AMMAFRICA WORLD

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LA GRANDE BIOGRAPHIE IMAGINAIRE DE LD KABILA:ANALYSE CRITIQUE DE LIVRE DE ERIK KENNES

La Grande Biographie Imaginaire de Laurent Désiré Kabila

Analyse critique du livre de Erik Kennes "Essai biographique sur Laurent Désiré Kabila"

Par Ludo Martens

28 mars 2004 

 

 

 

 

M'ZEE LD KABILA ET YUMBU

Eric Kennes vient de publier à l'Institut africain - CEDAF de Tervuren un gros volume intitulé "Essai biographique sur Laurent Désiré Kabila"
Erik et moi sommes des amis, nous venons de la même région. Ici à Kinshasa, on dirait que nous sommes des frères de tribu, notre tribu étant celui des "Ouest Flandriens"
Je regrette que Erik n'ait pas fait, sur ce sujet tellement passionnant qu'est la vie et le combat de Mzee Kabila, un livre mieux réussi. Je l'estime beaucoup, nous ne sommes plus tellement nombreux en Belgique à étudier l'histoire du Congo et les luttes menées par son peuple et je sais qu'Erik est capable de faire mieux.

Nous tous qui en Belgique écrivons sur le Congo pour soutenir les efforts de son peuple pour se libérer, avons été à l'école de Benoît Verhaegen. Un intellectuel de l'ancien pays colonisateur doit avoir de la sympathie avec la cause de l'indépendance et de la liberté du Congo, c'est ce qu'il nous a appris. Benoît Verhaegen a été un pionnier en Belgique, il a fait des livres bien documentés sur le Congo des années soixante, sur la lutte pour l'indépendance et sur la révolution de muleliste 1964-65, dite "la lutte pour la seconde indépendance"… Il a toujours écrit l'histoire avec objectivité, mais aussi en faisant des efforts pour comprendre les difficultés des populations qui ont subi l'oppression pendant des siècles et pour soutenir leur aspiration à la dignité, à l'indépendance, à la maîtrise de leur destin.

Dans le livre que Erik a écrit, je n'ai pas senti cette sympathie profonde pour la lutte de libération menée par Laurent Kabila dès l'époque de Lumumba, dès l'époque de Mulele, lutte révolutionnaire qu'il a continuée sans jamais faillir, et cela aussi bien dans des périodes de montée révolutionnaire que dans les périodes de déclin et de défaite. 
Militant nationaliste à 17 ans, Kabila a persévéré dans le combat pendant 39 ans, jusqu'à la victoire de la révolution populaire du 17 mai 1997. 
Ainsi, Laurent Désiré Kabila a fait un parcours absolument unique dans l'histoire congolaise. Si Erik Kennes avait eu plus de sympathie pour ce personnage remarquable qui est allé plus loin que Lumumba et Mulele, il aurait fait un tout autre livre.
Je suis aussi convaincu que s'il avait fréquenté les nombreux compagnons de lutte de Mzee qui sont toujours en vie, il aurait eu une approche fondamentalement différente de ce grand personnage.

Dans l'Avant-propos de son livre, Erik remercie ses informateurs pour leurs "apports généreux". Et il mentionne Herbert Weiss, Emile Ilunga, Daniel Mayele, Charles Simba, Maurice Sabuni et d'autres que je connais presque tous. Seulement, ce n'est pas avec ces gens que vous pouvez connaître la vérité sur Kabila et sur son combat ! 
Quand j'ai commencé à travailler sur l'histoire du maquis de Pierre Mulele, la toute première chose que j'ai faite, est de chercher à identifier et localiser les responsables et les militants qui ont été à coté de Mulele. 
Alors une question s'impose : qui sont les informateurs principaux de Erik Kennes, qui ont joué un rôle important au maquis de l'Est en 1964-65 ? Qui a-t-il identifié pour le renseigner sur la formation politique et militaire de Kabila en Chine en 1966-67 ? Quels sont les cadres principaux qui ont dirigé le maquis de Kabila à Hewa Bora de 1967 à 1977 et qui ont témoigné ? Quels sont les cadres qui sont restés au maquis pendant les années difficiles 1978-88 et qu'il a interrogés? Quels sont les compagnons de Mzee Kabila que Erik a interrogés sur leur participation aux tentatives de relancer la lutte armée au cours des années 1988-1996 ? 
Je ne comprends absolument pas comment on peut faire la biographie de Kabila, sans interroger Lwetsha, Sikatend, Mwati, Molelwa et les dizaines d'autres cadres qui ont vu Kabila à l'œuvre et qui l'ont suivi de 1964 à 1997… 
Le général Mwati, après avoir lu les innombrables erreurs et contrevérités contenues dans le livre de Erik Kennes, s'est exclamé : "Mais pourquoi ce monsieur n'a-t-il pas essayé de me contacter pour que je témoigne ?" Mwati, comme les autres compagnons de Mzee, n'avait aucun préjugé vis-à-vis d'un chercheur belge qui veut honnêtement connaître la vie et le combat de Laurent Désiré Kabila.

Erik a publié aux pages 38-39 de son œuvre un "Tableau des compagnes de Laurent Désiré Kabila", tableau qui comprend aussi les enfants que Kabila a eu avec ces femmes.
Erik a sans doute oublié plusieurs enfants de Mzee. Un jour je suis tombé sur un de ces oubliés : en 1998, j'ai vécu quelques semaines dans la maison d'Angélique Kikundi à Kitambo où séjournait aussi un jeune garçon congolais venu de l'Allemagne : c'était le fils de Laurent Kabila et de Catherine Yumbu, fils qui ne figure pas sur le tableau d'Erik…

En réalité, Erik, qui voulait mettre en carte la famille biologique de Mzee Kabila, a refusé pour une raison incompréhensible, de contacter la famille de Laurent Désiré Kabila pour se renseigner. Il était pourtant élémentaire de registrer tous les enfants de Mzee qui sont reconnus par la famille ! 
Est-ce qu'un auteur belge oserait écrire un essai biographique sur le Roi Baudouin de la Belgique sans discuter avec un seul membre de la famille royale ?
Si Erik a "oublié" plusieurs enfants de Mzee, il y en a aussi un qu'il a "ajouté" arbitrairement à la liste : il s'agit du fameux imposteur Etienne qui se dit "Kabila"… Nous y reviendrons

Si le livre de Erik est marqué par certaines faiblesses, il faut surtout souligner que sa publication est une excellente chose ! … L'essentiel est que désormais existe un "essai biographique". Ce n'est qu'un premier "essai" et il faut remercier Erik Kennes pour l'avoir réalisé. Les erreurs et les interprétations tendancieuses voire erronées que contient cet ouvrage, réveilleront de nombreux compagnons de lutte de Mzee Kabila. Jusqu'aujourd'hui, ces combattants et témoins n'ont pas pris la parole … 
Le livre de Erik a le grand mérite de placer l'histoire des maquis et des luttes politiques de Laurent Désiré Kabila au centre du débat. Beaucoup de militants congolais qui tiennent la vérité sur certaines épisodes de la vie et du combat de Mzee, ne comprenaient pas l'intérêt de ce qu'ils ont vécu ou n'étaient pas outillés pour transformer leur vécu en témoignage historique. Les interprétations fallacieuses inclues dans le livre d'Erik, mobiliseront ces militants et les pousseront à parler, à rectifier les erreurs, à apporter des témoignages uniques … En Afrique, des pans entiers de l'histoire disparaissent, chaque fois que les derniers témoins de grands événements meurent… 
Si l'ouvrage de Erik arrive à déclencher ce mouvement de témoignages, il aura grandement contribué à sauver la vérité sur les maquis et sur les luttes de Kabila. Que le Congo lui en soit reconnaissant…

Les origines de Joseph Kabila et les aventures de l'escroc Etienne Diari

Sur un point particulier, les Congolais rendent un hommage sincère à Erik Kennes : il a mis définitivement fin à l'intoxication relative à l'origine de Joseph et de Jaynet Kabila. Erik écrit à la page 298 : "Les nombreuses précisions que nous avons recueillies sur la naissance et la jeunesse de Joseph Kabila nous conduisent à accepter la version officielle : Laurent Kabila et Sifa Maanya sont effectivement les parents de Joseph Kabila."
Nous connaissons tous ce parti qui, en août 1998 s'est opposé farouchement à la résistance populaire de Masina, Kimbanseke et Ndjili lors de l'entrée des soldats rwandais, ougandais et rebelles dans ces communes. C'est à ce moment qu'un politicien bien connu a écrit : « Il n'y a aucune raison d'envoyer à la mort la jeunesse de notre pays, ... pour un problème politique principalement interne à la RDC qui peut être résolu autour d'une table de négociation en vue de conclure un accord politique global satisfaisant pour toutes les parties concernées. »
Aujourd'hui, ce parti est un des principaux alliés, sinon le principal, du Rwanda belliciste de monsieur Kagame. Certains idéologues de ce parti ont pris l'habitude de ne jamais prononcer le nom de Joseph Kabila, mais de parler systématiquement de "Joseph Kanambe, sujet rwandais…" Après le livre de Erik Kennes, tout patriote peut fermer le bec aux individus qui continuent à répandre l'intox : "Joseph Kanambe, Rwandais…"

Mais même après avoir écrit la vérité sur les origines de Joseph Kabila, Erik Kennes garde ses deux pieds plantés en Belgique, et il ne s'imprègne pas assez des réalités du Congo. Sinon, il n'aurait pas écrit à la page 21 : "Dieudonné Kasongo Kabwa, un des enfants de Taratibu et demi-frère de L D Kabila, a été nommé chef de famille. Joseph succède à son père comme président, mais pas dans les prérogatives de chef de la famille. D'abord, parce qu'il n'est pas le fils aîné. … Il a paru plus sûr de recourir à un demi-frère de Laurent Kabila. … Cet élément prouve que la position de Joseph Kabila dans la filiation n'est pas très claire." 
Le mot filiation renvoie à la descendance biologique. Erik affirme catégoriquement que Joseph Kabila est bel et bien le fils de Laurent et de Sifa Maanya, … pour insinuer une page plus loin que sa filiation "n'est pas claire". Or, il faut être logique : une fois que Erik a dit que Laurent et Sifa sont les parents de Joseph, il a tout dit sur la filiation, qui est donc "très claire"
Erik est tombé dans le désarroi parce qu'il a confondu deux choses qui n'ont absolument rien en commun : la filiation de Joseph et les règles qui déterminent la préséance dans la famille africaine. Le chef de famille est toujours un homme, un "sage", appartenant à la génération des plus anciens. Tous les descendants de cette génération, sont collectivement appelés "nos fils et nos filles". Quand un demi-frère de Laurent Kabila est encore en vie, il est impossible qu'un de "ses fils", en l'occurrence Joseph, devienne chef de famille.

L'année passée, nous avons assisté au mariage de Cécile Kabila, sœur cadette de Joseph et Jaunet, avec un citoyen américain, Eric Chi. On m'a dit que la famille de ce dernier s'est présentée chez le président Joseph Kabila pour traiter de la cérémonie traditionnelle et de la dot. Joseph Kabila a bien sûr dit : "Il y a un chef de la famille reconnu par tous, c'est Dieudonné Kasongo Kabwa. Il faut vous adresser à lui…" Bref, il n'y a aucun rapport entre la filiation de Joseph Kabila et le choix du chef de la famille.

Quand Erik traite de la naissance de Joseph et Jaynet, il donne dans "l'à-peu-près" qui nuit à son ouvrage. Il dit à la page 298 : "L'accoucheuse des jumeaux se serait appelée Mbekembeke Kisale, féticheuse de Kilenga Saleh, puis féticheuse de Kabila pour le protéger au maquis contre les forces maléfiques. Plusieurs éléments contredisent l'affirmation que Kabila ne croyait pas à la sorcellerie." 
L'accoucheuse s'appelait effectivement Mbekembeke Kisale : avec un peu d'effort Erik Kennes aurait pu en obtenir la confirmation chez de nombreux partisans. Le général Mwati m'a dit à ce propos ce qui suit. "Mbekembeke Kisale était une accoucheuse traditionnelle que moi, en tant que principal responsable du service médical, j'encadrais. Elle a d'ailleurs aussi fait l'accouchement de ma femme lorsqu'elle a mis au monde notre bébé. Des gens non familiers avec le maquis ont confondu accoucheuse traditionnelle et féticheuse. La révolution de 1964 était dominée par une présence générale de fétiches collectifs. Cela n'existait plus du tout dans la nouvelle révolution de Kabila en 1967-77. Kabila était contre les fétiches, c'était une des fameuses 7 erreurs de la révolution de 1964."
A la page 283, Erik revient sur ce thème en écrivant : " Les combattants qui se trouvent à ROS (Kabambare) se démobilisent à partir de 1980, tandis que leur chef, Jean Mpolo regagne le Quartier Général où il est emprisonné et meurt de la maladie du sommeil. On nous a dit que Mpolo avait tué le féticheur du PRP, M. Lulako Hemedi, ce qui indiquerait que le mouvement marxiste n'était pas exempt de pratiques magiques…"
A ce propos, le général Mwati a eu ce commentaire : "Lulako Hemedi était également un guérisseur traditionnel, qui était sous mon autorité comme d'autres guérisseurs tels que Kimbulu, Shindanu Mukelo, Sombelungu Bita, Kasisa Songo, Bululu… Dans la révolution du PRP, Kabila a toujours combattu la croyance dans les fétiches qui avait fait tellement de tord à la révolution de 1964-64. Bien sûr, nous ne pouvions pas interdire aux masses d'avoir certaines croyances, mais nous les avons éduquées pour qu'elles adoptent une vision plus correcte. En plus, le chef Jean Mboko ne pouvait pas tuer quelqu'un, ce n'est pas lui qui décidait : dans toute affaire de justice, il y avait toujours une commission et une décision populaire."

Revenons sur l'escroc qui s'est présenté comme étant Etienne Kabila, fils aîné de Mzee Kabila. Sans apporter preuves ou indications, Erik affirme catégoriquement que cet individu est effectivement le fils aîné de Laurent Kabila. Kabila aurait contracté un mariage avec Françoise Kiza au camp d'entraînement de Kigoma début 1965 et Etienne, leur fils, y serait né le 22 décembre 1965. Remarquons que lors de sa conférence de presse à Sun City, Etienne mentionnait le 22 décembre 1969 comme sa date de naissance. 
En 1965, Kabila n'avait pas de camp d'entraînement à Kigoma et aucun partisan n'a vu Kabila vivre pendant toute cette année avec une femme appelée Kiza. 
Quant à la naissance de Etienne en décembre 1969 : cela est simplement impossible parce que Kabila n'a jamais quitté le maquis entre 1967 et 1977 et Kiza n'y a jamais été !
Umba Johnson, qui était à côté de Laurent Kabila de 1960 à 1968, nous a déclaré ceci : "Le père d'Etienne était Diari Raphaël Kanezulu. Il était un des 20 combattants qui, le 27 octobre 1967, ont traversé le Lac pour organiser le maquis du PRP. Diari était parmi eux et Françoise Kiza se trouvait déjà à Kalemie. Diari est sorti assez vite du maquis et s'est rendu à Kalemie où il a connu Kiza qui l'a envoyé auprès de Mobutu. Mobutu pensait pouvoir utiliser Diari contre Kabila et il l'a obligé de retourner à Kalemie avec la mission d'infiltrer le maquis et de tuer Kabila. Mais Diari a refusé d'exécuter cet ordre et Mobutu l'a fait fusiller."

Revenons sur Etienne, le prétendu fils de Laurent Kabila. Le livre de Erik lui-même contient assez d'éléments pour conclure que cet Etienne est bel et bien un imposteur.
J'essayerai d'en faire la démonstration. 
Erik nous apprend ceci. Adrien Kanambe était un originaire de Rutshuru, un révolutionnaire congolais rwandophone, qui est devenu un grand chef militaire au maquis du PRP. Il est mort au combat lors de Moba II. Nous y reviendrons.
Erik nous apprend aussi que Kanambe a eu un fils avec Kestina Mbeya, fils qui s'appelle Selemani et qui avait presque le même âge que Joseph Kabila. Ces deux enfants ont été confiés à Honorine Mbeya. 
Et Erik écrit : "Ceci a donné naissance à la rumeur que Kanambe était aussi le père de Joseph…"
Erik note aussi : "Etienne prétend que Joseph Kabila est le fils de Christopher Kanambe et de Marceline."
En réalité, cela aurait dû suffire pour que Erik conclu que ce fameux Etienne n'est qu'un escroc, un petit voyou typiquement zaïrois…
En effet, Erik Kennes nous apprends ici que Etienne ne connaît pas le prénom de Kanambe et qu'il ne connaît pas non plus le prénom, ni le nom de la femme de Kanambe !
En effet, Kanambe ne s'appelle pas Christopher, mais Adrien. 
Sa femme s'appelle Kestina, ce que l'escroc Etienne ignore. 
Le voyou zaïrois a probablement entendu parler vaguement des deux sœurs Mbeya. De la mention des noms Kestina et Honorine, il a gardé un souvenir imprécis et il a lancé dans une conférence de presse que la femme de Kanambe s'appelait : Marceline….

Un petit escroc se serait limité à ça. 
Acceptons un instant que le fameux Etienne se croît honnêtement être le fils aîné de Mzee Kabila. 
Etre le fils aîné entraîne certaines responsabilités en Afrique. Etienne, "fils aîné de Mzee", devait nécessairement avoir de l'amour pour ses jeunes frères et sœurs. Mais non ! 
Notre Etienne est un véritable méga-escroc de la génération Mobutu. Excité comme un taureau espagnol devant un drapeau rouge, il fonce ! Lui, le Zaïrois, qui se prétend fils du Président, veut maintenant prouver que Joseph n'est pas le fils de Laurent Désiré Kabila ! 
Celui qui veut prouver trop, ne prouve rien du tout et donne seulement la preuve d'être effectivement un imposteur… 
En effet, après de laborieuses recherches, Erik Kennes, que personne ne peut suspecter d'être un fanatique de Mzee, est arrivé à la conclusion que Joseph est effectivement le fils de Laurent et de Sifa… Et puis : si cet individu qui s'appelle Etienne, était réellement le fils aîné de Mzee, il aurait aussi un minimum de respect pour les combattants qui ont été avec Laurent Kabila à Hewa Bora. Tous les hommes et les femmes qui ont vécu en 1971-78 dans le maquis, affirment catégoriquement que Joseph et Jaynet sont bel et bien les enfants de Laurent Kabila et de Sifa Maanya.
Dans le livre d'Erik Kennes, nous apprenons à la page 301 que notre escroc est aussi un voyou. 
Lui qui se prétend "le fils aîné de Mzee" devait avoir un minimum de la considération pour son "jeune frère Joseph". Mais non, il se met à délirer et il pousse l'outrecuidance jusqu'à accuser Joseph Kabila d'avoir été "l'artisan de l'assassinat de Laurent Kabila…".
Ce fait aurait dû suffire à notre ami Erik Kennes pour classer le fameux Etienne parmi les pires charlatans...

Ajoutons que Erik a commis à ce propos aussi une faute de méthodologie. Alors qu'il rapporte pas mal de rumeurs sans fondement, il semble ignorer que les prétentions de monsieur Etienne ont été contestées publiquement à Kinshasa. Plusieurs journaux de Kinshasa ont publié des articles pour contredire les prétentions d'Etienne. Et Kiza, la mère d'Etienne, elle-même, a déclaré en public qu'Etienne n'était pas le fils de Laurent Kabila.
Voici le témoignage de Umba Johnson. "Kiza vivait à Matete, elle a déclaré n'avoir jamais eu un enfant avec Mzee, son témoignage a été filmé. Le père d'Etienne s'appelait Diari Raphaël Kanezulu. Nous avons traversé le Lac Tanganyka le 27 octobre 67 avec le noyau d'origine du maquis dont faisait partie Diari. Françoise Kiza était à ce moment déjà à Kalemie.
Plus tard, Diari est sorti du maquis et il s'est rendu à Kalemie où il a connu Kiza. Cette dernière l'a envoyé auprès de Mobutu. Mobutu a ordonné à Diari de retourner à Kalemie, de s'infiltrer dans le maquis et de tuer Kabila. Diari a refusé de collaborer. Mobutu l'a fait fusiller."

Le Grand Livre des Rumeurs

Au Congo, tout événement politique est immédiatement l'objet de campagnes de rumeurs, d'interprétations partisanes et d'intoxication. J'estime que notre ami Erik Kennes n'a pas fait preuve de la vigilance nécessaire à ce propos et qu'il a commis, pour cette raison, plusieurs erreurs dans le domaine de la méthodologie. Voyons quelques cas typiques.

Erik dit à la page 149 : "Selon un témoin, l'abbé Tara : Mitudidi a quitté le maquis du Kwilu avec Mukwidi par crainte de l'action violente à laquelle eux, les intellectuels, ne voulaient pas s'associer".
Je connais bien le début du maquis de Mulele pour avoir interrogé à Brazzaville, entre 1980 et 1985, un grand nombre de témoins privilégiés…
Si l'abbé Tara a effectivement dit cela, il a simplement fait une interprétation subjective du départ de Mitudidi et Mukwidi pour Kinshasa. 
Mais cela est peu probable, il faudra savoir dans quelles circonstances Tara a fait ce "témoignage". En effet, l'abbé Tara était tout à fait convaincu de la nécessité de l'action révolutionnaire pour libérer le Congo du néo-colonialisme. Il enseignait aux partisans l'expérience de la guerre du peuple en Chine. Au point que Tara a occupé à un certain moment le poste de toute confiance de la Sécurité de la Direction générale ! Et puis : Tara a aussi été instructeur militaire des partisans : il était un grand expert dans le tir à l'arc et il a assuré l'instruction en cette matière aux combattants ! 
Dans le cas précis du "départ" de Mitudidi et Mukwidi : l'abbé Tara était témoin de quoi ? Certainement pas de la "crainte" de Mitudidi et Mukwidi de la lutte armée qu'évoque notre ami Erik ! En effet, le premier jour du maquis de Mulele, au soir du 1er août 1963, il y avait cinq personnes présentes : Mulele, Bengila, Mitudidi, Mukwidi et Mukulubundu. 
Mitudidi et Mukwidi ont été envoyés le matin du 2 août à Kinshasa pour y convaincre les nationalistes de prendre les armes. Mulele et Bengila voulaient les faire venir au maquis du Kwilu pour s'y former et pour ensuite implanter le même type de révolution dans leur région d'origine.
Dans la suite, Mitudidi et Mukwidi sont devenus des chefs militaires de maquis importants. Mitudidi a été le chef d'état-major de Kabila et Mukwidi a dirigé le maquis de Mai Ndombe où il est tombé en martyre près de Nioki. Comment ces deux grands dirigeants révolutionnaires pouvaient-ils, après avoir passé une seule nuit avec Mulele au village Nkata, "quitter" le maquis par crainte de l'action armée que Mulele venait d'initier ?

Un autre exemple typique. A la page 150, Erik écrit que, selon Mitudidi, "Gbenye craignait que les dirigeants de l'Ouest prennent le contrôle du mouvement, crainte peut-être partagée par Soumialot et Kabila, mais ceci n'est qu'une hypothèse.".
Que Gbenye s'opposait à Mitudidi et Mukwidi était normal : nous avons ici la divergence irréductible, non entre l'Est du Congo et l'Ouest, mais entre révolutionnaires conséquents et réformistes.
En science, on peut formuler toute sorte d'hypothèses, mais il faut les vérifier avant de publier un livre ! Erik ne l'a pas fait et, dans ce cas, il ne s'agissait pas d'hypothèses, mais d'intox. 
Comment Kabila pouvait-il craindre qu'un dirigeant de l'Ouest prenne le contrôle de son mouvement ? C'est une hypothèse qui fait de Kabila un régionaliste borné. Mais nous savons, et Erik Kennes sait, que c'est Kabila lui-même qui a nommé Mitudidi chef de l'Etat-major de son armée sur le front de l'Est ! 
Et il y a plus : Kabila, le nationaliste, l'anti-tribaliste et l'anti-régionaliste, a nommé ensuite un autre dirigeant de l'Ouest, un autre compagnon de Pierre Mulele, Gabriel Yumbu, vice-président du PRP !
Alors, qu'est-ce qui reste de l'hypothèse que Kabila 'partageait la crainte que les dirigeants de l'Ouest prennent le contrôle du mouvement' ?

A la page 281, Erik Kennes écrit : "Kabila aurait été capturé plusieurs fois par les FAZ, mais il a toujours réussi à se faire libérer sur une promesse de paiement d'une quantité d'or aux soldats ravis". 
Cette histoire n'est absolument pas crédible. 
Qu'un Kabila "capturé", soit libéré en échange d'une quantité d'or, ça pourrait encore passer, mais libéré sur la seule promesse de l'or ? Quels soldats des FAZ vont libérer l'homme le plus recherché du "Zaïre" sur une simple promesse ? 
Le général Mwati a posé la question : "Mais Kabila aurait été capturé où ? Il ne se déplaçait pas, il était le chef suprême !"
Si Kabila avait été arrêté par les FAZ, tous les combattants l'auraient su. Il y aurait eu des discussions très chaudes sur les circonstances qui ont permis que le chef soit capturé par l'ennemi, et sur la responsabilité de certains commandants et partisans dans cette affaire. Si Kabila avait été fait prisonnier par l'ennemi, il est évident qu'au moins un partisan aurait témoigné : "J'étais avec Mzee, il a été pris par l'ennemi et voilà comment nous l'avons libéré en échange de l'or."
Et puis, si Kabila avait été arrêté par les FAZ, il est évident que cela se saurait chez Mobutu ! Et ceux qui auraient libéré Kabila, seraient sans doute fusillés pour complicité avec l'ennemi !
Il est impossible qu'aucun soldat des FAZ n'ait témoigné sur un épisode aussi spectaculair. Il y aurait eu des aveux de soldats : "Nous avons pris Kabila à tel endroit, mais le commandant X l'a libéré pour de l'or."

Erik écrit à la page 2002-203 : "Il est surprenant, pour le moins, qu'un groupe de Luba puisse se faire accepter par les Bembe qui les avaient vivement critiqués l'année d'avant. Selon nos sources, le critère essentiel a été l'accès aux contacts et au financement extérieurs.…Ces contacts restent essentiellement chinois. Selon deux de nos interlocuteurs, Kabila amène…des photos de propagande de Pékin qui ont fait croire aux combattants Bembe qu'à la frontière congolaise des hordes de Chinois n'attendaient que le signal de Kabila pour venir leur prêter main forte." 
On comprend que pour un "témoignage" aussi creux et grotesque, les informateurs de notre ami Erik Kennes ont tenu à se draper dans l'anonymat. 
Nous ne voyons rien de "surprenant" à ce que des révolutionnaires luba soient acceptés par des nationalistes révolutionnaires bembe… Ne s'étonne que celui qui a un esprit tordu par l'ethnicisme. 
La grande majorité des populations bembe est nationaliste de longue date. Ces masses ont constaté que l'échec de la révolution de 64-65 a été causé par plusieurs facteurs : l'individualisme des chefs, le manque de conscience politique, les espoirs placés dans l'aide qui devait venir de l'étranger, l'utilisation de fétiches pour compenser l'absence de connaissances militaires… 
Et le tout jeune chef, Laurent Kabila, n'était pas souvent au maquis en 64-65. 
Le Kabila qui rentre au Kivu en octobre 1967 est un homme complètement transformé par ses six mois de formation politico-militaire en Chine. Le général Sikatend nous a déclaré : "Le groupe de Kabila a été accepté en 1967 par les Babembe à cause de son discours politique, ils ont cru en ce groupe. Kabila et ses hommes sont venus sans argent, mais ils avaient des idées politiques claires et justes. Les Babembe n'étaient pas tribalistes : ils acceptaient toute personne qui avait les idées du sauveur Patrice Lumumba. A cette époque, l'unique idée qui mobilisait le peuple était la Patrie et le Changement. L'élément clé pour comprendre le maquis de Kabila, c'est l'esprit très patriotique et révolutionnaire qu'avaient les masses bembe.".
Ici aussi nous constatons que Erik s'est fié à des informateurs adversaires de Kabila et qui ne pouvaient pas connaître et analyser les véritables motivations des combattants. Les masses bembe qui ont suivi Kabila et le PRP sont décrites comme un assemblage d'individus cupides à la recherche de financements extérieurs et de contacts à l'étranger. Or, il suffit de discuter avec les cadres et combattants qui sont effectivement restés avec Kabila entre 1967 et 77 pour comprendre qu'Erik s'est laissé "intoxiquer" par des éléments hostiles au PRP ou par des ignares.
En effet, tous les témoins affirment que l'enseignement des "Sept Erreurs" à été à la base de l'éducation politique pendant toute la durée du maquis. La deuxième erreur consistait à "compter sur les aides extérieures étrangères pour remporter la victoire"
Quand Erik écrit que le critère essentiel pour l'adhésion des Babembe à la lutte de Kabila et du PRP a été "l'accès au financement extérieur" il s'est fié aux dires des ennemis du PRP et il n'a fait aucun effort pour vérifier cette rumeur. En effet, où, quand et par quel biais est que ce fameux "financement extérieur chinois" serait arrivé à Hewa Bora ? C'est une simple fiction. 
Même l'apport d'armes chinoises au maquis du PRP a été extrêmement limité. Le général Mwati affirme ne jamais avoir vu une quelconque aide militaire de Beijing. Il m'a dit : "Après une année de formation politique dispensée aux militants, a commencé, enfin, en 1968 la "Longue Marche" dans villages et les cantonnements avoisinant Hewa Bora. On a récupéré beaucoup d'armes et de munitions. On a dû les cacher dans des rochers. Je peux jurer que depuis mon arrivée au maquis, je n'ai vu aucune arme, aucune balle qui était venue de l'extérieur pour approvisionner Hewa Bora."
De même, le général Mwati contredit catégoriquement l'affirmation que Kabila manipulait des photos pour faire croire que "des hordes chinoises" étaient prêtes à descendre en armes pour "assister" la révolution congolaise. Ceux qui font ces déclarations sont des imposteurs ou des fabulateurs et ce n'est pas avec des personnages pareils qu'on peut écrire l'histoire. Mwati : " Des hordes de chinois qui allaient venir nous aider ? Mais c'est un mensonge, c'est le contraire que Kabila enseignait. La deuxième erreur de la révolution de 1964 était : "Compter sur l'aide extérieur". Kabila enseignait que l'effort interne est essentiel pour la révolution, qu'il ne faut jamais compter sur l'aide extérieur.
Il répétait toujours et partout : "Kudji te gemea" : Compter sur nos propres forces."

Des assassinats imaginaires en série !

Quand j'ai lu l'ouvrage d'Erik, j'ai souvent eu l'impression de parcourir le Grand Livre des Rumeurs… Une des lignes directrices qui se dégagent du livre est résumée à la page 231 : "Chez les témoins directs ou indirects du maquis une accusation revient : Kabila veut établir son autorité absolue, jusqu'à faire éliminer tout cadre qui pourrait lui porter ombrage." 
Ce qui revient à dire que Kabila a été un tyran sans scrupules, qui, selon les témoins directs et indirects, faisait tuer les cadres dès qu'ils lui portaient ombrage.
Cette thèse n'est pas seulement repoussée avec indignation par tous les cadres qui se sont battus pendant de longues années aux côtés de Mzee, mais elle est, dans le livre d'Erik, uniquement basée sur des rumeurs, des "on dit" et de l'intox…
Ouvrons donc le Grand Livre des Rumeurs sur le chapitre consacré aux "assassinats" de Kabila…

Au Katanga, la lutte pour l'indépendance a été marquée par l'antagonisme entre le Conakat de Tshombe, qui acceptait une indépendance formelle et exigeait un état fédéral, et la Balubakat, dans sa majorité nationaliste et unitariste. 
Un groupe d'enseignants avait été envoyé juste avant le 30 juin 1960 à E'ville pour un recyclage. A leur retour, ils étaient considérés comme sympathisants de Tshombe et de la Conakat. Parmi eux, Taratibu, le père de Laurent Kabila, considéré comme l'"ami des Belges". Avec six autres, il fut arrêté par "le Sénat" d'Ankoro - organe de lutte nationaliste - et tabassé. 
Finalement trois personnes furent condamnées à mort, Taratibu, Mujinga et Kifwa Gérard. Ils ont été exécutés le 13 novembre 1960 par la jeunesse d'Ankoro au village Kazungu. 
Erik Kennes écrit à la page 65 : "Selon plusieurs témoins, Kabila était présent lors du massacre d'Ankoro. Les uns prétendent qu'il a activement participé aux assassinats (cela paraît fort peu probable), d'autres avancent qu'il était révolté et résolu à se venger."
En fait, c'est ainsi que le livre de Erik Kennes crée insidieusement l'image négative de Laurent Kabila : c'est un homme qui pourrait bien avoir participé à l'assassinat de son propre père, quoique cela soit peu probable…
Erik publie à la page 342 un long témoignage de Ildephonse Mwamba, un des six personnes arrêtées avec Taratibu et "jugées". Il est évident que si le fils de Taratibu avait participé à l'assassinat de son père, ce témoin l'aurait évoqué. Il ne la fait pas. 
Le même témoin mentionne qu'un "grand camion de 10 tonnes plein de jeunes de la Balubakat d'Ankoro suivait et ils seront présents lors de l'exécution". Tous ces jeunes d'Ankoro connaissaient Laurent Kabila. Si ce dernier aurait participé à l'assassinat de son propre père, tout le monde aurait parlé de ce crime abominable. Il est donc évident que les "rumeurs" sur la participation de Kabila ne sont que de l'intox…
Mais le ton est donné : à tout propos, on peut mentionner des rumeurs malveillantes qui finalement façonnent l'image d'un Kabila impitoyable, cruel et assassin…

A la page 140-141, Erik Kennes discute l'élimination de Jason Sendwe lors de la deuxième prise de Albertville par les forces armées nationalistes. Il conclut que la version qui impute cette élimination au commandant lumumbiste Saidi Saleh Mukidadi, est le plus vraisemblable. Le commandant a voulu se venger de la dure répression qui a suivi la première prise d'Albertville, le 27 mai 1967. 
Mais ensuite, Erik ajoute ceci. "Quelques jours après les faits, des rumeurs persistantes font état de la responsabilité directe de L. Kabila et I. Masengho dans la mort de Sendwe"."Tous les témoignages concordent sur volonté Kabila ne pas tuer Sendwe. Et au moment de la deuxième prise d'Albertville, Kabila n'était pas sur place". "L'implication de Kabila n'est pas du tout prouvée." Une fois qu'il est prouvé que Kabila n'était pas à Albertville lorsque Sendwe a été éliminé, la conclusion s'impose que Kabila n'est absolument pas impliqué dans cette affaire. 
Dire que son implication n'est pas prouvée, laisse entendre qu'un jour les preuves de cette implication pourraient être avancées… Puis Erik dit : "Tout au plus pourrait-on dire que Laurent Kabila a contribué à créer un climat propice à l'assassinat de Sendwe". Dans quel "climat" Saidi Saleh Mukidadi a-t-il tué Sendwe et comment pouvez-vous prouver que Kabila a aidé à créer ce "climat" particulier ? C'est une affirmation gratuite qui n'est basée sur rien, mais qui nous présente déjà un Kabila "créateur de climats propices à des assassinats"

A la page 189, Erik Kennes écrit : "Selon une source, L. Kabila a prétendu en 1968 (avec ses adjoints Umba Jeanson et Muyumba, avoir liquidé les "traîtres" Bocheley-Davidson et Thomas Mukwidi, un proche de Mulele." 
La source que Erik cite ici est le CEDOPO de André Louagie, ancien cadre de la Sûreté belge au Kivu et Katanga ! Pourquoi sortir une "information" policière qui est probablement de l'intox ? 
Et effectivement ; Erik Kennes affirme ailleurs dans son livre que l'assassinat de Bocheley par Kabila n'est effectivement que de l'intox. Kennes rapporte de source sûr que Bocheley avait pénétré fin 1967 dans le maquis contrôlé par Soumialot. Les hommes de Soumialot ont donné l'alerte qu'un traître s'approchait. Et, en conséquence, un des chefs du maquis, Mushubasi, a tué Bocheley. 
Quant à Mukwidi, il n'a jamais mis les pieds au maquis du Kivu, il opérait à partir de Brazzaville et il a créé un maquis dans le Mai Ndombe. C'est là qu'il sera tué en 1968 dans les environs de Nioki.

Et les accusations sanglantes vont crescendo. A la page 232 nous lisons ceci. "Par son comportement personnel, Kabila n'a jamais réussi à garder longtemps ses collaborateurs. Des soupçons ont pesé sur Kabila pour la mort de Masengho. Ils étaient effectivement en conflit de leadership et aucun des deux n'était de tempérament conciliant. On a révélé aussi que la veuve de Masengho se trouvait à côté de Maman Sifa lors de l'enterrement de Kabila." 
Que la veuve de Masengho était à l'enterrement de Kabila aux côtés de Sifa, est plutôt une indication claire que les bruits de l'implication de Kabila dans la mort de Masengho ne sont que de l'intox !
Le simple fait que Masengho est mort au maquis, suffit à Erik pour dire que "Kabila ne peut pas garder longtemps ses collaborateurs" et que des "soupçons pèsent sur Kabila pour la mort de Masengho". Aucun semblant de preuve, nous sommes dans le domaine des rumeurs gratuites et de l'intox pure. Est-ce ainsi qu'en Belgique on apprend à écrire l'histoire de la révolution congolaise ?
Il n'était absolument pas difficile pour le chercheur qu'est Erik Kennes de vérifier les rumeurs qu'il a captées. Il lui suffisait de contacter un des fidèles de Kabila. 
Et c'est ce que j'ai fait. 
Je suis allé voir le général-major Lwetscha pour demander s'il y a des témoins de la mort de Masengho. Bien sûr, il y en a. 
Trois jours plus tard, je me trouvais chez Lwetscha en compagnie du major Henri Mastaki. Il m'a sorti immédiatement une liste de 12 noms, à commencer avec celui de Masengho et le sien. Ils étaient 12 chefs politiques et militaires, envoyés en mission pour organiser le maquis dans les six zones de Kongolo, Kabalo, Nyunzu, Kalemi, Moba et Manono. Les 12 chefs étaient accompagnés d'une escorte.
Ils sont partis de Makanja, centre du maquis de Kabila, le 9 mars 1969. Le 13 mars, ils devaient passer Lulimba vers 05h00, mais il faisait déjà clair lorsque les combattants n'étaient pas encore loin de ce village. Des gens ont remarqué des traces fraîches. Peu après, le groupe a été attaqué par surprise par les FAZ et Jean René Lambo a été arrêté. 
Les autres combattants se sont regroupés au sommet d'une montagne le 14. Ils y sont restés jusqu'au 16 et ont marché ensuite dans la direction de Force Bendera. Le 16, ils sont arrivés devant la rivière Kimbi qui était en cru. Ce n'est que le 19 qu'ils ont réussi à traverser l'eau. Les poursuivants étaient toujours sur leurs traces. Deux combattants se sont noyés. 
Devant une autre rivière difficile à passer, une partie du groupe, avec Masengho, traverse, les autres cherchent de l'aide chez les villageois. Le 25, ils entendent tout près des coups de feu des FAZ. Les partisans décident de traverser l'eau au risque de mourir plutôt que de tomber dans les mains des mobutistes. 
Le 26 mars, de l'autre côté de la rivière, ils trouvent les traces du groupe Masengho. Elles conduisent vers le village Kianga, un village de pygmées. Le chef leur dit que leurs amis sont tout prêts. Ils suivent le chef… mais sont conduits chez les FAZ de Jean Mulula. Nous sommes le 28 mars. Masengho avait déjà été arrêté plusieurs jours auparavant. 
Le 2 avril, tout le monde est conduit à Kalemie. Les FAZ font des meetings dans différentes localités pour annoncer que Masengho, le bras droit de Kabila, est arrêté. De Kalemie, les combattants sont amenés le 19 avril à la base de Kamina et le 20 à Lubumbashi. Le 21 avril, Masengho et Fumbu Mwemedi sont séparés du reste du groupe qui est mis dans des cachots au Camp Simonet. Le 24 avril, Henri Mastaki voit arriver l'escorte de Masengho. Elle lui apprend que le chef a été condamné par une cour où figuraient Jean Mutombolo et le capitaine Ndele. Ensuite Masengho a été exécuté à la prison de Kasapa. 
Alors, après cette petite vérification, que reste-t-il de l'affirmation que "Kabila n'a jamais réussi à garder longtemps ses collaborateurs. Des soupçons ont pesé sur Kabila pour la mort de Masengho" ?

A la page 235, Erik Kennes nous apprend que Kibwe Cha Malenga, un intellectuel marxiste-léniniste bien formé, est tombé dans une embuscade des FAZ en novembre 1978. Puis il commente : "C'est cette disparition qui va contribuer le plus à alimenter les rumeurs imputant à L. Kabila de multiples trahisons de ses propres cadres qui étaient susceptibles de lui porter ombrage. Dans ce cas précis, il n'est pas impossible que Kabila se soit réjoui de l'élimination de Kibwe : ce dernier avait été son adversaire politique". "De nombreux soupçons planent sur Kabila pour l'élimination de Kibwe Cha Malenga. Selon un témoignage la femme de Kibwe logeait chez Kazadi Nyembwe ; elle aurait eu après la disparition de Kibwe, un enfant de Kabila." 
Il ne nous sera pas difficile de démontrer une fois de plus que le moulin à rumeurs et la fontaine de l'intox ont à nouveau fonctionné à l'intensité maximale. 
Que la femme de Kibwe loge chez Kazadi et qu'elle aura un enfant de Kabila : quel rapport avec l'insinuation que Kabila a été pour quelque chose dans la mort de Kibwe ?
J'ai demandé au général Mwati s'il y avait des témoins de l'embuscade dans laquelle Kibwe est tombé. Il m'a dit ceci. "Non, parce qu'il n'y a pas eu d'embuscade ! Mais je suis bien au courant de ce qui s'est passé avec le groupe de Kibwe, ma femme Jeanne Balolwa en faisait partie. En 1978, nous étions à Wimbi, près du Lac. C'est à ce moment que la famille la famille de Kabila, avec Sifa, Jaynet et Joseph, a traversé pour la Tanzanie. Là-bas à Wimbi, il n'y avait plus de nourriture dans la forêt. Il fallait rentrer à Hewa Bora. Une première colonne avec l'Etat-major général, a pris la route vers Hewa Bora. Puis, deux semaines plus tard, une seconde colonne est partie avec l'état-major particulier de Kabila, dont Delphin Ngoma était le chef. S'y trouvaient : Kibwe Cha Malenga, Salumu, mon épouse, ainsi que Kulimba Agnès, l'épouse de Kibwe.
Dans ce groupe, personne ne connaissait la région, et tous étaient en train de mourir de faim dans la forêt. Ceux qui étaient robustes persistaient, les autres restaient derrière. Morton Kibungu a devancé cette colonne pour nous prévenir : 'L'état-major particulier ne peut plus, il faut aller les aider.'
Entre-temps, Ngoma et Kibwe avaient décidé de retourner vers le Lac. Ils sont tombés sur le village Mapapaye… où il y avait une troupe des FAZ. Il n'y a pas eu de combat. Les combattants, complètement épuisés par la famine, se sont rendus. On les a amenés à Kalemie, et là les femmes ont été libérées. Ngoma a survécu. Kibwe Cha Malenga a été arrêté, emprisonné et tué quatre années plus tard dans la prison de Luzumu au Bas-Congo…Erik Kennes reconnaît que "c'est la mort de Kibwe qui a contribué le plus à alimenter les rumeurs imputant à Kabila de multiples trahisons de ses propres cadre." 

Après la petite vérification que nous avons faite, que reste-t-il de l'accusation grave que Kabila a trahi beaucoup de ses cadres qui pourraient lui porter ombrage ? Rien.

Après les insinuations que Kabila a fait tuer deux de ses plus proches collaborateurs, Erik Kennes évoque une troisième "condamnation à mort décidée par Kabila". Ce dernier cas montrera de façon encore plus dramatique que les rumeurs et intoxications habituelles dans les milieux politiques zaïrois peuvent mener un chercheur européen non averti à sa perte… 
Nous parlons de la mort d'Adrien Kanambe, l'homme que nous avons déjà rencontré en sa qualité de "Rwandais, père biologique de Joseph Kabila". Nous entrerons maintenant en contact avec un Kanambe exécuté de façon barbare par … Laurent Kabila et cela à trois reprises! 
Décidément, il était très méchant, ce Laurent Désiré Kabila !
A la page 264, Erik écrit : "Des rumeurs persistantes font état de certains décès 'voulus' par Kabila pendant les guerres de Moba. Un jeune dirigeant apparemment populaire, Adrien Kanambe, est tué lors de la première guerre de Moba, Kabila s'étant, selon la rumeur, ainsi débarrassé d'un leader qui pourrait lui porter ombrage."
En réalité, après la défaite de Moba I, une réunion de la direction du PRP a décidé que Kanambe devait maintenir un maquis dans la région de Moba, organiser l'espionnage sur l'ennemi et protéger la population contre les représailles des FAZ. Mais de sa propre initiative, Kanambe a abandonné la population qui est tombée victime d'une répression féroce. Adrien Kanambe fut jugé, condamné, dégradé et puni aux coups de fouet. 
Adrien Kanambe, déjà tué par Kabila lors de la première guerre de Moba à en croire la page 264 du livre d'Erik, sera le seul ressuscité du maquis qui aura l'honneur, selon la page 291 du même ouvrage, d'être assassiné une seconde fois "dans cette seconde attaque de Moba et cette mort passe pour une condamnation décidée par L. Kabila".

Etre tué à deux reprises par ce même personnage méchant qui s'appelle Laurent Kabila, c'est bien sûr une affaire très grave. Erik Kennes le confirme à la page 291 : "En tout état de cause, cette affaire joue un rôle important dans la désintégration du PRP, servant de justification à la contestation du style autoritaire de son Président." Nous sommes donc invités à croire que Mzee Kabila a été excessivement autoritaire et dictateur pour avoir tué Kanambe lors de Moba I et de l'avoir achevé une seconde fois lors de Moba II en 1985. 
Précisons tout de suite que Kabila n'a pas tué Kanambe lors de Moba I, ni lors de Moba II…
Mais nous sommes en pleine lecture des aventures rocambolesques du Livre des Rumeurs. 
En cette manière Erik est rigoureux. Et les Rumeurs, qui ont tué Kanambe à deux reprises, peuvent évidemment le massacrer une troisième fois. 
Et effectivement, Erik nous présente à la page 291 la troisième version de la mort du vaillant Adrien Kanambe à Moba. "Cette exécution serait liée à l'assassinat, par Kanambe, d'un combattant du nom de Domo Ramassani, pour avoir ravi son épouse, Mme Sipola, la sœur de Yermos Lukole Madoa Doa. Elle fut la première amante de Laurent Kabila à son arrivée à Lulenge." 
Et voilà comment le méchant Kabila, ex-amant de Sipola, dont le mari, Ramazani, a été tué par Kanambe, peut bien avoir trouvé dans cette affaire louche une raison pour organiser ce troisième assassinat de Kanambe…
Le général Mwati a eu loisir d'observer ces trois morts d'Adrien Kanambe… Sur la troisième, il m'a dit ceci : "Jomo Ramazani n'a été assassiné par personne, il est simplement décédé et son épouse Sipola est restée seule, elle n'a pas été ravie par Kanambe… "
Revenons une dernière fois sur la mort de Kanambe, sa quatrième mort et la vraie !
Le général Mwati a fait ce témoignage. "Kanambe a été tué lors de la seconde guerre de Moba par les FAZ. Le vaillant combattant a été tué par un obus qui l'a frappé de plein fouet. Moi-même, j'ai enterré le peu de ce qui est resté de son corps. J'ai seulement pu enterrer des morceaux d'un bras et des morceaux de la tête…"

A la page 231, Erik tire une conclusion générale de tous les "assassinats" qu'il a gratuitement attribués à Kabila : "Chez les témoins directs ou indirects du maquis du PRP, une accusation est récurrente : celle que L. Kabila veut établir son autorité absolue, refuse le dialogue et surtout la contradiction, et va jusqu'à faire éliminer physiquement tout cadre qui pourrait lui porter ombrage".
Nous avons prouvé en détail que tous les exemples que Erik Kennes utilise pour prouver que Kabila fait massacrer tous ses "concurrents" potentiels, sont faux et que Kabila n'était pour rien dans tous ces morts. La conclusion générale que Erik formule ici, affirmant que Kabila "fait éliminer tout cadre qui pourrait (!) lui faire ombrage", est une véritable aberration.

Les préjugés de notre ami Erik Kennes contre Laurent Désiré Kabila sont tellement tenaces, qu'il les a étendus au-delà des périodes des maquis de 1964-1995 jusqu'à l'émergence de l'AFDL. Erik écrit : "Le seul groupe armé "congolais" de quelque importance à cette époque est celui de Kissasse Ngandu. Pour L. Kabila, c'est le concurrent le plus direct dans la course au pouvoir. L'assassinat de Kissasse en janvier 97 par des soldats rwandais va donc lui rendre un fameux service." 
Nous savons comment Kissasse a été tué sur ordre de Kagame. La Sécurité ougandaise a déclaré en février 1997 ceci au général-major congolais Joseph Otenga, qui fut alors très proche de Museveni. "En route pour Bunia, le convoi de Kissasse Ngandu a été arrêté par l'officier rwandais Nziza. Ce dernier s'est approché de la voiture de Kissasse pour abattre ce dernier."
Ainsi, aux yeux de Erik Kennes, l'assassinat de Kissasse aurait rend un grand service à Kabila ? Ne dit-on pas qu'il faut analyser à qui profite le crime, pour en connaître le véritable instigateur ? L'insinuation est claire.
Mais pourquoi, Erik Kennes ne tire-t-il pas la conclusion opposée de cette affaire ? 
En effet, l'assassinat de Kissasse fut un désastre pour Kabila, puisqu'il perdait le seul dirigeant militaire nationaliste qu'il avait à ses côtés à la tête des troupes congolaises. Et puis, l'assassinat de Kissasse était aussi un avertissement clair à Kabila qu'il pourrait être la prochaine cible de Kagame….

"Au maquis, il n'y avait pas de 'dictature', mais un pouvoir populaire"

Dans le Maquis Imaginaire que notre ami Erik Kennes nous peint dans son essai d'autobiographie de Laurent Kabila, ce dernier apparaît comme un dictateur qui ne supporte pas la contradiction et refuse toute forme de dialogue. A la page 231, Erik dit : " Chez les témoins directs ou indirects du maquis une accusation revient : Kabila veut établir son autorité absolue, refuse le dialogue et surtout la contradiction." 
J'ai demandé l'opinion du général Mwati sur cette assertion. 
"C'est absolument faux que Kabila voulait avoir une autorité absolue sur tout. Seul les gens qui n'ont pas vécu avec Mzee ou les aigris et les traîtres peuvent avoir tenu des propos pareils à Erik Kennes. 
Pour chaque action à entreprendre, il y avait une Commission. On respectait ce que la commission avait décidé. Kabila laissait de l'autonomie à chaque département. Il disait toujours : 'Il faut réfléchir : est-ce que cela donne un avantage au parti ? Si oui, il faut le faire, si non, vous laissez tomber'.
En 1975, il y a eu une réunion du CC à laquelle j'ai assisté. J'étais au Secrétariat du CC. Kabila a dit lors de cette session : 'Cherchons à tout prix des intellectuels. Il n'y a pas de révolution sans intellectuels. Sans les intellectuels, la révolution est comme une termitaire, ça ne progresse pas, c'est comme une maison sans fenêtres et sans porte.'
Mzee n'était pas autoritaire, il formait les gens politiquement et ensuite il laissait les cadres gérer. 
Moi, lorsque j'étais assistant médical à Kasika, je pensais que ce Kabila était un voyou, un homme barbare, un homme qui a échoué dans la vie. Moi, j'ai chanté le MPR. J'ai été pris de force par l'Armée Populaire de Mzee à Kasika. J'avais donc des raisons pour être contre Kabila. 
Mais quand je l'ai vu pour la première fois, il parlait avec simplicité et précision, sans aucune brutalité.
J'étais étonné, je l'ai entendu parler, je l'ai écouté et j'ai été convaincu par ses idées politiques.
Quand je suis arrivé au maquis, je n'avais aucune notion politique, rien, absolument rien Je chantais Mobutu comme tout le monde. C'est ce grand homme, Kabila, qui m'a ouvert le cerveau. Des commissaires politiques de l'armée faisaient des causeries morales sur l'impérialisme. C'est au maquis que j'ai appris ce que l'impérialisme a représenté dans l'histoire du Congo. Maintenant, je suis capable de faire une analyse. Une autocritique et une réconciliation ont des principes. Qui a eu tord, qui a eu raison ? L'Accord global, c'est bon, mais il faut savoir qui a été fautif. A-t-il demandé pardon ? J'ai appris cela au maquis.
Kabila n'était pas non plus autoritaire lorsqu'il fallait prendre des décisions politiques ou militaires. Kabila ne décidait jamais seul, il soumettait toujours le problème au Comité Central, au Comité Révolutionnaire, au peuple.
Mzee n'acceptait jamais qu'on condamne quelqu'un sans qu'il soit entendu. Lorsqu'un informateur se présentait devant Mzee en parlant du mal de quelqu'un, Mzee lui demandait quels conseils il avait donné pour qu'il se corrige. Il arrivait que Kabila cherchait l'homme calomnié et qu'il le mettait face à face avec celui qui calomniait. Il demandait alors de répéter les accusations en présence de l'accusé.
Si monsieur Kennes avait eu la chance de vivre ne fut ce qu'une semaine au maquis avec Kabila, il n'écrirait pas ce qu'il a mis dans son livre…"

Et Joseph Mwati aborde un autre sujet qui a trait à la démocratie : les relations au maquis entre l'armée et les civils. 
"Lorsque Philippe Borel nous a visités à Hewa Bora, il a causé avec Onorate qui dirigeait l'Organisation des Femmes Révolutionnaires Congolaises à Fizi - Kilembe. Nous travaillions à l'émancipation de la femme. Euphrasie Manganza était la présidente du Tribunal Civil. Elle jugeait tout le monde. 
La population avait son mot à dire. Elle était organisée dans des Chembe Chembe.
Une personne qui se sent maltraitée, par exemple parce qu'on lui donne toujours beaucoup de travail dur, va se plaindre chez l'agent de sécurité. Celui a le droit d'interroger n'importe qui. Il va tenter de réconcilier les partis. Sinon, l'affaire passe au tribunal.
Pour de petits conflits, notre principe était de laisser passer une nuit et de rediscuter pour se réconcilier par la critique et autocritique. Si cela ne marchait pas, le chef du Chembe Chembe prenait l'affaire en main. Le chef militaire et les cadres politiques conseillaient.
Quand il y avait un cas de diffamation, de vol, d'adultère, l'affaire était soumise à l'agent de sécurité qui faisait un rapport pour l'échelon supérieur. L'Administration Civile Révolutionnaire vérifiait alors le cas et s'en chargeait. 
Mais si c'était un cas grave, elle le transmettait au Tribunal. Il pouvait s'agir d'une affaire de sécurité publique, de tentatives de démoralisation, d'incitation à la désertions, des vols graves…
Quand le tribunal condamnait un coupable à mort, est-ce que Kabila intervenait ? Ce n'était pas Kabila qui décidait, mais le peuple réuni ! Qui faisait les enquêtes ? Les Procès Verbaux ? C'étaient des représentants du peuple. Il n'y a jamais eu de tribunal plus démocratique, c'était le jugement par le peuple.
Nous étions libres, c'est une aberration de dire que le maquis était 'militarisée'.
Quand l'armée avait besoin de quelque chose, elle devait adresser une demande à l'Administration Civile Révolutionnaire dirigée par Malaka Baudouin. Cette organisation civile était libre, elle n'était pas dirigée par les militaires. Si des soldats de notre armée veulent loger dans une Cité agricole, ils devaient montrer leur ordre de mission. Des militaires malades qui voulaient séjourner dans une Cité agricole devaient aussi présenter une feuille de route qui indiquait d'où ils venaient, chez qui ils se rendaient pour quel motif et pour combien de jours? Le délai passé, les responsables de la Cité leur disaient de partir."

Voilà ce que Joseph Mwati avait à dire sur certaines erreurs graves de l'ouvrage d'Erik Kennes. Il y a des dizaines d'autres témoins qui connaissent des épisodes inconnus. Que l'exemple du général Mwati les encourage à parler…

A la page 264, Kennes écrit : "Kabila, qui n'écoutait plus ses conseillers, décida d'éradiquer la sorcellerie de son mouvement. Un tri se fait entre les gens considérés comme sorcier ou sorcière sur base de l'épreuve du 'mwavi'. La personne trouvée 'positive' est brûlée vive. C'est ce style de décision de Kabila, de plus en plus autoritaire, qui est à la base des tensions et des nombreuses défections." 
C'est ridicule d'affirmer que Kabila a "imposé" l'éradication des sourciers, et cela contre l'avis de ses conseillers. Quels sont ces conseillers que Kabila aurait dû "affronter" pour imposer sa "décision autoritaire" d'éradiquer les sourciers et sorcières ? 
La croyance dans la sorcellerie était très ancrée chez les Babembe, et l'épreuve du 'mwavi', entre autres pour découvrir les voleurs, les menteurs ou les sorciers, date déjà d'avant la colonisation. Kabila faisait la révolution avec les masses et il ne pouvait pas s'opposer directement à leurs croyances traditionnelles. Il arrivait qu'on condamne un sorcier à mort, qu'on le brûle vif. C'étaient les Babembe qui décidaient.
Kabila n'avait strictement rien à faire avec cette croyance dans la sorcellerie qui était générale chez les masses. Kennes cite "un témoin" qui aurait dit : "Kabila voulait obliger les sorciers et sorcières à lui céder leur pouvoir magique". Mais Kabila, qui ne croyait pas dans la sorcellerie, qu'est-ce qu'il allait foutre avec ce "pouvoir magique" ? La quatrième erreur qu'il enseignait avec constance, n'était-ce pas la croyance dans les fétiches ?

Le général Mwati a également témoigné sur l'utilisation du 'mwavi'. 
"Quand il y avait une affaire judiciaire, certains préféraient passer directement par le 'mwavi' pour prouver leur innocence ! Tout le monde croyait au mwavi. 
Moi, je pensais que les gens maigres et faibles devaient plus facilement s'effondrer après avoir bu le mwavi.
Mais un jour, il y a eu un problème avec le chef d'une cité agricole. Il était venu régulièrement retirer du maïs, des poissons, de la viande fumée du dépôt. Il prenait sans noter dans le carnet ce qu'il avait pris. Un jour, les responsables ont constaté que beaucoup de choses manquaient. Il y a eu un tribunal. Le chef de la Cité a dit qu'il n'avait rien pris. Le gardien disait : 'Le chef m'a dit de lui remettre beaucoup de choses et j'ai seulement obéi.' Le gardien était chétif, le chef un gars robuste de plus de 80 kilos. 
Le lendemain à 08h00, ils ont préparé la potion. Ce n'était qu'une petite quantité qu'il fallait boire. Chacun faisait le serment : 'Si c'est moi qui ai pris la nourriture du stock, que le mwavi me condamne'. Après trois minutes, le chef est tombé et a eu des convulsions…
J'ai réfléchi sur ce qui se passe au tribunal avec le mwavi. Il est possible que le mwavi ait un effet psychologique très fort sur celui qui se sait coupable...
Vers 1974-75, des agents de la sécurité mettaient beaucoup de poison, appelé mitembe, dans la boisson. Que tu sois coupable ou pas, tu tombais avec des convulsions et tu étais coupable… Quand une femme avait refusé les avances d'un agent de la sécurité, elle pouvait être faussement accusée et exécutée… 
Il y a eu une commission rogatoire et les agents de la sécurité sont eux-mêmes passés par le mwavi…"

En réalité, les anciens savaient quelle quantité l'homme pouvait supporter. Ils pouvaient donner des surdoses et ceux qui étaient mis à l'épreuve mourraient. C'était en fait le tribunal des vieux qui condamnait ou acquittait. Mais avec le mwavi, la condamnation ne venait pas des hommes, elle recevait un caractère mystique…

A la page 336, Erik Kennes donne sa synthèse sur le PRP et le maquis de Kabila : "Le PRP se situe entre un mouvement révolutionnaire avorté et un groupe de banditisme inavoué". "Le maquis de Kabila fonctionnait quelque peu comme un miroir du mobilisme. Le PRP est une réplique des structures d'autorité du système mobutiste."
Quand Kennes affirme que le PRP était à moitié un groupe révolutionnaire raté et à moitié un groupe de bandits, le général Mwati réagit avec indignation. 
"Ce monsieur ne sait simplement pas de quoi il parle et il n'a fait aucun effort pour connaître l'opinion de ceux qui sont restés longtemps avec Kabila et qui, à côté de ce grand homme, ont couru mille dangers et connu mille et une souffrances.
Kabila nous a toujours enseigné que notre armée révolutionnaire devait être le contraire de l'armée contre-révolutionnaire du MPR. Tous nos combattants connaissaient par cœur ce serment en Swahili 
"Nous sommes une véritable armée du peuple. Contrairement aux FAZ, nous ne devons pas faire souffrir la population, voler ses biens, la violenter, la tracasser, la rançonner ou l'insulter. Nous sommes issus du peuple et nous considérons les populations civiles comme nos parents. Nous nous sacrifions pour la nation et nous sommes prêts à verser notre sang pour protéger la population. Nous ne pouvons rien prendre de force d'un détenu ou d'un prisonnier de guerre, même pas un bout de fil."

Che Guevara éduque Laurent Kabila

A la page 165, Kennes dit : "Yerodia a convaincu Che d'aller au Congo". Mais Yerodia est en vie et trouver ses coordonnés ne pose pas de problèmes insurmontables pour un chercheur de l'Institut Africain de Belgique. Est-ce que notre ami Erik a vérifié cette information chez la personne concernée ? 
J'ai moi-même eu l'occasion d'évoquer avec le camarade Yerodia la question de l'arrivée au Congo du Che. Yerodia m'a dit que, lors de leur rencontre à Alger, il a vivement déconseillé au Che de venir au Congo : "Notre désorganisation et le fait que la révolution était dans une phase descendante, le rendaient impossible pour nous d'accueillir le Che comme il convenait. Mais le Che a répondu que les intellectuels raisonnent toujours de cette manière défaitiste. Et il a décidé de venir soutenir la révolution congolaise malgré notre réticence."
Che Guevara était du 11 au 18 février à Dar-Es-Salaam où il a rencontré Kabila. Le Che a gardé une impression favorable du jeune Kabila et une impression défavorable de Soumialot, le chef hiérarchique de Kabila. Le Che a proposé d'envoyer au Congo des armes et 30 conseillers cubains noirs.

A la page 129, Erik dit : "Che Guevara s'est efforcé d'apporter son expérience à la rébellion muleliste à l'Est mais les dirigeants, dont Kabila, ne semblaient guère intéressés et se sont contentés de contrôler l'acheminement de cette aide sans en tirer vraiment partie pour dynamiser leur lutte."
Kabila guère intéressé ? Kabila connaissait bien les faiblesses de cette révolution lancée en 1964 sans la moindre préparation politique et organisationnelle. Ces faiblesses étaient historiquement inévitables, mais elles rendaient aussi impossible une "utilisation" rentable d'un monument révolutionnaire comme Che Guevara. 
Et ça vaut aussi la peine de souligner qu'en 1964 Kabila n'avait que 23 ans ! Laurent Kabila n'avait pas encore eu le temps de mûrir politiquement. 
Notre ami Erik Kennes a grandi et a été formé intellectuellement dans les meilleures conditions dans un pays développé. Mais aurait-il au, à 23 ans, les qualités politiques et morales, la maîtrise politique pour "gérer" un Che Guevara ? Kabila était en 1964 un jeune révolutionnaire intelligent, décidé et dévoué. Mais il n'avait pas encore l'expérience ni le bagage politique être un révolutionnaire professionnel capable de diriger un processus aussi compliqué que la révolution congolaise…
Pour ce qui concerne la "dynamisation la lutte", il faut bien avouer que Mitudidi, Masengho et Che, les chefs sur le terrain, ont fait le maximum dans les conditions matérielles et politiques données !

