant, va voir le gouverneur. « Vous ne pouvez pas faire ça », lui dit-il. « Laissez partir ces trois Congolais à la conférence d’Accra ». Et c’est comme ça finalement que Lumumba et les autres ont pu partir à cette première grande conférence. Et Patrice m’envoyait ses textes d’Accra sur ses interventions, etc. Donc, c’était le premier grand contact internationaliste que nous avons fait ensemble avec Lumumba, Diomi et Ngalula. Le seul Belge qui était là, c’était Ernest Glinne. Après, Lumumba est venu en Belgique en 59 et on a commencé à faire les premiers contacts physiques. Et c’était un homme qui séduisait tout le monde par sa manière de parler, de causer, par sa culture. C’était un autodidacte. Chez lui, il n’y avait pas toujours l’électricité. C’est ainsi qu’il allait parfois dévorer tous les bouquins qu’il commandait dans des lieux publics. Il était, donc, un autodidacte enragé. Et c’est peut-être pour cela qu’on s’entendait si bien et qu’on pouvait faire ce travail ensemble.

 

Il n’y avait pas la lumière à la maison à l’époque?


Mais non, mais non, c’est vraiment…. Je travaillais déjà beaucoup avec non seulement les Kanza et l’Abako, mais aussi avec le Parti solidaire africain (PSA) de Kamitatu, Gizenga, etc. Mais je trouvais que Lumumba avait une passion… Surtout, il avait une dimension, par rapport à tous les autres militants congolais, qui, à l’époque, était pour moi extraordinaire et merveilleuse : c’était un panafricain, un panafricaniste, un supra ethnique. Il ne voulait rien entendre des querelles tribales. Or ça, à l’époque et encore maintenant, je dois dire, dans l’univers congolais, le tribalisme reste une donnée. Il était vraiment un génie de ce point de vue. Je ne sais pas comment il avait pu échapper à cette pesanteur. Et alors, souvent, les coloniaux me disaient: « Oh, Van Lierde vous exagérez! S’il était supra ethnique, c’est parce qu’il faisait partie d’une tribu qui n’avait pas tellement d’importance ». Et moi de rétorquer : « Pas d’importance? » Je vais souvent en vacances à Ostende où est posée la grande statue de Léopold II sur son cheval, qui domine la mer. Là, il y a deux grandes plaques commémoratives des premiers Flamands qui vont se battre pour Léopold II en Afrique. Et qu’est ce que je vois ? « Ils luttaient contre l’esclavagisme des Arabes et contre les Batetela »! Et alors, les Batetela n’ont pas beaucoup d’importance ? Mais pourquoi ces plaques commémoratives à Ostende? Cela veut dire que, malgré qu’il était d’une tribu qui n’a pas d’importance, selon vous, il se savait un supra-ethnique, un internationaliste et un panafricaniste. C’était pour moi la belle image de Patrice.

 

Mais le fait que c’était lui qui, plus ou moins par hasard, a été envoyé à Accra, cela a beaucoup influencé l’histoire du Congo. Parce que son voyage et son contact avec Nkrumah l’a transformé. Quand il était Premier ministre sans grande expérience, c’est Nkrumah qui l’a toujours conseillé…

Toujours!

 

Lumumba a fait la deuxième grande conférence panafricaine à Kinshasa ?


A Léopoldville, oui.

 

Et à ce moment-là les forces réactionnaires de l’Abako ont fait des émeutes pour le combattre. Donc, cette affaire d’Accra l’a beaucoup influencé ?


Oui. C’était très important. Et pour moi, c’était amusant parce que comme c’étaient des Noirs américains des objecteurs de conscience qui me le demandaient. L’un d’eux était chef de cabinet du ministre des Finances. Les deux étaient des conseillers de Martin Luther King aux Etats-Unis. Toutes les campagnes non-violentes anti-racistes aux Etats-Unis étaient aussi menées avec eux et Martin Luther King. Donc, mon réseau international d’objecteurs qui avait bien fonctionné avec Patrice.

 

J’avais entendu dire que vous avez été interdit d’entrer dans la colonie belge?