Deux mois après sa rencontre avec le Che, Kabila a été bouleversé d'apprendre que Guevara lui-même, accompagné de plus de 122 combattants cubains, avait débarqué au maquis de Fizi-Baraka ! Erik Kennes écrit : "Kabila refuse d'en informer les Tanzaniens. Cette arrivée du Che lui déplaît visiblement. Il invoque pour se justifier son souci de la sécurité d'un hôte aussi recherché. Et un problème d'autorité se pose : Che devait éclipser tous les autres combattants, dont Kabila…" 
Mais soyons sérieux : Kabila avait raison d'être "mécontent" ! Lui-même et le maquis rudimentaire qu'il dirigeait alors, étaient-ils capables d'utiliser efficacement le Che et les 122 révolutionnaires professionnels cubains ?
Erik reproche à Kabila de ne pas avoir informé les Tanzaniens ? Mais Kabila savait que certains hauts responsables de la Tanzanie travaillaient pour la CIA, et que l'extrême prudence était donc de mise. 
Ensuite, Kabila avait raison d'estimer que la sécurité de Che Guevara posait un problème énorme. Si l'information sur sa présence parvenait chez les Yankees, ils mettraient tous les moyens imaginables en œuvre pour tuer le Che. Et les révolutionnaires congolais n'avaient nullement la capacité de garantir la sécurité du Che et de le protéger contre les assauts des forces mercenaires et américaines. 
Quant à "la peur de Kabila d'être éclipsé par Guevara", c'est une affirmation gratuite. En tout état de cause, il n'y avait là aucun "danger" : Guevara, un Blanc, un étranger qui ne parlait pas la langue, ne pouvait en aucun cas "éclipser" Kabila.

En général, le grand public retient des observations que le Che a faites sur Laurent Kabila, qu'il aimait trop "la bière et les femmes". Les médias bourgeois ont propagé tapageusement les quelques observations du grand révolutionnaire Guevara sur ce jeune Congolais de l'an 1965 qui s'appelait Kabila et avait 24 ans !
Mais qui pourrait affirmer que le Che lui-même, à 23-24 ans, n'aimait pas les femmes et la bière ?
Après sa première rencontre avec Kabila au maquis, Che Guevara a une très bonne impression de Kabila. "Il montre qu'il connaît bien la mentalité de ses gens, il est alerte et agréable. Il donne des réponses convainquantes aux questions du public. Kabila a un ascendant indiscutable et la façon dont il donne des instructions pour réaliser un plan de défense de la petite baie autour de la Base, le prouve." 
Et les réflexions fondamentales du Che sur Kabila, au moment où il quitte le Congo, ne parlent pas de femmes et de bière. Elles disent ceci. "Les chefs à caractère national que j'ai été amené à connaître, sont Kabila et Masengho. Sans aucun doute, Kabila est le seul qui ait à la fois un cerveau clair et une capacité de raisonnement développée, une personnalité de dirigeant Il s'impose par sa présence, il est capable d'exiger la loyauté ou au moins la soumission, il est habille dans ses relations directes avec la population ; en somme, c'est un dirigeant capable de mobiliser les masses." 
"Du point de vue politique, il ne reste que des groupes épars, en constant processus de décomposition, desquels il faudra extraire un noyau qui permette, à l'avenir, de faire surgir une armée de guérilla."
Pour ceux qui connaissent les réalités concrètes du Congo, ce sont des paroles prophétiques extraordinaires. 
Or, qui a eu la capacité de réaliser la tâche presque surhumaine, impossible, que Che Guevara jugeait essentiel : extraire, des groupes épars, un noyau qui permet de faire surgir une armée de guérilla ? C'est Laurent Kabila qui le réalisera en 1967, avec la fondation du PRP !

En 1959-1960, Lumumba était incontestablement le plus grand dirigeant de masse, celui qui a entraîné le peuple congolais tout entier dans le combat pour une indépendance effective.
En 1960, Pierre Mulele était plus avancé du point de vue révolutionnaire que Lumumba, mais il n'avait pas encore son envergure de dirigeant national.
C'est après son séjour en 1962-63 en Chine, où il a suivi une formation politico-militaire, qu'il est devenu un authentique dirigeant révolutionnaire des masses populaires du Congo. En 1963-64, Mulele a porté à un niveau supérieur la lutte pour l'indépendance politique et économique et il a réalisé pour la première fois dans l'histoire la conscientisation politique des masses ouvrières et paysannes et leur organisation politico-militaire pour la guerre de libération.
Mulele était déjà un homme mûr en 1964. Né en 1929, il avait alors 35 ans. Kabila n'en comptait que 23 ! 
On peut comprendre que le maquis du Kwilu-Kwango, systématiquement préparé et politiquement encadré par Mulele, était plus avancé que celui initié par Kabila au Kivu-Maniema.
Or, Kabila a certainement été marqué par 
Ceux qui s'amusent à mettre en évidence ces critiques pour dénigrer Kabila, montrent simplement qu'ils ne font pas partie du camp révolutionnaire. 
En effet, Laurent Désiré Kabila a été fort marqué par les observations du Che à son égard et il en a tenu scrupuleusement compte. Il s'est formé dans l'Académie politico-militaire de Nanking, la même qu'a fréquentée Mulele, et cela pendant six mois et 21 jours, beaucoup plus longuement que Mulele.
Notre ami Erik Kennes devait faire un peu plus montre de la maîtrise de la dialectique : les faiblesses réelles de Kabila en 1964, ont été dépassé par l'extraordinaire saut qualitatif que ce jeune dirigeant révolutionnaire a réalisé en 1966-67, en méditant sur les critiques du Che et en assimilant les leçons de la plus grande révolution nationaliste et anti-impérialiste dans l'histoire : celle que Mao Zedong a dirigée en Chine à la victoire.
Erik n'est pas attentif à ce bond qualitatif, il répète souvent les clichés sur le Laurent Kabila de 1964-65 au cours de la période suivante, 1967-1978, pendant laquelle nous voyons à l'œuvre un Kabila complètement transformé.
Comme Mulele a dépassé Lumumba en 1964-65, nous pouvons affirmer que Kabila, en 1967-78, puis en 1979-1996, a dépassé Pierre Mulele.

Kabila n'aurait ni plan, ni stratégie ?

Très tôt, Erik Kennes s'est forgé, de façon subjective, une image de Kabila comme petit opportuniste qui saute sur les occasions qui se présentent à lui. 
Ainsi, à la page 61, Kennes dit du Laurent Kabila de 1960 : "Kabila semble n'avoir jamais eu un plan, une stratégie à long terme : il profite plutôt des occasions offertes." Or, le héros de l'ouvrage de Erik a juste 19-20 ans ! Où est-ce que ce jeune homme aurait-il pu se former sous le régime colonial pour "élaborer des stratégies et des plans à long terme ?"

Erik lui-même nous donne dans son ouvrage des faits qui auraient dû le pousser à une réflexion plus profonde. La colonisation éduquait les jeunes dans la soumission et condamnait tout esprit indépendant et rebelle. Or, il est indiscutable que le jeune Kabila se distinguait très tôt de tous ses compagnons. 
Taratibu, le père de Laurent Kabila, a sans doute été un homme remarquable. 
Né en 1900, il entre en 1927 à la Poste d'Elisabethville comme commis. En 1952, il était commis principal de deuxième classe, le degré le plus élevé qu'un Noir pouvait atteindre à la poste. Faisant aussi du commerce, il a atteint un standard de vie très élevé pour un Congolais. Lors de la création du Secteur Kamalondo, chef-lieu Ankoro, Taratibu devient le premier chef de secteur. (E.K., p. 17-18) 
Ayant compris l'importance décisive de l'instruction dans le monde moderne, Taratibu donnait à ses enfants une éducation sur le modèle des Blancs. A la maison, il les habituait à parler le français. Le jeune Kabila était un lecteur assidu qui fréquentait les bibliothèques publiques où il aimait lire Rousseau et Descartes. 
Il est aussi devenu président des Associations Sportives indigènes, et, selon un témoin, "Kabila n'acceptait pas la défaite, il était tenace et déterminé et il avait un ascendant sur nous tous"
Là où Erik estime que notre Kabila, à 19 ans, était un homme "sans plan et stratégie", nous dirons que ce jeune homme a réalisé des efforts remarquables pour rompre avec la soumission coloniale, pour développer son intelligence de façon indépendante et pour se forger un caractère de dirigeant et de gagnant… 
Monsieur Rosy assurait en 1958 l'intérim du gouverneur du Katanga. Il témoigne que Sendwe lui a demandé en 1958 : "Monsieur Rosy, ne voudriez-vous pas mettre au bloc cette jeune crapule de Kabila ? C'est un agitateur, il ameute les jeunes de la B.B.T. !" (E.K., p. 61) Pour se faire remarquer dans la colonie comme agitateur politique à 17 ans, il fallait être exceptionnel !

Le Congo accède à l'indépendance le 30 juin 1960. Le 9 juillet, l'armée belge intervient et Tshombe se lance dans la "sécession". 
Au Katanga, les masses du Balubakat sont très nationalistes, elles s'en prennent aux chefs traditionnels et aux cadres de l'administration qui sont considérés comme pro-belges, pro-sécession. L'administration coloniale est remplacée par des"Sénats", comités formés par des nationalistes. L'opération décisive des nationalistes au Nord Katanga est la prise de Kabalo, réalisée début octobre 1960, par trois colonnes la Jeunesse de Kamalondo, une colonne étant dirigée par Laurent Kabila, appelé "général d'Ankoro". 
Kabila a 19 ans ! 
Erik Kennes n'étudie pas les caractéristiques du milieu où évolue Kabila pour juger ses mérites comme meneur d'hommes. A 19 ans, Kabila est déjà un dirigeant important de la jeunesse combattante. Ce n'est pas donné à beaucoup de monde.

Ainsi, à l'âge de 17-19 ans, Laurent Kabila a déjà fait un parcours remarquable qu'on ne peut pas minimiser en disant que ce jeune n'a pas de "stratégie à long terme, mais profite plutôt des occasions offertes." Pour pouvoir "profiter des occasions" et s'imposer dans le combat politique à 19 ans, il faut beaucoup de talent…

Le 30 janvier 1961, un gouvernement nationaliste du Lualaba est installé à Manono, Kabila devient directeur au Ministère de l'Information. 
A 19 ans, Kabila est déjà assez important aux yeux de la Sûreté Katangaise (dirigée par des officiers belges !) pour qu'elle lui consacre un faux. Selon la Sûreté, Kabila aurait envoyé des félicitations au Parti Communiste Congolais, et il aurait proposé de "commander des armes et munitions … en Union soviétique" et de "semer une propagande communisante dans bien des pays d'Afrique". (E.K., p. 76)

En juin 1961, Placide Kitungwa, ministre de la Jeunesse du gouvernement Gizenga, intègre le jeune Kabila dans la délégation qui assistera au Forum Mondial de la Jeunesse à Moscou.
Le 13 novembre 61, le gouvernement du Lualaba, gouvernement nationaliste balubakat, s'installe à Albertville et y reste jusqu'en mai 64.
Fin 1961, à Stanleyville, une conférence constitutive de la "Jeunesse Nationaliste Lumumbiste" est organisée. Cette "Jeunesse" base son activité sur l'anticolonialisme, l'anti-impérialisme et sur le centralisme démocratique. L'organisation compte dans son secrétariat Augustin Boyoko, Léonard Mitudidi, Placide Kitungwa et Laurent Kabila - ce dernier vient de fêter ses 20 ans …

Dire que "la position qu'occupe Kabila ne lui vient pas de son aptitude à diriger une action sur le terrain, mais de son statut - relatif - d'intellectuel", n'est pas défendable. La thèse que Erik adopte est basée sur des préjugés et des apriori's. Kabila a lié sa grande intelligence à son talent naturelle de meneur d'hommes et à sa capacité de diriger des actions sur le terrain.

Erik reste fidèle à ses préjugés et apriori's jusqu'au bout. Le jugement d'Erik sur la grande période révolutionnaire de 1967-1978 est identique au jugement sur les années du tout début, lorsque Kabila avait 17-20 ans ! 
A la page 303, Erik écrit : "(Après 1978), on ne peut guère soutenir que Kabila a un plan ou même une série d'objectifs cohérents. Avant 1978, cette carence est compensée par la présence au maquis de Yumbu et Kibwe Cha Malenge." 
En clair, le chef de la révolution était un imbécile, mais ses adjoints ont compensé sa bêtise… 
Cela ne tient pas la route. Aucun partisan qui a fait dix ans au maquis avec Kabila, vous dira que Yumbu et Kibwe "compensaient les carences de Kabila qui n'avait ni plan, ni objectifs cohérents"… En quoi Yumbu et Kibwe étaient-ils supérieurs à Mzee? Kibwe Cha Malenga a été un grand révolutionnaire. Il s'est séparé (en 1965) de Kabila et il a échoué dix ans plus tard. Puis il s'est rallié à Kabila qui l'a accueilli comme un camarade, sans la moindre rancune…

L'expérience de la Chine a convaincu Kabila de la justesse de la guerre populaire de longue durée, comme stratégie fondamentale pour la libération des pays stratégiques du Tiers Monde.
Le général Mwati m'a dit : "Depuis Hewa Bora, Kabila a toujours souligné : la guerre de libération est une affaire de longue haleine, ce n'est pas un coup d'état. Le néocolonialisme n'est pas comme une chique, quelque chose qui est facile à enlever de votre pied. "Mapinduzi si mepesi", - La révolution n'est pas facile. "Sikalamu ya kutshora", - La révolution n'est pas comparable à un crayon. Un crayon écrit facilement, dès le premier essai, mais la révolution est longue et dure.
Kabila a commencé la guerre en 1969 et elle a durée jusqu'en 1978, la révolution a affaibli les FAZ.
Si Che Guevara était ressuscité, il aurait félicité Kabila pour avoir organisé la plus longue guerre de guérilla de notre histoire, une guerre qui a tenu tête aux meilleures armées de Mobutu."

Erik ne peut pas écrire l'histoire du mouvement révolutionnaire du Congo sans faire l'effort de voir cette révolution de l'intérieur, par les yeux de ceux qui l'ont faite, en essayant de saisir leur motivation et leur logique.
Kabila a, de façon consistante et cohérente, énoncé depuis 1967 une série de lignes stratégiques cohérentes. Si l'on veut bien faire un effort pour les saisir, on n'arrivera pas à la conclusion aberrante que Kabila a été "un homme qui suit son chemin de façon peu planifiée, jouant des circonstances."

La première thèse de Kabila, formulée suite à l'étude de l'histoire du colonialisme et du néocolonialisme au Congo, peut être formulée ainsi : "Seule une révolution armée, une révolution populaire peut briser la domination néocoloniale".
Pour organiser une révolution nationale victorieuse, il faut avant tout développer la conscience des masses populaires du Congo. Elles doivent comprendre qui est leur ennemi, qui est responsable de leur misère, de leur marginalisation et exclusion, de la répression qu'elles subissent quand elles revendiquent leurs droits. 
Elles doivent comprendre que leurs ennemis sont les puissances impérialistes, et avant tout l'impérialisme le plus puissant et dangereux, l'impérialisme américain. 
Elles doivent comprendre aussi que l'impérialisme doit toujours s'appuyer sur une classe de traîtres congolais qui jouent le rôle d'intermédiaires des impérialistes.
La base de la révolution nationale est la conscientisation et l'éducation qui doit se faire dès le plus jeune âge, qui doit être assurée dans toutes les organisations patriotiques et révolutionnaires.
Cette conscientisation et éducation doit aboutir sur l'organisation des masses ouvrières, paysannes, travailleuses, des masses des fonctionnaires et des intellectuels, de la jeunesse.
Comme la lutte est longue et complexe, il faut lier la lutte armée à la lutte politique et diplomatique pour gagner des alliés de circonstance.

 

 

 

 

 

EQUIPE COMPLETE DES REVOLUTIONAIRES NATIONALISTES AVEC UN SEUL RWANDAIS TUTSI EN COSTUME ET CRAVATE DU NOM DE "JERÔME KATAREBE" (Grand et teint clair,costume en carreau)


Dans cette lutte complexe, il faut combattre l'opportunisme, c'est-à-dire la tendance à oublier la stratégie fondamentale. Il ne faut pas, en faisant front avec un allié de circonstance, oublier d'où il vient et ce qu'il veut. Le Front et l'Unité doivent toujours servir à faire avancer la lutte, et non la freiner ou l'enterrer. 
Pour accélérer l'avènement de la victoire, il faut aussi exploiter les contradictions entre les ennemis, sans oublier qu'un ennemi secondaire reste un ennemi.
Depuis 1967 jusqu'à son assassinat en 2001, Laurent Désiré Kabila a toujours défendu ces lignes stratégiques et ces thèses fondamentales.

 

 

28 mars 2004


16/01/2012
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DISCOURS TESTAMENTAIRE LAISSE AU PEUPLE CONGOLAIS PAR M'ZEE LD KABILA!

A LA MEMOIRE DE M'ZEE LAURENT DESIRE KABILA

Feu Mzee Laurent Désiré Kabila, Président de la RD, héros national livrera un discours qui nous sert de repères et surtout d'engagement sacré pour le contrôle de tous les territoires du pays! 

Ammafrica vous livre ce discours que nous qualifions de "Testamentaire" par son contenu!

 


Testament laissé au peuple congolais (Bonana 2001)


Mes cher compatriotes,

Ce premier jour de l’an 2001, m’offre l’occasion de vous adresser mes très vives et sincères félicitations à vous tous mes compatriotes, pour la résistance active que vous avez menée, tout au long de l’anneé écoulée contre les agresseurs de la République Démocratique du Congo. Je relève donc votre glorieuse et opiniâtre résistance qui a permis à la nation de n’être occupée, ni totalement ni entièrement, par les agresseurs et esclavagistes rwandais, ougandais et burundais.

Que chacun d’entre vous trouve ici l’expression de ma profonde gratitude, pour les sacrifices immenses consentis et sans lesquels, les fossoyeurs de notre pays auraient pu déjà ouvrir une brèche au sein de notre peuple, pour nous entraîner irréversiblement dans l’ornière d’humiliation, d’assujettissement et d’exploitaion systématique et malheureux.

Fort heureusement, vous avez défait et triomphé des intentions de ceux qui, au loin, n’ont cessé de porter régulièrement secours à nos agresseurs.

La nation aurait pu faire mieux n’eût été, d’une part, en raison des visées de nos agresseurs, les agissements ignobles des nôtres qui ne pouvaient assouvir leurs appétits de pouvoir que par ce biais et, de l’autre, le comportement anti-patriotique de ceux des Congolais qui avaient choisi de diaboliser le gouvernement de leur propre pays, auprès de la communauté internationale, escomptant obtenir ainsi un appui total, pour leur parachutage dans les structures du pouvoir d’Etat.

Je suis convaincu qu’à la fin de l’an 2000, au début du 21ème siècle et au premier jour du troisième millénaire, nos efforts vont tendre à chasser du territoire national les envahiseurs qui, du reste, ne nous veulent nullement du bien. Ces agresseurs ont assassiné plus de 2.300.000 Congolais et ont élu littéralement domicile dans nos mines d’or et de diamant, dans nos plantations de café et de cacao, dans nos parcs, dans nos forêts et nos bois.

Ainsi, ces rapaces confirment, au fil des jours, ce que nous savions déjà et que nous n’avons jamais cessé de clamer haut et fort, toujours et partout. Ils mènent, à la fois une guerre de rapine, une guerre économique, une guerre de tentative de balkanisation de notre pays. 

C’est pour chasser ce cauchemar de démembrement de notre nation, que je vous convie, filles et fils du grand Congo démocratique, à une résistance encore plus active et à une lutte, sans merci, contre nos ennemis, jusqu’au jour où nous recouvrerons totalement l’intégrité territoriale, l’indépendance nationale, et la souveraineté internationale de notre pays.

Pour atteindre ce noble et légitime objectif, la République Démocratique du Congo a besoin de sa cohésion interne, sans la moindre fissure. Ce dont les anti-régimes, devant le danger que court pourtant la mère patrie, ne veulent nullement comprendre.

Mes chers compatriotes,


Nous sommes, malgré tout, confiant de pouvoir surmonter nos difficultés économiques conjoncturelles, au cours de cette année 2001, avant d’entreprendre enfin une marche fulgurante, pour la reconstruction de notre pays. Aussi malgré les vicissitudes graves que vit notre pays, nous restons plus que jamais confiants, en l’avenir de notre patrie.

La République Démocratique du Congo est un pays choisi par Dieu et le plan divin se réalisera totalement sur cette terre africaine du Congo démocratique, quelle que soient les tentatives humaines intérieures et extérieures.

A toutes et à tous, je souhaite mes voeux de bonheur, de prospérité et d’engagement patriotique, en vue de la libération totale de notre pays.

 

«BONANA»!

 

LE M'zee Laurent DÉSIRÉ KABILA

 

 

 

LES TROIS HOMMES QUI ONT COMBATTU LE SYSTEME NEOCOLONIALISME AU CONGO RDC:LUMUMBA Patrice Emery, MULELE, KABILA Laurent Désiré 

 

 

 

 

 La Rédaction

AMMAFRICA WORLD

 

 

La FEMME apportera toujours plus dans la societé car elle en est le SOCLE !
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16/01/2012
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LA RDC VERS LA DEMOCRATIE: LA ROUTE SERA LONGUE MAIS GARDONS ESPOIR!

LA RDC VERS LA DEMOCRATIE....

 

 

Nous gardons souvenir de la prise de notre Indépendance en 1960 dont un gouvernement élu du peuple a été établit mais connu une fin tragique et morose pour la memoire de ceux ou celles qui aiment l'histoire!

 

L'indépendance a été souillée, sâlit, et, violée!

 

C'est ce que notre héros national Patrice Emery Lumumba dira: On a foulé aux pieds notre chère independance par la corruption des ceux du fils du pays pro-impérialistes coloniaux, mais tenant leurs frères ESCLAVES! Cette géneration des pères de l'independance mourrût, nous avons connu un temps de p

resqu'un démie siècle , du règne de feu MOBUTU qui dirigea le pays par la dictature, une manière de se faire craindre et être craint enfin d'assoier sa suprêmatie partout....

 

Le temps a changé! Nouveau système arriva , où les maitres d'hiers, qui avaient soutenu le feu MOBUTU, ont changé le système pour bouter dehors tous les présidents pro-Francais, selon l'extrait soutiré du livre: SECRÊT DE LA JUSTICE INTERNATIONALE de Charles Onana!

 

Ce qui a permis au feu Laurent Desiré KABILA de trouver la chance d'être l'élement choisit pour renverser le regime de feu MOBUTU en connivance avec le Rwanda de KAGAME, de Ouganda de Museveni et plusieurs autres alliés dont la rubrique : DEVOIR DE MEMOIRE en parle!

 

Une fois que celui-ci prit le pouvoir, il rebâtise le pays en: REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO "RDC"!

 

Ainsi, pouvons-nous penser à une democratisation de toutes nos institutions?..c'est ce qui sous-entend par ce mot:REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE...

 

Mais que ne vivons nous pas?. Nous assistons á une guerre fratricide qui ne dit encore son nom, suite à cette prise de pouvoir par un ancien nationaliste Congolais du nom de Laurent Desíré Kabila, un ancien macquisard au passé un peu confondu, faute de manque de maitrise de l'histoire politique de notre pays! Ce que nous retiendrons de lui, ce qu'il a defendu les bones valeurs democratiques et surtout s'est battu pour qu'il ne se dépende pas de l'étranger!

 

Vers le 15 au 17 Janvier, Laurent Desiré Kabila nous quittait... Et nous pouvons en refléchir sur ceux qui étaient ses ennemis INTERIEURS et EXTERIEURS pour comprendre qui en voulait en cet homme qui a combattu le regime dictatorial et pro-impérialiste de MOBUTU?! L'avenir nous dira plus....

 

Ainsi, les ELECTIONS dite DEMOCRATIQUE après celles de 1960 eurent lieu en 2006. En examinant les évenements et ceux de 2011, nous disons alors dans notre réseau des réflexions:

 

L'HISTOIRE SE REPETE CAR L'INSTRUCTION N'A PAS ÉTÉ TIRÉE! Puissions nous en tirer instruction pour eviter les prochaines...si 2016 y en aura election!

 

 

ELECTIONS "2006" ORGANISÉE PAR LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE!

Bemba refuse le verdict des urnes et prépare un coup d’Etat!

Entre le 20 et le 22 août, Kinshasa a été le théâtre de combats entre la milice du MLC, du vice-président Bemba et la police nationale soutenue par garde républicaine. Tout indique qu’une tentative de coup d’Etat par Bemba a provisoirement échoué. Le futur du processus électoral reste incertain

Solidaire, 27 août 2006
Il est clair que Bemba, qui n’a obtenu que 20% des voix, refuse d'accepter le verdict des urnes, qui a donné l’avantage à Joseph Kabila (44,9%).
Le 20 août dernier, quelques heures avant l’annonce des résultats par la Commission Electorale Indépendante (CEI), les télévisions CCTV et CanalKin (appartenant à Bemba) ont appelé la population au soulèvement. « Il faut prendre des pierres, des machettes, des haches et des houes pour s’attaquer aux chars de la Monuc (les casques bleus de l’ONU responsables de protéger le processus électorale, ndlr) », « Il faut brûler vif Vital Kamerhe (le Secrétaire général du PPRD, le parti du Président Joseph Kabila, ndlr) » . (1)
Le signal d’émission des télévisions bembistes a été coupé sur ordre du ministre de l’information Mova Sakani. Leurs émissions ont pu reprendre le lendemain. Pour … attaquer directement le Président de la Commission Electorale Indépendante (CEI) : « On va immoler Malu Malu » .(2)
Une semaine après la proclamation des résultats par la CEI, Bemba n’avait toujours pas pris officiellement position, ni par un communiqué de presse, ni lors de son apparition en public le jeudi 24 août devant une centaine de ses adhérents.
Aujourd’hui c’est Honoré Ngbanda, l’ancien responsable des services secrets du dictateur Mobutu, qui s’exprime au nom de Bemba. Depuis son exil parisien, il a notamment déclaré être en contact permanent avec Bemba : « Nous étions préparés à faire face à la situation en cours ».(3) Pour lui, les élections n’ont été qu’une mascarade et Kabila n’aurait obtenu « en réalité que la moitié des voix dont il s’attribue ». « Le raz-de-marée dont on parle à l’Est résulte de bourrages d’urne » .
Bemba refuse de reconnaître officiellement les résultats des élections. Or, rejeter ouvertement les résultats des élections le mettrait en contradiction avec la constitution et la loi électorale. Elles prévoient notamment que les contestations des résultats électoraux soient jugées par la Cour Suprême de Justice qui devrait définitivement officialiser les résultats ce 31 août (entre temps la CSJ a postposé cela à une date ultérieure, vu le fait que les évènements du 20 au 22 août ont interrompu le calendrier). Un rejet des résultats isolerait en outre Bemba aussi bien du peuple congolais, qui a participé massivement aux élections, que de la communauté internationale qui insiste sur la continuation du processus électoral.
Conclusion : Pour l'instant Bemba ne peut et ne veut pas se prononcer sur les résultats des élections. Ce que confirme Honoré Ngbanda lui-même dans son interview : « Pour le moment, Bemba ne peut pas prendre le risque de dire n’importe quoi. »...(3)
Que fera Bemba quand la CSJ aura rendu public les résultats définitifs des élections?

Bilan officiel des combats : 23 morts dont 12 policiers

Le récit des évènements du dimanche 20 août repris ici est celui du général Kisempia, chef d’état-major général de l’armée congolaise (4):
• Le 20 août vers 14 heures. Les éléments de la PIR (Police d’Intervention Rapide) constatent l’occupation des immeubles le long du boulevard du 30 juin à proximité du Bureau de la CEI par des soldats du Mouvement de Libération du Congo, la milice de Bemba. La Police qui pense que ces hommes sont chargés d’assurer la sécurité du vice-président Jean-Pierre Bemba ne les considère pas comme une menace pour l’ordre public.
• Vers 15.00 heures, les soldats du MLC s’emparent de quelques policiers affectés au Poste de Commandement de la Police de Circulation Routière et les désarment. Ils les conduisent au Quartier général du MLC et les tabassent copieusement.
• Vers 17 heures 30, le Quartier général de la Défense Ville de Kinshasa apprend que des tirs intenses ont lieu sur le Boulevard du 30 juin. Un Officier de reconnaissance est envoyé sur les lieux à bord d’une Jeep non armée. Il constate qu’une patrouille de la MONUC l’a précédé. L’officier dépasse la patrouille et essuie des tirs des éléments du MLC postés dans les buildings le long du boulevard.
• Vers 18 heures 10, arrivée des engins blindés de la MONUC qui échangent des coups de feu avec la milice du MLC. Quelques instants plus tard, des éléments de la Garde Républicaine se postent devant le building de la CEI pour en protéger les membres. Des éléments de la MONUC, de la Garde Républicaine et de la Reconnaissance Défense Ville de Kinshasa font mouvement vers le building. Des éléments de la Garde Républicaine ripostent aux attaques de la milice du MLC.
• Vers 20 heures 30, la milice du MLC attaque le Bureau de la Commission Electorale Indépendante provinciale sur l’Avenue Lukusa. Pendant cette attaque, le major Youssouf de la Garde Républicaine et un élément de la police sont atteints par balles.

Le MLC affirme que les combats autour du siège de la CEI ont commencé sur initiative de la Garde Républicaine « frustrée que Joseph Kabila n’ait pas obtenu la victoire au premier tour ». Pourtant la CEI était protégée par la Police Nationale. Dans ce cas, la Garde Républicaine aurait dû tirer sur la police. Or, même les médias du MLC présentent la Police Nationale comme alliée de la Garde Républicaine. De plus, il est étonnant de voir Bemba, qui n'a cessé de vilipender la CEI et son président Malu Malu, se présenter soudainement comme… le défenseur de la CEI.
L’affirmation selon laquelle Kabila a tenté de faire assassiner Bemba n’a aucune crédibilité. Pourquoi Kabila prendrait-il l’option d’assassiner un rival qui n’a pas la moindre chance de gagner au deuxième tour ? En effet, il est impossible que les 13% de votants pour le nationaliste Gizenga, voteront pour Bemba, un des plus sales rejetons du mobutisme dur et pur. En plus, il suffit au camps kabiliste de dénoncer publiquement Bemba pour ce qu’il est : un collaborateur des agresseur ougandais, responsable de crimes de guerre graves comme de multiples cas d'anthropophagie commis par ses hommes, des femmes congolaises obligées à manger des morceaux de leur propre mari ! Tous ces crimes sont documentés par les instances de l’ONU. Bemba sait qu'il n'échappera pas au Tribunal international sur la République Démocratique du Congo.

Joseph Kabila répond aux provocations de Bemba

Bemba a tendu un piège diabolique à Kabila. Le 21 août, la Garde Républicaine constate que deux de ses membres ont été capturés par la milice de Bemba et gardés dans sa propre résidence. La Garde Républicaine ne pouvait rester sans réagir et tire sur le bâtiment. Or à ce moment, Bemba se trouve en réunion avec 14 ambassadeurs membres de la Ciat (Comité International de l’Accompagnement de la transition) parmi lesquels les ambassadeurs des Etats-Unis, de la Belgique, de la France, présents sur invitation de l’américain Swing qui dirige le CIAT, afin de « calmer Bemba ». Au lieu de condamner ferment la violence des bembistes du dimanche et d’exiger que la constitution et la loi électorale soient respectées par Bemba, ils vont se réunir autour de Bemba pour le « calmer ». On ne peut que s’étonner de la tolérance de la part de ce CIAT pour les provocations de la part de Bemba qui visaient clairement à faire dérailler le processus électoral.
Bemba pouvait alors présenter la réplique des forces du Président comme un attentat contre lui-même et contre les ambassadeurs…
Or le journal Le Monde du 26 août décrit la situation réëlle : « Quoique spectaculaires, les combats n'ont pas été d'une violence extrême. Alors que les blindés de la Garde du président Kabila tiraient au canon de 122 mm, appuyés par des mortiers et des lance-roquettes, un diplomate qui se trouvait dans la résidence se souvient de sa « surprise » de ne pas voir le bâtiment touché. ‘Si la résidence avait été visée directement, elle aurait été détruite, au moins en partie. La violence (limitée) des combats ne correspond pas à l'importance des moyens déployés’, constate un expert des questions militaires. Seul l'hélicoptère de Jean-Pierre Bemba, devant le fleuve, a été carbonisé, atteint sans doute par une roquette tirée à proximité » . (5)
Kabila, en tant que Président en exercice, a voulu démontrer devant son peuple et devant la communauté internationale, sa détermination de défendre la légalité et la poursuite, dans le calme, du processus électorale jusqu’à ce que le souverain primaire tranche s’il veut Joseph Kabila ou s’il veut Bemba comme président.
La journaliste belge Colette Braeckman écrit : «Il sera désormais difficile de faire croire aux électeurs congolais que l’homme (Kabila ndlr) n’ose pas défier les Occidentaux, difficile de douter de sa volonté d’imposer l’ordre et la discipline » . (6)
Quand le lendemain, la milice de Bemba attaque, à l’armement lourd, le Palais de la Nation, bureau du président Kabila, celui-ci ordonne de ne pas répondre à la provocation. Mais des renforts pour la milice de Bemba venant de Brazzaville seront anéantis au Beach, où des témoins ont vu un grand nombre de cadavres dans l’eau. Et des tentatives des bembistes de lancer des émeutes et des pillages dans les quartiers populaires sont vite dispersées par la police.

La menace reste

Malgré l’échec de sa tentative d’en finir avec le processus électoral, Bemba persiste dans sa stratégie putchiste. Malgré l’accord de cessez-le-feu, qui prévoit le retrait de la milice de Bemba et de la Garde Républicaine dans leurs casernes respectives, les milices bembistes restent défiantes à l’entrée des deux résidences de leur chef. (7)
La stratégie du coup d’Etat de Bemba consiste à refuser le résultats des élections, à appeler la population kinoise aux émeutes et à faire encadrer ce « soulèvement populaire » par sa milice privée. On l’a vu lors de son dernier meeting avant les élections au stade Raphaël . Le même scénario a été répété le 20 août et les jours qui suivaient.

On peut s’attendre à des répétitions de ce scénario dans les semaines et mois à venir, notamment lors de la défaite inévitable de Bemba au deuxième tour, fin octobre.

Le journal kinois Le Soft cite des milieux proches de l’ambassade américaine qui assurent que les combats reprendront. « Ce qui a eu lieu n’est qu’un hors-d’œuvre. Le pire est à venir » . (8)

Honoré Ngbanda, lui n’hésite pas à déclarer : « Nous devons nous préparer à un affrontement. (…) Dans les jours à venir, nous allons lancer un appel à la mise en place d’une organisation qui doit mettre fin à la situation actuelle. » (9)
 

LA RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO APRÈS LES ÉLECTIONS PRÉSIDENTIELLES ET PARLEMENTAIRES 2006

PERSPECTIVES NATIONALES ET ASSISTANCE EXTERNE

 

Au Congo, pays de 53 millions d’habitants, la route vers la démocratie sera encore longue et difficile. Les Congolais viennent certes de désigner leurs députés et d’élire leur président, et le candidat perdant, Jean-Pierre Bemba, a également reconnu officiellement la victoire de Joseph Kabila, mais l’avenir démocratique du pays ne dépend pas uniquement de cela.

Les défis et les difficultés qu’affrontent actuellement le peuple de cette ancienne colonie belge étaient le thème d’une conférence de la Fondation Konrad Adenauer qui s’est tenue à Bruxelles le 30 novembre et qui était intitulée: «La République démocratique du Congo après les élections présidentielles et parlementaires 2006: perspectives nationales et assistance externe». «Le but de cette conférence n’est pas uniquement de parler de ce pays et d’éveiller les consciences en Europe, mais nous souhaitons également que les responsables congolais et leur point de vue sur la question soient entendus», a déclaré Wilhelm Staudacher, Secrétaire Général de la Fondation Konrad Adenauer, en décrivant les objectifs de cette manifestation. La cinquantaine de participants, issus de milieux politiques et scientifiques, des Nations Unies et de la Fondation Konrad Adenauer elle-même, ont essentiellement débattu autour de trois questions centrales:

  • comment renforcer et soutenir les institutions démocratiques encore fragiles du Congo, en particulier les parlements nationaux et provinciaux?
  • comment consolider le système de partis, fortement fragmenté?
  • comment réformer le secteur actuel de la sécurité, afin qu’il puisse également garantir la sécurité dans l’est du pays?

Insurrections rebelles, soulèvements militaires, combats s’apparentant à une guerre civile, famine et interventions de militaires étrangers: pendant des années, le chaos a fait rage dans l’actuelle République démocratique du Congo, au cœur de l’Afrique. Aujourd’hui, après les premières élections parlementaires et présidentielles libres depuis plus de quarante ans, la jeune démocratie lutte pour son avenir. Pour les Congolais, qui sont habitués à la douleur, cela signifie l’espoir, le grand espoir d’une vie plus sûre et plus prospère. Néanmoins, il est clair que le nouveau système politique n’a pas encore de capacité de survie propre. Cette démocratie encore mal assurée a besoin d’une aide extérieure pour surmonter les obstacles des semaines, des mois et des années à venir. Cette aide existe.

 

«L’Union européenne gardera une place prépondérante dans le soutien apporté au processus de transformation démocratique», a promis M. Domenico Rosa, membre du Cabinet de M. Louis Michel, Commissaire européen au Développement et à l’Aide humanitaire, après que le Dr. Peter R. Weilemann, Directeur du Bureau européen de la Fondation Konrad Adenauer à Bruxelles, et M. Wilhelm Staudacher, Secrétaire Général de la Fondation Konrad Adenauer, eurent accueilli les participants à la conférence. Dans son introduction au thème de la conférence, M. Rosa a déclaré que la stabilité de la République démocratique du Congo était essentielle non seulement pour l’Europe, mais aussi pour le reste du monde. «La population nationale, mais également la communauté internationale, mettent de grands espoirs et de grands rêves dans les élections de cette année», a également souligné M. Wilhelm Staudacher.

M. Domenico Rosa a signalé que le pays vivait actuellement un moment crucial de son développement. Il est selon lui particulièrement important pour l’avenir de cette jeune démocratie que les responsables politiques tiennent davantage compte des besoins et de la volonté du peuple qu’ils ne l’ont fait par le passé.

M. Rosa a d’ores et déjà observé au cours des semaines écoulées de premiers exemples encourageants pour le développement futur du pays. Le travail et le comportement de la commission électorale indépendante lui semblent ainsi extrêmement prometteurs. Le fait que de nombreux Congolais aient par ailleurs reçu une carte d’identité pour la première fois de leur vie est également «un premier signe clair pour la population que l’État se construit et offre un service» sans exiger de pot-de-vin ou de contrepartie.

Néanmoins, malgré ces premiers pas positifs depuis le scrutin de l’été, il reste encore beaucoup à faire pour que le nouveau système politique du Congo devienne suffisamment stable pour survivre. «Les élections ne sont qu’un des piliers fondateurs de toute démocratie. L’existence d’un système de partis consolidé est tout aussi essentielle», a expliqué le Secrétaire Général de la Fondation, M. Staudacher. Selon lui, la présence d’un pouvoir législatif fort et indépendant est également cruciale pour l’avenir de la démocratie congolaise. M. Domenico Rosa a ajouté que la question de la sécurité était importante pour que le pays poursuive son développement et que dans ce domaine, l’armée n’était pas la seule à jouer un rôle, mais qu’il fallait continuer à développer plus avant la justice et le système juridique.

Pendant six longues années, 300 députés congolais ont travaillé au sein d’un «parlement de transition». Ils n’avaient cependant pas été élus par les Congolais mais nommés: il leur manquait donc la légitimation démocratique issue du peuple qu’ils devaient représenter. Ces six longues années auront duré jusqu’à l’été dernier, jusqu’à ce qu’une élection effectuée dans des conditions réglementaires soient possible et que les Congolais aient enfin le droit d’élire eux-mêmes leurs députés. Ceux-ci sont aujourd’hui en place. Désormais, le pays se trouve déjà devant son prochain défi, car ses jeunes institutions démocratiques manquent encore cruellement d’expérience. C’est pourquoi la première table ronde de la conférence du 30 novembre était consacrée aux problèmes que rencontrent les parlements nationaux et provinciaux et à la manière dont on pourrait consolider et renforcer ces parlements.

Selon Daniel Stroux, collaborateur du programme des Nations unies pour l’appui aux institutions de transition, la constitution rapide, dans les onze provinces du pays, d’une nouvelle administration qui fonctionne est une des principales missions auxquelles il faut s’atteler. «À cela s’ajoute le fait qu’un grand nombre des députés qui ont été élus n’ont absolument aucune idée de ce qu’est le travail en politique.»

Joseph Mbenza Thubi, Président par intérim de l’Assemblée Nationale congolaise, a abondé dans ce sens et a demandé que des formations soient organisées pour les députés congolais: «Il faut absolument que nous soyons informés sur la culture démocratique et parlementaire pour éviter qu’une nouvelle dictature ne voie le jour dans notre pays.»

Les parlementaires manquent non seulement de connaissances, mais ils ont aussi besoin d’infrastructures pour mener leur travail à bien, a ajouté Christian Brotcorne, chef de groupe CDH au Sénat belge et membre de la Commission des Affaires Etrangères du Sénat. «Selon lui, les bâtiments et les bureaux ne sont pas en bon état et il y manque des ordinateurs et du matériel informatique.»

Le Dr. Charles Yaovi Djrekpo, conseiller technique principal auprès du National Democratic Institute for International Affairs au Congo a apporté un nouvel élément au débat: pour que la représentation des électeurs fonctionne correctement, le rôle des partis d’opposition doit également être garanti juridiquement. «L’opposition doit pouvoir être exercée au sein des instances démocratiques. Elle ne doit pas être reléguée à la rue», a-t-il déclaré. M. Staudacher, Secrétaire Général de la Fondation Konrad Adenauer a indiqué que parallèlement, les partis d’opposition devaient développer leur capacité à contrôler les décisions du gouvernement.

Elisabeth Tison, Chef d’unité responsable de la région d’Afrique centrale et des Grands lacs à la Direction Générale du Développement de la Commission européenne, a déclaré qu’au vu de ces défis, la République démocratique du Congo avait également besoin d’une aide à moyen terme: «L’aide de l’Union européenne ne diminuera pas cette année et elle ne cessera pas non plus dans les années à venir.»

 

La stabilisation de cette jeune démocratie tient principalement à la volonté politique de la population sur place, a résumé le modérateur, Frank Spengler, Directeur adjoint du Département principal de Coopération Internationale de la Fondation Konrad Adenauer: «L’aide extérieure ne peut que compléter l’effort des Congolais.»

 

À voir les affiches de candidats ambitieux sur le moindre petit bout de mur et les stands de partis à tous les coins de rue peu avant les élections cet été, on pouvait mesurer combien le nombre de partis politiques dans la République démocratique du Congo était énorme. Les partis ont poussé comme des champignons depuis le début des années 1990.

 

Une quantité innombrable de groupes briguaient la faveur des électeurs. Comment un système de partis aussi fragmenté peut-il fonctionner durablement? Et comment peut-on consolider les structures existantes?

 

Ces questions ont été posées durant la seconde table ronde de la conférence, qui a eu lieu en fin de matinée. «Actuellement, 273 partis sont enregistrés au Congo», a déclaré la modératrice, Mme Andrea E. Ostheimer, Représentante nationale de la Fondation Konrad Adenauer à Kinshasa, la capitale du Congo. «Nombreux sont ceux qui ont des noms exotiques et qui demeurent tout à fait inconnus de la population», a rapporté Jürgen Schröder, Député européen CDU, qui faisait part de son expérience en tant qu’observateur des élections.

 

 

M. Ferdinand Mushi Mugumo, professeur à la Faculté catholique de Kinshasa, a ajouté que si le paysage électoral du Congo n’était pas si fragmenté, l’ensemble du processus électoral se serait certainement déroulé d’une manière encore plus transparente. Le grand nombre de partis politiques a causé des problèmes non seulement avant les élections mais il en cause encore aujourd’hui: actuellement, 69 partis ou alliances sont représentés à la chambre des députés. «On peut entendre 132 avis différents sur le même sujet.»

 

Le Professeur Mushi Mugumo a donné l’explication suivante pour le nombre élevé de parlementaires indépendants: de nombreux partis actuellement influents, qui sont relativement jeunes, ont suscité une grande réserve chez une grande partie de la population. Ils se sont souvent formés via des mouvements militaires qui, par le passé, n’ont pas reculé devant l’usage d’une violence sanglante. «C’est précisément pour cela que ces partis ont une mauvaise image», a signalé le Professeur Mushi Mugumo. C’est pourquoi de nombreux Congolais ont préféré donner leur voix à un candidat indépendant. Vu le grand nombre de partis et de candidats indépendants, il peut y avoir plus de 130 avis différents au sein du Parlement. Difficile de faire un travail politique efficace dans de telles conditions. Le Professeur Mushi Mugumo préconise que les partis forment impérativement des coalitions. Il estime également nécessaire qu’ils améliorent leurs capacités à développer des stratégies politiques à moyen et à long terme. «Les partis doivent pouvoir se consacrer à des valeurs et à des thèmes précis», a-t-il dit. «C’est la seule façon de réaliser des progrès en politique.»

 

Faisant son autocritique, le Dr. Florentin Mokonda Bonza, candidat présidentiel de la Convention démocrate chrétienne, a mentionné une difficulté supplémentaire que la jeune démocratie doit actuellement affronter: la conception qu’ont les responsables politiques congolais de leur propre fonction. «Beaucoup considèrent simplement la fonction politique comme un moyen de gagner leur vie et non comme un service destiné au peuple», a-t-il expliqué. Tous les participants à la conférence se sont accordés pour dire que cette conception de la fonction politique devait changer. Le Dr. Adolphe Onusumba, ancien Ministre de la Défense et aujourd’hui député élu, a recentré le débat sur l’essentiel: «Les idées politiques doivent avoir la priorité sur les individus.»

Si l’on veut renforcer les partis politiques au Congo et soutenir ainsi leur rôle dans le processus politique, un autre aspect doit également être travaillé, a fait remarquer Andrea E. Ostheimer pour conclure: le cadre juridique. D’une part, le pays a besoin d’un système transparent pour le financement des partis politiques. D’autre part, l’influence de l’opposition, par exemple via la garantie du droit à la liberté d’expression, doit être assurée par la loi.

 

En dépit de l’envoi de troupes par les Nations unies et l’Union européenne dans la région afin de garantir la sécurité pendant les élections, on n’a cessé d’entendre ou de lire dans les journaux pendant les semaines qui ont précédé le scrutin que des conflits violents avaient lieu entre les partisans des divers candidats à la présidence. Même à Bruxelles, métropole de l’ancienne puissance coloniale du Congo, des échanges houleux ont eu lieu en pleine rue entre des partisans de candidats rivaux. Il a fallu l’intervention de la police pour empêcher qu’ils n’en viennent aux mains. La lutte pour le pouvoir politique a été chargée d’émotions fortes.

Entre-temps, la situation s’est à nouveau quelque peu détendue, mais toutes les régions de la République démocratique du Congo sont loin d’être paisibles: «L’est du pays surtout souffre encore du manque de sécurité», a indiqué Oliver Blake, collaborateur du Ministère britannique du Développement International. Dans cette région, des insurgés prennent encore les armes pour s’opposer à l’armée de la jeune démocratie.

 

La troisième et dernière table ronde, animée par Alexandre de Bordelius, Lieutenant-Colonel de l’État-major de l’UE au Conseil de l’Union européenne, portait sur les moyens de réformer le secteur de la sécurité et les problèmes concrets auxquels les habitants doivent faire face dans la région.

 

Les participants se sont accordés sur un point: pour pouvoir assurer la sécurité sur un territoire qui s’étend sur plus de deux millions de kilomètres carrés, le gouvernement congolais doit, avec l’aide de la communauté internationale, embrasser de nombreux domaines à la fois. «La réforme du secteur de la sécurité concerne non seulement l’armée mais aussi, par exemple, la police, l’administration des douanes, le contrôle des vols aériens et le domaine de l’immigration», a déclaré le Colonel Barry Barnwell pour résumer ses observations tirées de la mission EUSEC au Congo.

 

La sécurité dans le pays doit absolument s’organiser dans le cadre d’un travail commun avec les États voisins, a souligné le Dr. Adolphe Onusumba. «Nous devons instaurer une politique de bon voisinage et, à cette fin, organiser une conférence de paix internationale dans la Région des Grands Lacs.»

 

Pour qu’une stratégie de sécurité nationale soit couronnée de succès, il est important qu’elle émane des autorités congolaises elles-mêmes, a déclaré Oliver Blake. La communauté internationale doit bien entendu les soutenir dans cette entreprise. Daniel Stroux des Nations Unies a suggéré à ce sujet que le Parlement, plus particulièrement, s’associe le plus intensément possible à cette réflexion. Cela permettrait que sa fonction de contrôle politique soit appréciée à sa juste valeur.

 

Même si le concept global de sécurité doit couvrir de nombreux domaines à la fois dans la République démocratique du Congo, les participants à la conférence ont rapidement conclu qu’actuellement, la sécurité à l’intérieur du pays était particulièrement menacée par les abus au sein de l’armée, qui diminuent considérablement sa capacité d’action. En effet, les soldats, qui, pour bon nombre d’entre eux, se battaient encore les uns contre les autres sous la direction de chefs de guerre ennemis il n’y a pas si longtemps, manquent presque encore de tout: de salaire, de moral, d’équipement et d’éducation, et ce malgré les aides déjà reçues de l’étranger. «Les conditions dans lesquelles vivent les soldats aujourd’hui sont tout simplement inacceptables», a déclaré la scientifique Meike de Goede, qui a étudié comment ceux que l’on nomme les «seigneurs de la guerre» règnent dans l’est du pays.

 

La communauté internationale a en effet apporté son soutien financier, a déclaré le Colonel Barry Barnwell, mais il ne restait presque pas d’argent pour subvenir aux besoins des soldats. Et avec le peu d’argent qu’ils avaient à leur disposition, il leur fallait souvent en plus financer le carburant des véhicules militaires. «Il ne leur reste plus que quatre euros par mois. Faut-il s’étonner qu’ils se précipitent sur le reste de la population comme des oiseaux de proie? Ils ne pourraient pas survivre autrement.»

 

Pour Colonel Barry Barnwell l’incorporation actuelle d’anciens membres des troupes rebelles dans l’armée nationale est problématique. «L’intégration de ces forces est partiellement superficielle», a déclaré M. Barnwell. De nombreux nouveaux membres de l’armée ont conservé leurs anciennes opinions et convictions politiques et ne sont pas loyaux envers la jeune démocratie. D’autant plus qu’avec le maigre salaire que leur nouveau commandement leur a versé jusqu’ici, il n’ont pas encore eu les moyens d’assurer correctement leur propre subsistance et celle de leur famille. «Si nous voulons transformer une armée de brigands en une puissance protectrice, il faut la professionnaliser», a souligné le Colonel Barnwell avec fermeté.

 

Une réforme aussi fondamentale de l’armée prendrait environ 15 ans. Il faut s’atteler à ces tâches difficiles, qui sont également de longue haleine, a indiqué Le Colonel Barnwell, mais «il nous faudra payer pour l’achat de nouvelles armes et pour la formation de nouveaux officiers, car si nous ne le faisons pas, l’armée congolaise restera fortement politisée». Et, en fin de compte, la sécurité des citoyens ne pourra pas être assurée.

 

Que ce soit pour le renforcement de la représentation du peuple, jusqu’alors inexpérimentée, pour la consolidation du système de partis fragmenté ou pour la délicate question de la sécurité, le développement futur de cette démocratie encore fragile recèle de nombreux risques, mais également des ouvertures positives, comme l’ont clairement montré les débats de la conférence. Andrea E. Ostheimer, Représentante nationale de la Fondation Konrad Adenauer à Kinshasa, a conclu en demandant aux participants d’apporter encore davantage de soutien à la jeune démocratie sur ce chemin difficile: «La République démocratique du Congo n’est pas seulement au cœur de l’Afrique: elle devrait être pour nous tous une affaire de cœur.»

(Traduction du rapport de Mirjam Stöckel en Allemand)

 
 
CONCLUSION:
 
Qui sont ceux qui combattent cette democratie?: CONGOLAIS lui-même!
 Il ne s'agit plus de qui a le monopole d'installer la democratie mais bien, avons nous compris les principes de ces systèmes dont le PEUPLE en reprend 
son POUVOIR pour choisir seul, ses élites?... Et encore, qui en serait la personne clé de le faire?. Seulement une bonne prise de conscience d'une masse populaire
pour se reunir autour d'un seul IDEAL:LA RDC D'ABORD PAR LE PEUPLE QUI CHOISIRA SES DIRIGEANTS!
 
Et qui en sont devenus des farouches detracteurs de ce regime issu par le suffrage universel?:
Identifiez-les par leurs appartenances politiques et leurs passés politiques, vous saurez ce qui se passe dans la Republique Democratique du Congo!
 
Mais nous gardons espoir et disons, même mort,la verité ne sera jamais vaincu car elle est autant têtue plus qu'une meule...
 
Bânissons la haine qui nous gangrêne les esprits et nerfs! Et cherchons de réconnaitre nos erreurs du passé et pouvoir accepter aussi que les autres prennent les directives du pays!
LA RDC N'appartient pas à un certains groupes tribales, mais à tous, pourvu de meriter le pouvoir par les urnes et non par les armes!
 
Que Dieu bénisse la RDC!
 
Présidence
AMMAFRICA WORLD
 
La FEMME apportera toujours plus dans la société car elle en est le SOCLE!

15/01/2012
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HISTORIQUE DE L'UNION AFRICAINE ET CES ASPIRATIONS

ORGANISATION DE L'UNION AFRICAINE EN SIGLE "OUA"


HISTORIQUE

 

- 1963 : création de l’OUA par 32 États. Addis-Abeba devient le siège de l’organisation. 
- 1991 : traité d’Abuja qui prévoit la création d’un marché commun africain avant 2025. 
- 1999 : sommet de l’OUA à Syrte ; le projet d’Union africaine est lancé. 
- 2000 : signature de l’acte constitutif de l’Union africaine à Durban (Afrique du Sud. 
- 2002 : l’UA se substitue à l’OUA
- Juillet 2003 : sommet de Maputo : mise en place des institutions : Commission, Parlement panafricain et Conseil de paix et de sécurité (CPS). 
- Janvier 2006 : Alpha Oumar Konaré préside la commission de l’UA 
- Janvier 2008 : Jean Ping est élu président de la commission de l’UA 
- Juillet 2008 : Sommet de l’UA à Sharm-el-Cheikh. La crise au Zimbabwe et la question de la compétence universelle des juges dominent les débats. 
- Janvier 2009 : Sommet à Addis ; Qaddafi est élu président de l’Union. 
- 1-3 juillet : Sommet des Chefs d’Etat et de gouvernement à Syrte. 
- 31 août : session extraordinaire « Paix et Sécurité » des Chefs d’Etat et de gouvernement à Tripoli. 
- 31 janvier-2 février 2010 : sommet des Chefs d’Etat et de gouvernement à Addis Abeba.

ORGANISATION

2.1. Les institutions


Son organisation s’inspire de celle de l’Union européenne.

· La Conférence des chefs d’Etat est l’instance suprême de l’organisation. Elle se réunit deux fois par an, dont au moins une fois au siège de l’organisation. Le dernier sommet s’est tenu à Addis Abeba du 31 janvier-2 février 2010. Le prochain se tiendra à Kampala du 25 au 27 juillet 2010.

· La présidence de l’organisation est assurée par un Etat membre, selon une règle de rotation entre les 5 régions. Le Malawi (Président Mbingu wa Mutharica) assure la présidence de l’Union pour 2010 (succède à la Libye).

· La présidence s’appuie sur un Conseil exécutif (ministres des affaires étrangères), des comités techniques (ministres techniques) et d’un comité des représentants permanents (COREP) constitué des ambassadeurs accrédités à Addis.

· La Commission est l’instance permanente. Elle est composée d’un président (Jean Ping, gabonais, a succédé en avril 2008 à Konaré, malien), d’un Vice-Président (Erastus Mwencha, kenyan, depuis avril 2008) et de huit commissaires : paix et sécurité, affaires politiques, infrastructures et énergie, affaires sociales, ressources humaines, sciences et technologies, commerce et industrie, économie rurale et agriculture, affaires économiques. Environ 500 personnes y travaillent actuellement.

· Le Parlement panafricain. Composé de 265 députés, il a un rôle consultatif. Il se réunit deux fois par an (sessions de 10 jours seulement). Son siège est en Afrique du Sud.

· Le Conseil économique, social et culturel (ECOSOCC), organe consultatif. L’un des enjeux est d’y faire représenter la diaspora africaine. La France est le seul partenaire à appuyer la montée en puissance de cette institution (voir §5).

· Des institutions judiciaires et de défense des droits de l’Homme (Cour africaine des droits de l’homme et des peuples, Cour de justice…) complètent le dispositif.

 

2.2. Les pays membres


Il y a actuellement 53 membres de l’UA, soit tous les pays d’Afrique, à l’exception du Maroc. Ce dernier s’est retiré de l’OUA pour protester contre l’admission dans l’organisation de la République arabe sahraouie démocratique en 1982.

 

2.3. Les pays observateurs

 

47 pays ou organisations sont accrédités auprès de l’Union africaine.

Seuls les Etats-Unis (depuis novembre 2006) et l’Union européenne (depuis janvier 2008) ont fait le choix d’avoir une représentation spécifique auprès de l’UA, distincte de leur représentation en Ethiopie.

 

2.4. Les présidents successifs (Union et Commission)


- Les Présidents de l’Union africaine :

Nom Début du mandat Nationalité
Thabo Mbeki Juillet 2002 Afrique du sud
Joaquim Chissano Juillet 2003 Mozambique
Olusegun Obasanjo Juillet 2004 Nigéria
Denis Sassou-Nguesso Janvier 2006 Congo-Brazzaville
John Kufuor Janvier 2007 Ghana
John Kikwete Janvier 2008 Tanzanie
Mouamar Gaddafi Janvier 2009 Libye
Mbingu wa Mutharika Janvier 2010 Malawi

- Présidents de la Commission de l’UA :

Nom Début du mandat Nationalité
Amara Essy Juillet 2002 Côte d’Ivoire
Alpha Oumar Konaré Juillet 2003 Mali
Jean Ping Avril 2008 Gabon

 

2.5. La composition de la Commission

1 Président Jean Ping H Gabon
2 Vice-Président Erastus Mwencha H Kenya
3 Paix et sécurité Ramtane Lamamra H Algérie
4 Affaires Politiques Julia Dolly Joiner F Gambie
5 Infrastructure et énergie Elham Ibrahim H Egypte
6 Affaires sociales Bience Gawanas F Namibie
7 Ressources humaines, science et technologie Jean Pierre Ezin H Bénin
8 Commerce et industrie Elizabeth Tankeu F Cameroun
9 Affaires économiques Maxwell Mkwezalamba H Malawi
10 Economie rurale et agriculture Tumusiime Rhoda Peace F Ouganda

2.6. La composition (15 Etats-membres) et les présidences mensuelles du Conseil de paix et de sécurité (jusque fin 2011)

Présidence Nom Région Durée du mandat (à partir de 2010) Début du mandat Fin du mandat
Avril 2010 Bénin Ouest 2 ans 2008 2012
Mai 2010 Burundi Centre 2 ans 2008 2012
Juin 2010 Tchad Centre 2 ans 2008 2012
Juillet 2010 Côte d’Ivoire Ouest 2 ans 2010 2012
Août 2010 Djibouti Est 2 ans 2010 2012
Sept. 2010 Guinée équatoriale Ouest 3 ans 2010 2013
Octobre 2010 Kenya Est 3 ans 2010 2013
Nov. 2010 Libye Nord 3 ans 2010 2013
Déc. 2010 Mali Ouest 2 ans 2008 2010
Janvier 2011 Mauritanie Nord 2 ans 2010 2012
Février 2011 Namibie Sud 2 ans 2010 2012
Mars 2011 Nigeria Ouest 3 ans 2007 2013
Avril 2011 Rwanda Centre 2 ans 2008 2012
Mai 2011 Afrique du Sud Sud 2 ans 2010 2012
Juin 2011 Zimbabwe Sud 3 ans 2010 2013
Juillet 2011 Bénin Ouest 2 ans 2008 2012
Août 2011 Burundi Centre 2 ans 2008 2012
Sept. 2011 Tchad Centre 2 ans 2008 2012
Octobre 2011 Côte d’Ivoire Ouest 2 ans 2010 2012
Nov. 2011 Djibouti Est 2 ans 2010 2012
Déc. 2011 Guinée équatoriale Ouest 3 ans 2010 2013

L’ARCHITECTURE AFRICAINE DE PAIX ET DE SECURITE

3.1. Organisation

Suite au sommet de Durban (2002), une « Architecture africaine de paix et de sécurité » a été définie. Elle se met progressivement en place. Elle conjugue approche préventive et gestion de crise en s’appuyant sur les instruments suivants :

· le Conseil de paix et de sécurité. Organe pivot de l’UA en matière de paix et de sécurité, il est en place depuis mai 2004, à un rythme d’environ 50 réunions par an. Il est composé de quinze pays élus pour 2 ans (10 membres) ou 3 ans (5 membres). S’intéressant aux différentes crises du continent, il a acquis au fil des années une véritable autorité.

· la Force africaine en attente. En cours de constitution, elle sera composée de cinq forces régionales en attente. L’objectif initial était que la FAA soit opérationnelle en 2010. L’an dernier, l’objectif annoncé par le commissaire Paix et Sécurité était que les forces en attente de trois Communautés Économiques Régionales ou Mécanismes Régionaux sur 5 soient opérationnelles en 2010. Actuellement, l’objectif est que la capacité opérationnelle initiale de cette FAA soit établie et que le processus décisionnelle de l’UA soit validé lors du Command Post eXercise (CPX) qui clôturera le cycle EURORECAMP. Des accords entre l’UA et les régions précisent les modalités d’emploi de cette FAA. L’outil EURORECAMP, dans son nouveau cycle, appelé « Amani Africa », qui a été lancé en novembre 2008, est un élément clé de la montée en puissance de la FAA (voir §3.2).

· un système continental de veille et d’alerte précoce. Il s’agit de disposer d’un réseau de veille et de communication assurant, au profit des différents échelons, une information rapide, autonome et sécurisée sur les différents théâtres de crise en Afrique. Quoique encore imparfait (reste à développer la capacité « analyse »), le système est opérationnel.

· Un « groupe de sages » : composé de 5 personnalités africaines, dont l’ancien Président algérien Ben Bella (qui le préside) et l’ancien secrétaire exécutif de l’OUA M. Salim Ahmed Salim, il est en place depuis décembre 2007. A la disposition du CPS et du Président de la Commission, il a été créé pour se prononcer sur les sujets intéressant la paix en Afrique et jouer le cas échéant le rôle de « facilitateur » pour dénouer certaines crises. Il n’a, jusqu’à présent, pas pu jouer tout son rôle dans la résolution d’une crise en cours.

 

· Le fonds pour la paix, alimenté normalement par les Etats membres.

 

· Le comité d’Etat-major, groupe d’experts militaires (idéalement, les 15 attachés de défense des Etats membres représentés au CPS) chargé d’aider le CPS dans ses décisions impliquant des composantes militaires. Ce comité s’est rarement réuni jusqu’à présent (difficulté à atteindre le quorum de 10 membres).

 

 

3.2. Euro-recamp

Euro Recamp est décrit dans la fiche N° 6 du plan d’action du partenariat UE-Afrique visant à renforcer le partenariat entre l’Afrique et l’Union européenne dans le domaine des capacités africaines de prévention, gestion et résolution des conflits.

Le sommet de Lisbonne des 8 et 9 décembre 2007 a établi que le cycle Euro Recamp serait conduit en partenariat entre l’UA et l’UE.

D’une manière générale, l’UA a pour objectif de s’approprier la direction et l’évaluation du cycle, tandis que l’UE doit fournir une part importante du financement et du soutien, ainsi qu’une expertise sur l’entraînement et le bon déroulement du cycle. La France est nation cadre du premier cycle. L’UA considère Euro Recamp comme l’un des opérateurs majeurs du plan d’entraînement de la FAA.

La conférence d’initialisation s’est tenue en novembre 2008, en marge de la troïka UE-UA. Le scénario Carana de l’Onu a été choisi comme scénario de référence.

3.3. Bilan, enjeux, perspectives

 

Le CPS est reconnu comme une instance politique incontournable, par les Africains comme par le reste de la communauté internationale, notamment les Nations unies.

 

Des succès relatifs dans le traitement des crises

Malgré les difficultés au Darfour et en Somalie, l’Union africaine cherche à affirmer sa légitimité comme instance de règlement des crises africaines. Elle a rencontré certains succès au Togo, en 2005, en évitant une crise à la mort du Président Eyadéma, ou en intervenant pour la reprise des processus démocratiques au Burundi et en République centrafricaine, et même au Darfour en parvenant à envoyer des troupes. Plus récemment, l’implication de l’Union Africaine sur la Guinée, le Niger ou Madagascar est essentielle pour aider ces pays à résoudre leur crise. Le renouvellement récent (janvier 2010) du mandat de l’AMISOM témoigne de la volonté de l’UA de poursuivre son travail de stabilisation de la Somalie.

Les enjeux portent maintenant principalement sur :


- La consolidation du Département Paix et sécurité de la Commission. Des recrutements sont en cours pour l’Etat-major stratégique et une restructuration de l’ensemble du département doit être entamé en 2011.

- Les accords entre l’UA et les régions qui doivent être approfondis afin de donner plus de poids aux décisions communautaires.

- Une meilleure articulation et définition des tâches entre le Département Paix et sécurité, omniprésent, et le Département Affaires politiques, moins présent en dehors des processus électoraux.

- La mise en place effective des forces régionales en attente.

- Trouver une bonne réponse au débat sur le financement des OMP africaines, ce qui implique de définir des suites satisfaisantes au Rapport Prodi.

 

 

BILAN ET PERSPECTIVES

Mais c’est au-delà des questions de paix et de sécurité que son avenir se joue aussi. Or, cinq ans après sa création, l’UA traverse une période d’interrogation sur son identité.

4.1. Le problème des moyens

Le premier problème est que l’Union n’a pas les moyens de ses ambitions : 
- ses ressources sont insuffisantes (budget annuel d’environ 250 millions de dollars), 
- ses moyens humains sont inadaptés et mal gérés, 
- ses capacités techniques et administratives sont trop faibles.

4.2. La question du Gouvernement de l’Union

Le débat entre « maximalistes » (accélérer l’intégration continentale) et « gradualistes » (privilégier l’intégration régionale) fait rage depuis le sommet d’Accra (juillet 2007). Le sommet d’Addis de janvier 2009 a conduit, sous l’impulsion de Qaddafi, à décider la transformation de la Commission de l’Union africaine en Autorité de l’Union africaine. Reste à définir le contenu de cette réforme et les modalités pour la mettre en œuvre (modification ou non de l’acte constitutif). Les décisions tardent sur ce dossier qui est loin de faire consensus (un rapport intérimaire a été présenté au sommet d’Addis Abeba fin janvier 2010).

4.3. Quelles priorités ?

Le Président de la Commission J. Ping a énoncé les quatres piliers de son action : 
- paix et sécurité ; 
- développement ; 
- valeurs partagées (démocratie etc…) ; 
- le développement des capacités de l’Union.

Afin de rationaliser le dispositif en matière de développement et d’intégration, le NEPAD a été intégré dans les structures de l’UA (décision du sommet d’Addis de janvier 2010).

L’équipe de J. Ping, notamment le vice-président, semble avoir pris la mesure des efforts à accomplir en matière de gestion des personnels et de management financier.

ACTION DE LA FRANCE

 

La France est l’un des quarante-sept Etats ou organisations bénéficiant du statut d’observateur auprès de l’Union africaine.

Outre son action diplomatique, notamment aux Nations-unies, pour appuyer les actions de l’UA et favoriser l’approche multilatérale des questions africaines, et outre son action en faveur de la mise sur pied de la force africaine en attente de l’UA (à travers notamment l’outil RECAMP), la France agit localement, à Addis Abeba, pour accompagner la montée en puissance de l’Union africaine.

 

Dans le cadre des Nations unies et de la résolution des crises :

 

- En rappelant le rôle dévolu, dans le respect de la Charte, aux organisations régionales dans le maintien de la paix,

- En prônant une représentation de l’Afrique au Conseil de Sécurité, dans le cadre des travaux actuels sur la réforme de l’organisation,

- En promouvant un engagement systématique des organisations régionales africaines dans le règlement des crises, sur le terrain et dans les négociations.

Dans le cadre de l’Union Européenne :

- en matière de paix et de sécurité et dans le domaine du développement (la France a été le deuxième contributeur du 9ème Fonds Européen de Développement).

- Elle soutient la conclusion d’accords de partenariat entre l’UE et les organisations régionales africaines et elle participe activement au dialogue UE / Afrique.

Dans le cadre du G8 : La France soutien l’inscription de l’Afrique parmi les toutes premières priorités des travaux des divers G8 et en particulier en matière de paix et sécurité, elle soutient les initiatives du G8 portant sur le renforcement des capacités africaines de maintien de la paix et l’appui à la mise en place de la Force Africaine en Attente.

A titre bilatéral : La France a versé une aide budgétaire de 5 M€ à la fin de l’année 2005.

Cette aide comprenait :

· un volet « paix et sécurité » (3 millions d’euros),

· un volet « gouvernance » (harmonisation du droit des affaires, problématique des constitutions en Afrique) ;

· un volet « langues et culture », essentiellement pour la promotion du français en partenariat avec l’Organisation internationale de la francophonie.

Un avenant prolonge la validité de la convention jusqu’à fin 2010.

a) Le volet Paix et sécurité a été complété par d’autres aides budgétaires bilatérales (14,9 M€)

a. Au profit de l’opération AMIS menée par l’UA au Darfour (2 millions d’euros en mai 2006, 1 million fin 2006, 10 millions fin 2007 versés à la Commission européenne).

b. L’avenant de juin 2008 précise que la France renonce au remboursement des prestations en nature que l’armée française a réalisées, au profit de l’opération AMIS, à partir du camp d’Abéché (Tchad) de 2004 à 2007. Cette aide non-MAEE représente 1,4 million d’euros.

c. La France a versé un soutien indirect à l’opération AMISOM pour le déploiement du contingent burundais en Somalie (500 000 euros en 2007).

b) Soutien à ECOSOCC (0,27 M€)

Le volet gouvernance a été renforcé par le protocole d’accord signé avec la Commission de l’UA qui prévoit un soutien de 270000 euros à l’ECOSOCC (FSP « Gouvernance démocratique ») afin que l’ECOSOCC porte la voix de la société civile africaine au sein du Partenariat UE-Afrique sur la gouvernance démocratique et les droits de l’homme.

c) Nous contribuons également à la « facilité de paix africaine » (FPA) (75 M€)

Instrument de la Commission européenne, de plus de 300 millions d’euros, elle finance essentiellement les opérations de maintien de la paix de l’UA (AMIS, AMISOM,…) ainsi que le développement des capacités institutionnelles de l’Union dans le domaine de la paix et de la sécurité. Cette FPA est financée à partir du FED auquel la France contribue à hauteur de 24% (pour le 9è FED).

6- Visites françaises à Addis

Bernard Kouchner s’est rendu à Addis la fin du mois de juillet 2007 et à nouveau en novembre 2008.

La Secrétaire d’Etat au commerce extérieur (Anne-Marie Idrac) est venue en octobre 2008. Jean-Marie Bockel (alors Secrétaire d’Etat à la Défense et aux Anciens combattants) est venu en novembre 2008.

Rama Yade (en tant que Secrétaire d’Etat aux affaires étrangères et aux droits de l’homme) est venue au printemps 2009.

Jean-Louis Borloo est venu deux fois à Addis Abeba dans le cadre de la préparation du sommet de Copenhague (le premier Ministre éthiopien y représentait l’Afrique suite au mandat que lui avait confié l’UA).

En 2010, visite de Alain Joyandet (groupe de contact Madagascar).

 

FRANCOPHONIE

Avec l’anglais, le portugais et l’arabe, Le français est l’une des quatre langues officielles de l’Union africaine.

La quasi-totalité des documents de travail et des réunions font l’objet de traductions anglais-français. Ce sont de très loin les deux langues les plus utilisées, l’arabe et le portugais étant utilisés de manière plus marginale.

Cela étant, la situation est fragile :

- La fait que le siège de l’organisation soit en Ethiopie, où l’usage de l’anglais est répandu, est un facteur défavorable au français.

- Les situations varient d’un département de la Commission à l’autre en fonction de la nationalité et de la langue maternelle des individus et des directeurs. De plus, chaque autorité a tendance à s’entourer d’une équipe parlant la même langue, ce qui accentue le phénomène.

- Dans le domaine paix et sécurité, la pression de l’anglais est plus perceptible en raison des relations avec les Nations-unies et les partenaires non-africains. L’équilibre maintenu jusqu’à présent grâce à la présence d’un commissaire bon francophone (R. Lamamra).

- La Commission de l’Union africaine n’avait mis en oeuvre aucun programme d’importance en faveur de la francophonie jusqu’à l’accord signé entre l’UA et l’OIF en 2005. Dans le cadre de cet accord, la France a versé 400 000 euros pour soutenir le français au sein des instances de l’UA. Une personne a été recrutée par l’OIF et placée auprès de la CUA pour mettre en place les projets de formation et de traduction.

- Les pays francophones, quoique attachés à la défense du français, ne font pas peser sur l’organisation une pression suffisante. Ils sont plus attachés à la traduction des documents ou à l’interprétariat qu’à la promotion de l’apprentissage du français par les cadres de la Commission. Le groupe des ambassadeurs francophones à Addis a été récemment réactivé.

PARTENARIATS EXTERIEURS

 

Avec l’Union européenne

 

Le Sommet UE-Afrique de Lisbonne, en décembre 2007, a abouti à l’adoption d’une stratégie conjointe et d’un plan d’action pour les années 2008-2010.

Les partenariats à mettre en œuvre sont au nombre de huit :

- Paix et sécurité 
- Gouvernance démocratique et droits de l’homme 
- Commerce et intégration régionale 
- Objectifs du millénaire pour le développement 
- Energie 
- Changement climatique 
- Migration, mobilité et emploi 
- Science, société de l’information et espace

Les modalités de mise en œuvre du plan d’action ont été définies lors de la troika ministérielle qui s’est tenue, sous présidence française, en septembre 2008 à Bruxelles. La dernière troika ministérielle a eu lieu à Addis le 14 octobre 2009 et a permis d’affirmer des positions communes sur des sujets éminents (crises africaines et changement climatique notamment). On parle cependant de réduire le nombre de partenariats.

A Addis, la délégation de l’Union européenne auprès de l’UA, dont le chef a un double mandat, de la Commission européenne et du Conseil, et qui constituait avant l’entrée en vigueur du traite de Lisbonne une sorte de préfiguration ad hoc du service d’action extérieur européen, joue un rôle important dans la mise en œuvre du plan d’action de Lisbonne.

 

Avec d’autres pays ou organisations

 

L’Union africaine déploie une politique de partenariats tous azimuts. Le président Konaré employait l’expression de « partenariats multiples », affirmant haut et fort la volonté de faire jouer la concurrence entre les partenaires.

Des sommets sont organisés avec des pays (Japon, Inde, Turquie, projet d’un sommet avec l’Iran) ou avec des organisations (Amérique latine…).


15/01/2012
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PATRICE LUMUMBA: HISTOIRE D'UNE VIE EXEMPLAIRE!

Patrice Lumumba, histoire d'une vie exemplare

Ci-dessous vous trouvez les chapitres de la brochure "Patrice Lumumba, histoire d'une vie exemplare". Vous pouvez parcourir ce texte en cliquant sur les liens.

L'Histoire de la vie de Patrice Emery Lumumba : Introduction

 

  Patrice Lumumba 

Lumumba, l'histoire d'une vie exemplaire

 
Lumumba, qui a arraché l'indépendance mais qui n'est resté que deux mois et demi à la tête du Congo, est devenu un grand révolutionnaire, le héros national du peuple congolais. Pourquoi lui? Parce qu'il a été le premier à comprendre que la seule force capable de réaliser l'indépendance totale était celle de la grande masse des exploités et des opprimés.Né le 2 juillet 1925 à l'intérieur du pays, à Katako-Kombé, il a aussi vécu à Kisangani et Kinshasa : il connaissait bien les masses de son peuple. L'histoire de la lutte héroïque menée par Lumumba est très peu connue par la jeunesse congolaise. Et pour cause: Mobutu, qui a régné sur le Congo à partir du 14 septembre 1960, a été le principal responsable de l'assassinat de celui qui a été le véritable Père de la Nation congolaise. Nous retraçons ici l'histoire de Lumumba depuis le 10 octobre 1958, date de la fondation du Mouvement National Congolais, jusqu'au 17 janvier 1961, date de son assassinat au Katanga. Nous publions aussi les textes essentiels produits par Patrice-Emery Lumumba.En suivant l'histoire de Lumumba et en lisant ses déclarations politiques, le lecteur méditera sans doute souvent sur la situation politique actuelle. Laurent-Désiré Kabila est non seulement le continuateur de l'oeuvre de Lumumba, il bravait déjà la mort en luttant pour la cause lumumbiste au cours de cette année cruciale 1960. Aujourd'hui, les ennemis de Lumumba sont toujours là et ils s'attaquent à Kabila avec des tactiques qui ne sont guère différentes de celles qu'ils utilisaient dans les mois qui ont suivi l'indépendances.

 

 

La colonie, une prison pour les Congolais
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Après la période de terreur et de destructions qui a caractérisé le mobutisme, certains présentent la colonisation belge comme une " période díor ". A tort. Le Congo a été conquis par Léopold II par le feu et le sang. Le pouvoir colonial fut un pouvoir absolu et tyrannique, basé sur la violence et les armes. Les travailleurs étaient exploités au maximum pour que les entreprises capitalistes coloniales fassent des bénéfices fabuleux.

 

La conquête: "Pas de prisonniers, que des morts"


De 1887 à 1893, Isidore Tobback était le principal représentant de l'Etat du Congo au Bas-Congo. Voici ce quíil dit dans une lettre: "Mars 1888. Pendant un mois, j'ai marché et combattu avec cinquante hommes, jour et nuit. Les villages conquis ont été pillés et entièrement anéantis. Il me suffit de raconter l'assaut et la prise d'un seul village pour les avoir racontés tous. Je vais donc vous raconter la prise du village de Kimbanza. Une salve collective de mon second groupe sème la peur et la mort dans les rangs des indigènes qui jettent leurs armes pour fuir plus vite et plus sûrement, car ils savent que je fais fusiller tous ceux qui ont les armes à la main. Trois prisonniers portaient des armes lorsquíils ont été arrêtés. Cinq minutes plus tard, ils ont été abattus de douze balles. Tous les vivres, les légumes, les poulets, les chèvres ont été emportés et nous avons quitté le village dans la lueur des huttes en feu. Ainsi le veut la guerre africaine." ... "26 avril 1891. J'ai dû affronter les indigènes dans les environs de l'embouchure du Lomani. ... J'ai tué quatre-vingts personnes et fait autant de blessés. Pas de quartier, donc pas de prisonniers."
(Extrait traduit de "E.D. Morel tegen Leopold II en de Kongostaat, A.M. Delathuye", EPO, 1985, p.11)

 

 

 

Une dictature personnelle
Léopold II, roi des Belges et roi de l'Etat indépendant du Congo, écrit le 3 juin 1906: "Le Congo a été et n'a pu être qu'une oeuvre personnelle. Or, il n'est pas de droit plus légitime que le droit de l'auteur sur sa propre oeuvre, fruit de son labeur. Mes droits sur le Congo sont sans partage, ils sont le produit de mes peines et de mes dépenses. Le mode d'exercice de la puissance publique au Congo ne peut relever que de l'auteur de l'Etat. C'est lui qui dispose légalement, souverainement, et qui doit forcément continuer à disposer seul, dans l'intérêt de la Belgique, de tout ce qu'il a créé au Congo." Mobutu n'a fait qu'imiter la dictature personnelle de Léopold II, roi des Belges.

 

 

Exploités à outrance


La force de travail des Noirs a été mise à la disposition des grandes sociétés par la violence et la contrainte exercées par líEtat colonial. La Compagnie du Katanga a reçu la pleine propriété díun territoire díune superficie six fois supérieure à celle de la Belgique. Le roi Léopold II et une poignée de grands capitalistes fondent en 1900 le Comité Spécial du Katanga (CSK) qui obtient le droit díadministrer la plus grande partie du Katanga, díy percevoir líimpôt et díy organiser un corps de police. 
Ce CSK devient le principal actionnaire de líUnion Minière en 1906. Cette société est devenue une des plus importantes sociétés capitalistes de Belgique. En 1924, le vice-gouverneur Moulaert, évalue le coût annuel díun travailleur de líUnion Minière entre 8.000 et 9.000 francs, alors quíil en rapporte 50.000. Quand le capitaliste paie un franc à líouvrier qui est durement exploité, le capitaliste empoche 6 francs sans rien faire.
Dans la colonie, 25.000 salariés blancs gagnent autant que 1.200.000 salariés noirs.
En septembre 1925, un administrateur territorial du Kwilu écrit: ëLes administrateurs territoriaux savent à quel point les exactions se font chaque jour plus nombreuses et ne laissent aux populations ni répit, ni liberté. Peut-être peut-on pardonner au fonctionnaire de se sentir envahi díamertume parce que les villages se vident à son approche comme à líarrivée díun marchand díesclaves.í Lors de la répression de la révolte populaire entre le Kwilu et le Lutshima en 1931, 4.000 villageois ont été massacrés. Chargé díenquêter sur les causes de la révolte, le fonctionnaire Jungers écrit: ëOn peut dire que la quasi-totalité des coupeurs de fruits sont partis pour Leverville contraints et forcés, soit par leurs chefs médaillés soit directement par les fonctionnaires et agents du service territorial. Comment en serait-il autrement? Il níest pas un colon qui admettra les que indigènes, alors que fort peu de choses leur manquent dans leur village, aillent travailler à cinq ou six jours de marche du village, en abandonnant pour six mois leurs femmes et leurs enfants, pour aller vivre dans des conditions qui sont abominables.í LíUnion Minière a été fondée en 1906 avec 10 millions de francs belges. Entre 1950 et 1959, elle réalise un bénéfice net de 31 milliard de francs. En 1959 elle domine le Katanga dont elle organisera la sécession en 1960.


La doctrine catholique: l'arme idéologique du colonialisme


Un des pionniers de la conquête militaire du Congo, le commandant Michaux, déclare en 1910: "Les missionnaires sont les éducateurs naturels des sauvages. Les missionnaires seuls feront que notre colonie deviendra un jour le prolongement de la Mère Patrie." (1) 
Le président de la CSC, le syndicat chrétien belge, Henri Pauwels explique en 1949 la doctrine catholique de la colonisation aux ouvriers. Voici ce texte officiel."Nous parlons d'abord des fondements généraux du droit à la colonisation. La première donnée est la conquête. En général, les indigènes ont été privés de leurs droits par la volonté unilatérale de la puissance colonisatrice. Voyons les raisons qui ont été invoquées pour justifier de telles expropriations. Il y a notamment les actes de violence commis par les indigènes contre ceux qui voulaient s' établir dans leur pays; leurs crimes contre la nature; leur opposition à la prédiction de l'Evangile. Toutes ces raisons sont essentiellement bonnes pour justifier l'intervention armée des pays qui se sentent lésés dans leurs droits ou qui se présentent comme les défenseurs du droit naturel et divin. L'humanité ne peut pas tolérer que, par ignorance, par paresse ou par négligence, les richesses naturelles que Dieu a offertes au monde pour satisfaire les besoins humains, restent en friche. Lorsque des territoires sont mal gérés par leurs propriétaires légitimes, les autres pays, qui sont lésés de ce fait, ont le droit de prendre la place des mauvais gestionnaires et d'exploiter ces biens. Il est légitime que les peuples à coloniser soient obligés, sous la contrainte si nécessaire, à collaborer à l'|uvre civilisatrice dont ils seront bénéficiaires. L'|uvre éducatrice qui incombe à la nation colonisatrice est très lourde et coûteuse. Aucune nation ne voudrait en assumer la charge si elle n'y trouvait pas son profit. Le fait de demander une rémunération équitable pour les prestations accomplies dans le cadre de l'|uvre colonisatrice est logique. Qu'en est-il des peuples colonisés qui, grâce à la tutelle dont ils ont pu bénéficier, ont acquis la capacité de se gouverner eux-mêmes? Peuvent-ils revendiquer leur indépendance? Un véritable contrat a été conclu entre la mère patrie et la colonie. Il serait injuste que l'une des parties soit privée des fruits légitimes d'une |uvre civilisatrice de longue haleine. La prise de conscience nationale d'un peuple soumis va, en effet, de pair avec des aspirations séparatistes. La mère patrie doit donc veiller à désamorcer ces aspirations en faisant en temps voulu les concessions nécessaires." (2) Voilà en quels termes l'Eglise catholique, qui avait justifié pendant trois siècles la traite des Nègres, a justifié la domination coloniale.

 

1)Pourquoi et comment nous devons coloniser, Michaux, Bruxelles, 1910, pp. 196-197; 2) "Le syndicalisme et la colonie" par Henri Pauwels, cité dans L'argent du PSC-CVP, Ludo Martens, EPO, pp. 91-94.



Dans la lutte pour l'indépendance
 
La force motrice de la lutte pour l'indépendance du Congo a été constituée par les travailleurs et les chômeurs des villes et les paysans des villages. Ceux-ci avaient porté tout le poids de l'oppression et de l'exploitation coloniales. A la fin des années cinquante, ils exigent un changement radical. Ils sont sensibilisés par le courant anticolonialiste qui déferle sur l'Afrique depuis la libération de la Chine en 1949 et depuis le début de la guerre d'indépendance en Algérie. 
A cette époque, les dirigeants congolais modernes, les « évolués », sont presque tous conciliants envers les colons. Lumumba lui-même écrit encore en 1956 : 
« Le désir essentiel de l'élite congolaise est d'être des 'Belges' et d'avoir droit à la même aisance et aux mêmes droits ».(1) En 1956 toujours, Ileo et Ngalula publient le « Manifeste de la Conscience Africaine ». Ces deux hommes sont très liés à l'Eglise catholique qui fut la première institution coloniale à préparer le passage au néocolonialisme. La Belgique commence à comprendre que pour maintenir sa domination économique et politique sur le Congo, il faut désormais s'appuyer sur des Congolais dévoués aux intérêts belges. Le Manifeste dit : « Notre volonté est que l'émancipation du Congo se réalise dans l'ordre et la tranquillité. Les Européens doivent bien comprendre que notre désir légitime d'émancipation n'est pas dirigé contre eux. Nous prévoyons de créer une organisation qui se fera en pleine légalité et en se conformant aux lois ».(2) 
Le 10 octobre 1958, Iléo, Ngalula, Adoula et Lumumba fondent le Mouvement National Congolais. C'est un parti qui se veut loyal vis-à-vis de la Belgique et regroupe des Congolais proches des courants catholique, libéral et social-démocrate belges. 

La naissance d'un révolutionnaire

Du 5 au 13 décembre 1958, a lieu à Accra, capitale du Ghana, une Conférence Panafricaine historique. Le Ghana, sous la direction de Kwame Nkrumah, a été le premier pays d'Afrique noire à briser les chaînes du colonialisme. C'était le 6 mars 1957. A Accra, Lumumba rencontre les dirigeants africains les plus expérimentés et les plus radicaux dont Nkrumah qui deviendra son père spirituel. Lumumba déclare à Accra : « Malgré les frontières qui nous séparent, nous avons la même conscience, les mêmes soucis de faire de ce continent africain un continent libre, heureux, dégagé de toute domination colonialiste. Nous sommes heureux de constater que cette conférence s'est fixé comme objectif: la lutte contre tous les facteurs internes et externes qui constituent un obstacle à l'émancipation de nos pays et à l'unification de l'Afrique. Parmi ces facteurs, on trouve le colonialisme, l'impérialisme, le tribalisme et le séparatisme religieux qui, tous, constituent une entrave sérieuse à l'éclosion d'une société africaine harmonieuse et fraternelle. »(3) A Accra, Lumumba a cessé d'être un « évolué » pour devenir un nationaliste africain radical.
Le 28 décembre 58, Lumumba tient son premier meeting politique sur la place de la Victoire à Matonge, Kinshasa, devant plus de 10.000 personnes. C'est la première fois que Lumumba sent l'énergie bouillante de la masse et qu'il comprend que seule la masse constitue une force capable de réaliser les idéaux d'une indépendance totale. Mais ses compagnons, Iléo, Adoula, Kalonji et Ngalula, ne l'entendent pas de cette oreille. Ils estiment que Lumumba est devenu un «démagogue dangereux»S Peu après ce meeting, Lumumba leur dit : « Vous êtes tous endormis. Vous pensez que l'indépendance vous sera offerte sur un plateau d'argent, mais il faudra lutter pour l'obtenir et je suis décidé à me battre pour arracher notre indépendance.» (4)

Les massacres du 4-5 janvier 1959
Le 4 janvier, l'ABAKO de Kasavubu annonce un meeting place de la Victoire. Il faut absolument dépasser le succès que Lumumba a obtenu, une semaine auparavant. L'ABAKO considère Lumumba comme un « étranger » dans la province du Congo Central ! 
L'ABAKO était le parti tribaliste des Bakongo et avait l'avantage d'opérer dans la partie la plus développée et la plus connue du Congo: la capitale et ses environs. Les masses du Bas-Congo et de Kinshasa étaient très révoltées contre la domination coloniale. Mais l'ABAKO détournait cette révolte vers des objectifs tribaux. 
Or le meeting est interdit par l'administration et l'affaire tourne à l'insurrection. La Force Publique massacre 300 Congolais, surtout des travailleurs, des chômeurs et des « irréguliers », venus à Kinshasa sans autorisation. Des dizaines de milliers de Congolais ont pris part aux « émeutes », c'est-à-dire au combat ouvert pour l'indépendance. Le colonisateur expulse alors des milliers d'irréguliers vers leur village d'origine. Là-bas, ces jeunes révoltés racontent comment la masse a osé attaquer les colonialistes. Dans tous les villages du Bas-Congo, du Kwilu et du Kwango, les masses commencent à se soulever, à l'exemple des héroïques combattants du 4 janvier.
Suite aux « émeutes » du 4 janvier, Kasavubu est arrêté et emprisonné. Mais le gouvernement belge, effrayé devant la lutte révolutionnaire, décide très vite de changer de tactique. Connaissant la faiblesse des partis nationalistes, l'administration coloniale les prend de court en accordant l'indépendance dans un bref délai. Ainsi, la Belgique veut s'assurer que le Congo « indépendant » soit gouverné par ses amis et ses fidèles. Le 13 janvier 1959, le roi Baudouin déclare : «Notre résolution est aujourd'hui de conduire les populations congolaises à l'indépendance.»
Le 13 mars, le ministre Van Hemelryck fait libérer Kasavubu et l'envoie en Belgique. Van Hemelrijck affirme que Kasavubu s'est rallié à la nouvelle politique définie le 13 janvier. Kasavubu déclare : «Nous demandons au peuple congolais de rester calme, d'oublier le passé et de préparer l'avenir dans l'esprit de la nouvelle politique qui conduit le Congo à l'indépendance.» (5) 

L'administration coloniale était déjà arrivée à la conclusion que l'ABAKO, parti tribaliste et séparatiste, pouvait être « apprivoisé ». Le 21 avril, face au radicalisme des masses qui balaie toutes les institutions coloniales, l'administrateur Saintraint indique une nouvelle piste : «La situation générale est critique et, sous certains aspects, dramatique. L'Administration, rejetée, n'a plus les moyens de diriger le pays ni d'y maintenir l'ordre. L'ABAKO a un plan détaillé de mise en place d'une nouvelle administration. Il vaut mieux qu'elle procède très rapidement à ce remplacement.» (6) 

Poussé par son esprit tribaliste, l'ABAKO tourne le dos à la lutte anticolonialiste pour s'orienter vers la lutte pour l'« indépendance » de sa province. Le 21 juin 1959, Kasavubu exige « la création d'un Etat autonome, la République du Congo Central, dont le président sera élu par les originaires de cette République ». (7) Ainsi, les nombreux Congolais nés dans les autres provinces seront des « étrangers » dans la capitale de leur pays.

« Une période pré-révolutionnaire »

Le 1er juillet 1959, Lumumba tient un meeting devant 1.500 personnes. Il entame son discours en demandant « cinq minutes de silence à la mémoire des Congolais victimes du colonialisme tombés le 4 janvier ». 
« C'est de la provocation ! » clame un haut fonctionnaire belge. « Cet homme est un démagogue dangereux », disent, le 17 juillet 1959, Iléo, Ngalula, Adoula, et Kalonji, les chefs « respectables » du MNC. (8) Ils excluent Lumumba du MNCS sur quoi Lumumba exclut tous ces « évolués » favorables au maintien de la domination extérieure. C'est la première scission dans les rangs des « évolués » nationalistes : les lumumbistes veulent une indépendance totale s'appuyant sur les masses, les opportunistes veulent « réformer » le système économique et politique colonial.
Après la scission, Victor Nendaka est nommé vice-président du MNC-Lumumba, Jean-Pierre Finant devient la troisième personnalité du parti et un certain Joseph Mobutu se lie d'amitié avec Lumumba.
En fait, les « émeutes » du 4 janvier ont éveillé les masses sur l'ensemble du territoire congolais. Pendant toute l'année 1959, des campagnes de désobéissance aux autorités coloniales se développent. Il y a de fréquentes confrontations entre les forces de l'ordre et la population qui refuse de payer les impôts. Le sang coule à Matadi, Mbanza Ngungu, Luozi, Lukula, Jadotville. En août 59, le vice-gouverneur général Schöller parle de « la masse fanatisée » qui est en « état de rébellion ouverte ». (9) « Dans le Bas- et Moyen-Congo, on se trouve en période pré-révolutionnaire. Nous risquons d'être entraînés dans une guerre de type Algérie.» (10) 
Les masses, qui exigent l'indépendance totale et un changement radical de leur situation, poussent une partie des « évolués » à gauche. Ils se regroupent essentiellement dans le MNC Lumumba et dans le Parti Solidaire Africain de Mulele et Gizenga. Ils comprennent que l'essence du colonialisme est la domination économique et qu'à la base des malheurs du Congo se trouve la soif du profit des grands capitalistes.

Le « Parti des Nègres Payés »

Dans l'autre camp, l'administration coloniale met désormais tout en oeuvre pour créer et soutenir des partis prêts à accepter une indépendance de pure forme. Il y a le Parti National du Progrès, le PNP de Bolya, Dericoyard et Delvaux; le Mouvement National Congolais-K, le MNC-K de Kalonji et Iléo; la Confédération des Associations tribales du Katanga, la CONACAT de Tshombé et Munongo; le Parti de l'Unité Nationale, le PUNA de Bolikango ; l'Association des Bakongo, l'ABAKO de Kasavubu et Kisolokela et l'Union des Mongo, l'UNIMO, de Bomboko. 

En fait, la majeure partie des « évolués » commencent à craindre le radicalisme des masses: ils veulent « vivre comme les Blancs » et comptent y arriver en laissant intactes les structures économiques du régime colonial.
Le ministre Ganshof Van der Meersch déclarera plus tard : « L'administration fondait sur le PNP de grands espoirs. Mais le MNC-L disposait, en la personne de Lumumba, d'un atout supérieur à celui du PNP. Lumumba était seul à faire preuve de dynamisme ». (11)

Colonialisme et « élections libres »
Fin 1959, la Belgique veut toujours déterminer unilatéralement les conditions de l'indépendance pour que rien de fondamental ne change. Elle rejette la revendication des partis nationalistes d'une Conférence où les modalités de l'indépendance immédiate seraient fixées de commun accord entre les parties belge et congolaise. Et la Belgique pense que des «élections libres» peuvent donner une légitimation à ses complots néocoloniaux. 
Le 7 octobre 1959, l'administration coloniale annonce la tenue d'élections communales en décembre. Elle croit qu'à ce niveau, les forces pro-colonialistes, et notamment les chefs coutumiers, gagneront les élections. 
Au congrès du MNC-L, tenu du 23 au 29 octobre 1959, Lumumba demande l'indépendance immédiate et décide de boycotter les élections. Lorsque l'administration veut arrêter Lumumba, des affrontements entre les masses nationalistes et la gendarmerie font 20 morts. Le gouverneur de Kisangani, M. Leroy déclare : «Lumumba a provoqué des émeutes pour empêcher les élections. Il a reçu d'un étranger des leçons de technique révolutionnaire.» (12) Lumumba est emprisonné le 31 octobre. 

Lumumba, vainqueur inattendu des élections

Dans un climat social qui se dégrade très vite, une Table ronde est organisée à Bruxelles du 20 janvier au 20 février 1960. Sous la pression des délégués congolais, la Belgique doit libérer Lumumba qui arrive à la Table ronde pour y faire un triomphe. La date de l'indépendance est fixée au 30 juin. 
Les élections nationales ont lieu le 22 mai 1960. La Belgique est convaincue que la victoire des partis pro-impérialistes est assurée grâce au soutien de l'Etat colonial, à l'aide financière des grandes entreprises belges, et grâce à l'appui de la puissante Eglise catholique. 
Et pourtant, le PNP, le « Parti des Nègres Payés », comme on dit à l'époque, perd les élections, malgré les moyens formidables mis à sa disposition, malgré la campagne virulente de l'Eglise catholique contre les nationalistes. 
Les nationalistes s'imposent haut la main. Le MNC-L obtient 35 sièges à la Chambre et le PSA, avec 13 sièges, devient le principal parti de la Province de Léopoldville (Congo Central, Kwilu, Kwango et Lac Mai Ndombe). Personne ne s'attendait à ce que l'ABAKO, parti renommé à Kinshasa, puisse être battu dans « sa » province par le PSA, le parti nationaliste le plus radical. Le CEREA de Kashamura, avec 10 sièges, et le Balubakat de Sendwe, avec 7, rejoignent la coalition MNC-L et PSA.

Le dernier complot du colonisateur
Après les élections, la puissance colonisatrice continue à comploter contre les nationalistes.
Elle engage l'ABAKO pour mettre sur pied une coalition anti-nationaliste. Le 17 juin, elle charge Kasavubu de former le premier gouvernement congolais. S'appuyant principalement sur le PNP, le MNC-Kalonji et l'ABAKO, le projet de gouvernement de Kasavubu ne comprend aucun membre du MNC-Lumumba ni du PSA-Gizenga ! 
Mais, n'ayant pas trouvé de majorité pour soutenir ce complot, la Belgique se résigne à ce que Lumumba forme le gouvernement. Et elle redouble d'efforts pour briser Lumumba et les partis nationalistes.

(1)Congo, terre d'avenir,p.29; (2) Chronique de politique étrangère, vol. XII, n°4-6, juillet-nov. 1960, p.443-445; (3) La Pensée politique de Lumumba, p.l 1-12; (4) Pierre De Vos, Vie et mort de Lumumba, p.78-79; (5) Congo,1959,p.71-72; (6) Congo 60,I,p.144; (7) Congo 1959,p. 81 85; (8) De Vos,p.138-140; (9) Congo 1959, p.100; (10) De Vos,p.146; (11) Congo mai-juin 1960, p.80; (12) De Vos, p.154
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Le Maître, le Laquais et le Patriote

Le 30 juin 1960 représente une journée exceptionnelle, non seulement pour l'histoire du Congo, mais pour l'histoire de l'Afrique entière. Jamais l'affrontement entre l'oppresseur et l'opprimé n'a été exprimé avec une telle force. Jamais un Africain n'a résumé en si peu de mots 80 années de terreur, d'exploitation et d'humiliation. Il faut lire les trois discours prononcés ce jour mémorable. Trois, en effet. Puisque entre le Maître et le Patriote s'est glissé le Laquais. Il faut relire ces discours, puisque des laquais, il y en a toujours. Et puisque les Patriotes qui veulent suivre la voie de Lumumba sont de plus en plus nombreux. 

Le Maître
Le Roi Baudouin: "Pas en conquérant, mais en civilisateur"

" L'indépendance du Congo constitue l'aboutissement de l'oeuvre conçue par le génie du roi Léopold II. Pendant 80 ans, la Belgique a envoyé sur votre sol les meilleurs de ses fils, d'abord pour délivrer le bassin du Congo de l'odieux trafic esclavagiste; ensuite pour rapprocher les unes des autres les ethnies, jadis ennemies.
Lorsque Léopold II a entrepris la grande oeuvre qui trouve aujourd'hui son couronnement, il ne s'est pas présenté à vous en conquérant mais en civilisateur.
Ne compromettez pas l'avenir par des réformes hâtives, et ne remplacez pas les organismes que vous remet la Belgique, tant que vous n'êtes pas certains de pouvoir faire mieux.
N'ayez crainte de vous tourner vers nous. Nous sommes prêts à rester à vos côtés pour vous aider de nos conseils,
L'Afrique et l'Europe se complètent mutuellement. Je souhaite que le peuple congolais conserve et développe le patrimoine des valeurs spirituelles, morales et religieuses qui nous est commun."

Le Laquais
Kasavubu : " les racines que la civilisation chrétienne a poussées en nous"
"Sire, Excellences, Mes chers compatriotes,
L'aube de l'indépendance se lève sur un pays dont la structure économique est remarquable, bien équilibrée et solidement unifiée. Mais l'état d'inachèvement de la conscience nationale parmi les populations a suscité certaines alarmes que je voudrais dissiper aujourd'hui en rappelant tous les progrès qui ont été déjà acomplis en ce domaine et qui sont les plus sûrs garants des étapes qui restent à parcourir.
La Belgique a eu la sagesse de ne pas s'opposer au courant de l'histoire et, comprenant la grandeur de l'idéal de liberté qui anime tous les coeurs congolais, elle a su faire passer directement notre pays de la domination étrangère à l'indépendance.
Nous saurons dans tout le pays développer l'assimilation de ce que quatre-vingts ans de contact avec l'occident nous a rapporté de bien : la langue, la législation et enfin surtout la culture. Le contact de la civilisation chrétienne et les racines que cette civilisation a poussées en nous, permettront au sang ancien revivifié de donner à nos manifestations culturelles une originalité et un éclat tout particuliers.
Sire, la présence de votre Auguste Majesté constitue un éclatant et nouveau témoignage de Votre sollicitude pour toutes ces populations que vous avez aimées et protégées. Elles sont heureuses de pouvoir dire aujourd'hui à la fois leur reconnaissance pour les bienfaits que Vous et Vos illustres prédécesseurs leur avez prodigués et leur joie pour la compréhension dans laquelle Vous avez rencontré leurs aspirations."

Le Patriote
Lumumba : " Fiers de cette lutte qui fut de sang, de larmes et de feu. "

"Congolais et Congolaises, Combattants de la liberté aujourd'hui victorieux, je vous salue au nom du gouvernement congolais.
A vous tous, nos amis qui avez lutté sans relâche à nos côtés, je vous demande de faire de ce trente juin 1960 une date illustre que vous garderez ineffaçablement gravée dans vos coeurs, une date dont vous enseignerez avec fierté la signification à vos enfants.
Cette indépendance du Congo, nul Congolais digne de ce nom ne pourra jamais oublier que c'est par la lutte qu'elle a été conquise, une lutte de tous les jours, une lutte ardente et idéaliste, une lutte dans laquelle, nous n'avons ménagé ni nos forces, ni nos privations, ni nos souffrances, ni notre sang.
Cette lutte, qui fut de larmes, de feu et de sang, nous en sommes fiers jusqu'au plus profond de nous-mêmes, car ce fut une lutte noble et juste, une lutte indispensable, pour mettre fin à l'humiliant esclavage qui nous était imposé par la force.
Ce fut notre sort en 80 ans de régime colonialiste ; nos blessures sont trop fraîches et trop douloureuses encore pour que nous puissions les chasser de notre mémoire, car nous avons connu le travail harassant exigé en échange de salaires qui ne nous permettaient ni de manger à notre faim, ni de nous vêtir ou nous loger décemment, ni d'élever nos enfants comme des êtres chers.
Nous avons connu les ironies, les insultes, les coups que nous devions subir matin, midi et soir, parce que nous étions des "nègres".
Nous avons connu les souffrances atroces des relégués pour opinions politiques ou croyances religieuses; exilés dans leur propre patrie, leur sort était vraiment pire que la mort même.
Nous avons connu qu'il y avait dans les villes des maisons magnifiques pour les Blancs et des paillottes croulantes pour les Noirs,
Qui oubliera enfin les fusillades où périrent tant de nos frères, les cachots où furent brutalement jetés ceux qui ne voulaient plus se soumettre au régime d'injustice, d'oppression et d'exploitation.
Nous qui avons souffert dans notre corps et dans notre coeur de l'oppression colonialiste, nous vous le disons tout haut : tout cela est désormais fini.
La République du Congo a été proclamée et notre cher pays est maintenant entre les mains de ses propres enfants.
Ensemble, mes frères, mes soeurs, nous allons commencer une nouvelle lutte, une lutte sublime qui va mener notre pays à la paix, à la prospérité et à la grandeur.
Nous allons établir ensemble la justice sociale et assurer que chacun reçoive la juste rmunération de son travail.
Nous allons montrer au monde ce que peut faire l'homme noir lorsqu'il travaille dans la liberté, et nous allons faire du Congo le centre de rayonnement de l'Afrique toute entière.
Nous allons veiller à ce que les terres de notre patrie profitent véritablement à ses enfants.
Nous allons revoir toutes les lois d'autrefois et en faire de nouvelles qui seront justes et nobles.
Et pour tout cela, chers compatriotes, soyez sûrs que nous pourrons compter non seulement sur nos forces énormes et nos richesses immenses, mais sur l'assistance de nombreux pays étrangers dont nous accepterons la collaboration chaque fois qu'elle sera loyale et ne cherchera pas à nous imposer une politique quelle qu'elle soit.
Ainsi, le Congo nouveau que mon gouvernement va créer sera un pays riche, libre et prospère.
Je vous demande à tous d'oublier les querelles tribales qui nous épuisent et risquent de nous faire mépriser à l'étranger.
Je vous demande à tous de ne reculer devant aucun sacrifice pour assurer la réussite de notre grandiose entreprise.
L'indépendance du Congo marque un pas décisif vers la libération de tout le continent africain.
Notre gouvernement fort - national - populaire, sera le salut de ce pays.
J'invite tous les citoyens congolais, hommes, femmes et enfants de se mettre résolument au travail, en vue de créer une économie nationale prospère qui consacrera notre indépendance économique.
Hommage aux combattants de la liberté nationale !
Vive l'Indépendance et l'Unité africaine !
Vive le Congo indépendant et souverain !"

(d'après Congo mai-juin 1960, Ganshof Van der Meersch, pp. 235-244)

Défendre l'indépendance contre l'agression belge et américaine

En tant que dirigeant du premier gouvernement du Congo libre, Lumumba proclame fièrement l'indépendance du Congo, le 30 juin 1960! Mais voulant réaliser l'union nationale autour de son gouvernement nationaliste, Lumumba demande à ses députés d'offrir le poste de président à Kasavubu, son principal adversaire. Ensuite, Lumumba accepte des ministres qui lui sont hostiles, comme Bomboko et Delvaux.
L'avenir lui montrera qu'il est dangereux de faire des alliances trop larges quand on ne dispose pas d'une base assez solide.
Le cinquième jour de l'indépendance, le 5 juillet, la Belgique provoque des troubles au sein de la Force publique. Ce jour-là, à 8h00, le lieutenant-général Janssens, qui commande toujours l'armée, écrit sur un tableau au quartier général: « Avant indépendance = après indépendance ». Ensuite, il se permet d'envoyer une lettre à Lumumba, Premier ministre d'un pays souverain, pour lui donner « un dernier et solennel avertissement ». Et il dénonce « la déclaration faite le 30 juin 1960 (qui) a étonné le cadre et la troupe ». (1)
En fait, Janssens provoque les soldats de l'Armée nationale congolaise afin d'obtenir un prétexte pour une intervention militaire. La bourgeoisie belge la prépare depuis plusieurs mois.
Le 8 juillet, des troupes belges partent de Bruxelles pour occuper Kitona et Kamina.
Le 10 juillet, elles interviennent à Lubumbashi où elles désarment les soldats nationalistes. Bomboko et Delvaux, deux ministres du gouvernement Lumumba qui sont parmi les principaux agents du colonisateur, font appel aux forces belges pour maintenir l'ordre.

Tshombé et le front anti-nationaliste
Le 11 juillet, Tshombé, sur instruction de l'Union Minière, proclame l'indépendance du Katanga et fait appel aux troupes belges. Le même jour, Lumumba demande l'aide de l'ONU pour mettre fin à l'agression belge.
Le lendemain, l'hystérie anti-Lumumba atteint son comble en Belgique. La Libre Belgique, journal proche du gouvernement, écrit: « Plusieurs ministres lumumbistes se sont conduits comme des sauvages primaires et imbéciles ou comme des créatures communistes.» (2)
Le 13 juillet, le gouvernement congolais déclare qu'un « état de guerre existe entre le Congo et la Belgique » et décide la rupture des relations diplomatiques avec la Belgique. Le Conseil de sécurité adopte une résolution sur l'assistance militaire au Congo.
L'agression belge contre le Congo prend les proportions d'une occupation militaire.
Le ministre belge de la Défense, Gillon, déclare devant le parlement que l'armée belge est intervenue dans 23 villes du Congo. « L'ensemble des forces belges engagées au Congo s'est élevé à près de 10.000 hommes. » (3)
Le 17 juillet, Lumumba écrit à Ralph Bunche, représentant du secrétaire-général, pour exiger une intervention rapide de l'ONU. Son message : « Mettez dehors les troupes d'agression belges, sinon je serai obligé de faire appel à l'URSS pour mettre fin à l'agression ».
Le 24 juillet 1960, Tshombé s'oppose à l'envoi de troupes de l'ONU au Katanga et demande à la Belgique de maintenir ses forces armées. Il fait appel à Kasavubu et Iléo pour créer une confédération des Etats du Congo. Dans le but de briser le gouvernement central nationaliste, tous les agents du néocolonialisme se mettent d'accord pour réclamer le « fédéralisme ». C'est une simple tactique pour détruire les forces patriotiques. Une fois le pouvoir central révolutionnaire brisé, les « fédéralistes » deviendront partisans d'un pouvoir central pro-impérialiste fort. Bientôt Tshombé, Iléo, Kasavubu, Bolikango, Kalonji soutiendront tous le pouvoir central fasciste de Mobutu.

La mainmise américaine


La Belgique avait l'intention de maintenir un contrôle de type néo- colonial sur « son » Congo. En occupant militairement le Katanga, elle se créait une base pour la reconquête de tout le Congo. Mais la vieille Belgique juge mal les changements. Les Etats-Unis sont devenus la superpuissance du monde impérialiste. Ils veulent leur « juste part » des richesses congolaises.
Bien sûr, les Etats-Unis soutiennent la Belgique dans sa guerre contre Lumumba. Ainsi, le 30 juillet 1960, le Département d'Etat américain déclare : «La Belgique avait le droit d'envoyer des troupes au Congo pour protéger des vies humaines en danger.» D'ailleurs, dans les mois à venir, les Etats-Unis enverront trois équipes de tueurs à Kinshasa pour éliminer Lumumba. Dans une de ces tentatives, un agent devait s'introduire chez Lumumba, chercher une occasion pour se rendre dans sa salle de bain et mettre un produit contenant un virus mortel sur sa brosse à dents ! (4)
La Belgique veut reconquérir militairement le Congo à partir du Katanga alors que les Etats-Unis s'appuient principalement sur les réactionnaires de Kinshasa - les Mobutu, Kasavubu et Adoula - pour obtenir « leur part » du Congo. Les Etats-Unis utilisent les troupes de l'ONU -appelées par Lumumba pour chasser les agresseurs belges ! - pour imposer leur domination à partir de Kinshasa.

L'ONU : « de l'aversion pour Lumumba »
Le Congo est indépendant depuis un mois, et tous les partis pro-impérialistes s'unissent pour abattre le gouvernement de Lumumba.
Ainsi, le 7 août, le comité central de l'ABAKO vote une motion de défiance à l'égard du gouvernement Lumumba et demande la création d'une Confédération des Etats du Congo. Le lendemain, la Puna de Bolikango demande l'indépendance de la province de l'Equateur. Et un jour plus tard, Albert Kalonji proclame l'indépendance de l'Etat minier du Kasaï ! C'est une alliance de fait entre Kasavubu, Bolikango, Kalinji et Tshombé contre le gouvernement Lumumba.
L'ONU, c'est-à-dire les Etats-Unis, essaient de réconcilier toutes ces forces antinationalistes. Le 12 août, Hammarskjöld arrive à Lubumbashi pour négocier avec Tshombé.
Le 14 août, le général suédois von Horn, commandant des troupes de l'ONU, arrive à Kinshasa. Officier réactionnaire à la solde de la CIA, il écrira six ans plus tard dans ses Mémoires : «Il n'était pas à dissimuler que nous tous, à commencer par Dag Hammarskjöld, nous nourrissions une profonde méfiance et de l'aversion pour Lumumba.» «Personnellement, je nourrissais une grande considération pour Mobutu. Contrairement à Lumumba, il me semblait un patriote authentique qui ne perdait pas son temps à jouer avec des théories communistes.» (5)

L'Eglise catholique part en guerre
L'Eglise catholique est la principale force dans le combat contre Lumumba. Le 17 juillet déjà, Malula écrit dans une lettre épiscopale: 
«Quand dans un pays la liberté de presse n'existe plus, on ne parle plus de démocratie mais de dictature. Or, la dictature mène à l'esclavagisme.» (6) Exactement comme ses maîtres belges, Malula défend la presse coloniale et la « démocratie » coloniale et il accuse le gouvernement anticolonialiste de pratiquer la dictature et l'esclavagisme ! Malula fait allusion au journal catholique Courrier d'Afrique, qui compte Iléo et Bolikango dans son conseil d'administration. Le 18 juillet, ce journal évoque « la possibilité de l'implantation du communisme au Congo, par suite de la politique de Lumumba.» (7) Le syndicat catholique, la CSC, joue également un grand rôle dans le combat contre le gouvernement nationaliste. Il écrit que, par la faute de Lumumba, «le Congo s'engage dans la voie de la misère» et il rend le gouvernement nationaliste responsable de «la fermeture des entreprises, l'accroissement du chômage et l'augmentation des prix.» (8)
Grâce à sa mainmise sur l'enseignement, l'Eglise catholique peut contrôler l'esprit des Congolais. On comprend donc pourquoi, le 16 août 1960, Lumumba fait la proposition de nationaliser l'université de Lovanium. Cinq jours plus tard, dans son avant-projet de programme gouvernemental, il écrit : « L'enseignement doit avoir une 'qualité scientifique' et doit inculquer 'un idéal national '. Le gouvernement veut l'instruction primaire pour tous et la gratuité de l'enseignement à tous les échelons.» C'est une déclaration de guerre au pouvoir idéologique de l'Eglise catholique.
Ensuite, Lumumba attaque la base du pouvoir colonial, le pouvoir économique: «L'expansion économique du pays nécessite une industrie importante de transformation . Le gouvernement prendra comme critère le plus grand avantage collectif et combinera les apports du secteur privé, les possibilités du secteur public et de l'effort économique interne. Sa sollicitude se tournera particulièrement vers les milieux ruraux.» (9)

1) Congo,60,I,373-374; 2) Heinz et Donnay,p.30; 3) Congo, 1960, II, p.515; 4) Les complots de la CIA, The Church commission, éd.Stock, 1976, p.140 ; 5) von Horn, Karl : Soldat de la Paix, éd. Presses de la Cité, Paris, 1966, p.194 et 228; 6) Courrier d'Afrique, 19 juillet 60,p.1; 7) Congo,1960,II,p.685; 8) Congo 1960,II,p.681; 9) 1960,II,580 et 696
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Dans le feu de la lutte, Lumumba exprime sa conviction anti-impérialiste
"L'Afrique est irrésistiblement engagée, pour sa libération, dans une lutte sans merci contre le colonialisme et l'impérialisme. Le Congo ne peut-être considéré comme une colonie ni d'exploitation ni de peuplement et son accession à l'indépendance est la condition de la paix. L'objectif du Mouvement National Congolais est d'unir et d'organiser les masses congolaises dans la lutte pour l'amélioration de leur sort, la liquidation du régime colonialiste et de l'exploitation de l'homme par l'homme."
Discours d'Accra, 5-14 décembre 1958
"Au Katanga, ce sont quelques colons qui disent: 'Ce pays devient indépendant et toutes ses richesses vont servir à cette grande nation, la nation des Nègres. Non, il faut que le Katanga devienne un Etat indépendant'. Ainsi, demain, c'est le grand capitalisme qui va économiquement dominer les Africains. Nous allons redoubler d'efforts pour que cette indépendance soit réelle, pour que cette indépendance profite aux populations, pour améliorer les conditions de vie des populations."
(La pensée politique de Patrice Lumumba, Présence Africaine, Paris. Textes recueillis par Jean Van Lierde, p.141)

"L'impérialisme, c'est la domination économique"
" L'indépendance politique étant conquise, nous voulons maintenant l'indépendance économique. Le patrimoine national nous appartient. L'indépendance politique étant conquise, nous voulons maintenant l'indépendance économique. Le patrimoine national nous appartient "
(La pensée politique de Lumumba, p.298)
" Je vous assure qu'avec notre foi, avec notre dynamisme, avec notre fierté nationale, le Congo sera dans cinq ans un pays fortement développé. Ce n'est pas en mendiant des capitaux que nous allons développer le pays. Mais en travaillant nous-mêmes, par nos propres mains, par nos efforts. Le seul slogan pour le moment: le progrès économique. Les cadeaux, on n'apprécie pas. L'indépendance cadeau, ce n'est pas une bonne indépendance. L'indépendance conquise est la vraie indépendance ".
(Congo 1960, 2,pp.202)
" La Banque centrale belge s'est accaparée non seulement de notre argent, mais également de nos réserves d'or. Le gouvernement vient d'annoncer que, si dans un délai de 15 jours, le gouvernement belge ne les restituait pas, nous confisquerions tous les biens appartenant aux Belges. Le peuple attend le bonheur, l'amélioration de ses conditions de vie. Pour nous, il n'y a pas d'indépendance tant que nous n'aurons pas une économie nationale prospère pour relever les conditions de vie de nos frères ".
(Annales Parlementaires, Sénat du Congo, septembre 1960, !p.14-15, 21)
" Les Occidentaux savent qu'avec ce gouvernement, ils ne peuvent pas avoir la moindre mainmise sur l'économie de notre pays. Nous devons contrôler notre économie à la Banque nationale, à l'Otraco, à la Régideso. Dans chaque grande société il faudrait un commissaire du gouvernement doté de pleins pouvoirs politiques pour diriger ."
(La pensée politique de Lumumba, p.360)

"Ils utilisent espions et marionnettes"

"A la plupart des Belges, nous avons fait notre confiance, croyant qu'ils étaient sincères de continuer avec nous. Or nous avons gardé des espions. Jour par jour nous découvrons ce complot contre la nation. La Belgique devient maintenant comme un sous-marin. Ils agissent dans les coulisses. Ils ont établi un réseau d'espionnage."
(La pensée politique de Lumumba, p.305)
"On n'a jamais vu dans l'histoire de la colonisation en Afrique une nation qui se trahit d'une manière aussi scandaleuse vis-à-vis d'un peuple qui a toujours vécu avec elle. Et c'est grâce au Congo que la Belgique est ce qu'elle est aujourd'hui. Pour elle, ce ne sont pas des vies humaines qui comptent, c'est l'Union Minière, c'est l'argent du Congo qui compent.
Les Occidentaux ont voulu que notre gouvernement soit à la solde des impérialistes. Des traités nous ont été proposés. J'ai décidé de ne point signer ces accords, parce qu'ils ne signifient rien d'autre que la domination économique du Congo par les groupes financiers de la Belgique.
Comme nous sommes un gouvernement nationaliste, qui ne vise que l'intérêt de la patrie, ceux qui convoitent nos richesses tentent de provoquer l'anarchie, pour finalement monter la population contre nous et faire tomber notre gouvernement. Ils se serviront alors de marionnettes qui n'hésiteront pas à signer aveuglément n'importe quel accord pour placer le Congo sous une domination étrangère. Voilà la vérité."
(La pensée politique de Lumumba, pp. 286)

Sur l'impérialisme américain et l'ONU

"Les Etats-Unis! Ce pays approuve que la Belgique maintienne ses bases au Congo, parce qu'il y possède des intérêts économiques. Puisque les Belges ne peuvent plus rester, ils font appel à leurs alliés à l'ONU pour les relayer. Je propose le retour immédiat des forces de l'ONU, s'il est exact qu'elles viennent opérer conformément aux arrangements pris avec la Belgique. "
"Certains ont voulu utiliser l'ONU, soi-disant pour placer le Congo sous le statut international. Le Congo ne deviendra jamais une colonie de l'ONU et ne sera jamais un pays sous la tutelle de l'ONU. Et nous renonçons à toute assistance de l'ONU. Ceux qui croyaient s'introduire encore au Congo sous le couvert de l'ONU ne vont plus entrer. Les portes du Congo sont hermétiquement fermées aux exploitants et aux chercheurs de l'or."
"Nous voulons que l'ONU retire du Congo toutes les troupes blanches. Les troupes africaines qui ont été mises à la disposition de l'ONU sont suffisantes. J'ai dénoncé les manoeuvres qui consistaient à n'envoyer au Katanga que des troupes de Suède."

(La pensée politique de Lumumba, p.232, 287-288, 306-307)


Deux coups d'Etat pour éliminer un seul homme


Nous sommes maintenant fin août 1960 et Lumumba a de plus en plus l'adhésion des masses populaires. Le peuple comprend que le Katanga et le Kasaï sont occupés par l'armée belge dans le but de continuer le système colonial abhorré. Le peuple se rend compte que les troupes de l'ONU, aux mains des Américains, loin de soutenir le gouvernement nationaliste de Lumumba, complotent avec ses ennemis.
Toutes les forces anti-nationalistes sentent le besoin de renforcer leur alliance.
Le 20 août 1960, une délégation de la Jeunesse de l'ABAKO, de la Puna de Bolikango et du MNC-Kalonji est reçue à Lubumbashi par Tshombé.
A Brazzaville, des émissaires de l'ABAKO sont en contact permanent avec le président Foulbert Youlou et avec des agents secrets français. Le 21 août, le vice-président de l'ABAKO, Moanda, déclare : «Il faut débarrasser le Congo de Lumumba par des moyens légaux ou illégaux.» (1)
Mais le 27 août 1960, la montée des forces nationalistes révolutionnaires se concrétise. Les troupes lumumbistes prennent Bakwanga, la capitale du pseudo-Etat du Sud-Kasaï. Sur d'autres fronts aussi, l'armée nationaliste avance vers le Katanga.
Le gouvernement Lumumba reçoit un soutien de plus en plus net de la part des Etats nationalistes africains et des Etats socialistes. Le 3 septembre, L'Union soviétique met 15 avions Iliouchine et 100 camions à la disposition du gouvernement Lumumba pour le transport de ses troupes. La lutte pour la défense de l'indépendance du Congo contre les complots de l'impérialisme belge et américain arrive à son point culminant. Lumumba a maintenant la force pour éliminer les deux créations des colonialistes belges: l'Etat «Indépendant» du Katanga, où les impérialistes belges comptent garder la main sur le cuivre, le cobalt et l'uranium, et l'Etat «Indépendant» du Sud-Kasaï, où les voleurs belges veulent garder le contrôle sur les diamants Les impérialistes doivent maintenant jouer le tout pour le tout.

Le coup d'Etat de Kasavubu
Soutenu aussi bien par les Etats-Unis que par la Belgique et la France, Kasavubu déclare le 5 septembre: «Lumumba a trahi la tâche qui lui était confiée, il jette le pays dans une guerre civile atroce, j'ai jugé nécessaire de révoquer immédiatement le gouvernement.» (2)
Une heure et demi plus tard, Lumumba réagit sur les ondes de la radio nationale: «Kasavubu a publiquement trahi la nation. Il veut détruire le gouvernement nationaliste qui a lutté avec acharnement contre les agresseurs belges, contre les ennemis de notre indépendance nationale.» Le lendemain, le gouvernement de Lumumba prend une décision historique : «Les Ministres, réunis en conseil extraordinaire, déclarent déchu le Chef de l'Etat.» (3)
Le même jour, monsieur Iléo ordonne, sur instruction de Kasavubu, l'arrestation de Lumumba. Le même Iléo forme un gouvernement où se retrouvent les principaux agents du néocolonialisme: Bomboko, Adoula, Bolikango, Kalonji, Dericoyard, Kisolokela et Delvaux. (4) Iléo, l'homme de l'Eglise catholique, déclare à propos de la courte période du gouvernement Lumumba : «C'étaient deux mois d'angoisse, d'inquiétude et de misère.» (5)
Au même moment, la Mission technique belge à Lumumbashi envoie un rapport à Bruxelles : «La révocation de Lumumba a fortifié le leadership que Tshombé détient comme défenseur de la reconstruction politique de l'ancien Congo belge sur une base confédérale. La réussite de l'expérience katangaise provoquera vraisemblablement la reconstruction du Congo à partir de Lubumbashi.» (6) C'est un bon résumé de la politique néocoloniale belge: à partir de l'Etat sécessionniste katangais, reconquérir tout le Congo.
Mais très vite, cela tourne mal pour les politiciens pro-impérialistes. Le 6 et le 8 septembre, la chambre soutient Lumumba contre Kasavubu par 60 voix contre 19 et le sénat fait de même par 41 voix pour, 2 contre et 7 abstentions. Le 13 septembre, les Chambres réunies votent les pleins pouvoirs au gouvernement Lumumba. (7)
Le même jour, Lumumba renforce son contrôle sur l'armée en nommant Mpolo lieutenant-général.
Le 14 septembre, désespéré, Kasavubu réagit en désignant Mobutu comme commandant en chef de l'armée.(8) C'est ainsi que Kasavubu a ouvert le chemin vers la dictature mobutiste.

Le coup d'Etat de Mobutu
En effet, à peine quelques heures plus tard, à 20h30, Mobutu exécute son coup d'Etat. Il déclare la « neutralisation » des politiciens et affirme : « Il ne s'agit pas d'un coup d'Etat mais d'une simple révolution pacifique ». (9) C'est par ces paroles qu'ont commencé 37 années de dictature et de destruction. Mobutu ferme les ambassades des pays socialistes, l'Union soviétique et la Tchécoslovaquie. Ensuite, il réclame « le retrait des troupes ghanéennes et guinéennes à cause de leur soutien direct à Lumumba ». Ainsi, dès le début, Mobutu, agent de la CIA, lutte contre les pays socialistes et contre les pays africains nationalistes.
Mobutu instaure le Collège des Commissaires généraux. Bomboko en est le président, Ndele, le vice-président, Ferdinand Kazadi, le ministre de la Défense, Lihau et Tshisekedi, ministre et vice-ministre de la Justice. Ce Collège est installé officiellement par Kasavubu, agissant en tant que chef de l'Etat et complice du coup d'Etat de Mobutu.
Lumumba réagit le 15 septembre au matin en déclarant : « Le colonel Mobutu a été corrompu par les impérialistes pour jouer un coup d'Etat contre le gouvernement légal et populaire. Peuple, vous êtes les témoins oculaires de ces manuvres tendant à faire retomber le Congo, terre de nos ancêtres, sous la domination d'une organisation internationale ». (10)
C'est le tournant de l'histoire congolaise: le coup d'Etat de Mobutu, ce 14 septembre 1960, place le Congo, pour 37 ans, sous la dictature conjointe de l'impérialisme américain et belge.

La grande bourgeoisie noire prend le pouvoir
La plupart des intellectuels d'avant 1960, les « évolués », voient surtout l'indépendance comme un moyen pour s'enrichir, pour arriver à « vivre comme des Blancs ». Ils ne contestent pas le capitalisme au Congo, ni la domination impérialiste qui est la garantie de son maintien. Ils ne mettent pas non plus en cause l'appareil d'Etat colonial, cette machine d'oppression contre les masses congolaises. En fait, ils veulent simplement « reprendre » cet Etat oppresseur et s'en servir pour s'enrichir. Après l'indépendance, l'Etat néocolonial a été le lieu où s'est formée la grande bourgeoisie noire.
Avant l'indépendance, certains « évolués » sont déjà ouvertement pro-belges et pro-impérialistes, des hommes comme Bomboko, Edindali, Lopes, Delvaux et Tshombé. On les retrouve dans des partis de collaboration comme le PNP et la CONACAT.
Les « évolués » qui ont créé des partis nationalistes s'étaient déjà divisés avant l'indépendance. Ceux qui veulent seulement « réformer » le système existant se sont rapprochés des « pro-belges ». Il s'agit des Iléo, Kalonji, Ngalula et Adoula qui avaient fait éclater le MNC, et aussi de l'ABAKO de Kasavubu.
Mais une fois au gouvernement, les partis nationalistes radicaux éclatent à leur tour. Mobutu a été le secrétaire de Lumumba. Lorsqu'il fait son coup d'Etat, il reçoit le soutien du vice-président du MNC-L, Nendaka, qu'il nomme chef de la sécurité. Le ministre Songolo et 8 parlementaires du MNC-L soutiennent également Mobutu. (11)
Après le coup d'Etat de Mobutu, une alliance s'est formée entre ces trois groupes d' « évolués ». Ensemble, ils formeront la grande bourgeoisie congolaise, étroitement liée à l'impérialisme américain et belge.
Entre septembre 1960 et novembre 1965, différents personnages joueront le rôle de chef à différents moments - Kasavubu, Ileo, Bomboko, Adoula, Tshombé et Mobutu - mais tous représentent la même classe, la grande bourgeoise congolaise, et tous sont liés au même maître, l'impérialisme américain et belge.