Oui. C’est-à-dire que, comme j’avais cette revue depuis 1952, la Belgique à l’Onu votait tout le temps aux côtés de l’Apartheid quand il y avait des résolutions sur les problèmes de décolonisation. J’attaquais résolument mon pays pour son comportement réactionnaire à l’Onu. Si bien que, quand j’ai une fois demandé un visa pour aller au Congo, je m’apercevrais que j’étais interdit de séjour au Congo. J’ai donc pu mettre les pieds au Congo pour la première fois – je ne sais pas si c’est maintenant qu’on doit parler de ça – mais… Il y a les élections en mai 60. Lumumba gagne ces élections. Il n’a pas la majorité absolue. Mais il gagne quand même les élections. Au Palais, notre cher roi est affolé. Il en est de même du gouvernement belge. Et Ganshof van der Meersch téléphone au professeur Arthur Doucy à l’Université libre de Belgique (ULB): « La situation est grave. C’est Lumumba qui a gagné. Personne n’est content ni au gouvernement ni au Palais. Dis-moi, Arthur, est-ce qu’il n’y a pas un Belge que je peux embarquer dans mon avion le 10 juin ? Si ça tourne mal, pour qu’il calme Lumumba. Moi, je n’en vois qu’un, Van Lierde. Mais tu sais il est interdit au Congo. Ah, ça ce n’est pas un problème. Le général Janssen ne le supporte pas parce qu’il l’attaque souvent dans la gauche. Vandewalle, le chef de la sûreté, ne le supporte pas non plus parce que c’est un gauchiste ». « Pas un problème. Il va avoir ses papiers », dit Ganshof. Et la chose la plus étonnante – je suis obligé de dire ça pour la jeune génération des Congolais – Ganshof Van der Meersch s’imagine que, comme je suis Belge, je vais naturellement travailler avec le gouvernement belge. Il téléphone à Gerard Libois, qui était le patron du Crisp où je travaillais comme secrétaire général, et il lui dit: « Dites à Van Lierde de venir chercher son billet aux Affaires Etrangères ». Alors, Jules-Gérard me le fait savoir. Je lui réponds que ce n’est pas possible que j’aille chercher mon billet d’avion aux Affaires Etrangères et que, moi, je suis… au cabinet de Ganshof. C’est lui et le roi qui ont la trouille et pas moi. Je lui dis que je pars mais que c’est le Crisp qui paye mon billet. Cela a été fait. Et le 10 juin, je partais dans ce premier avion, à côté de Jef Van Bilsen. Moi, évidemment, en seconde classe, mais tout le cabinet de Ganshof en première classe, naturellement. C’est le dernier mois de la colonisation belge! A Léopoldville, on doit préparer l’indépendance et le premier gouvernement congolais. Et dès mon arrivée, je cours chez Patrice. Je lui dis: « Eh bien, tu vois, j’ai quand même eu un billet pour pouvoir venir et suivre toutes tes affaires ». Lumumba est anxieux : « Jean, la situation est très grave! Ils ne veulent pas de moi. Je sens très bien qu’il y a une opposition permanente. Ils distribuent des enveloppes partout contre le Mouvement national congolais (MNC), en disant «Ne votez jamais pour le MNC ».

 

Je suis à peine là trois jours. Ganshof avait dit que, comme la situation est grave, je ne veux pas de contact avec ce Van Lierde. Il faut donc des intermédiaires. Je choisis Jan Hollants Van Look comme délégué! Et lui n’a qu’à choisir. Et je choisis Benoît Verhaegen, un vieux copain, qui était prof à Lovanium. Donc, c’étaient les deux intermédiaires. Et voilà qu’à peine après trois jours, Verhaegen arrive chez moi: « Urgent », dit-il, Jean. Ganshof te charge d’aller chez Lumumba, parce que ce soir au Zoo, grand restaurant de Léopoldville, il y a un grand souper avec tous les amis des Belges. Tous les partis sont représentés, sauf le MNC! Et Ganshof te demande d’aller dire à Lumumba qu’il est obligé de faire ça, que le roi le lui a demandé, etc. Mais je dis à Verhaegen: « Mais, mon ami Benoit, tu me vois, moi, aller chez Patrice dire de monstruosités pareilles? » C’était impossible. Tu pars immédiatement chez Ganshof. Attention, le chef de cabinet de Patrice, Bernard Salumu, était un violent. Depuis que j’étais là, je l’entendais tous les jours dire à Patrice: « Mais Patrice, ne peux-tu pas brûler de Belges cette nuit ». Et Patrice disait tous les jours: «Non, non. Jean a raison. Tu ne peux pas faire ça, sinon notre image du MNC sera perdu, etc. ». Donc, je dis à Benoît: «Tu dis à Ganshof, que je ne pourrais plus contrôler Bernard Salumu, le chef du cabinet. Si, jamais, il fait ce coup-là, sans le MNC, dans ce grand restaurant avec tous les collabos des Belges, alors toutes les voitures des Belges vont flamber cette nuit dans Léopoldville. Dis-lui qu’il doit nommer aujourd’hui Patrice Lumumba comme premier informateur. Puis Benoît me téléphone une heure après: « Ganshof est d’accord avec toi. Il va appeler Lumumba et il sera nommé premier informateur ».