1) Congo 1960,II,p.672; 2) Congo, 1960, II, p.818; 3) Congo, 1960, II, p.820 et p.823; 4) Heinz et Donnay : Les cinquante derniers jours de Lumumba, éd. CRISP, 1966, p.33 ; Congo, II, p.855 5) Congo, 1960, II, p.853; 6) Congo, 1960, II, p.963; 7) Congo, 1960, II, p.850 et 861; 8) Chronique, XII, n‰4-6, p.949; 9) Congo, 1960, II, p.869; 10) Congo, 1960, II, p.870; 11) Congo, 1960, II, p.997.


Lumumba donne expression au radicalisme des masses au bout de l'oppression

Au cours de la lutte pour l'indépendance, puis pendant ses deux mois et demi au gouvernement, Lumumba a été un homme seul, entouré d'une poignée de compagnons de lutte. Il n'avait pas une organisation solide derrière lui, il n'a pas eu le temps de donner une conscience politique au peuple opprimé. Comment alors expliquer son extraordinaire impact, sa stature de grand homme politique? Lumumba a réussi à donner une expression au radicalisme des masses urbaines et villageoises qui étaient à bout à cause de l'oppression, de l'exploitation et des humiliations coloniales. C'est ce point essentiel qu'ont toujours oublié ceux qui abusent du nom de Lumumba "pour occuper des postes" et pour "bouffer à leur tour." 

Avec la masse, lutter contre le colonisateur

22 avril 1959. "La masse est beaucoup plus révolutionnaire que nous. Quand nous sommes avec la masse, c'est la masse même qui nous pousse, elle voudrait aller beaucoup plus rapidement que nous."
((La pensée politique de Lumumba, p.45)
13 août 1959. Une délégation parlementaire belge rencontre M. Mabé Sabiti, qui se présente comme 'le chef des arabisés'. Sabiti déclare : " Lumumba se met surtout du côté des ouvriers, parce qu'ils forment la masse".
(Procès-verbaux des entretiens officiels. Sénat. 1959, p.264)
Juin 1960. Bientôt l'indépendance. Qui sera ministre, qui aura un poste, qui aura du pouvoir ? Lumumba ne compte pas sur " ceux d'en haut ", sur les colonisateurs. Il ne cherche pas son intérêt personnel en se vendant aux puissants. Il ne se laisse pas corrompre par les puissances impérialistes. Il a juré de rester du côté du peuple.
"Je ne vise pas du tout mon intérêt personnel mais seulement l'intérêt supérieur du pays. Le gouvernement belge veut se retirer de la scène politique congolaise mais entend remettre la gestion du Congo dans les mains des leaders ayant toutes ses sympathies. Je n'ai pas la sympathie du gouvernement belge, pas plus que celle d'autres milieux officiels. Je suis considéré comme un homme dangereux parce que je refuse de me laisser corrompre. Je puis vous dire qui si j'avais accepté de "jouer le jeu", comme l'ont fait certains leaders congolais opportunistes, je serais aujourd'hui soutenu par la Belgique et considéré comme son plus grand ami. On veut créer un gouvernement de marionnettes mais on craint aussi la réaction populaire. Au train où nous allons, il n'y aura pas le moindre changement dans ce pays à la date de l'indépendance et les Congolais auront l'impression d'être dupés. On aura alors le choc en retour, et alors que les leaders seront satisfaits des quelques portefeuilles que la Belgique leur aura confiés, ce sera le peuple qui fera sa révolution."
(Pourquoi Pas, juin 1960 pp.)

"Les ministres doivent manger avec le peuple."
“Le Patrimoine national nous appartient (…) Nous-mêmes, les ministres, nous allons dans les milieux ruraux, nous allons labourer la terre pour montrer au pays commnt nous devons faire nos cooperative (…) Nous ne voudrons jamais tromper le peuple et le peuple sait très bien que depuis nous sommes au pouvoir aucun minister a été payé (…) Nous mangeons avec le peuple, nous n’avons pas besoin d’argent (conference de presse 9 août, cite dans “Congo 1960, 2, pp 593-594) 
“Les ministres doivent vivre avec le peuple (…). Nous ne devons pas passer aux yeux de la population comme les remplaçants des colonialistes. (Annales de la Chambre des Représentants de la République du Congo. 1960, 12, Séance du 15 juillet 1960 p.15)

"Nous voulons une vraie indépendance."
“Nous allons mettre tous nos travailleurs au travail, après le depart des troupes belges (…) Chacun aura du travail, avec des salaries modestes. Et je vous assure, qu’avec notre foi, avec notre dynamisme, avec notre fierté nationale, le Congo sera dans cinq ans un pays fortement développé. Ce n’est pas en mendiant des capitaux que nous allons developer le pays. Mais en travaillant nous-mêmes, avec nos propres mains, par nos efforts (…) le seul slogan pour le moment: le progress économique, tout le monde au travail, mobiliser toute la jeunesse, toutes nos femmes, toutes les energies du pays. Les cadeaux, on n’aprrécie pas. L’indépendance cadeau, ce n’est pas une bonne indépendance. L’indépendaance conquise est la vraie indépendance.” (conference de presse 9 août, cite dans “Congo 1960, 2, pp 593-594)

“La Banque centrale belge s’est accaparée non seulement de notre argent, mais également de nos reserves d’or..; Le gouvernement vient d’nnoncer que, si dans un délai de 15 jours le Gouvernemnt belge ne les restituait pas, nous confisquerons tous les biens appartenant aux Belges. Le people attend le bonheur, l’amélioration de ses conditions de vie. Pour nous, il n’y a pas d’indépendance tant que nous n’aurons pas une économie nationale prospère pour relever les conditions de vie de nos frères.” 
(Annales Parlementaires. Sénat de la République du Congo. 1960, 8 septembre pp 14-15)

A quoi sert l'anticommunisme au Congo?
 
L'écran de fumée qui cache les pires crimes
Ainsi donc, le 19 septembre, Mobutu place Bomboko et ses Commissaires généraux à la tête du Congo. Ces Commissaires sont les ennemis mortels des nationalistes congolais qu'ils accusent d'être des « communistes ». Pourquoi une telle accusation ?
La raison en est simple : leurs maîtres, les impérialistes américains et belges, craignent avant tout les communistes, ces hommes et ces femmes qui mènent de façon conséquente le combat contre l'exploitation capitaliste. Et les impérialistes savent que les nationalistes congolais peuvent trouver dans les pays socialistes de puissants alliés. Voilà pourquoi, le 19 septembre, les Commissaires lisent une proclamation rédigée en concertation avec Mobutu lui-même: « Le colonel Joseph Mobutu est aujourd'hui l'homme qui nous a délivrés du colonialisme communiste et de l'impérialisme marxiste-léniniste. Grâce à l'armée nationale congolaise, nous ne passerons pas d'un esclavage à un autre. » (Congo 60,II,p.871)

L'anti-communisme, arme idéologique de la colonisation

Depuis le début de la colonisation, l'anticommunisme a été l'arme idéologique la plus puissante de toutes les forces anti-congolaises. Le colonisateur et l'Eglise catholique n'ont jamais permis que des écrits marxistes pénètrent dans la colonie. En recourant à des mensonges dégoûtants, les colonialistes décrivent le communisme comme l'uvre du diable. Et en 1960, ils publient des caricatures de Lumumba représenté comme diable.
En fait, l'anticommunisme constitue un écran de fumée. L'objectif véritable est celui-ci : les grands capitalistes veulent sauvegarder leurs intérêts économiques, ils veulent continuer à exploiter au maximum les richesses du Congo et la force de travail de ses ouvriers et paysans.

Les alliés naturels

En ce début des années soixante, comment les Etats africains qui veulent une indépendance réelle, comme le Ghana de Nkrumah et la Guinée de Sékou Touré, peuvent-ils réussir? Ils ont besoin d'alliés et d'amis pour développer rapidement leur propre économie, pour soustraire leur économie à la mainmise des puissances impérialistes. Les pays communistes sont leurs alliés naturels. Pour deux raisons.
D'abord, les pays communistes ont, eux-mêmes, terriblement souffert des agressions impérialistes. En 1917-1920, la Russie soviétique a connu l'agression de 9 pays impérialistes et elle a perdu 10 millions de mort à cause de la guerre et de la famine. Ensuite, l'agression nazie de 1941-1944 a coûté 23 millions de morts au peuple soviétique. La Chine, quant à elle, a subi la domination des colonialistes occidentaux et, au cours des années 20, 30 et 40, son sort a été pire que celui de l'Afrique! Agressée par l'impérialisme japonais, puis par l'impérialisme américain, La Chine a compté plus de 10 millions de morts.
Ensuite, les pays communistes veulent construire une économie indépendante et, pour cela, ils doivent se soustraire à la domination politique et économique de l'impérialisme. Pour progresser dans cette voie, ils ont intérêt à soutenir tous les pays qui, eux aussi, veulent se soustraire à la domination de ces mêmes impérialistes.

«Combattre le colonialisme et terrorisme communiste»
Voyons maintenant les choses du côté des impérialistes. Pour maintenir leur domination sur le Congo, ils doivent casser l'alliance entre le Congo et les pays africains nationalistes comme le Ghana et le Guinée. Ils doivent aussi bloquer tout rapprochement entre le Congo et les pays communistes.
C'est exactement ce qu'a fait leur principal agent, Mobutu. Celui a déclaré après son coup d'Etat: «Comme la Tchécoslovaquie et l'Union soviétique, le Ghana et la Guinée distribuaient des armes dans la cité de Kinshasa ». (1) Ces accusations sont évidemment fausses mais Mobutu et ses maîtres de la CIA doivent faire croire au peuple congolais que le Ghana et la Tchécoslovaquie sont des «Etats terroristes». Et qu'ils appuient des terroristes congolais, c'est-à-dire Patrice Lumumba et ses compagnons En effet, Mobutu prétend que Maurice Mpolo et Emmanuel Nzuzi, deux collaborateurs fidèles de Lumumba, organisent «des camps de formation terroriste» et dirigent «un groupe terroriste, la Jeunesse lumumbiste, ». (2)
Mobutu, Kasavubu et Tshombé, ces agents de l'impérialisme qui exploite le Congo depuis 80 ans, font croire que ce sont le Ghana et la Chine qui veulent «conquérir et dominer» le Congo. C'est ridicule, complètement faux, mais cela sert à détourner l'attention des véritables exploiteurs et dominateurs qui saignent le peuple congolais à blanc !
Le crime du Ghana et de la Chine est de souhaiter la réussite de l'expérience congolaise. Le 23 juillet 1960, Théodore Bengila, l'ami de Pierre Mulele, assiste, à Beijing, à un rassemblement de 10.000 personnes qui «apportent le soutien du peuple chinois à la lutte du peuple congolais pour son indépendance » (3)

Ni l'Ouest, ni l'Est ?
A l'époque, tous les agents de l'impérialisme prétendent « dénoncer tout néocolonialisme d'où qu'il vienne, celui de l'Est aussi bien que celui de l'Ouest ». (4) On trouve cette même phrase dans la bouche de Malula, de Mobutu ou de Bomboko. Tous font croire à la population congolaise que l'indépendance formelle, accordée par la Belgique, signifie une indépendance réelle, totale. En réalité, cette fausse indépendance inaugure la continuation de la domination économique et politique de l'Occident par d'autres méthodes. Ceux qui sont de véritables agents de l'Ouest, crient que toute relation avec l'Est un crime. Ceux qui veulent la perpétuation de la domination impérialiste, font croire que les seuls alliées possibles d'un Congo indépendant, les pays communistes, veulent dominer et tyranniser le pays. L'anticommunisme barre la route à une politique d'alliances internationales capables de faciliter l'indépendance politique et économique. L'anticommunisme lie le Congo pieds et poings liés à ses pires exploiteurs, aux pires assassins, les impérialistes américains, français et belges. Le peuple en subira les conséquences catastrophiques pendant 37 ans.

1) Houart Pierre : La pénétration communiste au Congo, éd. CDI, Bruxelles, 1960,p.95; 2) ibidem, p.94-95; 3) Houart, p. 51; 4) Houart, L'Afrique aux trois visages, éd. CDI, Bruxelles, 1961,p.189.



Lumumba s'est débarrassé des idées de soumission 

Comme tous les jeunes de sa génération, Lumumba a été éduqué dans le pacifisme et la soumission. Le génie de Lumumba s'est exprimé dans son amour des masses opprimées, dans sa soif de justice pour les pauvres et dans sa profonde honnêteté. Ces qualités lui ont permis de se débarrasser de toutes les fausses idées, inculquées par l'éducation coloniale. Lumumba a critiqué radicalement ses propres conceptions, pour devenir, pas à pas, dans le feu de la lutte, un véritable nationaliste et révolutionnaire. Il est un exemple pour la jeunesse congolaise d'aujourd'hui.

Oser penser, oser lutter
A propos de l'indépendance, Lumumba disait encore ceci en 1956 : "Certains Blancs, très peu recommandables, qui abusent de la crédulité des Noirs encore peu cultivés, instiguent ceux-ci à réclamer immédiatement l'indépendance. Ils vont jusqu'à insinuer que l'autonomie ne pourra être obtenue sans effusion de sang, que tous les pays occidentaux ont dû, pour obtenir leur indépendance, se battre, et que les Congolais devraient faire de même s'ils veulent se libérer des Belges. Triste mentalité! Nous devons rejeter ces idées d'où qu'elles viennent. Le Congo obtiendra son autonomie dans la dignité et non dans la barbarie. Ce serait commettre un acte de la plus grande barbarie, du banditisme que de sacrifier des vies humaines, nos membres de famille qui nous sont chers, pour la soif de l'indépendance." (Le Congo, terre d'avenir, est-il menacé?, Patrice Lumumba, pp.162-163)
Trois ans suffiront pour que la conception du monde de Lumumba soit profondément bouleversée. Il perce le caractère mensonger, hypocrite et intéressé de la propagande coloniale. En décembre 1958, Lumumba exprime à Accra sa solidarité avec la lutte armée en Algérie, au Cameroun, au Kenya, en Afrique du Sud, en Rhodésie, en Angola et au Mozambique.
Deux semaines après son retour d'Accra, a lieu l'insurrection du 4 janvier 1959 à Kinshasa. Trois cents Congolais sont tués par l'armée. Lumumba prend résolument la défense des pauvres qui ont osé se soulever contre le colonisateur.
Lors du congrès du MNC-L à Kisangani, le 28 octobre 1959, la gendarmerie attaque les nationalistes et tue 20 personnes. Ces jours-là, Lumumba apprend au peuple à ne pas avoir peur devant les fusils de l'ennemi.
"Marchez, n'ayez pas peur! Nous vous demandons si nous mourons demain de garder nos enfants convenablement. Nous allons mourir pour vous et nous ne le craignons pas. Les Belges sont venus avec leurs gros engins, avec des soldats armés de fusils pour nous tuer si nous disons que nous voulons obtenir notre indépendance. " " Eux, ils ont des fusils, nous, nous avons nos mains. Je vous le demande à vous: est-ce que vous avez peur? Nos mains suffiront!"
(La pensée politique de Lumumba, pp.108-111)

Une guerre populaire contre l'occupation belge

Quand, les jours qui suivent l'indépendance, il se voit confronté à la triple agression de l'armée belge, des gendarmes et mercenaires de Tshombé et des troupes de l'ONU, Lumumba s'engage sans hésitation dans la voie de la lutte armée patriotique.
Lumumba s'appuie principalement sur le peuple pour combattre les agresseurs et leurs laquais, Tshombé et Kalonji. Le 20 juillet 1960, il lance un appel à la radio: "Nous préférons mourir pour notre liberté plutôt que de vivre encore dans l'esclavage. Toutes les forces vives de ce pays sont mobilisées pour sauver l'honneur de la patrie et défendre courageusement son indépendance."
(La pensée politique de Lumumba, pp.252)
Lumumba soutient fermement la véritable guerre populaire que les paysans et les ouvriers livrent dans le Nord-Katanga contre les troupes belges et les gendarmes thsombistes. Le jeune Laurent Kabila parcourt la région, de village en village. Il est déjà un dirigeant reconnu et populaire de la résistance patriotique armée.
Un responsable de la Gécamines déclare: "Les 3.000 travailleurs obéissent tous aux mots d'ordre du Balubakat. Tout le pays est Balubakat et les gens d'ici n'ont qu'un Dieu, Lumumba."
(Katanga, enjeu du monde entier, P. Davister, Bruxelles, 1960, p.160)
Un sympathisant belge de Tshombé témoigne de l'ampleur des combats: "En décembre 1960, on évaluait à 7.000 environ le nombre des rebelles tués depuis le début des opérations de représailles de l'armée katangaise dans le Nord-Katanga. Normalement, il faut multiplier ce chiffre par 2, par 3, par 10. Des villages entiers ont été rasés et les armes automatiques ont fauché littéralement des rangs entiers de jeunesse." (ibidem, p.161)

S'appuyer sur les éléments patriotiques de l'armée
Pour lutter contre l'agression, Lumumba mobilise aussi les éléments nationalistes de l'ANC. Il concentre ses meilleures troupes en vue d'une opération contre les sécessionnistes du Katanga et du Sud-Kasaï.
Sur ordre des Américains, Mobutu arrête l'offensive victorieuse. Son homme de confiance, Francis Monheim, reconnaît: "Le colonel Mobutu donne ordre à ses troupes de revenir à Kinshasa. Lumumba convoque son chef d'état-major. 'Je suis ministre de la Défense nationale', dit-il à Mobutu, 'et je ne suis au courant de rien. Vous, vous n'êtes qu'un simple colonel et vous ordonnez le cessez-le-feu sans même consulter votre commandant en chef, le général Lundula'."
(Mobutu, l'homme seul, F. Monheim, Bruxelles, 1974, p.115)

Guerre révolutionnaire pour libérer le Katanga et le Kasaï

Le 5 septembre, Kasavubu fait un coup d'Etat et dissout le gouvernement Lumumba. Il exige que les soldats de l'ANC déposent les armes. Lumumba dénonce cette trahison.
"Monsieur Kasavubu accuse le Gouvernement de jeter le pays dans une guerre civile atroce, alors que le Gouvernement ne fait que défendre le pays contre l'agression brutale, déclenchée à l'égard de la République par les troupes belges. Kasavubu a demandé à l'armée nationale de cesser les luttes fratricides. Le peuple tout entier sait que les soldats congolais, voulant défendre la Patrie, n'ont fait que sauvegarder l'intégrité du territoire national. Les troupes de l'Armée Nationale ne se sont livrées à aucune lutte fratricide. Le Gouvernement et le peuple congolais leur rendent hommage pour le patriotisme et l'héroïsme avec lesquels elles ont défendu la Nation contre l'agression et contre les mouvement de sédition colportées à travers le pays par les impérialistes belges et leurs alliés. Monsieur Kasavubu demande à l'armée nationale de déposer les armes. Le Gouvernement voit dans cette déclaration l'intention de Monsieur Kasavubu de faire occuper militairement le Congo par des troupes étrangères. Il veut interdire ainsi aux troupes de l'Armée Nationale d'entrer au Katanga dans le but de libérer leurs frères opprimés et asservis par les Belges et leur homme de paille, Tshombé."
"Pour Kasavubu, le fait de vouloir intégrer le Katanga pour libérer nos frères, est une guerre atroce, parce qu'il a déjà des contacts avec Tshombé. La victoire du Gouvernement central au Katanga est une victoire sur l'impérialisme. L'Abako s'est arrangée pour dépêcher des émissaires au Katanga. Elle a constitué une délégation composée des membres de l'Abako, du Puna et du M.N.C.-Kalonji. La complicité de l'Abako est manifeste dans l'affaire Katanga."
La pensée politique de Lumumba, pp.332; Annales de la Chambre du Congo, 1960, 7 septembre, p.20)

Vers Kisangani pour diriger la guerre de liberation
Le 27 novembre, Lumumba quitte sa résidence pour rejoindre Kisangani et y prendre la tête des troupes loyalistes. Il pense que l'armée nationaliste peut prendre Kinshasa à partir de Kenge et Bolobo.
Lors de son passage à Mangaï, le 30 novembre, tous les hommes accourent, les armes à la main. Lumumba improvise un discours: "Frères, vos armes sont inutiles maintenant, mais prenez-en soin. Il faudra combattre pour la liberté. Les colonialistes ne veulent pas nous la donner pacifiquement, nous la conquerrons, les armes à la main."
(Patrice Lumumba et la liberté africaine, L. Volodine, Moscou, s.d., p.114)
L'arrivée de Lumumba à Kisangani sera le détonateur d'une guerre révolutionnaire pour libérer le Congo de toute occupation étrangère. Le commandant des troupes de l'ONU, Karl von Horn, note: "A parler franchement tout le pays aurait pu être mis à feu et à sang, si Lumumba était parvenu à Kisangani."
Le 1er décembre, les soldats de Mobutu rattrapent Lumumba et le livrent ensuite à Tshombé.
Sachant qu'il va mourir, Lumumba lance dans sa dernière lettre un ultime appel pour la lutte armée de libération: "Je sais et je sens au fond de moi-même que tôt ou tard mon peuple se débarrassera de tous les ennemis intérieurs et extérieurs, qu'il se lèvera comme un seul homme pour dire non au colonialisme dégradant et honteux et pour reprendre sa dignité sous un soleil pur."
C'est à la suite de cet appel que, trois ans plus tard, dans les premières semaines de 1964, le peuple congolais s'est levé comme un seul homme pour le combat sous la direction de Pierre Mulele et du Conseil National de Libération.
(La pensée politique de Lumumba, p. 390)

Une guerre de libération depuis Kisangani

Le 9 octobre, Lumumba, qui est protégé par les soldats ghanéens de son ami Nkrumah, fait une sortie dans la Cité où il parle à plusieurs endroits devant un public enthousiaste. Bomboko est furieux et s'écrie : « L'ANC est prête à se battre contre les troupes de l'ONU pour arrêter Lumumba.» Deux cents militaires de Mobutu, envoyés pour arrêter Lumumba, sont repoussés par les soldats ghanéens. (2)

Pendant un mois, Lumumba restera enfermé dans sa résidence.
Pendant cette période, c'est à Kisangani que les choses bougent. A la mi-octobre, cette ville voit se développer un combat acharné entre partisans de Lumumba et partisans de Mobutu. Le 11 octobre, Jean-Pierre Finant, président du gouvernement et proche compagnon de Lumumba, est arrêté. Il sera massacré à Bakwanga par les bandes de Kalinji. A ses côtés, Joseph Mbuyi aura les yeux arrachés et le corps percé par des coup de baïonnettes. Mais le 23 novembre, les militaires fidèles à Lumumba chassent définitivement les soldats de Mobutu de Kisangani. Gizenga, installé dans la ville depuis le 14 novembre, prépare l'arrivée de Lumumba. (3)
Vers le 17 novembre, Lumumba reçoit une lettre de Kisangani. Elle dit que les soldats de l'ANC de l'intérieur du pays lui sont très favorables. Si Lumumba arrive à Kisangani, toute la situation du Congo peut changer. Une opération militaire à partir de Kenge au Kwilu et de Bolobo au Mai Ndombe aura toutes les changes d'aboutir à la libération de Kinshasa. Lumumba décide de partir vers l'Est. (4)

L'arrestation de Lumumba par Mobutu

Dans la nuit du 27 novembre, Lumumba quitte Kinshasa en voiture. Son convoi passe par Kenge et arrive à Masi-Manimba le lendemain à 19h00.
La CIA a immédiatement mobilisé ses hommes de confiance parmi les troupes de l'ONU et celles de Mobutu. Un câble de la CIA du 28 novembre dit : « La station travaille avec le gouvernement congolais pour bloquer les routes afin d'empêcher la fuite de Lumumba.» (5)
Karl von Horn a aussi contribué à «retrouver» Lumumba. Dans ses Mémoires, le commandant des troupes de l'ONU, se félicite de l'arrestation de Lumumba : «A parler franchement, tout le pays aurait été mis à feu et à sang si Lumumba était parvenu à Kisangani.» (6)
Lumumba traverse le Kwilu en passant par Bulungu et Mangai. Puis, on le trouve à Brabanta, Port-Franqui, Mweka et Lodi. Dans cette dernière localité, le 1er décembre, à 23h00, Lumumba passe la rivière Sankuru en pirogue en compagnie de Pierre Mulele, de Valentin Lubuma et de Mathias Kemishanga.

Un peu plus tard, le bac arrive sur l'autre rive et un groupe de soldats mettent pied à terre. Lumumba, seul, s'avance pour discuter avec eux. Après de longues palabres, il est arrêté et conduit à Port-Franqui le 2 décembre au matin. Mulele parviendra à Kisangani.
Sur instructions de Mobutu, le chef de la Sûreté, Nendaka, ordonne à Pongo de ramener Lumumba à Kinshasa. Le soir, à 17h00, un DC 3 d'Air Congo, ramène Lumumba à Ndjili. Il est ligoté et jeté ligoté sur un camion militaire, puis conduit au camp de Binza, devant Mobutu. « Le colonel Mobutu, les bras croisés, a regardé calmement ses soldats frapper et bousculer le prisonnier et le tirer par les cheveux. » (7)
Lumumba est tabassé avec une extrême violence, les militaires lui brûlent la barbe. Au matin du 3, il est enfermé au camp Hardy de Thysville.(8)

Les lumumbistes contre-attaquent

Le 7 décembre, Kasavubu se réjouit de la capture de son principal adversaire: «Je m'étonne de l'importance attachée à l'arrestation de Lumumba par un certain nombre de délégations afro-asiatiques et est-européennes; en effet, Lumumba est sous le coup d'un mandat d'arrestation depuis septembre. Il s'est rendu coupable des infractions suivantes : atteintes à la sécurité de l'Etat et organisation de bandes hostiles dans le but de porter la dévastation et le massacre.»
Kasavubu y ajoute qu'à Kisangani, où règnent les lumumbistes, les gens connaissent «le terrorisme, la torture et la suppression de toute liberté individuelle.» (9)
Mais, en réalité, à Kisangani le pouvoir lumumbiste se consolide et s'étend. Le 12 décembre, Gizenga déclare que Kisangani est désormais le siège du gouvernement légal et la capitale provisoire de la République.» (10)
Deux semaines plus tard, les lumumbistes prennent le pouvoir à Bukavu, capitale du Kivu. Le 1er janvier 1961, Pongo, l'homme qui arrêta Lumumba, échoue lamentablement dans sa tentative d'occuper Bukavu. Il est fait prisonnier. Kashamura forme un gouvernement lumumbiste à Bukavu.
Le 9 janvier, les troupes congolaises fidèles à Lumumba et dirigées par Lundula, libèrent Manono. La lutte armée pour la libération du Katanga prend de l'ampleur.
Cette montée de la lutte révolutionnaire populaire aboutirait certainement à la victoire si Lumumba, libéré, pouvait se mettre à sa tête.
Le 13 janvier, sous l'impulsion de Mulele et des militants du PSA et du MNC-L, une mutinerie éclate à Thysville pour libérer Lumumba.

La CIA veut la mort de Lumumba

La CIA comprend qu'il est urgent d'assassiner Lumumba si elle veut sauver la domination impérialiste sur le Congo.
Depuis octobre, la CIA poursuit une ligne constante : utiliser ses agents congolais pour éliminer Lumumba. Hedgman, le chef de station de la CIA à Kinshasa, câblait alors : «Station a fermement poussé leaders congolais arrêter Lumumba ; pense Lumumba continuera à être menace pour stabilité Congo jusqu'à son élimination de la scène.» (11) Le 13 janvier, après la mutinerie qui faillit libérer Lumumba, Hedgman envoie un autre message au directeur de la CIA : «La combinaison des talents de Lumumba comme démagogue, sa capacité d'utilisation de groupes de propagande assureraient presque certainement Lumumba d'une victoire au parlement. Le refus de prendre des mesures radicales maintenant conduira la politique des Etats-Unis au Congo à la défaite.» (12)
Nous avons ici la décision finale de la CIA pour l'élimination de Lumumba. A ce moment, la CIA est en relation permanente avec Mobutu, Kasavubu, Tshombé, Munongo, Nendaka, Kazadi, Adoula et tous ceux qui sont mêlés à la décision d'envoyer Lumumba à la boucherie de Lubumbashi.
Le 14 janvier déjà, la Sûreté de Nendaka envoie un télégramme à Lubumbashi: «Collège commissaires généraux se permet insister afin obtenir accord pour transférer Lumumba dans province du Katanga.» Deux commissaires, Ferdinand Kazadi et Mukamba Jonas, sont chargés d'accompagner le prisonnier dans l'avion.

L'assassinat du 17 janvier 1961
17 janvier à 16h45, trois hommes noirs, les yeux bandés et les bras ligotés derrière le dos, sortent du DC 4 qui vient d'atterrir à la Luano, Lubumbashi. Il s'agit de Lumumba, Mpolo et Okito. Ils sont immédiatement encerclés par des gendarmes katangais, encadrés par des officiers belges. Munongo assiste à la scène. Lumumba et ses deux compagnons ont été tués le même soir.
Les services de renseignement occidentaux et leurs hommes de main sont immédiatement au courant de la mort de Lumumba. Le 19 janvier déjà, des officiers congolais, assistés par le conseiller militaire de Mobutu, le colonel belge Marlière, arrivent à Lubumbashi pour discuter avec Tshombé d'un accord de coopération militaire Kinshasa-Lubumbashi et d'un commandement unique. Nendaka débarque quelques jours plus tard. Tous les défenseurs de l'impérialisme comprennent que l'annonce de la mort de Lumumba provoquera une révolution dans tout le pays. Ils veulent du temps pour se préparer à l'affronter. Ils savent que les Kasavubu, Mobutu et Bomboko à Kinshasa auront besoin de l'aide militaire des Tshombé à Lubumbashi et des Kalonji à Babwanga pour combattre le nouvel essor de la révolution populaire nationaliste.
Ce n'est que le 13 février que Munongo annonce à la presse internationale la mort de Lumumba «tué par des villageois dans un petit village près de Kolwesi.» Dans le texte qu'il a lu, il y a cette phrase : «On nous accusera de les avoir assassinés. Je réponds: Prouvez-le !» (13)

« Nous suivrons l'exemple de Lumumba ! »
Le lendemain, au Caire, Pierre Mulele fait une déclaration au nom du gouvernement légal : « Les patriotes congolais s'engagent aujourd'hui à suivre l'exemple de Lumumba et à combattre jusqu'à ce que la libération totale de leur pays soit réalisée sous la conduite du gouvernement légal congolais. L'assassinat de Lumumba a été préparé et exécuté par les colonialistes belges et leurs hommes de main congolais. M. Hammarskjöld figure parmi les responsables de la mort de l'ex-premier ministre congolais. Le secrétaire général de l'ONU est l'instrument de la politique de l'administration américaine. Le gouvernement de Kisangani va prendre les mesures nécessaires contre les colonialistes belges et leurs alliés et contre tous ceux directement ou indirectement responsables de la mort de Lumumba et de ses deux compagnons.» (14)

1) Heinz et Donnay,p.36; 2) ibidem,p.38; 3) Congo, 60, II, p.997-8 et 1042; 4) Heinz et Donnay,p.17; 5) Les Complots de la CIA,p.152; 6) von Horn,p.236; 7) AP, dans Heinz et Donnay,p.64; 8) ibidem ,p.69; 9) Congo, 60, II, pp.1060-61; 10) ibidem, p.1041; 11) Les complots,p.142; 12) ibidem, p.152-153; 13) Congo 1961,p.665; 14) Courrier Africain, 13 mars 1964, p.5.


"Le peuple doit se défendre contre ses ennemis
"

Depuis le premier jour de l'indépendance, tous les " évolués " qui s'étaient vendus au colonisateur, menaient des campagnes pour détruire le gouvernement nationaliste. Souvent liés au milieux catholiques, ils avaient le plein soutien de la bourgeoisie belge et de ses différentes organisations. Ainsi, fin juillet 1960, le syndicat chrétien de Bolikango, l'UTC, publie un communiqué se plaignant de ce que "le Congo s'est engagé sur la voie de la misère." Le syndicat pro-colonialiste rend Lumumba responsable des fermetures d'usines, des augmentations de prix, de l'accroissement du chômage.
Lumumba comprend parfaitement que ces complots sont dirigés par la Belgique, qui utilise ses hommes de main, les Malula, Ileo, Bolikango, Tsombé, Kalonji, Boboliko. 
Il déclare qu'un gouvernement patriotique doit avoir le courage de lutter contre les ennemis du peuple, contre les ennemis de l'indépendance.

«C'est le peuple qui, à travers son gouvernement central, va lutter contre la mauvaise propagande, contre les ennemis de la liberté, contre les ennemis de la patrie, contre les traîtres. On a distribué à travers la cité de Léo des milliers de tracts séditieux qui sont venus tout droit de Bruxelles. Ils ont été transportés à bord des avions Sabena, dans des caisses portant la mention 'Journaux'. Un de ces tracts dit: 'Congolais, Lumumba va vendre vos femmes à la Russie'. Un autre tract, texte en Lingala : 'J'ai fait le pacte avec le diable, tant pis pour les Congolais.' Les Belges ne peuvent plus distribuer eux-mêmes leurs tracts aujourd'hui, et ce sont des Noirs qui détruisent le Congo, pour avoir reçu 500 francs. Si c'est votre frère, votre fils qui vend notre pays, qui collabore avec l'ennemi, c'est à vous, au peuple, d'être juge, d'arrêter ce voyou, ce collaborateur, ce traître." "Nous avons décidé de réglementer la liberté de la presse. Personne ne peut affirmer que le Courrier de l'Afrique est un journal appartenant à un Congolais. Qui parmi vous ignore que le Courrier de l'Afrique est un organe du syndicat chrétien de la Belgique? Qu'il est un organe de propagande contre notre peuple ? Nous avons décidé de réglementer tous ces journaux qui sont contre la Nation. Ce sont tous ces milieux catholiques qui mènent leur propagande dans leurs journaux qui provoquent tous les malheurs que nous connaissons. Devons-nous permettre cet état de choses? Alors que l'on prend des mesures pour vous libérer, ils appellent cela de la dictature!» (La pensée, pp.311-312)

Sur le mauvais usage de la religion
«Des évêques abandonnent leur mission d'évangélisation pour s'ingérer dans les affaires de l'Etat. Les Missions abandonnent leur mission pour mener une campagne d'obstruction à l'égard de l'Etat. Jour après jour, nous nous voyons insultés à travers leur presse. Ils ont porté gravement atteinte à la sûreté de l'Etat, ils ont commis des infractions graves.» (La pensée, p.289)
«Ces anti-nationaux, déjà à la solde des colonialistes, touchent l'argent des colonialistes, et avec cet argent ils écrivent des saletés. Aujourd'hui, des mouvements, soi-disant des mouvements familiaux catholiques, vont jusqu'à attaquer le gouvernement au nom des ligues, des jocistes, des groupements catholiques. Ils veulent détruire la nation congolaise, nous n'allons plus tolérer cela. C'est la séparation de l'Eglise et de l'Etat. Notre gouvernement ne va jamais s'ingérer dans les affaires de l'Eglise.» (La pensée, p.290)
«Le gouvernement ne peut d'aucune façon tolérer qu'on s'immisce dans les affaires de l'Etat Nous ne regardons rien d'autre que l'intérêt du peuple, et non l'intérêt des milieux financiers ou de l'Eglise de ceci ou cela Nous ne voulons pas qu'on fasse au Congo ce qu'on fait en Belgique, la dictature de l'Eglise sur le gouvernement. Et c'est un gouvernement catholique, ce sont ces milieux catholiques qui ont, de façon systématique, durant 80 ans, retardé l'émancipation politique du Congo. Ce sont ces gens qui disaient qu'il ne fallait pas introduire la politique au Congo parce que " la politique leur permettra de voir clair." Et ce sont ces mêmes milieux catholiques et religieux qui, même récemment, pendant la campagne électorale, prêchaient contre les nationalistes.»(La pensée, p.290)
«Il fallait simplement réciter le catéchisme colonial pour qu'on vous bénisse. Le fait pour un Congolais d'avoir exprimé son idée : " C'est un anti-Blanc, c'est une mauvaise religion " Interdiction ! C'est ça qu'ils veulent faire aujourd'hui pour démontrer à travers le monde que nous sommes des communistes.» (La pensée, p.296)
«Nous allons procéder à la décolonisation mentale parce qu'on endoctrine faussement le peuple depuis 80 ans. Avec notre cerveau, avec nos mains, nous allons développer le Congo.» (La pensée, p.300)

A propos du communisme et de l'impérialisme
«En Afrique, tout ce qui est progressiste, tout ce qui tend au progrès est qualifié de communiste, de destructeur. Il faut toujours faire des courbettes et accepter tout ce que les colonialistes vous offrent. Nous sommes simplement des hommes honnêtes et notre seul objectif a été: libérer notre pays, construire une nation libre et indépendante.» (La pensée politique de Lumumba, p.272)
«On parle de communisme. Savez-vous, mes chers amis, que certains jouent le jeu des impérialistes? Pendant la campagne électorale, les missions catholiques avaient imprimé des brochures qu'elles ont distribuées partout et prêchaient même dans les églises de ne point voter Lumumba, de ne point voter Kashamura. Est-ce que le peuple les a écoutées?» (La pensée, p. 342)

«Les impérialistes disent qu'ils sont contre le communisme, qu'ils sont contre l'Union soviétique et quand nous leur demandons une aide, ils nous la refusent et préfèrent la donner à Tshombé et à tous ceux qui réalisent leurs manoeuvres Tous ces discours dans lesquels on me taxe de communiste, où l'on prétend que j'aurais l'intention de faire du Congo une Union soviétique, sont en réalité écrits par les Belges et les Français.» (La pensée, pp.344-345)
«L'Union soviétique est un peuple comme toute autre nation. Les questions d'idéologie ne nous intéressent pas. Notre politique de neutralisme positif nous recommande de traiter avec toute nation qui a des intentions nobles et qui ne viendrait pas chez nous dans le but d'instaurer une autre domination.» (La pensée, p.281)

«Quand nos frères luttaient partout, étaient-ce des Russes qui nous instiguaient à réclamer l'indépendance? Qui nous a exploités durant 80 ans, n'est-ce pas les impérialistes? Ils considèrent le Congo, avec ses richesses, comme leur réserve nationale.» (La pensée, p.366)
«En Afrique, tous ceux qui sont progressistes, tous ceux qui sont pour le peuple et contre les impérialistes, ce sont des communistes, ce sont des agents de Moscou!!! Mais tout ce qui est en faveur des impérialistes, celui qui va chercher chaque fois l'argent, le mettre en poche pour lui et sa famille, c'est un homme exemplaire, les impérialistes le loueront, le béniront.
Voilà la vérité, mes amis.» (La pensée, p.367) 

15/01/2012
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PIERRE MULELE:HISTOIRE ET COMBAT

L'histoire fait partie de notre passion au sein de Ammafrica world!

Comprendre le passé,  nous fait comprendre le présent pour bien préparer le futur.... 

 

Ammafrica world. 

 

Qui était Pierre MULELE dans l'histoire politique du Kongo(Rdc)?

Page de Pierre Mulele

La révolution anticoloniale: ses partisans et ses ennemis 
 
MULELE dans le MACQUIS EN 1965
 
 
 
 
 

Au moment de la lutte pour l'indépendance, le Congo connaissait déjà des classes sociales bien distinctes. Certaines classes voulaient que le colonialisme reste en place. D'autres classes voulaient l'indépendance, mais différentes classes donnaient un contenu différent à cette indépendance.

Les classes sociales qui défendaient le colonialisme 

Il y avait d'abord la grande bourgeoisie coloniale. C'étaient les managers des sociétés, les hauts fonctionnaires d'Etat et les dignitaires de l'Eglise qui dominaient politiquement et économiquement la colonie. L'Union minière, créée en 1906 avec un capital de 10 millions de francs, réalisa entre 1950 et 1959 un bénéfice net de 31 milliards de francs. Les cinq dernières années du régime colonial, elle comptait 21,81 milliards de bénéfices et d'amortissements. Il est évident que cette classe avait tout intérêt à maintenir en place le système colonial. 

Cette grande bourgeoisie, essentiellement belge, s'appuyait sur trois autres classes: 
La bourgeoisie moyenne était composée de patrons européens établis au Congo. Ceux-ci possédaient des petites et moyennes entreprises. 

La petite bourgeoisie européenne était formée par l'échelon inférieur des employés blancs de l'administration et des entreprises, par des petits commerçants et par l'aristocratie ouvrière: c'est-à-dire les ouvriers blancs spécialisés et les contremaîtres européens. 

Enfin l'aristocratie noire constituait un rouage important du système colonial. Dans un décret colonial de 1906, la politique à suivre vis-à-vis des chefs coutumiers est clairement décrite : "Les chefs de villages sont les intermédiaires naturels entre les autorités de l'Etat et la population indigène. Soutenus par l'Etat, les chefs formeront dans tout le Congo une classe extrêmement utile, intéressée au maintien d'un ordre des choses qui consacre leur prestige et leur autorité. » Les chefs coutumiers recevaient une prime calculée en fonction du nombre d'indigènes qu'ils administraient ainsi qu'un pourcentage sur les impôts payés par leurs sujets. 

Les classes opposées au colonialisme 

Du côté du peuple congolais, on pouvait discerner cinq classes sociales qui avaient, chacune pour ses propres raisons, intérêt à chasser les colonialistes. Pour renverser le colonialisme, il fallait réunir le plus possible de forces. 
Une minorité de chefs coutumiers, surtout parmi ceux dont l'autorité ne s'exerçait que sur un nombre restreint d'hommes, refusa de collaborer et s'opposa au colonialisme. 

Puis, il y avait la bourgeoisie nationale. En 1958, il y avait 21.683 'firmes d'indigènes' engagées dans des activités commerciales, des briqueteries, des entreprises de construction, des scieries, des garages et des hôtels. En 1958, 6.500 patrons noirs engageaient des ouvriers salariés. D'autres groupes 'd'évolués' avaient, à cause de leurs privilèges, la même position que la bourgeoisie nationale: les prêtres, les assistants médicaux, les assistants agronomes et les employés supérieurs dans les sociétés. En 1960, la bourgeoisie nationale ne comptait que 10.000 personnes. Une fraction de la bourgeoisie nationale, liée souvent aux chefs coutumiers, s'enrichit en collaborant avec les grandes sociétés étrangères. Cette fraction voulait l'indépendance pour pouvoir s'enrichir plus vite et cela par la collaboration avec les anciens colonialistes. 

La petite bourgeoisie noire était composée par les employés et les fonctionnaires noirs, et par les indépendants noirs n'utilisant pas de salariés. En 1958, les entreprises européennes regroupaient 68.498 employés. En 1960, les agents congolais de l'Administration étaient au nombre de 98.000. 
Les paysans produisant de manière traditionnelle représentaient 77% de la population. 

Le prolétariat et le semi-prolétariat: le développement considérable des grandes entreprises capitalistes avait créé une des plus importantes classes ouvrières d'Afrique. En 1956, le Congo comptait 1.199.896 salariés (sur une population totale de 13 millions de personnes). 755.944 pouvaient être considérés comme des prolétaires. 

Dans les villes existait aussi une importante légion de sous-prolétaires. En 1959, à Léopoldville, 36.000 personnes étaient officiellement enregistrées comme chômeurs, ce qui représentait presque un tiers des personnes actives. Le nombre de travailleurs sans emploi était encore plus élevé, car beaucoup de jeunes résidaient clandestinement dans la capitale. Ce sont ces jeunes qui donneront, le 4 janvier 1959, le signal de la révolte populaire qui marqua le début de la lutte ouverte pour l'indépendance. 
 
Mulele : jeunesse et fondation du Parti Solidaire Africain 

Pierre Mulele naquit le 11 juillet 1929 à Isulu-Matende, un petit village situé dans le secteur de Lukamba sur le territoire Gungu. Son père, Benoît Mulele, avait fait des études d'infirmier. Il était l'un des premiers intellectuels de la région. Sa mère s'appelait Agnes Luam. Le jeune Pierre bénéficia de bonnes conditions d'éducation: son père lui avait appris l'alphabet avant qu'il n'aille à l'école. Benoît Mulele était très aimé par la population de la région d'Idiofa. Il prenait à coeur le sort des malades les plus démunis. C'est dans cet esprit qu'il éleva ses enfants. A l'école, le jeune Mulele était connu pour son dégoût de l'injustice. Désigné comme surveillant du dortoir des plus jeunes élèves à l'école moyenne de Leverville, il refusa de dénoncer un seul élève. 
En janvier 1951, Mulele, jugé "rebelle" et anticolonialiste, fut renvoyé de l'Ecole d'Agriculture. Le Directeur l'envoya à l'armée, où il obtint après six mois le grade de caporal. 
Très jeune, Mulele était déjà un organisateur. Il comprit très tôt que les opprimés doivent s'organiser pour devenir une force. En '52, il demanda à son ami Fernand Nima de regrouper les anciens élèves de la mission de Leverville qui résidaient à Léopoldville. Nima fonda l'Unamil, l'Union des anciens élèves de la mission Leverville. Après sa démobilisation Mulele arriva début '53 à Léopoldville. Il y fut engagé par la Direction générale des bâtiments civils comme commis de deuxième classe. Dès son arrivée, Mulele organise au sein de l'Unamil des causeries contre le colonialisme. Il fut aussi actif dans l'Apic, l'Association du personnel indigène de la colonie. Dès 1953, il se lance dans une campagne visant à obtenir l'égalité des droits entre les fonctionnaires blancs et noirs. Cette campagne pour "le statut unique" impulse la prise de conscience nationaliste de nombreux 'évolués'.

Le jeune Mulele devient un combattant anti-colonialiste 

Jusqu'en 1957, la littérature progressiste internationale n'arrive presque pas au Congo belge. C'est la radio qui tient le jeune Mulele au courant des grands bouleversements dans le monde.
Le 26 juillet 1956, le président égyptien Nasser nationalise le canal de Suez. Devant les menaces de l'ex-colonisateur, il déclare: "Je n'ai pas peur des petits soldats parfumés de l'empire britannique." Ce qui suscite l'admiration de Mulele. En 1956 toujours, la guerre de libération nationale en Algérie bat son plein. Jour après jour, Mulele suit les événements à la radio. 
En 1957, la revue Présence Africaine commence à circuler dans les milieux congolais. Mulele y trouve des idées qui seront les siennes toute sa vie. Le numéro de février-mars 1957 cite N'Krumah: 
"A partir de ce moment, le nationalisme panafricain et une conscience d'émancipation africaine doivent se répandre à travers tout le continent dans ses moindres parties."
L'année suivante, en août 1958, plusieurs centaines 'd'évolués' congolais sont invités à l'Exposition universelle de Bruxelles. Ils y découvrent la planète entière et la littérature révolutionnaire internationale. Ce sont eux qui ramènent les premiers livres marxistes au Congo. Ainsi, Mulele et ses amis découvrent les livres de Lénine, consacrés à la question coloniale, les oeuvres de Staline et de Mao Zedong. Au cours de l'année 1958, Mulele fait la connaissance d'un communiste grec, Bourras. Il lui demande d'où vient la force qui a permis à l'URSS de vaincre les occupants nazis. Bourras répond: "En Union soviétique, les intérêts collectifs passent avant tout. Il n'y a plus de patrons qui s'enrichissent aux dépens du peuple. Chez vous, au Kwilu, presque tout appartient aux Huileries du Congo Belge. En 1947, le président de la société Lever vous a rendu visite, il n'avait que 29 ans. Serait-ce lui qui a créé les richesses de ces 150 entreprises qu'il contrôle dans le monde ? En Union soviétique, les moyens de production appartiennent à l'ensemble des travailleurs. C'est ce qui fait sa force." 

La fondation du Parti Solidaire Africain (PSA) 

Le 10 octobre 1958, Lumumba fonde le Mouvement National Congolais (MNC). Mulele estime que ce parti est trop lié aux colonisateurs puisque des éléments comme Ileo et Ngalula, proches de l'Eglise catholique et de l'administration coloniale, se trouvent à sa direction. Ce n'est qu'en juillet 1959 que le parti de Lumumba se radicalisera, après la scission avec les agents du colonialisme Ileo, Ngalula, Kalonji et Adoula. Mulele, lui, prépare entre-temps la fondation du Parti Solidaire Africain.
La révolte de Léopoldville, précipite la fondation du Parti Solidaire Africain. Mulele dit ceci: «Les nôtres se sont vaillamment battus sans armes. S'ils avaient disposé d'une bonne organisation et d'armes en suffisance, ils auraient pu libérer la ville. » 

Unité congolaise et africaine 

Mulele n'a jamais été un tribaliste ni un régionaliste. Il est partisan de la formation d'un seul parti nationaliste radical et prône une politique panafricaine. Il écrit : "Le Parti Solidaire Africain a pour but l'émancipation du peuple africain dans tous les domaines, son accession dans l'unité existante à l'indépendance." Les statuts prévoient que le PSA sera dissout et intégré dans un nouveau parti, issu de la fusion des différentes formations nationalistes. 
Mulele propose Antoine Gizenga comme premier président du PSA. Gizenga a déjà un certain âge et a failli se faire ordonner prêtre. En outre, il travaille dans le privé et échappe donc aux tracasseries qui assaillent les fonctionnaires. Mulele, lui, devient secrétaire général. 
Par la suite, Mulele élabore un projet de la République fédérale du Congo : "L'Etat fédéral unitaire du Congo aura tout en mains pour promouvoir la politique sociale et économique du pays." 
Le 19 septembre 1959, Mulele rencontre le comité provincial PSA de Kikwit. Il met déjà l'accent sur deux points cruciaux: il faut mobiliser la masse exploitée et il faut être prêt à se battre les armes à la main. Mulele déclare: "Nous avons déjà demandé l'indépendance, maintenant il nous faut l'acquérir. Il nous faut organiser des luttes pour avoir notre indépendance. Et pour agir efficacement, la masse doit collaborer avec nous. Les conséquences qui vont s'ensuivre sont indubitables. Une tension naîtra entre l'administration et le parti. Des arrestations, il faut s'y attendre. Mais malgré toutes les mesures vexatoires, nous demeurerons fermes dans notre résolution. Devant une telle résistance, il faudra s'attendre à des événements sanglants." 
Pendant la campagne électorale de 1960, Mulele, Gizenga, Yumbu et madame Andrée Blouin font une tournée au Kwilu. Ils prennent soin de contacter tous les paysans jusque dans les moindres villages. Ceux-ci s'inscrivent par milliers au PSA. Même des religieuses noires rejoignent le Parti. Mulele face au colonialisme belge, au pillage et à la répression violente 

Pierre Mulele, né en 1929, grandit dans une société dominée par les trois forces du colonialisme : l'administration, le capital et l'Eglise. Le jeune Mulele se révoltera contre la misère et l'injustice, inhérentes à l'Etat colonial. Il deviendra par la suite un des principaux dirigeants de la lutte pour l'Indépendance. 
Comme son aîné Lumumba, Mulele comprit le caractère injuste, exploiteur et humiliant du colonialisme. Or, à cette époque, beaucoup d'"évolués" qui avaient fréquenté l'école, étaient favorables au colonialisme dont ils tiraient certains avantages. 
C'est en 1885 que les puissances occidentales, réunies à Berlin, font de l'Etat Indépendant du Congo l'immense propriété privée du roi Léopold II, roi des Belges. Celui-ci déclara en 1906: « Le Congo a été et n'a pu être qu'une oeuvre personnelle. Mes droits sur le Congo sont sans partage; ils sont le produit de mes peines et de mes dépenses. C'est l'auteur de l'Etat qui dispose légalement, souverainement, seul, dans l'intérêt de la Belgique, de tout ce qu'il a créé au Congo. » Voilà un discours qui a dû inspirer Mobutu, quelque soixante ans plus tard. 
En réalité, Léopold II a mis en place un système qui a permis à l'Etat et aux compagnies privées belges d'exploiter au maximum les richesses naturelles et humaines du Congo. Pour ce faire, le colonialisme belge reposait sur trois piliers: le capital, l'administration coloniale et l'église. Nous publions içi deux leçons politiques que Mulele donnaît au maquis entre 1963 et 1968.

« Comment nos ancêtres ont été colonisés »

"Nos ancêtres étaient libres et indépendants dans leur pays. Un jour, les Blancs sont venus pour les coloniser. De village en village, ils ont distribué du sel et du poisson salé pour les acheter. Mais nos ancêtres refusaient. Puis, les Blancs faisaient tonner le fusil. Avant d'entrer dans un village, ils tiraient un coup de canon au milieu des huttes. Les Noirs arrêtés l'arc ou la lance à la main étaient fusillés sur place. Les Blancs nous contraignaient à payer des impôts et à exécuter des travaux forcés. Puis, ils envoyaient des prêtres avec mission de nous convaincre de travailler volontairement pour les Blancs. Nous ne voulions même pas les écouter. Ils arrachaient alors des petits enfants à leurs mères, en prétextant qu'ils étaient orphelins. Ces enfants travaillaient durement dans des fermes pour y apprendre la religion des Blancs. 
Petit à petit, ils nous ont imposé leur religion. Que nous raconte-t-elle? Elle nous apprend qu'il ne faut pas aimer l'argent, il faut aimer le bon dieu. Mais eux, n'aiment-ils pas l'argent? Leurs compagnies, comme les Huileries du Congo Belge, gagnent des dizaines de millions grâce à notre sueur. Ne pas aimer l'argent, c'est accepter un travail d'esclave pour un salaire de famine. Ils nous interdisent aussi de tuer. Mais eux, est-ce qu'ils ne tuent pas? Ici, à Kilamba, en 1931, ils ont massacré un bon millier de villageois. Ils nous interdisent de tuer, simplement pour nous empêcher de combattre l'occupant. Les prêtres nous défendent aussi de voler. Mais eux, ils nous ont volé notre pays, nos terres, toutes nos richesses, nos palmeraies. Quand un homme vole chez un Blanc, il doit aller le dire à confesse. Alors le prêtre court prévenir le patron blanc et le Noir est chassé de son travail et mis en prison. » 
(Extrait de Abo, une femme du Congo, Ludo Martens, Ed. EPO, Bruxelles, 1995, page 68) 

"Pour sortir de la misère, il faut faire la révolution"

"Nous allons faire une révolution pour chasser les Blancs et pour nous occuper nous-mêmes de notre pays. Mais, pour comprendre la révolution, il faut d'abord connaître les cinq étapes de l'humanité. La société n'est pas immuable, l'humanité progresse par étapes. 
D'abord, l'homme a vécu dans la société primitive. Les gens vivaient ensemble, à peine séparés des animaux. Ils n'avaient de force qu'en se regroupant. Ainsi, en bandes, ils luttaient contre les animaux, allaient à la pêche et à la chasse. Ils étaient encore sauvages, presque des animaux, mais ils avaient l'intelligence. Il n'y avait pas de différences de classe, tous faisaient les mêmes travaux. Ils ont inventé le feu et les instruments de la chasse, en pierre et en bois. Après, ils ont commencé à travailler la terre et à produire beaucoup de nourriture. Il y a eu une division de travail. 
A ce moment ont surgi l'inégalité, la haine et la jalousie. Il y avait des chefs qui dominaient les autres. Puis les différentes bandes ont commencé à se faire la guerre pour prendre des esclaves qu'ils faisaient travailler pour eux. On a vu la classe des seigneurs qui possédaient tout et la classe des esclaves qui n'avaient aucun droit. Les riches ne travaillaient pas, ils disposaient du temps nécessaire pour organiser une armée afin de mater les esclaves Ils trouvaient aussi le loisir d'apprendre à lire et écrire et d'étudier les secrets de la nature. Ils ont inventé le métier à tisser et des instruments pour labourer la terre. La société produisait maintenant beaucoup plus de richesses. Mais les esclaves ne cessaient de lutter contre les tyrans pour qui l'esclave n'était qu'une bête. Finalement, les esclaves refusaient de travailler et la production régressait. 
Alors les maîtres ont dû accorder la liberté à leurs esclaves et leur permettre de travailler un lopin de terre. Mais les seigneurs féodaux continuaient à posséder la terre et les instruments de travail. Les gens étaient devenus des serfs, ils n'étaient plus esclaves, ils avaient une certaine indépendance mais ils devaient livrer une grande partie de leur récolte au seigneur. Dans cette société féodale, la connaissance des hommes a progressé. On a inventé la charrue de fer, la forge, la roue hydraulique. Les hommes ont commencé à apprendre le métier de tisserand, d'armurier, de meunier, de cordonnier On a créé des villes et le commerce s'est développé avec des pays lointains. Mais souvent, les paysans et les artisans se sont soulevés contre leurs exploiteurs. 
Quand les marchands avaient amassé beaucoup d'argent, ils ont inventé les machines Les riches ont créé des usines et les pauvres, qu'on chassait de leur terre, étaient obligés de se vendre aux riches pour aller travailler dans leurs usines. Ainsi on a eu des capitalistes qui exploitent des ouvriers. C'est comme les Huileries du Congo Belge où vous allez travailler durement pour un petit salaire Les usines créent beaucoup de produits différents en grande quantité, mais tout appartient au capitaliste. Au Congo, les capitalistes belges possèdent les usines, les machines et les richesses du sous-sol. Ils sont venus 'razzier' les Noirs dans leurs villages, même ici, au Kwilu, pour les déporter au Katanga où ils peinent dans les mines. 
La révolution socialiste, c'est les travailleurs et les pauvres qui s'emparent des usines, chassent les capitalistes et font tourner les usines au service de la population qui travaille." 
(Extrait de Abo, une femme de Congo, page 69-71)
Lumumba et l’indépendance

Les 4 et 5 janvier 1959, une révolte éclate à Léopoldville. Pendant 48 heures, le peuple est maître de la rue. La Force Publique et la police tuent trois cents personnes. Plusieurs centaines de personnes sont arrêtées et des clandestins sont expulsés par milliers et renvoyés dans leur village. Or cette dernière mesure contribue à l'extension du mouvement nationaliste: dès le mois de janvier 1959, les paysans dans les villages ne paient plus d'impôts, ni de taxes et ils refusent de se rendre devant les tribunaux coutumiers. 
L'armée coloniale intervient dans les villages et elle lance des opérations contre les ouvriers des grandes entreprises (cimenteries, sucreries, l'Otraco,...). 
La grande majorité des 'évolués' se distancent ouvertement de cette lutte des ouvriers et paysans. Ces 'évolués' veulent une indépendance à leur avantage, en collaboration avec les anciens collaborateurs. 
Patrice Emery Lumumba lors de son discours, le 30 juin 1960: «Qui oubliera les fusillades où périrent tant de nos frères, les cachots où furent jetés ceux qui ne voulaient plus se soumettre au régime d'injustice, d'oppression et d'exploitation.» 

Le programme anti-impérialiste de Lumumba 

Malgré tous les efforts de l'Administration pour réprimer le mouvement nationaliste et favoriser les partis de collaborateurs, les partis nationalistes gagnent les élections de mai 1960. Le MNC-L obtient 34 sièges, le PSA 13. L'ensemble des formations nationalistes obtient 71 députés sur un total de 137, la majorité étant de 69. 
Au cours du crucial mois de juin 1960, Lumumba, Mulele, Gizenga, Mpolo, Mbuyi et madame Blouin se réunissent presque chaque soir pour analyser les intrigues de l'Administration coloniale. Ganshof van der Meersch, ministre des Affaires générales en Afrique, résidant à Léopoldville, fait tout pour empêcher la formation d'un gouvernement composé en majorité par des nationalistes. 
Le 17 juin, Lumumba dénonce ces intrigues: "La Belgique veut imposer un gouvernement fantoche dont l'avènement et le maintien seraient au besoin défendus par les armes. Nous allons constituer notre propre gouvernement au sein de l'ensemble congolais, dont la Belgique prépare l'éclatement." Ganshof van der Meersch prend peur. Il dira plus tard: "L'insurrection était latente. Elle pouvait éclater d'un jour à l'autre." Le 21 juin 1960, il confie la mission de formateur à Lumumba. 
Le 30 juin 1960, Lumumba prononce le discours historique que les colonialistes ne lui pardonneront jamais. En présence du Roi Baudouin, il dit: «Cette indépendance du Congo, c'est par la lutte qu'elle a été conquise. Cette lutte, nous en sommes fiers car ce fut une lutte noble et juste, une lutte indispensable pour mettre fin à l'humiliant esclavage qui nous était imposé de force.» 
Ce jour historique, Lumumba devient un grand combattant contre un système inhumain qui s'appelle colonialisme et impérialisme. Comme tous les autres 'évolués', Lumumba a été éduqué dans un esprit d'obéissance et de soumission au colonisateur et de pacifisme. Mais confronté aux âpres réalités de l'exploitation capitaliste, Lumumba devient progressivement un révolutionnaire conséquent. La plupart des autres 'évolués' ne sont pas capables de suivre le développement des idées de Lumumba. Mulele sera un des rares à suivre toute l'évolution de Lumumba et à continuer cette radicalisation après la mort du premier ministre.

L'indépendance économique 

Au lendemain de la proclamation de l'indépendance, Lumumba formule pour la première fois un programme anti-impérialiste clair: «L'indépendance politique conquise, nous voulons maintenant l'indépendance économique. La patrimoine national nous appartient. (...) Ce n'est pas en mendiant des capitaux que nous allons développer le pays, mais en travaillant nous-mêmes. (...) L'indépendance cadeau, ce n'est pas une bonne indépendance. L'indépendance conquise est la vraie indépendance.» 
Devant les sénateurs, Lumumba s'écrie le 8 septembre 1960: «Pour la presse, Lumumba est un homme à abattre, c'est un communiste. Pourquoi? Parce que je ne suis pas malhonnête et n'accepterai jamais un franc des Américains ou des autres pour vendre mon pays.» 

Lumumba s'appuie sur les paysans et les ouvriers 

Le 22 avril 1959, il dira: «Quand nous sommes avec la masse, c'est la masse même qui nous pousse.» A peine son gouvernement installé, Lumumba adresse les paroles suivantes à ses ministres: «Les ministres doivent vivre avec le peuple. Nous ne devons pas passer aux yeux du peuple pour les remplaçants des colonialistes.»

Lumumba initie la lutte armée contre l'agression belge 

Cinq jours après l'indépendance du Congo, l'agression belge débute. Le commandant belge de la Force Publique, le général Jansens, prononce ces paroles historiques: «Avant l'indépendance égale après l'indépendance». Il provoque des troubles au sein de ses troupes et réclame une intervention belge massive. A partir du11 juillet, la Belgique envoie dix mille soldats belges au Congo. 
Dès le 11 juillet, Tshombe, assisté par les colons belges, se proclame président du Katanga "indépendant". Albert Kalonji le suivra le 9 août en proclamant l'indépendance du Kasaï. Lumumba réagit courageusement en mobilisant tous les éléments nationalistes de l'armée congolaise contre les sécessionnistes de Katanga et du Kasaï. Mais le colonel Mobutu donne l'ordre à ses troupes d'arrêter leur offensive victorieuse. 
Le 5 septembre, Kasavubu décrète illégalement la dissolution du gouvernement Lumumba. Il exige que les soldats de l'ANC déposent les armes. Lumumba lui répond: «Pour Kasavubu, le fait de vouloir réintégrer le Katanga pour libérer nos frères est une guerre atroce, parce qu'il a déjà des contacts avec Tshombe. Alors que la victoire du gouvernement central au Katanga est une victoire sur l'impérialisme. (...) Le gouvernement rend hommage aux troupes de l'ANC pour le patriotisme et l'héroïsme avec lesquels elles ont défendu jusqu'ici la nation contre l'agression et les mouvements de sédition colportés à travers le pays par les impérialistes belges.» 
Mobutu organise son premier coup d'Etat le 14 septembre. Le 27 novembre, Lumumba quitte sa résidence pour rejoindre Stanleyville et y prendre la tête des troupes loyalistes. Un général de l'ONU, Von Horn, déclare: «Si Lumumba était arrivé à Stanleyville, il aurait déclenché une guerre populaire pour la libération du Congo.» 

Trois ans plus tard, Mulele prendra sur lui cette tâche historique que Lumumba n'a pu accomplir: déclencher l'insurrection populaire pour libérer le Congo.
Mulele, ministre de l'Education nationale sous Lumumba 

Ministre de l'Education nationale du gouvernement de Lumumba, Mulele voulait faire de l'enseignement un instrument de la décolonisation mentale. Mulele voulait un enseignement qui soit scientifique et nationaliste, un enseignement démocratique à la portée des plus pauvres. 
Le plus grand souci de Mulele était de rompre avec l'esprit obscurantiste qui régnait dans l'enseignement des missionnaires. Le but avoué de l'enseignement catholique était de donner le strict minimum de formation, nécessaire pour exécuter des fonctions subalternes. En plus, les prêtres éduquaient les Congolais dans un esprit de soumission et d'obéissance au colonisateur. 
Dans son programme, Mulele exigea que l'enseignement soit avant tout scientifique. Ensuite, il insista sur le caractère national. Là aussi, c'était une rupture car le colonisateur avait écrit: "L'objectif primordial de l'uvre d'enseignement en Afrique est de gagner l'adhésion consciente et active de l'indigène à notre idéal civilisateur." 
Mulele affirma dans son programme:"Le gouvernement veut donner à toute la jeunesse une éducation nationale; il veut lui inculquer la notion de son devoir vis-à-vis de la Patrie et la volonté des sacrifices pour le bien commun". Enfin, Mulele voulait que l'enseignement soit démocratique et gratuit. 
Le 16 août 60, Mulele mit la nationalisation de l'université catholique de Lovanium à l'ordre du jour du Conseil des ministres. Ce fut le tollé chez les réactionnaires et les colonialistes. Monseigneur Malula déclara: "Pour les vrais nationalistes congolais, le laïcisme est un attentat à la vie religieuse du peuple bantou." 
L'Eglise catholique a mis tout son poids dans le combat pour renverser le gouvernement Lumumba: elle voulait à tout prix garder son contrôle sur l'esprit des Congolais pour les soumettre au néocolonialisme.
L'attaché de presse de Lumumba, Serge Michel, raconte une anecdote qui survint le 19 juillet 60. Après un meeting à Kisangani, Lumumba et ses ministres étaient assis pour boire quelque chose. Serge Michel nota: "Tous des traîtres ou des incapables, dit Mulele d'une voix claire pour que Lumumba l'entende. Il parla de complot, cita des noms de conspirateurs, mit en garde les disciples contre les hypocrites et contre le pire des Judas, Joseph-Désiré."
Mulele face à ces ‘lumumbistes’ qui ont trahi Lumumba 

Après le coup d'Etat de Mobutu, le 14 septembre 1960, l'ONU ne reconnut plus le gouvernement Lumumba, déplacé aussitôt à Stanleyville. Petit à petit, la plupart des membres du gouvernement cherchaient le compromis avec les ennemis de Lumumba. 
Un mois après l'arrestation de Lumumba, le 1er décembre 1960, Pierre Mulele partit en Egypte. Il amena plusieurs pays à reconnaître le gouvernement Lumumba-Gizenga: après l'Egypte, suivirent l'URSS, l'Allemagne de l'Est, la Guinée, le Maroc, le Ghana, l'Algérie, Cuba, l'Irak, la Chine populaire et d'autres. 
Sous l'impulsion de Mulele, le Conseil des ministres de Stanleyville approuva le 31 mars 61 un arrêté consacrant la rupture totale avec les collaborateurs à Kinshasa. "Kasavubu, le Chef de l'Etat, ne tire son pouvoir que de l'appui des puissances complices contre la Nation et dans le coup de force de Mobutu. Il tolère les actes sécessionnistes au Katanga et à Bakwanga." 
Cette décision de rompre radicalement avec les fantoches devait être le signal du déclenchement d'un vaste mouvement révolutionnaire pour l'indépendance authentique. Mais il n'en fut rien. 
En fait, la plupart des dirigeants "lumumbistes" ne rêvaient que d'une réconciliation avec les traîtres de Léopoldville. Le 19 juin 1961, ils eurent leur chance: Bolikango, le pire ennemi des nationalistes avant l'indépendance fit une déclaration dans laquelle il n'était question que de "réconciliation nationale" et de "recours au Parlement". Le gouvernement de Stanleyville accepta la main tendue, renonçant à son objectif d'instaurer un pouvoir nationaliste révolutionnaire. Après l'annonce de l'assassinat de Lumumba, les masses avaient partout redoublé d'effort dans la lutte armée pour la libération. La moitié du pays était sous le contrôle des nationalistes. Mais en juillet-août, les opportunistes capitulaient complètement et ils désarmaient les masses. 

Le Conclave de Lovanium: la trahison 

Le 22 juillet 61, le parlement élu en 60 se réunit dans le Conclave de Lovanium. Les lumumbistes sont divisés et infiltrés par les agents du néocolonialisme: ils acceptent de démettre Gizenga comme premier ministre et de donner son poste à Adoula, un ennemi de Lumumba. Les Chambres accordent leur confiance au Gouvernement Adoula, comme le "successeur légal du gouvernement Lumumba, sorti des élections en 60." Ainsi les lumumbistes ont permis que la légalité change de camp et devienne l'arme des Mobutu, Kasavubu, Nendaka et Ileo. 
Ceci montre que la plupart des chefs "lumumbistes" de 61 étaient des représentants de la jeune bourgeoisie congolaise. Même ceux qui étaient mus par un nationalisme honnête, se sont laissés facilement mener par le bout du nez par les pires ennemis de la nation. Pour ces nationalistes opportunistes, les luttes les plus âpres ne reposaient que sur des malentendus. Il suffisait de réconcilier les hommes de bonne volonté pour résoudre tout. La bourgeoisie nationale s'enivre de mots mais est incapable de juger les gens sur leurs intérêts de classe et sur leurs actes. Alors que Tshombe était un agent de la Belgique et qu'il avait assassiné des milliers de nationalistes, certains "lumumbistes" allaient demander à l'ONU de le persuader d'accepter une "réconciliation nationale" 

Les hésitations de Gizenga 

Le 4 août, Mulele prend l'avion pour Stanleyville, puis se rend en Egypte. Désormais, il est à la recherche d'un pays où il pourra apprendre à créer une armée populaire réellement fidèle à la lutte de libération.
Gizenga, resté à Stanleyville, se laisse convaincre par Gbenye de reconnaître le gouvernement pro-américain d'Adoula et d'y entrer comme vice-premier ministre. Le 18 août, Gizenga défend son choix devant 30.000 personnes: "Adoula est d'accord de suivre la doctrine et les secrets que Lumumba nous a laissés." La foule hurle: "N'y va pas! N'y va pas!" Une fois de plus, mieux que leurs dirigeants, les masses ont compris la tournure des événements. 
Lorsqu'Adoula entame des négociations avec Tshombe en septembre 61, Gizenga se rend compte que le gouvernement a pris la voie de la trahison ouverte. Fin novembre 61, Gizenga déclare: "Le 2 août, le Parlement, sous les menaces de Mobutu, a été obligé de voter la confiance au gouvernement." Et il termine par un appel aux soldats nationalistes: "Je vous donne l'ordre de me suivre sur le champ de bataille au Katanga." Voilà ce qu'il aurait dû dire en février 61, au moment où les masses étaient encore armées et se battaient pour imposer un gouvernement populaire. 
Le 15 janvier, la Chambre décide par 67 voix pour, une contre et 4 abstentions de démettre Gizenga de ses fonctions de vice-premier ministre. Ces chiffres montrent irréfutablement la trahison du programme de Lumumba par la grande majorité des chefs "lumumbistes". Le 27 janvier, Gbenye, le ministre de l'Intérieur, signe un arrêté de mise en résidence surveillée de Gizenga, qui se voit accusé de porter "atteinte à la sûreté de l'Etat". 

Devenir riche en 1961-1963 

Certains chefs coutumiers, une grande partie de la bourgeoisie nationale congolaise ainsi que des couches supérieures de la petite bourgeoisie devenaient membres de la nouvelle bourgeoisie corrompue et vendue à l'impérialisme belge. 
Les hommes politiques s'attribuèrent des salaires énormes. Le 5 juillet 60 le Sénat vota une augmentation de la rémunération, qui passa de 100.000 FC à 500.000 FC. A cette époque, un coupeur de noix de palme gagnait 700 FC par mois. 
Un deuxième moyen de s'enrichir était le pillage des caisses de l'Etat. Les ministres, les parlementaires et les hauts fonctionnaires détournaient les fonds destinés au paiement des travailleurs où à l'achat de matériel. 
Diamants et ivoire disparaissaient au-delà des frontières sans qu'aucun papier ne puisse témoigner de leur passage. En 63, l'exportation clandestine de diamants avait déjà rapporté 3 milliards de FC. 
De nombreux commerçants européens ne se risquaient plus à l'intérieur du pays. Ils s'associaient à des commerçants congolais et à des hommes politiques qui devenaient les alliés du grand capital européen. 
Une dernière source d'enrichissement consistait à s'allier au capital monopoliste international. Ainsi le grand chef Mwenda Munongo qui déclara: "Nous représentons la tradition authentiquement africaine", a fait son entrée dans le Conseil d'Administration de L'Union Minière du Haut-Katanga. 

Le manifeste de Mulele et Bengila 

A partir d'avril 1962, Mulele et son ami Theodore Bengila suivent des cours politiques et militaires en Chine. A leur retour à Kinshasa, ils publient en juin 1963 un manifeste pour annoncer la révolution populaire qu'ils apprêtaient de déclencher. 
«Peuple congolais, le pays est en train de mourir à cause des manoeuvres colonialistes. Les colonialistes veulent nous imposer une nouvelle forme de domination, le néo-colonialisme, c'est-à-dire une domination par l'intermédiaire de nos propres frères traîtres et corrompus, c'est-à-dire les réactionnaires de la bourgeoisie. 
Il n'est pas besoin de vous démontrer la barbarie, la cruauté de cette nouvelle forme de colonialisme. Les néo-colonialistes utilisent diverses méthodes: tueries, assassinats, empoisonnements, la corruption avec des sommes colossales d'argent en dollars, la propagande mensongère par radio, journaux, tracts. 
Beaucoup de dirigeants qui, hier, étaient vos défenseurs acharnés, ont trahi la cause du pays. Le pays est tombé entre les mains d'une caste qui ne cherche qu'à s'enrichir d'une manière scandaleuse, rapide, révoltante, impitoyable au détriment des intérêts réels du peuple qui continue à mourir de faim. 
La stratégie américaine au Congo s'appuie sur nos divisions, nos querelles, nos luttes tribales, provoquées et entretenues d'ailleurs par les sociologues et psychologues américains qui sont partout dans le pays. 
Il nous faut parer à cette situation menaçante. 

Sur le plan interne, nos efforts doivent tendre à balayer toutes les traces du colonialisme. Il va de soi que nos frères traîtres, qui servent d'intermédiaires aux capitalistes et qui constituent le support d'une politique étrangère doivent subir les rigueurs de notre lutte de libération totale. cette lutte doit se mener sous la direction d'un pouvoir populaire et démocratique. 
C'est aussi une fausse conception que l'indépendance équivaut à prendre la place des anciens dirigeants coloniaux pour ne rien changer quant à la structure économique du type colonialiste. 
L'indépendance, si l'on la veut entière et totale entraîne une lutte héroïque et implacable du colonisé parce que sa réalisation implique un changement radical. C'est une lutte systématique de décolonisation. Elle est dure et de longue haleine. 
C'est une utopie de croire que la décolonisation totale et réelle puisse se réaliser sans casse. L'histoire de l'humanité nous le prouve avec éloquence. Notre détermination dans la lutte nous conduira à la victoire et celle-ci est inéluctable."
Le début du maquis du Kwilu 

Le 3 juillet 63, Mulele revient clandestinement de Chine à Kinshasa via Brazzaville. "La stratégie parlementaire a définitivement échoué à Lovanium, dit-il. Tous les nationalistes doivent quitter la capitale et rentrer chez eux. Il faut se préparer pour déclencher dans toutes les régions du pays un soulèvement populaire." 
Mulele promet d'accueillir au Kwilu tous les dirigeants qui veulent s'engager dans la lutte armée et de les former pour qu'à leur tour ils créent des bases d'entraînement. "Il faut d'abord former des cadres et préparer la population. Je ne veux pas agir avant 3 ans." 

Les débuts du maquis 

Début août, Mulele et quatre compagnons, Bengila, Mukulubundu, Mukwidi et Mitudidi arrivent au Kwilu dans la région de Nkata. Très tôt le matin, ils y tiennent la première réunion du maquis. Mukwidi et Mitudidi doivent aller à Léopoldville dès le mois d'août pour contacter les cadres nationalistes susceptibles de s'engager dans la lutte. Mitudidi, traducteur chez Mabika Kalanda, doit aussi garder le contact avec les pays progressistes africains, avec la Chine et Cuba. 

Dès le 6 août, Mulele commence à recruter des partisans. Parmi le premier groupe de dix jeunes, Valère Etinka, le petit frère de Bengila et une seule fille Léonie Abo. A la fin du mois, le camp compte 580 partisans, dont 150 jeunes filles. 
La répression s'abat sur tous les villageois: le sang coule 
Le 3 septembre déjà, le gouvernement proclame la "mise à prix de la tête de Mulele" et décide d'envoyer des troupes vers "les régions troublées". 
L'abbé Placide Tara témoigne de la répression qui sévit dès septembre dans le triangle Kikwit-Idiofa- Gungu: "Le chef de clan chez qui manque un enfant, fille ou garçon, paie l'absence. Il est torturé, les parents de l'enfant de même. On leur inflige de fortes amendes et on parvient à ravir les habits des chefs de clan. Les scènes sont parfois horribles à voir. Tous les hommes doivent se coucher à plat ventre. Les militaires et les policiers marchent sur le dos des villageois couchés par terre. Ils les rouent de coups de bâton. Le sang coule." 

Mulele déclenche l'insurrection populaire 

Le 1er janvier 1964, Mulele donnait l'ordre de passer à l'action. Pendant tout le mois de janvier les équipes menaient dans la province du Kwilu des opérations ponctuelles dans le but de se procurer des armes et de punir les réactionnaires les plus endurcis. 
Le 13 janvier, Jérome Anany, ministre de la Défense, prit la charge des opération au Kwilu, où il se rendaient en compagnie de Mobutu. Le 14 janvier, une compagnie de l'ANC, envoyée en renfort, débarquait à Kikwit. le 18 janvier, Kasavubu décrétait l'état d'exception dans toute la province du Kwilu. 
La terreur était horrible. A Mungindu, les policiers organisaient des razzias et entassaient par centaines leurs victimes ensanglantées dans la prison. La revue belge "La Relève" du 1 février écrit: « Un camion maculé de sang est arrivé de Mungindu. Le chauffeur a raconté qu'il a dû emporter 87 cadavres pour les faire enterrer. Ils ont péri asphyxiés, parce qu'ils étaient entassés à 124 dans un local trop petit. » 
L'abbé Tara, qui par la suite a rejoint le maquis, témoigne: « Les militaires incendient les cases, tuent tout être humain qu'ils voient, attrapent des chèvres, des poules. Le gros bétail sur leur passage attrape aussi des balles. » Tarra avait entendu une conversation entre soldats, qui disaient: « On a tué des policiers, mais nous devons tuer 500 civils. Un policier vaut 500 civils. Si c'était un militaire qui avait été tué, alors nous allions massacrer le village entier. » 

Le premier territoire libéré 

Le 22 janvier, Mulele donnait l'ordre à toutes les unités combattantes de passer à une offensive générale. Les partisans détruisaient les ponts et les bacs. Ils creusaient de larges fosses dans les routes. De cette manière, ils voulaient empêcher les déplacements militaires et obliger l'armée à se diviser en unités plus réduites. 
En même temps, des équipes de 100 à 200 partisans, souvent renforcés par des villageois, s'emparaient des personnalités particulièrement détestées dans les villages et les exécutaient. 
A la fin de février 1964, les partisans de Mulele exerçaient un contrôle réel sur un territoire de 300 km de long sur l'axe nord-sud et de 120 km de large sur l'axe est-ouest. Mulele avait eu trois mois pour former ses premiers cadres. Rentrés chez eux, ceux-ci ne disposaient que de deux mois pour organiser et entraîner les équipes locales et pour préparer les masses. 
Le 20 janvier, le mouvement muléliste toucha le centre minier et diamantaire au Kasaï, Tshikapa. Au nord de la province du Kwilu, les mulélistes traversèrent le fleuve Kasaï en direction d'Oshwe. Ils étaient même arrivés dans la région de Coquilhatville. Le 19 février le gouvernement central annonça que plus aucune autorisation ne serait accordée pour se rendre au Kwilu.

Le maquis s'étend et la répression s'aggrave 

Début octobre, il y avait déjà 940 partisans. C'était trop, il fallait se diviser en trois groupes: un groupe de 380 combattants sous la direction de Mukulubundu part vers le Nord, entre Kalanganda et Bulwem. Mulele et Bengila dirigent une section centrale de 350 hommes, à une bonne trentaine de kilomètres d'Idiofa. Le troisième groupe, commandé par Louis Kafungu s'établit d'abord près de Yassa-Lokwa, pour se déplacer ensuite vers Kilembe. 
Entre temps, la répression mobutiste continue. Partout où passent ses troupes, les villages sont pillés: manioc, légumes, cochons, poules sont emportés. Le 19 décembre, Mobutu arrive à Kikwit accompagné des colonels belges Marlière et Noël. Des jeunes, soupçonnés d'être des partisans de Mulele, sont pendus. Conscient que les conditions ne sont pas mûres pour la confrontation, Mulele ne riposte pas. Il donne la priorité à la préparation politique. Fin décembre, il y a déjà plus de 5.000 partisans. 

En novembre et décembre, des partisans impatients lancent des actions sporadiques contre les représentants du gouvernement anti-populaire. Des bâtiments appartenant à des Blancs sont attaqués à Kakobola, Mungindu, Yassa-Lokwa, Kanga et Kilembe.
Le Conseil National de Libération et l’agression belgo-américaine de 1964

Le 25 septembre 1963, des députés du Parlement manifestent à Léopoldville pour la libération de Gizenga, le président du PSA. Mukwidi, Yumbu, Mulundu, Masena, Tumba Mwasipu, Bocheley et Gbenye sont arrêtés. Le 19 octobre, le gouvernement déclara l'état d'exception. 
Tous les pouvoirs sont à ce moment concentrés entre les mains de Kasavubu, Mobutu, Nendaka, Anany, Maboti, Kandolo et Bomboko. Le MNC-L et le PSA-Gizenga sont interdits. Un Conseil National de Libération est formé le 3 octobre 1963 sous l'impulsion de Mitudidi et de Mukwidi, qui ont commencé la révolution avec Mulele. 
Une ordonnance-loi signée le 16 décembre 1963 définit dans son article 202 que "sera puni de mort quiconque, en vue de troubler l'Etat, en faisant attaque ou résistance envers la Force publique, se sera mis à la tête de bandes armées." 
Après leur libération, les parlementaires lumumbistes se retirent à Brazzaville. Chassé de son siège parlementaire, Gbenye se laisse convaincre par Mukwidi, Mitudidi et Yumbu à accepter la création d'un Conseil National de Libération. Mais très vite, il y a un désaccord entre Gbenye et ceux qui suivent les conseils de Mulele. Les nationalistes radicaux ne veulent à aucun prix que Gbenye dirige le CNL, parce qu'ils le tiennent pour responsable de la capitulation à Lovanium et parce qu'il a signé l'arrestation de Gizenga.

Le programme de Libération Nationale 

Le 5 février 1964, les nationalistes radicaux retirent le mandat de président provisoire à Gbenye. Bocheley devient le nouveau président du CNL. 
C'est au nom de cette organisation que Léonard Mitudidi, Thomas Mukwidi et Abdoulaye Yekodia rédigent le programme du CNL, publié le 15 avril 1964. Quelques extraits. 
"La solution à la crise congolaise a son fondement dans les masses populaires et exclut tout recours à un simple changement d'hommes par une mascarade électorale ou à la suite d'un coup d'Etat militaire. La solution du problème congolais implique un changement complet et radical des formes d'organisation économique et des options politiques de notre pays. ... Aucune solution viable ne peut voir le jour à la suite d'élections ou d'un référendum dans le cadre politique actuel caractérisé par le fascisme, la soumission aux USA, l'abus des pouvoirs, la fraude. ... Le CNL préconise toutes les formes de lutte susceptible de renforcer l'action révolutionnaire armée: protestations, manifestations, agitation, comités de solidarité avec les combattants. ... Le gouvernement révolutionnaire adoptera une orientation économique inspirée d'une connaissance scientifique des lois sociales: l'expérience socialiste, adaptée aux conditions de notre pays, est la voie sûre de développement pour nos masses laborieuses." 

Les troupes mobutistes chassées de deux tiers du territoire national

A l'exemple de l'insurrection du Kwilu-Kwango, tout l'Est du Congo s'enflamma à partir d'avril 1964. Toutes les masses, à l'Est du Congo, étaient lumumbistes. Elles étaient inspirées par l'insurrection que Mulele avait déclenchée à l'Ouest, fin 1963. 
Les révolutionnaires à l'Est n'avaient jamais vu Mulele, mais ils allaient au combat sous le cri: "Mulele maï!". Le général Olenga déclara: "Le Lumumbisme est une doctrine, tandis que le Mulelisme est une force. Les deux éléments conjugués donnent une arme invincible pour délivrer le peuple congolais de la servitude des impérialistes." 
En août, les troupes mobutistes sont déjà chassées de deux tiers du territoire national. Les troupes de Mobutu étaient en pleine débandade. Seul Tshombe disposait encore d'une force combattante redoutable: 10.000 mercenaires katangais gardés en réserve à l'ombre des fascistes portugais en Angola. 

Tshombe, premier ministre à Kinshasa 

Tshombe est le principal responsable de la mort de Lumumba. Il était une marionnette que les Belges ont utilisée pour créer le soi-disant: "Etat Indépendant du Katanga". 
L'impérialisme belge et américain se sont mis d'accord pour placer Tshombe au poste de premier ministre à Kinshasa. Tshombe reçoit ses ordres à Bruxelles, où il rencontre, le 24 juin 1964, Spaak et l'ambassadeur américain Douglas Mc Arthur. Le 10 juillet, Tshombe prête serment "aux lois du Congo et au chef de l'Etat" entre les mains de Kasavubu. 
Thsombe, Kasavubu et Mobutu organisent une véritable terreur contre les masses insurgées. Mais ils ne peuvent pas contenir la volonté de libération des masses populaires, inspirées par Mulele. Alors ils demandent aux gouvernements belge et américain d'intervenir militairement pour écraser la révolution. 
A partir du 14 septembre 1960 jusqu'au 24 novembre 1965, le Congo a été dirigé essentiellement par Kasavubu, Mobutu et Tshombe. Ces trois personnages ont été les principaux instruments du néocolonialisme dans sa lutte contre les nationalistes. Il est faux de prétendre que "la démocratie" existait au Congo jusqu'au coup d'Etat de Mobutu en 1965. 
C'est lélimination de Lumumba le 14 septembre 60 qui a marqué le début de la dictature néocoloniale exercée contre les masses lumumbistes. 

La contre-offensive pour écraser l'insurrection muleliste

Le colonel Vandewalle, l'attaché militaire de l'Ambassade belge à Kinshasa, envoie, le 3 septembre 64, une note à Spaak. Il constate que Mobutu n'a plus d'armée. "Il faut considérer que sauf quelques détachements, l'ANC actuelle est, soit mutinée, soit passée à la rébellion, soit accrochée dans des camps, loin du front, d'où elle refuse de sortir. Les autorités congolaises, notamment Tshombe et Mobutu, sont d'accord pour déclarer qu'elle doit être remplacée." 
La Belgique dépêche 390 officiers et techniciens au Congo, auxquels elle ajoute 320 paras lors de l'opération Dragon Rouge du 24 novembre 1964. En mars 1965, Mobutu a à son service 637 mercenaires blancs. 
Début novembre 64, le colonel Vandewalle dit à ses hommes: "La liquidation du gouvernement révolutionnaire s'impose au plus tôt." 
A l'Est du Congo, les forces nationalistes sont écrasées lors de l'Opération Ommegang exécutée par la colonne Vandewalle. Ce corps compte 65 officiers belges, 390 mercenaires blancs, 65 officiers katangais et 4.200 soldats noirs, essentiellement des mercenaires katangais venus de l'Angola. 

Vandewalle ne cache pas qu'il revit les journées de grandeur coloniale. "Tous les membres de l'État-major de la 5ième Brigade mécanisée (colonne Vandewalle) avaient servi à la Force publique. Ce fut la dernière fois qu'un groupe d'officiers des anciennes troupes coloniales belges, conduisit des opérations en Afrique centrale." 
Le général sans soldats Joseph-Désiré Mobutu a signé personnellement l'ordre de recruter 1.000 mercenaires. Il déclara : « Au départ et en principe, je n'étais pas très chaud pour engager des mercenaires. Et puis, la situation militaire est devenue telle que j'ai dû engager moi-même des mercenaires pour combattre la rébellion. Mais il n'y en a jamais eu plus de mille. Ce sont des hommes valables qui aident réellement les populations de l'intérieur. Cela me peine qu'on les traite comme des mercenaires à chasser. On ne les chassera pas. Je sais qu'ils viennent ici pour gagner de l'argent, mais beaucoup d'entre eux travaillent avec un grand idéal. Blancs et Noirs, tous sont officiers et exercent effectivement leur commandement. C'est indispensable. Et les soldats sortis de Kitona sont maintenant sans complexes : ils trouvent tout normal d'être commandés par des officiers blancs et noirs. Ici au quartier général, les officiers belges exercent des responsabilités réelles, comme s'ils se trouvaient dans l'armée belge. » 
Avancée, défaite et ses causes

Pendant huit mois, entre début avril et fin novembre 1964, la révolution muleliste se développe victorieusement. 
A Idiofa, Nkara, Kilembe, Gungu et Kikwit, les partisans lancent des opérations pour chasser l'armée de Mobutu. Ensuite, ils mènent des offensives d'envergure contre les points d'appui stratégiques de l'ANC. 
En juin 1964, le colonel Eugène Ebeya, chef d'état-major de l'ANC, est tué dans une embuscade sur la route Kikwit-Gungu. 
La plus grande bataille que les mulelistes ont livrée se déroule le 30 juin à Kimpata Eku. Mulele ordonne à toutes les équipes d'envoyer des combattants pour cette bataille. Plusieurs milliers de partisans se réunissent pour ce combat. Les habitants des villages environnants doivent apporter à manger aux militaires mobutistes. Les partisans reçoivent des villageois tous les renseignements nécessaires pour préparer l'attaque. C'est une importante victoire, l'armée prend la fuite, plusieurs soldats sont tués. 
Le mois suivant, en juillet, une opération du même genre contre la ville de Kikwit échoue. Les équipes mobilisées pour cette attaque ne sont pas bien préparées. Elles s'installent près de la ville pour se reposer et manger avant l'attaque. Mais le bruit causé par plusieurs centaines de combattants avertit les militaires. Ceux-ci attaquent et chassent les partisans. 
De décembre 1964 jusqu'en février 1965, les troupes mobutistes réussissent à s'implanter sérieusement dans plusieurs points stratégiques de la zone libérée. Les partisans sont poussés dans la défensive: ils tendent des embuscades aux groupes de l'ANC. Mais ces soldats se risquent toujours plus nombreux dans la zone libérée. Vers la fin du mois de février 1965, les militaires peuvent entraver le contact régulier entre la Direction de Mulele et les différentes équipes des partisans. 

L'individualisme et le tribalisme, deux ennemis dangereux de la révolution 

Dès le mois de mars 1965, une lutte interne divise et affaiblit le mouvement. Pierre Damien Kandaka, commandant de la zone du sud, est un combattant nationaliste courageux. Mais il ne respecte pas la règle de remettre toutes les armes et autres biens pris à l'ennemi. En août 1964, des dépôts clandestins se constituent. Kafungu juge Kandaka et le condamne à quelques semaines de prison. Kandaka gardera de cette sanction une grande rancune. 
En septembre 1964, dans la bataille de Kikwit, Kandaka se montre très courageux. Il prend beaucoup de risques et un grand nombre de ses hommes tombent. Revenu à la Direction, il exige que Kafungu, qu'il accuse d'avoir mal dirigé le combat, soit jugé. Excitant les sentiments tribalistes, il déclare à ses hommes: "Ce sont toujours les Bapende qui se font tuer au combat. Nous ne reviendrons plus ici à la Direction où les Bampunda commandent. Nous ferons notre propre révolution." Les services de guerre psychologique de Mobutu lancent des tracts à partir d'avions. Ces tracts appellent "les Bapende" à ne pas se soumettre "aux Bampunda"! 

Début décembre 1964, Mulele envoie une expédition de 120 partisans, commandée par Lievin Mitu, pour arrêter Kandaka. La nuit, ils sont attaqués par des combattants de Kandaka et perdent vingt hommes. Cette tuerie marque la rupture totale. 

D'âpres combats se déroulent entre les partisans de Kandaka et ceux de Mulele. Les masses comprennent que Kandaka les a trompées et lui disent: "Mulele n'est pas venu avec une telle révolution." Kandaka écrit alors une lettre à Mulele pour demander la réconciliation. Mais peu après, Kandaka tombe lors d'un affrontement. A la mi-juin, l'attention de la Direction générale est toujours entièrement concentrée sur la lutte contre les partisans de Kandaka. 

L'attaque décisive de l'armée mobutiste 

Le 19 juin, à 16 heures, l'ANC surprend les hommes de Mulele et prend le camp de la Direction générale situé devant Kifuza. Une répression brutale règne alors dans la région. Un témoin raconte: "A Mukedi, les militaires fauchent avec des mitraillettes les gens qui sortent de la forêt. Ma petite soeur a vu une rangée de plus de dix personnes, supposées être des partisans: les militaires les ont achevées une par une en leur défonçant le crâne avec des bâtons. Ils ont brûlé la brousse aux environs de Mukedi et on voyait partout des cadavres d'hommes et de femmes sommairement abattus par les militaires." 
En 1966, Daniel Monguya est le vice-gouverneur de Bandundu. Il déclare: "Au camp militaire règne le colonel Monzimba, un homme sanguinaire qui appelle ce camp 'la boucherie nationale de Kikwit'. On y coupe les mains et les bras à un grand nombre de rebelles. Les autorités n'ont aucun recours contre ces militaires qui se comportent comme de vrais chacals. On enterre les gens vivants. Trois mille personnes y ont été tuées." 
En mars 1966, trois cents combattants sont toujours regroupés autour de Mulele. Il faudra vingt mois, jusqu'en novembre 1967, pour que l'ANC, dotée d'une suprématie écrasante en armes, arrive à disperser ce noyau central. Seule la volonté farouche des villageois de protéger l'avenir de la révolution, explique que ce faible noyau ait pu tenir tête à l'armée mobutiste pendant une période aussi longue.
La vérité sur un assassinat barbare 

Pierre Mulele et Théodore Bengila ont été assassinés le 3 octobre 1968. Dans ce meurtre s'exprime toute la cruauté et toute la bestialité du néo-colonialisme qui, entre 1960 et 1997, a ravagé et détruit le Congo. 
De décembre 67 jusqu'en septembre 68, Mulele et sa femme Abo se trouvent dans leur région natale Matende-Lukamba. Mulele y donne des leçons politiques comme il l'a toujours fait depuis son arrivée au maquis. Mulele attend l'arrivée des cadres lumumbistes de Brazza. Mais personne ne viendra. 
Le 2 septembre 68, Mulele part dans une petite pirogue pour Brazzaville, en compagnie de Léonie Abo, de Joseph Makindua et de Boni, un jeune Mudinga. Ils arrivent le 13 septembre à Brazza et sont mis immédiatement sous résidence surveillée au «Camp de la milice». 
A plusieurs reprises, Mulele s'entretient avec les autorités de Brazza. Le 27 septembre, il a enfin une rencontre avec les lumumbistes résidant à Brazza. Mais la décision de son retour à Kinshasa a déjà été prise par les autorités de Brazza. Justin Bomboko, le ministre des Affaires étrangères de Kinshasa, viendra à Brazza le 28 septembre, pour signer un accord avec les autorités. Bomboko déclare: «L'amnistie générale décrétée à Kinshasa par le général Mobutu, est valable pour tous. Nous accueillons donc M. Mulele en frère. Il travaillera avec nous pour la libération totale de notre pays». Les lumumbistes essayeront en vain de convaincre les autorités de Brazza que Mobutu leur tend un piège. 

Le retour à Kinshasa 

Le 29 septembre à 11 heures, Bomboko offre une réception sur le bateau présidentiel à laquelle assistent Mulele et les autorités de Brazza. L'après-midi, Bomboko prend le départ avec Pierre Mulele, Léonie Abo, Joseph Makinda, et deux autres partisans: Théodore Kabamba et Zénon Mibamba. Mulele et sa femme passeront la nuit dans la maison de Justin Bomboko. 
Les trois jours suivants, des dizaines d'amis de Mulele viennent le saluer dans la parcelle de Bomboko. Leurs noms sont enregistrés par des militaires. 
Germain Mwefu, un ami de jeunesse de Mulele, lui dit: «A l'extérieur, nous entendons des rumeurs disant que l'on va te tuer. La situation est grave, il faut que tu prennes la fuite.» Mulele répond: «Je ne suis pas allé à Brazzaville pour arriver à Kinshasa. Il y a eu un changement là-bas et cela m'a amené ici. Il y a trois choses: la naissance, la vie et la mort. J'ai fait tout ce que je pouvais, j'ai semé les bonnes graines, elles ne sont pas tombées sur les rochers mais dans la bonne terre. J'attends maintenant mon dernier jour.» 
Le 2 octobre à 17 heures, Mulele, sa soeur Thérèse, Abo et Mibamba sont amenés vers la prison dans l'enceinte du camp militaire Kokolo. Ils y retrouvent Théodore Bengila qui leur dit: «Vous aussi, vous êtes venus pour qu'ils nous tuent tous ensemble?» Immédiatement, Mulele et Bengila sont enfermés par des militaires. Entre-temps, les autres amis de Mulele qui se trouvaient dans la maison de Bomboko, sont amenés à la prison. Ainsi, dix femmes, dont la mère de Mulele, et dix jeunes filles, dont Annie, la fille de Bengila, sont enfermées ensemble dans une grande chambre de la prison pendant trois mois, sans savoir ce qui est arrivé à Mulele et Bengila.

Un assassinat barbare et bestial 

Dans la nuit du 2 octobre 68, les militaires ont commencé à torturer Mulele et Bengila. Mulele a été tué avec une telle cruauté bestiale, qu'elle couvrira à jamais de honte le régime qui a ordonné cette sauvagerie. Vivant, on lui a arraché les oreilles, coupé le nez, tiré les yeux des orbites. On lui a arraché les organes génitaux. Toujours vivant, on lui a amputé les bras, puis les jambes. Les restes humains ont été jetés dans un sac et immergés dans le fleuve. Théodore Bengila a été assassiné de la même façon barbare. 
Daniel Monguya Mbenge, qui était vice-gouverneur du Bandundu à l'époque du maquis de Mulele, l'a confirmé. Monguya se trouvait à Kikwit en 1966. Dans son livre, il écrit : «Il y a eu trois mille assassinats sous les ordres du colonel Monzimba au camp militaire, situé vers la plaine d'aviation, lieu surnommé par le colonel : la Boucherie de Kikwit. Dans un seul puits, des familles entières ont été enterrées vivantes par les militaires.» Lorsque, en 1988, Monguya rencontre Abo, il lui dit, d'une voix tremblant d'émotion : « Madame, dans l'histoire du Congo, votre mari est un personnage immortel; toute ma vie, j'aurai des remords d'avoir aidé à barrer la route du succès à Pierre Mulele ». 
Cléophas Kamitatu, le principal adversaire de Mulele au Kwilu, écrit dans son livre La grande mystification du Congo-Kinshasa : « Loin de faire un procès à Mulele, on l'exécuta après des tortures inouïes : organes génitaux arrachés, yeux crevés, mains amputées, puis on le plaça dans un sac rempli de pierres et on le jeta vivant dans le fleuve Congo. Mulele n'a jamais été jugé à huis clos et il fut jeté vivant dans le fleuve Congo, le soir même du retour du président Mobutu ». 
Pour commettre ce crime bestial, les officiers ont attendu le retour de Mobutu, le 2 octobre, pour recevoir ses instructions. Il ne s'agissait nullement d'un acte spontané commis dans un accès de colère, mais d'une cruauté froidement préparée: pendant trois jours, Mulele et sa femme avaient été hébergés en toute quiétude dans la maison de Bomboko. 
Et il faut que le peuple se souvienne: Mobutu, l'homme de la cruauté inhumaine envers Mulele, mais aussi envers tout le peuple congolais, a été pendant plus de trente ans l'homme de confiance de l'Occident capitaliste! 

Le meurtre de la vielle mère de Mulele 

Dix ans après l'assassinat de Mulele, Mobutu juge nécessaire d'exécuter sa vieille mère, Ignace Luam. En janvier 1978, dans la région de Lukamba, un prophète du nom de Martin Kasongo Mimpiepe prétend être Mulele ressuscité. L'armée intervient et massacre deux mille paysans de la région d'Idiofa. Parmi eux se trouvent Ntoma, le petit frère de Mulele, le chef du groupement Lukamba, Kingoma et le chef de Lukamba Bozombo, Ekwalanga, le beau-frère de Léonie Abo. Un frère de Mulele, Delphin Mbumpata, est traîné de son lit à l'hôpital de Matende Iwungu et abattu dans la rue. L'armée fait la chasse à la vieille mère de Mulele, qui s'est réfugiée dans la forêt. Les militaires assassinent François Mbawalanga, un frère de Léonie Abo, parce qu'il ne peut pas dire où se trouve la mère. Ils tuent un frère d'Ignace Luam, Etu Mbwun, puis Okul, la fille d'une soeur d'Ignace Luam, ainsi que son fils Nestor Edzu... Finalement, la mère de Mulele est arrêtée et traînée devant les villageois de Lukamba. Dans un texte rédigé par des témoins le 28 avril 1978, on lit: «Les militaires lièrent la maman avec des cordes en formant une croix. Avant qu'elle ne soit fusillée, elle fit cette déclaration aux militaires: Vos mamans vous ont mis au monde; est-ce qu'elles savaient que vous deviendriez des militaires? Les soldats tireront pendant longtemps sur elle sans que les balles l'atteignent. Ils la couperont en morceaux avec des poignards. Chaque partie sera enterrée à part.» 
Le livre de Ludo Martens Pierre Mulele ou la seconde vie de Patrice Lumumba, publié en 1985, se termine sur ces phrases: "Lumumba et Mulele assassinés, on n'a jamais retrouvé leur corps. Mais rien ne pourra empêcher les révolutionnaires du Congo-Kinshasa de retrouver la pensée de Lumumba et de Mulele. Le jour où l'avant-garde des forces nationalistes aura assimilé cette pensée, un nouvel espoir naîtra dans le coeur des millions d'opprimés, rendus muets depuis vingt ans. (...) Dans cet immense cimetière qu'est devenu le Congo mobutiste, la vie rejaillira immanquablement et avec impétuosité sous le drapeau des deux héros nationaux qui font à jamais la fierté du peuple congolais: Patrice Lumumba et Pierre Mulele." 
Et le 17 mai 1997 avec la victoire de l'Alliance dirigée par Laurent Désiré Kabila, la vie rejaillit, la révolution rejaillit au Congo-Kinshasa...
Le testament de Mulele et Mukwidi: "Corriger nos erreurs, relancer la révolution" 

Quand Mulele et Bengila entrent au Congo en mars et en juillet 63, ils sont convaincus qu'ils ne peuvent plus s'appuyer sur le PSA, ni sur le MNC-L. La majorité des dirigeants de ces partis ont trahi la lutte pour l'indépendance et la démocratie. 
Les autres se cramponnent aux positions nationalistes de 60, dépassées par l'histoire. Avant de créer un nouveau parti, Mulele veut faire comprendre à quoi ce parti servirait. Il faut d'abord montrer une nouvelle voie : celle de l'éducation, de l'organisation et de la mobilisation des masses, la voie de la lutte contre l'impérialisme dans tous les domaines et par tous les moyens, et principalement par les armes. 
Le 3 août 1966, Mulele signe une lettre destinée à ses amis de Brazza, à Gizenga et à Kabila à l'Est. Dans cette lettre, il aborde la question du Parti. 
"Camarades, 
Je vous prie de lancer un appel à l'unité à tous les camarades qui sont avec vous, afin de créer un Parti révolutionnaire avancé, au sein duquel tous les révolutionnaires du Congo seront regroupés. Je vous demande d'oublier vos querelles stériles du passé, de bannir l'esprit de séparatisme. ... L'union devra reposer sur une doctrine de base conséquente conforme à la ligne générale de la Révolution sur toute l'étendue du territoire congolais. 
L'intérêt général de la Nation doit se placer au-dessus de toute ambition personnelle. C'est la raison pour laquelle notre lutte ne s'est appuyée sur aucun des Partis déjà existants, tels que la PSA, MNC-L, Abako etc..." 

Thomas Mukwidi fait le bilan de trois années de lutte révolutionnaire 
Thomas Mukwidi a commencé la révolution avec Pierre Mulele. Il publie, le 3 octobre 66, un document sur l'édification du parti d'avant-garde, qui développe les idées de Mulele. Nous en publions l'essentiel.


"La première cause fondamentale des revers successifs que nous avons connus réside dans le fait que nous n'avons pas suffisamment mobilisé et organisé le peuple. L'ennemi étant mieux organisé que nous et bénéficiant d'un appui considérable des impérialistes, seule notre capacité d'organisation et de mobilisation du peuple nous permettra de changer le rapport des forces entre l'ennemi et nous. Nous devons considérer la mobilisation et l'organisation des forces populaires comme étant l'unique garantie de notre victoire. 
Avant la rédaction d'un programme et l'élaboration d'un mot d'ordre, nous devons aller aux côtés de la masse, vivre avec elle et lutter à côté d'elle afin de connaître ses problèmes, ses difficultés, ses revendications et de procéder à une enquête sérieuse sur sa vie. Ce n'est qu'après ce travail que nous pourrons élaborer un programme et lancer des mots d'ordre qui traduisent les réalités de notre pays et les aspirations profondes de notre peuple. 
Le contenu de ce programme doit être essentiellement axé sur la réalisation de la révolution nationale et démocratique. 
Il faut utiliser un langage compréhensible par le peuple. C'est uniquement sur cette base que nous pourrons mobiliser, organiser et unir tout notre peuple pour qu'il participe à la révolution. 
 
La deuxième cause fondamentale de nos revers est le manque d'une organisation et d'un noyau de direction unis et homogènes, véritable avant-garde de notre lutte libératrice, ayant un dévouement total à la cause de la révolution et sincèrement attachée aux intérêts du peuple. 
 
La troisième cause est l'impatience et la soif du pouvoir. La position stratégique du Congo - au coeur même de l'Afrique - est une question de vie ou de mort pour les impérialistes. Les immenses richesses naturelles et le potentiel économique du Congo attirent toute une coalition d'impérialistes: les USA, La Belgique, la France, la Grande-Bretagne, l'Allemagne de l'Ouest etc... Il n'est pas possible pour nous de remporter une victoire facile et rapide. Nous ne pouvons pas allumer un simple feu de paille. Les impérialistes et les réactionnaires doivent être comparés à de hautes montagnes qu'il n'est pas possible de renverser en un jour. Nous devons nous opposer à tout esprit d'impatience et d'opportunisme aveugle qui se manifeste chez certains de nos camarades qui, assoiffés de pouvoir et poussés par des mobiles incompatibles avec la révolution, rêvent d'une victoire facile et rapide. 
 
Le problème des cadres constitue la quatrième cause fondamentale de notre échec provisoire. Beaucoup de camarades s'entêtent à faire du tourisme révolutionnaire en parcourant toutes les capitales du monde. Le triomphe de la révolution repose entièrement sur un travail pratique des cadres à l'intérieur du pays en mobilisant et en organisant le peuple. 
 
Il importe d'apporter une très sérieuse attention aux organisations des ouvriers et des étudiants qui constituent des avant-gardes de la lutte des masses dans les villes. Ce problème n'a pas fait l'objet d'un examen attentif de notre part. C'est la cinquième cause fondamentale de nos revers. 
 
La sixième cause est la foi aveugle en l'aide extérieure. Nous rencontrons encore dans nos rangs beaucoup de camarades qui ont une foi aveugle en l'aide extérieure et la considèrent même comme une condition impérative de la victoire de notre révolution. 
 
Nous devons savoir que la révolution et la libération d'un pays ont toujours été l'oeuvre unique du peuple de ce pays. la révolution n'est ni à importer ni à exporter. 
Pour libérer notre pays, nous devons essentiellement compter sur notre peuple. C'est notre peuple seul qui constitue la garantie et l'aide sûre qui nous permettra d'assurer la libération de notre nation et de persister dans la révolution jusqu'au bout.

Trois tâches pour avancer vers la libération 
L'examen critique de tout ce qui a été fait depuis le 3 octobre 63 nous permet de reconnaître nos erreurs. Il n'y a que ceux qui ne font rien qui ne se trompent pas. Mais loin de rayer d'un seul trait tout ce qui a été fait avec le sang des milliers de nos compatriotes, comme le font certains opportunistes et arrivistes, nous devons apprendre de ces erreurs, savoir en tirer des leçons. 
Ces erreurs sont dues à notre manque d'expérience dans l'organisation du mouvement insurrectionnel. Nous avons la conviction que le dernier mot appartient à notre peuple. Peut-être ce n'est pas pour demain ni pour dans dix ans, mais le cours de l'histoire est irréversible. 
La chose la plus importante est notre volonté et notre détermination d'aboutir. 
Trois tâches urgentes et inséparables s'imposent à nous: la formation d'un noyau d'avant-garde, la fondation d'un parti authentiquement révolutionnaire et la conquête des masses, et l'intensification de la lutte armée. 
 
1. La formation d'un noyau d'avant-garde 
Une révolution et une lutte armée qui ne sont pas dirigées par une direction consciente, juste et éclairée, composée des éléments ayant une fidélité totale à la révolution et au peuple ne peuvent pas aboutir à la victoire. C'est pourquoi il devient urgent, pour sauver la révolution, de former un véritable noyau d'avant-garde. 
Ce noyau doit avoir une unité politique complète à propos de la libération du peuple congolais par la voie de la lutte armée, forme principale de cette lutte. 
Ce noyau doit être composé d'éléments intègres, sérieux, capables de lier la théorie révolutionnaire à la pratique et les paroles aux actes, des éléments qui acceptent les difficultés et les sacrifices, qui renoncent à leurs intérêts personnels et égoïstes et qui sont prêts à donner leur vie pour notre peuple. 
Ce noyau ne doit pas se servir d'un langage anti-impérialiste pour s'enrichir et satisfaire des ambitions personnelles, source permanente de nos querelles et de nos divisions. 
Ce noyau doit avoir une discipline stricte et rigoureuse. 
Ce noyau doit avoir comme tâche fondamentale la fondation d'un Parti d'avant-garde, ayant une stricte discipline et une vocation authentiquement révolutionnaire. Ce noyau doit former, à l'intérieur du pays, de nombreux cadres de la révolution. Afin d'éviter l'infiltration dans nos rangs de mauvais éléments et d'agents de la réaction et de l'impérialisme, il sera imposé une série des critères pour le choix des cadres. Seront formés comme cadres les éléments qui sont déterminés à persister dans la révolution et la considèrent comme une question de vie ou de mort, les éléments qui savent que seul le triomphe de la révolution peut apporter salut et bonheur à leurs parents, frères et soeurs. 
 
2. La fondation d'un Parti révolutionnaire 
La deuxième tâche est la fondation d'un Parti révolutionnaire d'avant-garde, c'est-à-dire un Parti qui traduira les aspirations profondes de notre peuple, exprimera fidèlement ses désirs et sera le défenseur de ses intérêts. 
Un tel Parti ne peut naître que sur base des masses. Un tel Parti doit être fondé à l'intérieur de notre pays et au cours de la lutte. Cette exigence nous permet de limiter les ambitions et les appétits de ceux qui confondent la révolution avec leurs propres intérêts et la considèrent comme un moyen de s'enrichir. 
Le Parti doit tracer une ligne de démarcation nette entre les véritables révolutionnaires et les pseudo-révolutionnaires et placer à sa tête les dirigeants et les responsables sortis des épreuves de la lutte, ayant l'estime, la confiance et l'appui résolus de notre peuple. 
Dans ce Parti, il convient de combattre les ambitions personnelles et imposer des critères rigoureux quant à l'acceptation de membres. Les meilleurs membres de ce Parti doivent aussi sortir de la pratique révolutionnaire. 
 
3. La conquête de la masse et l'intensification de la lutte armée. 
La troisième tâche est la conquête des masses et l'intensification de la lutte armée sous la direction du noyau et du Parti d'avant-garde. En effet, la mobilisation et l'organisation des masses par le front et la lutte armée sous la direction centralisée du Parti d'avant-garde, sont les deux armes principales pour remporter la victoire. 
C'est pourquoi il est indispensable que le Parti d'avant-garde, le promoteur, l'organisateur, l'initiateur et le dirigeant de ces deux armes voit le jour dans le feu ardent de la lutte." 

Thomas Mukwidi, 3 octobre 1964

 

 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

14/01/2012
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ANTOINE GIZENGA LIVRE SA VIE ET SES LUTTES

Vient de paraître sur le marché congolais : « Ma vie et mes luttes », une autobiographie d’Antoine Gizenga

Kinshasa, 13/01/2012

 

L’ouvrage du patriarche Antoine Gizenga raconte sans intrigues, la vie, les combats menés par ce dernier dans le but d’instaurer la liberté et conquérir l’indépendance de la Rdc.

« Ma vie et mes luttes » est un ouvrage du Patriarche  Antoine Gizenga publié aux éditions L’Harmattan. Le livre sera présenté officiellement au public ce vendredi 13 janvier 2012 au Grand Hôtel Kinshasa par le secrétaire permanent du Palu, Godefroid Mayobo. Imprimé sous un intitulé révélateur, « Ma vie et mes luttes » est une sorte d'autobiographie rédigée par son héros, Antoine Gizenga.

Plus qu'un simple ouvrage littéraire, « Ma vie et mes luttes » à cette autre valeur d'être une sorte de compilation des curriculums vitae de son auteur. Le livre raconte, non sans intrigues, la vie d'Antoine Gizenga et ses combats menés dans le but d'instaurer  la liberté et conquérir l'indépendance de la RD-Congo. Parce que l'environnement est aussi la source d'inspiration des écrivains, Antoine Gizenga a été motivé par la situation dans l'ex-Zaïre, après son retour d'exil en 1992.

Dans son ouvrage, Antoine Gizenga précise que tout est parti de la suggestion qui lui a été faite lors de son long séjour depuis 1966 dans l'ex-Union soviétique.  L'ouvrage est subdivisé en deux grandes parties et comprend 8 chapitres.

La première partie part de 1925 à 1966 et comporte 7 chapitres. Ici Gizenga parle de sa naissance, enfance et études ; sa renonciation à la vocation sacerdotale, sa vie laïque et professionnelle ; ses débuts en politique et sa lutte pour l'indépendance du Congo ; la lutte pour l'unité et la défense du Congo, la lutte pour de la légitimité et de la légalité républicaines; le Gouvernement Adoula, lutte pour l'unité, son arrestation et son emprisonnement ; la création du Parti lumumbiste unifié (Palu) et la lutte pour la démocratie et la liberté.

La deuxième partie qui comprend uniquement le chapitre 8 et le dernier part de 1966 à 1992. Ce chapitre est axé sur sa vie en exil. Ici, il s'atèle à relater l'événement depuis son départ en exil et ses luttes pour la libération et la démocratie.

Antoine Gizenga constitue une icône de la politique congolaise. Personnage historique et figure de légende, cet homme, né le 5 octobre 1925, que beaucoup vénèrent comme un dieu, est auréolé du prestige d'avoir été l'ami personnel et l'adjoint de l'illustre Patrice-Emery Lumumba dans le premier gouvernement du Congo indépendant que ce dernier forma et dirigea.

Quand ce gouvernement, issu de la volonté populaire, fut brutalement limogé le 5 septembre 1960 à Léopoldville (Aujourd'hui Kinshasa), le Vice-Premier ministre Gizenga, avec la bénédiction de son chef le Premier ministre Lumumba, le restaura le 14 octobre suivant à Stanleyville (Kisangani) et le fit reconnaître par 21 nations du monde progressiste. A la mort violente, le 17 janvier 1961, de Lumumba, Gizenga devint son successeur idéologique et son légendaire testamentaire.

A Stanley, sa résistance contre l'illégalité, lui coûta la prison en janvier 1992. Libéré le 15 juillet 1964, il fonda le 22 août suivant, le Parti Lumumbiste unifié (Palu) qu'il dirige toujours. Placé en résidence surveillée, le 1er octobre 1964, il retrouva sa liberté le 25 novembre 1965.

Mais, à la suite d'un attentat contre sa personne perpétré par le nouveau régime, il fut contraint, dès le 19 février 1966, d'entamer un long et pénible exil, pendant lequel il mena un rude combat contre la dictature instaurée au Congo, un exil qui ne prit fin que le 7 février 1992. C'est toute cette histoire pathétique qu'Antoine Gizenga raconte dans le présent ouvrage. Il a voulu la narrer lui-même, afin, assure-t-il, "de bien indiquer qu'il s'agit de mes souvenirs, de mes actions et de mon regard sur certains événements que j'ai vécu personnellement.

« Il désire que » ce récit soit un témoignage, que j'espère utile pour la jeunesse congolaise et africaine et pour les historiens intéressées et travaillant avec ardeur pour contrecarrer la falsification de l'histoire de l'Afrique, en général, et celle du Congo, en particulier". Egalement, il souhaite vivement que ce livre inspire les jeunes Congolais dans leur engagement noble et déterminé en faveur de la mère-patrie, le Congo".

Laurel Kankole/Forum des As


13/01/2012
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COMMEMORATION DE LA DISPARITION DES DEUX HEROS NATIONAUX CONGOLAIS :LUMUMBA ET LD KABILA

DEUX HEROS NATIONAUX A DESTIN COMMUN: LUMUMBA ET LD KABILA!

Kinshasa, 13/01/2012

 

La caractéristique des destins des deux héros nationaux dont va être commémoré le 16 et le 17 courant les anniversaires de disparition est leur idéal commun de patriotisme et de nationalisme pour lesquels ils ont d’ailleurs sacrifié leurs vies pratiquement à la même date des cycles annuels

Le peuple congolais, par devoir de mémoire, rend hommage, lundi et mardi, à ses deux héros nationaux, Patrice-Emery Lumumba et Laurent-Désiré Kabila, assassinés par les forces du mal, respectivement le 17  janvier 1961 et le 16 janvier 2001 pour arrêter l’élan de patriotisme et de nationalisme incarné par les deux hommes d’Etat pour la défense des intérêts du Congo. Les deux dirigeants, refusant toute compromission de nature à aliéner la souveraineté de la RDC, ont montré à la face du monde qu’ils étaient acquis à la cause de leur peuple et de leur pays. Leur nationalisme intransigeant, qui les poussait à ne rien céder de ce qui touche aux intérêts du Congo, n’a pas plu à l’Occident qui a, pour la cause, programmé leur élimination.
 
En pleine guerre froide entre l’Ouest et l’Est  dans les années 60, Lumumba, accusé d’être « communiste » pour avoir tout simplement défendu les intérêts de son pays, en a payé de son sang. Il a été assassiné. M’Zée Laurent-Désiré Kabila, protecteur du « courant du nationalisme congolais » créé par Lumumba,  est tombé en janvier 2001 dans les griffes des mêmes forces du mal, après avoir mis fin à la dictature. Les deux dates les plus rapprochées du calendrier poussent à émettre la réflexion que « la mort est la fin d’une prison obscure » que jamais les pleurs ne pourront réveiller.

Il n’existe pas de remède contre la mort. Mais l’assassinat de Lumumba et de Laurent-Désiré Kabila n’a entamé en rien le « nationalisme congolais » qu’ils ont légué à leur peuple. Aujourd’hui, ceux des Congolais ayant de loin ou de près participé à leur élimination éprouvent d’énormes difficultés à évoquer leur mémoire ou faire référence à la cause qu’ils défendaient et que le peuple congolais continue de défendre.

Le même destin attend ceux qui les ont tués. Si seulement leurs assassins savaient ce qu’Esope disait à ce sujet, déjà vers les années 550 avant Jésus-Christ, à savoir que « celui qui est mort est encore fort pour la vengeance, car la justice divine surveille tout et, rendant à chacun suivant ses œuvres, tient pour tous la balance égale », ils n’auraient pas commis ce crime.

Soldat du peuple, le Président Laurent-Désiré Kabila, tout comme le Premier ministre Lumumba, lègue au peuple congolais notamment l’amour du travail, seul vrai facteur du développement du pays. Son idée-force ou sa philosophie peut se résumer en une seule phrase : « Nous devons nous prendre en charge ». M’Zée Kabila a su réveiller la conscience des Kinois sur la nécessité d’exploiter le plateau des Bateke. Car, ne cessait-il de dire, le Congo est capable de se nourrir, affirmait-il.

L’un de ses compagnons, Kambale Kabila Mututulo, témoignait à l’époque que la politique extérieure de M’Zée n’a pas plu aux puissances qui cherchaient à « nous exploiter ». Il a prouvé à ses concitoyens que le sol congolais suffit pour « nous épargner de la famine ». Cela a suscité la curiosité des étrangers qui ont vite réalisé que cet homme était intelligent et qu’il risquait de devenir fort au Sud du Sahara. Il n’avait en effet contracté aucune dette à l’extérieur. D’où le complot de son assassinat.

Sur le plan interne, M’Zée Laurent-Désiré Kabila a ouvert les portes de la démocratie, de la liberté et du patriotisme, appelant sans cesse ses compatriotes à « ne jamais trahir le Congo ». Soldat du peuple, il est mort au front, l’arme à la main, tué comme Patrice-Emery Lumumba pour leurs idées nationalistes.

ACP


13/01/2012
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MOSENGWO ET LE COMPLOT ANTI-NATIONALISTE PAR LUDO MARTENS

MOSENGWO ET LE COMPLOT ANTI-NATIONALISTE PAR LUDO MARTENS!

Une analyse de Ludo Martens du 5 mars 2001 
qui reste d’actualité en 2006 et de nos jours...

 

 


Imposer le néocolonialisme au Congo, c’est assassiner Kabila une seconde fois

Ludo Martens, 5 mars 2001

Le discours du Président Joseph Kabila du 24 janvier est interprété de façon malveillante par tous les politiciens pro-impérialistes comme un changement fondamental de stratégie par rapport au kabilisme, comme une rupture avec « l’extrémisme » et « la dictature » de Mzee Laurent-Désiré Kabila, et non comme un réajustement de la politique nationaliste à la nouvelle situation. 
Aujourd’hui, l’impérialisme spécule sur la désorganisation, le désarroi et les luttes internes dans le camp nationaliste, suite à la disparition du Président Mzee Kabila. Immédiatemment l’Occident a activé tous ses agents – les rebelles, les partis de ‘l’opposition’, certains chefs religieux et certains infiltrés dans l’entourgage de Mzee Kabila – pour présenter la voie de la soumission au néocolonialisme comme « la seule route vers la paix ».

Toutes ces forces mènent une campagne concertée à l’échelle nationale et internationale pour faire croire que Joseph Kabila a fait « des ouvertures » à leur égard et qu’il ne lui reste pas d’autre choix que de capituler devant les agresseurs et leurs commanditaires. 
Ces forces néocoloniales font croire aujourd’hui à la masse que Joseph Kabila les a rejoint sur la voie du « libéralisme », de « l’ouverture » et de l’acceptation intégrale des « Accords de Lusaka ». Leur but est de préparer le terrain pour provoquer des émeutes, le jour où il apparaîtra que le nouveau Président reste fidèle au nationalisme de Mzee Laurent-Désiré Kabila.

Depuis plus de dix ans, Monsengwo est l’homme-clé de la politique américaine, française et belge au Congo. Il était à la base de la « démocratisation » du 24 avril 1990, il a présidé le bureau de la CNS fin 1991, il poussa à l’élection de Kengo en 1994, il était en mai 1997 le candidat de l’impérialisme pour assumer la Présidence de la République et priver ainsi Kabila de la victoire ! 
La Déclaration du 28 janvier 2001 de Monsengwo trace la ligne qui sera suivie par tous les agents de la Troïka dans les mois à venir. Elle comporte essentiellement sept thèses qui constitueront désormais « la bible » et le programme commun de toutes les forces néocoloniales au Congo. Nous les réfuterons une par une.

De la transition « démocratique » sous Mobutu à la «dictature » de Kabila ?

Première thèse de Monsengwo. « La CNS a formulé un projet de société basé sur la démocratie et l’état de droit qui a été consacré par des textes acceptés par toute la classe politique et par l’ensemble du peuple. Autour des textes de la CNS, il y avait un consensus national. » (Point 1.1.)
Réfutation. Il n’y a jamais eu d’unité entre la classe politique de l’époque de la Transition. Elle était divisée sur un problème tactique. D’un côté, il y avaient les anciens mobutistes partisans de la CNS et d’une limitation du pouvoir du président Mobutu et de l’autre côté il y avaient les mobutistes-durs-et-purs qui soutenaient le maintien des pouvoirs du Président-Fondateur. 
En pleine CNS, les 23 et 27 juillet 1992, Monsengwo a conduit une délégation de la CNS et il a négocié un « compromis global » avec Mobutu . Dix jours plus tard, la CNS adopta un « Acte constitutionnel ». Les deux textes sont contradictoires sur des points essentiels et c’est la division en deux blocs de la classe politique ! L’armée refuse de reconnaître l’Acte constitutionnel. Le 5 octobre 1992, l’ancien Assemblée nationale de Mobutu se réunit contre la CNS. Du 9 au 18 mars Mobutu organise le Conclave politique dont sortira le gouvernement Birindwa. Mais Tshisekedi a toujours « son » poste de premier ministre et remanie « son » gouvernement le 22 mars. Bagarre effrayable entre deux « gouvernements zaïrois » ! Monsengwo déclare : « Ni Tshisekedi, ni Birinwa ne peuvent réconcilier la classe politique ». Et il lance un appel pour que la classe politique « reprenne le dialogue inutilement bloqué ». Cela conduira aux négociations et à l’Accord du Palais du Peuple du 13 septembre 1993. Le Haut Conseil de la République, organe créé au moment de la dissolution de la CNS… fusionne maintenant avec l’Assemblée nationale mobutiste, pour devenir le HCR-Parlement de Transition. Cette transformation fut l’œuvre de Monsengwo, Kengo, Kamanda, etc. qui avaient initié « la troisième voie ». L’année suivante Monsengwo fut chassé de son fauteuil de président du HCR-PT par ses « amis » Kengo, Tshisekedi, Kibassa, Kamanda. En 1976, l’USORAL-USORAS a saisi la Cour suprême de Justice pour contester l’élection de Kengo comme premier ministre. La même année le HCR-PT amendait les projets de Constitution et de Loi électorale dans une atmosphère de contestation généralisée. 
Où était ce fameux « consensus de la classe politique autour des textes de la CNS » pendant toutes ces années ?

Monsengwo pense que le peuple congolais n’a pas de mémoire. Pour combattre Joseph Kabila et les forces nationalistes, il affirme aujourd’hui : « Tous ceux qui étaient au pays lors de la CNS se sentent liés par le consensus. Il y a des personnes arrivées en mai 1997 qui disent ne pas se reconnaître dans la CNS. La démarche consiste à convaincre les nouveaux arrivants du bien-fondé du consensus précédent, soit à actualiser ce consensus. » 
Monsengwo, que les Congolais connaissent très bien comme le croque-mort et le fossoyeur de la CNS, prétend aujourd’hui que la classe politique mobutiste de la transition était unanime pour appuyer le CNS et que les nationalistes autour de Joseph Kabila n’ont qu’à les rejoindre !