 

Je me dis que c’est encore un calcul évidemment, parce qu’il savait très bien que cela allait rater. Mais, enfin, il le fait. Et il fait annoncer ça exprès, pour embêter les collabos, en plein repas. Quand ils démarrent, la radio annonce que Ganshof vient de nommer Patrice comme premier informateur. C’est un choc extraordinaire, pour la presse et tout ça. Mais enfin, ce n’est pas possible quoi. Cela a raté! En trois jours, Patrice n’a pas pu faire cela. Ils ont nommé Kasa-Vubu, pour former le gouvernement. Malheureusement, lui aussi ne parvient pas à le faire. Je vais voir Cyrille Adoula pour lui demander de prendre les affaires en main. « Je ne marche pas », me dit-il. Et moi de me dire que c’est la paralysie. C’est ainsi que, Jef Van Bilsen et moi, nous avons mis ensemble Kasa-Vubu et Patrice en leur disant: « Vous devez vous entendre, il n’y a rien à faire. Et l’un doit prendre la présidence de la République. Et c’est Kasa-Vubu. Tandis que Patrice, tu dois être Premier ministre ». Et puis, je rentre chez Patrice, et j’ai ma seule querelle avec Patrice, sur ce thème-là. Il me dit: « Ecoute-moi, Jean… Tu vois bien que tout est paralysé. Je veux être, moi, président de la République ». Je lui réponds que c’est impossible! Cela en lui faisant remarquer: « Patrice, à Léopoldville, tu n’es rien à côté de Kasa-Vubu. Tu es beaucoup plus populaire sur l’ensemble du territoire. Mais ici, tu n’es rien. Tu es le seul à pouvoir être Premier ministre et à mener vraiment la politique. Et le vieux militant Kasa-Vubu, c’est lui qui doit être le président ». Et Patrice a cette réaction prémonitoire où il me dit: « Mais, Jean, tu as l’air d’oublier que la Constitution prévoit que c’est le chef de l’Etat qui casse le Premier ministre. Et pas l’inverse ». Evidemment, j’étais frappé par cette réaction de Patrice. Je lui rétorque: « Mais, c’est vrai ça. Seulement, tu comprends que c’est impossible que cette chose arrive ». Dans ma naïveté, je ne comprenais pas qu’on allait changer à ce point. Les Belges, la CIA, tout le monde a tout fait pour que finalement Kasa-Vubu change et casse, le 5 septembre, Lumumba. Tout changeait à ce moment-là. Voilà, des souvenirs terribles. Lumumba était vraiment un homme extraordinaire qui voulait sauver son pays par tous les moyens. Mais pour les Américains, on a vu cela dans des films à la télévision. La CIA a envoyé des chimistes pour l’empoisonner. J’au vu cela à la télévision allemande, à Berlin. Devlin, le patron de la CIA, avoue: « Mais, oui. C’était un communiste. Il faisait le jeu de Moscou. Vous vous rendez compte, pour les Etats-Unis, si toute l’Afrique basculait du côté de Moscou, c’était une tragédie. C’était le climat quand même de l’époque. Et j’ai quitté Patrice. Le 3 juillet, je suis rentré à mon boulot au Crisp, à Bruxelles. Et Patrice me demandait de ne pas partir. « Tout est arrangé, tout est en ordre. Je veux que tu fasses la tournée des popotes avec moi et on va faire la tournée des provinces ». Je dis à Patrice: « C’est impossible. J’ai mon boulot, je dois rentrer à Bruxelles ». Et le lendemain, il faisait encore une grande conférence de presse avec les ambassadeurs, où l’ambassadeur de Belgique allait l’embrasser parce qu’il disait: « Nous allons travailler ensemble ». Le soir même, à cause de ce cher général Janssens, la Force Publique se rebellait contre Lumumba d’abord et puis contre les Belges. Et tout à ce moment-là basculait. C’était fini, tous les espoirs étaient terminés. Voilà ces horribles souvenirs.