Les Congolais se rappellent que pour diriger la croisade contre la CNS, Mobutu avait comme « évangélisateur » le fondateur du ministère « Amor Dei », son Conseiller Spécial pour la Sécurité, Honoré Ngbanda. Ce dernier, dans une publication qui est sortie au moment de l’assassinat de Kabila, déclara : « Croyez-moi, si nous revenions aux acquis de la Transition, issus de la Conférence nationale souveraine et qui ont reçu l’accord et le soutien de l’ensemble de la classe politique, nous pouvons obtenir des résultats et rapidement ». 
C’est à l’aide de mensonges aussi grossiers que les mobutistes essaient de marteler dans la tête des Congolais que le « consensus » régnait du temps de la CNS ! 
Or, ce même N’Gbanda a publié en 1994 tout un livre intitulé « Afrique : démocratie piégée » dont le but était de peindre dans les couleurs les plus sombres cette farce qui s’appelait Conférence nationale et souveraine! Voici comment N’Gbanda décrit en 1994 le « consensus » de la CNS : « Au Zaïre, les conférenciers dans leur majorité, se désignaient eux-mêmes, directement ou indirectement. Leur participation devait leur revenir de droit, à eux fondateurs de partis politiques ou d’associations de circonstance, avec, souvent, des épouses, enfants et neveux, beaux-frères, copains de villages, etc » « Le concept même de conférence, dans sa concrétisation, est porteur de plusieurs éléments de division. On a vu dans la Conférence un lieu de contestation de la légitimité des dirigeants considérés comme responsables de tout le bilan négatif du passé, et un de légitimation de nouvelles forces et de nouveaux leaders. Mais quels nouveaux leaders ? Presque tous les grands ténors de l’opposition au sein de la Conférence Nationale et Souveraine sont des gestionnaires attitrés, les créateurs et les animateurs de la Deuxième République, ce régime diabolisé qu’ils prétendent, eux, juger et condamner. On ne peut être à la fois assassin et juge. …La Conférence devenait donc un cadre d’oppositions politiques exacerbées et de règlements de comptes. Les clivages entre tribus et régions se sont approfondis. »

Nous arrivons à la deuxième thèse de Monsengwo. « L’ordre de la CNS a été sacrifié au profit de la nouvelle dictature de Kabila qui a refusé le consenus national et a pris le pouvoir par la force. » (Point 1.3.)
Par cette thèse, Monsengwo se manifeste comme un des principaux idéologues du néo-mobutisme. En fait, c’est presque mot pour mot la thèse essentielle de tous les défenseurs de l’impérialisme, des mobutistes aux rebelles. Ainsi, le 13 septembre 1999, l’agent ougandais et mobutiste Jean-Pierre Bemba affirma : « Nos références sont les travaux de la grande réflexion de 1991-92 qui ont posé les bases de notre renouveau démocratique. Mais un groupe de rêveurs aux idéologies révolues a pris la lourde responsabilité d’interrompre le processus démocratique. En refusant de s’inscrire dans le schéma tracé par la CNS , Kabila entend nous ramener dans l’option de la dictature » 
L’ordre de la CNS était toujours l’ordre néocolonial mobutiste, adaptée à la nouvelle situation internationale caractérisée par la disparition du socialisme en Union Soviétique et en Europe de l’Est. L’écrasante majorité des politiciens de la CNS-HCR-PT ne voulait la fin ni du mobutisme, ni du néocolialisme. Mais Monsengwo, Bemba et les autres ex-MPR nous font croire qu’entre 1990 et 1997, le peuple a connu un « renouveau démocratique » qui a été interrompu par la « dictature » de Kabila.
Oui, il y a eu « processus démocratique » pour les cliques qui s’enrichissaient grâce à la CNS-HCR-PT. Mais sous la Transition, le peuple n’a eu qu’un « processus d’appauvrissement constant ». En 1990 le Congo comptait 1.604.900 salariés dans le secteur public et privé. Au cours du « processus démocratique », entre 1990 et 1996, non moins que 610.600 emplois ont été supprimés ! Le Produit intérieur brut par habitant est tombé de 295 dollars en 1990 à environ 133 dollars en 1996. Entre le premier coup d’Etat de Mobutu en 1960 et la « démocratisation » en 1990, le produit intérieur brut avait déjà chuté de 380 dollars à 295. Que ce soit lors de la période de dictature ouverte ou celle de la « dictature démocratisée », le niveau de vie des Congolais a chuté, mais la baisse s'est notablement accélérée pendant la CNS et la transition. Et Bemba de s’indigner que des « rêveurs aux idéologies révolues » ont « interrompu le processus démocratique ». En réalité, ce sont ces « rêveurs », et eux seuls, qui ont réussi à briser le système mobutiste criminel qui s’éternisait grâce à la « transition ». Sans ces rêveurs, le « mobutisme avec Mobutu » que nous avons connu pendant les années de « transition » se serait transformé en « mobutisme sans Mobutu » après la mort du dictateur. Rien de fondamental n’aurait changé au système en place. 
Voilà pourquoi, après six années d’espoirs trompés, le peuple, dans son écrasante majorité, a soutenu la guerre de libération de Kabila et s'est mobiliser pour la soutenir.

Interdiction de résister aux agresseurs ?

Troisième thèse : « La prise unilatérale du pouvoir par Joseph Kabila expose le pays aux mêmes dangers : l’oppression et la répression et la poursuite de la guerre. » (Point 1.6.)
La légitimité de Mzee Laurent-Désiré Kabila provenait de trois sources. D’abord, il a dirigé en 1996-97 la guerre de libération qui a réussi à libérer le Congo du mobutisme imposé au pays entre 1965 et 1996. Ensuite, au cours de l’année 1997-98, Kabila a entamé la reconstruction nationale qui a amélioré la situation économique des populations. Finalement, Mzee a dirigé avec énergie et de façon habille la guerre nationale de résistance contre l’agression américano-rwando-ougandaise et il a soulevé toute la population congolaise dans un élan de patriotisme. 
Après l’assassinat de Mzee Laurent-Désiré Kabila, les organes de l’Etat qui incarnent la légalité et la légitimité du pouvoir nationaliste, ont décidé de continuer son œuvre en choisissant Joseph Kabila comme son successeur. Craignant la continuation de la politique nationaliste, Monsengwo, en véritable porte-parole des puissances impérialistes, déclare : « Joseph Kabila expose le pays aux mêmes dangers ». 
Monsengwo mentionne un premier danger : « l’oppression et la répression » qu’organisa le défunt président. 
Or, sous Mzee Kabila, la population a connu une nette amélioration de sa situation sécuritaire. Les exactions des militaires et des ‘forces de l’ordre’ contre la population ont fortement diminué quoique, inévitablement, certains habitudes du temps de Mobutu ont continué. Sous Kabila, la répression était essentiellement dirigée contre les forces qui complotaient avec l’impérialisme, avec les agresseurs et avec la rébellion. Cette répression était nécessaire pour sauver l’indépendance et la souveraineté du Congo. L’assassinat de Kabila vient confirmer qu’il n’y a pas eu une vigilance et une fermeté comme il fallait envers ces forces du mal.
Puis, parmi « les dangers » que le Congo court sous Joseph Kabila, Monsengwo cite aussi « la poursuite de la guerre » ! C’est absolument ignoble. L’ONU a reconnu que le Congo est agressé, occupé et pillé par le Rwanda et l’Ouganda. Le gouvernement congolais a le devoir sacré de continuer le combat militaire et diplomatique jusqu’à ce que les agresseurs se retirent sans conditions.

Pas d’agression au Congo mais un « conflit interne » ?

Quatrième thèse : « La seule solution, c’est le Dialogue inter-congolais dans le cadre des Accords de Lusaka en vue de récréer le consensus national de la CNS rompu par Kabila. » (1.7.)
La position fondamentale de Monsengwo est sa négation de la guerre d’agression criminelle qui a déjà tué 3.000.000 de Congolais. Monsengwo reprend ce que les Rwandais, Ougandais et Américains et les rebelles disaient au début de la guerre : il n’y a pas d’agression extérieure, il y a un conflit intérieur entre les forces « démocratiques » et la « dictature de Kabila ». 
Mais heureusement, grâce aux enseignements de Mzee Kabila, la population congolaise est désormais éveillée. Elle sait que, face à une agression barbare, la solution n’est certainement pas un « dialogue » avec les « rebelles », et encore moins un « consensus » avec ces marionnettes impuissantes des agresseurs ! La solution sera donnée par l’unité de toutes les forces patriotiques dans le combat héroïque pour bouter dehors les agresseurs et ce combat doit être mené sur tous les terrains, militaire, politique, diplomatique, etc. Monsengwo, par ses propos de trahison, fait comprendre à tous les Congolais patriotes que les politiciens de l’opposition néocoloniale sont effectivement une cinquième colonne de l’agression, oeuvrant de concert avec les Américains, les Rwandais, les Ougandais et les rebelles.

Cinquième thèse de Monsengwo : « Le moment est favorable, car la mort de Monsieur Kabila rend la guerre des Grands Lacs sans objet, puisque la guerre a été déclenchée pour chasser Mr Kabila du pouvoir ». (1.8.)
Monsengwo se félicite presque ouvertement de l’assassinat de Kabila, affirmant que la guerre « déclenchée pour chasser Kabila » est maintenant sans objet ! En réalité, la guerre a été déclenchée par les Américains pour chasser tous les nationalistes congolais du pouvoir. Et si Joseph Kabila continue la politique lumumbiste du maintien de l’indépendance et de la souveraineté du Congo, les dirigeants américains, qui ont déjà plus de 3.000.000 morts sur leur conscience, peuvent décider la continuation de l’agression. 
Monsengwo fait semblant de croire que seul Kabila « gênait » les impérialistes. Or, l’homme de confiance des Américains sait très bien que ses patrons craignent surtout le peuple congolais conscient de sa dignité et mobilisé dans le combat pour l’indépendance. L’assassinat de Kabila n’a pas abattu ce peuple, au contraire, les trois millions de Kinois qui sont descendus dans la rue pour rendre hommage au Président martyre, ont prouvé que le peuple congolais est désormais debout. Ce peuple semble dire : non monseigneur, Kabila assassiné, la guerre de résistance ne devient pas « sans objet » parce que toute la population a exprimé sa détermination à poursuivre l’œuvre du Héros national et à bouter dehors les agresseurs pour assurer au Congo son indépendance, sa souveraineté et sa dignité.

Monsengwo, l’homme du coup d’état anti-nationaliste ?

Sixième thèse : « Le Dialogue inter-congolais doit, sur base d’un consensus, mettre en place le Président, le gouvernement de large union nationale et le Parlement de transition ». (1.9.) « Les autorités interimaires – le président Joseph Kabila et son gouvernement - ne peuvent recevoir leur légitimation que du Dialogue inter-congolais ». (Point 1.12) « Elles doivent donc, avec l’aide de Masire, mettre sur pied un présidium provisoire pour préparer ce Dialogue ». (Point 1.12.2.)
Monsengwo avoue que le « Dialogue inter-congolais », tel que les puissances impérialistes veulent l’imposer aux Congolais, est bel et bien un coup d’état parlementaire qui mettra fin à la légalité et la légitimité du pouvoir nationaliste issu de la révolution du 17 mai 1997. Le soi-disant « présidium du Dialogue inter-congolais » est l’organe du coup d’état néocolonial : dès l’ouverture du « Dialogue », ce « Présidium » remplacera en réalité le Président Joseph Kabila, son gouvernement de salut public et l’Assemblée Législative et Constituante. 
Le Président Laurent-Désiré Kabila et son gouvernement avaient été reconnus en mai 1997 par tous les pays au monde. Même les puissances impérialistes ont félicité Kabila pour avoir annoncé des élections dans un délai de deux ans ! Simpson, l’ambassadeur américain, disait trois semaines avant l’agression américano-rwando-ougandaise : “Le président Kabila est sur la bonne voie, politiquement parlant”. “Il s’en tient, en général, au calendrier fixé en vue de la démocratisation du pays. Il y a eu des régressions, mais rien d’important. En fin de compte, c’est à l’urne que seront jugés M. Kabila et son gouvernement.” En clair, les jours précédents l’agression, Kabila était toujours sur la bonne voie, suivait son calendrier de démocratisation et se voyait féliciter pour sa décision d’organiser bientôt des élections. Puis venait une agression barbare dénoncée par l’ONU… et cette agression aurait privé le gouvernement nationaliste de son droit de reprendre la voie de la démocratisation et d’organiser des élections, une fois les agresseurs boutés dehors ! C’est une logique de gangsters rarement vue dans l’histoire. 
Si, pour Monsengwo, le gouvernement nationaliste n’a plus le droit de gouverner en toute indépendance le Congo, c’est que le pays est déjà sous la tutelle d’une autre force : c’est la troïka impérialiste qui décidera désormais quelle est l’autorité supérieure au Congo. 
Les nationalistes congolais ré-affirmeront haut et fort que le Congo a un gouvernement légal et légitime qui dirige la résistance à l’agression. Ce gouvernement peut, de son propre initiative, organiser un Dialogue inter-congolais. Après le retrait des agresseurs, ce gouvernement organisera des élections libres et démocratiques.

Le Congo bientôt sous tutelle militaire de l’Occident ?

La septième thèse, la plus dangereuse, de Monsongwo: « Le Dialogue inter-congolais nécessite la présence des troupes de l’ONU au Congo pour assurer la sécurité dans le pays, pour garantir l’application des décisions du Dialogue et pour former une nouvelle armée républicaine ». (Point 1.11)
Le 13 septembre 1960, dans son dernier discours radiodiffusé, Lumumba dénoncait la menace que le Congo soit « mis sous une tutelle internationale de l’ONU». C’est exactement ce que Monsengwo et tous les politiciens néocoloniaux veulent faire aujourd'hui. Ils déclarent ouvertement qu’ils veulent la mise sous tutelle du Congo par les puissances impérialistes qui tirent les ficelles de l’ONU. 
Le Congo n’est plus un pays indépendant, si l’on accepte que la sécurité dans le pays soit assurée par des troupes étrangères de l’ONU et si l’on accepte que des troupes étrangères « garantissent » l’application des décisions du « Dialogue ». Monsengwo veut aussi que les Forces Armées Congolaises soient démantelées au profit d’une « nouvelle armée » qui sera formée par l’ONU, c’est-à-dire par les Américains ! C’est exactement ce qui s’est passé après l’assassinat de Lumumba et la défaite des nationalistes en 1961 : c’est sous le drapeau de l’ONU que les puissances occidentales ont formé l’armée de Mobutu… armée qui réprimera la révolution populaire de 1964-65 et fera le coup d’Etat du 24 novembre 1965… 
Mettre le Congo sous tutelle militaire de la Troïka, c’est le nœud du Plan Monsengwo. En effet, l’impérialisme estime qu’il lui faudra avoir des troupes à lui au Congo pour savoir dominer efficacement le pays. 
Il faut se rappeler qu’en 1991 déjà, Tshisekedi et Monsengwo souhaitaient une mise sous tutelle militaire du Congo. C’était en septembre 1991 que les troupes françaises soutenues par 850 soldats belges sont intervenus à Kinshasa. La Libre Belgique écrit alors : « Le Zaïre appelle à l’aide et cette aide, qui sera humanitaire, doit impérativement bénéficier d’un encadrement militaire. » Au nom du gouvernement belge, le Eyskens déclara devant l'ONU: "L'intervention d'Etats tiers pour protéger les droits de l'homme n'est pas nécessairement une intervention dans les affaires intérieures, même si cette intervention se réalise contre la volonté de l'Etat concerné.". 
A l’époque, j’ai écrit ceci: “L’intervention militaire de la France et de la Belgique vise à imposer leur solution à la crise zaïroise: remplacer le vieux dictateur en pleine déliquescence par des hommes plus attentifs aux besoins de l’Occident. Ainsi, La Libre Belgique a écrit: "Le gouvernement belge semble prêt à élargir le cadre de la mission (militaire) belge au Zaïre de façon à promouvoir la transition démocratique". Et le social-démocrate Coëme, ministre de la Défense, a déclaré: "Nous devons aussi protéger la population zaïroise contre des émeutes dangereuses. Si vous me demandez une date limite (pour le retrait des paras), je dirais: il doit y avoir un gouvernement démocratique stable qui est capable de relancer l'économie zaïroise sur une base solide." En ces termes, l’impérialisme belge affirme sa volonté de mettre le Congo sous une tutelle militaire pour de longues années. Jacques Brassinne, acteur important de la politique africaine en Belgique, a été le plus explicite à propos la récolonisation politique et militaire complète du Congo: "Il est absolument nécessaire qu'il y ait une présence permanente militaire européenne au Zaïre. Seule la présence de ces troupes pourra permettre un retour du secteur privé, des investisseurs étrangers et des coopérants." Tshisekedi n’a fait aucune objection contre ces projets de récolonisation militaire. Le 3 octobre 1991, il déclare: "Je demande à la France et à la Belgique de ne pas retirer leurs troupes du Zaïre, aussi longtemps que je n'ai pas les affaires en mains". Ainsi, Tshisekedi se place d’emblée dans une situation de dépendance vis-à-vis des troupes étrangères.” 
Ce rappel historique nous fait mieux comprendre l’actualité.

Le 16 janvier, immédiatemment après l’attentat, Louis Michel annonçait avec beaucoup de bruit que Kabila était bel et bien mort ! Comme si son but était de créer une panique à Kinshasa, de provoquer des troubles et d’obtenir un prétexte pour une intervention militaire… Et effectivement, les paras belges se sont mis directement en route pour Libreville, prêts à foncer sur Kinshasa. “Malheureusement”, les troubles graves que les puissances impérialistes attendaient ne se sont pas produits… Au contraire, l’Angola a renforcé le dispositif sécuritaire de Kinshasa. Des responsables tant congolais qu’angolais nous ont dit: “Désormais, nous les Africains, nous nous prenons en charge nous-mêmes. Avec l’aide de ses alliés angolais, zimbabwéens et namibiens, le Congo passera ce moment dramatique et difficille. Nous ne voulons plus voir des interventions militaires européennes ou américaines chez nous.” 
Il est claire que les agissements de Monsengwo procèdent du même complot qui a conduit à l’assassinat de Kabila. Kabila mort, il faut encore liquider l’ensemble de son œuvre. Sous le drapeau de l’ONU, Monsengwo et ses semblables comptent mettre le Congo sous la tutelle militaire des puissances impérialistes, démanteler les Forces Armées Congolaises et les Forces d’Autodéfense Populaire et, sous le prétexte de “fusionner” l’armée nationaliste et les soi-disant “troupes rebelles”, former une nouvelle armée néocoloniale au Congo!


LE DECES DE LUDO MARTENS:

Ludo Martens est mort plongeant dans la tristesse les nationalistes et révolutionnaires congolais !

 



Kinshasa, 08/06/2011 

Décès du Belge Ludo Martens, un militant de la cause nationaliste et progressiste en RDC qu’il a défendu courageusement jusque dans ses derniers jours. Sa brusque disparition est ressentie comme une grande perte par les patriotes et nationalistes congolais.

La nouvelle du décès de Mr Ludo Martens, écrivain, historien et journaliste belge, le dimanche 5 mai 2011 aux petites heures du matin à Bruxelles attriste les patriotes congolais. Et pour cause ? Ce grand analyste de l'évolution du mouvement nationaliste et révolutionnaire congolais s'est toute sa vie durant investi à éclairer l'opinion tant nationale qu'internationale sur la quintessence de l'œuvre de la résistance héroïque du peuple congolais à l'ordre colonial et néocolonial.

Le communiqué officiel du Parti du Travail Belge dont il a été un de principaux fondateurs et Président pendant plusieurs mandats mentionne que cette figure de proue du mouvement progressiste international quitte la terre des hommes à l'âge de 65 ans de suite d'une longue maladie. L'illustre disparu laisse à la postérité, outre une abondante bibliographie engagée, deux enfants dont, soit dit en passant, les mères sont des africaines, burkinabé pour sa fille aînée et congolaise pour son dernier garçon.

Dans sa jeunesse, ce fils aîné d'un fabricant de meuble de la petite commune de Wingene en Flandre Occidentale montre un intérêt évident pour les langues et devient vite le rédacteur en chef du journal de son école rédigé en néerlandais « Standard ». Analyser les engagements du petit peuple, sa résistance, ses révoltes, ses défaites, ses victoires, etc. était la trame principale de ses articles.

En 1965, le jeune prodige est inscrit à la Faculté de Médecine à Louvain. Pétri de talent et pétillant d'intelligence, tout le monde voit en lui un futur médecin brillant. Mais, hélas, le sort en décidera autrement. Devenu très actif dans l'union catholique flamande des étudiants du supérieur, avec quelques amis, il a commencé à donner une impulsion progressiste et internationaliste aux visées au départ étriquées et conservatrices de ce mouvement.

Se butant alors contre l'establishment académique et la droite, Ludo Martens et son groupe d'amis seront aussitôt virés de ce mouvement et du journal « Notre vie » qu'il dirige. Ses articles que d'aucuns trouvaient gênants furent finalement pris comme prétexte pour justifier son exclusion de Louvain.

A partir de ce moment, il fit de la lutte contre le nationalisme borné et le racisme son cheval de bataille. A la faveur du bouillonnement estudiantin de mai 68, il rencontre des étudiants marxistes allemands à Berlin qui lui refilent les œuvres de Marx et de Lénine. Cela va lui permettre de réorienter sa lutte en créant un front uni Étudiant– Travailleurs pour contrer les injustices sociales.

C'est ainsi qu'après son exclusion de Louvain, Ludo Martens se rend à l'université de Gand où il trouve dans la mouvance estudiantine de cette institution académique un terrain de prédilection pour combattre la censure, pour augurer l'avènement d'une université démocratique et pour développer une solidarité active entre les étudiants et le monde du travail.

Pour traduire de façon durable et manifeste leur expression de lutte contre l'exploitation capitaliste, après avoir vécu pour la plupart l'expérience ouvrière en travaillant à l'usine après une interruption volontaire de leurs études universitaires, Ludo Martens et ses camarades décidèrent de créer un parti de classe ouvrière dénommé « Tout le pouvoir aux ouvriers » en français, TPO en sigle, « Alle macht aan de arbeiders » en néerlandais, AMADA en sigle.

En plus de ce parti, un journal à caractère national qui est devenu aujourd'hui « Le Solidaire » avait vu le jour. Concomitant avec le nouveau parti, les jeunes révolutionnaires belges d'alors lancent l'asbl Médecine pour le Peuple où, à travers des maisons médicales, les soins gratuits de première ligne sont prodigués à la population ouvrière démunie, notamment celle de Hoboken.

En 1979, dix ans plus tard donc, AMADA sera rebaptisé Parti du Travail Belge, PTB en sigle. Son ouvrage « Le parti de la révolution » explique les trente années d'expérience de la lutte pour la création de ce parti communiste ouvrier. En 1985, Ludo Martens brise la loi du silence en publiant aux éditions EPO en Belgique son livre titré « Pierre Mulele ou la seconde vie de Patrice Emery Lumumba », lequel met la lumière sur l'histoire occultée de la lutte de libération du peuple congolais à travers l'action d'un de grands épigones de Patrice Emery Lumumba : Pierre Mulele.

Dans son livre, Ludo Martens décrit avec bonheur la vie de ce révolutionnaire congolais remarquable, ancien ministre de l'Education de Patrice Emery Lumumba, dans son maquis de Kwilu–Kwango. Avant lui, rien n'avait été dit, hormis des mensonges, sur cette étape glorieuse de la résistance glorieuse du peuple congolais à l'ordre inique et néocolonial que le monde occidental avait installé au Congo après la neutralisation et l'assassinat de Lumumba.

Ludo Martens récidive quelque temps après avec « Abo, une femme du Congo », un ouvrage d'une beauté littéraire évidente qui met en exergue la bravoure de Mme Léonie Abo, la compagne de Pierre Mulele sous l’insurrection armée. En lisant ce livre enivrant, on ne peut qu'être contaminé par la sympathie de l'auteur à l'égard de cette femme du peuple qui a su, à travers la lutte de Pierre Mulele, mettre toute son énergie dans la lutte contre la dictature et l'oppression.

Plus tard, la « Nouvelle Scène Internationale » le mettra en scène avec un spectacle ponctué des percussions de Chris Jones, l'ami de l'auteur qui était, affirme-t-on, un amoureux de jazz. Il est en de même de l'Institut National des Arts de Kinshasa qui a interprété cette œuvre sous le titre « Le léopard et le clochard ». A la fin de sa lecture, Winnie Mandela avait affirmé qu'elle n'avait jamais lu un livre aussi émouvant sur la participation d'une femme dans la lutte de libération du continent noir. La chanteuse Oumou Sangara s'est inspirée de cet ouvrage pour composer dix chansons de son riche répertoire.

Au lendemain de la prise de pouvoir de Mzee Laurent Désiré Kabila en 1997, Ludo Martens l'ancien « persona non grata » du régime déchu décide de concentrer ses activités militantes à Kinshasa. D'allure simple et austère, Ludo Martens était pourtant un homme ouvert à tous les contacts, notamment avec le peuple d'en bas. Tout président du PTB qu'il était, il avait choisi de vivre dix ans durant dans le dénuement des quartiers populaires de Kinshasa, parfois sans électricité, à Matonge et ses environs, n'hésitant pas à aller tenir des conférences ou organiser des séminaires à Masina ou à Camp Luka.

En fait, ses contacts avec les étudiants latino-américains à l'université avaient déjà préparé le jeune révolutionnaire belge à intérioriser pleinement la lutte de Che Guevara et l'expérience de Mao Zedong contre le colonialisme et l'impérialisme. Et depuis, la solidarité internationale qui s'est traduite notamment par son adhésion à la défense de la cause vietnamienne ou de celle des noirs aux États-Unis est une des caractéristiques permanentes de sa personnalité plurielle.

Dès 1968 déjà, il avait compris que les progressistes occidentaux avaient le devoir de soutenir le combat du peuple congolais pour le sortir du joug de la dictature mobutiste, nouvelle forme de l'oppression capitaliste. Pour Ludo Martens, en étouffant l'émergence de la conscience nationaliste et révolutionnaire au Congo, le colonialisme a permis à Mobutu de créer un establishment d'apparatchiks corrompus et véreux prêts, pour garder leurs privilèges et leurs prébendes, à brader les richesses de leur pays aux puissances étrangères.

Ludo Martens s'engage alors à soutenir ceux des Congolais qui voulaient sortir leur patrie de cette domination impérialiste néfaste, en leur redonnant confiance en eux-mêmes, en les aidant à regarder désormais avec fierté leur passé ainsi que leur histoire à dessein tronqués par les occidentaux. Il leur rappelait également, à travers ses articles, ses prestations radiotélévisées sous forme d'interviews ou de débats, ses publications, ses interventions publiques ou privées, ses analyses, ses conférences et ses séminaires de formation ainsi que les organisations et regroupements qu'il avait tant soit peu réussi à mettre sur pied, l'œuvre immense des hérauts de la lutte contre l'oppression et l'exploitation du peuple congolais, notamment Patrice Emery Lumumba, Pierre Mulele et Mzee Laurent Désiré Kabila.

Ludo Martens exhortait les Congolais auxquels il s’adressait d'être les continuateurs des œuvres de leurs héros à travers leurs engagements politiques, leur unité et leur solidarité. Son séjour en RDC lui a en outre permis de peaufiner et de publier un gros livre titré « Kabila et la Révolution congolaise », lequel donne une analyse autorisée des péripéties de la lutte de ce grand révolutionnaire congolais qui parvint dans des conditions exceptionnelles à bouter dehors le régime de Mobutu, un régime qui s’incrusta trente-deux ans durant dans un Congo aux richesses incommensurables en le reléguant dans le concert des pays les plus pauvres de la planète.

Malheureusement voilà que pris de court par la maladie, Ludo Martens n'a pas pu achever la rédaction du second tome de ce livre riche en enseignements…

Ce qui est vrai, c’est que du travail de Ludo Martens est née une graine révolutionnaire et nationaliste à jamais implantée dans la conscience révolutionnaire et nationaliste des populations congolaises. Et cette graine deviendra un jour le gros baobab qui, en concrétisant les pensées des précurseurs de la lutte contre l'oppression et l'exploitation de la RDC dans toutes ses formes, conduira le grand Congo et son vaillant peuple vers le chemin de son développement.

Correspondance de Jean-Paul ILOPI Bokanga/MMC


11/01/2012
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L'ENFANCE D'UN CHEF PAR SIFA MAHANYA: ELUCIDONS LE MYSTERE D'UNE IDENTITE!

L'enfance d'un chef

Entretien avec Maman Sifa à Kinshasa

 

 

 

 

par Colette Braeckman, publié dans Le Soir du vendredi 2 juin 2006

Madame Sifa Maanya n'est pas une femme publique. Discrète, pudique mais pas effacée, elle évite les journalistes, sauf lorsqu'il est question de ses activités sociales au sein de la Fondation Mzee Laurent-Désiré Kabila. Exceptionnellement, peut-être parce qu'elle savait que nous avions rencontré le Mzee (le « Vieux » en swahili, surnom donné au défunt président congolais) lorsqu'il voyageait en Europe dans la plus grande discrétion, elle a accepté un entretien, qui s'est déroulé dans son vaste bureau de la Gombe. Peu de meubles, pas de tableaux ni de tapis, pas de signes extérieurs de richesse. Avant d'entamer la conversation, Madame Sifa nous invite à prier et demande à Dieu de nous bénir.

D'emblée, cette femme originaire de Kabambare au Maniéma, vient à l'essentiel : « aux côtés de Mzee, j'étais une militante. Ensemble nous voulions combattre l'injustice, lutter contre Mobutu qui avait confisqué le pouvoir. »

Dès l'assassinat de Lumumba, en 1961, Laurent Désiré Kabila se lance dans la lutte et en 1965 qu'il créée un maquis à l'Est : « Nous avons commencé dans la région de Fizi où nous avions installé notre état-major. Mais nous avons souvent dû nous déplacer dans les montagnes, fuyant les attaques de l'armée de Mobutu. Il y a eu Hewa Bora 1, Hewa Bora 2, Makanga... C'est à Kasingere que nous avons fondé le Parti de la révolution populaire. » Madame Sifa ne veut pas qualifier de difficile la vie dans le maquis : « Nous nous suffisions à nous mêmes et vivions dans une parfaite égalité. Grâce à l'agriculture, nous avions assez à manger, nous vivions aussi des produits de la pêche, de l'élevage. Nous manquions souvent de sel et d'huile et nous préférions recourir aux remèdes traditionnels. Mais notre population, sensibilisée, ne se plaignait pas. »

Déjà militante, Sifa devient cadre du Parti où elle s'occupe de la formation politique, en particulier des femmes. « Nous expliquions aux gens pourquoi il fallait combattre cette dictature qui écrasait les paysans. Nous pratiquions l'éducation permanente, chacun devait suivre des cours de formation politique, mais aussi apprendre à lire et écrire. Les sessions politiques proprement dites duraient sept jours, puis ceux qui avaient été formés étaient envoyés dans d'autres villages pour enseigner à leur tour. »

Il n'y avait pas d'électricité dans le maquis, mais pas de bougies et d'allumettes non plus : « pour faire du feu, nous devions frotter des pierres pour faire jaillir l'étincelle... » Les vêtements aussi étaient rares : Sifa avait un seul pagne, peut-être deux, mais la plupart du temps, les gens portaient des vêtements faits de raphia et d'écorces.

C'est dans ce maquis égalitaire mais très pauvre que sont nés, en 1971, ses premiers enfants, les jumeaux, Jaynet et Joseph. Virent ensuite d'autres naissances, Joséphine, Zoé, Masengo... « Notre famille s'est constituée dans le maquis et les enfants, dès l'âge de 3 ans, fréquentaient l'école que nous avions créée. Ils étudièrent dans le maquis durant cinq ans. »

Après 1975, tout le monde fut forcé d'aller vivre à Wimbi, au bord du lac Tanganyka, car les attaques des troupes de Mobutu étaient incessantes, « ils nous bombardaient, nous pourchassaient dans les montagnes, nous ne pouvions plus résister. A certains moments, nous avons même été forcés de manger de l'herbe, des plantes sauvages ».

A Wimbi, Sifa poursuit ses activités : « j'étais secrétaire adjointe de l'organisation des femmes révolutionnaires du Congo, une branche du PRP qui s'occupait de l'encadrement des femmes. Beaucoup d'enfants étaient sans famille, à cause de la guerre ou des maladies et c'est pour eux que le Mzee a créé le centre populaire pour les oeuvres sociales dont je fus la gérante principale. Mais nous avons été rapidement dispersés par les forces de Mobutu. »

Vers les années 78-79, le Mzee décide de faire évacuer les jumeaux vers Kigoma en Tanzanie, pour qu'ils poursuivent les études. La maman suivra quelque temps plus tard et le Mzee viendra ensuite, avec quelques rares partisans «il faut dire que nombreux étaient ceux qui avaient trahi et quitté le maquis car Mobutu les avait corrompus, soudoyés. Les derniers qui étaient restés subissaient les bombes, les embuscades, tout était mis en oeuvre pour les capturer...»

En Tanzanie, la famille Kabila est accueillie, protégée, par Kazadi Nyembe, bien introduit auprès du président Nyerere. Sifa insiste avec reconnaissance : « Kazadi nous a protégés, cachés, car la police de Mobutu nous recherchait pour nous éliminer. Si la vie dans le maquis pouvait paraître difficile, en Tanzanie, c'était bien pire. Là, nous n'avions rien, alors que dans le maquis on s'entraidait, on vivait dans une certaine égalité. Notre séjour en Tanzanie était pour nous un repli stratégique, car nous avions bien l'intention de revenir un jour dans notre pays, le Congo. »

C'est pour cela d'ailleurs que, malgré les difficultés financières, Laurent-Désiré avait tenu à inscrire Jaynet et Joseph à l'école française de Dar es Salaam, afin qu'ils apprennent le français pour le jour où ils rentreraient dans leur pays.

Comment la famille subvenait-elle à ses besoins ? Madame Sifa ouvre ses mains et les regarde, pensive : « je cultivais un petit champ et je vendais mes légumes au marché, comme toutes les femmes pauvres en Afrique. Plus tard, j'ai tenu une petite échoppe, pour pouvoir payer les études des enfants. Le Mzee ne s'entretenait pas de politique avec sa famille. Cette éducation-là, c'est moi qui m'en chargeais. J'expliquais pourquoi nous refusions de nous considérer comme des réfugiés, car nous étions des révolutionnaires. » En Tanzanie, l'ambassade du Zaïre ne lésine pas sur les moyens : « Mobutu a tout essayé pour nous éliminer : le poison, les femmes, les embuscades, l'argent... »

Mme Sifa dément les histoires selon lesquelles le Mzee aurait multiplié les voyages: « il n'a quitté le maquis que deux fois, pour demander de l'aide aux amis en Europe, car nous manquions de tout... » Et elle se souvient du soutien qui fut apporté par Pierre Galand, alors secrétaire général d'Oxfam-Belgique.

A propos de la Tanzanie, Sifa évoque les réactions de fierté de son mari : « A un moment donné il a dit « stop » et décidé de refuser l'aide proposée... Il déclarait que désormais nous allions nous prendre en charge... »

C'est à ce moment qu'elle a commencé à cultiver et à vendre sa petite production. « Le Mzee n'était intéressé que par la politique. C'est moi qui entretenais la famille avec mon travail... »

Après avoir terminé les études secondaires à Dar es Salaam et fait, comme tout le monde en Tanzanie, une année de service militaire, les jumeaux sont envoyés à l'Université de Makerere en Ouganda. Leur sécurité n'est pas assurée et les services de Mobutu rodent toujours. Jaynet s'inscrit en journalisme, Joseph en droit.

La maman se souvient des dispositions de son fils : « tout petit, il avait déjà un tempérament de chef, il rêvait d'être militaire, de diriger une armée. » En souriant, elle évoque le gamin qui alignait des petites voitures pour en faire un convoi militaire, tout en précisant que le père refusait que son fils se lance dans la carrière des armes.

Joseph seconde bientôt son père qui dresse des plans pour reprendre la lutte au Congo. : « les préparatifs avaient commencé, au début des années 90, pour s'intensifier en 1994 et en 1995. Joseph était aux côtés de son père lorsque les opérations ont commencé en 1996. Nous avions réfléchi et tiré les leçons des erreurs commises au début de la lutte. On n'est pas allé chercher Mzee, il était là : c'est depuis la mort de Lumumba que nous combattions la dictature...»

Le 17 mai 97, Sifa se trouve encore en Tanzanie avec les plus jeunes des enfants, lorsque les troupes rebelles entrent dans Kinshasa. C'est un mois plus tard qu'elle arrive discrètement dans la capitale :« le Mzee ne voulait pas que l'on évoque sa vie privée... » Elle confirme que lors de la première guerre, en 96-97, Joseph se trouvait aux côtés de James Kabarebe, le général rwandais qui dirigeait les opérations militaires.

Joseph tenait-il son père informé ? « Je le suppose, mais je sais que le Mzee avait été très fâché d'apprendre les atrocités, les massacres commis par ses alliés : nous, notre lutte ce n'était pas ça, notre conception de la libération, ce n'était pas la vengeance... »

Quelles valeurs, avec son mari, a-t-elle enseigné à ses enfants ? Ici Maman Sifa parle d'une traite : « nous leur avons appris l'amour de la patrie, le respect de la famille. Essayé de leur donner un code de bonne conduite, et aussi des leçons de modestie, d'humilité. De leur apprendre à vivre en paix avec leur prochain. Nous avons essayé de façonner nos enfants afin qu'ils combattent l'injustice. »(...) « Joseph, à sa manière et avec ses méthodes, a tenté de poursuivre l'oeuvre de son père. Il a toujours eu une grande force de caractère, il réfléchit avant d'agir et n'a jamais été un enfant turbulent... Calme, il ne parlait pas beaucoup, s'il était fâché, il ne le montrait pas. Je lui ai enseigné comment être poli, jamais insolent : c'est cela notre culture... »

 

 

Sifa, mère et épouse, exhale cependant quelque amertume : « Ah ! les Congolais... Quand je pense que le Mzee leur a sacrifié sa vie, et qu'ils l'ont tué... Chaque fois que je repense à sa mort, mon coeur redevient rouge... » 

 

 

Elle ne nie pas la souffrance qu'elle éprouve au vu de la campagne qui vise Joseph : « il est mon enfant, au même titre que sa soeur Jaynet et les autres. Or lui, on le qualifie de « Rwandais ». Tout cela est douloureux, mais tout ce que je peux dire, c'est qu'il est bien mon fils... Comment peuvent-ils dire que je suis venue du Rwanda, alors que j'ai vécu avec le Mzee pendant 32 ans ? » Maman Sifa refuse d'évoquer les menaces qui pèsent sur son fils, « il est entre les mains du Seigneur. Je prie Dieu de le protéger, de le laisser accomplir son destin... » 


11/01/2012
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LE DIRIGEANT HUTU CALLIXTE MBARUSHIMANA

Le dirigeant hutu Callixte Mbarushimana libéré par la CPI et renvoyé en France

leMonde.fr avec AFP |

23.12.11 

 

Callixte Mbarushimana, le 28 janvier 2011 à La Haye

Callixte Mbarushimana, le 28 janvier 2011 à La HayeAFP/JERRY LAMPEN

 

La Cour pénale internationale (CPI) de La Haye a confirmé, vendredi 23 décembre, la libération du dirigeant des rebelles hutus rwandais Callixte Mbarushimana, 48 ans, détenu depuis janvier 2010. "Avec la pleine coopération des Pays-Bas, pays hôte de la CPI, et de la France, l'intéressé a été libéré à sa demande sur le territoire français", a indiqué la CPI dans un communiqué.

Dès son arrivée à l'aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle, il "a été conduit chez un juge d'instruction qui doit lui notifier son contrôle judiciaire", selon son avocat, MeArthur Vercken. "C'est ridicule comme manière de faire. Il était informé de son contrôle judiciaire et il avait l'intention de se présenter la semaine prochaine. Inutile de le faire chercher ici", a regretté l'avocat, selon qui son client "n'avait pas l'intention de faire de déclaration fracassante".

 

La CPI a abandonné en 2009 les charges de "crimes contre l'humanité et crimes de guerre" en République démocratique du Congo (RDC) qui pesaient contre lui. Il reste néanmoins l'objet de poursuites en France, où il est mis en examen pour son rôle présumé dans le génocide au Rwanda en 1994, au cours duquel environ 800 000 Tutsi et Hutu modérés avaient été tués, selon l'ONU. A ce titre, il est soumis à un contrôle judiciaire que devait lui notifier vendredi un juge parisien.


IL SOUHAITAIT RENTRER EN FRANCE

 

Secrétaire exécutif des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), Callixte Mbarushimana avait été arrêté le 11 octobre 2010 à Paris, où il travaillait comme informaticien. En vertu d'un mandat d'arrêt de la CPI, il avait été transféré à La Haye le 25 janvier.

La Cour pénale internationale a refusé, le 16 décembre, de confirmer les charges de crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis en 2009 sur la population civile des Kivus en République démocratique du Congo, dont était soupçonné M. Mbarushimana. Les juges de la CPI avaient ordonné sa remise en liberté. Un appel interjeté par le procureur Luis Moreno-Ocampo contre cette décision avait été rejeté mardi.

 

Le règlement de la Cour prévoit qu'une personne remise en liberté soit transférée dans un Etat qui accepte de la recevoir. Le secrétaire exécutif des FDLR souhaitaitrentrer en France, où il vivait depuis 2002. Callixte Mbarushimana est le premier suspect de la CPI à être remis en liberté depuis l'entrée en fonction de la Cour en 2003 à La Haye.


09/01/2012
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FEMMES AFRICAINES ECRIVAINS:CALIXTHE BEYALA

 

 

 

« Calixthe Beyala est née à Douala au Cameroun. Sixième d'une famille de douze enfants, elle a été marquée par l'extrême pauvreté de son milieu. Calixthe Beyala a passé son enfance séparée de son père et de sa mère qui sont originaires de la région de Yaoundé. D'un tempérament solitaire, dit-elle, elle a grandi seule avec une sœur de quatre ans son aînée qui l'a prise en charge et l'a envoyée à l'école. Calixthe Beyala a été à l'école principale du camp Nboppi à Douala. Ensuite, elle a fréquenté successivement le lycée des rapides à Bangui et le lycée polyvalent de Douala; elle aimait tout particulièrement l'étude des maths. Calixthe Beyala a quitté Douala à 17 ans pour la France. Elle s'y marie, passe son bac pour ensuite effectuer des études de gestion et de lettres. Avant de s'installer à Paris où elle réside actuellement avec ses deux enfants, Calixthe Beyala a vécu à Malaga et en Corse avec son mari. Elle a également beaucoup voyagé en Afrique, en Europe et un peu partout dans le reste du monde. En plus du Français, elle parle l'Eton qui est sa langue maternelle, ainsi que le Pidgin, l' Espagnol et quelques langues Africaines. Calixthe Beyala a écrit son premier livre à vingt trois ans: Par ses actions et pour son œuvre littéraire, Calixthe Beyala a reçu plusieurs distinctions, dont le Grand Prix du Roman de l'Académie Française 1996. » (Site de Calixthe Beyala). [Consulté le 11 mars 2011]. 

Ouvrages publiés 

Romans

C'est le soleil qui m'a brûlée. Paris: Stock, 1987. (174p.). Roman. ISBN: 2-234-02083-2







"Ici, il y a un creux, il y a le vide, il y a le drame. Il est extérieur à nous, il court vers des dimensions qui nous échappent. Il est comme le souffle de la mort".

J'ai connu Ateba lorsqu'elle entrait dans sa dix-neuvième année. Tous s'accordaient à la trouver belle, et moi, Moi que nul ne voulait voir ni même écouter, moi la bête à jamais cachée dans la grotte des pensées à naître, j'étais d'accord pour dire qu'elle était belle, parce que les horreurs qui déferlaient sans cesse à mes yeux m'avaient appris l'art de voir sans voir, et de ne voir que ce que j'ordonnais à mes yeux de prendre. 

Ateba a 19 ans. Elle vit chez une tante despotique depuis de nombreuses années, sage, rangée, obéissante. Cependant, cette soumission cache un tempérament de feu et «Il lui faudra se brûler à tous les soleils, à tous les feux du désir, de la coutume, de traditions sclérosées dans leurs aspects les plus oppressifs, pour enfin se découvrir elle-même ... » (Quatrième de couverture)

Tu t'appelleras Tanga. Paris: Stock, 1988. (202p.). Roman. ISBN: 2-234-02142-1 






Je vais mourir, femme. Les Blancs meurent aussi, tu sais? Plonger dans la mort comme dans la vie. Sans visa, sans passeport. Que faire? La mort est abondante et complexe. On peut l'additionner, la multiplier et étaler ses séductions comme un marchand son cahier de comptes. Longtemps, j'ai refusé de m'emmêler dans ses calculs. Ce que je voulais, c'était changer d'univers. Partir avec mes affaires dans un sac en plastique roulé sous mon bras. Partir vers des lieux sans terre ni ciel. Chercher l'aveugle. Il me lira le livre sacré de la vie. Il me dira Bankok, Dar Es-Salam, Mississipi, Kilimandjaro, Khéops. Je prendrai son relais, j'irai sans voir, les yeux ouverts et je verrai, les yeux fermés. 

Deux jeunes femmes ont été jetées dans la même cellule. La première, Tanga, a été entraînée dans un tourbillon de débauche et de misère depuis le jour où elle a été violée par son père et soumise à tous les excès et à tous les vices d'une société en pleine déchéance. La police veut la faire parler et elle est sur le point de mourir. La seconde femme n'est qu'un pion dans le jeu policier mais elle est loin d'être folle comme ses tourmenteurs le prétendent...

Seul le diable le savait. Paris: Le Pré aux Clercs, 1990. (281p.). Roman. ISBN: 2-7144-2476-7 






Dans la famille nous aimons les grands projets. D'ailleurs j'en ai un: DEVENIR.
La vie? Quelle vie? La mienne est faite d'oubli et de robes. Pas de murs dans ma chambre. Rien que des robes. Débordantes. Lourdes. Effusion de satins, de soies et de cotons qui camouflent mon corps et établissent le lien nécessaire entre moi et les autres. Sapeuses? Vous n'y êtes pas. Frimer sur des triples talons à un demi-million, rouler des épaulettes coutures est essentiellement culturel. Les regards s'installent sur moi. Nul besoin de carte de séjour ni de passeport. Visa pour la survie. Que deviendrais-je si ces tissus qui me protègent venaient à disparaître? Le monde, redoutable oppresseur, sera en colère contre moi. Une avalanche inquisitrice se déversera sur moi: ma couleur ébène, mes parents, mon chat, mes habitudes, mes préjugés, ma méfiance, ma haine, ma beauté que je ne vous décrirai pas tellement elle saute au yeux, mes ambitions, mon âme! 


Ce roman a aussi été publié aux Editions J'ai lu sous le titre "La négresse rousse".
Les personnages des deux premiers romans de Calixthe Beyala n'ont rien de banal: ceux de son troisième roman sont plus troublants encore car ils appartiennent à un monde où la réalité et le surnaturel se chevauchent sans cesse. Mégri a les cheveux rouges et cette particularité physique est à l'image d'une destinée non moins étonnante....

Le Petit prince de Belleville. Paris: Albin Michel, 1992. (262p.). Roman. ISBN: 2-226-05934-2 







La culture c'est pour tous.
De gré ou de force.
Education OBLIGATOIRE.
Ainsi, les autres peu à peu viennent nous déranger. Prêter mon fils à d'autres compétences que les miennes - aux hommes et femmes que je ne connais pas, mais qui, me dit-on, sont certifiés pour la pédagogie. Ainsi l'enfant s'échappe de moi. Je n'ai plus qu'à accepter, signer des livrets scolaires qui décrivent ses faiblesses, son développement. Etrange civilisation qui juge l'enfant selon des critères et des notes où son intelligence est chiffrée.
La magie des raisons contraires m'échappe.
J'ai longuement pensé à cette affaire. 


«Avec l'humour et la candeur du Petit Nicolas, la verdeur et l'aplomb de Zazie, Loukoum, le Petit Prince de Calixthe Beyala, nous donne une irrésistible chronique de la vie de Belleville. Mêlant le rire et l'émotion, c'est à travers lui toute une communauté riche en couleurs qui s'exprime, prise entre la nécessité de s'intégrer et celle de préserver ses racines.» (Quatrième de couverture)

 

***

Accusée par le Canard Enchaîné (Numéro du 18 janvier 1995), d'avoir emprunté plusieurs pages à l'ouvrage d'Howard Buten Quand j'avais cinq ans je m'ai tué, Calixthe Beyala a été condamnée pour plagiat par un tribunal parisien.

 

Maman a un amant. Paris: Albin Michel,1993. (352p.). Roman. ISBN:2-226-06398-6 






Oh, l'Amie, je veux te raconter une histoire, une histoire tel un chemin dont on ignore l'itinéraire et qui traîne ses hésitations. Et si ma raison parfois frôle l'abîme, j'accouche, insatisfaite, de ces lignes sans pitié.
Sache, l'amie, que l'hiver reprend ses droits. J'ai un demi siècle. C'est dur de vieillir. Ma vieillesse me contemple dans une glace comme un monstre dont je ne vérifierai jamais la tournure. 
Parce que l'amie, je n'ai plus aucune chance! Aucune chance ou rien.
C'est le chant de l'exil qui me dicte ces syllabes.
Son sang mêlé à mon corps se traîne dans mes souvenirs. 


Maman a un amant donne une suite à l'histoire de la famille du jeune Loukoum, amorcée dans Le Petit prince de Belleville. Loukoum est un peu plus âgé; sa mère a repris en main les destinées de la famille et un début de prospérité permet à toute la famille de quitter Belleville et de partir vers le sud pour de brèves vacances...

Assèze l'Africaine. Paris: Albin Michel,1994. (352p.). Roman. ISBN:2-226-06998-4 







Vint l'indépendance. Longtemps après, j'en ai parlé à un Français. Il m'a dit que ça lui faisait un drôle d'effet, l'indépendance vue du côté nègre; il se souvenait des grandes réjouissances à la libération du Cameroun; il trouvait étrange, trente ans après, de penser à la version africaine.
Moi, j'avais grandi dans un pays sans élite, une administration de quelques dizaines de fonctionnaires déjà corrompus, avec guerres civiles et braves citoyens qui s'étripaient dans le maquis.
Blanc. Noir. L'existence se transforma. Pour fuir la répression à Douala, Menguelé s'embarqua dans un bateau, à fond de cale. Abega dut subir les soldats de son Excellence-Président-à-vie, quand ils entrèrent dans les villages des forêts. Maman perdit son emploi parce que les Blancs rentraient chez eux. 


«Itinéraire d'une petite Cendrillon camerounaise transplantée de la poussière de son village dans les mirages de Douala avant de découvrir les clandés surpeuplés de Paris, Assèze l'Africaine est aussi un roman de l'Afrique d'aujourd'hui, déchirée entre ses splendeurs et ses erreurs, son orgueil et sa déchéance, son passé englouti et son avenir cahotique....» (Quatrième de couverture)

Lettre d'une Africaine à ses sœurs occidentales. Paris: Spengler,1995. (160p.). Essai. ISBN: 2-909997-36-7 






Soyons clairs: tous les hommes ne sont pas des salauds, ni des machos et ne rêvent pas forcément de nous soumettre. Il est certain que chacune trouvera dans son entourage un homme honnête, qui la considère comme une entité à part entière, la respecte dans ce qu'elle est, pour ce qu'elle est. Mais le jeu, ici, consiste à oublier un peu notre bonheur personnel, à exclure, l'espace de quelques pages, ces êtres exceptionnels qui, après mille siècles de désespoir lié au sexisme, nous font croire par leur gentillesse que le ciel est définitivement bleu, que l'égalité entre homme et femme, cette gâce, est définitivement acquise. Ceux-là ne sont-ils pas simplement l'arbre qui cache la forêt? 

«Ecrit dans un style vif et alerte [cet essai polémique ... ] ne recule pas devant les mots pour se faire entendre des femmes....» (Quatrième de couverture)

Les Honneurs perdus. Paris: Albin Michel,1996. (412p.). Roman. ISBN:9-78226-086938 






Que ceci soit clair: je m'appelle bien Saïda Bénérafa. Jusqu'à quarante et quelques années, je n'avais jamais quitté New-Bell Douala no5. Je n'étais pas encore la jeune fille de cinquante ans qui passionne Belleville. Pourtant, même à cette époque, je faisais déjà la Une du téléphone arabe. 
Pourquoi? Je suis née quelques années avant les indépendances. C'était en 40-45, mais les dates précises n'ont aucune importance. J'ai vu le jour dans un de ces quartiers phares, nombrils de l'univers, où l'imagination de l'homme, son sens de la débrouillardise dépassent la fiction. L'instinct de survie y abolit la notion du temps et de l'espace. Les scientifiques et les services d'urbanisme restent babas de voir pousser sous leurs yeux émerv&eillés, tels des champignons, les maisons de bric et de broc, de toc et de miradors infernaux. Et devantt cette capacité d'improvisation de l'humain, ils ne font qu'une chose: applaudir. 


«Entre Couscousville, à la périphérie de Douala, et les hauteurs bigarrées de Belleville, la route est longue, pavée d'embûches, de petites joies et de grandes tragédies. Saïda va mettre longtemps à parcourir, avec pour seule richesse son inaltérable confiance en la race humaine et son honneur qu'elle ne veut pas perdre...» (Quatrième de couverture)

 

***

Cet ouvrage a reçu Le Grand Prix du Roman de l'Académie Française 1996 au milieu de rumeurs accusant son auteur d'avoir emprunté certains passages à d'autres écrivains. Sous la plume de Pierre Assouline, le journal Lire compare certains passages empruntés par Calixthe Beyala avec les textes originaux qui les ont inspirés. 
Voir: "L'Affaire Beyala rebondit: L'Académie Française a pris le risque de cautionner un auteur dont l'œuvre est truffée de plagiats" Lire 252 (Février 1997), pp. 8-11.

La petite fille du réverbère. Paris: Albin Michel,1998. (412p.). Roman. ISBN:2-226-09591-8 






A l'époque où commence cette histoire, je n'étais pas encore l'écrivain décoré, vraiment ?... qu'on charrie, qu'on insulte, qu'on vilipende, qu'on traite de cervelle en jupon ! Pas non plus la Négresse qui fait se pâmer les pantalons sans fond, les barbichettes sans virilité, tous ces riens qui me couvrent de leurs frustrations - parce qu'ils croient, ces imbéciles, qu'une femme, Négresse de surcroît, ne saurait se défendre. 

A travers le récit de la petite Tapoussière élevée par sa grand-mère en l'absence de sa mère, disparue, et de son père, inconnu, Calixthe Beyala revient au plus près de ses racines. Force d'imprécation, tendresse, lyrisme, mais aussi colère et humour,La petite fille du réverbère dévoile les secrets d'un héritage - celui d'une enfance misérable dont l'auteur n'a jamais pu guérir.
Largement autobiographique, ce roman est sans doute le plus intime et le plus émouvant que l'auteur [...] ait jamais écrit. (Quatrième de couverture)

Amours sauvages. Paris: Albin Michel, 1999. (251p.). Roman. ISBN: 2-226-10818-1 






Une fois de plus je tente d'assembler ce qui s'est passé. Une fois de plus j'ai des doutes quant à la nécessité d'une telle confession. Il m'arrive de rêver à ces années où j'avais des idées, des certitudes et la foi. Aujourd'hui, toute vérité me suggère son contraire. Toute affirmation est une folie. Toute conviction me semble fanatisme. Les extrémistes me qualifieront de folle et les radicaux de stupide. 

Si Eve-Marie a quitté l'Afrique pour Paris-Belleville, c'est en pensant aux valeurs de la République française: "Liberté, égalité, fraternité". Mais pour être libre, encore faut-il avoir un travail et un mari. Le travail, Eve-Marie l'a trouvé. Il consiste à vendre ses sublimes fesses à bas prix, d'où son joli surnom "Mademoiselle Bonne-Surprise" ! Pour le mari c'est une autre affaire... (Quatrième de couverture)

Lettre d'une Afro-française à ses compatriotes. (Vous avez dit racistes ?). Paris: Mango, 2000. (96p.). Essai. ISBN: 2-84270-232-8. 






Qu'on se le dise une fois pour toutes : le racisme est la chose la mieux partagée entre les peuples.
Bien sûr, il apparaît de très bon ton de se dire antiraciste ; de chanter les louanges de l'égalité des sexes, quitte à bafouer sa compagne à l'ombre des rideaux ; de vanter à en pleurer sa propre tolérance face à la différence de religions, de couleurs, même si au plus profond de son être, on ressent une répulsion profonde à être servi par un nègre non ganté "Mais, le ne suis pas raciste, moi !" Et de parler, entre café et cigare, de son dernier voyage à Dakar ou à Tombouctou, de leurs crépuscules aussi colorés que des majorettes, de leurs femmes majestueuses aux boubous multicolores, de leurs bouffées de musique qui surgissent des maisons, de leurs éclats de rire...


Les résultats du dernier sondage sur les Français et le racisme sont alarmants et dangereux. Ainsi, 70% des Français se déclarent un peu, beaucoup ou tout à fait racistes. L'écrivain Calixthe Beyala réagit et pousse un coup de gueule contre le racisme, elle qui aime la France et les Français, ses frères... (Quatrième de couverture)

Comment cuisiner son mari à l'africaine. Paris: Albin Michel, 2000. (170p.). Roman. ISBN: 2-226-11676-1 






Il était une fois, un bomme qui vivait dans les montagnes dans la société des bêtes. Les vaches lui donnaient leur lait ; les moutons lui tenaient compagnie ; les oiseaux l'éventaient de leurs ailes colorées ; les chats le caressaient et, par les nuits froides, les lapins le réchauffaient. Il était si heureux dans ces montagnes qu'il ne supportait pas la vue d'un humain. Un jour, lorsque le soleil se leva, il trouva une femme accroupie sous sa véranda. Elle observait les rosiers plantés dans sa cour. Les rosiers étaient en fleur et les fleurs étaient noires. 
- C'est toi Biloa ? lui demanda-t-elle.
- Je n'ai aucun nom pour la race des bommes, dit-il.
- Pourtant, on m'a indiqué qu'en traversant la rivière, en grimpant cette montagne, j'arriverais cbez Biloa. 


L'histoire pas comme les autres de mademoiselle Aïssatou, Parisienne pure black en proie aux tourments de l'amour. Comment séduire un homme et, peut-être, le garder? La belle va prouver qu'en la matière, elle est un vrai cordon bleu...(Quatrième de couverture)

 Les arbres en parlent encore. Paris: Albin Michel, 2002 (412p.). Roman. ISBN 2 226 13096 9 






Quand Assanga Djuli parlait, tout le monde pouvait croire que c'était lui, et non nos aïeux perdus dans les décomptes de notre généalogie, qui avait levé une armée de mille hommes pour combattre les Isseles lors de la guerre des Mekéniezés qui avait vu s'entre-déchirer le peuple éton pendant plus de vingt ans. Il était haut comme un baobab et concentrait dans ses yeux noirs la force tranquille d'un pape romain. Il était un vieillard dans le sens éton du terme c'est-à-dire qu'une lumière magnétique lui conférait le pouvoir de masquer ses vraies pensées. Il pouvait aussi bien enseigner la religion, les sciences occultes que la médecine ou les sciences naturelles. Il était voyant avec une habile capacité à jauger les hommes et à lire les signes de la brousse. Il était l'héritage de tout ce que nos ancêtres connaissaient. 

« Moi, Édène, la fille d'Assanga Djuli, je vous raconterai son histoire qui n'est autre que celle de l'Afrique ramassée entre tradition et modernité. Au fil dès nuits, je vous dirai comment il résista à l'envahisseur avec des bouts de ficelles ; comment ma mère si soumise réussit grâce au fiel de l'ironie à transcender sa condition. Je vous parlerai de Fondamento de Plaisir, une beauté économe qui trouva un système pour s'en sortir, de Michel Ange de Montparnasse, d'Awono le guérisseur, du très élégant et parfois très sale père Wolfgang, de Chrétien no1, le premier baptisé du village, d'Opportune de Sainte Guinée, de Zoa l'homme léopard, des Issélés, des Issogos, des Étons et de leurs guerres... » (Quatrième de couverture)

Femme nue femme noire. Paris: Albin Michel, 2003. (230p.). Roman. ISBN: 2-226-13790-4 






« Femme nue, femme noire, vêtue de ta couleur qui est vie, de ta forme qui est beauté... » Ces vers ne font pas partie de mon arsenal linguistique. Vous verrez : mes mots à moi tressautent et cliquettent comme des chaînes. Des mots qui détonnent, déglinguent, dévissent, culbutent, dissèquent, torturent! Des mots qui fessent, giflent, cassent et broient! Que celui qui se sent mal à l'aise passe sa route... Parce que, ici, il n'y aura pas de soutiens-gorge en dentelle, de bas résille, de petites culottes en soie à prix excessif, de parfums de roses ou des gardénias, et encore moins ces approches rituelles de la femme fatale, empruntées aux films ou à la télévision.
Je trifouille dans les entrailles de la terre, stoccade dans les tréfonds des abîmes où l'être se disloque, meurt, réssuscite sans jamais garder le moindre souvenir. 


Roman érotique

La Plantation. Paris: Albin Michel, 2005. (464 p.). Roman. ISBN: 2 226 15835 9. 






A soixante-trois ans, Thomas Cornu en avait passé plus de quarante à exécuter le même rituel : il se plantait devant sa glace, contemplait son visage cuivré, passait les mains dans ses cheveux plantés en V au sommet de son crâne, écarquillait ses yeux bleus, proférait des choses incompréhensibles comme les bruits vagues du ciel lorsqu'il s'apprête à pleuvoir. Catherine s'agitait dans son sommeil :
— Ton café est dans le Thermos, chéri.
— Je sais, je sais. Mais dors, mon amour. C'est tous les jours dimanche pour toi, profite-en ! 


« Le Zimbabwe était leur terre, leur domaine, leur paradis... Jusqu'au jour où le « Président élu à vie » décide d'exproprier ces fermiers blancs qui se croyaient les rois du monde, les réduisant à la lutte ou à l'exil. 
Blues a dix-huit ans. Ses cheveux d'or et son caractère farouche enflamment tous les désirs. Fille d'un grand propriétaire terrien, sûre de sa supériorité et de son éducation, elle a vécu sur un nuage de privilèges, aimée, choyée, courtisée. Mais sous sa peau blanche bat le cœur d'une femme née de cette terre d'Afrique qu'elle aime tant, et pour laquelle elle est prête à se battre et à mourir...
Pour la première fois, [une romancière noire] se met dans la peau des Blancs, des colonisateurs. Avec cette fresque tumultueuse et passionnée, Calixthe Beyala a réussi [un roman] ... peuplé d'êtres violents et chimériques, rusés et naïfs, Noirs et Blancs qui peinent à inventer ensemble une vie nouvelle. » (Quatrième de couverture).
Sur ce thème par d'autres écrivaines

L'homme qui m'offrait le ciel. Paris: Albin Michel, 2007. (222 p.). Roman. ISBN: 978-2-226-17715-5. 






Mon amour, 
Écrire à une femme dont c'est le métier, lui écrire pour lui dire l'amour intense qu'on lui porte... Comment exprimer par les mots un sentiment que tu décris si bien dans tes livres ? Je ne suis qu'un montreur d'ours dont le métier consiste à donner la parole aux autres. Pourtant depuis quelques mois, et c'est une sensation très forte, j'ai envie d'écrire. Et c'est toi, mon amour, qui as déclenché ce désir, ce besoin d'essayer de traduire par le verbe le sentiment amoureux, cette passion nouvelle qui me traverse de part en part.
 


« Elle est noire, africaine, célibataire et mère d'une ado rebelle. Il est blanc, occidental, marié sans enfants. Entre eux un amour fou. Une rencontre improbable, elle qui se bat pour les déshérités, lui qui vit dans un monde de célébrités.
Et pourtant ils vont s'aimer... 
L'homme qui m'offrait le ciel est le récit d'une passion absolue. Mais la passion peut-elle lutter contre les pressions sociales, le confort des habitudes et la peur de l'inconnu ? » (Quatrième de couverture).

 Le Roman de Pauline. Paris: Editions Albin Michel, 2009. (224p.). ISBN: 978-2-226-18652-2. Roman. 






J'allais sur mes huit ans lorsque Fabien, de deux ans mon aîné, me brisa la mâchoire d'un coup de poing. Je pleurai beaucoup, saignai autant. Mais Maman qui savait que la vie avait plus d'un mauvais tour dans son sac, me dit : « Ça n'est pas grave, Pauline. Sois forte. » 

"Pauline a 14 ans et vit à Pantin entre une mère qui la néglige et un frère délinquant. Elle ne va plus à l'école, passe ses journées dans la rue jusqu'à sa rencontre avec Mathilde, prof de français d'un type spécial qui décide de l'héberger. Et Pauline, fille de banlieue ordinaire, à la fois soumise et révoltée, se met à découvrir un monde autre que la violence : la complexité des sentiments et la difficulté d'aimer.
Calixthe Beyala en restitue l'itinéraire, les drames et les attentes avec humour, tendresse et une liberté de ton qui en rend le destin attachant et incomparablement vrai." (Quatrième de couverture).

Monographie

 Les Lions Indomptables. Cinquante ans de bonheur. Paris: Editions Albin Michel, 2010. (136p.). ISBN: 978-2-226-18190-2. Monographie. 




 

"Depuis cinquante ans, l'équipe de football du Cameroun, surnommée Les Lions Indomptables, a su se forger un nom et une réputation au sein de l'élite mondiale du ballon rond. Avec quatre Coupes d'Afrique des Nations remportées et six participations à la Coupe du monde, les Lions Indomptables sont allés révéler leurs talents footballistiques sur les terrains du monde entier : du Japon à l'Italie, en passant par les Etats-Unis, l'Espagne, le Mali ou le Maroc. La richesse de cette équipe provient bien évidemment des formidables joueurs qu'elle a accueillis : l'éblouissant Roger Milla, l'athlétique Thomas Nkono, le légendaire Samuel Mbappé Leppé, le regretté Marc-Vivien Foé ou encore le génial Samuel Eto'o. Mais cette équipe talentueuse est surtout riche de ses supporters, qui l'accompagnent et la soutiennent avec une ferveur et une dévotion jamais démenties. Quand les Lions Indomptables remportent un match, c'est le Cameroun tout entier qui rugit à l'unisson pour célébrer la victoire..." (Site Albin Michel).

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09/01/2012
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SUD-SOUDAN:PUS DE 3000 MORTS DANS DES VIOLENCES INTERETHNIQUES

Sud-Soudan: Plus de 3000 morts dans des violences interethniques

Des dizaines de milliers de Sud-Soudanais ont besoin d'une aide d'urgence après les récentes violences interethniques dans la province orientale de Jonglei, qui ont fait des dizaines, voire des centaines de morts selon les Nations unies.

 

Une «opération massive d'urgence humanitaire» a été lancée par l'ONU au Sud Soudan en proie à des violences interethniques ayant affecté quelque 50 000 personnes. Selon le chef de l'administration de la région de Pibor, 3 141 personnes ont été tuées la semaine dernière. Ce bilan -non confirmé par l'ONU- représenterait une des pires tueries de l'histoire de ce jeune Etat fragilisé par les rivalités tribales.

 

«Nous avons compté les corps, et nous avons calculé à ce stade que 2 182 femmes et enfants, ainsi que 959 hommes, ont été tués», a affirmé Joshua Konyi, chef de l'administration de la région de Pibor, une localité située dans l'Etat oriental de Jonglei, théâtre des violences. Des affrontements et des vendettas opposent depuis des années deux tribus dans cette zone de l'est du pays, les Lou Nuer et les Murle, causant de nombreuses victimes.

 

Ces dernières 72 heures, les experts de l'ONU ont procédé à des évaluations dans l'est du pays, à Pibor, Likuangole, Boma et Walgak. D'autres évaluations sont prévues à Fertait et Bilait. «Les besoins sont importants bien sûr», a déclaré aux médias la porte-parole du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), Elisabeth Byrs.

 

71 millions nécessaires pour ne pas rompre la chaîne alimentaire


«L'aide alimentaire est déjà distribué à Pibor», a signalé la porte-parole d'Ocha, précisant que le flux de déplacés revenant dans cette ville, ainsi que dans celle de Boma, se poursuivait. Pour sa part, la porte-parole du Programme alimentaire mondial (PAM), Gaëlle Sévenier, a indiqué que l'organisation avait démarré jeudi les distributions de nourriture, des rations d'un mois, pour 2 000 déplacés internes, dont 90% de femmes, à Boma.

 

«Le PAM est profondément préoccupé par l'insécurité croissante» dans cette région, a-t-elle déclaré. «Cela a poussé la situation de sécurité alimentaire a des niveaux de crise» a-t-elle ajouté. «Un de nos staffs nous a rapporté qu'il a vu des familles manger de l'herbe», a-t-elle dit, faisant valoir que le Soudan du Sud était un pays très fertile mais très peu cultivé (4%) en raison notamment de l'insécurité.

 

Le PAM craint également la prochaine arrivée des pluies. «La moitié du pays va être isolée en mars-avril», a expliqué Mme Sévenier. «Autour de 92 millions de dollars (71 millions d'euros) doivent être récoltés d'urgence afin d'éviter une rupture critique de l'arrivée de la nourriture au cours des quatre premiers mois de 2012», a-t-elle souligné.

Les conflits interethniques constituent l'un des principaux défis auxquels le Soudan du Sud, qui a accédé à l'indépendance en juillet dernier, doit faire face. Ils ont été exacerbés par deux décennies de guerre civile entre le nord et le sud du Soudan, qui ont nourri les inimitiés historiques entre les différentes tribus, parfois instrumentalisées par Khartoum. Dans le seul Etat de Jonglei, les attaques de campements visant à voler des bêtes et les opérations de représailles y ont fait en 2011 plus de 1 100 morts et forcé quelque 63 000 personnes à quitter leur village, selon un rapport de l'ONU. En août, au moins 600 personnes ont été tuées et 985 blessés lors d'une attaque de Murle contre des villages Lou Nuer.

Le porte-parole de l'armée du Soudan du Sud, Philip Aguer, a également indiqué attendre les rapports de ses soldats sur place pour annoncer un bilan. «Des parties de Pibor ont été brûlées, nos installations ont été complètement pillées», a déjà témoigné le chef de mission de Médecins sans frontières dans le pays, Parthesarathy Rajendran, qui s'est rendu sur place. Mais «les gens reviennent et n'ont plus peur, la situation s'est stabilisée», a-t-il ajouté, soulignant qu'il y avait «d'énormes besoins».

«La guerre n'est pas finie», a prévenu jeudi dans un communiqué un groupe se faisant appeler l'Armée blanche Nuer. «Nous prévoyons que les Murle vont attaquer les Nuer et les Dinka (une autre tribu de la région, ndlr) pour se venger de l'offensive que nous avons lancée», avertit le texte. «S'ils le font, nous mènerons des attaques surprises qui mèneront à de nouveaux bains de sang et mouvements de population», a menacé ce groupe.

Le gouvernement a d'ores et déjà qualifié l'Etat de Jonglei de «région sinistrée» et appelé les deux tribus «à ramener toutes les femmes et enfants enlevés des deux côtés».

08/01/2012
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LES ORIGINES DE JOSEPH KABILA KABANGE:IDENTITE DOUTEUSE OU REVELÉE?.

Journal spécial sur les origines du Chef de l’EtatJoseph Kabila Kabange
En guise de réponse à tous ses détracteurs de la trempe de Honoré Ngbanda Zambo Ko Atumba et sa clique
Kinshasa le 15 septembre 2006


Joseph Kabila Kabange : Congolais cent pour cent
Fils de Laurent Désiré Kabila et de Sifa Mahanya

AZA MWANA CONGO
A FULA A TALA TE

1. Douze compagnons et amis de Mzee et autres confirment :
« Joseph Kabila est le fils aîné de Laurent Désiré Kabila. »
Et apprenez comment Mzee lui-même a parlé de son fils Joseph !

Lukole Yedibuse Madoa Doa
Le général Joseph Mwati
Bumba Ramazani
Dorothea Lokole
Onorate Zabibu, Présidente de l’Organisation des Femmes Révolutionnaires Congolaises 
Feu Général-major Sylvestre Lwetscha
Didier Kazadi Nyembwe
Un collaborateur du Président Nyerere
Dieudonné Kassongo, le frère de Mzee Kabila, parle de Joseph Kabila Kabange
L’Union des Katangais pour le Développement « U.K.D. » en sigle
L’archevêque Etsou présente ses excuses au Président Kabila Kabange
Zoé Kabila… comme une doublure de Joseph
Voka Makenda
Le Général James Kabarebe, (Chef d’Etat Major Général des Forces Patriotiques Rwandaises) parle des origines de Joseph Kabila
Mzee Laurent Désiré Kabila lui-même parle de son fils Joseph Kabila

2 . « Joseph Kabila est un Rwandais »…
Le mensonge est la dernière arme politique de Ngbanda le Terminator

Voici une photo truquée, publiée sous le titre : « Joseph Kabila était un garde de corps de Kagame ! »
Ngbanda le Terminator fait parler un homme MORT depuis 2 ans : Eric Lenge…
EXTRAITS de la lettre écrite par NGBANDA et attribuée à Eric LENGE
Ngbanda « engage » un fasciste belge pour combattre le Président Joseph Kabila !

3. Plus congolais et patriote que Joseph Kabila ça n’existe pas.

L’expérience de trois générations de Kabila’s
M’MOLELWA Justin : « A 19 ans, Joseph Kabila était déjà pleinement associé aux activités révolutionnaires de son père »
Joseph Kabila et la défense de Kinshasa en août 1998

4. Le discours-programme du 26 janvier 2001 : le serment de Joseph Kabila pour l’indépendance, la paix et la réunification

Le 16 janvier 2001, le grand patriote et révolutionnaire le Président Mzee Laurent Désiré Kabila est assassiné au Palais de Marbre.
Fidélité à l’héritage de Mzee
Nouvelle situation, nouvelle tactique. Nouveau Chef, nouvelle méthode.
Soutien décidé aux compatriotes qui subissent l’occupation rwandaises

5. Joseph Kabila, l’artisan de l’inclusivité et de la transition non conflictuelle

Joseph Kabila défenseur de la souveraineté nationale
Joseph Kabila défenseur de l’inclusivité 
A Sun City, Joseph se bat toujours pour l’inclusivité 
Joseph Kabila pour un Président et un Premier ministre. 
Joseph Kabila a même accepte d’être réduit à un chef de composante… 
Joseph Kabila tient mordicus aux élections

6. Le tournant décisif de la guerre. La résistance militaire et populaire à l’occupation de Bukavu en février - juin 2004

Le RCD fait une déclaration qui annonce une Troisième guerre
Le "Mémo" des séparatistes rwandophones du Kivu
Joseph Kabila : « La population de l’Est a l’endurance digne de la Résistance. »
Joseph Kabila : « Nous ramènerons la guerre d'où elle est venue : au Rwanda ! »

7. La crise de Kanyabanonga et l’échec total de l’occupation génocidaire rwandaise au Congo

2002 : Le RCD éclate. C’est le début de la fin… 
L’armée nationale récupère le Nord Kivu, longtemps occupé par Kagame
Des fractions du RCD rejoignent le camp de la Patrie, le front Rwanda-Ouganda éclate.
La MONUC dénonce les agressions rwandaises
Parlement Européen : dénonciation catégorique de l’agression rwandaise

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1. Douze compagnons et amis de Mzee Laurent Désiré Kabila et autres confirment : « Joseph Kabila est le fils aîné de Laurent Désiré Kabila. »
Et apprenez comment Mzee lui-même a parlé de son fils Joseph !

Lukole Yedibuse Madoa Doa

Joseph Kabila et Selemani Kanambe ont vécu ensemble à Dar Es-salaam. Lorsque la mère de Selemani est décédée, Mzee Laurent Désiré Kabila a adopté Selemani Kanambe chez lui. Ce qui a fait que Selemani et Joseph ont évolué ensemble chez Mzee L. D. Kabila.
Ceux qui disent que l’Excellence J. Kabila est rwandais, ne sont rien d’autre que ses ennemis. Selemani Kanambe avait son père, Kanambe Adrien, et Joseph Kabila avait son père, Laurent Désiré Kabila.
Kabila est un congolais balubakat. Et Kanambe est rwandais. Et la mère de Joseph, c’est maman Sifa, congolaise aussi.
La mère de Selemani Kanambe est une mubembe, Musimwenda Christine.

Le général Joseph Mwati

Je suis arrivé à Hewa Bora en 1974, et on m’a présenté M. Adrien Kanambe à qui j’ai dit que j’étais Murega. Lui me dira que sa mère était aussi Murega, mais son père lui, était Rwandais.
Kanambe Adrien est le père de Selemani Kanambe. 
Lorsque je suis arrivé à Hewa Bora, Selemani Kanambe n’était pas encore né, et son père n'avait pas encore épousé, ce n’est qu’une année plus tard que Kanambe Adrien se mariera avec Christine, la mère de Selemani Kanambe. 
Celle-ci souffrait de la jambe et devait aller se faire soigner en Tanzanie. En traversant, elle s’est noyée lorsque la pirogue a chaviré. Lorsque la mère est décédée, son enfant Selemani Kanambe est resté seul, sans personne pour veiller sur lui, puisque son père était tout le temps en mission. Alors, Mzee Kabila a préféré adopter l’enfant Selemani dans sa famille, à côté de ses propres enfants, Joseph et sa sœur Jaynet.
Puis le père Kanambe Adrien a trouvé la mort lors de la guerre de Moba en 1985.
Joseph et Selemani ne sont pas de la même famille. Selemani est le fils de Adrien Kanambe, qui est un rwandophone et un combattant. Sa mère Christine Musimwenda, était Mubembe. 
Joseph est le fils de Mzee Kabila et sa mère est maman Sifa. Ce sont deux personnes tout à fait différentes.

Le camarade Général MWATI Joseph, qui avait une formation d’assistant médicale, supervisait un groupe de guérisseurs traditionnels. Il témoigne : « Les jumeaux, Joseph et Jaynet Kabila, sont les enfants de L.D. Kabila, nés à Hewa Bora. Leur accouchement a été fait par la sage-femme Mbeke-Mbeke qui était plus tard sous mes ordres. Ma propre épouse, Jeanne Balolwa, directrice du cycle maternel de l’institut Safi Maman Ndjenje, a été leur première préceptrice. 
Comme tous les enfants du maquis, Joseph Kabila et Jaynet Kabila étaient membres de l’organisation des Pionniers. Ils avaient des armes en bois pour jouer. Je me rappelle comment le petit Joseph Kabila courait, son arme en bois à la main, se positionnant pour une "embuscade"… Ils apprenaient ainsi l'amour de la Patrie et l'amour de l'Armée du peuple.

Mzee Kabila ne tolérait pas le favoritisme, il ne fallait pas venir avec "ma famille", "mon clan », "ma tribu", ces mots l’écœuraient beaucoup. Kabila disait : notre famille, ce sont les révolutionnaires. Notre fraternité, c'est avec les ouvriers et les paysans, avec les révolutionnaires. »
« Mzee Kabila nous a aussi appris que, devant les pires difficultés, il faut tout faire pour trouver une solution. Chacun était armé de cette conviction. C'est Kabila qui a inculqué cet esprit. Ainsi, au maquis, j'ai pu sauver trois femmes enceintes grâce à cet esprit. Il s'agissait de femmes dont le bébé était mort dans leur ventre. J'avais appris pendant ma formation à sortir le petit cadavre du ventre en écrasant la tête avec des pinces. Au maquis, il n'y avait pas de pinces. J'ai pensé que je pouvais réussir l'opération à l'aide de fourchettes. C'est ainsi que j'ai sauvé trois vies.

Un jour, Kabila est venu me voir, il avait des lipomes, une ciste graisseuse. Il m'a dit que je devais l'opérer. Mais nous avions seulement une lame à raser et il n'y avait pas d'anesthésie. Je ne voulais pas faire l'intervention. Mais Kabila m'a donné un ordre militaire. J'avais peur, je me suis dit : Quand je vais inciser, il va crier et les ennemis vont l'entendre. J'ai enlevé la ciste avec la lame de rasoir sans anesthésie. Kabila n'a pas poussé un cri. »

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Bumba Ramazani

Je peux témoigner de la naissance de Joseph Kabila, comme du mariage de sa mère, Sifa, qui était l’amie intime de ma femme. Ma femme allait tout le temps chez son amie Sifa et chez Laurent Kabila. En 1971, ma femme mit au monde un garçon, et peu après, maman Sifa mit aussi au monde, c’était des jumeaux, une fille Jaynet et un garçon, Joseph.


Maman Syfa entourée de ses enfants.
Photo faite en Tanzanie au début des années 80. On remarquera le fils adoptif Selmani Kanambe au n° 6 et le fils naturel Jospeh Kabla au n° 7.
De gauche à droite: 1. Umaneo Josephine Kabila 2. Cecile Mafika Kabila  3.Zoe Kabila  4. Maman Sifa Mahanya  5. Fifi Kabila  6. Selemani Kanambe 7. Joseph Kabila Kabange  8. Jaynet Kabila Kyungu  9. Anina  10. Tetia

Dorothea Lokole

Selemani Kanambe, le fils de Kanambe Adrien, est né à Wimbi Dira. Mais Joseph était déjà né et il est passé en Tanzanie en 1978. La maman de Selemani, est morte quand elle traversait le lac pour Kigoma pour se faire soigner. 
Nous venions de la Tanzanie. C’est ainsi qu’on ramènera Selemani entre mes mains.
C’était moi qui avais reçu l’enfant au beach, après l’accident sur la rivière. L’enfant était chez moi avant d’aller à Dar Es Salam. 
En ce temps, son père était parti en mission à Moba, de ce fait, on décida de l’amener chez Mzee Kabila à Dar Es Salam. Je suis allé le déposer de Udjidji à Dar Es Salam.
Mais je suis étonné qu’on puisse confondre Joseph et Selemani, puisque Joseph est plus âgé que Selemani Kanambe.

Onorate Zabibu, Présidente de l’Organisation des Femmes Révolutionnaires Congolaises

Témoignage.
« Au maquis de Hewa Bora il y avait six organisations. La principale, qui dirigeait toutes les autres, était le Parti de la Révolution Populaire. Le Parti dirigeait cinq organisations de masse: 1. l’Armée de libération ; 2. l’Union des Travailleurs ; 3. l’Organisation des Femmes Révolutionnaires Congolaises ; 4. La Jeunesse du PRP et 5. les Pionniers.

Début juin 1971, quand nous avons appris que le président Kabila avait des jumeaux, il y a eu des fêtes partout, dans l’organisation de la jeunesse, dans l’organisation des femmes…
On chantait, on dansait, on mangeait et buvait. On buvait le « bondo », le vin de palme. Ce gros palmier nous donnait aussi le raphia. Dans les périodes difficiles, quand nous n’avions plus de vêtements, nous portions alors des pièces de raphia.
C’est la plus grande fête qui a été organisée au maquis de Hewa Bora. Elle exprimait l’attachement de tous les combattants au chef de notre révolution, à sa femme et à ses jumeaux…

Notre organisation des femmes encadrait les pionniers. Jaynet et Joseph étaient chez les pionniers. Nous avions une commission militaire. Elle était chargée de protéger les enfants et de les encadrer quand il fallait fuir devant les militaires.

Feu Général-major Sylvestre Lwetscha


Le groupe de personnes que vous voyez ici, ce sont des hommes sérieux, et les dames que voici, ce sont elles qui ont élevé Joseph Kabila. Ce ne sont pas des gens ramassés au hasard. Et les chefs que vous voyez ici sont ceux qui ont vu naître Joseph.
Ceux qui disent que Joseph et sa sœur sont rwandais, sont simplement des semeurs de désordre.
Moi-même, je suis de ceux qui ont vu naître Joseph et je dis la vérité, je dis que Joseph est congolais et que son père, c’est Kabila Laurent qui vient de mourir, et sa mère, c’est Sifa Mahanya, originaire de Kabambare, district de Kassongo dans la province de Maniema.
Tous ces gens qui ont parlé, leur témoignage est vrai, nous ne pouvons pas mentir.
Ce que les autres racontent est faux! Ce sont des jaloux et il y a quelque chose qu’ils cherchent.
C’est moi qui confirme ceci. Les dames que vous voyez sont celles qui ont élevé Joseph Kabila, c’est leur enfant ! Elles viennent de témoigner qu’elles étaient parties prendre Joseph qui était encore tout petit, et elles ont vécu beaucoup de choses !
Si vous voulez, Kambimbi peut venir témoigner, Théophile Kalimbi peut témoigner aussi.
Nous vous confirmons juste que Joseph est Congolais!
Et que Selemani Kanambe est une autre personne. Il a juste grandi chez Mzee L.D.Kabila, il n’est pas congolais. Le président a préféré l’adopter à côté de ses enfants. Et même les faire étudier ensemble. Telle était la façon d’être de Mzee L.D.Kabila, nous le connaissions comme ça, sans discrimination.

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Didier Kazadi Nyembwe

Sifa était une jeune fille quand elle est arrivée au maquis. Les jumeaux Jaynet et Joseph étaient ses premiers enfants.
A Dar Es Salaam, les deux enfants étaient très réservés. Les parents les avaient mis au courant des dangers qu’ils couraient : Mobutu pouvait organiser leur kidnapping en Tanzanie pour faire du chantage sur Mzee et l’obliger à capituler…. 
Les deux enfants allaient de l’école directement à la maison. Parfois je les cherchais à l’école pour les amener chez moi. C’est aussi pour des raisons de sécurité que les deux enfants ont été écartés à un certain moment de la capitale et envoyés à l’intérieur. Ils étaient en internat vers la frontière avec la Zambie. 
Jaynet et Joseph ont fréquenté pendant un temps l’école française parce que Mzee tenait à leur retour au Congo. D’autres enfants de Mzee et Sifa, comme Cécile et Fifi, ne connaissaient pas le français.

Un collaborateur du Président Nyerere

Nous avons rencontré un responsable des services de sécurité de la Tanzanie du temps de Nyerere. Il assume toujours des responsabilités. 
Il a été en charge de la famille Kabila pendant 13 ans. Il nous a donné son témoignage sur le séjour de Laurent et Joseph Kabila dans son pays.

« Une certaine opposition au Congo affirme que Joseph Kabila n’est pas Congolais. Ce genre d’allégations est bien connu en Afrique.
Julius Nyerere a été le Président de notre pays pendant de longues années. Puis, en 1985, il y a eu ce qu’on appelait ‘les premières élections multipartites’. Est-ce que vous savez que, tout à coup, des personnages ont clamé que Nyerere n’était pas un tanzanien authentique, mais un Burundais ? 
De même en Ouganda, il y a eu des allégations que Yoweri Museveni était un Rwandais… Le Président Kaunda de la Zambie a également eu des adversaires qui le combattaient en affirmant qu’il n’était pas d’origine zambienne… De Mobutu, certains de ses opposants ont dit qu’il n’était pas Zaïrois, mais Centrafricain…
C’est moi qui ai géré Laurent Kabila et sa famille pendant 13 années. J’ai toujours connu Joseph et Jaynet comme le fils et la fille de Mzee Kabila. Et puis, lors du mariage du Président Joseph Kabila, avez-vous regardé son frère Zoé ? Il est né de longues années après Joseph. Mais il a exactement la même figure que son frère aîné. Il marche exactement de la même façon que le Président Joseph Kabila. Qui peut nier qu’ils ont le même père et la même mère ?


Surn la photo à droite : Joseph Kabila Kabange à Dar Es Salaam en 1987.

A lépoque, j’ai été envoyé par le Président Nyerere au Congo pour visiter le maquis de Hewa Bora. 
Laurent Kabila avait dit à Nyerere qu’il dirigeait une zone libérée au Congo. 
Mais beaucoup de Congolais ont prétendu diriger des territoires libérés. Ils menaient une vie agréable dans les hôtels de Dar Es Salaam… C’est tout ce qu’ils cherchaient. 
Ainsi, nous étions une délégation de trois à nous rendre au maquis de Hewa Bora.
Avec un bateau rapide, cela nous prenait 45 minutes pour arriver de Kigoma sur la rive congolaise du Lac. Tard le soir nous avons pris un petit sentier et nous sommes arrives la même nuit sur le plateau.
Nous avons séjourné pendant toute une semaine à Hewa Bora. Nous avons visité la base principale. Nous y avons trouvé des hommes et des femmes très motivées. Nous avons rencontré des commissaires politiques, des femmes, des combattants, des hauts responsables. Nous avons assisté à un cours de formation donné à une trentaine de combattants.
Nous sommes arrives à la conclusion que les affirmations de Laurent Kabila étaient exactes, qu’il contrôlait effectivement une partie du territoire congolais. Nous en avons fait rapport à Monsieur le Président Nyerere. Il a accepté notre rapport. 
C’est pour cette raison que Laurent Kabila ne vivait pas en Tanzanie comme réfugié. Il avait un statut spécial en tant que combattant de la libération. En conséquence, notre système de sécurité prenait soin de lui et lui donnait protection.
Le Président Nyerere a donné deux passeports à Kabila, l’un au nom de Christopher Mlindwa Denge et un autre au nom de Francis Mutwale. Kabila les utilisait pour voyager en Angola, en Ouganda et en Europe.
Mzee Kabila menait une vie pas différente des autres. Il était à l’aise, il ne se montrait jamais arrogant. Joseph Kabila vivait en Tanzanie comme un citoyen ordinaire. Il avait le même style de vie que les jeunes Tanzaniens. Comme tout le monde, il a fait son Service national. Il n’était pas traité comme réfugié, donc il avait le droit de faire le service militaire. En Tanzanie, Joseph parlait le Swahili et l’anglais comme tous les étudiants tanzaniens.

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Dieudonné Kassongo, le frère de Mzee, parle de Joseph Kabila Kabange

Dieudonné Kassongo, né en 1950, est le frère cadet de Laurent Désiré Kabila. 
Après la mort de ce dernier, il est devenu le chef de la grande famille Kabila.
Leur père était Taratibu Kabila Désiré, né en 1900. En 1930 il est arrivé à Ankoro. 
Dieudonné Kassongo témoigne : « En 1950, Ankoro est devenu un territoire. Nous vivions là chez nous. En 1959, nous y avons construit une maison.
En 1964, j’avais 13 ans et je me trouvais à Kalemie.
En 1969, j’ai fini mes études secondaires au collège Saint Boniface à Kalemie.
Laurent s’était marié à Kashala Albertine. Ils ont eu un enfant, Jeanne Mafika.
Mais Kashala est morte dans un accident.

En 1970, Laurent et Sifa Mahanya se sont mariés selon la coutume au maquis de Hewa Bora.
A cette époque, je faisais la navette entre Hewa Bora et la Tanzanie, sur ordre du Parti. 
J’ai vu naître Jaynet et Joseph à Hewa Bora. A cette occasion, il y a eu la plus grande fête que le maquis a connue… Avoir comme premiers enfants des jumeaux était une grande chance pour cette femme. Des salves ont été tirées à l’occasion de cette naissance.
Pour des raisons de sécurité, Mzee avait trois maisons en bois, couvertes de paille. 
D’autres enfants de Laurent Kabila et de Sifa Mahanya son nés au maquis : Joséphine - Cécile - Mapenzi Josée Tumaleo Aimée, Zoé…


Maman Syfa Mahanya a épousé Mzee Laurent Désiré Kabila en 1970 à Hewa Bora

Chez les Balubakat, c’est-à-dire les Baluba du Katanga, règne le patriarcat : les enfants appartiennent à la famille du père. 
Si une fille est enceinte, elle devra dire qui est le père. On va chercher qui est le père, même s’il est mort. Il faut savoir qui est son père. Ce sont nos traditions.
Jadis, si vous ne connaissez pas votre père, vous deveniez esclave. On vous appelle « batumbula », on vous prend comme esclave.
Donc, chez les Balubakat, il est difficile de vous marier, si vous ne connaissez pas votre père. Vous êtes sans valeur, comme l’enfant d’une femme libre. Un enfant-esclave ne pouvait pas hériter le pouvoir d’un chef. 
Si tu ne connais pas le père de la fille, tu ne peux pas la marier.

Quand Joseph s’est marié, l’ambassadeur Théodore Mugalu est allé à Tshela pour rencontrer la famille.
Chez les Balubakat, un enfant adopté n’a ni droit au chapitre, ni droit à l’héritage. Il reste un étranger…

Comment moi, le petit frère direct de Laurent Kabila, pourrais-je ignorer qui est le père de Joseph Kabila Kabange ? Chez nous c’est impossible qu’un père ne reconnaisse pas son fils ! Et qui d’autre que Laurent Kabila, n'a jamais revendiqué être le père de Joseph ? Personne ! »

L’Union des Katangais pour le développement « U.K.D. » en sigle témoigne :

Un grand nombre d’associations et de personnalités du Katanga ont protesté avec force contre les mensonges que Honoré Ngbanda Zambo Ko Atumba, mensonges selon lesquels Joseph Kabila Kabange est Rwandais, qu’il fut même garde de corps de Kagame…

Ngbanda a publié en 2006 une lettre « récente » de Eric Lenge. Or, Lenge a été abattu le 13 juin 2004, au moment même où il a fait son coup d’état monté et manqué. 
La fausse lettre de Eric Lenge a été écrite intégralement par Ngbanda. 
Le chef des services secrets de Mobutu y affirme entre autre ceci : « Joseph Kabila veut dissoudre le corps de Mzee Kabila dans de l’acide, ainsi il ne sera plus possible de prouver que Joseph n’est pas le fils de Mzee. » Ce mensonge nauséabond n’est pas sorti du cerveau d’Eric Lenge, mort depuis deux ans. Ce mensonge infâme est sorti de la tête diabolique de Honoré Ngbanda Zambo Ko Atumba.

Nous citons pour l’exemple une des nombreuses déclarations publiées par des personnalités et associations katangaises. Il s’agit de celle faite fin juillet 2006 par l’Union des Katangais pour le Développement « U.K.D. » : « Trop c’est trop ! »
« Le Président de la République Joseph Kabila Kabange est bel et bien Congolais à 100 %. Il est bien le fils de M’Zee Laurent Désiré Kabila et de maman Sifa Mahanya. 
M’Zee Laurent-Désiré Kabila et son fils Joseph Kabila Kabange étant originaires de la Province du Katanga, nous nous sommes sentis blessés et insultés par tous les mensonges dont le chef de l’Etat est victime.
C’est à tord que des gens disent : « D’où Joseph Kabila a-t-il tiré le nom de Kabange ? »
En République Démocratique du Congo, si chez les Bakongo, les jumeaux s’appellent Tsimba et Nzuzi. Chez les Baluba du Kasaï : Mbuyi et Kanku, chez les Bangala : Mboyo et Boketshu, au Bandundu : Mbo et Mpia, par contre au Katanga chez les Balubakat les jumeaux s’appellent Kyungu et Kabange. C’est ainsi que la sœur jumelle du Président s’appelle Jeanette Kabila Kyungu, et le Président s’appelle Joseph KABILA Kabange. Chez les Balubakat, Kyungu est l’enfant jumeau qui sort le premier, tandis que Kabange est celui qui vient immédiatement après l’autre. En outre, dans une famille où les filles sont nées avant un garçon est et demeure le fils aîné quelque soit sa position biologique. Même si il est cadet, il reste et demeure chef de famille et donc fils aîné. Chez les Balubakat on l’appelle « Mwana Bute »patriarcat oblige. Cependant, ces noms de Kyungu et Kabange sont sacrées chez les Balubakat, on ne peut pas les donnés à des enfants adoptés. Pour prouver à l’opinion nationale et internationale que Joseph Kabila Kabange n’est pas le fils adopté de Mzee Laurent Désiré Kabila, les Balubakat à travers leurs chefs coutumiers ont investi Joseph Kabila Kabange Grand chef coutumier de tous els Balubakat au mois de juillet 2006 à Kamina-Kinkunki fief de l’empire Lubakat.
Honoré Ngbanda a déclaré un jour : « M’Zee Laurent Désiré Kabila n’a jamais été appelé Tata Mapasa (Père Double) ».

Moi qui ai travaillé avec M’Zee Kabila, j’affirme que les intimes de M’Zee Kabila, le Président Dos Santos, le Président Robert Mugabe, le Président Sam Nuyoma et même la propre grande sœur de M’Zee Kabila, maman Kibawa, voir aussi Monsieur Kabwe Séverin ancien administrateur Général en chef de l’Agence Nationale de Renseignements « A.N.R. » l’appelaient "Père Double" – Tata Mapasa. »
Signé : Jimmy David Kakima K.M. Munkana Ngando, Président de l’Union des Katangais pour le Développement.

L’archevêque Etsou présente ses excuses au Président Kabila Kabange

A un certain moment, l’archevêque Etsou avait été influencé par le déluge d’affirmations qui disaient que Joseph Kabila était un Rwandais. Il a eu alors sa phrase malheureuse sur « les étrangers qui dirigent le pays. » Honoré Ngbanda et sa clique avaient jubilés.
Les autorités les plus hautes de l’Eglise catholique se sont penchés sur la question et ont conclu que Joseph est bel et bien le fils de Laurent et de Sifa Mahanya…
Lors du mariage religieux du Chef de l’Etat, devant plus d’un millier de présents et devant des centaines de milliers de téléspectateurs, le cardinal Etsou s’est publiquement excusé. 
Il s’est excusé pour toutes les humiliations inutiles qu’on a fait subir au Président Joseph Kabila Kabange.
Dans la lettre écrite par Ngbanda et attribuée à ERic Lenge, on lit aussi : « Joseph Kabila est un musulman comme son défunt père adoptif. » Le chef des services secrets de Mobutu tenta ainsi de dresser les chrétiens congolais contre leurs frères et sœurs musulmans… Le mariage religieux du chef de l’Etat a été célébré par le cardinal Etsou et par monseigneur Pierre Marini Bodo président de l’église du Christ au Congo « E.C.C. » parce que Olive Lembe di-Sita épouse de Joseph Kabila est catholique, le Président est protestant…


L'Archevèque Etsou a marié Joseph Kabila Kabange et Olive Lembe di-Sita

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Zoé Kabila… comme une doublure de Joseph.

Le mercredi 12 juillet 2006, Zoé Kabila a donné une preuve frappante et, nous dirions : vivante, que Joseph Kabila est bel et bien le fils aîné de Mzee Kabila, une preuve qui a convaincu même les plus sceptiques… 
Ce jour, Zoé Kabila a rendu une visite-surprise au Grand Marché de Kinshasa. 
Il s’est informé des difficultés rencontrées par les vendeurs. Et il voulait profiter de l’occasion pour faire campagne en faveur de la candidature de son grand-frère Joseph. 
Mais, malheureusement, il n’a pas pu le faire, pour une raison simple : il a été pris par toute la population qui se trouvait au Grand Marché, pour le chef de l’Etat lui-même! 
En effet, en voyant Zoë, beaucoup de vendeurs et d’acheteurs croyaient à une visite du chef de l’Etat Joseph Kabila Kabange ! De partout, des chants se sont élevés : « Motu bolukaka ye oyo, Joseph aye ».

Lorsque la foule a appris que ce n’était pas le chef de l’Etat, mais son jeune frère, elle n’a pas été déçue. Au contraire, presque tout le monde a fait la même réflexion pertinente : « Si Joseph Kabila n’est pas le fils de son père, par quel miracle ressemble-t-il à la perfection à un fils « non contesté » de Mzee Laurent Désiré Kabila, né plusieurs années après Joseph. ? Par son visage, par la constitution de son corps, par sa démarche, Zoé semble une doublure parfaite de son grand frère Joseph…C’est clair que Joseph et Zoé ont la même mère et le même père… ».


Zoé Kabila… comme une doublure de Joseph.

Voka Makenda

Témoignage.
« En 1972, je travaillais au ministère des Affaires étrangères, que dirigeait Nguz-a-Karl-I-Bond. J’étais conseiller chargé des affaires politiques et diplomatiques.
Un jour, je feuilletais dans les dossiers de l’année 1971. 
A un moment, mes yeux ont été frappés par un message « Top secret ».
Il venait de la Tanzanie et il avait comme entête : « Message Prési-Zaïre / répéter CND / répéter Minafet »
Le message, très bref, disait : « Le dérangeur a fait des jumeaux" .
Le dérangeur était le nom utilisé pour indiquer Laurent Kabila… »
Mobutu était donc immédiatement informé de la naissance de Jaynet et Joseph… »

Le Général James Kabarebe (Chef d’Etat Major Général des Forces Patriotiques Rwandaises) parle des origines de Joseph Kabila.

« Avant la création de l’A.F.D.L (Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération), notamment au mois d’août 1996 à Kigali, je fus appelé d’urgence au Quartier Général de l’Armée Patriotique Rwandaise sur ordre du Président Paul Kagame, alors Vice-président de la République et Ministre de la Défense Nationale.
A mon arrivée au Q.G., on me présenta un papa costaud, accompagné d’un jeune homme. C’est fut Laurent Désiré Kabila alors Président du Parti de la Révolution Populaire (P.R.P.). Je lui présentais mes respects et à son tour, il me sera la main en me présentant le jeune homme qui était à ses cotés en disant : « C’est mon fils, il s’appelle Joseph Kabila. » Je répondais : « Enchanté ». C’était devant témoins. Il y avait le Président Paul Kagame, et Déogratias Bugera… puis le Président Paul Kagame m’a présenté officiellement auprès de Laurent Désiré Kagame et son fils Joseph Kabila. C’était donc la première fois que j’ai vu Laurent Désiré Kabila et Joseph Kabila. Bref, il n’y a pas de doute, Joseph Kabila n’est pas Rwandais, comme je l’entends par-ci, par-là. Joseph Kabila est le fils de Laurent Désiré Kabila. Si Joseph Kabila était Rwandais, il serait rentré avec nous le 2 août 1998, lorsque son père Laurent Désiré Kabila a rompu avec nous. Alors, de grâce, ne nous mettez pas dans la bouche ce que nous n’avons jamais dit, ni déclaré ni reconnu. »

Mzee Laurent Désiré Kabila lui-même parle de son fils Joseph Kabila

Extrait d’une émission de la RTB-F de fin novembre 1997 avec la participation de, e.a. Colette Braeckman et Marie-France Gros.

Lorsque Mzee était encore en vie, qui aurait osé prétendre que Joseph n’était pas son fils ? 
Dans une interview que quatre journalistes belges ont réalisée avec Mzee pour la télévision belge, Marie-France Cros s’est efforcée de « coincer » le Président. 
Mais elle n’a pas dit ou même insinué, que Joseph n’était pas son fils ! 
Cette « question » n’existait simplement pas, aussi longtemps que Mzee était en vie…
Par contre, Mzee lui-même a parlé dans cette émission sur son fils Joseph qui a dirigé la prise de Kisangani…

Voici des extraits de l’enregistrement.

« Marie-France Cros : Monsieur le Président, le massacre qui a eu lieu à Mbandaka était très récent, c’est la raison pour laquelle la commission d’enquête voulait se diriger vers cette région. Par Ailleurs le front Nord de l’armée de libération dirigé par vous-même, était très précisément à l’époque des massacres dirigés par votre fils.
Est-ce que cela a joué un rôle dans le fait que votre gouvernement a refusé l’enquête.

Mzee Kabila : Mon fils a dirigé le front Nord pour la libération de la ville de Kisangani. … Mais ce n’était pas pour aller massacrer, il n’y avait pas de Hutus dans la ville de Kisangani qu’on a voulu massacrer.

Marie-France Cros : Mais les gens qui étaient là pour nourrir les réfugiés qui arrivaient de l’Est, disent qu’il y a eu des massacres, qu’on a attaqué les camps de réfugiés.
Mzee Kabila : Par qui ? Pas par les troupes congolaises. Ce n’est que lorsque les réfugies s’étaient dispersés dans les brousses et se sont dirigés vers les sections contrôlées par les forces rwandaises, que les massacres ont commencé. A l’ombre de toute attention des forces congolaises. »

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2 . Le mensonge est la dernière arme politique
de Ngbanda le Terminator


Voici une photo truquée, publiée sous le titre : « Joseph Kabila était un garde de corps de Kagame ! » Premier mensonge de Ngbanda.

Mobutu, Lors d'un meeting populaire à Kinkole, parlant de son Ministre de l'Agriculture qui avait détourné dit :"Bayibaka Muke, yo oyibi nyonso" "Yiba ndambo tika ndambo" "Voler un peu, laissez un peu".

Mobutu, un jour face à face avec des journalistes étrangers, dit à un de ses collaborateurs : « Buka bango lokuta » - « Il faut leur mentir »
Ngbanda et ses fidèles ont toujours observé cette consigne…

La photo que vous venez de voir, est un truquage, une photo falsifiée. Le falsificateur JB Labika est très actif pour le groupe Banacongo Belgique. Ce groupe opère en alliance avec l’Apareco de Ngbanda.

Les menteurs de chez Nbganda affirment que cette photo date de 1995. C’est impossible. A ce moment, Kagame apparaissait toujours en public en uniforme militaire de l’APR !

Ce n’est qu’à partir de 1998 qu’il a été vu en costume.

Toute personne qui regarde attentivement cette soi-disant « photo authentique de la presse militaire rwandaise » découvre vite qu’il s’agit d’une photo truquée !!!

Voici la photo originale, qui était disponible depuis longtemps pour tout le monde, sur internet. 


http://jv.wikipedia.org/wiki/Paul_Kagame

1. D’abord, regardons la lumière de la photo truquée. Sur le visage de Kagame, elle vient de droite. Pour le garde de corps, elle vient de gauche et de front. Est-ce qu’il y avait deux soleils dans le même ciel ?
2. Sur la vraie photo , la joue gauche du garde de corps est dans l’ombre, sur la photo truquée, la droite du visage est bien illuminé.
3. Sur la photo originale, il y a une large bande d’ombre au-dessous de la barrette du garde de corps. Sur la photo truquée de « Kabila », il n’y a aucune ombre en dessous de la barrette. 
4. Sur la vraie photo, le garde de corps de Kagame a les yeux baissés. Sur la photo truquée, « Kabila » regarde droit devant lui. 
5. Sur la vraie photo, le vrai garde de corps de Kagame, qui s'appelle lieutenant Fred, porte sa montre à la main gauche. Or Joseph Kabila porte toujours sa montre à la main droite. C'est qui prouve que cette photo est fausse et falsifiée. En effet, si c'était Joseph Kabila sa montre serait sur la main droite.

La conclusion est claire : le groupe de Ngbanda a falsifié la photo de Kagame et son garde de corps, en collant le visage de Joseph Kabila sur le corps du garde de corps de Kagame…

Les Congolais se rappellent les crimes que Ngbanda-le-Terminator a commis contre la population qui aspirait à la libération.

Le mensonge « Joseph Kabila Rwandais » est la seule arme qui reste aux mobutistes endurcis. En effet, leur véritable programme est le retour à la dictature néocoloniale qui a sévi sous Mobutu. Et ce programme, ils n’osent pas le proclamer publiquement…

A Victoire, au centre de Kinshasa, la photo falsifiée de « Joseph Kabila garde de corps de Kagame », avait connu un succès de vente jamais vu. Beaucoup d’acheteurs étaient convaincus de connaître maintenant la « vérité » : Joseph Kabila était un Rwandais, garde de corps de Kagame…

Mais lorsque la falsification a été démontrée, cette photo et la fausse "Lettre d'Eric Lenge", écrite par Ngbanda, ont brusquement disparues du marché... Tous ceux qui ont été victimes de cette falsification ont compris : des anciens criminels comme Ngbanda n’ont plus que les mensonges comme dernières armes...

Ngbanda le Terminator fait parler un homme MORT depuis 2 ans : Eric Lenge…

Via les canaux de l’Apareco, Ngbanda diffuse massivement un document intitulé « Eric Lenge parle ». Ce document, faussement attribué à Lenge, a été écrit du premier au dernier mot par l’ancien chef des services secrets de Mobutu, Honoré Ngbanda.
Luther Bisongo a bien connu Eric Lenge. Il témoigne : « Lenge avait des difficultés à écrire. Plusieurs fois, j’ai moi-même dû écrire des lettres qu’il voulait adresser à une personne. » 
Or, la lettre attribuée à Lenge est écrite dans un français impeccable et elle comprend de longues phrases bien tournées, que Lenge était absolument incapable de produire. Pour Luther, cette lettre est indiscutablement un faux.

Cette lettre écrite par Ngbanda et attribuée à Lenge est particulièrement dégoûtante pour une raison très simple : Eric Lenge est mort depuis longtemps, depuis les jours de son coup d’état manqué.

En effet, après la première tentative de coup d’Etat, le vendredi 11 juin 2004, la bande de Lenge a pris la fuite dans le Bas Congo et elle a tenté de passer en Angola. Mais à la frontière, ils ont subi des tirs nourris et ils sont retournés vers Kasangulu. 
La P.I.R. a réussi à arrêter huit compagnons de Lenge, groupe dirigé par l’adjudant Kyungu Lokese. La PIR a saisi une quantité importante d’armes lourdes et légères. 
Selon les témoignages des pêcheurs opérant le long du fleuve Congo, Lenge, entouré d’éléments fortement armés, est arrivé à un poste de pêche, vers 15 heures, à bord d’une jeep Land Cruiser. Il s’est dirigé vers un poste de garde tenu par un adjudant de la Force navale, assis dans son hors-bord. Lenge sollicita les services du marin pour traverser le fleuve. Le militaire refusa. C’est alors que Lenge a été abattu à bout portant par l’adjudant Bukasa de la Force navale. Lenge tenta ensuite sans succès de mettre en marche le hors-bord.
Lenge a trouvé finalement un petit bateau rapide. Il a abattu deux militaires pour s’en emparer. 
Il tenta de fuir, mais il a été abattu à bout portant par les militaires qui le poursuivaient. 
Des témoins directs qui travaillent actuellement à la Présidence, nous ont confirmé que c’est bien ainsi que Lenge est arrivé à sa fin, le 13 juin 2004.
Ngbanda ose utiliser le nom d’un homme qui est mort depuis plus de deux ans pour donner « crédit » à son intoxication mille fois répétée : « Kabila Rwandais ! ». C’est tout ce qu’il a dans sa bouche jour et nuit.

Qui peut encore avoir la moindre confiance en Ngbanda, un individu qui était longtemps l’homme clé des services secrets de Mobutu, l’homme des sales coups, et qui utilise maintenant un homme mort pour donner une crédibilité à son mensonge mille fois répété.
Mentir et mentir encore est décidément la religion de celui qui aime se faire appeler « le Frère Honoré » et « l’Evangéliste Honoré Ngbanda… »
Cette fois le « Terminator » a exagéré et même les Congolais qui lui accordaient encore un peu de crédit, se détourneront de lui avec dégoût.

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EXTRAITS de la lettre écrite par NGBANDA et attribuée à Eric LENGE

1er Extrait.

Je suis le Major Eric Lenge de la GSSP, ancien garde de corps de Joseph Kabila. Je suis en exile suite au deuxième faux coups d’état du 11 juin 2004 dont je réserve des révélations au Procureur Luis Moreno Campo de la Cour Pénale Internationale. J’ai décidé de me constituer prisonnier en qualité d’exécutant des crimes politiques et crimes de guerres commis sous les ordres de Joseph Kabila, et en tant que témoin à charge.

Réfutation.

Nous savons maintenant de façon indiscutable, de la bouche de ceux qui l’ont abattu le13 juin 2004, que Lenge est mort depuis deux ans. Lenge aurait écrit qu’il veut se constituer prisonnier et qu’il va faire des révélations au procureur de la Cour Pénale internationale. Mais qu’est-ce qu’il attend ? 
En fait, le Terminator est pris au piège de ses propres mensonges. 
Un mort ne vient pas témoigner. »

2e Extrait.

« Vous avez appris dans les médias le mariage de mon ancien patron avec mademoiselle Olive Lembe Disika pour ce 04 juin 2006. … C’est un mariage à visée électoraliste. Joseph Kabila pense qu’il pourra ainsi faire taire tous ceux qui pensent que lui et sa jumelle sont d’origine Rwandaise. 
J’avais écrit au Cardinal Etsou afin de le dissuader de célébrer ce mariage qui est un vrai piège tendu par l’imposteur Joseph Kabila pour mettre le Cardinal Etsou en contradiction avec ces dernières déclarations concernant les étrangers qui dirigent notre pays. »

Réfutation.

Lenge a été abattu le 13 juin 2004. Deux ans plus tard il aurait écrit une lettre où il affirme avoir appris que Joseph Kabila va se marier avec son ancienne copine Olive Lembe di-Sita. En réalité, l’auteur de cette lettre est Nbganda. Mais le super-flic de Mobutu a mal fait son travail : il montrequ’il ne connaît même pas le nom de sa soi-disant « ancienne copine » ! La femme du Président s’appelle Olive Lembe di-Sita, et pas : Disika

3e Extrait.

« Je me demande toujours pourquoi Joseph Kabila avait fait commander par mes soins 100 litres d’acide sulfurique et 100 litres d’acide chlorhydrique une semaine avant le dernier faux coups d’Etat? Je pense que ce monsieur a l’intention de faire disparaître le corps de Laurent Désiré Kabila en le faisant dissoudre dans cette grande quantité d’acide, effaçant la possibilité de démontrer que lui et sa jumelle ne sont absolument pas les enfants biologiques de L D Kabila… »

Réfutation

Dans cette phrase du super-flic de Mobutu, éclate toute la haine de cet individu pour les combattants nationalistes que sont Laurent-Désiré Kabila et Joseph Kabange Kabila… Eric Lenge est mort depuis 2004. Deux ans plus tard, Ngbanda écrit une lettre qu’il attribue, en véritable escroc et faussaire, au cadavre de Lenge. Le cerveau détraqué de Ngbanda a produit cette ignominie qu’il attribue à Eric Lenge : Joseph Kabila a commandé 100 litres d’acide sulfurique et 100 litres d’acide chlorhydrique pour dissoudre le cadavre de son propre père ! 
Le Président Joseph Kabila ne doit pas être le seul président au monde contre qui n’importe quel faussaire peut cracher les mensonges les plus révoltants. 
Il y a des tribunaux en France et en Belgique qui respectent les règles de la démocratie et qui peuvent être saisis de ces insanités de Ngbanda! Feu Mzee Laurent Désiré Kabila, Joseph Kabila Kabange et feu Eric Lenge étant tous des katangais et de surcroît Balubakat, L'Union des Katangais pour le Développement "U.K.D." s"est dit prête à traduire Honoré Ngbanda en justice pour faux et usage des faux en écriture, diffamation, calomnie, faux bruit...


Ngbanda « engage » un fasciste belge pour combattre le Président Joseph Kabila !


Honoré Ngbanda Nzambo Ko Atumba a écrit une lettre au Premier ministre belge Verhofstadt. 
Ngbanda y affirme que des « des voies officielles s’élèvent parmi les personnalités politiques belges pour dénoncer … un complot contre le peuple congolais. » Et Ngbanda de citer monsieur Patrick Cocriamont, un élément fasciste qui est entré via des combines au parlement belge… 
Ce Cocriamont, élu en octobre 1994 au conseil communal d’Anderlecht, a fait le salut hitlérien lors de sa prestation de serment !


L’homme de Ngbanda, le néo-fasciste Cocriamont, faisant le salut hitlérien au conseil communal d’Anderlecht

Rappelons que le parti fasciste de Hitler a été le principal instigateur de la seconde guerre mondiale qui a fait 50.000.000 de morts, dont 25 millions dans la seule Union Soviétique ! 
Et Ngbanda ose s’afficher publiquement à côté d’un individu aussi lugubre…

Cocriammont a déclaré : … « Monsieur Joseph Kabila est connu par nos services de renseignements comme un sujet d’origine rwandaise ». Ngbanda ajoute, pour impressionner les gens naïfs, que « Cocriamont a accès aux archives de l’Etat belge ». 
En réalité, Cocriamont n’a accès à aucune « archive secrète» où il serait question de la « nationalité rwandaise » du Président Kabila. Comme les archives dont parle le néo-fasciste Cokriamont sont du domaine public, il est évident que si une « révélation » aussi sensationnelle s’y trouvait, elle aurait été publiée depuis longtemps… Une fois de plus, nous avons à faire avec de l’intoxication signée par Ngbanda-le-Terminator.

Les Congolais doivent savoir que les fascistes et néo-fascistes sont les pires ennemis de l’Afrique. 
Cocriamont, l’allié de Ngbanda, a osé écrire ceci : « Je confirme mon point de vue concernant le bien fait de la colonisation belge, …le fait que Lumumba était un bandit, Kasavubu un incompétent, … Laurent Désiré Kabila et Joseph Kabila deux dictateurs sanguinaires. … Il est facile de sortir un nègre de la jungle, mais il est très difficile de sortir la jungle qu’il y a dans sa tête. … Mon parti souhaite que les conditions sociales des Congolais s’améliorent en R.D.C. afin que les 25 à 30.000 Congolais vivant en Belgique puissent retourner dans leur pays. La Belgique ne peut pas indéfiniment supporter toute la misère de Congo. »

Les nazis et néo-fascistes ont toujours été des racistes de la pire espèce. Ils veulent une Europe « racialement pure » où il n’y a pas de place pour des Noirs, ni pour des Chinois, ni pour des Arabes…

Les 25.000 Congolais qui vivent et travaillent en Belgique, contribuent, par leur travail sous-payé, à la richesse de la Belgique. La droite et l’extrême droite belge, appuyés par les Cocriamont’s, veulent chasser ces Congolais de la Belgique… Pour cette salle besogne, ils inventent un « bon » argument : bientôt les conditions s’améliorent au Congo, et nous pourrons chasser de la Belgique, tous ces « nègres» dont nous n’avons jamais voulu….
Ngbanda, qui faisait jadis de la démagogie sur « l’authenticité zaïroise », est tombé si bas qu’il doit avoir recours aujourd’hui à un fasciste et raciste anti-noir…
Ngbanda n’a plus aucun avenir.
Qu’il se retire en paix là où il peut trouver l’âme de son cher ami Eric Lenge…

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3. Plus congolais et patriote que Joseph Kabila ça n’existe pas.


L’expérience de trois générations de Kabila’s

Le Président lui-même a dit un jour : « Plus congolais que moi, ça n’existe pas. Plus patriote, non plus ! » Et cette phrase résume en effet l’expérience de trois générations de Kabila’s…

Né en 1900, Taratibu Kabila Désiré, le grand-père de Joseph Kabila, a été un homme remarquable. 
Il est entré en 1927 à la Poste d'Elisabethville comme commis. En 1952, il était commis principal de deuxième classe, le degré le plus élevé qu'un Noir pouvait atteindre à la poste et dans l’administration. Faisant aussi du commerce, il a atteint un standard de vie très élevé pour un Congolais. 
Lors de la création du Secteur Kamalondo, chef-lieu Ankoro, Taratibu est devenu le premier chef de secteur. Ayant compris l'importance décisive de l'instruction dans le monde moderne, Taratibu donnait à ses enfants une éducation sur le modèle des Blancs. 
A la maison, il les habituait à parler le français. Le jeune Laurent Kabila était un lecteur assidu qui fréquentait les bibliothèques publiques. Jeune, il y lisait les meilleurs auteurs français.
Laurent est aussi devenu président de plusieurs Associations Sportives de jeunes et il montrait déjà ses talents de dirigeant. Selon un témoin, "le jeune Kabila n'acceptait pas la défaite, il était tenace et déterminé et il avait un ascendant sur nous tous".

Monsieur Rosy était gouverneur du Katanga en 1958. Sendwe lui a demandé en 1958 : "Monsieur Rosy, ne voudriez-vous pas mettre au bloc cette jeune crapule de Kabila ? C'est un agitateur, il ameute les jeunes de la Balubakat !" Pour se faire remarquer dans la colonie comme agitateur politique à 17 ans, Laurent devait être exceptionnel !

Lors de la lutte pour l’indépendance et contre la sécession katangaise, l'administration coloniale est remplacée par des "Sénats", des comités formés par des nationalistes. 
L'opération décisive des nationalistes au Nord Katanga est la prise de Kabalo, réalisée début octobre 1960, par trois colonnes de la Jeunesse de Kamalondo, une colonne étant dirigée par Laurent Kabila, appelé "général d'Ankoro". 
Laurent Kabila a 19 ans !

Joseph Kabila est né le 4 juin 1971 dans le maquis de Hewa Bora dans une famille révolutionnaire. 
Son père a été, à côté de Pierre Mulele, le deuxième responsable de la révolution populaire de 1964, révolution qui fut noyé dans le sang par des interventions de l’armée belge et américaine, appuyées par des mercenaires. 
Son père Laurent Kabila a eu en 1965 l’honneur extra-ordinaire de recevoir le grand révolutionnaire Che Guevara, venu soutenir la lutte de libération au Congo. La mère de Joseph Kabila était une jeune militante de Kabambare au Maniema qui avait rejoint le maquis de Hewa Bora.

Les Congolais qui répètent les mensonges de Ngbanda : « Joseph Kabila Rwandais », ne se rendent pas compte qu’ils se couvrent de ridicule.
Joseph Kabila peut, plus facilement que n’importe quel autre Congolais, prouver qu’il est congolais à 100 % et nous l’avons démontré dans ce document.

Laurent Kabila dirigeait en 1970 le maquis de Hewa Bora et il y a marié Sifa, une jeune militante mubangu bangu de Kabambare. Elle n’avait pas encore mis au monde. 
Toute la communauté révolutionnaire de Hewa Bora connaissait leur union. 
Tous les militants et cadres du PRP avaient le plus haut respect pour leur chef. En plus, pour des raisons de sécurité, Laurent et sa femme vivaient un peu à l’écart des autres combattants. Quel maquisard aurait pu faire un enfant à la jeune épouse du chef ? 
Tous les maquisards ont vu les deux bébés de Laurent et Sifa à leur naissance. Dans toutes les organisations du maquis, il y a eu une fête à cette occasion. Tous les partisans et partisannes ont vu grandir Jaynet et Joseph, puis s’engager chez les Pionniers.

Fort de l’héritage de son grand-père Taratibu et de son père Laurent Désiré Kabila, Joseph Kabila, né à Hewa Bora, le berceau de la révolution congolaise, a donc raison de clamer haut et fort : « Plus congolais que moi, et plus patriote, ça n’existe pas ! »

M’MOLELWA Justin : « A 19 ans, Joseph Kabila était déjà pleinement associé aux activités révolutionnaires de son père »

Justin M’Molelwa a participé à toutes les entreprises révolutionnaires de Laurent Kabila de 1968 à Hewa Bora jusqu’à la guerre de libération de 1996-97.
Les ennemis de la révolution congolaise prétendent que les Rwandais sont aller « chercher » Kabila en 1995 pour le mettre à la tête d’une entreprise manipulée par Kagame.
Le témoignage de Justin M’Molelwa montre que Laurent Kabila n’a jamais été « cherché » par qui que ce soit : il a été constamment aux cœur de la lutte politique et armée au Congo et cela de 1964 jusqu’au triomphe de la guerre de libération le 17 mai 1997… 
A chaque étape, c’est Laurent Kabila qui a cherché des alliés et qui les a convaincus de rallier le combat qu’il dirigeait. Laurent Kabila a une place unique dans l’histoire révolutionnaire du Congo.

Justin M’Molelwa témoigne : « En 1964, Adrien Kanambe, était déjà dans la révolution muleliste dirigée à l’Est par Laurent Kabila. Kanambe luttait dans un groupe dirigé par Kalukula, un Murega.
Après la révolution de 1964-65, Lwetscha est resté au maquis. Des combattants de Kisangani, de Kabambare et de Ngandji, près de Fizi, l’ont rejoint. C’est Lwetscha qui a uni tous ces groupes. Il était le principal chef sur le terrain quand Laurent Kabila a créé le PRP en 1967.
Kalukula ne voulait pas l’unité. Il y a eu une guerre avec son groupe. Nous avons fait des prisonniers de guerre et beaucoup se sont ralliés à Mzee, et notamment Kanambe. C’était un homme courageux et discipliné et convaincu que la ligne indiquée par Mzee était correcte.
Adrien Kanambe a été un grand révolutionnaire congolais, depuis 1964 il est resté fidèle au combat révolutionnaire de Mzee jusqu’à sa mort au front de Moba II en 1984… Mais avant sa mort il avait assisté au mariage de Laurent Désiré Kabila et de Sifa Mahanya ainsi qu'à la naissance des jumeaux Jospeh et Jaynet Kabila.

Après l’échec de la révolution de 1964-65, des combattants se sont retirés sur le plateau de l’Itombe. Chaque groupe avait « son » chef ! Nous nous sommes dit : nous sommes des combattants, des militaires, il faut un seul commandant ! En 1966, nous avons élu Lwetscha comme notre chef.
Plus tard, à Hewa Bora, le commandant Kilenda Saleh a rejoint le PRP avec 56 armes. Il est devenu le premier chef d’état-major, c’était au village Kitoga.

Vieux Kabila était en Ouganda et il connaissait le président Obote qui a donné son accord pour que les révolutionnaires congolais ouvrent un front dans le Ruwenzori.
A ce moment, Museveni combattait déjà le régime d’Obote vers Lwezo, en Ouganda.
A Kanyampala Kasese, un des nôtre a été responsable pour la fuite d’information et l’état-major d’Obote était au courant…Et Obote a rompu avec Kabila…
Kabila a alors dit à ses hommes qu’ils retournent à Kampala. Beaucoup se sont dirigés ensuite vers l’ancienne base de Wimbi Dira.

Justin M’Molelwa : « En 1981, j’étais à Ruwenzori, à Kanyampala Kasese. Il y avait aussi Simon Maboko et Jean Mugimba du PRP.
En 1984, j’étais à nouveau à Ruwenzori, toujours à Kanyampala Kasese, avec Katuta Oscar, qui était de ce coin. Mais nous subissions beaucoup d’attaques et ce garçon a quitté.
A cette époque, Mzee faisait la navette entre Kampala et Das Es Salaam.

De 1984 à 1995, je vivais en Ouganda. Joseph Kabila Kabange s’y trouvait déjà. La police de Mobutu avait traqué Mzee et sa famille en Tanzanie. Joseph a terminé l’école secondaire en Ouganda, comme sa sœur Jaynet. 
Laurent Kabila permettait que Joseph, des l’age de 13 ans, reste dans la maison, lorsque les cadres du PRP venaient discuter. Joseph écoutait les discussions que nous avions. C’est le cadre familial qui l’a très tôt poussé à s’intéresser à la politique révolutionnaire. »

En Ouganda, Selemani Kanambe vivait chez Mzee, tout comme les enfants du combattant Jean Mugimba qui avait été tué. Après la mort de Oscar Katuta, ses enfants ont aussi été pris en charge par Mzee. Des membres du PRP comme Kambale Barnabé et Salomon Kasereka du Nord Kivu et Philippe Banyaye étaient avec Mzee en Ouganda. »

Fin 1986, Kabila, accompagné de Justin M’Molelwa, a relancé le maquis dans la région de Ruwenzori. Ngbanda protesta en 1987 auprès de Museveni contre les opérations militaires lancées contre le Zaïre à partir de Ruwenzori.

En août – septembre 1988, des membres du PRP, dirigés par M’Molelwa et Katuta, ont gagné la zone contrôlée par le Parti de la Libération du Congo (PRL) de Marandura.
Jusqu’en 1988, une centaine de combattants du PRP ont maintenu le maquis de Wimbi Dira.

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A 19 ans, Joseph Kabila est associé aux préparatifs de la Guerre de libération...

A partir de 1990, Joseph Kabila avait des réunions avec des combattants qui visitaient la Tanzanie. Il était déjà associé à tout le travail révolutionnaire de Mzee. Quand des combattants de Wimbi passaient à Dar Es Salaam, Joseph organisait leur séjour et mettait une voiture à leur disposition.

En 1991, Mzee Kabila a fait une tentative pour implanter des combattants PRP dans la zone frontalière Zaïre-Zambie. Il y a recruté des jeunes dans région Kasenga, au sud du Lac Moëro. Les cadres PRP ont rencontré, Laurent Kabila et son fils Joseph qui avait juste 20 ans à Kashikishi, en Zambie. Sikatenda et Bondho Pascal se sont dirigés alors vers Kilwa-Pweto et y ont recruté un grand nombre de jeunes.

Justin M’Molelwa : « En 1992 également, j’étais à Ruwenzori. Mzee nous visitait de temps en temps, parfois accompagné de son fils Joseph. 
Kissasse Ngandu opérait là-bas dès 1990-92. Mzee Kabila lui a envoyé Sikatenda pour prendre contact en vue de coordonner les actions. Kissasse Ngandu a remis 12 armes pour Kabila. »

Il y a eu une réunion importante à Dar Es Salaam en 1995 du 17 au 24 août. Mzee y était, Joseph aussi, Lwetscha, Sikatenda, Katota Oscar, Kanefu Gervais et M’Molelwa Justin. On y préparait déjà ce qui va devenir l’AFDL… L’objectif était de monter une opération pour prendre Uvira.

Laurent Kabila et Joseph, accompagnés de M’Molelwa, étaient à Kigali 11 novembre 1995. Dan Munyoza était responsable pour leur séjour. Le projet d’une opération congolaise pour éliminer le régime dictatorial et anti-africain de Mobutu, appuyé par des régimes de la région qui ont souffert du mobutisme, y est né.