 

Est-ce qu’on peut brièvement aborder quelques aspects des mots qui sont probablement les plus importants que Lumumba a prononcés? C’est son discours du 30 juin. Donc, à Kinshasa où l’anti-Lumumbisme était assez important en 60. Vous entendez toujours aujourd’hui des critiques que c’était une grande erreur de Lumumba d’avoir insulté les Belges au lieu des les garder et de reconnaître les biens qu’ils ont faits. Comment voyez-vous ce discours, qui est en fait devenu un discours historique pour toute l’Afrique ?


C’est tout de même quelque chose d’extraordinaire. Et cela montrait que Lumumba, contrairement à ce que toute la presse racontait, à ce que les Abakistes racontaient, était pour une collaboration profonde avec tous les Belges. Il avait encore donné une conférence de presse deux, trois jours avant en disant: « Je ne veux pas voir partir ces dizaines de milliers d’Européens qui sont ici chez nous. Au 30 juin 60, il y a 13 millions d’habitants au Congo et il y a 13 universitaires, c’est-à-dire 1 universitaire par million d’habitants, contrairement à l’Angleterre et à la France. Donc, il faut qu’ils restent à notre service. Parce qu’on n’a rien fait pour nous apprendre à gérer notre pays quand nous allons être indépendants. Donc, il faut qu’eux restent ». Or, trois jours avant le 30 juin, Reginald Hemeleers qui dirigeait la presse gouvernementale belge dit: « Est-ce que tu as vu le discours du roi Baudouin et de Kasa-Vubu, le 30 juin ?» Je dis: « non » « Je te les donne. Ils vont prononcer le 30 juin ». Je lis ces deux discours et je suis affolé : « Mais comment mon jeune monarque peut-il avoir un style léopoldien, comme si rien n’a changé dans l’univers et comme si la décolonisation n’était pas à l’ordre du jour, partout dans le monde. Et celui de Kasa-Vubu est tellement pâle, pour un chef d’Etat, de faire un discours ». Je bondis chez Patrice. C’était quand même assez incroyable. Je dis à Patrice: « Tu as lu ces discours, de Baudouin et de Kasa-Vubu pour le 30 ? » « Mais non, personne ne m’a rien donné ». – « Comment, tu es Premier ministre, et tu n’as même pas été informé des discours qu’il va avoir le 30 juin? » – « Moi, je n’ai pas la parole. C’est seulement le roi et Kasa-Vubu ».

Evidemment, avec le recul, je me dis: « Pourquoi j’ai fait ça? ». Parce que j’ai dit à Patrice que ce n’est pas possible de ne pas lui laisser la parole le jour de l’indépendance, avec tout ce qu’il a fait dans la lutte. « Alors, écoute-moi bien. Tu vas être à 3 mètres du micro. Quand le roi et Kasa-Vubu auront terminé, tu te lèves et tu prends la parole ». Et Patrice a cette première réaction: « Mais Jean, c’est impossible. Le protocole est sacré et personne ne peut le changer… Eux ont la parole et moi, je dois me taire » – « Tu ne dois pas te taire »! Après une minute de réflexion : « Oula! Bon, je ne sais pas, Jean, je ne sais pas ». On est le 28. Jusqu’au 30 juin, je ne l’ai plus revu. Et quand j’arrive au Parlement le 30 juin au matin, je vois mon même ami Reginald Hemeleers qui distribue un texte à tous les journalistes qui sont là. Je lui demande ce qu’il distribuait. Il me dit que c’est le discours de Lumumba. – « Comment ça? » – « Ah oui, j’ai imprimé », dit-il. Donc, en deux jours, il avait été capable de rédiger cet extraordinaire discours africaniste merveilleux. Même si, pour les Belges et les Abakistes c’était scandaleux, mais il n’y avait aucune injure dans ce texte, aucune injure. Evidemment, il critiquait Léopold II dans ce texte. Mais sinon, c’est un grand geste de fraternité d’un homme émancipé, pas d’un lèche-botte. Et ça, beaucoup de Congolais ne pouvaient pas le comprendre, et les Européens non plus. Et c’était ça son acte extraordinaire. Alors, dans la salle, tout le monde applaudissait, tous les Afro-asiatiques qui étaient là. C’était un grand applaudissement pour Patrice, qui avait pris le micro. Mais plus malin que moi encore, il avait dit à Kasongo, le président de la chambre: « Quand les deux autres ont fini, puisque c’est toi qui donnes la parole, tu me donnes officiellement la parole ». Il avait fait ça dans les règles juridiques du Parlement. Donc, Patrice était vraiment un homme extraordinaire! Evidemment, le roi s’écroulait. Je vois qu’il se penchait sur Kasa-Vubu: « Qu’est-ce qui se passe? Ce n’est pas prévu! » – « Non, ce n’est pas prévu ».