Lors de la préparation de la guerre de libération en 1995, Sikatenda proposa de commencé la lutte à Kasenga, près de Pweto. Il argumentait : « Je peux y réunir 1.000 combattants, je suis bien connu là-bas. » Mais c’est finalement Lwetscha qui a rallié la majorité pour lancer la guerre à partir d’Uvira. La population y était acquise à la cause et le Rwanda et le Burundi étaient déjà en confrontation avec Mobutu. En mai 96, Sikatenda lui-même a recruté 397 jeunes à Lueba, au nord de Baraka. Il était en contact avec Nyangoma.

Justin M’Molelwa : « Je veux affronter n’importe quel individu qui prétend que Joseph n’est pas le fils de Laurent Désiré Kabila. Si je suis une vache, le crapaud dans l’eau ne va pas m’empêcher de faire ce que je veux. Quand j’arrive près du crapaud, il se tait. Depuis la naissance de Joseph et Jaynet, à Hewa Bora, en Tanzanie ou en Ouganda, personne, mais alors personne n’a jamais dit qu’ils n’étaient pas les enfants de Mzee ! J’ai entendu ce mensonge pour la première fois après la guerre de libération, ici à Kinshasa… »

Joseph Kabila et la défense de Kinshasa en août 1998


Le général-major Lwetcha en concertation avec le général-major Joseph Kabila Kabange

Au Rwanda, Mzee a appris à connaître les talents militaires de deux officiers supérieurs particulièrement doués : Kagame et Kabarebe.
Au début de la guerre de libération en 1996-97, Kabarebe a reçu le commandement des troupes de l’Alliance. Mzee a placé son fils aux cotés de Kabarebe pour qu’il apprenne à commander une armée moderne. Mzee Kabila a toujours estimé que la meilleure école militaire est la pratique sur le champ de bataille.

Le 2 août 1998, les troupes rwandaises et ougandaises attaquent le Congo de Mzee Kabila. 
Peu après, ayant survolé tout le territoire congolais, des troupes aéroportées prennent la base de Kitona, à 2.000 km de la frontière rwandaise. 
Mais elles seront encerclées et battues par les forces angolaises. 
Les survivants marchent à pieds sur Kinshasa. Ils foncent aussi sur Inga, occupent le site et coupent l’électricité pour les 8 millions d’habitants de la capitale. Un crime de guerre dont Kagame et Kabarebe répondront un jour.

Le 26 août, tôt le matin, des centaines d’agresseurs et rebelles entrent à Kimbanseke et Masina. Le même jour, Abdoulaye Yerodia annonce le couvre-feu dans la capitale.
C’est le début de la résistance populaire héroïque de la population de la Tshangu et des autres communes de la capitale contre l’agression – rébellion... 
Le 22 août, la ville stratégique de Kisangani tombe...

Au moment de l’agression, Joseph Kabila suivait une formation dans une Académie militaire en Chine. Il a été rappelé d’urgence par le Président Mzee Laurent Désiré. Joseph Kabila a étudié pendant six mois en Chine.
De retour au pays, le commandant Joseph Kabila reçoit, dans les circonstances dramatiques où les agresseurs et rebelles veulent s’emparer de la capitale congolaise, la lourde tâche de chef d'état-major des Forces armées congolaises. Il succède au général Kifwa.

A ce moment, Joseph Kabila est face à face avec son ancien maître en art militaire, Kabarebe, dont il connaît parfaitement les tactiques et les ruses…
Le premier objectif de Kabarebe est la prise de l’aéroport de Ndjili, qui permettra l’envoi de troupes fraîches du Rwanda et de l’Ouganda. 
C’est Joseph Kabila qui dirige la défense de l’aéroport dans des combats très rudes qui durent trois jours. Kabarebe doit décrocher, battu par son élève…

Récemment, des intoxicateurs qui suivent Ngbanda et Bemba, ont prétendu que "Joseph Kabila a insulté les Kinois." L’accusation est ridicule. A un des moments les plus dramatiques de la guerre, lorsque les agresseurs et rebelles avaient déjà pénétré dans la Tshangu, c’est Joseph Kabila qui dirigeait les Forces Armées Congolaises pour défendre la capitale et c’est lui qui organisait le soutien à l’autodéfense populaire à Masina, Ndjili, Kimbanseke… 
Joseph Kabila, qui n’a jamais insulté qui que ce soit, pourquoi insulterait-il une population courageuse dont il a dirigé la résistance en dirigeant les Forces Armées Congolaise de la capitale Kinshasa?

En plein combat pour la Tshangu, le 28 août 1998, Joseph Kabila fait une déclaration à la radio. « Nous lançons un appel patriotique aux soldats congolais impliqués dans cette aventure rwandaise contre notre pays à déposer les armes immédiatement et à regagner les rangs de l'armée régulière ».

Au même moment, à Luanda, dos Santos, Kabila et Sam Nujoma discutent du danger de déstabilisation de la région. Les ministres de la Défense du Zimbabwe, de l'Angola, de la Namibie et du Congo se rencontrent à Harare dans le cadre de la SADC. 
Ils déclarent : « Nous avons pris une décision collective que toutes sortes d'aides doivent être accordées au Président Kabila, y compris un soutien militaire. Il y a une guerre là-bas qui doit être arrêtée. Les ministres de la Défense de la SADC ont décidé d'intervenir et cela doit être fait. » Avec cette phrase, le destin du Congo bascule. Les agresseurs ne pourront jamais occuper le Congo…

Mzee a tracé alors la stratégie à suivre pour vaincre des agresseurs disposant d’une grande expérience militaire et de puissants alliés sur le plan international. 
Mzee déclara : « Nous devons être préparés à une guerre longue, très longue, une guerre prolongée, une guerre populaire où le peuple tout entier devra défendre sa Patrie et sa souveraineté. Le peuple devra s'armer pour repousser l'agresseur. Il devra refuser toute coopération avec les envahisseurs. Une force de défense appelée "autodéfense populaire" va être mise sur pieds et les armes seront distribuées à ceux qui pensent encore pouvoir se défendre au lieu de s'aliéner. »

Mzee envoie son fils sur tous les fronts décisifs. Joseph Kabila dirigera le front de Mbandaka en Equateur et celui de Mbuji Mayi au Kasaï. Il participe à la bataille cruciale pour la ville stratégique de Kabinda…

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4 . Le discours-programme du 26 janvier 2001

Le serment de Joseph Kabila pour l’indépendance, la paix et la réunification

Le 16 janvier 2001, le grand patriote et révolutionnaire le Président Mzee Laurent Désiré Kabila est assassiné au Palais de Marbre.
A ce moment, les groupes rebelles, créés, armés et soutenus par le Rwanda et l’Ouganda, contrôlent de larges parties du territoire national.

Le Président défunt avait galvanisé la population pour la défense du territoire national et pour la création d’un nouveau pouvoir nationaliste et populaire. 
L’assassinat de Mzee a été le signal pour les rebelles et les mobutistes pour réaffirmer leur volonté de prendre le pouvoir grâce à un « coup d’état parlementaire, grâce à un « dialogue intercongolais » où ils auraient la majorité.

Il faut rappeler que Mzee Kabila avait accepté le principe d’un débat national intercongolais, qui se ferait sous la direction du gouvernement légitime et qui réaliserait une plus grande inclusivité. En 2000, d’anciens cadres de la « rébellion » avait déjà été cooptés au Parlement de Mzee à Lubumbashi.

Dans la situation de faiblesse et de désarroi dans laquelle se trouvait le camp nationaliste après l’assassinat de Mzee, Joseph Kabila a décidé de changer de tactique : il a choisit la lutte politique comme la principale forme de combat et la lutte militaire comme forme secondaire. 
Choisir la lutte politique signifiait accepter le dialogue inter-congolais comme forum où les décisions essentielles seront prises.
Joseph Kabila a décidé en même temps une ouverture politique vers la principale force qui s’est acharnée contre Mzee Kabila : les Etats-Unis. Puis il a dialogué avec l’Union Européenne et particulièrement avec la France et la Belgique, qui s’opposaient aux aventures militaires du Rwanda et de l’Uganda au Congo.

Dix jour après l’assassinat de son père, Joseph Kabila fait un discours-programme remarquable qu’il va mettre en pratique de façon conséquente, sans déviation, pendant toute la durée de la transition… Nous pouvons dire que, engagé dans la carrière militaire, Joseph Kabila a mûri politiquement à l’école de son père. Et ce qui frappe d’emblée dans ce discours programmatique du jeune président, c’est sa détermination à rester fidèle à l’héritage politique de Mzee Laurent Désiré Kabila, son père.

Fidélité à l’héritage de Mzee

En effet, Joseph Kabila déclare : « Des circonstances tragiques ont conduit à la disparition inopinée du Président de la République Mzee Laurent-Désiré Kabila, circonstances qui laissent inachevée l’œuvre combien exaltante de reconstruction et de consolidation de la Nation congolaise. 
L'ignoble assassinat du Chef de l'Etat a fait que les hautes charges de la magistrature suprême me soient confiées, à un moment où la Nation, déchirée par la guerre, avait encore besoin de l'illustre disparu, artisan de sa libération, du réveil de sa conscience nationale, ainsi que de la fierté et de la dignité retrouvées. Visionnaire et précurseur, Homme d'Etat de grande envergure, Mzee Laurent-Désiré Kabila a consacré toute sa vie à la lutte pour le triomphe des valeurs sacrées que sont : la liberté, la justice, l'égalité des citoyens dans un Congo uni, indépendant et souverain.
Il a gouverné en comptant essentiellement sur ses ressources aussi bien humaines que naturelles. Mzee Laurent-Désiré Kabila, est parmi les rares dirigeants dans l'histoire du monde contemporain à avoir exercé le pouvoir pendant plus de trois ans, sans avoir contracté de dettes extérieures à la charge de l'Etat, ni accumulé de fortune personnelle.
Le Chef de l'Etat, Laurent-Désiré Kabila, a toujours demandé au peuple congolais de se prendre en charge lui-même. »

Après ces paroles, on est étonné que dans le camp nationaliste, des voix se soient immédiatement élevées pour dire : « Joseph Kabila suit une politique radicalement différente de celle qu’appliquait son père… » 
Cette phrase exprimait surtout la volonté de pas mal de « kabilistes », poussés par intérêt, de rompre avec les « sottises » du pouvoir populaire. Ce reniement exprimait leur espoir de remettre en place la démocratie « traditionnelle » qui a connu son heure de gloire lors de la transition mobutiste… 
Il est vrai aussi que pas mal de nationalistes honnêtes n’avaient pas compris les changements dans la situation politique provoqués par l’assassinat de Mzee et la nécessité qui s’en suivait de changer de tactique pour réaliser les mêmes objectifs.
Dès qu’il est devenu président, l’objectif essentiel de Joseph Kabila a été de mettre fin à l’agression et à l’occupation par les troupes rwandaises et ougandaises et d’obtenir de tous les partis un engagement ferme pour aller aussi vite que possible aux élections.

Est-ce que Joseph Kabila n'a jamais réprimé des forces nationalistes qui défendaient le credo de Mzee? Est-ce que Joseph Kabila a jamais dénoncé des groupes mzee-kabilistes pour avoir défendu la souveraineté congolaise, la révolution populaire, l’indépendance économique et le pouvoir populaire ? Jamais. 
Pourquoi Joseph Kabila aurait-il affronté les nationalistes révolutionnaires, alors qu’il ne réprima pas le RCD, lorsqu’en juin 2004, ce parti accusait le Président d’avoir « un comportement qui frise le terrorisme d’Etat digne d’un Etat-voyou ou d'une dictature noire et sanguinaire » ?
Joseph Kabila ne pouvait pas être au four et au moulin. 
Le Président ne pouvait pas guider une transition inclusive et s’engager à fond pour la défense du kabilisme révolutionnaire. C’était à d’autres, qui n’avaient pas les mains liées par l’accord global et inclusif, de le faire.

Nouvelle situation, nouvelle tactique.
Nouveau Chef, nouvelle méthode.

Mzee Kabila avait dénoncé en son temps l’Accord de Lusaka parce qu’il niait l’agression. Cet Accord servait à maintenir l’agression et l’occupation et à imposer un dialogue entre le pouvoir nationaliste de Mzee Kabila et ses pires ennemis qui auraient la majorité au « dialogue ». Mzee combattait à juste titre cet accord qui a été fait explicitement pour éliminer le pouvoir nationaliste.
Joseph Kabila a dû accepter cet accord dans des circonstances toutes nouvelles. Il n’avait ni le prestige, ni la maîtrise de la scène politique qu’avait son père et le rapport de forces avait radicalement changé.

Le dirigeant historique Laurent Désiré Kabila assassiné, Joseph Kabila devait reculer, pour pouvoir revenir à la charge par d’autres moyens. Joseph Kabila était obligé de changer la tactique dans la lutte contre l’agression et contre les collaborateurs de l'ennemi. 
Joseph Kabila décida de placer le combat principalement sur le terrain politique, tout en préparant des contre-offensives militaires quand la situation l’exigerait. 
Joseph Kabila changeait aussi de tactique en prêchant l’unité de toutes les forces congolaises qui refusaient l’agression et l’occupation rwandaises et ougandaise…. En effet, dans les groupes rebelles, le mécontentement de la domination rwandaise et ougandaise et l’opposition aux massacres des populations congolaise, s’amplifiaient. 
Après plus de trois années d’agression, d’occupations, de massacres, après trois millions de morts, même les puissances occidentales, qui avaient donné leur fiat à l’agression, voulaient que cela cesse. 
Joseph Kabila a compris tous ces changements objectifs et il a adopté une nouvelle tactique.
Le 26 janvier 2001, Joseph Kabila disait au peuple congolais : « Ensemble, sans exclusion, nous devons nous armer de courage, …pour affronter les défis de l'heure : l'instauration de la paix et la consolidation de la communion nationale, face à une Nation déchirée par une guerre d'agression inacceptable. Ce défi repose essentiellement sur le retrait immédiat et sans conditions des Etats agresseurs, en l'occurrence, le Rwanda, le Burundi et l'Ouganda. 
Nous allons … examiner les voies et moyens pour relancer l'Accord de Lusaka afin qu'il puisse ramener la paix dans la région des Grands Lacs, … tout en préservant l'indépendance, la souveraineté, l'intégrité territoriale et l'unité du pays. »

L’agression-rébellion n’avait pratiquement aucune base dans les territoires sous pouvoir nationaliste et elle était haïe dans les territoires occupés. Les contradictions entre les puissances occupantes et leurs « rebelles » se multipliaient. C’était de la bonne guerre de la part de Joseph Kabila de promettre une libéralisation politique tous azimuts : elle devait nécessairement accentuer les oppositions entre les Congolais engagés dans la « rébellion » et leurs commanditaires rwandais et ougandais.

Joseph Kabila disait ceci dans sa première grande adresse au peuple : « En deuxième lieu, il y a le défi de la normalisation de la vie démocratique telle que le Président de la République, Mzee Laurent-Désiré Kabila, l'avait lui-même proposée. Il s'agit de renforcer l'Etat de droit, de consolider la démocratie et la bonne gouvernance, de garantir les droits de l'homme et la justice. 
C'est de cette façon qu'on pourra mieux préparer les échéances futures, notamment l'organisation des élections libres et transparentes sur toute l'étendue de la République Démocratique du Congo.
Il y a aussi le défi de la reconstruction nationale sur tous les plans, car il convient de poursuivre le programme et les efforts engagés par le Gouvernement de Salut Public, sous la haute direction de Mzee Laurent-Désiré Kabila, depuis la libération du 17 mai 1997, mais, hélas, freinés par la guerre d'agression.
Cette guerre a accru la misère de notre peuple. En ce début du 21ème siècle, il s'agit de reconstruire un pays plus beau qu'avant comme l'affirme notre hymne national. Et pour cela nous avons besoin de toutes les énergies et de tous les bras. 
Dans l'esprit et l'orientation du Président de la République, Mzee Laurent-Désiré Kabila, je prends l'engagement de poursuivre l’ouverture afin que tous les acteurs politiques exercent leurs droits dans le respect des lois et règlements.
Les problèmes politiques d'importance majeure devront trouver leur solution dans le cadre du Dialogue intercongolais.»

Fidèle au panafricanisme de Mzee Kabila, Joseph Kabila déclara : 
« Concernant le continent africain, je voudrais lancer un appel pathétique pour une plus grande solidarité. En effet, l'Afrique se meurt. J'exhorte donc les peuples frères d'Afrique à redynamiser l'Organisation de l'Unité Africaine dans l'esprit des pères fondateurs. Comme l'exprimait Mzee Laurent-Désiré Kabila, un grand panafricaniste, il faut renouer avec la flamme rédemptrice de N'krumah et de Lumumba.
La République Démocratique du Congo étant physiquement au centre géostratégique de l'Afrique, elle entend jouer un rôle de première importance dans le renouveau de l'Organisation panafricaine. »
Notons aussi que le 16 janvier 2001, le Président Joseph Kabila félicita l'Assemblée Constituante et Législative-Parlement de Transition pour avoir élevé le Président Laurent-Désiré Kabila au rang de Héros National. Il salua aussi « les Comités du Pouvoir Populaire et les Forces d'Autodéfense Populaire pour leur contribution remarquable au maintien de l'ordre en cette période difficile.

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Soutien décidé aux compatriotes qui subissent l’occupation rwandaises

Dès son premier discours, Joseph Kabila a mis un accent particulier sur le soutien à apporter à ses compatriotes qui subissaient la terreur des armées d’occupation et de leurs milices.
Le Président dit : « Aux frères et sœurs vivant dans les territoires sous occupation, je salue votre sens élevé de sacrifice ainsi que votre attachement pour la Patrie. Je vous exprime notre solidarité dans la lutte que vous menez, dans des conditions difficiles pour la libération du pays. Mes efforts militaires, politiques et diplomatiques seront orientés vers votre libération totale de l'occupation des forces d'agression. En ce moment où j'accède aux hautes charges de la République, je lance un appel solennel et pathétique à la jeunesse congolaise afin qu'elle se joigne à moi dans la défense des intérêts vitaux de la Nation et pour assumer notre destin ».
Puis il énonça cette thèse fondamentale : « Une fois la paix retrouvée et l'intégrité territoriale restaurée, mon action consistera à préparer des élections libres et transparentes, pour amener le peuple à se choisir lui-même, un chef qui présidera aux destinées de ce pays.

Le Président Joseph Kabila a conclu son discours historique du 16 janvier 2001 en ces termes.
« Notre pays traverse l'une des plus douloureuses crises de son histoire. Mais je crois que tous ensemble nous la surmonterons, car nos ennemis n'ont pas réussi à briser l'essentiel : notre courage, l'amour que nous vouons à notre Patrie, à l'Unité de ce grand Congo que Lumumba conduisit à l'indépendance et pour lequel le Président de la République, Mzee Laurent-Désiré Kabila, lutta jusqu'à sa mort tragique. 
Les hommes peuvent disparaître, mais cette flamme-là, nous allons tous ensemble la transmettre à nos enfants. »

Son premier discours nous a révélé un Joseph Kabila nationaliste et mzee-kabiliste, un homme flexible aussi, capable de poursuivre l’idéal de son père dans une situation toute nouvelle et par d’autres tactiques.

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5. Joseph Kabila, l’artisan de l’inclusivité et de la transition non conflictuelle (*)

Fidèle à son discours du 26 janvier 2001, Joseph Kabila convoque en août 2001 les négociations politiques inter-congolaises. Les travaux préparatoires ont lieu à Gaborone, capitale de Botswana. On s’attendait à ce que les politiciens qui ne juraient que sur les négociations, applaudissent à cette décision de Joseph K abila. Mais non ! L’opposition le qualifie de « dictateur » et demande son départ ! 
Cette opposition a une curieuse façon de comprendre son propre principe "d’égalité de toutes les parties au Dialogue". Pour cette opposition, il n’y a plus ni chef de l’Etat ni gouvernement. Tout le monde devait être sur le même pied d’égalité. Et pourtant, l’opposition voulait la disqualification de la partie gouvernementale ! Tout cela en dépit du discours fort qui affirmait que « l’exclusion ne paie pas »… Sauf s’il s’agit d’exclure les nationalistes et les révolutionnaires…

Joseph Kabila défenseur de la souveraineté nationale

A Gaborone, Joseph Kabila était la cible des opposants qui ne voulaient pas de sa présence dans la capitale botswanaise. L’opposition congolaise voulait qu’à la cérémonie d’ouverture, à laquelle assistaient sept chefs d’Etat africains, Joseph Kabila, le plus concerné, ne prenait pas part. Ils étaient catégoriques : pas d’hymne national congolais et pas de drapeau congolais. On ne sait pas ce que les opposants congolais avaient contre les signes de la souveraineté de leur pays… C’est la preuve que dans la tête de beaucoup d’entre eux, le Congo comme Etat souverain, n’existait plus. 
Pour sauver les négociations, Joseph Kabila était prêt à reprendre son avion pour Kinshasa. Ce sont ses collègues chefs de l’Etat africains invités à cette cérémonie, qui ont exigé qu’il soit là.
Joseph Kabila a donc été obligé à ré-affirmer d’abord l’existence du Congo et sa souveraineté, avant de rechercher sa réunification et sa pacification. 
Les travaux de Gaborone ont abouti à la signature d’un pacte républicain, en plus d’un programme de négociations politiques inter-congolaises qui devaient avoir lieu au siège de l’Union Africaine à Addis-Abeba le 15 octobre 2001. Dans le pacte républicain, les politiciens, ceux qui étaient dans la rébellion comme ceux de l’exil, mettaient l’accent sur la récupération de leurs biens… Les opposants avaient bouffé sous Mobutu et étaient déterminés à continuer à bouffer…

Joseph Kabila défenseur de l’inclusivité

Le 15 octobre 2001, le facilitateur Masire convoque les travaux du dialogue inter-congolais à Gaborone. Sur les 330 délégués que les travaux préparatoires ont prévus, seuls 60, c’est-à-dire, ceux qui ont participé aux travaux de Gaborone, sont à Addis-Abeba. Le facilitateur ne peut pas en amener davantage faute des moyens… Et ses fonds disponibles permettent seulement de couvrir 5 jours de délibérations… 
Les politiciens congolais ne veulent pas rater cette occasion. Les 60 mandataires de Gaborone décident de se substituer aux mandants et de prendre les décisions capitales en cinq jours.
Il fallait pour ce faire, ignorer les décisions de Gaborone. 
En trois jours, ils veulent prendre les décisions et se partager le pouvoir. 
Quelles négociations pouvait-on faire en 72 heures pour une problématique aussi complexe de celui du Congo occupé et divisé ? En réalité, ce qui intéressait les politiciens néocoloniaux, c’était un accord rapide de partage du pouvoir. 
Pour forcer la main de Joseph Kabila, ils le rassurent qu’il pourra garder son poste de Président… 
Mais Joseph Kabila tient à l’inclusivité et veut la présence des 330 délégués convenus. Il donne l’ordre aux délégués qu’il a envoyé, de quitter Addis-Abeba… 
Alors les politiciens se rendent à l’évidence, non sans maudire... 
On peut conclure que si Joseph Kabila n’avait pas tenu bon, le dialogue inter-congolais de Sun City – Pretoria n’aurait pas eu lieu.

A Sun City, Joseph se bat toujours pour l’inclusivité

Les négociations inter-congolaises sont transférées à Sun City en République sud-africaine. Elles devraient avoir lieu le 25 février 2002. Mais l’opposition conteste maintenant une liste de 20 membres, essentiellement de l’opposition politique, affirmant qu’ils n’ont pas le certificat d’opposants. La délégation gouvernementale estimait qu’il y avait de la place pour tous les Congolais présents à Sun City. 
Finalement, Tshisekedi et Nzuzi wa Mbombo font rayer de la liste Frédéric Kibasa Maliba de l’Udps et Félix Vunduawe du Mpr. 
Puis les opposants reviennent sur leur thèse il n’y a plus de président ni de gouvernement en RDC. A Johannesburg, Tshisekedi se précipite pour annoncer sa candidature à la Présidence de la République avant que les travaux aient commencé. Et il est soutenu par les mouvements rebelles !

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Joseph Kabila pour un Président et un Premier ministre.

On perd tellement de temps que le gouvernement sud-africain, après la prolongation d’une semaine, ne peut pas aller au-delà. Pour ne pas terminer les travaux sur un fiasco, entre Congolais, on signe un accord cadre qui préconise un poste de Président de la République et d’un Premier ministre. La fameuse formule 1+1 Kabila et Bemba.
Ce schéma est repoussé par le Rcd, l’Udps et le Palu, mais est signé par la quasi-totalité des associations de la Société civile. JP Bemba est désigné Premier ministre, Ruberwa président du parlement... 
La commission constitutionnelle réunie ensuite à Matadi et qui devait concrétiser l’accord en le coulant sous forme de loi fondamentale, piétine. Le MLC et la composante « gouvernement » n’arrivent pas à un accord. Les travaux de Matadi se terminent sur un échec. Et l’accord cadre est abandonné. 
Les délégués congolais rentrent à Pretoria. 
Pour compenser les faiblesses notoires du facilitateur Masire, ce dernier est doublé d’un modérateur : l’ancien Premier ministre sénégalais Moustapha Niasse. 
Les travaux de Pretoria aboutissent le 17 décembre 2002 à un accord dit global et inclusif qui est, en réalité, un accord de partage du pouvoir. Il préconise un président de la République et quatre vice-présidents. C’est la fameuse formule 1 + 4 dont l’UDPS affirme haut et fort que c’est sa victoire… 
Mais ce même parti criera en juin 2004 dans les rues de Kinshasa : « 1 + 4 = 0 »…

Joseph Kabila a même accepté d’être réduit à un chef de composante…

L’accord global et inclusif saucissonne le pouvoir. Chaque composante gère un certain nombre de ministères, soit huit portefeuilles par composante et quatre par entité. C’est le chef de composante qui nomme et révoque « ses » ministres et vice-ministres. 
Dans un gouvernement de 60 membres, le chef de l’Etat n’est directement responsable que de huit ministres et quatre vice-ministres. Inacceptable ? Cette expérience unique au monde est voulue par les politiciens pour élargir leurs revenus légaux et illégaux. 
Le Président Joseph Kabila a accepté cette aberration comme prix à payer pour qu’il y ait la paix et la réunification du territoire national. 
Ainsi, le garant de la nation ne peut pas faire partir un ministre qui a commis une faute grave. Il faut s’en remettre à son chef de composante qui peut accepter ou refuser son départ. 
Même quand le chef de composante ou de l’entité n’a aucune fonction publique, il nomme les ministres dans le gouvernement d’un pays ! C’est le cas pour Roger Lumbala de l’entité Rcd/N. Ce monsieur est parti du gouvernement pour mal gouvernance, mais comme chef de l’entité, il pouvait désigner lui-même son remplaçant… Il n’a pas cherché loin : ce monsieur a nommé sa propre femme… Le portefeuille ministériel est resté en famille. 
Le même accord inclusif confie au parlement la mission de contrôler l’action du gouvernement… mais ce parlement n’a pas le droit de sanctionner le gouvernement par une motion de méfiance. Si on dit que cet accord favorisait l’impunité, on n’exagère pas.

Joseph Kabila tient mordicus aux élections

Joseph Kabila a reçu du dialogue inter-congolais la mission de réunifier et de pacifier le pays, de réconcilier les Congolais et de les amener aux élections. 
En juillet 2006, le pays est réunifié et pacifié pour l’essentiel. Aux différents groupes armés, succède une armée nationale et intégrée. Il ne reste plus qu’à aller aux élections pour qu’enfin le peuple congolais récupère son pouvoir de désigner des dirigeants. 
Mais ce chemin des élections est parsemé d’embûches. Les politiciens habitués à se partager le pouvoir au cours des combines politiciennes, ne sont pas prêts à se soumettre au verdict du peuple. Il a fallu la détermination de Joseph Kabila pour que les opérations d’enrôlement et le référendum constitutionnel aient lieu. 
Après le 30 juin 2006, Joseph Kabila a dû rejeter toute idée de « négociations » qui auraient pour unique objectif de faire traîner à l’infini les luttes pour les postes et de repousser de plus en plus loin les élections. 
Tout le monde se rappelle les politiciens qui ont fait durer la transition mobutiste de 1990 à 1997, …pour ne jamais avoir des élections démocratiques. 
En conséquence, Laurent Kabila a dû prendre les armes et chasser le dictateur, pour décider que des élections libres et démocratiques auront lieu en 1999. 
Les forces étrangères et les politiciens néocoloniaux savaient que Mzee Kabila allait effectivement organiser les élections dans ce délai… et qu’il allait les gagner haut la main. Alors le Rwanda de Kagame et l’Ouganda de Museveni ont été engagés pour chasser Mzee Kabila du pouvoir et rétablir un gouvernement de politiciens du temps de Mobutu… 
Mais ils ont connu l’échec. 
Le gouvernement nationaliste a tenu. 
D’abord sous Mzee Kabila, ensuit sous Joseph Kabila…

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6. Le tournant décisif de la guerre.

La résistance militaire et populaire à l’occupation de Bukavu en février - juin 2004

Début février 2004, une cache d'armes contenant 65 caisses de munitions a été découverte à Bukavu dans une maison du gouverneur Xavier Chiribanya. Samedi 21 février les hommes du général Nabyolwa découvrent aussi des caches d'armes chez le major Kassongo et chez le colonel John Bahati. Kassongo est transféré pour enquête à Kinshasa. 
Peu avant minuit, le 23 février, Mutebutsi mène une opération pour arrêter son supérieur, le général Nabyolwa.
Le 3 mars, Kassongo, est entendu par la mission de l’Etat-major général qui conclut qu'il y a eu acte délibéré de mutinerie. 
Les événements de février à Bukavu prouvent que le RCD se comporte comme s'il possédait toujours "son propre armée" qui n'est pas subordonné à la hiérarchie militaire nationale.
Le RCD est toujours dans la logique de l'agression-rébellion. Le RCD sait que lorsqu’il n'aura plus la main sur "son" armée, Kagame ne pourra plus envoyer son armée au Kivu en la faisant passer pour des troupes du RCD… Le RCD continue donc de rouler pour le Rwanda…

Le RCD fait une déclaration qui annonce une Troisième guerre.

Elle s'appelle officiellement "Déclaration politique du RCD et alliés du 24 février 2004". 
Elle dit entre autres : «Le comportement du Chef de l’Etat Joseph Kabila frise le terrorisme d’Etat digne d’un Etat-voyou ou d'une dictature noire et sanguinaire."
Ce langage exprime une hostilité farouche à l’égard du Président Joseph Kabila.
"Le nouveau scandale signé Président Joseph Kabila n’est pas de nature à conduire la transition vers les élections générales dans la sérénité et la non- conflictualité exigées." Ceci montre clairement la volonté du RCD de tout faire pour empêcher que le Congo puisse tenir les élections à la date prévue.
Autre "scandale" retenu contre Joseph Kabila : "le refus de nommer les officiers régulièrement désignés par une composante, en l’occurrence le RCD". Et de citer les généraux Bora et Nkunda et le colonel Mirindi. Or, Bora et Mirindi ont été condamnés à mort pour l'assassinat de Mzee Kabila et Nkunda aura tôt ou tard à répondre devant la justice des crimes commis contre la population nationaliste de Kisangani.

Dans un langage qui rappelle les plus violentes tirades du RCD et MLC contre Mzee Laurent Désiré Kabila, la Déclaration dit : "Le Général Major Joseph Kabila se croit tout permis. Ce qui lui reste, c’est son intronisation comme Empereur de la République Démocratique du Congo. Le RCD et alliés ne peuvent en aucun cas cautionner le retour à la dictature."
Malgré toutes les concessions souvent humiliantes que Joseph Kabila a fait, il reste, aux yeux des agents de Kagame, un dictateur détesté… 
"Si les revendications du RCD et alliés ne sont pas prises en compte, ils se réserveront le droit d’utiliser tous les moyens à leur disposition pour … mettre fin à la dictature naissante." 
Kagame et le RCD préparent donc à nouveau la lutte armée pour renverser Joseph Kabila ! C'est une évidence : "utiliser tous les moyens pour mettre fin à la dictature naissante de Joseph Kabila", c’est le même langage qu’au moment de l’agression du 2 août 1998. La Déclaration du RCD du 24 février 2004 est une Déclaration pour une troisième guerre… 
Seulement, Kagame et le RCD n’ont pas saisi le changement des rapports de force intervenu suite à la nouvelle politique de Joseph Kabila !

Le "Mémo" des séparatistes rwandophones du Kivu

Au moment où Ruberwa et le RCD pose leur ultimatum à Joseph Kabila, les séparatistes rwandophones avancent leurs revendications. 
La première: "Le Président doit faire fonctionner l’espace présidentiel sur base de prises de décisions consensuelles entre les composantes du Dialogue inter-congolais. Selon la Constitution, les cinq institutions de la République sont : le Président, le gouvernement, l'assemblée national, le sénat, les cours et tribunaux. (Article 63). La Présidence, qui regroupe le Président et les quatre vice-présidents, est simplement un organe de "concertation". (Article 82) Seul le Président "est le garant de l'indépendance, de l'intégrité du territoire national et de la souveraineté nationale". (Article 68). Le "Mémo" des séparatistes prône une sorte de coup d'état qui enlèvera au Président Kabila ses prérogatives constitutionnelles. Les forces rwandaises et pro-rwandaises veulent paralyser le Président pour avoir les mains libres au Kivu.

Deuxième revendication : "Une forte décentralisation territoriale, prélude au processus fédéraliste". Il faut «la répartition des ressources et des compétences entre le Gouvernement et les Entités Décentralisées». Le RCD veut une décentralisation et une fédéralisation qui crée les conditions optimales pour faire avancer la cause du séparatisme ou du contrôle effectif du Rwanda sur le Kivu.

Le 11 août 2003, à Bruxelles, Manasse Müller Ruhimbika, Tutsi congolais et patriote bien connu, déclare ceci : "Kagame a ses hommes à la tête du Congo, et en même temps il garde son potentiel militaire intact au Congo. Ses militaires restent à l'œuvre à l'Est de notre pays. Alors, la question se pose : le RCD mouvement politique, peut-il réellement gérer sa "milice" pour qu'elle intègre l'armée nationale ? Ces militaires doivent quitter l'état de milice, pour être gérés par la Nation. Rappelons que près de 40 % des officiers du RCD sont à la fois des militaires de l'ANC (RCD) et des militaires officiellement reconnus de l'Armée Patriotique Rwandaise. Je pense que le RCD va mettre sur la table autant que possible de questions qui ne peuvent trouver de réponse. Ils feront cela pour empêcher que nous ayons une Transition normale. Ainsi, ils vont faire barrage à la reconstruction, ils vont empêcher le démarrage. Ils espèrent que, finalement, les Congolais vont se résigner, ils ne vont plus rien attendre de ce gouvernement. Ceci peut créer une situation propice à l'implosion du Congo."

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Joseph Kabila : « La population de l’Est a l’endurance digne de la Résistance. »

Le 3 mars, lors d’une interview accordée à Radio Okapi, le Président Joseph Kabila a tiré les conclusions de la crise grave provoqué par les agissements du RCD et alliés en liaison directe avec Kagame. “Je sais que la population est inquiète. Je dis que la même population qui a pu résister à l’occupation, peut encore résister et surtout qu’elle ne doit pas baisser les bras face aux Rwandais. Elle doit avoir de l’endurance digne de la résistance. … Je peux dire que lorsque les troupes rwandaises étaient présentes, la résistance était telle qu’elles ont quitté notre territoire. Et si les troupes rwandaises sont là, la résistance devra les faire partir comme il y a quelque temps. …La population doit aussi savoir que la paix commence à venir et tout est fait pour que la paix revienne. Des mesures seront prises pour empêcher qu’un aventurier puisse se réveiller un matin et poser des actes contraires à la discipline militaire. La population doit se sentir sécurisée et nous sommes là pour elle. … La sécurité est sans nul doute la tâche du gouvernement, mais la population doit aussi collaborer. … Nous allons commencer le travail de la réunification de l’armée et nous allons désarmer tous ces jeunes gens qui circulent partout avec des armes pendant qu’ils sont censés ne pas en détenir. Après la démobilisation, j’ai l’espoir que la sécurité reviendra graduellement. La population doit être vigilante.” 
Joseph Kabila continue l’œuvre de son père : résister, résister, jusqu’à ce que les agresseurs quittent le Congo.

Joseph Kabila : « Nous ramènerons la guerre d'où elle est venue : au Rwanda ! »

Le 3 juin 2004, au plus fort de la nouvelle occupation au Kivu, Joseph Kabila dit au journal Le Monde : “L'histoire se répète. Une fois de plus, les troupes rwandaises ont traversé la frontière. Elles contrôlent déjà Bukavu. La tension est palpable dans les autres villes de l'Est. Une nouvelle guerre nous est imposée. Par cette invasion, le Rwanda montre clairement qu'il ne veut pas la paix, ni au Congo, ni dans la région des Grands Lacs. Le gouvernement de transition va prendre ses responsabilités. Il est vrai que le pays est à genoux et que la population vit dans la misère. Mais nous n'avons pas d'autre choix que de défendre le territoire national et l'indépendance de notre pays. J'ai lancé la procédure pour proclamer l'état d'urgence. Le gouvernement a d'ores et déjà décidé la mobilisation générale pour défendre la patrie. Ce pays regorge de ressources et la mobilisation des Congolais est totale. La capacité militaire se construit avec le temps, mais, même si la guerre est longue, nous finirons par la ramener d'où elle est venue, à savoir au Rwanda ! Pour cela, nous devons nous organiser. Les guerres successives qui ont ravagé la RDC nous enseignent que nous devons d'abord compter sur nous-mêmes. Je suis déçu de l'inaction et du manque de solidarité de la communauté internationale et des Nations unies. Malgré son armement et son mandat, la mission de l'ONU n'a pas empêché la chute de Bukavu. Plus de 3 millions de Congolais sont morts du fait des guerres qui nous ont été imposées. Il faut que cela cesse ! Le gouvernement a adopté une position commune et l'ancien mouvement rebelle RCD était représenté à ce conseil extraordinaire. Il faut que les Congolais réagissent ensemble. Il y a 300 ethnies chez nous. La communauté banyamulenge n'est pas menacée et elle ne le sera jamais. Elle compte parmi les 300 ethnies qui fondent la nation congolaise. J'ai pour mission de protéger ces 300 ethnies, les 60 millions de Congolais. Ils sont unis et, avec leur concours, je mènerai cette mission à bien.”

La mobilisation générale pour défendre la Patrie : c’est l’appel de Mzee en août 1998. « Même si la guerre est longue, nous finirons par la ramener d'où elle est venue, à savoir au Rwanda ! » C’est ce que Mzee promettait…

Les événements de février-juin 2004 à Bukavu ont constitué le tournant dans l’histoire de la guerre d’agression. En effet, elles ont fait comprendre à tous les Congolais, de l’Ouest à l’Est, que le RCD-Goma représentait les visées expansionnistes de Kagame sur le Congo. Dans la période qui suivra, le RCD connaîtra de multiples scissions, et même ceux qui sont restés, prendront les uns après les autres, leur distance du Rwanda kagamiste…

La solidarité agissante des Congolais avec leurs frères et sœurs sous occupation, s’est manifestée comme jamais auparavant. Le 2 juin 2004, il y a eu des foules immenses dans les rues de Kinshasa. Les estimations variaient de 500.000 à 1.000.000 personnes. La colère populaire a éclaté spontanément devant cette nouvelle humiliation infligée par Kagame. Cela a été vraiment une journée historique. Les manifestants s’en prenaient surtout à la Monuc et exigeaient la démission de Swing. Ils disaient qu'il collabore avec Kagame et qu'il est responsable pour l’occupation de Bukavu. La Monuc a tiré sur les manifestants à Kinshasa. On a parlé de sept morts. 
Des manifestations semblables ont eu lieu à Kisangani, et d’autres villes.

Le droit international étant du côté congolais, Joseph Kabila a fait pression sur la Monuc et sur Swing pour qu’ils changent leur position intenable, pour qu’ils reconnaissent que le Congo doit recouvrir sa pleine souveraineté et indépendance. 
Et la « communauté internationale » est arrivée à la conclusion que le Congo n’acceptera jamais la domination du Rwanda kagamiste. Swing et la Monuc ont été obligés à s’engager pour la défense de l’indépendance et de la souveraineté de la R.D.C. et à dénoncer la présence de l’armée rwandaise, quel que soit le prétexte utilisé. 
Les Etats-Unis et la France ont ordonné à Kagame de cesser ses aventures en RDC… 
Des jusqu’à-boutistes comme Kunda se sont encore lancés dans des aventures, mais ils n’avaient plus d’avenir. Bientôt ils se trouveront devant le tribunal…
La crise de Bukavu a eu des répercussions profondes à long terme. 
Cela a été un tournant : Swing et la Monuc ont été obligés à s’engager désormais pour la défense de l’indépendance et de la souveraineté de la R.D.C. et ils dénonceront la présence de l’armée rwandaise, quel que soit le prétexte utilisé par Kagame.

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7. La crise de Kanyabanonga et l’échec total de l’occupation génocidaire rwandaise au Congo

Kanyabayongo, une cité de 30.000 habitants, est situé sur l’axe stratégique Butembo-Goma, dans la province du Nord-Kivu, province convoitée par l’expansionniste Kagame. C’est sans doute la région qui a le plus souffert de l’agression et de l’occupation rwandaise.
La crise de Kanyabayonga en août – décembre 2004 a marqué l’échec total de la stratégie de Kagame et du RCD. C’est le dernier grand tournant de la guerre d’agression, commencée six années auparavant, le 2 août 1998.
L’agression et les tueries de fin 2004 à Kanyabayonga ont poussé la fameuse « communauté internationale » à décider que l’aventure sanglante de Kagame au Congo a trop durée. 
Cette même « communauté internationale » avait encouragé et soutenu en 1998 les agresseurs rwandais et ougandais. Mais ces derniers ont commis trop de dégâts irréparables. Washington aussi bien que Paris ont pris leur distance par rapport à une entreprise désormais condamnée irrémédiablement à l’échec…

2002 : Le RCD éclate. C’est le début de la fin…

En fait, la crise finale de la « rébellion » avait commencé en 2002 avec l’éclatement du RCD, le mouvement « rebelle » le plus fort, inféodé au Rwanda.
En avril 2003, le RCD-Goma a lancé une offensive militaire contre ses anciens cadres et militants maintenant regroupés dans le RCD-Kisangani/M.L. 
Puis des négociations ont conduit à un « Accord de Bujumbura » qui attribuait Kanyabayonga au RCD-K/ML… Mais le RCD-Goma et les milices de Serufuli ont gardé le contrôle militaire de la cité. Et les assassinats, pillages et viols massif de la part du RCD-Goma ont continué… 
A Kibirizi, les militaires du RCD-Goma sont venus la nuit brûler les maisons et beaucoup d’habitants ont péri dans les flammes…

Le 28 août 2004, les autorités de Beni et Lubero ont à leur tour rompu avec les autorités du RCD-Goma. C’était une réaction à la déclaration de Ruberwa demandant l’arrêt du processus de Transition…

A Butembo, le major Akulema avait réussi à faire régner la sécurité dans la ville. Akulema a été suspendu par la direction du RCD. La population a exigé sa réhabilitation…
En octobre 2004, le président de la Société civile du Nord-Kivu, Jason Luneno Maene déclare : «Chaque soir il y a crépitement des armes et des assassinats chaque nuit dans la ville de Goma. » « Nous estimons que le gouvernement doit prendre ses responsabilités pour permettre à la population de sentir que la ville de Goma et le Nord-Kivu font partie intégrante de la RDC. » 
Le 11 octobre un certain Funzi Eba fait sur Raga FM des déclarations incendiaires contre le commandant de la région militaire Obedi Rwibasira. Funzi Eba venait de renter du Rwanda où il a suivi une formation idéologique…

Le 10 et 11 octobre 2004 des centaines d’élèves descendent dans les rues de Kanyabalonga pour protester contre le nouveau cycle de crimes contre la population civile, commis par l’armée du RCD et la « Local Defense » de Serufuli. Un tiers de la population de Kanyabayonga se joint aux jeunes. 
La manifestation est farouchement réprimée, des dizaines de jeunes sont arrêtés et torturés, des viols collectifs de 150 femmes sont commis par les milices pro-Kagame.
Les jeunes étaient accusés de sympathie pour le RCD-Mouvement de Libération, rival du RCD-Rwanda. Kanyabayongo se situait dans la zone contrôlée par les « rebelles » du RCD /Mouvement de Libération…

Le 30 octobre 2003, le chef de la Monuc lui-même, William Swing, facilite une réunion entre Serufuli du RCD-Goma et Eric Paluku pour le RCD-ML.
Au même moment, l’agence MISNA et la BBC affirment que des militaires rwandais ont passé la frontière et que 4.000 soldats infiltrés se trouvent dans la plaine de la Rutshuru.
Même Ruberwa se sent obligé de déclarer : « Si les troupes rwandaises sont entrées au Congo, je me dois de le condamner. Sans le consentement des autorités congolaises, (!) il n’est pas acceptable que des troupes rwandaises pénètres au Congo. »

Quant à Kagame, il relance son éternel prétexte pour agresser le Congo : « A chaque fois que les Nations Unis échouent à désarmer les Interahamwe, nous le faisons nous-mêmes. » 
Mais qui ignore que l’armée de Kagame a été le maître absolu du Kivu d’août 1998 à 2003 et qu’elle n’a pas pu éliminer les Interahamwe !
Le ministre de la Coopération et ancien chef « rebelle » Mbusa Nyamwisi déclare : « Les Rwandais sont entrés. Ils n’ont pas franchi la frontière à travers les routes principales, mais ils sont partout. Les Rwandais brûlent des villages avec une sévérité jamais vue. » 
De nombreuses sources indiquent que des milliers de soldats rwandais sont présents à Rutshuru, Walikale et Masisi. Ils opèrent en alliance avec les ex-éléments du RCD-Goma et les « dissidents » de Laurent Nkunda.

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L’armée nationale récupère le Nord Kivu, longtemps occupé par Kagame

Le 29 novembre 2004, Joseph Kabila affirme que l’armée nationale, chassée depuis août 1998 de la région, y reviendra. Il annonce aux ambassadeurs des pays permanents du Conseil de Sécurité : « Les troupes gouvernementales seront bientôt déployées dans le Nord-Kivu. » Le Nord Kivu était la principale base pour les provocations et les aventures militaires de Kagame au Congo.
Même Londres, l’allié traditionnel du RCD et de Kagame, déclare : « Nous sommes très occupés par les informations selon lesquelles le Rwanda envisage une incursion en RDC. Toute incursion militaire pourrait avoir de sérieuses implications pour toutes les parties impliquées" .
Le « Comité International pour l’Accompagnement de la Transition » de Swing, fait une déclaration capitale : il souligne la nécessité « pour tous de respecter le caractère inviolable de la souveraineté nationale et l’intégrité territoriale de la RCD ; … Le CIAT condamne toute action, de l’intérieur ou de l’extérieur, visant à déstabiliser le processus de la Transition. »
Swing annonce, en fait, que ni les Etats-Unis, ni l’Union Européenne permettront que la Transition au Congo, piloté avec beaucoup de tact et d’habilité par le Président Kabila, soit mise en échec par les forces du mal…

Mamadou Bah de la MONUC déclare : « Nous avons de plus en plus d’indications corrobées de la présence de troupes rwandais au Congo. » M’Hand Djalouzi, responsable des casques bleus de Goma, affirme : « Ce phénomène d’infiltration prend une toute autre dimension, l’allure même d’une invasion. »
Entre-temps la barbarie du RCD continue. Le porte-parole de la MONUC à Goma, Jacqueline Chenard, déclare que des soldats rwandais sont passés sur l’axe de Rutshuru à Kanyabayonga. Des villages ont été brûlés aux alentours de Lusamambo. Il y a 5.000 déplacés. 
En Ituri, Thomas Lubanga, l’allié de Bemba, reçoit des armes lourdes et légères de la part de Kigali.


Des fractions du RCD rejoignent le camp de la Patrie, le front Rwanda-Ouganda éclate.

Depuis que Ruberwa a suspendu la participation aux institutions de la Transition, des divergences profondes ont éclaté au sein du RCD. Maître Mudumbi est suspendu de ses fonctions en qualité de ministre. 
Les crimes commis sous l’instigation de Kagame et Ruberwa choquent les Congolais engagés dans l’aventure criminelle de et son RCD. Le Potentiel du 7 décembre 2004 écrit : « Des députés et sénateurs du RCD ont élevé une vive protestation contre l’attitude du Rwanda. Ils déclarent : ‘Les événements en cours dans l’Est de notre pays ont un objectif multiple, entre autre de retarder le processus de Transition.»
Une nouvelle crise est déclenchée au sein du RCD…
Des cadres du RCD participant aux institutions de la Transition, comme le ministre de la défense, sont engagés dans la guerre contre les troupes rwandaises et rebelle. Ondekane déclare : « Des unités des FARDC basées à Beni, Butembo et et Lubero, ont commencé à se déplacer vers Masisi et Rutshuru où des combats ont eu lieu ces derniers jours. » 
Une fois de plus, il est prouvé que la justesse de la tactique définie par le Président le 26 janvier 2001, est correcte : il faut le dialogue et la réconciliation entre Congolais pour mettre fin à l’occupation et pour instaurer un pouvoir légitime via des élections libres…

Pour isoler le Rwanda, l’ennemi principal, le Président Joseph Kabila s’est rapproché de l’Ouganda. Deux ministres, anciens rebelles, Ondekane de la Défense et Busa Nyamwisi de la Coopération, ont rencontré des responsables de la sécurité ougandaise à Kasese. 
Puis le journal « East African » rapporte que, le 2 décembre, le ministre de la Défense ougandais, Amama Mbabazi et le Commandant de l’armée, Aronda Nyakairima, ont visité Kinshasa. Ils ont parlé de la sécurité régionale. Le « Monitor » ougandais écrit que le Rwanda pourrait ne pas apprécier la possibilité d’une alliance entre le Congo et l’Ouganda…

Lola Kisonga, porte-parole du RCD et ministre du Travail, fait une déclaration le 14 décembre dans laquelle il regrette les affrontements entre des troupes gouvernementales envoyées de Beni sur décision du Conseil Supérieur de la Défense et des forces de la 8e Région militaire stationnées à Kanyabayonga. Lola Kisonga parle d’une « mutinerie » et « condamne l’insubordination par les éléments de la 8e région militaire».

La MONUC dénonce les agressions rwandaises

Une commission d'enquête de la MONUC envoyée à Walikale a finalement recueilli des éléments qui confirment l'implication de troupes rwandaises dans les attaques menées début décembre contre des villages au nord de Goma. La Commission écrit : " Les assaillants, décrits comme des Tutsis rwandais, ont mené une série d'opérations dans les localités d'Ikobo, Nuruti et Kanyabayonga, détruisant 4 villages et 2 autres partiellement, ils ont tué 8 civils, enlevé 30 habitants et forcé 5.000 personnes à se déplacer". 
La Monuc "a multiplié ses missions de vérification sur toute l'étendue du Nord Kivu. Ces missions ont confirmé que les soldats mutins ont bien reçu des armes et des renforts en provenance de l'extérieur de la RDC". 
William Swing, chef de la mission de l’ONU au Congo, dit au Financial Times : "Il est clair que des armes ont été introduites dans cette région. Il y a également des preuves que des troupes étrangères sont entrées au Congo, après que le Rwanda avait fait ses menaces de renvoyer ses soldats dans le pays." 
Mamadou Bah, porte-parole de la Monuc, a ajouté: "Ce n’est plus un secret : nous parlons du Rwanda”.

Le Président Joseph Kabila est intervenu fort à propos dans cette dernière grande crise. Il déclara : « Bénéficiant de la complicité d'une partie de l'ex-rébellion congolaise, les troupes rwandaises n'ont jamais définitivement et totalement quitté le territoire congolais. Leur présence était masquée par la confusion entretenue délibérément entre les Congolais dits rwandophones et les Rwandais. Seulement, avec l'extension de l'autorité de l'Etat sur l'ensemble du territoire, cette présence ne pouvait plus être dissimulée. 
Les Rwandais ont toujours nourri des appétits territoriaux sur la RDC. Ils ont toujours rêvé d'annexer la province du Kivu. Dans le contexte actuel, l'agression rwandaise vise d'abord à perturber, jusqu'à son échec, le processus de transition en RDC. Les Rwandais craignent les retombées de la réussite de cette transition sur la politique interne du Rwanda. L'intervention rwandaise en RDC est aussi motivée par l'exploitation des richesses naturelles de notre pays.
Il appartient donc à la communauté internationale prendre ses responsabilités et au peuple congolais s’assumer en vue de faire respecter sa souveraineté. »

 

Parlement Européen : dénonciation catégorique de l’agression rwandaise:

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Fin décembre 2004, le Parlement Européen fait une déclaration capitale, qui revient à un soutien total à la politique suivi avec constance par Joseph Kabila. 
Le Président demandait depuis le 26 janvier 2001 le départ des troupes d’agression et d’occupation, le dialogue et la réconciliation entre les Congolais ainsi qu’une transition consensuelle, inclusive qui doit aboutir à des élections libres et démocratiques…

Voici des extraits de la Déclaration du Parlement européen: 
« Le Parlement européen, …
B. considérant que … les troupes rwandaises sont à nouveau entrées, pour la troisième fois en dix ans, en République démocratique du Congo, …
E. considérant que la RDC lutte pour se relever de six ans d'un conflit dévastateur qui a fait plus de trois millions de morts,
F. considérant que la RDC se trouve dans une phase de transition extrêmement délicate, avec la tâche difficile de mettre en place des institutions viables, et soulignant que la coopération de toutes les parties concernées est indispensable,
G. considérant que la présence de forces armées rwandaises issues du pouvoir déchu en 1994, sert de prétexte depuis dix ans à la présence en RDC des troupes de l'actuel pouvoir rwandais,
1. condamne l'action militaire unilatérale du Rwanda et demande le retrait immédiat et inconditionnel de ses troupes du territoire congolais; …
3. demande au gouvernement du Rwanda de respecter l'intégrité territoriale de la RDC;…
13. demande au Conseil de sécurité des Nations Unies d'infliger des sanctions à l'encontre des personnes dont la participation au pillage des richesses aurait été avérée, ainsi que de toute personne remettant en cause par son action le processus de paix; …
14. demande le respect du calendrier électoral afin que les Congolais puissent choisir librement et démocratiquement leurs dirigeants; » …

Ainsi, même les puissances européennes qui ont soutenu l’agression rwando-ougandaise du 2 août 1998 pour éliminer Mzee Kabila, ont finalement dû reconnaître la réalité de l’agression-occupation du Congo.

Dans la Déclaration du Parlement européen, tout l’essentiel est dit.
L’agression et l’occupation du Congo par les troupes kagamistes, est dénoncée sans nuance. 
Le prétexte de « la présence de Interahamwe au Congo » est rejetée. 
Kagame est sommé de respecter l'intégrité territoriale du Congo.
Le génocide congolais est reconnu.
Les Rwandais et Ougandais qui ont pillé au Congo, seront punis.
Personne ne pourra remettre en cause le processus de paix.
Les élections doivent avoir lieu selon le calendrier fixé de façon concertée par la RDC et la Communauté internationale.

La conclusion est claire : Joseph Kabila est en train de réaliser tous les objectifs qu’il s’est fixés dans son discours d’investiture, le 26 janvier 2001. 
Joseph Kabila, candidat aux élections présidentielles, est le seul à avoir fait ses preuves dans la lutte pour l’indépendance du Congo, et dans la lutte pour la paix et de la réconciliation nationale.

Quel bilan Bemba peut-il lui opposer ?
Lors de la guerre d'agression, Bemba est devenu un agent de l'armée ougandaise dans le but de mettre les mains sur les richesses immenses de la Province orientale et particulièrement de l’Ituri. 
L’Ouganda a livré trois guerres dans la ville de Kisangani contre ses rivaux rwandais. Des parties entières de la ville ont été détruite !
Depuis lors, l’Ouganda a été formellement et définitivement condamné par le Tribunal International. Kampala devra payer entre 6 et 10 milliards de dollars pour tous les dommages causés au Congo !
Mais Bemba a osé déclarer le 2 mai 2001: "Je félicite les Ougandais pour avoir sacrifié leurs vies, leur matériel, pour entraîner mon peuple. Les Congolais sont fiers des Ougandais".

Les services des Nations Unies ont de volumineux dossiers en charge de Bemba.
Le 16 janvier 2003, différentes agences ont repris cette information capitale provenant des Nations Unis. "Un rapport de la MONUC a mis en lumière d'horribles crimes - cannibalisme, exécutions sommaires, viols et pillages systématiques - commis en Ituri à partir d'octobre 2002 par les troupes du MLC de Jean-Pierre Bemba, soutenues par les hommes de Roger Lumbala, chef du RCD-National et de Thomas Lubanga, leader de l'Union des Patriotes Congolais (UPC) ». Ce dernier est déjà arrêté et mis en prison en Hollande en attendant son procès. Bemba sait ce qui l’attend.
Le Haut Commissaire de l'ONU aux Droits de l'Homme Sergio Vieira de Mello, a également fait allusion aux actes de cannibalisme commis en Ituri par les troupes du MLC de Jean-Pierre Bemba. "Les cas d'anthropophagie sont particulièrement répugnants. C'est justement pour cette raison que je lance un appel afin que tous ceux qui sont impliqués dans cette barbarie soient au plus vite punis par des sanctions" a-t-il souligné.

Quand le Commissaire aux Droits de l’Homme de l’ONU appelle à punir au plus vite ceux qui sont impliqués dans les crimes barbares, Jean-Pierre Bemba sait que la prison l’attend !

Ensuite le leader du MLC a été traduit devant la Cour Pénale Internationale (CPI) par la Fédération des Ligues de Droits de l’Homme. Bemba est accusé avec Ange-Félix Patasse pour les crimes dont leurs hommes se sont rendus coupables vis-à-vis des Tchadiens et des Centrafricains lors du coup d’état du général Bozize en octobre 2002. Les Centrafricains ont des dossiers solides sur les tueries et les pillages commis par les bandes de Bemba. Ce dernier avait envoyé sa milice à Bangui pour y occuper et piller la Banque Centrale crime jamais vu dans l’histoire africaine !

Les principaux collaborateurs de Bemba au début de sa « rébellion » l’ont quitté et ont dénoncé ses crimes, ses vols et ses pillages. Selon eux, avec Bemba, le Congo risque de plonger dans un mobutisme pire que sous Mobutu Sese Seko. 
Au début du MLC, le colonel Karawa, ancien de la Dsp, a été le bras droit militaire de Bemba. Ayant rompu avec Bemba, il a déclaré en mars 2003 ceci sur son ancien chef. "Des sources très proches de Bemba, estiment à plus de 30 millions de dollars la fortune qu'il a tireé de la rébellion. C'est un véritable chef mafieux déguisé en homme politique qui a gardé tous ses réflexes de commerçant et qui n'hésite pas une seule seconde à les mettre en application pour en tirer profit. Il vit dans un environnement qui lui permet de s'enrichir sans partage. Bemba est un petit dictateur en puissance dans la jungle de l'Equateur."

Le Président Joseph Kabila a été la cible de campagnes mensongères virulentes. Mais il ne s’est jamais laissé provoquer, refusant de répondre à ces bassesses. Il ne voulait donner aucun prétexte à ses adversaires pour troubler la transition et « éviter » ainsi les élections…

 

 

 

 

 

Lors du premier tour des élections présidentielles, Joseph Kabila a obtenu 45 pour cent, loin devant Bemba qui en obtint 20 %. Mais le phénomène le plus inattendu de ce scrutin est le score de 13 % du vieux combattant Antoine Gizenga. Ce sont des voix conscientes, non gagnées par l’argent, mais par des dizaines d’années de travail militant. Cela porte le nombre de voix nationalistes, Kabila et Gizenga confondus, à 58 %. Les forces nationalistes et patriotiques sont largement majoritaires en R.D.C.

 

 

 

 

 

 

 

Le peuple congolais a montré par ce scrutin qu’il est reconnaissant au Président Joseph Kabila pour ses efforts inlassables pour la paix, la réconciliation, l’indépendance et la démocratie agissante où le peuple devient le maître réel de son destin.


Le peuple nationaliste et patriote confirmera au deuxième tour le camarade Joseph Kabila comme Président pour qu’il puisse achever son œuvre de paix, d’indépendance et de reconstruction.

 

 

 

 

 

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(*) Basé sur un article de Joachim DIana du 29 juin 2006.


08/01/2012
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ETATS-UNIS:LES CANDIDATS REPUBLICAINS S'ETRILLENT!

Etats-Unis : les candidats républicains s'étrillent

dimanche 08 janvier 2012 à 10h55

 

Trois jours avant les élections primaires républicaines dans l'Etat du New Hampshire, les six candidats ont vivement débattu dans une émission télévisée. Le favori, Mitt Romney, est la cible de toutes les attaques.

Les candidats républicains ont tenu un premier débat télévisé à Manchester, dans le New Hampshire, avant la primaire de cet Etat.

Les candidats républicains ont tenu un premier débat télévisé à Manchester, dans le New Hampshire, avant la primaire de cet Etat. © Reuters

 

Ils n'ont pas ménagé leurs critiques. Les candidats républicains à l'élection présidentielle américaine se sont écharpés, ce samedi, lors d'un débat télévisé dans le New Hampshire. Les élections primaires se tiennent mardi dans cet Etat.

Mitt Romney, favori des sondages pour devenir le républicain qui sera opposé à Barack Obama lors de l'élection présidentielle de novembre prochain, a subi un feu roulant des attaques de ses cinq adversaires. Le passé d'homme d'affaires de l'ancien gouverneur multi-millionnaire du Massachusetts a été une cible de choix pour ses adversaires.

"Le commandant en chef de ce pays n'est pas un gestionnaire. Le président doit diriger, ce n'est pas un PDG. Et nous avons besoin de quelqu'un qui nous inspire", a lancé l'ancien sénateur de Pennsylvanie Rick Santorum.

L'ancien président de la Chambre des représentants Newt Gingrich a mis en doute le bilan de Mitt Romney, se demandant si les gens des entreprises qu'il avait gérées "s'en étaient trouvés mieux ou moins bien".

"Les gens qui passent leur vie à Washington ne comprennent pas ce qui se passe dans la vraie économie", a répliqué Mitt Romney, très à l'aise tout au long du débat.

Obama lui aussi vivement critiqué 

Ron Paul, le candidat libertarien de 76 ans, populaire chez les jeunes, a notamment accusé le très catholique Rick Santorum, qui a fait un score inattendu dans l'Iowa, arrivant 2eme à huit voix seulement de Mitt Romney, d'être "corrompu" et d'avoir gagné "beaucoup d'argent" grâce aux groupes de pression. Et a ajouté que Newt Gingrich est un "lâche" pour n'avoir pas servi dans l'armée.

Et à trois jours de la primaire du New Hampshire, premier Etat à tenir ces élections qui, Etat après Etat, serviront à désigner l'opposant républicain de Barack Obama à l'élection présidentielle de novembre, les candidats ont fait feu de tout bois contre le président, critiquant sa politique étrangère et sa politique économique, en dépit de la récente amélioration des chiffres du chômage.

"Le président Obama va essayer de le porter à son crédit, mais ce n'est pas grâce à lui. Sa politique a aggravé la récession et a rendu les choses plus difficiles pour les petites entreprises", a accusé Mitt Romney. "C'est comme si le coq disait qu'il est responsable du lever du soleil. Il n'y est pour rien", a-t-il asséné.

Un deuxième débat prévu 

En politique étrangère, Barack Obama "a fait des erreurs à chaque virage", a estimé Rick Santorum, tandis que le gouverneur du Texas Rick Perry critiquait l'"énorme erreur" d'avoir retiré les troupes américaines d'Irak.

Mitt Romney a également accusé Barack Obama d'avoir "mis l'Amérique sur le chemin du déclin", et Newt Gingrich a dénoncé un président "voulant désespérément créer un modèle radical socialiste européen".

"Nous sommes au bord de la guerre civile en Afghanistan", a par ailleurs déclaré l'ancien ambassadeur des Etats-Unis en Chine Jon Huntsman, un modéré qui joue son va-tout dans le New Hampshire.

Les six candidats à l'investiture républicaine, dont le débat sur le campus de l'université Saint Anselm à Goffstown, à la périphérie de Manchester, était retransmis en direct sur la chaîne de télévision ABC, doivent se retrouver dimanche matin pour un deuxième débat télévisé.

Les derniers sondages donnent Mitt Romney très largement devant ses concurrents, à plus de 40% des intentions de vote. Mais les électeurs du New Hampshire sont connus pour ne se décider souvent qu'à la dernière minute, et pour réserver parfois quelques surprises. 

Le vif.be, avec L'Express.fr


08/01/2012
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