Juste après ce discours, un Israélien qui était là, les autres et moi, nous avons bondi chez Patrice pour lui dire: « Tu as quand même été un peu dur. On va se mettre à table maintenant avec tout le monde… Euh, fais un petit speech rectificatif, pour que les gens soient quand même un peu tranquillisés ». Je vois que Gaston Eyskens lui fait le même baratin. Et dans ses mémoires, à la télévision, il dit: « J’ai été le nègre de Lumumba », parce que c’est lui qui a rédigé ce texte du repas de midi pour Patrice. Qui est un texte amical vis-à-vis des colonisateurs et tout ça.

 

Souvent on dit qu’il a insulté les Belges, alors que ce n’est pas vrai ?


Ce n’est pas vrai du tout. Il n’y a aucune insulte.

 

Mais, j’ai une autre réflexion sur ce discours. On peut aussi dire que Lumumba a rappelé tout cela pour que cela ne revienne plus jamais. Les brimades, les prisons, etc. Mais dans l’histoire c’est revenu. Même maintenant avec des Congolais à la tête. Puisque, quand vous voyez ce que Mobutu a fait, c’est tout ce que Lumumba dit dans son discours. Il l’a repris et l’a même aggravé ?


Oui (silence). Mobutu, c’était l’homme ici. Il venait à nos réunions de Présence Africaine, en 58, 59, 60, avec Kanza, Bomboko et tous les autres qui étaient ici, les premiers universitaires congolais. Et, déjà, à ce moment-là, on me disait: « Méfie-toi de Mobutu parce que c’est un lèche-botte des Belges. On ne croyait pas encore tout cela. Et je me souviens quand j’étais dans le bureau de Patrice, Joseph-Désiré Mobutu rentre de Bruxelles. Cela devait être à la mi-juin 60. Et – je me rappelle tout le temps de cela, cela a l’air un peu idiot. Il entre dans le bureau de Patrice: « Tu n’as pas deux mille balles? » Mobutu, qui allait devenir milliardaire après et voleur et tout le bazar. Et son premier geste avec Patrice devant moi dans le bureau, c’est de lui demander deux mille balles. Je me suis dit: « Bon Dieu, mais où sommes-nous? »

 

Avec tout ce que vous avez comme impression et réflexion sur Lumumba, dans le monde d’aujourd’hui quelles sont les qualités de Lumumba qu’il faudrait populariser dans la population?


Evidemment, pour moi qui suis un vieux militant, je dois dire que je n’ai plus la santé ni la force de suivre l’évolution aujourd’hui de ce cher pays. A 80 ans, je n’arrive plus à avaler toutes les nouvelles. Je voudrais évidemment retrouver une équipe avec ces élections qui vont avoir lieu puisse réussir avec le fils Kabila, pour qu’enfin la République démocratique du Congo retrouve sa sérénité, que la corruption disparaisse, parce qu’au fond les Belges aussi ont contribué à leur apprendre ce qu’était la corruption. J’ai toujours dans la tête cette image des enveloppes et tout, qui circulaient. Et ce dévouement à la chose publique qu’avait Patrice, ce désintéressement total, c’est ça que moi j’aimerais retrouver dans la dimension politique d’aujourd’hui du Congo. Mes plus grandes espérances sont là. Je vois là la sortie des biographies des centaines de délégués de la Transition. Je ne les connais plus à part quelques-uns. Je ne suis plus du tout dans cette génération. Mais je souhaite qu’elle soit vraiment dévouée et désintéressée et que les hommes politiques soient là pour servir le peuple et pas pour servir leurs poches.

 

La Maison de la Paix, Bruxelles

 

publié par CongoForum


05/04/2012
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